LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Catégorie : Rumeurs

Deux flics face à la présomption d’innocence

« Respectons la présomption d’innocence, a dit le ministre de l’Intérieur, et souvenons-nous que la mise en examen n’est pas une reconnaissance de culpabilité. » Les paroles fortes d’un patron qui soutient ses hommes ! Propos d’ailleurs confirmés par le Premier ministre. Tous deux parlaient de Bernard Squarcini, le directeur de la DCRI. Mais au début du mois, M. Guéant tenait un autre langage. Il fallait alors tirer toutes les conséquences de la mise en examen de Michel Neyret : « Je vais le suspendre dès aujourd’hui ». Décision identique pour d’autres policiers lyonnais ou grenoblois qui, eux, n’avaient pas été placés sous main de justice.

Vous me direz, aucune comparaison possible entre le fait de détourner la loi pour piocher dans les fadettes d’un journaliste et détourner la loi pour arrêter de dangereux malfaiteurs…

On peut voir ça comme ça… Pourtant, sans chercher à défendre à tout prix le commissaire Neyret, après un déchaînement médiatique orchestré par des fuites dans la presse alors même qu’il était en garde à vue, il semble bien que l’affaire peu à peu se dégonfle. Et de nombreux policiers se posent encore des questions sur le pourquoi du comment. Certains bâtissent même des hypothèses…

L’histoire qui fait recette aujourd’hui est celle d’un règlement de comptes entre la douane et la PJ. Je raconte, mais à chacun de décortiquer. Après tout, je ne peux pas faire tout le boulot, hein !

Donc, les enquêteurs de la douane n’appréciaient pas trop les méthodes du policier, très copiées-collées sur les leurs, mais trop artisanales, et dès lors dangereuses. Et ils auraient rédigé plusieurs rapports à leur hiérarchie pour tirer la sonnette d’alarme. Sans écho. Probablement que le ministre du budget de l’époque, M. Woerth n’avait pas envie de faire déplaisir à son collègue de l’Intérieur, M. Hortefeux. À moins que dans les hautes sphères de la police on ait préféré ne pas trop s’interroger sur les méthodes de la PJ lyonnaise. Une hypocrisie qui aujourd’hui en agace pas mal.

Mais comme le temps, les hommes passent… Et il se raconte que, plus récemment, le commissaire Neyret aurait soufflé une affaire sous le nez des douaniers. D’où un nouveau rapport excédé. Lequel serait arrivé sur le bureau du ministre de tutelle, M. Baroin. Qui, peut-être par nostalgie de son bref passage place Beauvau, lorsqu’il a remplacé Nicolas Sarkozy, tilte sur le dossier. En tout cas, il exige des faits précis. Opportunément, l’un des indics de Michel Neyret fait alors l’objet d’un contrôle fiscal. Petite pression, et l’indic de la police devient l’indic des douanes. Et comme l’un des noms cités par cet « aviseur » apparaît dans la procédure qui a conduit à une saisie importante de cocaïne à Neuilly, la préfecture de police est destinataire du dossier. Et le ministre de l’Intérieur ne peut que s’incliner. Il accepte même que l’Inspection générale de la PN, le seul service normalement compétent, soit tenu à l’écart de l’enquête. Inutile de dire que du côté de l’IGPN, on apprécie moyennement.

Une information judiciaire est donc ouverte contre X. pour trafic d’influence, trafic de stups, association de malfaiteurs, etc., juste avant que François Baroin ne quitte ses fonctions pour prendre le portefeuille de ministre de l’Économie et des Finances. Comme une petite bombe qu’il laisserait entre les mains de Claude Guéant.

Existe-t-il un soupçon de vérité dans ces allégations ? Je n’en sais rien. Il s’agit peut-être de la trame d’une fiction, un nouveau film pour Olivier Marchal. Il est vrai que les faits-divers sont aujourd’hui vécus comme des séries télévisées. On ouvre le journal, son ordi ou son poste, impatients de connaître la suite. Alors, de temps en temps, on a envie de participer. Après tout, c’est humain.

Une seule certitude : deux grands chefs de police viennent d’être mis en examen, et la différence de traitement entre les deux est… déplacée. Le message est mauvais, pour tout le monde, mais surtout pour les policiers de base.

Un cabinet noir à l’Elysée !?

C’est ce que semble penser François Hollande : « Il y aurait à l’Élysée, au côté même du président de la République, une cellule qui, avec la police, avec la justice, ferait pression pour que des affaires soient lancées et d’autres étouffées » Et l’édito du Monde du 2 septembre parle même d’un « cabinet noir ».

Une « bad brigad » dans les murs du Palais présidentiel, voilà de quoi mettre l’imagination en branle !

L’histoire bégaie – Ce ne serait pas la première fois. Au début de son mandat, François Mitterrand créait à ses côtés un service parallèle officiellement destiné à lutter contre le terrorisme (déjà !). En fait, il était surtout là pour protéger sa vie privée, masquer ses incartades et éloigner ses « ennemis ». Car le bonhomme était un rien parano. Le nom de cette fameuse cellule élyséenne est lié à jamais aux écoutes téléphoniques illégales.

Une condamnation pour bons et loyaux services – Placée sous les ordres du commandant Christian Prouteau, la cellule était composée essentiellement de gendarmes. Il faut dire que, depuis l’affaire de l’Observatoire, Mitterrand avait une dent contre la police. Les écoutes qu’elle a effectuées tant sur certaines personnalités que sur des journalistes n’avaient évidemment rien à voir avec le terrorisme. Elles avaient beau avoir été ordonnées par la plus haute autorité de l’État, elles étaient illégales. Le président Mitterrand a défendu ses hommes jusqu’au bout et le parquet a freiné des quatre fers pour éviter des poursuites pénales, mais les plaignants ont eu finalement gain de cause au civil. Dans son arrêt, la Cour d’appel a insisté sur le fait que les cinq personnes citées (de mémoire : deux hauts fonctionnaires, deux militaires et un policier) avaient bel et bien commis des délits et qu’il s’agissait de fautes personnelles détachables du service.

L’histoire nous montre donc qu’un fonctionnaire ou un militaire qui exécute un ordre illégal engage sa propre responsabilité.

Si donc, comme nous le dit aujourd’hui M. Guéant, les fonctionnaires de la DCRI ont effectué des réquisitions auprès d’un opérateur téléphonique en dépit de la loi, ils risquent fort de connaître les foudres de la justice. Toutefois, d’après ses dernières déclarations, lui aussi semble prêt à défendre ses hommes, en l’occurrence MM. Péchenard et Squarcini. Des propos qui l’engagent.

Écoutes ou simples repérages ? – Pourtant, ces réquisitions ne sont probablement que la partie émergée de l’iceberg. Car les policiers de la DCRI n’ont nul besoin d’Orange pour effectuer des écoutes. Ils peuvent avoir recours à d’autres procédés, ou aux écoutes dites administratives (ou de sécurité) qui, elles, sont protégées par le secret-défense. Et celles-là, même la juge Sylvia Zimmermann ne peut en avoir connaissance.

Les bidouilleurs de la DCRI – Mais ces enquêteurs triés sur le volet sont-ils obligés de passer par l’opérateur pour connaître le « passé téléphonique » d’un suspect, que ce soit un terroriste, un informateur ou… un journaliste ? La question vaut la peine d’être posée, car, par définition, un service secret agit en secret – et non pas sous couvert d’une réquisition plus ou moins judiciaire. On pourrait donc en conclure soit que notre DCRI, qu’on nous a présentée comme un service de pointe, ne serait pas si en pointe que ça… Soit que ses agents, sûrs de leur impunité, ont cédé à la facilité… Soit que ces investigations ont été faites par un noyau d’affidés, dans le dos de la hiérarchie. Des bidouilleurs, quoi ! Car il est bien difficile d’admettre que les deux vieux routiers cités plus haut n’aient pas senti la patate… Même s’ils acceptent de porter le chapeau. Quand on est près du Bon Dieu, on imagine assez mal le purgatoire.

Celà irait dans le sens de la rumeur concernant un possible cabinet noir, ou du moins une cellule occulte. Et pour colporter moi aussi une rumeur, on dit que, lorsque des infos crapoteuses ont circulé sur Mme Aubry, celle-ci a décroché son téléphone pour signaler à l’Élysée le nom des personnes « bien en place » susceptibles d’être à l’origine de cette intox. Qui a cessé aussitôt.

François Mitterrand voulait camoufler ses frasques et, maintenant, Nicolas Sarkozy chercherait à dissimuler ses casseroles… Vrai ou faux ? Peu importe, car, comme disait Pablo Picasso « Tout ce qui peut être imaginé est réel ».

Tir sur les manifestants : une rumeur qui fait long feu

Les forces de l’ordre ont-elles le droit d’ouvrir le feu contre des manifestants ? La rumeur a pris naissance après la publication de deux nouveaux décrets le 30 juin 2011. La presse s’en est fait l’écho, notamment Le Monde, dans son édition du 17 août. Parmi la liste des armes pouvant être utilisées pour le maintien de l’ordre, il est expressément mentionné un fusil à répétition de calibre 7.62. Une arme de précision.

Erreurs de communication à répétition – Comment interpréter cette décision ? À mon avis, ce texte envisage la possibilité de placer des tireurs d’élite à proximité d’une manifestation. Non pas pour le tir aux pigeons, mais par sécurité ! Les OT (observateurs-tireurs), comme les appellent les gendarmes, sont dotés d’un fusil à lunette. En maintien de l’ordre, leur mission est avant tout  d’observer. Mais en cas de nécessité, ils pourraient faire usage de leur arme. Pour cela, ils sont en liaison permanente avec l’autorité responsable. On comprend bien qu’ils ne sont pas là pour tirer dans la foule, mais pour neutraliser un énergumène qui se risquerait à ouvrir le feu contre les forces de l’ordre, ou d’ailleurs, contre d’autres manifestants. Imaginons qu’un déjanté, genre Behring Breivik, se glisse dans une manifestation bon enfant. Il tire à droite à gauche. Les policiers et les gendarmes ripostent. Et c’est l’hécatombe. Le tireur d’élite est justement là pour éviter ce risque.

Il aurait été si simple de l’expliquer…

Dernière sommation : On va faire usage de la force ! –  Il n’en demeure pas moins que, dans certaines situations, il est possible d’utiliser la force, voire des armes, dûment répertoriées dans le décret (grenades, lanceurs de balles de défense…), pour disperser un attroupement. Le Code pénal ne vise que l’attroupement, c’est-à-dire un rassemblement de personnes susceptibles de troubler l’ordre public. Le nouveau texte dit que l’intervention doit être proportionnée au trouble à faire cesser. Ce qui ne veut pas dire grand-chose puisqu’il s’agit d’une notion subjective. CRS et gardes mobiles ne peuvent faire usage de ces armes que sur l’ordre exprès de « l’autorité civile », sauf s’ils sont attaqués ou s’ils ne peuvent défendre autrement le terrain qu’ils occupent.

La dispersion de l’attroupement ne s’impose pas aux forces de l’ordre. C’est une décision politique, relayée par l’autorité civile qui se trouve sur place.

Un commissaire qui va qui vient – Dans l’ancien Code pénal, les autorités civiles susceptibles de donner l’ordre d’utiliser la force pour disperser un attroupement étaient le préfet, le sous-préfet, le maire ou l’un de ses adjoints, le commissaire de police ou un officier de police judiciaire. Dans la pratique, c’était souvent le commissaire responsable du service d’ordre qui faisait les sommations. On lui prêtait la double casquette : magistrat de l’ordre administratif et judiciaire. En tant que militaire, l’officier de gendarmerie ne pouvait pas prendre cette décision. Et il n’était pas inhabituel de voir le commissaire, fort de son expérience en la matière, calmer les ardeurs d’un préfet ou d’un sous-préfet trop prompt à en découdre. Mais, en 1995, patatras ! le commissaire disparaît de la liste des autorités civiles. Il est remisé au rang des OPJ. On dit que le directeur général de la police de l’époque, M. Guéant, en avait marre de voir le moindre « commissouille » discutailler les ordres d’un préfet… Je ne sais pas si l’anecdote est vraie. Mais il est amusant de constater qu’aujourd’hui, il refait surface. Pourquoi ce revirement ? Les commissaires de police seraient-ils devenus plus dociles ? Peut-être ! Mais il y a une autre explication : l’apparition du gendarme parmi les autorités civiles.

Le nouvel article R. 431-3 est ainsi rédigé : « Dans les cas d’attroupements (…) le préfet ou le sous-préfet, le maire ou l’un de ses adjoints, le commissaire de police, le commandant de groupement de gendarmerie départementale ou, mandaté par l’autorité préfectorale, un commissaire de police ou l’officier de police chef de circonscription ou le commandant de compagnie de gendarmerie départementale doivent être présents sur les lieux en vue, le cas échéant, de décider de l’emploi de la force après sommation. »

Des militaires chargés de l’autorité civile, cela laisse dubitatif. Raison pour laquelle, le législateur, dans sa grande sagesse (?), avait antérieurement rectifié le Code de la défense. En effet, une loi de 2009 a modifié la compétence de la gendarmerie nationalecommentaires. Elle n’est plus chargée « d’assurer par la force des armes la défense de la patrie et des intérêts supérieurs de la nation », mais de « veiller à la sûreté publique et d’assurer le maintien de l’ordre et l’exécution des lois ».

Pour faire simple, on peut dire aujourd’hui que les gendarmes sont des militaires de plus en plus civils, tandis que pour les policiers, c’est le contraire. Ils vont bien finir par se rencontrer…

Cette rumeur révèle le climat négatif qui peu à peu s’installe dans notre pays. On a l’impression d’un gouvernement aux abois, qui craint que la population ne se rebelle, que des manifestations éclatent, voire des émeutes, et qui accumule les moyens d’auto-défense ; et de l’autre, un peuple qui sombre dans la parano et qui entrevoit des lendemains noirs et une répression aveugle. La défiance à tous les étages.

Un sale climat, cet été…

Ferry botte en touche

Le philosophe Luc Ferry a été entendu à la brigade des mineurs. Ou plus exactement à la brigade de protection des mineurs (BPM).  Car les policiers qui travaillent dans ce service du quai de Gesvres tiennent beaucoup à cet aspect de leur mission : la protection des enfants. C’est dans cette optique qu’ils pourchassent violeurs, pédophiles ou parents indignes. C’est même le seul service de police judiciaire dont la mission essentielle n’est pas la répression.

Ce sont donc ces enquêteurs un peu particuliers qui vont tenter de faire le tri entre rumeurs, ragots et réalité. Pas facile.

A priori, Luc Ferry n’a pas apporté d’éléments nouveaux. D’ailleurs, il n’a pas vraiment été entendu comme témoin, puisqu’il n’est témoin de rien. Plutôt comme le dénonciateur d’un fait criminel, en l’occurrence, « une partouze avec des petits garçons ». Ainsi que le prévoit l’article 17 du Code de procédure pénale : les officiers de police judiciaire « reçoivent les plaintes et les dénonciations (et) procèdent à des enquêtes préliminaires… »

Était-il tenu d’indiquer le nom de la personne qu’il soupçonne de ces faits ? Bien sûr que non ! Personne ne peut l’obliger à dévoiler ce que, d’après lui, tout « le bal des faux-culs » sait. En tenant ces propos à la télé, il a sans doute fait allusion à une rumeur qui a couru lors de la campagne pour les Présidentielles de 1995,  et dont l’Express s’était fait l’écho – pour la démentir. Je ne suis même pas sûr que les policiers lui aient posé la question, car ils auraient pris le risque de se rendre complices d’une dénonciation calomnieuse (art. 226-10). En revanche, ils ont pu solliciter des éclaircissements et s’intéresser aux personnes qui lui ont rapporté ces faits criminels. Et comme il a fait allusion au Premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin pourrait bien se voir à son tour convoquer Quai de Gesvres.

Était-il opportun d’ouvrir une enquête préliminaire pour vérifier ces allégations ? C’est l’avis de Mme Dati, l’ancienne ministre de la Justice. Elle a accusé M. Ferry de non-dénonciation de crime. Or, en droit français, sauf si l’on peut éviter par ses déclarations l’accomplissement d’un crime, sa réitération ou ses conséquences, la loi n’oblige pas à dénoncer un acte criminel, ni d’ailleurs son auteur (il y a des exceptions, comme pour les fonctionnaires). Seuls ceux qui ont connaissance « de privations, de mauvais traitements ou d’atteintes sexuels » sur des mineurs de 15 ans ou certaines personnes vulnérables sont tenus d’en informer les autorités (art. 434-3). Peut-on reprocher ça à Luc Ferry ? Non, puisque justement, il dénonce. Ce sont les autres, ceux qui n’ont rien dit, qui pourraient être visés… Mais comme la loi date de 1998, et que les faits sont probablement antérieurs, on imagine mal que l’article 434-3 actuel puisse s’appliquer. Dans ce cas précis, la loi peut-elle être rétroactive ? Là, je sèche. Les lois, c’est un peu comme les poupées gigognes, chacune cache l’autre.

Donc, enquête judiciaire ou pas ? On peut s’interroger sur l’opportunité de la décision du procureur de Paris, d’autant que Le Figaro Magazine avait déjà relancé la rumeur sans que personne ne réagisse. Et pas d’enquête non plus, lorsqu’en 2009, Marine Le Pen s’en était pris à Frédéric Mitterrand, l’accusant de faire l’apologie du tourisme sexuel dans son livre autobiographique La mauvaise vie, publié en 2005.

Dans la Grèce ancienne, philosophe signifiait « ami de la sagesse ». Pythagore aurait été le premier à revendiquer ce titre, par humilité dit-on, pour ne pas qu’on le range dans la catégorie des « sages ». On peut se demander si Luc Ferry, notre Pythagore cathodique, n’a pas oublié la définition du mot philosophe, lorsqu’il s’est fendu de cette déclaration…

Enfin, je dis ça, c’est un théorème…

Pour Luc Ferry, c’est plutôt une bévue : on ne peut imaginer qu’il ait agi de façon préméditée, comme un pion dans une campagne électorale où tous les coups semblent permis – surtout en dessous de la ceinture.

DSK : trop d’invraisemblances

Lorsqu’un personnage aussi important que le directeur du FMI se déplace, il est de coutume qu’il fasse l’objet d’une protection. Aussi, même si son séjour à New York relevait de sa vie privée, il n’est pas envisageable que les services secrets américains n’aient pas été au courant de sa présence dans la ville. Peut-être même faisait-il  l’objet d’une surveillance-protection à son insu… Bien sûr, on dit que capture.1305625240.JPGle personnage n’aime pas beaucoup les escortes, et qu’il n’a pas de garde du corps attitré, ce qui toutefois ne l’empêche pas de faire l’objet d’une protection lors de ces voyages officiels. Pour le commissaire Éric Stemmelen (Europe1), un ancien patron du Service des voyages officiels et de la sécurité des HP, six ou sept personnes lui seraient attachées. Mais en revanche, lorsqu’il est en France, il n’en a pas, tout simplement parce qu’il n’a rien demandé.

Cela dit, même sans garde du corps, on ne comprendrait pas que le service de sécurité de l’hôtel ne soit pas particulièrement aux aguets lors de la présence en ses murs d’un tel personnage. Rappelons que le patron du FMI est considéré, surtout ces dernières années, comme l’un des hommes les plus influents de la planète. Et probablement une cible pour les terroristes.

Et voila-t-il pas qu’une femme de chambre pénètre dans sa suite alors qu’il est sous la douche, sans que cela n’étonne personne…

Or, dans ce Sofitel, comme dans beaucoup d’autres hôtels, la carte d’accès magnétique du client est désensibilisée lorsqu’il quitte les lieux, ce qui du coup avise le personnel d’entretien que la chambre est vide. La femme de chambre serait donc entrée pour faire le ménage, alors que la chambre n’était pas encore libérée.

On peut se demander pour quelle raison… Et puisqu’on est dans les hypothèses multiples, toutes à charge, pourquoi ne pas en envisager une qui serait à décharge ?

Cette dame, X, peut-être Ophélia, que personne n’a jamais vue et qu’on nous présente comme une employée modèle, n’aurait-elle pas pu s’introduire dans la chambre du président du FMI pour le voler, ou pire, pour lui dérober des documents confidentiels ? DSK, sortant de la salle de bain en petite tenue, l’aurait surprise la main dans le sac et aurait tenté de l’appréhender. Celle-ci serait parvenue à se dégager et à s’enfuir en criant au viol, inventant de toutes pièces une fable pour se dédouaner auprès de sa direction.

Et sur le champ, DSK, comprend que les apparences sont contre lui. Surtout avec sa réputation digne du père du commissaire Maigret. Il préfère partir sans aviser la sécurité de l’hôtel de cette mésaventure.

Je fais de la fiction, bien sûr, mais il y a tant d’invraisemblances dans cette histoire, qu’une de plus…

La plus importante, pour moi, concerne la chronologie des faits. Dans la première version, l’agression avait eu lieu vers 13 heures 30, donc dans une chambre libre de tout occupant, puisque DSK a rendu son passe magnétique vers  midi trente. Plus tard, on a dit que c’était une erreur et que les faits s’étaient déroulés vers midi.

1 heure 30 d’écart, rien que ça ! Alors que la femme de chambre a, je le suppose, informé immédiatement sa hiérarchie et que l’hôtel devait être sens dessus dessous.

Et le suspect s’en va, tranquillement, après avoir réglé sa note…

Un homme hagard, brisé, déboussolé… racontaient hier les journalistes qui commentaient les images de son passage devant le juge de la détention. Moi j’ai vu un personnage au teint bronzé, aux cheveux blancs, au regard sombre mais vif malgré la fatigue, et le dos presque droit pour un homme ordinairement vouté. Non seulement il n’était pas hagard, DSK, mais il était digne, presque beau.

On aura bien compris que sans le connaître, je fais partie des gens qui ne croient pas à cette histoire.

Police : Le blues des Bleus

Des policiers, de dos, la voix déformée, livrent leur état d’âme… C’est ce que l’on peut voir sur trois vidéos qui se baladent sur le Net*. Les propos n’apportent pas grand-chose. Il est question des conditions de garde à vue, des suicides, de la politique du chiffre…  Rien de nouveau, autant de sujets qui reviennent de façon récurrente dans les doléances de plusieurs syndicats. Mais quel spectacle dérangeant ! Que des policiers se livrent à la caméra derrière l’anonymat, un peu comme des nationalistes corses ou des témoins sous X, cela a quelque chose d’affligeant.

rumeurs-sur-le-rouergue-par-christin-et-tardi.1290673467.jpgEt même si ces enregistrements étaient bidonnés, ce qui ne semble pas le cas, ils soulignent le malaise profond qui a gagné la Grande maison – surtout chez les policiers de base, les Bleus comme on les appelle.

On a l’impression d’un enfermement. Lorsqu’on endosse l’uniforme, on accepte de se marginaliser. Car d’une certaine manière, on se met à l’écart, non seulement de la société, mais aussi de la famille, des proches, des amis. Car sans arrêt, il faut jouer un rôle. Imaginez un repas entre amis… Et toi, tu fais quoi dans la vie ? Je suis flic ! Un long silence, et lorsque la conversation reprend, elle n’est plus tout à fait la même. Je me souviens d’une amie qui s’était fait voler son sac à main, alors que nous étions en vacances à l’étranger, et qui s’est retournée vers moi, furax, en m’accusant de n’avoir rien fait pour éviter ça. Je n’étais plus l’ami, j’étais le flic.

C’est pour ça que l’esprit de corps est si fort dans ce métier.

Mais aujourd’hui, l’esprit de corps est en déliquescence. Les policiers vivent dans la méfiance. Le gardien se méfie de l’officier qui lui-même se méfie du commissaire. Et ce dernier se trouve dans la position de commander des hommes et des femmes qu’il ne comprend pas, sous la houlette d’une hiérarchie politico-administrative qui ne laisse la place à aucune initiative.

Or, le policier, quelle que soit sa position dans la grille indiciaire, n’est performant que par son initiative. Si l’on dit à un gardien, je veux tant de contredanses, à un OPJ, tant de gardes à vue…, on étouffe toute envie d’en faire plus.

Ces temps-ci, les règlements de comptes entre voyous se succèdent à Marseille, c’était la même chose sur la Côte d’Azur, il y a trente ans. Mais à l’époque, pour régler un problème, on disait à un patron, vous avez carte blanche.

Je serais curieux de savoir si ces mots font encore partie du vocabulaire, dans la police d’aujourd’hui.

Et les policiers de terrain sentent bien que les décisions ne sont pas toujours les bonnes. Que les opérations coups de poing sont l’aveu d’un échec. Mais ils n’ont qu’un droit, celui de se taire.

Lorsqu’une affaire surgit, à Marseille, à Grenoble, en région parisienne…, aussitôt le ministre de l’Intérieur bombe le torse devant les caméras (il paraît qu’il adore ça), généralement entouré de gens que personne ne connaît. En cherchant bien dans ses souvenirs, on peut reconnaître ici ou là le directeur de la sécurité publique ou de la PJ. Mais ils ne prennent pratiquement jamais la parole.

Alors, pour avoir des infos, les journalistes se tournent vers les représentants syndicaux. Les seuls qui ont le droit de parler. Un braquage dans une bijouterie, et le syndicaliste de service nous explique ce qui s’est passé, comme s’il y était, comme s’il savait de quoi il retourne, lui qui n’est plus sur le terrain parfois depuis des années.

Un ancien directeur de la police me disait, il y a quelques jours, « il n’y a plus de commandement ». À tel point que pour donner des responsabilités à un commissaire, on le nomme préfet. extrait-du-film-fpc-production.1290673637.JPG

Alors, si la pression est aussi forte en haut de la pyramide, qu’on imagine ce que vivent les policiers de base… Ils ne se sentent ni soutenus ni aidés ni compris ni… aimés. On leur demande de se contenter d’exécuter les ordres, sans discuter. J’allais dire… comme des ministres. Et d’ailleurs, tout comme un ancien ministre, quelques-uns pensent à démissionner. Mais les temps sont durs. Il faut faire bouillir la marmite.

En attendant, certains voudraient s’affranchir de ce devoir de réserve qui les bâillonne. Et pour cela, ils reprennent l’argumentaire juridique du commandant Philippe Pichon – juste pour pouvoir s’exprimer. A moins que les choses ne soient plus graves, et que gronde, dans la police, un mécontentement plus profond.

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*FPC Production, le un, le deux, le trois.

Rumeurs mort-nées

La France a peur. On a frôlé l’ambiance des années 60, lorsque Michel Debré, en pleine nuit, lançait son appel pour exhorter les Parisiens à prendre les armes et à repousser les militaires factieux qui préparaient un coup d’Etat. Et chacun (du moins ceux qui n’étaient pas couchés) de lever les yeux au ciel pour détecter ces affreux paras qui devaient sauter sur la capitale.

obelix_imagesshack.1270707669.jpgCe n’était qu’une rumeur. Tout comme celle, colportée par une certaine presse, à laquelle, il faut bien le reconnaître Le Monde s’est associé, qui disait que notre service secret, la DCRI, avait ouvert une enquête sur la rumeur concernant les époux Sarkozy. C’est du moins ce qu’a dit la Première dame : « Il n’y a aucune enquête de police, c’est inimaginable de dire une chose pareille… »

Pourtant si c’était vrai. Si, comme l’a rapporté son patron, Bernard Squarcini, son service avait été saisi par le directeur général de la police afin d’effectuer une « remontée informatique au plus près du point de départ dans le temps (de la rumeur) et si possible de la source ». Alors…

Alors, on se dit que tout cet arsenal législatif, que tous ces moyens en hommes et en matériel, que tous ces trucs destinés à lutter contre le terrorisme, et accessoirement la criminalité organisée, le trafic de stupéfiants et la pédophilie, pourraient bien être utilisés à d’autres fins.

Des fins moins avouables. Au mieux des broutilles.

Comme piéger un site internet pour identifier les automobilistes qui achètent des détecteurs de radars routiers.

Oh, le phénomène n’est pas nouveau ! Ainsi, lorsque j’étais petit inspecteur à la DST, on était supposés pourchasser les espions du bloc de l’Est. À Noisy-le-Grand, près de Paris, au lieu-dit La Grenouillère, nous balayions les ondes à longueur de journées et de  nuits pour détecter les « flashes » des espions. C’était le moyen de communication préféré des « agents dormants ». Un message morse, chiffré et compressé, qui se traduisait par un bzz de mouche tsé-tsé. Pas facile à capter. Au petit matin, pour se défouler, dans cet immense terrain inculte où seules poussaient les antennes radio, on faisait des cartons sur les animaux chouchous de Stéphane Guillon, l’humoriste de France Inter.

Je sais, pas de quoi s’en vanter.

Mais comme tout ce travail n’était guère productif (de mémoire d’homme, on n’a jamais trouvé un espion de cette manière), on pourchassait aussi les cibistes, ces radioamateurs qui passaient leurs soirées à discutailler sur les ondes un peu comme le font aujourd’hui les internautes.
Dans des véhicules dotés d’un matériel hors de prix, nous sillonnions la capitale pour « gonioter » les délinquants. Et enfin, lorsqu’après des semaines et des semaines d’efforts on débarquait chez eux pour saisir le matériel, on savait bien que tout ça, c’était « pour de rire ». Pas de menottes, pas de garde à vue, pas de fouille à corps, pas de gyrophare, pas de traversée de Paris le pied au plancher. En bout de course, le président du tribunal, leur collait cinq cents francs d’amende, « et n’y revenez pas », ne manquait-il pas d’ajouter, goguenard.

Je raconte ça pour expliquer qu’on ne peut pas rentabiliser un service secret en limitant son coq-gaulois_bondy-blog.1270707757.jpgaction à ce pour quoi il est fait. Lutter contre les espions, les terroristes…, ça remplit pas le filet.

Et tout bien réfléchi, et pour en revenir à toutes ces fausses rumeurs, comme celle qui dit que le patron de la DCRI pourrait bien devenir le Monsieur sécurité de l’Élysée, la France n’a pas peur, elle s’ennuie.

Alors, toutes les occasions de rigoler un brin sont bonnes à prendre.

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GAV : il faudrait accorder les violons a été lu 7 757 fois à ce jour, avec 39 commentaires. Des avis variés mais souvent pertinents. Pour répondre à Volte | , voici la partie du texte du  SCPN, communiqué AFP, que je n’avais cité que partiellement :
« La garantie des droits des gardés à vue nous conduit d’ailleurs à nous étonner que le service du casier judiciaire, qui dépend du ministère de la Justice, soit fermé la nuit et le dimanche. Ces horaires peu adaptés nuisent à l’efficacité des policiers et des magistrats. Ceux-ci sont en effet tenus d’attendre le lendemain matin et, dans le cas d’une interpellation le samedi soir (après 18h30), jusqu’au lundi matin pour obtenir le bulletin numéro un du casier judiciaire. Or ce document leur est indispensable pour prendre une décision de remise en liberté ce qui oblige les policiers à prolonger inutilement les gardes à vue.
Nous pensons qu’il serait utile de pouvoir mettre fin à la garde à vue, mesure restreignant les libertés individuelles, à toute heure du jour et de la nuit. Il convient donc d’organiser des permanences de magistrats au tribunal en dehors des heures ouvrables, c’est-à-dire, la nuit et le week-end pour que les policiers, qui se sont déjà organisés pour être présents en dehors des heures dites « de bureau », puissent immédiatement obtenir les décisions des magistrats, seuls habilités à dire s’il faut remettre les personnes en liberté, y compris la nuit. »

De la Petite demoiselle à la Première dame

Au journal télé d’avant-hier, pour présenter son livre*, le préfet Prouteau nous livrait quelques anecdotes de son service très… privé auprès de François Mitterrand. baiser_de_rodin_musee-rodin-paris.JPGC’était dans les années 80. Ses propos m’ont mis les neurones en ébullition : « Et pour la petite demoiselle ? » a-t-il demandé au président de la République. « Pour les détails, voyez avec Rousselet », lui aurait répondu le grand homme. À travers cette question et sa réponse, que je restitue de mémoire, on a bien compris que la principale mission de la cellule élyséenne, dirigée par le commandant Christian Prouteau et le capitaine Paul Barril, soi-disant créée pour lutter contre le terrorisme, n’était en fait destinée qu’à protéger les petits secrets du locataire de l’Élysée.

Car dès sa prise de fonction, celui-ci n’a eu de cesse de cacher aux Français trois éléments de sa vie privée : ses deux femmes, sa fille adultérine et sa maladie.

Tout cela n’était évidemment que secret de polichinelle. Du moins pour les initiés. Je me souviens des confidences de ce commissaire, qui n’avait pas dû participer à la grande liesse populaire au soir du 10-Mai (fête baptisée par la suite le bal des cocus) : « De toute manière, il n’en a pas pour longtemps, avec son cancer de la prostate… » Il avait tout faux, le commissouille. Car ce cancer tue tellement lentement, paraît-il, qu’on ne sait pas trop si les hommes en meurent, ou s’ils meurent de vieillesse. Les autorités sanitaires conseillent même de ne plus faire de dépistage après 74 ans, c’est tout dire.

Bien entendu, dans la presse, toutes les rédactions étaient au courant, et de la double vie, et de Mazarine, et du cancer. Et personne n’a mangé le morceau. Comme quoi ils savent garder un secret, les journalistes !

Pourquoi tant de mystères ? À force de cachotteries, la rumeur s’installe et l’imagination va bon train. Et du coup, on a soupçonné Mitterrand de bien des coups tordus, et on lui a prêté bien des aventures amoureuses, tant dans le monde littéraire que dans celui du showbiz. Il y a même un hôtel, quelque part dans le Quercy, où, avec un clin d’œil malicieux, la patronne vous propose la chambre du Président et de Françoise Sagan.

La presse a pris moins de précautions avec Jacques Chirac. Mais à force d’affabulations, qui peut dire, avec le temps, ce qu’il y a de vrai ou de faux dans cette double vie dont on l’a affublé, ou sur ce mystérieux trésor de guerre qui serait dissimulé sur un compte au Japon ?

Aujourd’hui, les rédactions bruissent de nouveau : il y aurait de l’eau dans le gaz au sein du couple présidentiel. Mais pour en savoir plus, il faut feuilleter la presse étrangère, et, bizarrement, seule la chaîne d’information internationale France 24 a pris cette peine. C’est d’autant plus étonnant que la patronne de cette chaîne, Christine Ockrent, est la compagne du ministre des affaires étrangères… Il semblerait donc, d’après ces rumeurs, que Carla Sarkozy vivrait une grande passion avec un chanteur et que son époux ne serait pas indifférent aux charmes de l’un de ses ministres – féminin s’entend. Le chroniqueur humoriste Didier Porte a d’ailleurs abordé le sujet (par périphrases) jeudi dernier, sur France Inter. Et Stéphane Guillon en a remis une couche hier.

Ragots, ragots, ragots…

Pourtant, on ne peut pas ne pas s’interroger. Dans la mesure où ces bruits circulent, est-il normal pour la presse française de se taire ? Les journalistes – ou plutôt leurs chefs – agissent-ils ainsi pour protéger la vie privée des personnes concernées, pour éviter un procès, ou par connivence ? Et pourquoi ces potins dont les initiés se repaissent sont-ils interdits au commun des mortels ?

Vous me direz, chacun a le droit au respect de sa vie privée. Eh bien je ne suis pas d’accord ! Lorsqu’on a la charge d’un pays comme la France, avec une constitution qui donne tant de pouvoirs, il ne peut pas y avoir de jardin secret. La règle, c’est la transparence.

D’ailleurs, pour en revenir aux années 80, lorsque les choses ont mal tourné pour la cellule élyséenne, après l’affaire des Irlandais de Vincennes, Mitterrand a défendu Prouteau bec et ongles, même devant les caméras de télévision. À la finale, contraint de le remercier, il l’a nommé préfet hors cadre. Quant à Barril qui, lui, a rendu son tablier, on dit qu’il avait dans ses cartons de quoi faire sauter « le Château ».

En fait, les secrets de la vie privée de Mitterrand le rendaient vulnérable.

Cela tend à prouver que sur la scène politique les cachotteries ne devraient pas exister. Lorsqu’on se demande qui couche avec qui, c’est tout simplement qu’on est bon public. Captivés par le show permanent de la classe politique, on veut tout savoir, on veut tout comprendre.

Et comme on dit que le public a toujours raison…

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* La petite demoiselle et autres affaires d’État, aux éditions Michel Lafon.
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Du procès Viguier à la réforme pénale a été lu 18 887 fois en 3 jours et a suscité 33 commentaires. Certains m’ont fait remarquer que cette affaire pourrait être un argument en faveur de la disparition du juge d’instruction… Personne n’a dit que le système actuel était parfait, mais pourquoi diable faire pire ! D’après Le Monde, la réforme pénale pourrait d’ailleurs être repoussée…

Ça remue-ménage à l’Intérieur.

Il y a quelques dizaines d’années, on faisait des courses de bateaux en papier dans les gouttières de la rue des Saussaies. Je suppose que ce genre de facéties n’est plus de mise au ministère de l’Intérieur, où l’on ne doit pas rire tous les jours. A tel point que je me demande si l’on joue encore à qui-s’en-va-qui-arrive…

requin-malin.jpgEn tout cas, une question est sur toutes les lèvres : va-t-Elle partir ?

Pas sûr, disent certains, tandis que d’autres, plus nombreux, vous susurrent dans le creux de l’oreille (pas au téléphone, hein !) que son bilan est en demi-teinte, qu’elle a mal géré l’affaire du fichier Edvige, qu’elle a un peu traîné des pieds sur l’intégration de la gendarmerie et encore plus sur le projet du Grand Paris. Et surtout que le Sarko en a ras les pâquerettes de la MAM…

Que des mauvaises langues, je vous dis ! Feraient mieux de faire des bateaux en papier !

Oui, mais n’empêche, si elle partait, qui la remplacerait ? Là, ça se bouscule. Mes informateurs estiment qu’Estrosi tient la corde, surtout si la place Beauvau est coupée en deux. Mouais, sauf que par un curieux concours de circonstances, deux syndicats de police (droite et gauche) de sa belle ville de Nice viennent de le tacler sérieusement. S’agirait-il d’une sorte de message subliminale pour dire que dans la police, on n’en veut pas ? Avec son flegme habituel, le procureur Montgolfier en a rajouté une couche. En deux phrases, il a carbonisé le projet anti-bandes de son maire.  A mon avis, n’est pas près d’être au tableau d’avancement, le proc. Mais comme il dit : l’indépendance à un prix. Entre nous, je crois qu’il se complaît dans son rôle de martyr…

Christian Estrosi a été plusieurs fois champion de France de moto et lui-même, dit-on, revendique le titre de « motardidacte ». Ce qui le rend plutôt sympa. Mais en revanche, son côté va-t-en-guerre fait un peu peur. On se souvient de cette réflexion à l’emporte-pièce devant les ministres de l’Intérieur des vingt-sept : « Les citoyens seraient mieux protégés si leurs données ADN étaient recueillies dès leur naissance. » Et il serait déplacé de rappeler qu’en 1993, tout jeune député, il a déposé une proposition de loi afin de rétablir la peine de mort pour certains crimes… devise-site-estrosi.1245394487.jpg

Cela n’a rien à voir, mais sur son site on peut lire cette devise :

Mais Estrsoi n’est pas seul dans les starting-blocks, l’air de rien, Bauer fait du porte-à-porte. Avec le doigté acquis dans une vie antérieure et plus confraternelle, il laisse entendre ici ou là qu’il lui serait bien plus facile de mettre ses idées en application s’il était en prise directe avec le pouvoir. Et des idées, le bonhomme, il n’en manque pas, ne serait-ce que pour combattre l’ultra-gauche.

Pourtant, je n’ai pas vu son nom sur la liste des invités au débat organisé à l’Assemblée nationale, le 30 juin prochain, sur le thème : « Quelle stratégie de sécurité intérieure pour lutter contre le terrorisme ? ». Réunion placée sous le « haut patronage » du président de la République et dirigée par… Christian Estrosi. C’est lui qui ouvrira la séance avant de passer la parole – pour 15 minutes – à la ministre de l’Intérieur (le spectacle est gratuit, mais pour le déjeuner il faut signer un chèque de 80€).

Et puis, il y a les noms qui ne circulent pas, comme le préfet Gaudin, qu’on pourrait ainsi récompenser d’avoir bataillé pour mettre en place le Grand Paris. Évidemment, dans cette hypothèse, la place vacante de super préfet de police en ferait baver plus d’un et entraînerait sine die (non Siné, je parle pas de toi) un gentil jeu de chaises musicales… Que deviendrait Péchenard, l’actuel DG de la police nationale, qui vient d’être nommé préfet hors cadre « chargé d’une mission de service public relevant du Gouvernement » ? Ou Monteil, nommée préfet l’année dernière, qui représente le préfet de police dans ses fonctions de chef de la zone de défense de la région Ile-de-France ?

Mais je me mets à sa place, la vraie question que doit se poser le Président, c’est de savoir quoi faire de MAM ! Car, malgré deux ministères difficiles, la bougresse est encore populaire – plus que lui. Le baromètre politique IPSOS du 13 octobre 2008 lui accorde 51 % de satisfaits. Ce serait la 8e personnalité politique préférée des Français (droite et gauche confondue), et la 5e au sein du gouvernement.
Et elle continue d’animer le mouvement gaulliste Le Chêne, dont le site affirme qu’ « autour de Michèle Alliot-Marie, Le Chêne souhaite contribuer au passage d’une société de défiance à une société de confiance, en plaçant l’Homme au cœur de la décision politique ».

Un joli programme à une époque où les plus grands de ce monde semblent tout faire pour nous transmettre leurs virus anxiogènes.

Alors, laisser la dame sur le carreau à mi-parcours d’une présidentielle, c’est un peu comme ouvrir la porte du chenil. Non, non, il vaut mieux lui donner un os à ronger. Tiens, pourquoi pas la Justice ? Après tout, elle est avocate !

Bon, j’ai l’air de Le conseiller, mais je ne suis pas sûr qu’Il lise mes propos. Dommage, car je Lui aurais bien demandé quel est le plan d’ensemble de toutes ces réformes qui chamboulent la justice, la police et la gendarmerie… Car il y a forcément un bizness-plan derrière tout ça, comme on dit entre gens du CAC.

Mais mes copains du p’tit café, loustal-dans-touriste-de-bananes-de-georges-simenon.1245338001.jpglà où j’ai rencontré mes sources, eux, ils se demandent pourquoi on nous ressert la sécurité en plat de résistance alors que le déficit de la France devient abyssal, que le chômage explose, que les caisses de retraite n’arrivent plus à faire leur fin de mois et que la sécu est dans le rouge que plus rouge tu meurs…

Moi, je leur ai dit franco : Vous feriez mieux de vous taire ou de fermer votre gueule, car vous savez même pas ce qu’est bon pour vous !

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Commentaire supposé des journalistes du Monde.fr : l’auteur de ce blog a besoin de vacances…

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