« Respectons la présomption d’innocence, a dit le ministre de l’Intérieur, et souvenons-nous que la mise en examen n’est pas une reconnaissance de culpabilité. » Les paroles fortes d’un patron qui soutient ses hommes ! Propos d’ailleurs confirmés par le Premier ministre. Tous deux parlaient de Bernard Squarcini, le directeur de la DCRI. Mais au début du mois, M. Guéant tenait un autre langage. Il fallait alors tirer toutes les conséquences de la mise en examen de Michel Neyret : « Je vais le suspendre dès aujourd’hui ». Décision identique pour d’autres policiers lyonnais ou grenoblois qui, eux, n’avaient pas été placés sous main de justice.
Vous me direz, aucune comparaison possible entre le fait de détourner la loi pour piocher dans les fadettes d’un journaliste et détourner la loi pour arrêter de dangereux malfaiteurs…
On peut voir ça comme ça… Pourtant, sans chercher à défendre à tout prix le commissaire Neyret, après un déchaînement médiatique orchestré par des fuites dans la presse alors même qu’il était en garde à vue, il semble bien que l’affaire peu à peu se dégonfle. Et de nombreux policiers se posent encore des questions sur le pourquoi du comment. Certains bâtissent même des hypothèses…
L’histoire qui fait recette aujourd’hui est celle d’un règlement de comptes entre la douane et la PJ. Je raconte, mais à chacun de décortiquer. Après tout, je ne peux pas faire tout le boulot, hein !
Donc, les enquêteurs de la douane n’appréciaient pas trop les méthodes du policier, très copiées-collées sur les leurs, mais trop artisanales, et dès lors dangereuses. Et ils auraient rédigé plusieurs rapports à leur hiérarchie pour tirer la sonnette d’alarme. Sans écho. Probablement que le ministre du budget de l’époque, M. Woerth n’avait pas envie de faire déplaisir à son collègue de l’Intérieur, M. Hortefeux. À moins que dans les hautes sphères de la police on ait préféré ne pas trop s’interroger sur les méthodes de la PJ lyonnaise. Une hypocrisie qui aujourd’hui en agace pas mal.
Mais comme le temps, les hommes passent… Et il se raconte que, plus récemment, le commissaire Neyret aurait soufflé une affaire sous le nez des douaniers. D’où un nouveau rapport excédé. Lequel serait arrivé sur le bureau du ministre de tutelle, M. Baroin. Qui, peut-être par nostalgie de son bref passage place Beauvau, lorsqu’il a remplacé Nicolas Sarkozy, tilte sur le dossier. En tout cas, il exige des faits précis. Opportunément, l’un des indics de Michel Neyret fait alors l’objet d’un contrôle fiscal. Petite pression, et l’indic de la police devient l’indic des douanes. Et comme l’un des noms cités par cet « aviseur » apparaît dans la procédure qui a conduit à une saisie importante de cocaïne à Neuilly, la préfecture de police est destinataire du dossier. Et le ministre de l’Intérieur ne peut que s’incliner. Il accepte même que l’Inspection générale de la PN, le seul service normalement compétent, soit tenu à l’écart de l’enquête. Inutile de dire que du côté de l’IGPN, on apprécie moyennement.
Une information judiciaire est donc ouverte contre X. pour trafic d’influence, trafic de stups, association de malfaiteurs, etc., juste avant que François Baroin ne quitte ses fonctions pour prendre le portefeuille de ministre de l’Économie et des Finances. Comme une petite bombe qu’il laisserait entre les mains de Claude Guéant.
Existe-t-il un soupçon de vérité dans ces allégations ? Je n’en sais rien. Il s’agit peut-être de la trame d’une fiction, un nouveau film pour Olivier Marchal. Il est vrai que les faits-divers sont aujourd’hui vécus comme des séries télévisées. On ouvre le journal, son ordi ou son poste, impatients de connaître la suite. Alors, de temps en temps, on a envie de participer. Après tout, c’est humain.
Une seule certitude : deux grands chefs de police viennent d’être mis en examen, et la différence de traitement entre les deux est… déplacée. Le message est mauvais, pour tout le monde, mais surtout pour les policiers de base.
7 réponses à “Ça remue-ménage à l’Intérieur.”
Moi y’a un truc qui me chiffonnes, M’sieur Georges… Or cas d’hermaphrodisme, tous les descendants sont bien asexués… Le nom de l’enfant mâle du Chêne, je connais (et pour cause !)… mais au féminin, ça s’appelle comment la fille du Chêne… qui va se retrouver assise sous l’arbre préféré de Saint Louis ?
Et pourquoi la France ne se doterait pas d’un(e) ministre spécialiste de la question de la sécurité intérieur …. un peu comme outre atlantique …
Juste une remarque pour M. Moréas : on est passé à l’heure d’été depuis un bout de temps ! Votre serveur ne le sait pas ?
J’aime beaucoup la « mammographie » !!!
MDR
Et Bac-3 aurait ses chances ?
L’avenir s’annonce riant…
Nous resservir la sécurité en plat de résistance ? Ah, ça c’était l’étape d’avant, maintenant on est passé à la Burka. Vous avez aimé le foulard islamique ? Vous aviez vaguement eu l’impression que c’était une stratégie pour détourner l’attention du reste de l’actualité défavorable au gouvernement ? Vous allez adorez la Burka, le gouvernement va plus loin dans cette direction 🙁
Merci pour cette intéressante « mammographie ». Il est sûr que le poste de ministre de l’Intérieur est stratégique (Nicolas Sarkozy en sait quelque chose) et que son titulaire doit être choisi – et éventuellement conservé – avec soin.
D’après plusieurs journaux, dont Le Figaro du 17 juin, le remaniement se ferait cependant « a minima », de manière à ne pas donner un signal d’affolement en désavouant les « poids lourds » choisis à l’origine.
Néanmoins, vu ses qualités, il semble que Christian Estrosi ait des chances : il tiendrait la corde (normal, pour un ancien motard) pour un secrétariat d’Etat à la sécurité, qui viendrait ainsi renforcer une MAM un peu molle sur la question, sauf en ce qui concerne les attaques de pitbulls.
Quant à Alain Bauer, il traîne un passé grandement orienté – et des rapports à sens unique sur la criminalité – que la presse et les spécialistes du secteur se feraient un plaisir de ressortir le cas échéant.
Mais vous avez bouffé de la vache enragée aujourd’hui ou quoi, bougre georges ?… Vous n’aviez jamais été aussi familier avec le gente politicienne qu’en ce jour !
Cela dit, le billet est bien tonique et revigorant…
Quelques remarques, if you permit :
1 – Pourquoi voulez-vous qu’il y ait un ministre de remplacement à michelle ? guéant-vert, à l’élysée dirige tout des affaires intérieures, pourquoi dépenser de l’imagination et de l’argent pour y mettre des hervémorins ?
2 – Pourquoi voulez-vous que confrère bauère, spécialisé ès délogement de terrorisme dans les livres et de terrorite dans les campagnes, veuille un poste officiel pour « être au centre des choses et axu manettes » ?… il a bien plus de pouvoir au cnam que ventre à terre chez gaudin pour faire appliquer sa criminalogie.
3 – Pourquoi voulez-vous que montgolfier endosse un rôle de martyr ? Il lui suffit seulement de faire son travail de juge, et à l’ex-strosi de faire sa propagande extrême. Aucne conséquence à Paris, personne n’en veut en directions centrales…
Chacun dans son rôle, suffit de resserer les boulons, faire un peu de ménage, faire en sorte de faire accroire que, comme on dit chez les chtis-caviars.
Allez, bonnes vacances Georges, vous nous ferez toujours rire comme sguion, le matin !..