LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Catégorie : Armement (Page 1 of 4)

Collecte d’armes oubliées : une occasion à saisir

Le ministre de l’Intérieur a lancé une opération nationale pour inciter les Français à se débarrasser des armes qu’ils pourraient détenir irrégulièrement ou à légaliser leur situation. Il ne reste que quelques jours pour se décider.

Si l’on peut regretter une « fenêtre de tir » aussi réduite – une semaine, ce qui peut exclure certaines personnes de bonne volonté, isolées, âgées, malades, ou tout simplement indisponibles -, la proposition est une opportunité. C’est l’occasion en effet de se défaire d’une arme dont on n’a aucune utilité, quelle que soit son origine. C’est le sens de la communication du ministère, laquelle table essentiellement sur l’abandon des armes détenues irrégulièrement en s’engageant à n’entamer aucune poursuite.

Il est permis au passage de s’interroger sur la légalité d’une décision administrative qui ferme les yeux sur un délit punissable d’une peine d’emprisonnement prévu par la loi… Mais fi du droit, qu’en est-il exactement ?

Toutes les armes classiques sont concernées : armes d’épaule, armes de poing, armes blanches…, ainsi que les munitions de petits calibres. Pour l’occasion, leur propriétaire peut les transporter (pas les porter sur soi) afin de les déposer dans un point de collecte. Pour les engins de guerre, la préfecture organisera un ramassage. Pas question de se pointer à la gendarmerie du coin avec une caisse de grenades datant de la dernière guerre. En principe, cette démarche est anonyme, mais comme avant d’être détruites, les armes en état de fonctionnement sont susceptibles de faire l’objet d’une comparaison balistique afin de s’assurer qu’elles n’ont pas été utilisées dans une affaire judiciaire, il existe un petit doute. En tout état de cause, sauf si l’arme tilte sur un dossier, l’opération doit être transparente et l’on peut espérer que le dépositaire ne sera inscrit sur aucun registre.

Quant aux personnes qui détiennent une arme non déclarée et qui souhaiteraient la conserver, elles disposent là d’une occasion qui ne se reproduira peut-être pas. Elles n’ont même pas besoin de se déplacer. Le SIA (Système d’information sur les armes), déjà ouvert aux chasseurs, leur est accessible. Il suffit de se connecter, d’ouvrir un compte et de se laisser guider. Évidemment, le demandeur doit remplir les conditions habituelles l’autorisant à détenir une arme, mais aucune question ne lui sera posée sur son origine. Il deviendra donc détenteur légal de l’arme qu’il détenait illégalement. Dans le cas d’un refus administratif, il devra abandonner cette arme chez un armurier habilité ou lui demander de la faire neutraliser.

Attention, pas de bricolage ! Pour être neutralisée, ou démilitarisée comme on dit couramment, l’arme doit passer au Banc national d’épreuve de neutralisation des armes. Elle est alors restituée avec un certificat de neutralisation et vous pouvez l’accrocher au mur ou en faire un presse-papier. L’opération n’est pas gratuite.

Nouvellement créé, le SIA est destiné à remplacer les services préfectoraux Continue reading

Légitime défense des policiers : faut-il tordre le droit ?

Comme aux élections présidentielles de 2012, certains policiers revendiquent le droit d’utiliser leur arme sans avoir de comptes à rendre à la justice. Ce marronnier politico-policier frôle la démagogie, et pourtant, Bernard Cazeneuve a annoncé que les règles d’ouverture de feu par les forces de l’ordre seraient réexaminées.

Libre interprétation du trou de (la) balle qui a eu raison du parrain québécois Nicolo Rizzuto.

Il semblerait que dans un rapport, l’INHESJ (Institut national des hautes études sur la sécurité et la justice) préconise d’aligner ces règles sur celles en vigueur dans la gendarmerie.
C’est-à-dire une réglementation basée sur une loi et un décret promulgués par le gouvernement de Vichy afin de permettre aux policiers et aux gendarmes de lutter contre la Résistance. Des textes qui se référaient d’ailleurs à un décret de 1903 et à une loi de 1798.

Il est quand même assez étonnant de chercher à régler un problème actuel en se basant sur des textes aussi anciens… Continue reading

L’Europe désarme les « civils »

Lors de son fameux discours devant le congrès, après les attentats du 13 novembre 2015 (vous vous souvenez : « La France est en guerre… »), François Hollande a décidé de donner aux magistrats les « moyens d’enquête les plus sophistiqués, pour lutter contre le trafic d’armes « car ce sont avec les armes du banditisme que les actes terroristes sont commis ».

Proc Epique

Il a également rappelé que la France avait depuis longtemps demandé à l’Europe de prendre des dispositions pour lutter contre le trafic d’armes.

La Commission européenne avait alors réagi au quart de tour. 48 heures après ce discours, elle annonçait une révision de la directive sur l’acquisition et la possession des armes à feu en dressant une palette de mesures qui allaient du bon sens au non-sens. Finalement, lors des débats en commission du commerce intérieur, la présidente avait reconnu que « le texte avait sérieusement besoin d’être retravaillé ». En gros, il devenait quasi impossible pour un particulier de posséder une arme légalement. Un bien mauvais signal, car, historiquement, c’est l’une des premières mesures prises dans les pays où s’installe le totalitarisme.

Trop de précipitation, sans doute. Continue reading

Police : le choix des armes

Certains services de police vont se voir doter d’un fusil d’assaut allemand, le Heckler & Koch G36, jusque-là uniquement accroché au râtelier des unités d’élites. Pour la première fois, des policiers « de rue », notamment ceux de la BAC, vont être armés comme pour une guerre (ici, soupir de nostalgie pour feu « le gardien de la paix »).

CibleToutefois, si j’ai bien compris, ce fusil serait destiné à être remisé dans le coffre d’une voiture. À disposition, pour le cas où. Quelles seront les conditions nécessaires pour « dégainer » le HK ? Trop tôt pour le dire, mais on peut espérer que l’encadrement sera solide : l’utilisation d’un tel engin lors d’une intervention sur la voie publique pourrait se révéler à hauts risques – pour tout le monde. D’autant, il faut bien le reconnaître, que sous la menace terroriste, et la fatigue aidant, les policiers, comme nos dirigeants d’ailleurs, ont tendance à perdre leurs nerfs. Continue reading

Ces armes dites « démilitarisées »

Vendredi dernier, Emmanuel Toschi, un ancien instituteur reconverti dans l’armurerie, a été condamné en appel à 6 ans de prison. La même peine qu’en première instance. Un signal fort de la justice pour tenter de freiner la prolifération des armes de guerre. Sa spécialité : la remise en état d’armes démilitarisées. Lesquelles étaient destinées en l’occurrence au grand banditisme, via le sieur Secrettand, un truand « retraité de la banlieue sud ». Après la sentence, celui-ci a dit : « Je suis un vieux cheval de retour qui ne demande qu’à rentrer à l’écurie ». La prison, sa deuxième maison.

Revolver démilitarisé

Mais il n’y a pas que les voyous à utiliser des armes recyclées, les terroristes aussi. Ainsi, l’un des deux fusils d’assaut d’Amedy Coulibaly, le tueur de l’Hyper Cacher, proviendrait d’un trafiquant du nord de la France. Il aurait été acheté tout à fait légalement en Slovaquie et aurait transité par la Belgique. Et il semble qu’il en soit de même du fusil d’assaut AKM d’Ayoub El Khazzani, le tireur du Thalis, qui serait en partie constitué de pièces rapportées.

Qu’est-ce qu’une arme démilitarisée ?

La neutralisation d’une arme (ce mot est préférable) consiste à apporter à celle-ci des modifications internes afin de la rendre inapte au tir : boucher le canon, le rendre indémontable, neutraliser le chien, etc. Tout cela sans changer son aspect extérieur ni son fonctionnement apparent. Continue reading

Le business des écoutes et des données personnelles

Au moment où les États-Unis sont en train – timidement – de faire machine arrière sur le Patriot Act, la France se dote d’une véritable armada de machines électroniques pour surveiller ses propres ressortissants – et à l’occasion, les étrangers de passage dans notre beau pays. Dans cette guerre secrète contre le crime et le terrorisme, qui s’est amplifiée ces dernières années, pas de chars, pas d’avions, pas d’armes, mais un chiffre d’affaires en pleine érection. On peut se demander à qui profite le crime et combien cela va nous coûter… Dans quelle poche va-t-on prendre les sous ? Au détriment de quels services publics ?…

Nous sommes tellement habitués à ces projets qui capotent, comme Ecomouv ; ou d’autres qui aboutissent, mais dont la facture a été multipliée par 2, 3, 4…

Extrait brochure ThalesTiens, par exemple, parlons de la plateforme nationale d’interceptions judiciaires (PNIJ). En 2007, il était question d’une enveloppe de 17 millions d’euros. En 2010, elle était de 42 millions, et en 2014, de 47. En cette année 2015, alors que les premiers essais ont commencé dans certains services de police et de gendarmerie sur le ressort des cours d’appel de Paris, Versailles et Rouen, on se rapprocherait des 55 millions. C’est du moins ce que dit Le Canard enchaîné daté du 20 mai 2015, ajoutant malicieusement, que, pour l’instant, seuls les clients d’Orange peuvent être mis sous écoute. Continue reading

Les forces de l’ordre peuvent-elles tirer sur un fuyard?

La semaine dernière, un jeune homme soupçonné de braquages a été abattu alors qu’il avait été extrait de la maison d’arrêt de Strasbourg pour être présenté à un juge d’instruction. Il semblerait que le chauffeur du véhicule, un gendarme adjoint volontaire (GAV), ait voulu venir en aide à sa collègue aux prises avec le détenu sur la banquette arrière. Il s’est arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence de l’A35 et, dans l’altercation qui a suivi, un coup de feu est parti. Hocine Bouras, âgé de 23 ans est mort d’une balle dans la tête.

Les faits ont été qualifiés comme des « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner commises par un dépositaire de l’autorité publique ». Une infraction criminelle passible de 20 ans de réclusion. Pourtant, le juge d’instruction n’a pas mis le gendarme adjoint en examen, comme le réclamait le procureur de la république Bernard Lebeau. Il l’a placé sous le statut de témoin assisté.

Cette différence d’appréciation est un révélateur. Continue reading

Des agents paramilitaires pour affronter les pirates de la mer

Nos parlementaires viennent d’adopter une loi autorisant la mise en place d’une force armée privée à bord des navires de commerce. La France, deuxième puissance maritime mondiale (presque à jeu égal avec les États-Unis) est pourtant l’un des derniers pays d’Europe à franchir ce cap. Il n’a pas dû être facile pour nos autorités de déléguer ainsi au « privé » le devoir régalien d’assurer la protection des personnes et des biens. Mais dans une société où les comptables sont rois, l’enjeu était trop gros : un préjudice évalué entre 7 et 12 milliards d’euros. D’autant que certains armateurs français louchaient vers les pays où il existe déjà des sociétés militaires privées, envisageant même de changer de pavillon.

CaptureLa loi a mis près de deux ans à sortir du chapeau. Elle est compliquée, contraignante et un rien timorée, au point de se demander si les entreprises françaises qui vont se lancer dans l’aventure parviendront à rester concurrentielles ? Il faut l’espérer, car c’est un marché en pleine expansion. Continue reading

Kalachnikov : géopolitique au bout du canon

« Le plus difficile, c’est de faire simple », répétait Mikhaïl Kalachnikov . Cette devise est reprise au fronton du « Consortium Kalachnikov » créé par Vladimir Poutine. Le nom de l’inventeur du célèbre fusil d’assaut est ainsi associé à un programme massif de réarmement de la Russie. Sur les dix ans à venir, il est prévu un budget de plus de 500 milliards d’euros. Une véritable armada : 28 sous-marins, 50 navires de surface, 600 avions, 1 000 hélicoptères, des centaines de missiles, des satellites militaires et… l’AK-12. La kalache cinquième génération.

Essai AK-12 - Capture d'écran

Cliquer sur l’image pour voir la vidéo.

Parmi les principales innovations apportées au modèle précédent, l’AK-74, on trouve un viseur infrarouge, un pointeur laser et plusieurs autres petits trucs sympathiques. Certains parlent d’une mise à jour uniquement cosmétique… Alors, un coup médiatique ! Pas nécessairement. Continue reading

A-t-on le droit d’avoir un couteau dans la poche ?

Dans le temps, on disait qu’il était possible d’avoir un couteau sur soi à condition que la lame ne dépasse pas la largeur de la paume. Un moyen simpliste de faire la distinction entre celui qui portait un Opinel pour saucissonner et celui qui, la main dans la poche, ruminait de sombres intentions. Nous n’en sommes plus là.

Rahan, fils des âges farouches

On sait bien qu’il est impossible aujourd’hui de grimper dans un avion avec une lime à ongles dans son sac, mais on sait moins que le simple couteau de poche peut être considéré comme une arme blanche classée dans la catégorie D Continue reading

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