Les uns après les autres les journaux reviennent sur l’affaire de Tarnac pour dénoncer le décalage entre une éventuelle tentative de dégradation de lignes SNCF et la procédure exceptionnelle utilisée, visant une organisation terroriste.
Et la ministre de l’Intérieur fait front, affirmant que « ce ne sont pas les journaux qui rendent la justice ». Certes, mais si la presse en l’occurrence n’est pas dans son rôle, il faut biffer Zola des manuels scolaires. Il est vrai qu’après son fameux « J’accuse ! », l’écrivain-journaliste a été obligé de s’exiler… mais ses cendres sont au Panthéon.
Ces jeunes gens du plateau de Millevaches n’ont pas le profil d’un Carlos ou d’un Rouillan. On n’y peut rien. Alors, terroristes ou pas ?
Mais juridiquement, c’est quoi le terrorisme ?
Oserais-je dire que juridiquement le terrorisme n’existe pas ! Il y a des règles internationales, européennes, mais pas une définition unique, claire et précise. La Convention de Strasbourg de 1977 envisage : « tout acte grave de violence dirigé contre la vie, l’intégrité corporelle ou la liberté des personnes et tout acte grave contre les biens lorsqu’il a créé un danger collectif pour les personnes ».
En France, l’article 421-1 du Code pénal1 reprend certains des mots de cette convention, mais le sens du texte diffère assez nettement. Et l’expression « acte grave » est remplacée par l’énumération des infractions concernées. À part les excès de vitesse (là, je fais du mauvais esprit), tout y est : les atteintes à la vie, les armes, les explosifs, les vols, les extorsions de fonds, les destructions, les dégradations et détériorations, l’informatique, le recel, le blanchiment d’argent, le délit d’initié, etc.
Le législateur n’a pas voulu créer d’infractions spécifiques. Il a préféré une notion subjective appliquée à des crimes et des délits déjà existants. Il appartient donc aux autorités judiciaires de déterminer au cas par cas si tel acte délictueux est considéré comme un acte terroriste. Ce qui change à la fois les conditions de l’enquête (garde à vue, surveillances, juridictions…) mais aussi les peines encourues. Si les faits incriminés sont inscrits dans le tableau des infractions ciblées, le juge n’a qu’une question à se poser : l’auteur de l’acte revendique-t-il un caractère politique ?
La France n’est pas une exception. La plupart les États ont fait du terrorisme un acte criminel de droit commun, en se dotant d’un arsenal juridique hors du commun.
Lors de la discussion des lois antiterroristes, certains députés ont rappelé que sous l’Occupation les résistants étaient qualifiés de terroristes. Tant il peut s’avérer difficile de distinguer le terrorisme d’une lutte pour la libération ! Et personne ne s’est mis d’accord, ni chez nous ni ailleurs, sur une définition.
Dans la Revue de science criminelle, David Cumin, Maître de conférences à l’université Jean-Moulin, Lyon-III, estime qu’il est impossible de parvenir à une définition objective du terrorisme, mais il en donne l’approche criminologique suivante : « Relève du terrorisme l’acte isolé et sporadique de violence armée commis dans un but politique en temps de paix contre des personnes ou biens protégés. Est terroriste l’auteur d’un tel acte, quelles que soient la composition du groupe auquel il appartient et l’idéologie qui l’anime ».
Cette définition s’applique-t-elle à Coupat et à ses acolytes ? On peut en douter. N’est-on pas en train de « banaliser » le terrorisme ? Supposons que ces bandes de banlieues qui font si peur à Monsieur Sarkozy deviennent plus virulentes, plus dangereuses pour la société, ne pourrait-on pas dénicher derrière leur action une volonté politique qui en ferait des terroristes ? Et la procédure exceptionnelle deviendrait alors le tout-venant.
Toujours dans la Revue de science criminelle, Philippe Mary, professeur ordinaire à l’École des sciences criminologiques de l’Université Libre de Bruxelles, se pose la question de la différence entre le terrorisme et la délinquance urbaine. Pour lui, le terrorisme se caractérise par son aspect « grande criminalité » (des malveillances contre la SNCF ?). Mais ce qui rapproche ces deux types de criminalité, c’est que dans les deux cas, il s’agit de phénomènes indéfinis. Traités le plus souvent dans l’urgence, ils génèrent une politique de gestion des risques, dans laquelle la sécurité apparaît comme une fin en soi. « Une telle évolution de la notion de sécurité est le signe de passage d’un État social à un État sécuritaire », affirme-t-il.
Sur 57 propositions en matière de lutte contre le terrorisme présentées au sommet de l’Union européenne tenu à Bruxelles, en mars 2004, plus de la moitié n’avait que peu ou rien à voir avec le terrorisme.
Dans un récent rapport au Sénat2, Robert Badinter déclare : « Nous n’avons pas été, à ce jour, capables d’avoir une définition internationale du terrorisme. Ceci pour des raisons éminemment politiques. Si on regarde les textes existants, on trouve des définitions faites par « raccroc » (…) Quand on regarde de très près les textes et notamment le texte fondateur de la Cour pénale internationale, on trouve une définition du terrorisme qui paraît acceptable : on considère comme crime contre l’humanité les actions décidées par un groupement organisé, pas nécessairement un État, ayant pour finalité de semer la terreur, dans des populations civiles, pour des motifs idéologiques. Les attentats du 11 septembre 2001 constituent une de ces actions… »
Dans une résolution du 14 janvier 2009, le Parlement européen « se préoccupe du fait que la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme a souvent abouti à une baisse du niveau de protection des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, notamment du droit fondamental au respect de la vie privée, à la protection des données à caractère personnel et à la nondiscrimination (…) ».
En France, une loi du 13 février 2008 autorise la ratification d’une convention du Conseil de l’Europe pour la prévention du terrorisme. Elle oblige les États à incriminer certains actes perçus comme pouvant conduire à la commission d’infractions terroristes, même si l’acte terroriste n’est pas commis. Il en va ainsi du recrutement et de l’entraînement de futurs terroristes, ou encore de la provocation à commettre des infractions terroristes.
Certains pays doivent donc adapter leur législation. Pour nous, c’est inutile, on est à la pointe du combat, puisqu’on en est à poursuivre une bande d’anars3 qui auraient eu l’intention de tenter de détruire des caténaires de la SNCF.
Coluche, tu nous manques !
______________________________________________
1/ L’article 421-1 du Code pénal sur légifrance (ici)
2/ Le rapport de Robert Badinter sur l’Union européenne et les droits de l’Homme sur le site du Sénat (ici)
3/ La cellule invisible sur ce blog (ici)
31 réponses à “Petit essai sur le terrorisme”
[…] Pour l’heure, en dehors de « protéger les intérêts de l’État » (?), comme dans l’affaire Woerth-Bettencourt, ou les rumeurs sur le couple présidentiel, le seul résultat concret que l’on connaît de la DCRI, c’est l’affaire de Tarnac. Vous vous souvenez, ces Corréziens interpellés pour avoir eu l’intention de tenter de saboter les caténaires des TGV… Tiens, où en est donc cette enquête retentissante ? Bon, il y a bien aussi ce projet d’attentat contre l’immeuble qui abrite la DCRI… […]
[…] N’ayant pas eu l’heur, à la différence sans doute de tous les journalistes, « intellectuels » et autres bloggeurs qui dissertent doctement de cette affaire (cf. par exemple http://moreas.blog.lemonde.fr/2009/04/17/petit-essai-sur-le-terrorisme), d’avoir eu accès aux dossiers de la DCRI et de la Sous Direction Anti Terroriste (SDAT), je vais me concentrer sur la qualification de terroriste. Il me semble cependant pertinent de revenir, à l’occasion d’une prochaine chronique, sur l’expression injustement moquée d’ultragauche. Les Didier Porte et autres Stéphane Guillon, malgré leur indéniable talent comique, feraient sans doute bien de se pencher sur les années 70 et 80 européennes. Sans doute les noms d’Action Directe, « Rotte Armee Fraktion » ou de « Brigades Rouges » leur diront-ils quelque chose… Mais passons. […]
@ebolavir (désolé pour les deux semaines de retard):
>Puisque je suis vieux, j’ai le souvenir du temps
>où on se demandait si on allait tous mourir
>(avec la guerre atomique) ou avoir peur et faim
>(dans la France soviétique)
Impressionnant ! – Dans la force de l’âge, vous vous inquiétiez de la mort, vous vous inquiétiez de la peur, vous vous inquiétiez de la faim, bien que vous n’ayez connu rien de tout cela (sauf la peur, en effet, mais lorsqu’on a peur d’avoir peur, difficile de rester stoïque).
C’est peut-être à votre génération « revenue de tout » qu’on doit les couinements terrifiés qui ont portés les mesures liberticides antiterroristes et le nettoyage au karcher de toute une génération.
>la police (…) qui essaie de se conformer aux
>lois et où on est puni quand on les enfreint (…)
Justement, non. C’est ce qu’on lui reproche.
>de plus en plus de gens ont oublié le sens de
>l’expression “sécurité publique” et les
>nécessités qui vont avec.
Vos nécessités, il n’y en a qu’une et c’est la soumission. Vous refusez la liberté et la justice au nom de votre sécurité; c’est indigne. Si on vous laissait faire vous seriez bien puni: vous n’auriez bientôt plus ni liberté, ni justice, ni sécurité. Dommage qu’il faille pour cela que nous soyons entrainés avec vous; d’ailleurs, lorsque nous en subirons les pleines conséquences, vous serez parti, peut-être avec un sourire satisfait ? Ah, je m’égare, j’oublie à qui j’ai affaire; l’insécurité de la mort, cela doit vous affoler ! Que fait le gouvernement ?!
@Euuuuhh
Je ne pensais pas au déraillement à cause du fer, mais plutôt à une explosion : En effet, lorsque le courant arrive en sortie de pantographe, il n’est pas envoyé tel quel dans le circuit électrique, il est d’abord stabilisé. Or, pour cette opération, il y a des produits chimique, donc inflammable.
Si un train percute un fer, il y a une probabilité non négligeable pour que le fer pénètre dans la carcasse du train et touche lesdits produits (explosifs lorsqu’ils sont mélangés). Des étincelles seront faites.. et l’explosion est envisageable.
Remerciement au jeune Tom d’avoir commenté mon commentaire et non l’article. Ca fait toujours plaisir d’avoir été lu. Mais oui, il faudrait une bonne guerre (pas en vrai, c’est trop cher, et en rêve c’est aussi efficace). Puisque je suis vieux, j’ai le souvenir du temps où on se demandait si on allait tous mourir (avec la guerre atomique) ou avoir peur et faim (dans la France soviétique). Et je vis actuellement dans un pays où les citoyens acceptent d’être quelque peu brutalisés parce que tous les gens de 40 ans et plus ont la dernière période de peur et de faim dans leurs souvenirs d’enfance. La France actuelle m’apparait comme un monde merveilleux d’abondance et de paix, où de plus en plus de gens ont oublié le sens de l’expression « sécurité publique » et les nécessités qui vont avec. Comme je l’avais dit en commentaire à un article précédent, je me demande pourquoi les militants des bonnes causes s’attaquent à la police de leur pays, celle qui essaie de se conformer aux lois et où on est puni quand on les enfreint, au risque d’écoeurer ceux qui y travaillent, au lieu de s’en prendre aux milices privées (vigiles, services d’ordre) qui prolifèrent et finiront par produire de grosses bavures.
D’un strict point de vue rationnel, que pourrait faire une tige de 40 cm contre un train de plus de 500 tonnes, qui a déjà vécu sans grand dégât des incidents bien plus graves?
Le TGV repose sur les rails, je vous rappelle, pas sur les caténaires.
Quant-à une ligne électrique, une fois coupée, figurez-vous que, même sur un réseau non-muni de sécurités, le courant ne passe plus.
Et le train respecte le principe de la cage de Faraday, ce qui rend ses passagers insensibles à toute éventuelle électrification de la rame elle-même.
Réfléchissez avant de crier à la conspiration scientifique.
Comparer cela au nuage de Tchernobyl… Pfff
@ebolavir: A vous entendre, nous devrions être heureux que ça ne soit pas pire – et vous enchaînez, inconscient du cliché que vous incarnez: selon vous, il nous faudrait une bonne guerre, à nous autres jeunes gens !
Pourtant, les remarques faites ici illustrent un problème réel. La police fait peur à une grande partie de la population honnête (même aux petits vieux avant l’heure dans mon genre, qui ont voté Bayrou en 2007). La France subit régulièrement des remontrances d’organisations internationales pour son manque de respect des droits de l’homme et sa police omnipotente et irresponsable. (http://www.amnesty.fr/_info/rapport_france/pdf/French%20report%20complete_WEB%20french.pdf)
Que fait le gouvernement pour corriger cet état de fait? Il attise les braises ! Il renforce les pouvoirs de la police, blâme l' »ultra-gauche » « ultra-violente », soutient les CRS auteurs de provocations et de violences indiscriminées. Ce qui se passe à Tarnac ressemble à une provocation de ce type.
Y-a-t-il une volonté de renforcer l’extrême gauche par ces provocations, afin d’affaiblir la gauche de gouvernement ? S’agit-il au contraire de maintenir le sentiment d’insécurité qui a mené Sarkozy au pouvoir ? Ces deux éléments jouent sans doute un petit rôle (inconscient?), mais le cœur du problème reste l’incompétence et le manque de culture démocratique des petits chefs à tous les échelons. Pour que ça change, le réveil démocratique (et non révolutionnaire…) doit venir du bas, des citoyens.
PS: ebolavir, en admettant que Coupat soit coupable : « L’attentat » n’a pas été revendiqué. Le but aurait été d’accentuer la colère contre le gouvernement en déréglant la mécanique du pays – les transports. Il ne s’agirait donc pas du tout d’une « démonstration de force et de danger à l’intention des citoyens apeurés », contrairement à vos affirmations. Ce serait évidemment un acte de sabotage condamnable, mais du terrorisme ?
Quoi qu’il en soit, vous me paraissez trop mal connaître cette affaire pour pouvoir en parler.
Les sympathiques jeunes gens qui ont cassé le train électrique de leurs grands frères voulaient simplement s’amuser. On aurait dû les remettre à leurs parents pour qu’ils les sermonnent.
Eh bien non, dans leurs têtes c’était du terrorisme, une démonstration de force et de danger à l’intention des citoyens apeurés et du pouvoir malfaisant. S’ils lisent ce blog, ils vont se sentir très vexés, autant que les gauchistes du temps où j’étais étudiant (début des années 1970) à qui un vacataire de la préfecture apprenait qu’ils n’avaient pas de fiche.
La justice s’appuie sur les intentions pour décider si c’est du terrorisme ou pas, et non sur les faits. On peut trouver ça abusif. On peut penser aussi que les juges n’ont pas à juger, que la société ne devrait pas leur confier cette tâche. A qui alors ? Le désordre dans les têtes est vraiment très grand dans un pays qui vit dans la paix depuis trop longtemps pour se rappeler ce que c’était que l’insécurité, la vraie (depuis la fin de la guerre d’Algérie, en réalité; les attentats de 1995 n’ont fait que passer), et où il y a beaucoup de gens pour qui le moindre chatouillis semble une agression contre la liberté. Sans compter ceux qui tirent leur importance (et éventuellement leurs revenus) de l’indignation contre l’autorité.
http://www.laprovence.com/articles/2009/04/17/791238-A-la-une-Singulier-coup-de-force-de-la-police-dans-la-rue-de-Lyon.php
Puisque l’auteur conclu en invoquant Coluche, comment ne pas le citer : « Un flic, ça devrait être un pote qui, quand il te trouve bourré dans la rue, te ramènes chez toi. »
Le fossé qui est en train de se créer entre le peuple et ceux qui sont censés le protéger prend une tournure dramatique, et réduire le phénomène à des groupuscules anars est une grossière erreur…
Je suis ce qu’il est convenu d’appeler un « bon » citoyen, selon les critères les plus réactionnaires qui soient : actif, contribuable, casier vierge, véhicule parfaitement en règle, etc…
Qu’on m’explique alors comment définir le fait que quand je vois un uniforme JE FLIPPE, alors même que je n’ai rien à me reprocher. Si ça, c’est pas du terrorisme, qu’est-ce que c’est ?
@Yves : J’ai peut-être plus de chance de mourir dans un avion que dans un TGV, mais je prends très souvent le TGV et plus rarement l’avion.
Mais, dans tous les cas, en avion ou en TGV, je préfèrerais éviter…
@JB : Normal que les experts SNCF disent cela. Tout comme il est normal que les experts EdF aient indiqué en 1986 que le nuage s’arrêtent à la frontière !
Je ne pense pas que la SNCF, RFF ou Alstorm se soient amusés à mettre des fers à béton sur les caténaires pour voir se qu’ils se passeraient !
@eric
Cher monsieur,
Je serais très intéressé par votre mémoire sur la définition du terrorisme, ayant a en rédiger un pour valider mon cursus universitaire (même si je m’oriente plus sur le contentieux du terrorisme mais une réflexion sur la définition m’intéresse au plus haut point!)
Pourriez vous le mettre en ligne? Ou me l’envoyer par mail (memoire.master2@yahoo.fr)?
En vous remerciant,
Xounette
PS: désolé d’utiliser les commentaires du blog pour cela, mais bon, on fait comme on peut, non?
@ Tom
Merci pour le coup des policiers qui terrorisent les honnêtes gens, de l’Etat policier en marche et des gardes à vue pour tenue vestimentaire inadéquate.
Le jet de cailloux sur des manifestants pacifiques est il un acte de terrorisme ? Il s’agit bien de terroriser des populations civiles.
MAM n’en a que faire.
De l’autre côté de la Manche, où les libertés sont piétinées aussi assidûment qu’ici par des politiciens tout aussi incompétents et des policiers tout aussi brutaux, on commence à s’inquiéter.
Le guardian, notamment, réclame des explications pour la terreur que la police anglaise fait régner sur la population civile, et particulièrement la population civile innocente. Ainsi, des policiers ont frappé un pauvre homme qui passait sur le chemin des manifestations du G20 et qui leur tournait le dos(pas un manifestant). Tant et si bien qu’il a succombé sur place à une crise cardiaque.
La police a bien sûr tenté d’étouffer l’affaire en mentant et en prétendant n’y être pour rien, jusqu’à ce que des vidéos accablantes prises par des manifestants soient publiées sur le net. La vidéosurveillance publique, elle, n’a rien vu, rien enregistrée (d’après la police), malgré les multiples caméras dirigées vers la scène.
En France, les CRS lanceurs de cailloux ne seront pas sanctionnés; MAM a dit hier qu’elle n’avait pas même regardé les vidéos sur le net qui prouvent ces aggressions commises par ses subordonnés. Peut-être est-ce parce que diffuser de telles vidéos est illégal en France, à moins que l’on ait le courage de porter plainte, auprès de la police donc (cf. un billet précédent sur ce blog)…
D’ailleurs, saviez-vous qu’en Angleterre les policiers se permettent d’interdire toute photo prise dans la rue, et à fortiori de leurs propres forces ? Ca ne correspond pas tout à fait au texte de la loi, mais ça n’empêche pas les policiers d’aller interpeller les touristes et de les forcer à effacer leurs photos.
En France, d’ici quelques années, il suffira peut-être de porter un bonnet pour aller passer 48h en garde à vue. Surtout si on s’est plaint sur Internet de l’état policier en train de se constituer.
@ Georges Moréas
Vous écrivez : « … on est à la pointe du combat, puisqu’on en est à poursuivre une bande d’anars qui auraient eu l’intention de tenter de détruire des caténaires de la SNCF »
Il aurait peut-être fallu écrire « … on est à la pointe du combat, puisqu’on en est à poursuivre une bande d’anars qui auraient détruit des caténaires de la SNCF »
@ Lerouge
Au moins vous avez le mérite de reconnaître vous-même votre petite propension à la caricature.
@ Acropole
Il faudrait avant tout demander à un spécialiste ce que pourraient être les conséquences d’une rupture de caténaire lors du passage à très grande vitesse d’un train chargé de plusieurs centaines de personnes.
Pour discuter plus précisément de droit, il y a quelques années, j’avais écrit un mémoire « la notion de terrorisme en droit international : en quête d’une définition juridique » pour finir un cycle et débuter une thèse, dont voici le résumé sybillin : http://www.er.uqam.ca/nobel/juris/memoires/huguese.pdf
Si cela intéresse du monde, je peux l’envoyer en mail ou alors le mettre en ligne peut être, sinon il est disponible en résumé d’une vingtaine de pages dans un article au même titre dans « Journal du Droit International, 2002; 129 (3) »
Avec le nouveau décret préparé par MAM, porter une cagoule, un bonnet, un chapeau, des lunettes, voire un parapluie, des moustaches ou la barbe lors de manifestations, pourrait être assimilé à l’appartenance à une organisation terroriste. Avis aux amateurs… Certes, je caricature quelque peu, mais si peu ???
La question de la définition du terrorisme est une question très délicate qui mérite de plus amples développements. Cependant, je remercie M. Moréas de nous inciter à nous poser la question.
Le terrorisme peut revêtir de nombreux aspects: terrorisme politique comme les prises d’otages au soutien de la Palestine ou « hyper-terrorisme » comme les attentats du 11 septembre.
Pour ma part, je distingue deux types de terrorisme.
D’une part le terrorisme « revendicatif », qui est caractérisé par les revendications des auteurs. c’est je pense le cas des prises d’otages « palestiniennes » dans les années 70 ou le terrorisme d’ETA ou de l’IRA.. Par contre, je ne range pas la dedans les prises d’otages uniquement motivées par le versement d’une rançon, même si on peut le discuter (par ex, les prises d’otages pour financer un mouvement politique).
De l’autre côté, j’estime qu’il y a un « hyper-terrorisme » (l’expression n’est pas de moi!). C’est, je pense, un terrorisme uniquement motivé par la volonté de créer un climat de terreur, de mener une guerre par des moyens autres que l’intervention d’une armée « régulière ». En gros, c’est tuer pour tuer. Pas de revendications, pas d’otages (ou alors pour les décapiter online.
A mon sens, c’est le terrorisme d’Al Qaeda ou assimilés.
Bref, pour moi, la définition du terrorisme ne repose pas forcément sur une visée politique « immédiate » ou une volonté de renversement d’un ordre mondial « occidental ». En cela, je rejoins un peu la définition retenue par le droit français (cf commentaire précédent qui cite l’article du code pénal)fondée sur l’intimidation, la terreur et le trouble à l’ordre public.
Mais avec cette définition, quid des troubles graves à l’ordre public par l’intimidation lorsqu’il s’agit d’une « bandes » de « jeunes » qui terrorise un quartier en dealant, en volant et en frappant? Association de malfaiteurs en vue de commettre un acte de terrorisme?
On peut facilement imaginer des riverains « terrorisés » et « intimidés » et un ordre public « gravement troublé » par les violences fréquentes et les règlements de comptes, non?
Je pense qu’il faut donc être extrêmement prudent dans la qualification de terrorisme, qui emporte de graves conséquences non seulement au regard de la peine encourue mais surtout au regard des exceptions que cela entraîne dans la procédure pénale (GAV de 96 h, plus grande facilité pour autoriser des écoutes, etc…).
Désolé pour ce post un peu long mais c’est en partie mon sujet de mémoire (que je n’ai évidemment pas commencé)!
Je comprend pas que la dénomination de terroriste ne soit pas limitée aux crimes contre les personnes. Ca ne terrorise personne que des cables sncf soient coupés.
Par contre, risquer de voler en éclat en attendant le bus, oui.
Bah oui tous les abus auquels procedent certains grevistes sont completement illegaux et sans aller jusqu’a dire que c’est du terrorisme, pour ma part je trouve ca lamentable et ca s’apparente a un comportement de delinquants.
Vraiment tout petit essai, Monsieur MOREAS. je suis déçu au regard de la qualité de vos traditionnelles prestations…
Le terrorisme se définit par l’élément moral que vous omettez très volontairement pour faire passer sous couvert de pseudo-juridcalisme : « ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur » (art 421-1 CP).
Reportez vous aussi aux débats sur la déclaration cadre de l’UE du 13 juillet 2002, qui précise l’intention recherchée à savoir faire changer la politique d’un Etat ou d’organisations supranationales (donc détenant la légitimité institutionnelle représentative de toute société démocratique) par l’exercice de la violence…
« 1…] Selon la définition la plus large, le terrorisme est une forme de violence imposée à l’homme à l’aide de sanctions. Par exemple, si j’empêche un homme de travailler et de gagner son pain quotidien, c’est également du terrorisme et cela, bien que je ne le juge pas, ne l’expulse pas ou n’attente pas à sa vie. 1…] Ii est généralement admis que le terrorisme est illégal mais, en fin de compte, qu’est-ce que la légalité ? Pouvons-nous douter qu’un grand nombre de lois – surtout les lois politiques – ne sont qu’une forme déguisée de terrorisme, c’est-à-dire de contrainte? Si nous disposons de la force (la force- cela signifie la police et l’armée), nous pouvons promulguer des lois nous convenant et tous ceux qui les enfreignent sont des révolutionnaires, des terroristes ou des anarchistes. 1…] Sors et va vérifier, et tu découvriras facilement que la loi est fondée sur la « terreur », c’est-à-dire appliquée par la contrainte.
Notre propos n’est pas de philosopher sur les lois, nous voulons seulement suggérer qu’il est possible de répondre par des arguments simples au baratin contre le terrorisme proféré par ceux qui prônent « la voie légale » et « démocratique », et dévoiler ainsi tout le terrorisme qu’ils recèlent eux-mêmes. 1…] Toute la « crème » sociale, de gauche à droite, est « choquée » jusqu ‘au plus profond de sa pourriture mentale par ces actes [de terrorisme]. Elle est prête à coopérer avec le pouvoir pour liquider et mener à la potence ces terroristes anarchiques. [Cette crème sociale n’agit pas] si, par exemple, avec l’aide de la loi, sont
assassinés 769 réfugiés du Struma et des milliers d’autres qui auraient pu être sauvés. Mais cela, c’est tout au plus une « mauvaise loi », ou de la « cruauté ». Il est extrêmement facile de vivre [avec une terminologie aussi fallacieuse]. Il est également facile d’affirmer qu’il faut lutter par d’autres moyens contre la « violence ». 1…]
Certains pourraient présenter des arguments d’un autre genre: « Les terroristes, diraient-ils, sont des embusqués ! Ce n’est pas correct, c’est de la dissimulation! Ce n’est pas de l’héroïsme! [Le terrorisme est] une forme de donquichottisme si ce n’est une supercherie scélérate. » 1…] C’est une question de vie ou de mort. L’héroïsme ne saurait être une fin en soi, de même que la guerre n’est pas un objectif en soi. Le seul but, c’est la victoire. 1…]
Ni l’éthique d’Israël, ni la tradition d’Israël ne peuvent rejeter cette forme de combat. 1…]
in un mensuel clandestin, Ha Hazit (« Le Front »)1943…
@Raph
Les experts de la SNCF s’accordent pour dire que des fers posés sur les caténaires ne pouvaient pas engendrer d’accident. À peine une coupure d’électricité.
Bien sur que le problème de la définition du terrorisme est plus politique que sémantique: chaque pays voudrait qu’elle s’adapte au mieux à ses préoccupations et à sa règlementation.
Et puis, elle n’est pas réellement nécessaire: les actes « terroristes » sont tous condamnés par les lois depuis belle lurette.
Vos propos sont bien vus et une excellente analyse de ce qu’est ou n’est pas le « terrorisme » .
Pour raph, un TGV résiste excellement aux bombes :
En 1984, un bombe dans un TGV, 8 morts et quelques blessés mais il n’a pas déraillé !!! si ma mémoire est bonne ?
Vous avez beaucoup plus de chances de mourrir en avion, en voiture ou par homicide …. que du fait de terroristes . ( les derniers morts par « terrorisme » en France datent de 1995 !!!!! )
Imaginons que personne n’ait arrêté cette action, que les fers aient été laissés sur les caténaires, qu’un TGV soit arrivé et qu’un accident se soit produit.
Il y aurait eu des morts. Les clients TGV auraient, à chaque fois, eu peur de le prendre : Y-a-t-il un fer ? Vais-je mourir ?
S’il me fallait donner une définition de terrorisme, j’y verrais deux conditions :
– que l’acte soit destiné à faire connaitre ou à promouvoir une idéologie (religieuse, politique, etc.)
– que les conséquences de l’acte aient engendrés ou auraient pu engendrer, s’il avait été accompli, une forte peur (une terreur ?), et non une crainte ou un émoi, dans une large partie de la population pour une durée relativement importance.
Le terrorisme est seulement créé par les états pour justifier ensuite leurs politiques ultra sécuritaires (et de contrôle).
C’est un procédé vieux comme le monde…
Ps: Les journalistes, quid du 11 septembre???
Cdt.
je propose une définition assez simple.
Un acte de terrorisme est un acte qui nuît à la stabilité du gouvernement en place.
Une loi anti-terroriste est donc une loi qui renforce la stabilité du gouvernement.
Par exemple : le vol de voiture n’est pas un acte de terrorisme car il montre que le gouvernement est nécessaire.
Ensuite il convient de définir la notion de résistance.
Un acte de resistance est un acte qui nuît à la stabilité du gouvernement illégitime en place.
voilà c’est simplement mon opinion.
Pourtant, c’est simple : est terroriste quiconque commet un délit de mode de vie (cette belle invention d’Adolf pour protéger ses citoyens des juifs et des déviants…. Par exemple, ne pas avoir de portable (ce nouveau passeport des assistés) est suspect d’office d’ultra-gauchisme.
J’attends, en toute logique, que quiconque n’est pas dûment planté devant TF1 dès une heure donnée soit qualifiée de terroriste. Et livré à la vindicte populaire si prompte à se retourner contre quiconque traverse la vie hors des clous.
Pendant que, bien sûr, la droite la plus extrême peut continuer ses ratonnades et ses profanations dans l’indifférence générale. Après tout, on en retrouve bien dans les services de protection de not’président…
Prochaine etape dans la conception du terrorisme : les grevistes.
La greve est un droit mais les grevistes sont-ils proteges ?
Du licenciement pour greve, oui. Mais en fermant ainsi les routes, bloquants les ports ou leurs patrons dans les bureaux n’en deviennet-ils pas de terroristes ayant pour but de « semer la terreur, dans des populations civiles, pour des motifs idéologiques ».
LA desorganisation ou la perturbation de l’ordre publique ne peut elle etre consideree comme une volontee politique (au sens premier de volonte d’organiser la vie collective dans la Cite de Platon et Socrate) de changer l’ordre etablit -renverser le pouvoir- et cela en temps de paix.
Le pas est grand.
J’espere que notre president bienveillant et bien aime saura vaincre son (tres probable complexe d’inferiorite, eu egard a sa taille, et ne sera pas tenter de faire ce pas de trop (ou un du meme genre).
Avec tout le respect que j’ai pour vous, M Sarkozy, pour exercer une fonction que je ne voudrais efleurer du doigt pour rien au monde, s’il vous plait relacher le « Tout Securitaire ».
40 ans apres Mai 68, que reste-t-il de nos espoirs de jeunesse frivoles et legers, d’amour et de justice sociale ?
Un jeune, pardon, personne du 1er age.
slt