Rarement une simple filature aura fait couler autant d’encre. Ou du moins le procès-verbal qui la retrace, le fameux P-V 104, qui est paraît-il bourré d’invraisemblances. D’après la presse, et notamment les journalistes du Monde et de Mediapart, qui visiblement connaissent le dossier Tarnac sur le bout des doigts, l’élément fort réside dans le compte-rendu des surveillances effectuées sur Julien Coupat et son amie Yildune Lévy. Les policiers ont noté que le véhicule à bord duquel ils se trouvaient a stationné un quart d’heure dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 à proximité de la ligne TGV où, au petit jour, il a été découvert un crochet métallique posé sur la ligne caténaire.
Sans remettre en cause le travail des journalistes, notamment l’épluchage des procès-verbaux effectué par Laurent Borredon sur son blog, plus d’un policier a dû sourire en lisant les analyses et les reconstitutions d’une filature qui a duré une vingtaine d’heures.
Une filature, c’est toujours une aventure, pas une science exacte.
Des planques qui durent parfois des heures sur une voiture pour finalement la perdre au bout de quelques minutes, ou au contraire s’apercevoir, après un gymkhana dans la circulation, que le conducteur qui en descend n’est pas le bon client. La filoche, c’est conduire d’une main, le téléphone ou la radio de l’autre, le bloc-notes coincé sous une cuisse, la lanière de l’appareil photo ou des jumelles accrochée au levier de vitesse, prêt à bondir de son siège pour embrayer en piéton. Jongler avec les feux et les panneaux de signalisation, passer devant, décrocher, se venger sur la radio qui crachote des mots incompréhensibles… Puis c’est l’heure du repas, la planque devant le resto où nos suspects se régalent. L’odeur de la pizza… et constater que le paquet de biscuits est vide, tout comme la bouteille de flotte. Et cette envie de pisser… Allez, qui se sacrifie pour aller chercher des casse-dalles ? Paf, ça redémarre ! On mangera une autre fois. Parfois, la tension se relâche. Est-ce que les gosses auront fait leurs devoirs ? Je vais appeler à la maison… Merde, je l’ai perdu !
Et plus tard, parfois le lendemain ou le surlendemain, il faudra tout revivre pour dérouler au mieux les événements et les retranscrire. Alors, forcément, il y a des erreurs, mais généralement, ce n’est pas grave, une enquête judiciaire ne peut reposer intégralement sur un P-V de filature. Ou alors, le dossier est vide et les policiers deviennent des témoins. Ce qui n’est pas leur rôle.
Vers 11 heures du matin, ce vendredi-là, sur l’un des points fixes surveillés depuis plusieurs jours, les fonctionnaires de la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur) repèrent la Mercedes utilisée habituellement par Julien Coupat. Ils la prennent en chasse avec l’aide de leurs collègues de la SDAT (sous-direction antiterroriste) qui les ont rejoints. Rapidement, il apparaît que le comportement du conducteur est inhabituel. Il va nulle part, il est chaud comme un marron et il effectue plusieurs « coups de vice » pour s’assurer qu’il n’est pas suivi. La tension grimpe d’un cran dans les rangs des policiers. Leur client monte sur un coup ! Ils appellent des renforts. Bientôt, ce sont une douzaine de véhicules, motos et fourgons de planque qui se lancent dans la traque. On imagine l’ambiance… Sûr, ils vont se faire Julien Coupat en flag !
Depuis le temps qu’ils en entendent parler…
Car si le personnage n’apparaît dans une procédure judiciaire que depuis quelques mois, cela fait des années qu’il est dans le collimateur de plusieurs services de police.
On peut dire que les événements ont démarré en 2003. Le 11 décembre de cette année-là, un groupuscule inconnu qui se fait appeler AZF (2 ans après l’explosion de l’usine de produits chimiques de Toulouse) et qui se définit comme un « groupe de pression à caractère terroriste issu d’une confrérie laïque » (sic), menace de faire sauter plusieurs sites de la SNCF et d’empoisonner des produits de consommation courante si on ne lui verse pas une somme d’environ cinq millions d’euros. Même si dans les couloirs du ministère de l’Intérieur certains se tapotent la joue avec une moue dubitative, le ministre sonne la cavalerie. Trois services de PJ sont sur la brèche : la sous-direction antiterroriste, l’office central pour la répression du banditisme et la direction régionale de Versailles. Et dans l’ombre, les RG gratouillent. À la demande des autorités, la presse s’autocensure, alors même que les maîtres chanteurs et les enquêteurs communiquent par son intermédiaire à l’aide de messages codés. Des messages qui font un peu BD : « Mon gros loup, ne prends pas de risques inutiles […] Donne-moi tes instructions… » – signé Suzy. Suzy pour Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. Puis, en février 2004, La Dépêche du Midi dévoile le pot aux roses, et l’affaire se dégonfle. Provisoirement.
Assez rapidement, les RG subodorent que Julien Coupat n’est pas étranger à ce petit divertissement. Puis, on l’oublie, jusqu’à l’arrivée Place Beauvau de Michèle Alliot-Marie, après les Présidentielles de 2007. Celle-ci, un peu comme Raymond Marcellin en 1968, veut rouvrir la chasse aux gauchos. De fait, elle ne fait qu’appliquer la feuille de route du nouveau Président, lequel, dans un discours préélectoral, avait déclaré vouloir en finir avec l’esprit de Mai-68. Julien Coupat, intellectuel friqué et fils de bourgeois, semble le personnage idéal pour « diaboliser » l’ultragauche révolutionnaire. Surtout lorsqu’on le soupçonne d’être l’auteur d’un brûlot politique, L’Insurrection qui vient.
La DST prend alors le relais des RG. Mais ces deux services sont désorientés depuis que Nicolas Sarkozy a annoncé son intention de les regrouper en une seule direction. Le passage de témoin n’est pas facile. C’est donc la sous-direction antiterroriste de la PJ qui reprend le flambeau.
En avril 2008, son chef demande au procureur de Paris de bien vouloir ouvrir une enquête préliminaire au vu des renseignements recueillis par feu les RG sur Julien Coupat, désigné comme le leader d’une « structure clandestine anarcho-autonome » et Yildune Allegra Lévy-Guéant, une militante de ce groupuscule. Une démarche parapluie car un officier de police judiciaire, et même un agent, peut parfaitement ouvrir une enquête préliminaire de sa propre initiative. Dans ce cas, il a six mois pour en rendre compte au parquet (art. 75-1 du CPP).
L’ouverture de cette enquête préliminaire marque donc le début des surveillances judiciaires. Celles dont les magistrats ont connaissance. Car, les renseignements obtenus antérieurement dans le cadre d’enquêtes proactives, dites de police administrative, ne peuvent figurer dans une procédure judiciaire. Ce n’est pas encore dans les normes françaises – même si l’on y vient. Quelques semaines plus tard, la garde des Sceaux, Rachida Dati, pond une circulaire afin que les faits qui pourraient être attribués à la mouvance anarcho-autonome soient regroupées au parquet antiterroriste de Paris.
À partir de juillet 2008, il y a donc deux services de police qui travaillent de concert sur ce que le procureur appellera plus tard « la cellule invisible », dont un, la DCRI, qui cherche encore ses marques. Inutile de dire que l’idée de se faire un flag sur un personnage un rien mythique supposé représenter la menace terroriste intérieure titille ses chefs dans le sens du poil. Une manière d’ouvrir en beauté leur tableau de chasse ! Et puis, ça ferait tellement plaisir à la ministre et à son maître…
Le problème, c’est que pris dans cette ambiance de saute-dessus, même les flics les plus rodés oublient qu’ils agissent dans le cadre d’une enquête judiciaire et qu’ensuite il faudra alimenter la procédure. Et à défaut de flag, lorsque le dispositif est levé et que la pression se relâche, la fatigue leur tombe dessus. Certains sont sur la brèche depuis plus de 24 heures. Cette surveillance qui n’a pas abouti pourrait donner lieu à un simple rapport. Ce qui était d’ailleurs la règle pour le groupe de surveillance de la DST dont beaucoup sont issus.
Le 8 novembre, la SNCF estime à plus de 150 le nombre de trains qui ont pris du retard en raison d’actes de malveillance commis sur les réseaux est et sud-est du pays. C’est sans doute ce qui incite « les deux dames » aux manettes à casser l’affaire. Pour le pont du 11-Novembre, c’est raté ! Quarante-huit heures plus tard, les opérations sont lancées. Une décision pile ou face. Une vingtaine de personnes sont interpellées à Paris, Rouen, dans la Meuse et en Corrèze. Les éléments sont tellement minces que cette surveillance sur le couple Coupat/Lévy devient un élément clé du dossier. Et chacun de tenter de se rappeler ce qu’il a fait, ce qu’il a vu, à quelle heure, dans quelles conditions… À l’arrivée, il y a nécessairement des loupés, des invraisemblances, des contradictions, des erreurs. D’autant que si des moyens techniques ont été utilisés, genre caméra, balise, écoutes administratives…, il ne peut en être fait état dans la procédure. Alors, il faut tricoter avec ses souvenirs, ses petites notes, les moyens ésotériques, furtifs, les débriefings et autres échanges moins formels.
Sûr, il manquait un chef d’orchestre dans cette enquête. À décharge, on peut dire qu’il faut être administrativement suicidaire pour résister aux pressions politiques dans ce type d’affaire. D’ailleurs, les magistrats n’ont pas fait mieux. Ils ont retenu une qualification des faits qui semble pour le moins tirée par les cheveux et ils ont mangé leur chapeau lorsque les policiers de la DCRI se sont retranchés derrière le « secret-défense » pour ne pas répondre à leurs questions. La justice a même fait le dos rond lorsqu’en décembre 2009, les dix du « groupe de Tarnac » mis en examen ont décidé de rompre leur contrôle judiciaire.
Une grève du contrôle judiciaire, une première en France !
Julien Coupat et les autres protagonistes de l’affaire de Tarnac devraient bientôt connaître leur sort. Le juge d’instruction a transmis le dossier au procureur et il lui appartient de prendre la décision de poursuite ou de non-lieu. Toutefois, dans ce dernier cas, le juge pourrait passer outre, comme cela a été le cas dans l’affaire de proxénétisme dite du Carlton de Lille qui concerne DSK et 13 autres personnes.
Alors, que faut-il penser de cette filoche ? À mon avis, il faut se garder d’être trop catégorique lorsque l’on interprète des faits que l’on n’a pas vécus. Et quitte à interpréter, je préfère ma version. Il aurait sans doute fallu prendre le risque d’une interpellation à chaud… On peut aussi regretter le manque de rigueur des enquêteurs, mais de là à imaginer qu’ils ont sciemment travesti la vérité, voire qu’ils n’étaient pas sur place… Ce n’est pas sérieux.
Et, n’en déplaise aux cassandres et aux détracteurs, sur le plan technique, une filoche tenue pendant près de vingt heures sur des présumés innocents au comportement de suspects, et cela sans se faire détroncher, c’est quand même du travail d’artiste.
Tiens, un mien commentaire – rendu comment taire – a sauté…
Allusion par trop crue de son trop plein de lucidité sur MAM et ces andouilles, j’imagine…
AO
Ce qui est incroyable, c’est qu’alors même que des innocents ont été interpellés, les vrais terroristes aient arrêté toute leurs activités !!! à moins que, au final, c’e soient les bons…
Les actes de malveillances dont on parle, et qu’on a qualifié dans cette enquête de terrorisme, la SNCF en voit tout les jours. Il y en avait bien avant, et il y en a toujours après.
Aucune activité n’a cessé. On a juste arrêter de vouloir ramener chaque parpaing trouvé sur les voies, à une pseudo mouvance anarcho autonome.
« Et, n’en déplaise aux cassandres et aux détracteurs, sur le plan technique, une filoche tenue pendant près de vingt heures sur des présumés innocents au comportement de suspects, et cela sans se faire détroncher, c’est quand même du travail d’artiste. »
Quel est le prix de revient d’une telle filature, tout compris ? aux frais du contribuable bien entendu…
Lundi 21/07 19H00 Ce blog n’apparait plus nulle part sur les pages normales du Monde, j’ai du chercher longtemps pour le retrouver, ce qui veut dire que personne de « pas déjà au courant » ne pourra le lire. D’ailleurs les commentaires plafonnent à 22 et c’est toujours les mêmes 3 ou 4 posters.
A coté de ça, le blog sur Tarnac fait la Une PARTOUT ! Page d’accueil, page Blogs, Onglet « liens », il est impossible de le rater !
La version officielle « Made in Le Monde » sur cette affaire d’importance est donc clairement la thèse du complot policier/MAM/Sarko contre un innocent utopiste cultivant ses légumes à la campagne.
Si vous êtes tellement sûrs de vous, au Monde, et tellement défenseurs de la libre opinion, pourquoi avoir placardisé le Blog de G. Moreas ? Son opinion ne colle pas à votre ligne, alors on le passe à la trappe ?
Le contrôle de l’information est la clé de toutes les dictatures, SURTOUT les dictatures de gauche ! Faites attention !
Un ex-policier, au courant un peu plus que vous tous (tous les commentaires sont pro-Coupat, et anti-flics) du fonctionnement sur le terrain, vous dit « A mon avis, les policiers n’ont rien bidonné, ils ont juste fait les erreurs habituelles, point barre ». Mais non, vous n’en démordez pas, c’est une machination soigneusement montée par des barbouzes aux ordres du pouvoir sarkozyste pour embastiller un pauvre innocent !
Le pompon c’est celui qui s’offusque qu’on puisse écrire la vérité, que Coupat est un gosse de riche, qui profite de l’argent (et de la Mercedes…) de son papa pour faire le beau dans les manifs et se la jouer Che Guevara du 16° … Quand c’est un type de droite tout est bon pour le descendre, même porter des talonnettes est un honte rabâchée sur les forums (la teinture de cheveux de Hollande, on en parle ? ). Ce 2 poids 2 mesures, « camp du bien » qui se permet tout mais reproche tout au « camp du mal » me sort par les yeux !
Je ne comprenais pas pourquoi les dictatures de gauche (Chine, URSS, RDA, Cambodge…) évoluaient TOUJOURS vers un système de pensée unique, avec mise au pilori des « déviants politiques » via une surveillance d’état et une délation généralisée. Maintenant je comprends, il suffit de lire les comms du Monde, censés représenter une élite intellectuelle, pour voir où mène la gauche au pouvoir, je devrais dire la gauche qui A tous les pouvoirs (même le pouvoir de se poser en unique référence du bien) !
C’est quand même étrange cette poussée haineuse, cette incapacité à prendre un minimum de distance, de refuser de percevoir que les lois et les méthodes d’exceptions sont la gangrène du droit, et que lorsqu’il s’agit de mélange de genres politique-justice-renseignement, le spectacle en est souvent nauséabond. Je m’interrogeais sur la pertinence de notes discriminatoires dans l’article alors qu’un autre texte de Mr Moréas m’avait paru intéressant dans son questionnement, il est ici : http://moreas.blog.lemonde.fr/2013/06/05/la-lutte-contre-le-terrorisme-passe-t-elle-par-les-armes-ou-par-le-droit/
Vos généralisations ne sont pas à votre honneur.
Si vous saviez lire, et comprendre les commentaires que vous lisez, vous y verriez tout de même pas mal de retenue.
La critique qui ressort principalment n’est pas « ils ont tout bidonné », mais « les erreurs habituelles ». Cette simple expression « d’erreur habituelle » ne devrait pas exister dans une enquête antiterroriste, point barre.
La faute n’est pas forcément celle individuelle des fonctionnaires de police. Je dirais même, si c’est habituel, ce n’est nécéssairement pas la faute des fonctionnaires de police. Il y a par contre visiblement de grandes lacunes dans la manière dont elles sont gérées, dans les procédures et le matériel, et son utilisation.
Au vu du budget alloué à l’antiterrorisme, et des limitations des libertés individuelles qui en découlent, on est en droit de demander une précision exemplaire.
Comment voulez vous que justement, le travail des policiers dans son ensemble soit reconnu lorsque le public assiste à ce genre d’approximation? Comment ne pas être effrayé, étant donné les conséquences en cas d’erreur judiciaire, qu’on condamne un innocent ou qu’on libère un coupable? Cette enquête ne repose sur rien d’autre que ces pvs de filature. Il est question d’envoyer des types en prison pour 25 ans. Excusez moi de demander un minimum de rigueur.
Que ce soit pour avoir l’esprit serein et un niveau de conviction élevé pour envoyer des terroristes à l’ombre pour 25 ans, ou d’être tout aussi serein si il s’agit de libérer des innocents accusés à tord.
Pas faux.
Mais tout cela est connu depuis des lustres, et citer les implants ou les teintes de Hollande n’élève pas le débat non plus.
Critiquer justement pour s’exposer à la même critique est un peu ballot.
O tempora O Moreas, hélas.
AO
Monsieur,
J’ai lu attentivement votre article, tout comme celui de M Borredon, et j’entends votre point de vue sur les conditions de travail des policiers. Néanmoins j’ai été très surprise, voir choquée, par deux éléments de votre texte. Quel est le besoin de dire « Julien Coupat, intellectuel friqué et fils de bourgeois» et plus loin de décliner le nom de son amie comme s’il s’agissait de papiers d’identité. Qu’est-ce que cela signifie ? Créer de l’opprobre ? En quoi cela argumente votre point de vue ? Je me demande quels buts implicites vous anime ?
Vous remerciant de votre réponse
J’y lis un souci du détail qui n’a rien de malsain, ou presque.
Les personnages incriminés semblant avoir cherché une certaine forme de visibilité…
Et puis Moreas a été flic assez longtemps pour que quelques réflexes – l’agaçantissime, « vos papiers ! » – survivent même après passage en haute mer, et qu’il en reste quelque chose dans sa conceptualisation du monde, qui à le lire depuis quelques années, n’a rien de malsaine.
AO
la description de la filoche !
on regrette de ne jamais avoir vécu ça !
Si tu aimes attendre sans bouger, tu peux aussi être chasseur, pêcheur, soldat.
1) ce n’est pas pour tuer 2) ça bouge plus qu’au bureau
Alors pour vous M.Moréas la volonté de préserver ses chances pour une éventuelle future promotion permet de passer outre non seulement les libertés individuelles mais aussi le respect de la procédure ?
Votre corporatisme vous aveugle, prenez un peu de recul. L’état doit montrer l’exemple en assurant le fond et la forme.
Je ne vois pas un seul mot qui l’approuve dans le billet de G.Moréas. Juste un constat qui n’enthousiasme pas forcément la profession.
Si tu relis le billet, il ressemble plus à un « vous couleriez avec nous » adressé aux politiciens, magistrats et autres institutions – mais avec plus de style – et suggérant qu’un vice de forme les arrangerait tous.
Si tu relis le billet, tu verras que le constat c’est surtout de l’indulgence pour les policiers (SDAT, DCRI) qui ont des moyens techniques, humains, financiers et juridiques énormes, mais qui ne sont pas capables de trouver des preuves et qui insistent et se perdent dans leurs contradictions et incohérences.
Relisez: « À l’arrivée, il y a nécessairement des loupés, des invraisemblances, des contradictions, des erreurs. » C’est assez alarmant. Imaginez que mon chef m’envoie dans une foire industrielle pour gérer un stand, je reste debout des heures, je parle avec des dizaines de personnes et deux jours plus tard je ne suis pas capable de lui rendre compte des prospects et commandes ! Il va me virer pour mon manque de professionalisme si je lui invente des faux contacts et que je mélange les commandes.
Au VRP, qui fait de comparaison déraison.
Le contexte n’est pas vraiment le même…
D’un côté des rapports qui ont compris qu’ils ont tout intérêt à se dire et se montrer, de l’autre, en permanence un jeu de billard à 5 bandes, et pas toujours organisées ni sables…
AO
Autre chose: Puisque cette « enquête » et cette filature relève de l’antirerrorisme, il y a avait sans doute pleins de moyens autre que la filature pour suivre des gens, à commencer par leur téléphone portable, par exemple.
Que certains n’en ai pas, par choix, conviction, ou paranoia est sans doute plausible. Mais sur la dizaine de gens suivi dans cette affaire, aucun n’avait de téléphone portable?
Rien de plus faicle que de suivre un téléphone portable en déplacement, techniquement.
Sur la forme,des PVs, les conditions n’aident sans doute pas à avoir des pvs juste. Mais pleins de gens, et pas seulement des flics sont tenus de noter ce qu’ils font dans leur boulot tout les jours, de manière précise, avec des impondérables, beaucoup de pression, et des imprévues à chaque instant. Il existe des méthodes pour ça. Un simple dictaphone avec un micro cravate peut faire l’affaire pour prendre des notes orales à la volée. Et comme on a passé l’an 2000, n’importe quel smartphone bas de gamme avec un kit main libre à 10€ peut faire le boulot facilement. Et enregistrer les heures et la position via le GPS à la volée automatiquement. On apprend pas ça dans les commissariat de police? On est plus en 70, hein.
Pour résumer, que les conditions soient dure en filature, bien sur. Que ça complexifie la prise de note, ok. Mais sachant que les pvs sont la pièce maitresse, et qu’un timing de 10 minutes peut être utilisé par un juge dans un sens ou dans l’autre, la précision devrait être franchement meilleure. C’est de l’amateurisme. Ces flics ne se sont pas dit que les détails de leur pvs pouvaient être important? Après tout, c’est juste le résumé de leur boulot, et la seule manière qu’il soit exploité correctement, y attachent ils si peu d’importance?
Moi, ça me saoulerait que mon boulot, et donc les heures passées à attendre, les pauses repas absentes, et les pauses pipi en bord de route ne servent à rien parce que mes rapports écrits sont inexploitable.
Les filochards espéraient un flagrant délit, donc ils ont pu soigner moins les notes.
JC et YL, seuls cibles de cette filoche, n’avaient pas de Gsm. Les autres gens un tout petit minimum prudents éteignent leur Gsm pour être discrets, voire n’en ont pas. Jusqu’à avant-hier et pendant trois jours, mon Gsm a servi à écouter chez moi (et comme la Dgse aime les bruits de chiotte, c’est ce qu’ils ont eu).
Smartphone, mains libres : plus les circonstances sont stressantes et moins j’aime la technologie. La discrétion est requise aussi. Le crayon et le bloc-notes sont plus fiables.
Si vous êtes ciblé par ‘lantiterrorisme, ce qui était le cas des ces gens, éteindre un téléphone ne sert à rien.
Le seul moyen d’être vraiment sur qu’il soit éteint, c’est d’enlever la batterie.
Ensuite, si eux même n’ont pas de téléphone portable, j’imagine que la qualification d’antiterrorisme de l’enquête, vu qu’elle permet toutes les dérives en amtières de violations de la vie privée, ne permet elle pas la pause de balise sur un véhicule? Le rédacteur de ce blog pourrait il nous éclairer sur ce sujet? J’aimgine qu’un équipement de ce genre a un cout, mais bien moyen élever que la mobilisation de temps de personnel pendant aussi longtemps, pour une filature de proximité qui a montré ses limites.
Vous dites que les filochards espéraient un flag: je vois mal comment, alors qu’ils pensent aux même être repéré puisqu’ils accusent leurs cibles d’user de techniques de contre mesure. Je peux me tromper, mais si je sais que je suis sous surveillance quasi constante par la police, je risque d’éviter de me livrer à des actes de sabotages sur des lignes SNCF. Et ce d’autant plus que même une fois que le suivi sait être suivi, et que le suiveur sait être grillé, la surveillance ne se relache pas. Et la cible peut le constater à chaque déplacement.
De fait, la filature en elle même perd toute raison d’exister.
Tout ceci n’a strictement aucun sens.
« [J.Coupat] effectue plusieurs « coups de vice » pour s’assurer qu’il n’est pas suivi »
« Comportement suspect »
>>> Il suffit de se savoir espionné par les barbouzes pour adopter ce comportement qui est parfaitement normal et sain.
Je l’ai fait aussi lors de mes habilitations au secret, sans avoir rien commis de répréhensible, juste parce que j’en avais assez de cette flicaille accrochée comme des sangsues. « Sans se faire détroncher », voilà un bel optimisme !
Les barbouzes étant assez nombreux pour attendre les cibles aux points de passage plutôt que les suivre, il faut adapter ses méthodes.
« Grève du contrôle judiciaire, une première »
>>> Au moins dans l’esprit, non. Les barbouzes ayant perpétré l’attentat terroriste contre le Rainbow-Warrior (un mort) devaient rester à Mururoa selon l’accord entre les gouvernements. La justice française n’a rien objecté quand les condamnés sont partis.
C’est à peu près ce que j’imaginais, pour les conditions de la filoche, les prises de notes abrégées qu’on reconstitue plus tard, le foutoir de l’action qu’on ne décide pas soi-même… Sauf qu’il s’agit de notre liberté, bordel !
Un ingénieur qui conçoit une table vérifie ses dessins, calculs, demande confirmation aux collègues. Mais pour envoyer un quidam au gnouf, l’approximation devrait suffire ? Non !
La bonne question n’est pas s’il est facile de merder, mais comment faire mieux. Apprendre des techniques de prise de notes ? Avoir un tampon Gps qui imprime la position et l’heure ? En y réfléchissant, on doit trouver.
Dans le PV 104, certains policiers ne sont pas mentionnés dans la bonne équipe. C’est quand même plus gros qu’une erreur d’heure. Comment un juge doit-il alors croire le reste du PV : position des suspects, heure…?
L.Borredon a pris parti sans s’en cacher, on l’avait compris, et c’est son droit. G.Moréas nous apporte son éclairage, c’est gentil et utile. Il ne m’a pas convaincu que cette filoche était une réussite, et encore moins qu’elle suffit à un pays fonctionnant bien.
Avec les moyens de surveillance que je connais depuis mes habilitations au secret, les RG et leurs copains ne pouvaient pas croire que le groupe de Tarnac sabotait les caténaires – ou alors, le flag était trivial à organiser. L’explication qui me convient le mieux est que la Sncf a payé la rançon, et les polices y ont mélangé les turbulents de Tarnac qu’ils voulaient coincer.
Tricoter, en effet… Code des barbouzes désignant un scénario bidonné, peut-être en référence au rapport Tricot. Avec beaucoup de gens et institutions impliqués ici. Heureusement qu’on a des avocats et journalistes.
Bonjour,
Bien que sans sympathie particulière pour les groupes de tarnac et bien que condamnant la violence comme moyen d’action, je lis avec intérêt le blog sur Tarnac de Laurent Borredon. Comme je les comprends, vos thèses sur le fait que 1) la filature est une affaire d’artistes ( de même que pourraient l’être tout autant des filouteries) et 2) il existe une « servitude administrative volontaire » (comprenez : c’est une bonne police aux mains de vilains politiciens) confirment la dimension politique (puante) de toute cette affaire.
« Une filature, c’est toujours une aventure, pas une science exacte. » Peut être. En tant que citoyens on peut attendre en revanche que la justice ne soit pas une aventure, mais repose sur une objectivation des faits.
Vous dites qu’il est admnistrativement suicidaire de résister aux pressions politiques ?
La belle affaire, s’il n’y a pas eu la possibilité de faire un flagrant délit la nuit du 8 novembre, et qu’au 10 on n’a pas assez d’éléments il ne faut pas réaliser de faux procès verbaux pour « monter » l’affaire.
Sinon autant laisser l’état de droit à la poubelle et commencer la détention arbitraire, la torture, les exécutions sommaires et la fin des libertés individuelles.
Nous parlons d’un sujet où il n’y a pas eu mort d’homme, pas de « terreur » et vous jouez avec la vie en balance de personne qui ont passé plusieurs mois en détention provisoire.
Oui, le retraité G.Moréas a osé l’écrire explicitement, et d’autres choses sont implicites dans son texte…
Les polices (ou du moins un ancien policier) suggèrent un partage plus équitable des responsabilités entre institutions, donc cette affaire commence à sentir l’État de droit comme les roses poussent sur le fumier.
C’est super sympa de courir au chevet de vos ex-collègues mais malheureusement, les faits sont là et sont contre eux. On peut faire toutes les suppositions du monde, arguer qu’un PV de filature est sujet à des erreurs humaines, oui certainement. Mais on peut aussi lire l’article de mediapart et la demande d’acte mise à disposition pour s’apercevoir que non seulement, les mensonges des policiers de la SDAT ne font aucun doute mais que pas moins de 13 de leurs collègues de la DCRI mentent ouvertement afin de les couvrir.
Donc oui, on peut avoir un avis général sur ce qu’est un PV de filature mais cela n’a malheureusement que très peu de rapport avec des policiers qui racontent avoir été en Seine-et-Marne a une heure dite, tout en signant un PV à Levallois-Perret au même moment. Comme disent les jeunes, dommage fromage.