Des policiers, de dos, la voix déformée, livrent leur état d’âme… C’est ce que l’on peut voir sur trois vidéos qui se baladent sur le Net*. Les propos n’apportent pas grand-chose. Il est question des conditions de garde à vue, des suicides, de la politique du chiffre… Rien de nouveau, autant de sujets qui reviennent de façon récurrente dans les doléances de plusieurs syndicats. Mais quel spectacle dérangeant ! Que des policiers se livrent à la caméra derrière l’anonymat, un peu comme des nationalistes corses ou des témoins sous X, cela a quelque chose d’affligeant.
Et même si ces enregistrements étaient bidonnés, ce qui ne semble pas le cas, ils soulignent le malaise profond qui a gagné la Grande maison – surtout chez les policiers de base, les Bleus comme on les appelle.
On a l’impression d’un enfermement. Lorsqu’on endosse l’uniforme, on accepte de se marginaliser. Car d’une certaine manière, on se met à l’écart, non seulement de la société, mais aussi de la famille, des proches, des amis. Car sans arrêt, il faut jouer un rôle. Imaginez un repas entre amis… Et toi, tu fais quoi dans la vie ? Je suis flic ! Un long silence, et lorsque la conversation reprend, elle n’est plus tout à fait la même. Je me souviens d’une amie qui s’était fait voler son sac à main, alors que nous étions en vacances à l’étranger, et qui s’est retournée vers moi, furax, en m’accusant de n’avoir rien fait pour éviter ça. Je n’étais plus l’ami, j’étais le flic.
C’est pour ça que l’esprit de corps est si fort dans ce métier.
Mais aujourd’hui, l’esprit de corps est en déliquescence. Les policiers vivent dans la méfiance. Le gardien se méfie de l’officier qui lui-même se méfie du commissaire. Et ce dernier se trouve dans la position de commander des hommes et des femmes qu’il ne comprend pas, sous la houlette d’une hiérarchie politico-administrative qui ne laisse la place à aucune initiative.
Or, le policier, quelle que soit sa position dans la grille indiciaire, n’est performant que par son initiative. Si l’on dit à un gardien, je veux tant de contredanses, à un OPJ, tant de gardes à vue…, on étouffe toute envie d’en faire plus.
Ces temps-ci, les règlements de comptes entre voyous se succèdent à Marseille, c’était la même chose sur la Côte d’Azur, il y a trente ans. Mais à l’époque, pour régler un problème, on disait à un patron, vous avez carte blanche.
Je serais curieux de savoir si ces mots font encore partie du vocabulaire, dans la police d’aujourd’hui.
Et les policiers de terrain sentent bien que les décisions ne sont pas toujours les bonnes. Que les opérations coups de poing sont l’aveu d’un échec. Mais ils n’ont qu’un droit, celui de se taire.
Lorsqu’une affaire surgit, à Marseille, à Grenoble, en région parisienne…, aussitôt le ministre de l’Intérieur bombe le torse devant les caméras (il paraît qu’il adore ça), généralement entouré de gens que personne ne connaît. En cherchant bien dans ses souvenirs, on peut reconnaître ici ou là le directeur de la sécurité publique ou de la PJ. Mais ils ne prennent pratiquement jamais la parole.
Alors, pour avoir des infos, les journalistes se tournent vers les représentants syndicaux. Les seuls qui ont le droit de parler. Un braquage dans une bijouterie, et le syndicaliste de service nous explique ce qui s’est passé, comme s’il y était, comme s’il savait de quoi il retourne, lui qui n’est plus sur le terrain parfois depuis des années.
Un ancien directeur de la police me disait, il y a quelques jours, « il n’y a plus de commandement ». À tel point que pour donner des responsabilités à un commissaire, on le nomme préfet.
Alors, si la pression est aussi forte en haut de la pyramide, qu’on imagine ce que vivent les policiers de base… Ils ne se sentent ni soutenus ni aidés ni compris ni… aimés. On leur demande de se contenter d’exécuter les ordres, sans discuter. J’allais dire… comme des ministres. Et d’ailleurs, tout comme un ancien ministre, quelques-uns pensent à démissionner. Mais les temps sont durs. Il faut faire bouillir la marmite.
En attendant, certains voudraient s’affranchir de ce devoir de réserve qui les bâillonne. Et pour cela, ils reprennent l’argumentaire juridique du commandant Philippe Pichon – juste pour pouvoir s’exprimer. A moins que les choses ne soient plus graves, et que gronde, dans la police, un mécontentement plus profond.
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à l’attention de Péhène, JP F et autres probables collègues visiteurs du site de M. Georges Moréas
J’ai participé, hier 1er décembre, à l’émission de Daniel Schneidermann et Guy Birenbaum, Arrêt sur images. Y étaient également conviés l’ancien lieutenant Marc Louboutin, le lieutenant en disponibilité Bénédicte Desforges et l’adjoint administratif Sihem Souid.
L’émission a été confuse (selon moi), et je n’ai pu développer que de rares arguments juridiques.
Je voulais préciser ceci. Contraint à une certaine retenue dans l’expression de ses opinions (art. 11 Code de déontologie), le policier s’exprime néanmoins librement, dans les seules limites qui résultent de règles relatives à la discrétion professionnelle qui concerne tous les faits, les informations ou les documents dont il a connaissance directe ou indirecte dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de sa profession. C’est seulement en ce sens qu’il faut comprendre l’avertissement déontologique : en tout temps, en service ou hors service, s’abstenir, en public, de tout acte ou propos de nature à porter la déconsidération sur l’institution régalienne.
J’ajouterai, contrairement aux déclarations publiques de quelques syndicalistes (Mohamed Douhane pour Synnergie-Officiers, L’Express, 26-11-2010; Jean-Claude Delage, Alliance, communiqué de presse à l’AFP, 26-11-2010, sur le site dudit syndicat), que les représentants des organisations syndicales s’expriment publiquement dans le respect des mêmes dispositions en vigueur, avec les mêmes réserves (art. 113-10, dernier alinéa, Règlement général d’emploi de la police nationale); ils n’ont donc pas d’autres droits mais autant d’obligations générales et statutaires.
Enfin, l’attaque en règle d’Olivier Marchal, notre ancien collègue, aujourd’hui réalisateur « grand public, et de quelques autres « anciens policiers, qui s’inventent des carrières plus riches et plus élogieuses que celles qu’ils ont vécues, profitant de leur statut d’anciens flics pour mener des carrières artistiques auxquelles leur manque de talent dans ce domaine ne les destinait manifestement pas », bref ces « pseudos écrivains ou réalisteurs », par Alliance – Police nationale, ne manque pas de sel : l’argument avancé étant celui d’un enrichissement personnel. M. Delage aura-t-il le panache de rappeler ici même ses revenus, toutes activités confondues ?
Dernier point: il va de soi que je me tiens à la disposition des policiers « inquiétés » par l’administration dans l’affaire des vidéos clandestines – à l’audace promotionnelle de Marc Louboutin doivent laisser place de vrais arguments juridiques.
Bien à vous tous, chers collègues en activité dont je n’oublie pas le savoir-faire.
pierre @
Mais, il n’y aurait plus du tout, plus du tout de démocratie…
Le meilleur possible… ici, pour chaque fonctionnaire, puisqu’on en diminue les effectifs…la tache étant plus grande, il faut faire plus vite et donc essayer de mieux gérer son temps, si possible… comme dans le privé rassurez-vous !
vous ne savez pas,mon rêve serait de voir toutes les forces de police faire une gréve totale pendant une semaine entière.
je suis sur qu après ca,les braves lecteurs gaucho bobo angelo de ce blog changeraient totalement de discours.
jpf @
L’homme est faillible : qu ou que ? cqfd…
L majuscule…pour Limogée…parole d’un grand lillois!!!
D’ailleurs, je crois avoir doublement failli, ce n’était point Roubaix, mais Douai et de Douai… à Limoges, on est un peu limogé…
Les conditions souvent difficiles (j’avais failli le dire) sont, hélas, un lieu commun avec la Justice et les conditions économiques du moment ne sont pas trés favorables à de grands changements
Alors, il faut espérer, de chacun, le meilleur possible…
@titi,j’espére qu vous connaissez le terme »limoger »et son origine,et à choisir je pense que Limoges avec « s » c’est quand même mieux que Roubaix, parole de Limougeaud…….. …Mais tout à fait d’accord avec vous la PN compte une majorité de fonctionnaires courageux qui font formidablement bien leur travail dans des conditions bien souvent trés difficiles..
Monsieur Moreas:
Vous n’idéalisez pas un peu le travail des années passées???? ou vous avez oublié ????? Avec le temps, on ne garde souvent que le meilleur.. Aujourd’hui comme hier il y a des erreurs, des carences, des ordres, et des policiers dévoués qui font formidablement bien leur travail…et beaucoup comptent sur eux…
Un exemple: cette policière de Lille ou Roubaix qui avait été Limogée: envoyée faire bien son travail… à Limoge
Allez savoir pourquoi???
Pour accepter sans trop de dégats les difficultés de son travail un individu doit trouver réunies plusieurs conditions. Sinon il s’en évade par démissions ou arrêts maladie Autrement il peut se rebeller en traînant des pieds ou dans un engagement d’oppostion.
1) Il doit êre en harmonie avec les valeurs morales et politiques qui sous tendent le travail. Faire du chiffre n’est pas une valeur mobilisatrice pour la plupart. Participer à une politique xénophobe est démotivant pour une bonne part.
2) Il doit être assuré de l’approbation de ceux qui comptent pour lui : sa hiérarchie s’il lui reconnait une valeur et son entourage. La bureaucratisation des rapports internes tend à priver de temps et de crédibilité la hiérarchie. L’invasion du politique va dans le même sens. L’entourage capte et assimile l’image donnée par les politiques appliquées et la tonitruante communication officielle : action par la violente, application de règles iniques (circulation , discriminations, manque de moyens d’application de peines, absence de proximité avec la population…) et renvoie un message de doute, voire de mépris méfiant.
3) Il doit pouvoir faire preuve d’initiative et savoir que sa hiérachie peut aussi le faire : Mr Moréas décrit ce qu’il en est. La reconnaissance (cf supra) et l’initiative sont attribués au politique pas au soutier (dévalorisation). Le système public de rémunération et de carrière n’offre pas d’alternative crédible.
4) Il doit se sentir soutenu sans être infantilisé. Or le poids réglementaire, l’inflation législative (fondée ou non) créent le sentiment d’infantilisation. Le soutien aveugle et quasi systématique par la chaîne hiérarchique et les corps intermédiaires des pratiques en contradiction avec l’éthique républicaine de certains discrédite le soutien légitime procuré par le statut.
5) Enfin il doit être informé, consulté et associé aux processus de décision et d’organisation. Or les décisions lui parviennent par les médias au JT (promotion du personnel politique oblige). La hiérarchie de terrain est ainsi discréditée et privée des moyens d’associer les équipes à la mise en place et à l’information du public. Ceci complète les causes de dégradation de l’image de soi et donc de l’envie de s’impliquer, sauf pour une poignée qui le font dans la révolte syndicale.
La boucle est refernée. L’évolution du taux d’absentéisme en atteste, comme dans d’autres professions mises sous pression de nos jours.
Voir : « L’absent est celui qui est mieux autre part sous http://nateagsemlac.blog.lemonde.fr
@ Eddi Can
Tout à fait d’accord avec votre analyse et avec les deux derniers paragraphes de votre commentaire. Et que ceux qui ne se sentent pas à l’aise dans cette maison aillent, s’ils en ont le courage voir ailleurs, il y a actuellement des milliers de jeunes trés bien qui attendent la place et elles deviennent de plus en plus rare. Mais, dans ces vidéos qui font la promo d’un bouquin ont retrouve les éternels frustrés dont un ou deux spécimens trainent toujours leur misére dans chaque commissariat de france et de navarre, on en a tous connus.
@ Eddi Can
Permettez moi de m’associer pleinement à votre discours.
D’une manière générale, il est toujours bon de rappeler que la Police, dans notre pays, est le premier défenseur des libertés individuelles.
@ Flattiner : votre commentaire est intéressant (d’abord parce que moins méprisant que le 1er), mais parce qu’il révèle certaines confusions… La présence d’un avocat dès la 1ère heure de garde à vue n’est pas un « contrôle citoyen »… Le « contrôle citoyen », les policiers y sont soumis en permanence : quelle profession est plus observée ? chaque intervention scrutée par des dizaines de paires d’yeux ? filmée par des « citoyens » qui rêvent d’être témoins d’une bavure ? Quelle administration sanctonne d’avantage ceux qui, issus de ces rangs, commettent des manquements à leurs devoirs ?
Après, on peut être favorable à la présence de l’avocat dès la 1ère heure de garde à vue, on peut comprendre les arguments des policiers qui s’en inquiètent : la présence d’un avocat, c’est faire entrer les auditions dans une stratégie judiciaire… On peut comprendre la lassitude des policiers, dont le travail est sans cesse contesté, remis en cause, les méthodes critiquées par des gens qui ne les connaissent pas, le soupçon permanent qu’entretiennent des gens comme vous, les accusations d’extorsion d’aveux…
Au fait, les audtions filmées pour les mineurs, ce n’était pas pour contrôler le travail des policiers, mais pour que les mineurs n’aient pas à répéter plusieurs fois la même chose (dans le cas de mineurs victimes…). C’est en tout cas comme ça que ça avait été présenté à l’époque. Mais la aussi, on peut comprendre que les policiers aient redouté que la présence d’une caméra n’altère la nature des déclarations des auditionnés.
Mais votre principale confusion, vous la commettez lorsque vous dites « On pourrait pourtant leur opposer un de leurs argument favoris: s’ils n’ont rien à se reprocher que risquent-ils? ». Cet argument-là, ce ne sont pas les policiers qui les emploient, ce sont, par exemple, certains commentateurs du Figaro, qui justifient ainsi le renoncement à certaines libertés individuelles, à la vie privée… Vous confondez ainsi « policier » et « militant ».
Or, si demain la France se choisit un président et un gouvernement de gauche, les policiers seront les mêmes.
Si vous aviez regardé ces vidéos ou si vous parliez à des policiers de leur travail, vous sauriez que leurs critiques se focalisent sur ce qui les éloigne des citoyens, comme la politique du chiffre. En 2002, je vous répète que ce que les policiers ont bien accueilli, c’est le changement de discours à leur égard… Regardez quand Daniel Vaillant, ancien ministre de l’intérieur socialiste, publie un communiqué pour attaquer les policiers de son arrondissement, les condamnant sans procès, au mépris de la présomption d’innocence, parce qu’un homme a chuté dans les escaliers du commissariat en bousculant des policiers, alors qu’il venait d’en agresser un autre, on peut imaginer ce qu’ils devaient ressentir lorsque ce Monsieur était leur ministre…
Et je maintiens, ne vous en déplaise, que la police est bien au service des citoyens. Nous vivons dans une démocratie (perfectible, certes), dans un Etat de droit. Le rôle de la police, c’est de garantir l’ordre républicain et l’application des lois… C’est à dire, ni plus ni moins, de garantir les libertés publiques et individuelles (de quelle liberté pouvez-vous vous prévaloir lorsque vous avez peur de sortir de chez vous ? que vous êtes soumis à la loi du plus fort ?). Alors oui, cela impose parfois de contrarier certains « intérêts particuliers » (mais l’intérêt général implique toujours de contrarier certains intérêts particuliers).
Mais vous avez raison, les policiers « prennent leurs ordres auprès du gouvernement ». Plus précisémment, ils appliquent les directives qui leurs sont données aujourd’hui, comme ils appliquaient il y a 10 ans celles qui leur étaient donné par un gouvernement socialiste, et comme ils appliqueront celles données par les prochains gouvernements, quelque soit leur couleur politique. Il en va de même pour les professeurs, les praticiens hospitaliers, les pompiers professionnels…
La police est un service public (pas tout à fait comme les autres, c’est vrai), les policiers sont bien au service des citoyens. C’est un principe de base dans une démocratie, dans laquelle le gouvernement est l’émanation de la volonté du peuple, issus d’élections libres et régulières.
Voir le film « police et humanisme, gagner la paix ».(rech google puis video gratuite). Des policiers s’expriment, du gardien de la paix au DGPN, et à visage découvert. Diffusé sur KTO il y a qques jours et bientôt diffusé sur Planete Justice. Intérressant.
La série continue, Desforges, Souid, Louboutin au bout du compte c’est quoi à votre avis, se faire du fric sur le dos des collégues. J’espère au moins que ce Louboutin payera un bon avocat à ceux qui se sont prétés à cette mascarade. (je serais à la place des syndicats je ne serais pas trés fier)
Marc Louboutin, qui intervient régulièrement sur cette antenne, a réussi son coup de pub. En espérant que son livre soit à la hauteur du « teasing ».
Sur le blog de police sur facebook, cet ancien officier « à l’ancienne » est à l’écoute de nos problèmes (5000 blogueurs); ce que disent ces vidéos en « teasing » la réalité du malaise des « Bleus » !
pourquoi parler caché ? Parce que la sanction sera immédiate d’où la note de service préventive de l’administration du 25 novembre !
Pourquoi l’opposition d’un avocat en GAV ?
Parce que la justice donne des peines misérables à des délinquants qui ont violé, volé, aggressé, ouvert votre voiture votre maison, battu votre femme dans le rer, battu un policier !
L’avocat va apporter des droits sur nos clients « habitués », toujours les même !
La justice les protège !
Le problème du PV vitesse pour tous les citoyens c’est que la sanction est financière et attribuée par la police pas la justice !
Et il n’y a pas d’avocats pour vous assister !
Vous ne subissez pas la même justice que les voyous !
Un Bleu
Tout ce tapage ne serait, en fait, qu’une vulgaire campagne publicitaire (teasing= aguichage) pour le bouquin à sortir écrit par un ancien policier !!!
Ils n’ont pas l’impression de s’être fait manipuler, les collègues ?
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/11/25/videos-de-policiers-anonymes-l-auteur-se-devoile_1445145_3224.html
Je ne suis en désaccord avec le tout début de votre article sur le fait que les « propos n’apportent pas grand-chose » et que les conditions de ces entretiens « ont quelque chose d’affligeant ». L’intérêt du réseau internet est que chaque individu disposant d’un accès peut faire circuler librement ses idées et ses opinions. Ces agents ne sont ni syndicalistes, ni gradés, ni ministres. Ils sont tout en bas de l’échelle et quand on voit dans quelles conditions la carrière d’un préfet peut être écrasée sous la présidence Sarkozy (des contestataires trop proches du président lors d’une visite officielle, ou l’envahissement d’une pelouse d’un ami en Corse), qu’est-ce qu’un gardien de la paix risque de subir pour avoir osé s’exprimer contre l’ordre établi? On voit bien qu’une enquête a immédiatement été diligentée pour remonter la piste des dissidents sur des prétextes fallacieux. Sihem Souid, l’auteur d' »Omerta dans la police » est sous le coup d’une procédure pour avoir mis sur la couverture du livre une photo de sa carte de police.
Je trouve cette initiative très courageuse, elle a permis d’initier une discussion entre les citoyens (vous faites bien un article qui exprime votre opinion sur le sujet) et tout le monde est libre de critiquer le fond, la forme, et de continuer ou non à suivre ces web-documentaires.
Etant la chair à canon électorale de l’UMP, il est légitime et souhaitable qu’en retour les fonctionnaires qui le souhaite puisse réagir.
Hortefeux — et ses « Auvergnats », voir les propos du magrhébin de service qui vient d’avouer que l’UMP l’avait poussé à opiner du chef en ce sens — maintenu dans les mêmes fonctions, lors du dernier « remaniement » gouvernemental, et 150 CRS supplémentaires « déployés » (pour combien de temps ?) à Marseille pour lutter contre la vente du shit et le marché noir des Kalachnikov…
La politique du gouvernement est décidément, dans le domaine de « l’Interieur » radicalement différente depuis que François Fillon est une fois de plus Premier ministre (et ainsi pas gênant pour l’échéance de 2012) !
Entre ces videos( excessives?) et la réalité du terrain ,la vérité se trouve peut-être entre les deux. Toutefois, ce qui est nouveau, et sans dû au fait que tout est maintenant médiatisé , il semblerait que chacun n’hésite plus à se mettre en scène sans en mesurer les conséquences.
Les élucubrations de trois ou quatre fonctionnaires anonymes sans encadrement et plus ou moins planqués d’un arrondissement du centre de Paris ne méritent pas autres choses que le mépris et ne refflétent en rien la réalité du quotidien des policiers de base qui sont eux sur la voie publique, s’ils ont pris P Pichon comme référence en le citant ses arguments je ne suis pas sûr qu’ils soient à sa hauteur et capable d’écrire eux mêmes les commentaires.Pour moi dans la police comme ailleurs « tout ce qui est excessif est insignifiant »
Merci pour votre réponse. Evidemment, votre position est un peu délicate, je m’en excuse.
@ Bratisla
Votre question mériterait un débat, et je ne suis pas sûr d’avoir les bonnes réponses. Pour ne pas être soupçonné d’inciter à la révolte, je resterai dans des généralités… Je crois qu’il y a deux sortes de disciplines, celle qui est imposée et celle qui est acceptée. Comme dans l’autre sens, et comme disait je ne sais plus quel auteur, il existe une profonde différence entre le chef qui commande des hommes et celui qui commande à des hommes.
Ce qui me révolte le plus: c’est l’éternel rengaine de ce pouvoir partisan qui fait le fortiche par rapport au grand banditisme qu’il n’arrive pas à vaincre et qui déploie ses effectifs pour nous verbaliser en dépassement de 2/3 km/h…
Ou bien qui va déloger à 6 heures du matin des camps de roms pour capter les voix d’extrême droite.
http://filvert.blog.lemonde.fr
@Eddi Can: le problème n’est pas la qualité morale des policiers (dans la police comme dans tout groupe humain il y surement de tout). Ce qui est inacceptable dans une société démocratique est leur refus systématique de toute forme de contrôle de leur activité par la population.
Prenez par exemple la levée de boucliers qu’a provoqué l’annonce de la présence d’un avocat en garde à vue. Les réactions étaient les mêmes lorsqu’on a voulu filmer les auditions des mineurs. On pourrait pourtant leur opposer un de leurs argument favoris: s’ils n’ont rien à se reprocher que risquent-ils? Ils ont de plus tout à gagner à redonner confiance aux citoyens.
Pour ce qui est de la politique du chiffre, la quasi totalité des syndicats de police n’avaient que louanges pour leur ministre de l’intérieur en 2002 (y compris SGP-FO qui est aujourd’hui très critique). Ils devaient bien se douter que les politiciens qui les poussaient à l’époque retourneraient leur veste quand le vent tournerait. C’est la loi du genre. Ils y ont simplement vu leur intérêt: plus de moyens, d’effectifs et de pouvoirs.
Quand à la police au service du citoyen, aux dernières nouvelles c’est bien du gouvernement qu’ils prennent leurs ordres. Et je crois que plus grand monde ne se fait d’illusions sur ceux que servent les politiciens: eux-mêmes.
J’ai visionné ces vidéos, qui confirment le gros malaise des forces de police. A cette occasion, j’aimerais vous poser une question Monsieur Moréas.
Liminaire : la question n’est pas un troll, mais une vraie interrogation sur les blocages.
Question : les policiers souffrent énormément de la politique du chiffre poussée à l’absurde. Sans remettre en cause le principe même de leur mission et le respect nécessaire de la hiérarchie, pourquoi un mouvement collectif de résistance face à la pression du chiffre a tant de mal à apparaître ?
Je ne dis pas une grève du zèle, mais par exemple une décision collective de faire de la qualité au lieu de la quantité, et tant pis pour les primes. Je sais qu’au moins une compagnie de motards CRS a décidé de ne plus tenter de respecter à tout prix les quotas de PV exigés par la hiérarchie, donc c’est faisable, mais pourquoi si peu d’initiatives de la sorte ?
La question porte sur ce qui entrave ce genre d’initiatives. Le manque d’unité des policiers ? Les pressions énormes de la hiérarchie ? Le faible salaire (je ne connais pas le revenu d’un policier débutant, à ma grande honte) ? Une incapacité de prendre du recul à cause d’un travail devenu abrutissant (fabrication à la chaîne d’indices corrects) ?
J’ai vraiment l’impression d’une communauté policière devenue hébétée de fatigue et repliée sur elle-même dans un réflexe de survie. Ca m’inquiète beaucoup, il me semble que la situation était largement meilleure au début des années 2000 …
J’espère ne pas avoir été trop « direct » et que vous pourrez m’apporter un éclairage sur la question.
@ Flattiner : les policiers sont conscients de leurs responsabilités et ne sont pas, comme vous le sous-entendez, des cow-boys. Oui, ils ont des armes, et ce n’est pas pour faire joli. Un uniforme, ce n’est pas une panoplie de supermarchés… Et quand on utilise une arme, oui, cela peut faire des dégâts. Mais rassurez-vous, les policiers le savent. Bien sûr, peut-être qu’ici ou là, vous trouverez une exception…
Quant à 2002, les policiers ont peut-être bien accueilli le changement de discours à leur égard… Mais déjà avant 2007, vous trouviez des policiers pour critiquer la politique du chiffre. Evidemment, pour savoir cela, il faut parler avec des policiers, et pas seulement les injurier quand on se prend un PV… Mais en 2002, les policiers n’ont jamais oublié leur responsabilité ni leur éthique et n’ont jamais cru qu’ils pouvaient se lâcher, qu’on les couvrait. Le nombre de sanctions contre des policiers n’a pas diminué brutalement en 2002, ni depuis, et se maintient. Ce qui tend à démontrer que les policiers sont de mieux en mieux formés, font de mieux en mieux leur travail…
Enfin, vous parlez de la garde à vue et reprochez aux policiers ses conditions et leur nombre… Les conditions de la garde à vue ? Oui, elles peuvent être déplorables, parce qu’un certain nombre de commissariats sont insalubres, et les policiers, eux, y sont tous les jours. Et ça ne semble pas vous choquer pour eux. Leur nombre ? Comment pouvez-vous le leur reprocher, dans une société de plus en plus procédurière ? Et alors qu’on leur ordonne d’en faire toujours plus ? Et que dans un revirement politique, on décide que finalement, il faut en faire moins ?
Les policiers font bien leur travail, ils ne le font pas pour un gouvernement, mais pour leurs concitoyens, souvent au péril de leur santé, de leur vie… Ce ne sont pas des veaux, et ils ont bien le droit de trouver qu’on leur impose un management incohérent, qu’on ne leur donne pas les moyens dont ils ont besoin, qu’ils ne sont pas assez considérés par leur hiérarchie.
Je ne suis pas policier. Mais je soutiens les policiers, des êtres humains comme vous et moi, qui méritent le respect pour leur engagement, et si cela vous déplait, respectez-les au moins pour ce qu’ils sont : des hommes, des femmes. Vos critiques, ce n’est pas contre les policiers que vous devez les diriger, mais contre l’institution…
Tout cela est très touchant mais les conditions de garde à vues indignes de la personne humaine, le tout sécuritaire et la politique du chiffre bête et méchante ne datent pas d’hier et on été plutôt bien accueillis en 2002. A ce moment là le message était « lâchez vous, on vous couvre ».
Ce qui déplaît à nos chers pandores c’est qu’après des années de laisser-faire on commence à leur laisser un peu moins la bride sur le cou (sur la garde à vue notamment).
Pour vous en convaincre relisez les déclarations des syndicalistes après la bavure de Montreuil: ils semblaient découvrir qu’un flashball n’est pas fait pour mitrailler à tort et à travers. L’une d’entre eux se demandait en direct à la télévision « à quoi ca sert de nous donner des armes si on ne peut pas s’en servir? ».
En visionnant ces vidéos, j’ai eu l’impression qu’il s’agit plus de fake que de réalité.
Néanmoins, dans ce monde, il y a toujours des problèmes, partout où l’on se trouve.C’est ainsi, le monde va couçi couça