LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

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La réforme pénale passe-t-elle par l’affaire Dray ?

Julien Dray a été jugé coupable par l’opinion publique à la suite d’un procès médiatique où les rôles de l’accusation et de la défense ont été tenus par des journalistes. Pour nombre de juristes, cette affaire stigmatise le nœud de la réforme de la procédure pénale voulue par le président de la République : la disparition du juge d’instruction.

puzzle_justice_droitenfants.1235553409.gifQu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas d’un combat d’initiés. Cette réforme nous concerne tous – et je crois qu’elle est nécessaire. Toutefois, si l’on n’y prend garde, elle pourrait marquer une rupture dans l’équilibre entre la sécurité que doit l’État à chacun d’entre nous et la garantie de nos libertés individuelles.

Le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, est un chaud partisan (on s’en serait douté) de cette réforme. Depuis plus de 4 ans qu’il est aux manettes, au parquet de Paris, le nombre d’affaires qui ont fait l’objet d’une information judiciaire a diminué comme peau de chagrin, notamment dans le domaine financier (sa spécialité). Les juges d’instruction ne pointent pas encore au chômage, mais certains se posent des questions pour la suite de leur carrière…

Il y a quelques jours, dans une interview réalisée pour Mediapart, Fabrice Lhomme demandait à M. Marin s’il ne regrettait pas d’avoir choisi la procédure de l’enquête préliminaire dans l’affaire Julien Dray. On n’imaginait pas qu’il allait dire si. « L’enquête préliminaire […] permet d’explorer ce qui semble devoir l’être afin d’avoir, dans des délais raisonnables, une proposition de suite à donner à cette affaire : classement, poursuite par voie de citation directe ou alternative aux poursuites. »

Après une affaire qui a déglingué un homme, que le procureur envisage sérieusement qu’il pourrait à sa seule initiative classer le dossier Dray comme si de rien n’était, cela paraît un rien surréaliste.
Mais comme disait Dali : « La différence entre les surréalistes et moi, c’est que je suis surréaliste ! »

Ensuite, toujours dans Mediapart, les responsables des deux principaux syndicats de magistrats ont répondu aux questions d’Erich Inciyan.

« En cas de réquisitoire contre une personne dénommée (ouverture d’une information judiciaire), nous dit Christophe Régnard (USM), Julien Dray en l’occurrence, ses avocats auraient pu demander aussitôt à être entendus par le juge d’instruction. Notamment sous le régime du témoin assisté, qui est de plus en plus utilisé dans ce genre d’affaires. Ses avocats auraient accédé au dossier et fait valoir leurs arguments de défense. Comme cette voie n’a pas été choisie par le parquet, on se retrouve dans une situation invraisemblable où Julien Dray en est amené à demander un jury d’honneur. Où est la présomption d’innocence ? »

Il s’agit d’ « une violation flagrante des droits à la défense, affirme Emmanuelle Perreux (SM). Julien Dray n’a pas accès au dossier judiciaire, alors même que les pièces à charge ont été mises sur la place publique. Il est dans l’incapacité totale de se défendre, tandis que l’enquête de Tracfin (le service spécialisé du ministère des finances) le visant est sortie dans la presse… On est dans un déséquilibre… »

Jean-Claude Marin est favorable à un système dans lequel le parquet serait responsable des investigations et à la disparition du juge d’instruction. Mais en contrepartie, l’avocat de la défense pourrait intervenir plus rapidement, voire dès le début de la garde à vue. Mais pour lui, si je comprends bien ses propos, l’indépendance des procureurs n’a pas besoin d’être… institutionnelle. C’est juste une question de personnalité.

La jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme garantit un État de droit et pose le principe d’une « impartialité objective ». On ne peut donc se satisfaire d’une impartialité dû à la personnalité plus ou moins forte d’un magistrat.

C’est grosso modo ce qu’affirment les deux responsables syndicaux. Ils sont, on l’a deviné, contre la suppression du juge d’instruction. Mais si cela devait se faire, ils demandent l’indépendance du parquet. Ce qui pour eux n’est pas le cas aujourd’hui. Ils rappellent d’ailleurs que Mme Dati s’est autoproclamée « chef des procureurs ».

« Elle assure, nous dit Christophe Régnard, que les magistrats sont là pour dire la justice au nom de la légitimité du président de la République nouvellement élu. Or, les procureurs sont des procureurs de la République, et non du président de la République. La différence est celle qui distingue la démocratie de la dictature… »

« Nicolas Sarkozy (…), renchérit Emmanuelle Perreux, a inclus la justice dans une « chaîne pénale ». Comme si la justice et la police travaillaient dans le même sens, en gommant totalement le fait que, en démocratie, les juges sont les gardiens des libertés individuelles. Monsieur Sarkozy a cette vision très policière de l’action judiciaire… »

table-ronde_citoyendelaterre.1235553542.pngUne commission de réflexion sur la réforme de la procédure pénale a été installée en octobre 2008. Elle est menée par un ancien avocat général à la Cour de justice des communautés européennes, M. Philippe Léger.  Ces jours-ci, sur l’initiative de deux professeurs de droit, Bernard de Lamy et Valérie Malabat (Le Monde du 20 février 2008), une quarantaine de juristes ont mis sur pied une commission non officielle pour réfléchir à une « réforme d’ensemble du droit répressif ».

La procédure pénale n’est ni de droite ni de gauche. Et si on la réforme, c’est pour des années, des dizaines d’années. Ne serait-il pas « intelligent » de réunir autour d’une même table, et pour en discuter sereinement,  des professionnels de tous les horizons : magistrats, avocats, policiers, gendarmes, enseignants…, et pourquoi pas des représentants de la société civile ?

Alors, à quand les états généraux de la réforme pénale ?

Le mystère AZF

Quelques heures après l’explosion, face aux décombres de son usine, devant une poignée d’employés indemnes, mais traumatisés, le directeur d’AZF déclare : « Ce nitrate n’a pas pu exploser spontanément. Sauf si on l’a amorcé, sauf si on l’a voulu ». Trois jours plus tard, le procureur de la République affirme : « À 99%, c’est un accident industriel ».

azf-toulouse7-copie-2.1235299972.JPGCes deux déclarations résument l’enquête.

L’explosion de l’usine AZF de Toulouse est la catastrophe la plus grave en France depuis la dernière guerre mondiale : 30 morts, 20.800 blessés, 85.000 sinistrés et des décombres, des décombres à perte de vue.

À 10 heures 17, ce 21 septembre 2001, une première explosion, puis une deuxième, plus importante, terrible. Des immeubles s’effondrent, des vitres volent en éclats, sur l’autoroute les voitures s’envolent… C’est la panique.

On expliquera ensuite qu’il n’y a eu qu’une seule explosion perçue en deux temps : l’onde sismique et l’onde aérienne. Ce que contestent certains experts. C’est un détail capital, car s’il y a eu deux explosions, l’hypothèse d’un explosif utilisé comme détonateur ne peut pas être écartée.

Nous sommes dix jours après les attentats contre les deux tours du World Trade Center, et il est difficile de ne pas penser à un acte terroriste. La piste islamiste est privilégiée, surtout lorsque les enquêteurs découvrent que l’une des victimes, un Français d’origine tunisienne, portait plusieurs sous-vêtements, enfilés l’un sur l’autre. Un rituel, paraît-il, des kamikazes islamiques : pour protéger son sexe avant de rejoindre Dieu…

Le jour de l’explosion, sur l’autoroute A62, les gendarmes interceptent un véhicule dont la lunette arrière est brisée. Les passagers arrivent de Toulouse : ils sont membres du mouvement islamique Tabligh, que certains assimilent à une secte.

De nombreux témoins signalent plusieurs passages d’hélicoptères quelques minutes avant l’explosion. L’un apparaît même sur un enregistrement effectué par France 3, quinze secondes après. On n’a jamais retrouvé les plans de vol de ces hélicoptères. Les pilotes ne se sont jamais manifestés. S’agit-il d’engins militaires ? (Certaines revues spécialisées ont envisagé la possibilité d’un accident dans la zone « militaire » de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) qui aurait pu avoir des répercussions sur le site AZF.)

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D’autres éléments viennent peu à peu renforcer l’hypothèse d’un attentat. Et contrairement à ce qu’on a dit, il y a eu plusieurs revendications.  Mais aucune n’a été prise au sérieux, car dans sa tanière, Ben Laden se tait. La piste de l’attentat est finalement abandonnée.

Pourtant, trois semaines plus tard, dans les gravats, à proximité du cratère de l’explosion (65 mètres de long), un CRS découvre un « exploseur  à condensateur » (la décharge d’un condensateur provoque la mise à feu). Mais ce n’est plus d’actualité. Les enquêteurs pensent que l’engin a été déposé après coup, pour détourner leur attention ou les mettre sur une fausse piste.

L’enquête s’oriente désormais vers l’accident. Et trois scénarios sont envisagés, avec des expertises souvent contradictoires :

– L’arc électrique : Un court-circuit dans le transformateur de la SNPE, située à proximité du site AZF, aurait « injecté » dans le sol une décharge d’une intensité de plusieurs milliers d’ampères, ce qui aurait provoqué l’explosion du nitrate emmagasiné dans le hangar 221.

– La théorie du gaz : Lors d’une opération d’entretien sur la zone de la SNPE, un gaz explosif se serait répandu dans les sous-sols et dans les égouts et se serait accumulé en formant des poches. Ensuite, à la suite d’une prémière explosion, il y aurait eu un effet domino jusqu’à l’usine AZF.

– L’accident chimique : On aurait mélangé incidemment un dérivé chloré à du nitrate d’ammonium et ce mélange aurait été déversé sur un tas de nitrate à l’entrée du hangar 221. Il aurait alors initié une détonation qui aurait fait exploser un deuxième tas de nitrate, plus important, entreposé dans le hangar principal.

Après plus de cinq ans d’une enquête dirigée par le juge Thierry Perriquet (celui de l’affaire Alègre), et un dossier de plus de 50.000 pages, on n’en sait pas plus.

Le procès qui démarre ce lundi 23 février est unique en son genre. C’est le plus grand procès correctionnel jamais tenu en France. Au banc des accusés, Serge Biechlin, le directeur de l’usine AZF, et la société Grande Paroisse, une filiale du groupe Total. Il sera présidé par Thomas Le Monnyer – et probablement filmé.

Va-t-on connaître la vérité ?

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La revue du Net :

– Les événements de l’année 2001 dans La petite histoire de la PJ, sur ce blog (ici)

– Un bon résumé avec des commentaires intéressants sur le blog de Sylvain Rakotoarison (ici)

– La théorie de l’attentat par Anne-Marie Casteret sur l’Express (ici )

– La théorie du gaz dans Valeurs actuelles (ici )

– Le récit d’un Toulousain dans La Dépêche (ici)

– La brochure de la société La Grande Paroisse au format pdf (ici)

– Deux journalistes, Frank Hériot et Jean-ChristianTirat, ont écrit un livre L’enquête assassinée, chez Plon. Je ne l’ai pas lu, mais il faut jeter un coup d’oeil sur leur blog (ici) : des éléments troublants et deux vidéos de France 3 et M 6.

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PS.  J’ai retiré la photo de l’exploseur siglée « Spéléo Secours français ». Elle était juste destinée à donner une idée de l’objet. Dans le contexte, cela pouvait être mal interprété. Avec mes excuses à la Fédération Française de Spéléologie et aux bénévoles qui constituent le Spéléo Secours Français.

Colonna : les méandres de l’enquête

Une arme qui mène les enquêteurs sur une fausse piste, des informations qui ne sont pas exploitées, des nationalistes corses qui se tirent la bourre, tout ça sur fond de guerre des polices et de pressions politiques. Comment s’y retrouver ?

erignac_reconstitution_ladepeche.1235130502.jpgVers 21 heures, le 6 février 1998, le préfet de Corse Claude Erignac est assassiné en pleine rue. Trois balles dans la nuque, à bout portant. Une véritable exécution. Les assassins abandonnent l’arme du crime sur place, un Beretta 9mm (ici).

À l’exception de quelques vagues témoignages, au début de l’enquête, cette arme est la seule piste. Elle a été dérobée à un gendarme six mois plus tôt.

Trois jours après cet assassinat, un mystérieux groupe dit des « anonymes » le revendique dans un verbiage de trois pages qui se termine par : « L’arme utilisée pour l’action contre le préfet Erignac provient de la gendarmerie de Pietrosella (MAS sous licence Beretta A 00199) ».

Les enquêteurs de la DNAT (division nationale antiterroriste) n’ont pas attendu cette revendication pour s’engouffrer dans la piste qui leur était ainsi offerte. Ce qu’ils appellent « la piste agricole ». Le 9 février, ils arrêtent Marcel Lorenzini, un militant actif de la mouvance nationaliste qui est soupçonné de longue date d’avoir participé à l’attentat contre la gendarmerie de Pietrosella. Un coupable désigné.

Les policiers sont alors persuadés d’avoir quasiment bouclé leur enquête. Et plus d’un an plus tard, ils arrêteront un autre agriculteur et militant nationaliste, Mathieu Filidori, soupçonné d’être l’un des complices de Lorenzini. Tous deux seront relâchés par la suite, lorsqu’on connaîtra le nom des véritables suspects.

Bizarrement, l’élément charnière de cette enquête est ailleurs. Il s’agit de l’affaire dite des paillotes. En effet, à la suite de la mise en examen du préfet Bernard Bonnet (le remplaçant de Claude Erignac), il semble que certaines personnes aient redouté les déclarations qu’il pourrait faire à la presse – pour se venger. Car Bonnet est persuadé d’avoir été victime d’un complot. Son avocat, Me Vergès, parlera même d’une « opération barbouzade ». Un préfet qui gêne alors que le gouvernement Jospin « s’apprête à négocier avec les clandestins ».bouc-emissaire_ougen__umourcom.1235130220.jpg
Bonnet pourrait notamment parler des trois rapports (novembre et décembre 1998, février 1999) qu’il a fait parvenir au procureur et dans lesquels, il indique le nom de l’un des assassins présumé de son prédécesseur : Alain Ferrandi. Renseignement dont personne n’a jamais tenu compte.

Du coup, après de longues surveillances, les 21 et 22 mai 1999, les hommes de la DNAT, dirigés par le commissaire Roger Marion, arrêtent Ferrandi et huit personnes de son entourage. Les chefs n’y croient pas trop, mais les policiers de base sentent tout de suite que cette fois, ils ont fait mouche. Les suspects sont habilement cuisinés et au bout de 24 heures, dans la nuit du 22 au 23, devant le commandant de police Georges Lebbos, l’un d’eux craque. Et dans la foulée, il balance le nom de deux autres complices et de Colonna, qu’il désigne comme celui qui tenait l’arme.

Ici, se produit un petit cafouillage lourd de conséquences. Au lieu de foncer sur place, les policiers attendent le petit matin. Manque d’effectifs ? Fatigue ? Défaut de commandement ? Résultat, sur les trois hommes désignés, deux sont arrêtés et Yvan Colonna se fait la belle.

Par la suite, deux autres individus mentionnés dans les notes du préfet Bonnet sont également arrêtés. Mais une arrestation bien tardive. À tel point que « pour récupérer le coup », certains P-V sont antidatés.  Des irrégularités qui seront découvertes plus tard.

Au cours de l’année 2000, un bruit circule : dans le cadre du projet de Lionel Jospin de modifier le statut de la Corse, une loi d’amnistie pourrait s’appliquer aux assassins du préfet Erignac. Sa veuve est scandalisée. Dans une lettre ouverte, elle dit : « Ce serait tuer une deuxième fois mon mari ». Quant au ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, il démissionne.

Le 2 août 2001, l’enquête est close. Colonna est toujours en cavale.

La Cour d’assises « spéciale » de Paris se réunit le 2 juin 2003. Le procès dure plus d’un mois. Le 11 juillet 2003, le verdict tombe : des peines allant de 15 ans à perpète contre les huit accusés.

Pendant ce temps-là, le 4 juillet 2003, Yvan Colonna est arrêté dans une bergerie, près de Propriano, où il avait trouvé refuge. Le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, annonce « l’arrestation de l’assassin du préfet Erignac ». Mais devant le juge d’instruction, Colonna se dit innocent.

Le 23 février 2006, en appel, Andriuzzi et Castella, sont acquittés (condamnés par ailleurs pour des attentats à l’explosif) en raison de la découverte de procès-verbaux « maquillés », les irrégularités dont il est fait mention plus haut.

Le procès d’Yvan Colonna s’ouvre le 12 novembre 2007. L’avocat général demande une peine de réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 22 ans et la défense plaide l’acquittement. Colonna est finalement condamné à la perpétuité, sans peine de sûreté.

Son procès en appel vient d’être suspendu à la suite des déclarations d’un commissaire de police (ici) qui a des choses à dire mais qui ne veut les dire que dans le secret du cabinet d’un juge d’instruction. Mais à l’époque il avait tout raconté à un procureur, affirme-t-il.  Ledit procureur, interrogé à son tour, déclare ne pas vouloir trahir un secret qui n’est pas le sien.esquimau_roudoudouet-petitebouclee.1235130311.jpg

On croit rêver ! Un procureur et un policier qui refusent de témoigner devant une Cour d’assises. Un président qui se laisse insulter par des avocats sans réagir et un accusé qui vitupère contre le chef de l’État…

Chers amis, c’est l’entracte. On peut aller faire pipi ou sucer son esquimau. Le spectacle va bientôt reprendre.

Prison de Moulins : on peut s’en évader autrement

« Un bateau toutes voiles déployées trône au milieu des miradors. Son mât touche presque les filets anti-hélicoptères de la prison centrale de Moulins-Yzeure (…) Autour, une dizaine de détenus s’affairent… » Ils construisent un bateau. Un voilier de 7,30 mètres. C’est un vieux loup de mer, Marcel Oliver, qui tous les quinze jours vient leur donner des conseils, et des cours de « boscotage ».

leguen-et-blond-a-la-rame_radio-canada.1234877848.jpgEn 1992, l’établissement pénitentiaire est secoué par des émeutes extrêmement graves : pas moins de 3 ans seront nécessaires pour remettre les locaux en état. Avec un esprit nouveau semble-t-il. Au point d’autoriser la création d’une association culturelle – et la construction d’un voilier dans la cour principale. Avec un résultat positif, avait alors estimé Gabi, l’un des détenus : « Elle (l’association) a permis de calmer les tensions et de nous donner des occupations. En dehors des cours de navigation, nous avons des cours d’arabe, d’espagnol, de musique, etc. Nous avons également créé un journal, La Presse de Moulins, qui en est à son troisième numéro. La culture, c’est important dans l’équilibre des individus. Sinon, on vivrait comme des fauves en cage. »le-generaliste.1234878043.jpg

C’était en 1997. Aujourd’hui, cela serait-il encore possible ? À l’époque, 125 détenus, tous condamnés à de lourdes peines, étaient encadrés par 170 surveillants. Combien sont-ils aujourd’hui ? Je n’ai pas la réponse, mais si l’on en croit les syndicats de l’administration pénitentiaire, le pourcentage s’est inversé. Et les conditions de détention et d’hygiène sont déplorables. À tel point que depuis quelques jours, six surveillants sont en arrêt-maladie :  tuberculose.

Il y a eu d’autres émeutes, d’autres mutineries par la suite, dans cette prison considérée comme l’une des plus sécuritaire de France, et je ne sais pas ce qu’est devenu le voilier. J’espère qu’il a pris la mer. Il était destiné à une association d’aide aux jeunes délinquants. En revanche, le-generaliste-copie.1234878155.jpgl’un des taulards, Pascal Blond, à sa libération (il a passé 14 années derrière les barreaux), est parvenu à satisfaire son rêve : il a traversé l’Atlantique à la rame, avec Joseph Le Guen. Sur un autre bateau, L’Atlantik challenge, construit en deux mois par les prisonniers de Moulins.

C’est simple, explique Marcel Oliver : «  Soit ils arrivent à se réinsérer ; soit, ce qui est plus facile, ils entrent dans une banque avec un flingue ».

Aux infos, tout à l’heure, sur une télé, j’ai vu et écouté des gens très intelligents et très propres sur eux qui parlaient des prisons et des détenus.

Et cela m’a donné les boules. Et l’envie de raconter cette histoire. Pour ne rien dire.
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Avec des extraits d’un reportage paru dans le magazine médical Le généraliste, sous la plume de Valérie Morgain, et des photos de Jean-Michel Sicot.

Colonna : les états d'âme d'un commissaire

claude-erignac_lepelerin.1234690166.jpgLe commissaire Vinolas n’est pas ce qu’on appelle un flic de terrain. Au début de sa carrière, après deux années à la direction de la PJ où il s’occupe des vols de voitures, il est nommé « chargé de mission » au cabinet du directeur général de la police nationale, peu après l’arrivée de Pierre Joxe à la place Beauvau. À l’époque, il pouvait d’ailleurs côtoyer le père d’Yvan Colonna, le député socialiste des Alpes-Maritimes, Jean-Hugues Colonna, qui avait un bureau voisin au sien. Plus tard, en 1991, le député deviendra le conseiller technique de Philippe Marchand, le nouveau ministre de l’Intérieur,.

En 1998, Didier Vinolas est secrétaire général adjoint de la région Corse. C’est lui qui vient chercher Dominique Erignac, au théâtre, où elle attend son époux. « Il est arrivé un accident grave à votre mari », lui souffle-t-il à l’oreille.

Une demi-heure auparavant, Claude Erignac a été tué de trois balles dans la nuque.

Ce préliminaire pour situer l’homme par qui le scandale arrive. S’il est sans doute au fait des subtilités de la haute administration et de la politique, je ne suis pas sûr, malgré son titre, qu’il connaisse parfaitement les rouages d’une enquête policière.

L’enquête avait été bien menée jusqu’à la zizanie qui peu à peu s’est installée entre les services de police – et surtout entre les hommes. Trop de pression politique. On se souvient des déclarations du préfet Bernard Bonnet (celui des paillotes) qui soutenait avoir transmis au procureur de précieux renseignements fournis par un informateur proche de la mouvance nationaliste… Renseignements négligés par Roger Marion, alors responsable de la division antiterroriste, et que le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière a omis de communiquer à ses collègues chargés de l’information judiciaire sur l’assassinat du préfet Erignac.

Or, que déclare Didier Vinolas ? En résumé, il sait depuis sept ans que deux hommes X et Y sont impliqués dans le meurtre du préfet Erignac, et ces deux hommes n’ont jamais été arrêtés. Il dit que les plus hautes autorités de la justice et de la police étaient au courant et que personne n’en a tenu compte. Et là-dessus, il refuse d’en dire plus. Il refuse de donner les noms de ces deux assassins ou pour le moins complices d’un assassinat, ainsi que le nom de son informateur.

Là, je dois dire que je ne le comprends pas. Pendant des années, il a gardé ce secret pour lui. Il s’est même rendu coupable d’un parjure lors du premier procès d’assises d’Yvan Colonna, et aujourd’hui il lâche quelques bribes, pour soulager sa conscience. Et pour se dédouaner, il renvoie la balle sur Yves Bot, qu’il aurait informé en 2002, alors que celui-ci était procureur général de Paris, ainsi que sur le commissaire Christian Lambert, à l’époque patron du RAID. (Yves Bot est à présent avocat général à la Cour de justice des communautés européennes et Christian Lambert est préfet, directeur de cabinet du préfet de police de Paris.)

Vinolas aurait obtenu, en 2001, les confidences d’un commando-des-assassins-erignac_lefigaro.1234690286.jpgmystérieux indic. Ce dernier aurait monnayé des informations sur Yvan Colonna, alors en cavale, pour une somme de 300.000 €. Ses déclarations rejoignent les propos de Frédéric Charpier et Antoine Albertini (correspondant du Monde en Corse), dans leur livre Les dessous de l’affaire Colonna, aux éditions Presse de la Cité, paru en 2007. Je n’ai pas lu le livre, mais seulement un résumé: ces deux journalistes seraient les premiers à avoir parlé d’un informateur qui aurait indiqué la planque de Colonna contre une somme de 300.000 €…

Alors, ou Didier Vinolas se fait du cinéma ou il dit vrai. Dans ce dernier cas, si la justice a couvert ces deux hommes, je ne vois qu’une raison : ceux-ci ont passé un deal et ils ont balancé leurs complices.

Vu l’importance que prend aujourd’hui cette affaire, ils pourraient bien être à leur tour balancés.

Ils ont du mouron à se faire.

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A lire sur ce blog : La Cour d’assises spéciale (ici).

« Une seule balle, un seul tir »


vieux-port-bastia_flickr.1234471815.jpgC’est l’épitaphe prononcée par le procureur de Bastia, après l’assassinat de Pierre-Marie Santucci, l’un des vétérans de la Brise de Mer.

Vers la fin des années 70, une bande de copains prend l’habitude de se retrouver dans un bar du Vieux Port, quai de la Marine, à Bastia, à l’ombre de l’église Saint-Jean-Baptiste. Certains sont connus des services de police, d’autres non. Le plus jeune n’a guère plus de 20 ans et le plus âgé, une petite quarantaine. Ils veulent refaire le monde, les armes à la main, pas pour une révolution, mais pour de l’argent, du fric, de l’oseille, du grisbi, de l’artiche… Et peut-être aussi avec l’ambition de se faire un nom dans le milieu du banditisme.

Je pense que ce sont les flics qui les ont ainsi baptisés « l’équipe de la Brise de Mer », du nom de ce troquet qui était devenu leur QG. En fait, ils devront attendre des années avant d’avoir « l’honneur » d’être inscrits au « fichier spécial de la répression du banditisme », le  Who’s who de la criminalité.

Le plus vieux de la bande, c’est Castelli, dont la première fiche, en 1987, se résume ainsi :


– CASTELLI Antoine
né le 27.07.1939 à Bastia
Nouvel inscrit au F.S.R.B., il apparaît comme le responsable de l’équipe dite de  » La brise de Mer « .

Il circule à bord d’un véhicule Mercedes 190 E, immatriculé 604 EF 2B. Il est actuellement employé par la société Europcar de Bastia, etc.

Et derrière lui, toute une tripotée de noms, dont certains depuis ont fait couler beaucoup d’encre, et d’autres beaucoup de sang.

Voici le casting, non pas par ordre d’apparition mais par ordre alphabétique : Campana, Casanova, Castelli, Flori, les Guazelli (3), Mariani, Moracchni, les Patacchini (2), les Santucci (2-1=1)… Et tutti quanti.

Je crois qu’au début, on les a pris pour des charlots. Ils parlaient beaucoup, ils agissaient peu. Une fois, ils sont montés sur un braquage à deux ou trois, mais arrivés sur place, ils se sont aperçus qu’ils avaient oublié leurs calibres. Ça les a fait beaucoup rire. Leur premier grand coup répertorié, c’est un vol à main armée, en 1982, à Bastia, au préjudice d’une agence du Crédit Lyonnais. Bien loin du casse du siècle.

En 1987, à défaut de réussir à les accrocher sur des affaires sérieuses, la PJ a cherché à les « alcaponiser » en leur mettant les agents du fisc sur le dos. Ils se sont régalés, mais à ma connaissance, les redressements fiscaux qui ont suivi sont restés lettre morte.

Au fil des ans, convaincus de toujours pouvoir « passer au travers », ils ont pris de l’assurance et leurs rangs ont grossi, renforcés par de nouveaux membres, dont certains étaient de vieux chevaux de retour.

Le casse du siècle, ça sera pour 1990. Un hold-up dans une agence de l’Union des banques suisses. Butin : 31 millions de francs suisses. À la suite de l’arrestation de comparses, à Genève, en janvier 1991, une opération d’envergure est déclenchée en Haute-Corse par l’OCRB et le SRPJ d’Ajaccio.  Chou blanc. Tous les suspects ont quitté leur domicile. Décidément, elle est trop petite cette île.

Finalement, à l’issue d’une enquête de six ans, les enquêteurs ont retenu huit noms. Aucun n’a été condamné.
En Suisse, deux complices ont écopé d’une peine de 7 ans ½ de réclusion criminelle.
Quant au butin, il n’a jamais été retrouvé.

Cette affaire est la plus marquante. Il y en a eu des dizaines d’autres. Certaines ont été résolues, avec des condamnations souvent bien trop légères, non pas par mansuétude des juges, mais en raison de témoignages qui avec le temps bizarrement s’effilochaient.

Je n’ai pas fait le tableau synoptique des morts, qui touchent de près ou de loin cette « association de malfaiteurs ». Il y en a tellement qu’on s’y perd. Entre quinze et vingt. Une estimation à la louche. Lors de sa récente visite en Corse, Michèle Alliot-Marie a dit qu’on assiste à une « redistribution des cartes pour la conquête de territoires propices à des trafics en tout genre ».corse_petillon.1234472159.jpg

Eh ben !… Si elle a lu ça dans un rapport de police, ils ont drôlement changé leur vocabulaire dans la Grande maison…

Je me souviens d’un ancien qui disait, en parlant des règlements de comptes : « Laisse faire petit… On s’occupera du dernier ».

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Ce billet est écrit en partie à l’aide de souvenirs. Ce n’est donc pas dans le marbre. Pour ceux qui veulent aller plus loin, deux liens sur Investigateur ici et ici, qui me paraissent sérieux.

L'État condamné pour un meurtre commis par le tueur de l'Est parisien

La société est responsable d’un crime commis par un individu placé sous le régime de la semi-liberté. C’est ce que vient de décider le tribunal administratif en condamnant l’État à verser 210.000 euros à la famille de l’une des sept victimes de Guy Georges, le tueur en série de l’Est parisien.
bracelet_electronique_idh-toulon.1234253952.jpgLa semi-liberté constitue un aménagement dans la détention qui donne la possibilité à une personne condamnée de s’extraire du milieu carcéral. Par exemple pour exercer une activité professionnelle, recevoir une formation, des soins médicaux, etc.
La décision est prise par une autorité judiciaire, lorsque le condamné répond à certains critères (ici), et celui-ci doit regagner sa cellule une fois son activité terminée.

En 1991, Guy Georges est incarcéré à la prison de Caen où il purge une peine de dix ans de réclusion criminelle pour une tentative de meurtre sur Pascale N. (il a agressé la jeune femme dans sa voiture et il l’a poignardée). Placé sous le régime de la semi-liberté, un jour, il ne regagne pas la prison. Il rejoint la capitale. Dans la soirée du 24 au 25 janvier, dans la rue, il repère une jeune femme, Pascale Escarfail, âgée de 19 ans. Il la suit, pénètre chez elle et la viole. Comme elle se débat, il la frappe de trois coups de couteau à la gorge. Une blessure mortelle.

C’est pour ce crime que l’État vient d’être condamné. Le tribunal administratif estime que « la responsabilité de l’État peut être engagée, même sans faute, en raison du risque spécial créé, à l’égard des tiers, par des détenus bénéficiaires d’un régime de semi-liberté ». C’est ce que rapporte Le Figaro du 9 février 2009 (ici).

Une semaine plus tard, comme si de rien n’était, Guy Georges regagne la prison de Caen. Bizarrement, personne ne s’intéresse à son emploi du temps durant son absence. Il est libéré l’année suivante – et récidive 18 jours plus tard.

Il est cette fois condamné à cinq ans de prison dont trois avec sursis.

Guy Georges est libéré vers la fin de l’année 1993. Le 7 janvier 1994, dans un parking, il viole et tue Catherine R, âgée de 27 ans.

La première victime d’une nouvelle série de viols et de meurtres qui lui ont valu son surnom : le tueur de l’Est parisien. Vous pouvez trouver un court résumé sur ce blog (ici), dans La Petite histoire de la PJ.guy-georges_proces_bbc_news.1234254048.jpg

À la suite de cette affaire, en 1998, Élisabeth Guigou a fait voter une loi relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles. D’autres textes suivront, mais leur mise en application est parfois problématique. Ainsi, il aura fallu attendre 17 mois pour que soit publié le décret d’application concernant le placement sous surveillance électronique (bracelet), prévu par la loi de décembre 2005.

En condamnant l’État, le tribunal administratif sanctionne nettement l’autorité judiciaire. Si le Conseil d’État devait confirmer ce jugement (en cas d’appel), ce serait une remise en cause du système concernant l’application des peines. Un véritable chamboulement.

Vidéo sur la vidéosurveillance

Les Français sont favorables à l’implantation de caméras de vidéosurveillance. C’est sans doute cette popularité qui a incité Bertrand Delanoë à approuver le plan « 1000 caméras » ! Pourtant, certains maires traînent les pieds. Auraient-ils peur de devenir des « maires fouettards » ?

camera.1234190939.jpgC’est le cas de Jacques Boutault, le maire du II° arrondissement. Pour se forger une opinion, il a organisé en novembre 2008 un débat sur la question. J’y étais. Mais pour être franc, il n’y a pas eu de débat : même si les arguments différaient selon les intervenants, tout le monde est tombé d’accord pour admettre que les caméras n’ont aucune incidence sur la protection des citoyens.

Il n’est donc pas « loyal » de parler de vidéo-protection.

Si les caméras de surveillance implantées sur la voie publique n’empêchent ni les crimes ni les délits, elles peuvent en revanche se révéler précieuses pour en identifier les auteurs, repérer des témoins et reconstituer les faits.
Il s’agit donc d’un bon outil pour les enquêteurs (ici).

Il faut mettre en parallèle cet avantage avec les risques d’atteinte à la vie privée, ou ceux qui sont liés à des technologies de plus en plus invasives… C’est un débat de société. À chacun de faire ses comptes.

La réunion, organisée par Dominique Butin-Friez, chef du cabinet du maire, a été filmée par la caméra (de surveillance) de Gilles Donnard. Un montage a été mis en place sur Dailymotion (le son est très mauvais).

C’est la scientifique Dominique Leglu, directrice de la rédaction de Sciences et Avenir qui a dirigé la discussion.
Les participants étaient :
– Laurent Bonelli, enseignant et chercheur à Paris X-Nanterre ;
– André Gunthert, enseignant et chercheur à l’EHESS (école des hautes études et sciences sociales) ;
– Noé Le Blanc, journaliste ;
– Georges Moréas (pour l’aspect technique).

Si vous êtes intéressé (mais c’est un peu long), vous pouvez cliquer ici.

« Les gendarmes doivent rentrer chez eux deux par deux », a dit le général…

gendarme-se-marie.1234001212.jpgLes gendarmes de Nantes ne doivent plus utiliser les voitures de service pour regagner leur domicile, car « chacun doit participer aux économies demandées dans le cadre de la réduction des déficits publics ». Alors, pour faire passer la pilule, on a demandé à la société chargée des transports en commun s’ils pouvaient bénéficier de la gratuité pour leurs déplacements. OK, a répondu celle-ci, à condition que les gendarmes interviennent en cas de problème, sur réquisition du chauffeur. Oui mais voilà, certains gendarmes de l’état-major ne sont pas des gens de terrain. Certains ne sont même pas armés. En conséquence, dans une note de service, dont Ouest-France s’est fait l’écho, leur hiérarchie a suggéré aux gendarmes de rentrer chez eux – par deux. Et s’ils ne sont pas armés, « ils peuvent demander l’attribution de bombes lacrymogènes », scrogneugneu !

Gageons qu’ils vont payer leur billet.

Cela rappelle les propos de Ségolène Royal, dans le face-à-face avec Nicolas Sarkozy, où elle proposait, par mesure de sécurité, que les policiers femmes soient raccompagnées chez elle par les policiers hommes. On s’la raconte encore dans les commissariats…

Mais dans les gendarmeries, on rigole moins.

D’après un article paru dans Aujourd’hui en France, et cité sur un forum de gendarmes, une bonne partie du parc automobile d’une compagnie du sud de la France serait hors état de subir un contrôle technique. Dans cette région, en 2009, le budget pour les déplacements, lors des enquêtes de police judiciaire, devrait baisser d’environ 50 % et la moitié des téléphones portables de service pourraient être « confisqués ».

« On nous brade », a murmuré une forte tête.

La ministre de l’Intérieur, sent bien qu’un vent défaitiste souffle sur sa boutique. Alors, de temps en temps, elle lance une petite phrase, pour tenter de regonfler le moral de ses troupes : « Les gendarmes conservent leur statut militaire… Pas question de syndicats dans la gendarmerie…  On va créer une passerelle entre les deux corps… Les gendarmes conservent leur logement de fonction… »

Il y a quelques jours, en Corse, elle a déclaré vouloir créer une « task force ». Les patrons de la police et de la gendarmerie ont eu un peu de mal à expliquer de quoi il retournait : une cellule créée pour une mission ponctuelle, et dissoute à la fin de ladite mission. Elle serait composée de policiers et de gendarmes soustraits pour un temps à leurs obligations habituelles… Sans doute un moyen pour faire travailler policiers et gendarmes de conserve… Les chefs de service n’ont pas fini de s’arracher les cheveux !task-force_fbi_namtiti.1234001988.JPG

En principe, depuis le 1er janvier, gendarmerie et police, c’est du pareil au même : même hiérarchie, mêmes missions. La réalité semble différente : on n’a même pas réussi à dégager quelques bureaux pour que le patron de la gendarmerie s’installe place Beauvau.

Alors, où en est-elle cette réforme de la maréchaussée ? Y a-t-il fusion avec la police, absorption ou… rien du tout ?  Personne n’y comprend rien, et surtout pas les intéressés.

Le 17 décembre 2008, le Sénat a adopté le projet de loi, avec cependant certaines restrictions, d’ailleurs envisagées sur ce  blog (ici) quelques jours auparavant, et semble-t-il acceptées par la ministre de l’Intérieur.

Mais pour l’heure, le seul élément palpable qui sort de cette marmite du diable, c’est la démobilisation – et des coupes sombres dans le budget.

En Belgique, en 1991, la gestion de la gendarmerie a été transférée du ministère de la Défense au ministère de l’Intérieur. On a dit alors de la gendarmerie qu’elle était… démilitarisée. En 2001, elle a été dissoute.

J’ai demandé à un commissaire de la police fédérale belge de nous donner son avis sur cette profonde mutation que son pays a connu. Je donnerai les éléments de son analyse sur ce blog, dans les tout prochains jours.

kepi_nouveaucentrehautetfort.1234002201.jpgLa semaine dernière, sept parlementaires ont eu la surprise de recevoir par la poste un képi de gendarme. Un cadeau de l’association Gendarmes et citoyens, afin de se rappeler à leur bon souvenir.

Il y a une expression dans la police et dans la gendarmerie : manger son képi. « Bon appétit, Messieurs !… », aurait ajouté Victor Hugo.

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Remerciements à Laurent Opsomer pour sa doc.

STIC et TOC

Une femme gardien de la paix écope d’un blâme pour avoir imprimé 500 fiches du STIC (système de traitement des infractions constatées) concernant des stars du showbiz. Un commandant de police est suspendu de ses fonctions et mis en examen pour avoir imprimé 2 fiches de stars du showbiz. Cherchez l’erreur…

justice-yeux-bandes_lestribunationsde-frankie.1233857934.jpg« La première aimait trop les people » nous dit Isabelle Mandraud dans Le Monde. « Nulle tricoche, nul service monnayé », affirme-t-elle. Juste un petit plaisir. Mieux que Gala. À moins qu’il s’agisse d’un TOC (trouble obsessionnel compulsif).

L’AFP complète l’information en rappelant que cette dame a été placée en garde à vue au mois de décembre 2008, en même temps que le commandant de police Philippe Pichon, et pour des faits similaires.

Ce dernier après 48 heures de garde à vue a été mis en examen pour violation du secret professionnel (ici). Il a été suspendu de ses fonctions et il est convoqué devant le conseil de discipline le 26 février. On dit même que son arrêté de révocation est déjà signé. Il manquerait juste la date.

Alors pourquoi cette différence de traitement ? C’est que Pichon a eu le malheur de confier ces deux fiches STIC à Nicolas Beau, journaliste à Bakchich, afin de lui prouver les erreurs, les anomalies, les manquements à la loi, du fichier STIC – autant de faits qui ont été confirmés par la Commission national informatique et liberté.

Entre une fliquette qui rêve d’être une star, et un flic qui rêve d’un monde plus juste, il n’y a pas photo.

Mais pourquoi cette information sort-elle aujourd’hui ? De loin comme ça, on a l’impression qu’au ministère de l’Intérieur, une grcommandant-philippe-pichon_rmc-copie.1233857629.jpgosse tête s’est dit qu’il était temps d’allumer un contre-feu, avant que cette histoire ne fasse trop de bruit.

Sûr qu’on en reparlera, d’autant que Philippe Pichon a comme défenseurs Me Antoine Comte et Me William Bourdon, deux avocats connus pour leur engagement en faveur des droits de l’homme.

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