Le juge des libertés et de la détention (JLD) a juste dix ans. Il est né le 15 juin 2000 avec la loi renforçant la protection de la présomption d’innocence et les droits de la victime. Aujourd’hui, la promotion-sanction annoncée de
M. Xavier Lameyre, surnommé Libérator, JLD à Créteil, montre que ce texte, remodelé déjà plusieurs fois, n’a toujours pas la cote auprès des policiers.
C’est d’ailleurs compréhensible, quasi mathématique : plus on renforce les libertés individuelles plus on complique la tâche de la police. Mais en poussant ce raisonnement à l’absurde, on serait amené à dire que pour éradiquer la délinquance il faudrait donner à la police les pleins pouvoirs…
L’un des rôles phares de ce magistrat est de se prononcer sur la détention provisoire, mais en fait, il intervient dans bien d’autres domaines. C’est lui par exemple qui dans certaines circonstances peut renouveler la garde à vue au-delà de 48 heures, autoriser des perquisitions de nuit, ou en enquêtes préliminaires, dans le cas où la personne concernée s’y refuserait ; ou encore accepter qu’un témoin dépose sous l’anonymat. Il peut aussi décider de la conservation des données détenues par les opérateurs de téléphonie. Comme il doit donner son feu vert pour l’installation d’un système son-image dans un local privé en dehors des heures légales, etc.
En fait, à chaque fois qu’un policier, un gendarme, un juge ou un procureur, désire pour les besoins de son enquête enfreindre une liberté individuelle plus que de coutume, le JLD doit donner son accord.
Ce qu’on appelle un empêcheur de tourner en rond.
Dans le cas présent, certains syndicats de police se focalisent sur la détention provisoire. On comprend bien la rage d’un flic qui a bossé sur une affaire des jours, des semaines, parfois des mois, et qui voit ses clients, les suspects, rentrer chez eux avant même que lui ne soit descendu de son bus ou de son RER… Mais il s’agit là d’une réaction épidermique.
Car les textes disent bien que la détention provisoire est une mesure exceptionnelle. Elle doit être « l’unique moyen » de conserver des preuves, des indices, de protéger les témoins, d’éviter que le mis en examen ne prenne la fuite, ou d’empêcher, évidemment, que l’infraction ne se reproduise. Sauf en matière criminelle, il n’est pas non plus prévu de satisfaire à un trouble de l’ordre public ou à une campagne médiatique.
On peut même s’étonner, à la lecture du Code de procédure pénale, qu’autant de personnes soient mises en détention provisoire…
Les policiers, comme tout citoyen, peuvent estimer que les lois sont mal faites, mais ils ont un devoir et un seul, celui
de les respecter, avant même de les faire respecter.
En tout cas, dans une démocratie, un flic ne peut pas demander la peau d’un juge – et l’obtenir.
Ou alors je n’y comprends plus rien.

ardes-chasse, gardes forestiers, et même des sociétés de surveillance qui parfois font appel à des cavaliers. À noter que la gendarmerie nationale recrute des gendarmes adjoints à cheval.
