Montesquieu se retourne sans doute dans sa tombe et se demande, comme nous, qui a bien pu planquer un dictaphone dans les bureaux de la brigade financière ? Car ces jours derniers, alors que les dépositions enregistrées par la police se retrouvent dans la presse avant même que les témoins ne les aient relues et signées, la frontière entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire ressemble de plus en plus à la ligne Maginot…
« L’ancienne comptable revient sur une partie de ses déclarations », titrait Le Monde du 8 juillet, avant de corriger le tir par ce nouveau titre : « Quant une rétractation cache une révélation ».
Libération affirme que des extraits des procès-verbaux de Mme Thibout ont été remis aux journalistes, ce que confirme d’une certaine manière Gérard Davet, du Monde : « Le PV qu’on nous donne, il est vrai, mais il est tronqué… » (Arrêt sur images, propos cités par le NouvelObs ).
Étonnant, non ! car si ces choses sont vraies, on n’est plus dans la rumeur ou la contre-rumeur, mais dans la manipulation des médias.
Autrement dit la désinformation.
Alors, évidemment, on s’interroge : en enquête préliminaire, existe-t-il un secret comparable au secret de l’instruction ?
« La procédure au cours de l’enquête et de l’instruction est secrète », nous dit l’article 11 du Code de procédure pénale. Par cette petite phrase, le législateur fait-il un amalgame entre l’enquête (de police ?) et l’instruction, c’est-à-dire l’information judiciaire ? On s’en fiche un peu, pas la peine de faire du mal aux mouches, car, au stade de l’enquête préliminaire, les choses sont simples : nul n’a accès au dossier en dehors des enquêteurs et du procureur.
Donc, si des fragments de procès-verbaux ont été remis à la presse, la moindre des choses serait d’ordonner illico une enquête administrative. Ou mieux, pour faire mode, une enquête préliminaire. Et l’on se tourne vers MAM, toujours si discrète. Du temps où elle était ministre des Armées, on dit que les militaires l’avaient surnommée « Lady commandement », ce qui n’était pas méchant. Je me demande comment on l’appelle dans les couloirs de la place Vendôme…
Il y a plein de choses bizarres dans cette affaire. Ainsi, on a vu sur I-Télé Me Georges Kiejman (ancien garde des Sceaux, tout de même), brandir la photocopie des carnets personnels de la comptable de sa cliente, Mme Bettencourt. Or si ces carnets proviennent d’une perquisition (en fait, on ne sait pas trop comment la police a mis la main dessus), il aurait commis un délit prévu par l’article 58 du code de procédure pénale.
Quant aux journalistes qui diffusent des informations sur les enquêtes en cours, leur responsabilité pourrait être engagée si lesdites informations provenaient de personnes qui concourent à la procédure.
Si leur source se situe à l’Élysée, comme certains le soutiennent, ils n’ont donc rien à craindre.
Et pour revenir à Montesquieu, je me permets un extrait (tronqué) de la préface De l’esprit des lois : « On sent
les abus anciens, on en voit la correction ; mais on voit encore les abus de la correction même… »
Euh !…
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Il y a comme un parfum nauséabond autour de l’héritage de l’Oréal. Les milliards de Bettencourt, c’est un peu la caverne d’Ali Baba, il ne reste plus qu’à identifier les quarante voleurs.
Ce que je sais, c’est qu’il faut un certain courage pour sacrifier sa carrière à l’autel de ses idées.
Ce recours à l’anonymat résulte du souci de rassurer les témoins. S’il s’agit le plus souvent d’une initiative des enquêteurs, ce ne sont pas eux qui décident, mais les magistrats. En l’occurrence, le juge des libertés et de la détention, à la requête du procureur de la République ou du juge d’instruction. Et dans une affaire qui touche à la paix publique, on imagine qu’il a dû sérieusement potasser le dossier avant de prendre sa décision…
des poux dans la tête, elle aussi, elle pourrait bien les faire, ses valises.
