LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Catégorie : Les disparitions (Page 2 of 3)

Affaire Maddie : un flic sur la paille

Au moment où l’on nous dit que l’enquête sur la mort du petit Grégory pourrait bien sortir du placard, au fin fond de la péninsule ibérique, le commissaire Amaral voit la porte (du placard) se refermer sur lui. Quel rapport me direz-vous entre ces deux affaires si ce n’est que la teeshorst-madeleine-pour-7-livres.jpgvictime est un enfant ? Essentiel : un ratage dès le départ. Pour la disparition de la petite Maddie, au bout de quelques semaines, le directeur d’enquête a été écarté : il devenait embarrassant. Et aujourd’hui, il a bien des soucis. Il s’est confronté à trop fort pour lui, le petit flic portugais, et le voilà sur la paille. Les ténors du barreau le traînent en justice. Il doit faire front. Car les parents de Madeleine McCann n’ont pas accepté la thèse de son livre : mort accidentelle de l’enfant et dissimulation de son corps pour faire croire à un enlèvement. Ce qu’on peut d’ailleurs comprendre, même si les arguments de l’enquêteur tiennent solidement la route.

Comme ils l’ont fait antérieurement pour plusieurs journaux britanniques, ils exigent une réparation qui donne le tournis : 1.2 million de dommages et intérêts. Pour se défendre, l’ancien policier a demandé à bénéficier de l’assistance judiciaire.

Il y a trois jours, dans un communiqué de presse, Gonçalo Amaral a dénoncé la censure dont fait l’objet son livre (un best-seller traduit en 5 langues) et l’adaptation filmée qui en a été tirée. Dans ce texte, il estime être victime d’une grave atteinte à sa liberté d’expression. Le tribunal lui interdit notamment de « citer, commenter ou analyser toute partie du livre ou de la vidéo qui défende la thèse de la mort ou de la dissimulation du corps ». Et d’après mes contacts au Portugal, beaucoup s’étonnent de voir ainsi tire-bouchonner un droit constitutionnel.

On doit rappeler ici qu’en l’absence de plainte (le mot n’est pas tout à fait conforme) des parents de la victime, l’enquête a été « archivée », et que selon la procédure portugaise, le dossier est alors devenu public.

Le livre d’Amaral a été retiré de la vente, et il semble (si ma traduction est bonne) que les exemplaires en langue anglaise n’ont pas eu le temps d’être diffusés. À ce jour, pourtant, il n’est pas interdit en France. En revanche, le débat qui devait se tenir mercredi 23 octobre sur la chaîne W9, dans l’émission Enquêtes criminelles, le magazine des faits divers, a été annulé sans que l’on sache pour quelle raison.

N’ayant moi-même pas les moyens de faire face à une armada d’avocats, je ne ferai pas de commentaires. Mais pour nous, Français, la démarche qui consiste à ouvrir un site commercial* La boutique en ligne de Madeleine (The Madeleine Online Store) nous paraît un peu étrange. On imagine mal des parents faire du 10-affiches-madeleine-pour-175-livres.jpgbizness en vendant des affiches de recherche (1.75 £ les dix), des bracelets, ou des tee-shirts à l’effigie de leur enfant disparu (7 £)… Ce n’est pas vraiment dans notre culture.

Il en va sans doute différemment en Grande-Bretagne…

Pour être tout à fait sincère, autant je trouvais sympathique la réaction de l’ancien policier qui voulait claironner « sa » vérité, autant l’aspect mercantile qui a suivi me dérange.

Finalement, on a l’impression que tout ça c’est une affaire de fric.

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* Voir dans les pages commerciales de Google. Je ne mets pas de lien pour ne pas faire de pub.

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Le billet précédent, Le stress du blogueur, a été lu 7.154 fois en 2 jours, et il a suscité 27 commentaires.

Disparition de Maddie : le livre interdit

Aujourd’hui, la seule personne poursuivie en justice dans l’affaire de la disparition de la petite Madeleine McCann1 est le policier qui a mené l’enquête. On lui réclame 1.2 million d’euros pour son livre A verdade da mentira maddie_pj-portuguaise.1253006616.jpg(L’enquête interdite2, chez Bourin Editeur). Écarté du dossier, poussé à la démission, le commissaire Gonçalo Amaral (même s’il a dérogé à son devoir de réserve) n’a pourtant fait que reprendre point par point les différentes étapes des recherches. Mais il a surtout mis en exergue certaines insuffisances dues en grande partie à la faiblesse des autorités portugaises face à la pression du gouvernement de sa Majesté britannique.

À la fin de son ouvrage, il livre les conclusions de son travail et de celui de son équipe. On peut résumer ainsi :
1/ Maddie est morte à l’intérieur de l’appartement de vacances, dans la nuit du 3 mai 2007 ;
2/ il y a eu simulation d’enlèvement ;
3/ les parents sont probablement impliqués dans la dissimulation du corps ;
4/ la mort aurait pu survenir à la suite d’un accident tragique ;
5/ il y a probablement négligence des parents sur la garde et la sécurité de l’enfant.

Les époux McCann ont été mis en examen en septembre 2007, puis finalement, ils ont été blanchis de toutes les accusations et le dossier a été « archivé ». Ils ont toujours clamé leur innocence et avec l’appui d’un réseau… mystérieux, ils ont bénéficié du soutien de hautes personnalités du monde de la finance et de la politique. Ils ont même été reçus par le pape. Ils ont créé une association qui a drainé, dit-on, plusieurs millions d’euros. Sous la menace de procès en diffamation, ils ont obtenu, dit-on toujours, 700.000 euros de la part de plusieurs journaux de langue anglaise. Et plutôt que de relancer l’enquête, comme portrait-robot-paru-dans-paris-match.1253006688.jpgla procédure portugaise l’autorise, ils ont préféré faire appel à des détectives privés, dont certains n’étaient certainement pas la crème de la profession. Les derniers en date viennent d’ailleurs de publier le portrait-robot d’une femme qui, trois jours après la disparition de Maddie, aurait accosté deux hommes, à Barcelone, pour leur dire : « Tu l’as ? Tu as ma nouvelle fille ? ». Puis en se rendant compte qu’elle se trompait d’interlocuteurs, elle serait partie précipitamment.

Aujourd’hui, les époux McCann auraient obtenu que tous les livres de Gonçalo Amaral soient retirés de la vente (photo avec Jacques Pradel à Europe 1) et que les droits d’auteur encaissés à ce jour (qui semblent importants, car le livre s’est bien vendu) leur soient reversés. Ils demanderaient en outre 1.2 millions d’euros, « au minimum », au titre des dommages et intérêts. Et surtout, ce livre ne amaral-pradel_photo-perso.1253007125.jpgpourrait plus être diffusé à l’étranger (je n’ai pas réussi à joindre l’éditeur français). Coïncidence, cette décision intervient juste au moment où il devait être traduit en langue anglaise. Or, Outre-manche, l’histoire de la disparition de la petite Maddie a profondément marqué l’opinion publique. Avec deux camps : ceux pour qui les McCann étaient des parents malheureux, victimes du harcèlement de la police portugaise, et ceux qui les considéraient comme des suspects ou pour le moins responsables d’un défaut de surveillance sur leur enfant.

Les époux McCann ont justifié leur action contre le policier en disant (traduction libre) : « (…) Il n’y a aucune preuve suggérant que Kate et moi avons été impliqués (…) J’espère que les gens comprendront que nous devons faire ce que nous faisons. »

Nous sommes bringuebalés entre la compassion vers des parents qui ne peuvent admettre la mort de leur enfant et les nombreux doutes qui subsistent à l’issue d’une enquête frileuse dès le départ – et qui s’est arrêtée beaucoup trop vite…  Il est vrai qu’en France, on ne sait toujours pas ce qu’est devenue la petite Tiphaine, disparue le 18 juin 2009, en plein centre de Maubeuge. Et aucune information non plus sur Antoine, ce petit garçon disparu de son domicile à Issoire, il y a juste un an.

Pour ce dernier, le procureur, si prolixe au moment des faits, s’est contenté de déclarer il y a quelques jours dans Le Figaro : « L’enquête n’a pas connu d’avancée significative ».

Je me souviens de ces vieux flics de la criminelle qui avaient l’habitude de dire, lorsqu’ils voulaient calmer un chef ou un magistrat trop impulsif : Une enquête qui commence par des certitudes finit toujours avec des doutes.

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1 – L’histoire de la mystérieuse disparition de Maddie McCann 
2 – L’inspecteur raconte l’enquête.
(Remerciements à Nicole pour ses informations et ses traductions.)

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Le billet précédent, Existe-t-il un droit à l’oublie pour les criminels, a été lu 8.250 fois en 3 jours et a donné lieu à 70 commentaires ou opinions personnelles. Sans chercher à faire un résumé, on peut dire que les avis sont partagés. Il y a ceux qui se placent avant tout du côté des victimes et qui souhaiteraient la suppression ou du moins le rallongement du délai de prescription. D’autres (ils sont moins nombreux) estiment que le système actuel n’est pas si mauvais. Enfin, certains proposent des solutions intermédiaires, comme un délai de prescription identique à la peine encourue. J’ai retenu également une suggestion intéressante qui consisterait à acter la fin du délai de prescription, ce qui permettrait pour certains crimes particulièrement révoltants d’émettre un avis négatif, et par conséquent de faire repartir la prescription pour une durée de dix années.

Tiphaine, 5 ans

La petite fille a disparu en l’espace de 5 secondes. C’était le jeudi 18 juin, vers 16/17 heures. Sa mère marchait avec la poussette où se trouvait la plus jeune de ses trois filles ; et Tiphaine gambadait à quelques dizaines tiphaine_taton_manu.1246528350.jpgde mètres devant. Soudain, la gamine a tourné dans l’avenue de France, en plein centre de Maubeuge, et pendant un court instant elle a été hors de vue. Lorsque sa maman débouche à son tour dans l’avenue, rien ! Plus de trace de l’enfant. « Je me suis précipitée vers des gens qui gonflaient des ballons pour les Folies [la fête des Folies de Maubeuge]. J’ai regardé un peu aux alentours. Sans succès (…) Elle ne pouvait ne se trouver que devant moi. »

On passera sur les commentaires d’une certaine presse : une mère de 23 ans, un couple désuni, etc. Une litanie qu’on a déjà entendue, lors de la disparation du petit Antoine.

Car la question n’est pas là : un enfant de 5 ans a disparu.

Et pour les enquêteurs trois hypothèses : accident – drame familial – enlèvement. Ce que le procureur de la République a d’ailleurs confirmé. Mais on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi le plan alerte-enlèvement n’a pas été déclenché ?

L’alerte n’est déclenchée, nous dit la loi, que dans le cas d’un enlèvement avéré et non d’une simple disparition.

Ici, on pouvait penser que la fillette s’était égarée, ou pire, qu’elle était tombée dans la Sambre qui coule à quelques pas du lieu de sa disparition. Et d’ailleurs des dizaines de policiers, de pompiers et de bénévoles, se sont rapidement mis à sa recherche.

Mais la décision tient à peu de choses. Si un témoin par exemple avait repéré un individu au comportement suspect, une voiture qui démarre sur les chapeaux de roues…, le procureur aurait probablement pris une décision différente.

Ce plan alerte-enlèvement mobilise tous les médias. Il a montré son efficacité, mais de par son ampleur, il ne peut s’appliquer qu’à coup sûr. Utilisé à tort et à travers, il aurait tôt fait de perdre tout son impact.
Oui mais par ricochet, aujourd’hui, s’il n’est pas actionné, un enfant disparaît et personne ou presque n’en parle. La photo de Tiphaine ne figure ni sur le site de la police judiciaire ni sur celui de la gendarmerie. Je n’ai trouvé un avis de recherche que sur le site de
Child Focus (fondation pour enfants disparus et sexuellement exploités), une ONG belge ; et sur Manu-association.

Alors, on s’interroge. On ne peut se satisfaire de tout ou rien. Ne serait-il pas opportun de créer un deuxième système d’alerte plus souple, moins… solennel ? Et peut-être de tenir compte de certains comportements… anormaux, même s’ils ne tombent pas sous le coup de la loi…

En tout cas, c’est ce que pense suspect_police-federale-belge.1246528439.JPGla police belge. Ainsi actuellement, deux individus sont recherchés pour avoir seulement « importuné » des enfants alors qu’ils circulaient à bord d’une Berlingo de couleur noire, en Flandre, à moins de 200 km de Maubeuge. En l’état, impossible de savoir s’ils avaient vraiment l’intention de procéder à un enlèvement ou s’ils s’agissaient de mauvais plaisants, ou plutôt de sombres imbéciles.

Mais dans le doute…

Antoine a 7 ans

Antoine.pngOn se souvient de ce petit garçon disparu le 11 septembre 2008. Sa maman et son compagnon l’avaient laissé seul à la maison, alors qu’ils allaient dîner au restaurant. Leur absence n’a pas été longue, mais lorsqu’ils reviennent, l’enfant n’est plus là. Cela se passait le 11 septembre 2008, à Issoire, dans le Puy-de-Dôme. Le 24 mai, Antoine a eu 7 ans*.

Malgré les déclarations du procureur, 9 mois plus tard, on ne sait toujours pas ce qu’il est devenu…
(Voir sur ce blog, Antoine, l’enfant oublié)

Et, coïncidence des dates, hier 25 mai, c’était la journée mondiale des enfants disparus. D’après le commissaire Frédéric Malon (le chef de l’OCRVP**), le nombre de disparitions inquiétantes a franchi pour la première fois la barre des 10.000 (10.846) l’année dernière – dont 500 mineurs. Et pour 304 de ces mineurs, il s’agit d’une affaire criminelle. Certaines ont été résolues, mais au premier janvier, pour 77 enfants, on ne sait pas…

La Commission européenne vient d’adopter un numéro d’appel d’urgence pour les enfants disparus, le 116 000. Bientôt l’indicatif 116 sera utilisé pour d’autres services sociaux. Les États ne sont pas tenus d’assurer lesdits services ; ils peuvent être délégués à des organismes privés.

Ainsi pour la France, c’est l’Institut national d’aide aux victimes et de médiation (Inavem) qui assure (24h/24) l’écoute aux familles ; numéro-enfants disparus-116000.jpgtandis que la Fondation pour l’Enfance prend en charge l’orientation vers les administrations et les associations spécialisées.

Le 116 000 est opérationnel depuis le 25 mai 2009.

Outre-Atlantique, les Québécois sont très sensibilisés à ce problème, avec 17 disparitions signalées chaque jour. (dans 63 % des cas, l’enfant est localisé dans les 24 heures).

Pour Mme Pina Arcamone, responsable de l’association Enfant-retour Québec, un enfant disparu devient la responsabilité de toute la collectivité et il faut que le public se sente concerné. Ce qui importe c’est d’obtenir des indices. Plusieurs dossiers ne progressent pas faute d’information ou d’une simple piste de départ.
Elle pense qu’il est nécessaire de discuter de ce risque avec les enfants, pour qu’ils soient conscients des situations dangereuses.

Personnellement, je partage cette analyse :
– Sensibiliser les enfants et les personnes qui en ont la garde.
– En cas de disparition, recueillir (très vite) le maximum de détails, de témoignages…, pour lancer les recherches et pour orienter utilement l’enquête.

Et peut-être ne serait-il pas inutile de sensibiliser également magistrats, policiers et gendarmes, en leur rappelant qu’il n’existe qu’une seule certitude : lorsqu’un enfant disparaît, ce n’est jamais une enquête ordinaire.
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* Blog sur la disparition d’Antoine.

** L’office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) a été créé en 2006. Il est chargé de coordonner sur le plan national la lutte contre les infractions violentes à l’encontre des personnes. Composé de policiers et de gendarmes, il a repris en compte les missions initialement dévolues à l’office central chargé des disparitions inquiétantes de personnes (OCDIP).

Maddie : l’inspecteur raconte l'enquête

maddie_jungalig.1241539623.jpg« La télévision montre Gérald McCann qui descend de l’avion en portant son fils. L’enfant a la tête contre son épaule gauche, ses bras pendent le long de son corps (…) En Irlande, les Smith regardent le journal télévisé (…) Pour eux, c’est le choc (…) Il s’agit de l’homme aperçu le 3 mai à 22 heures, avec une petite fille profondément endormie dans les bras. »

Quatre mois plus tôt, les Smith étaient en vacances en Algarve, au sud du Portugal. C’est une famille nombreuse, en tout quatre adultes et cinq enfants. Ce soir-là, ce soir du 3 mai 2007, ils regagnent à pied leur appartement lorsqu’ils croisent un homme qui porte un enfant dans ses bras. Ils n’ont pu distinguer son visage, mais c’était une petite fille. Et elle était vêtue d’un pyjama clair, elle avait les pieds nus, et elle avait des cheveux blonds – comme Madeleine McCann, cette petite anglaise disparue alors qu’elle dormait dans sa chambre. Maddie, dont la photo a fait le tour de monde et qu’on n’a jamais retrouvée (ici).

L’inspecteur de la police judiciaire portugaise, Gonçalo Amaral, nous fait revivre son enquête, minute par minute, dans un livre qui vient d’être traduit en français Maddie, l’enquête interdite, chez Bourin Editeur.

D’un ton qu’il voudrait neutre, mais qui ne l’est pas, tant cette histoire l’a marqué, il nous livre le détail de ses investigations. Il nous énumère les différentes pistes qu’il a suivies, certaines farfelues, et d’autres, plus sérieuses, comme la piste polonaise qui n’a jamais vraiment été élucidée. Et surtout, il met en avant les difficultés qui se sont amoncelées devant lui lorsqu’avec ses coéquipiers il a envisagé la responsabilité, voire la culpabilité, des parents de la fillette. Et notamment les pressions politiques de la part de la Grande-Bretagne. Au point que certains enquêteurs ont imaginé que la signature prochaine du traité de Lisbonne (déc. 2007) pouvait influencer l’enquête sur la disparition d’une enfant d’à peine quatre ans…

Dans cette affaire, Amaral a échoué. Il reconnaît certains manquements : on aurait dû… etc. Mais il a surtout l’impression qu’on l’a empêché d’aller jusqu’au bout. Et sa hiérarchie a profité d’une réponse maladroite à un journaliste pour le limoger.

À la lecture de ce récit, qui pourrait se lire comme un polar si les faits n’étaient pas réels, personnellement, j’ai eu l’impression que les policiers portugais, à tous les étages, ont trop tenu compte de la personnalité et de la nationalité des parents, des amis, des témoins…

Autrement dit, ils ont pris des gants ! Ainsi, pour recouper les témoignages, une reconstitution s’imposait. avis-recherche-interpol_53974070.1241590905.jpgElle n’a jamais eu lieu. Parmi les raisons invoquées : « les gens pourraient croire que les parents et les amis sont suspects ». Dans les premières heures, les premiers jours, les enquêteurs n’ont suivi qu’une seule piste, celle de l’enlèvement.  Chez nous, on ne fait pas toujours mieux. On se souvient de la disparition du petit Antoine, à Issoire, en septembre 2008, et du lynchage de sa mère et son compagnon… Ou, pour coller à l’actualité du procès AZF, du procureur de Toulouse qui d’entrée de jeu a bloqué l’enquête en claironnant qu’il s’agissait d’un accident à 90 %. Ou encore de l’arrestation prématurée de Jacques Viguier, après la disparition de son épouse, par un commissaire qui a voulu à tout prix faire coïncider les faits avec son intuition.

La liste est longue. Or dans une affaire criminelle, on commence par faire un champ large avant de zoomer, et l’on met dans sa poche ses petites idées de grand flic.

livre-maddie.1241539722.jpgJeudi prochain, le 7 mai, à 14 heures, Jacques Pradel recevra Gonçalo Amaral dans son émission Café crimes, sur Europe1.

Dans cette affaire, l’inspecteur a acquis au moins une certitude : la petite Madeleine McCann « est décédée dans l’appartement où la famille passait ses vacances ».

Et comme je participerai à cette émission, je lui demanderai pourquoi !

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Pour écouter l’émission : ici.

Estelle, Maddie, Antoine et les autres…

L’information par la presse d’une nouvelle piste dans l’enquête sur la disparition de la petite Estelle Mouzin, avant même que les faits ne soient vérifiés, interpelle bon nombre de gens. Certains ont réagi violemment sur le site des journaux qui ont repris l’information. Ainsi dans estelle-mouzin-9-ans_afp.1232268264.jpgLibération, on peut lire : « Cet article risque d’être la condamnation à mort d’Estelle – Bravo la télé et les journaux ! Que cette fille soit Estelle ou non vous signez son arrêt de mort en publiant cette photo. – Quel manque de professionnalisme ! C’est honteux. ». Ou encore sur Le Monde : « Si elle est encore vivante, cette information est scandaleuse… – Je suis ahuri de l’irresponsabilité de l’AFP à pondre une dépêche là-dessus. »

Quant au père d’Estelle, il s’est étonné que les journalistes soient au courant avant que les mesures d’enquête soient mises en œuvre. Ajoutant toutefois : « Ça confirme la poursuite de l’enquête et le propos tenu par le nouveau directeur de la PJ de Versailles, lors de l’assemblée générale de l’Association Estelle le 10 janvier à Guermantes. » En effet, le commissaire Philippe Bugeaud a alors évoqué des milliers de procès-verbaux encore en phase de vérification et aussi des « millions et des millions de téléphones vérifiés » (Dans les jours qui ont suivi la disparition de l’enfant, toutes les communications échangés dans le secteur ont été remontées – Un travail jamais fait auparavant).

Rappelons qu’Estelle a été enlevée le 9 janvier 2003 (ici), alors qu’elle rentrait de l’école, à Germantes, en Seine-et-Marne. Je crois que jamais une enquête n’a mobilisé autant de moyens. Hélas sans résultat à ce jour.

Le 3 mai 2007, au sud du Portugal, c’est une petitemaddy_apev.1232268409.jpg anglaise de 4 ans, Madeleine McCann, dite Maddie, qui disparaît de sa chambre alors que son père et sa mère dînent avec des amis dans restaurant du complexe hôtelier où ils sont en vacances. Dans les mois qui suivent, les enquêteurs réunissent un faisceau de présomptions contre les parents, dans un climat tendu entre la Grande-Bretagne et le Portugal. À tel point que le policier responsable de l’enquête finit par claquer la porte (ici). Après de nombreux incidents de procédure, les parents sont relaxés. Aujourd’hui, officiellement, le dossier est refermé, et ce sont des détectives privés qui poursuivent les investigations. Une récompense de 2 millions ½ de livres est offerte à « qui donnera des informations qui contribueront à retrouver Madeleine vivante et à son retour en toute sécurité à Rothley dans la province du Leicestershire ».

Le 11 septembre 2008, le petit Antoine, 6 ans ½, disparaît du domicile familial, à Issoire, dans le Puy-de-Dôme, alors que sa mère et son compagnon se trouvent dans un restaurant situé à quelques centaines de mètres. Tous deux ont un passé chargé et les enquêteurs axent leurs investigations sur eux (ici). Sébastien, le compagnon de la maman, est incarcéré pour un passif judiciaire et la mère, antoine-et-sa-mere.1232268578.jpgAlexandrine, âgée de 23 ans, fait l’objet d’une surveillance permanente. Au moment où j’écris ces lignes, elle est en prolongation de garde à vue pour conduite sans permis. Ce qu’elle dément. À la suite de cette interpellation, Le Figaro s’est fendu d’un article, dont le seul titre m’hérisse le poil : « Disparition d’Antoine : l’étau se resserre autour de la mère ».

Cette jeune mère est sans doute une paumée, cela n’en fait ni une infanticide ni un exutoire pour la presse.

Elle est peut-être coupable, mais s’il existait la moindre preuve contre elle, il y a longtemps qu’elle serait en prison.

Des milliers de personnes disparaissent chaque année, hommes, femmes, enfants. La plupart sont retrouvées, mais pour un ou deux enfants, il n’y a plus aucune nouvelle. On imagine l’angoisse des parents…

Ici, trois enfants ont disparu :

– Estelle : des enquêteurs toujours actifs, cinq ans plus tard.
– Maddie : des enquêteurs privés et de l’argent, beaucoup d’argent.
– Antoine…

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PS. Pour répondre à un commentaire, le mot « paumée » est utilisé dans le sens égarée, perdue…

Antoine, l'enfant oublié

L’ancien patron des RG a rédigé un carnet noir sur Sarkozy qui a lui-même envoyé ses enquêteurs pour enquêter sur les enquêteurs qui enquêtaient sur Besancenot. La bourse joue au yoyo, les traders s’emmêlent les pinceaux, on siffle la Marseillaise… Ah oui ! On est sans nouvelle du petit Antoine.

Antoine_photo publiée à la demande de sa maman.jpgDeux poids, deux mesures : Un soir de mai 2007, le directeur central de la PJ reçoit un appel sur son téléphone portable : « Un enfant a disparu… » Dès le lendemain, des personnalités du monde politique et judiciaire sont sur place, suivies par une meute de journalistes de tous les pays. L’affaire fait la Une de la presse, en Europe, aux États-Unis… Devant les caméras, la mère adresse une supplique « à ceux qui ont fait ça ». Des spécialistes de Scotland Yard viennent aider les enquêteurs locaux. Au total, c’est 150 policiers qui sont mobilisés. Deux jours plus tard, le directeur de la PJ annonce officiellement aux médias : « Il s’agit d’un enlèvement. » Un fond de soutien se met en place sur Internet et de richissimes hommes d’affaires volent au secours de la famille.

C’était au Portugal. Madeleine McCann, la petite Maddie, a disparu le jeudi 3 mai 2007, vers 22 heures, tandis que ses parents dînaient avec des amis.

Pratiquement à la même heure, ce jeudi 11 septembre 2008, Antoine_photo publiée à la demande de sa mam.jpgAlexandrine Brugerolle de Fraissinette est allée sonner à la porte de la gendarmerie. « Mon fils a disparu », leur a-t-elle dit. Mais voilà ! Alexandrine a 23 ans, elle n’a pas beaucoup d’éducation, elle est mère célibataire et elle travaille comme serveuse dans un restaurant d’Issoire, une ville de 13.000 habitants dans le Puy-de-Dôme. J’ai bien peur que le téléphone du directeur central de la PJ soit resté muet ce soir-là. Le lendemain en fin de journée, à défaut du moindre élu, du moindre représentant du gouvernement, 80 militaires de la gendarmerie (cf. La Montagne) ont débarqué pour aider leurs collègues dans leurs recherches.

Les faits : Alexandrine et Sébastien, son amoureux, ont décidé d’aller dîner au restaurant. On ne sait pas trop si c’est Antoine qui le demande (Il n’a que 6 ans 1/2, mais il montre déjà un certain caractère) ou s’il s’agit d’une punition, mais l’enfant reste à la maison, avec les deux chiens. L’appartement où il vit avec sa maman est situé dans le centre-ville d’Issoire, au n°1 de la rue des Fours. Le restaurant Le Saïgon, où dînent Alexandrine et Sébastien, se trouve au 45 rue du Palais, à 3 minutes à pied.

plan-issoire.1224400828.jpgLorsque sa mère revient, vers 21 heures 30, Antoine n’est plus là. Aucun désordre, aucune trace d’effraction.

Les enquêteurs pensent à une fugue. On dit alors que l’enfant aurait quitté le domicile en emportant un sac à dos et un paquet de biscuits. Et le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Jean-Yves Coquillat, ne déclenche pas le plan Alerte-enlèvement.

Il y a une constante dans les disparitions d’enfants ou d’adultes, c’est qu’au début, on refuse toujours d’envisager le pire. C’est vrai pour la famille et c’est vrai pour les enquêteurs. Les recherches démarrent donc lentement et ce n’est qu’au petit jour que les choses sérieuses commencent. Les gendarmes coordonnent leurs efforts. Ils sillonnent la ville, d’autres fouillent les environs d’Issoire… Il est fait appel à des chiens qui « marquent » une zone d’étangs. On fait venir une équipe de plongeurs. On fait même venir un hélicoptère équipé d’une caméra thermique, mais vu la météo, il ne sera opérationnel que le dimanche après-midi. Pendant ce temps, des hommes descendent dans les égouts d’Issoire. Parallèlement, une autre équipe se livre à une enquête criminelle classique : recherche de traces au domicile, audition de témoins, perquisitions…

On peut dire que tout est mis en œuvre pour retrouver Antoine, du moins sur le plan local. Mais qu’en est-il ailleurs…

L’enquête : Finalement, trois jours après la disparition de l’enfant, leAntoine_photo publiée à la demande de sa maman.jpg procureur décide l’ouverture d’une information judiciaire pour enlèvement et séquestration d’un mineur de 15 ans. Il déclare : « Plus le temps passe, plus l’hypothèse de la fugue perd de la consistance et je ne suis pas très optimiste. » Bientôt, la presse se fait l’écho de soupçons qui pèsent sur la maman d’Antoine, et en rajoute : « la femme aux cheveux rouges…, l’aguicheuse…, la mère célibataire…, elle a fait de la prison… » Les qualificatifs sont du même acabit pour Sébastien : «  drogué…, violent…, il bat Antoine… » Autant de ragots amplifiés par les sous-entendus du procureur.

Le mercredi 24 septembre, Alexandrine, son compagnon et six personnes de leur entourage sont placés en garde à vue. L’appartement est de nouveau investi par les techniciens de l’identité judiciaire. Les murs sont sondés, des lamelles de parquet soulevées, les lieux passés à la lumière fluorescente. La seule chose qu’on découvre, c’est deux petites gouttes de sang, minuscules, d’un millimètre de circonférence, près de l’interrupteur, dans la chambre d’Antoine.

Finalement, tout le monde est relâché, sauf Sébastien qui est emprisonné pour autre chose. L’un des responsables de l’enquête avoue : « Il faut tout reprendre à zéro… »

La reconstitution (sous toutes réserves) : Un mois avant le drame, Alexandrine travaillait comme serveuse au restaurant Au bon croûton, tenu par Stéphane Bourcelin. Tous deux avaient eu une aventure, lorsqu’elle avait été embauchée, en 2006. C’est elle qui avait rompu et contrairement aux cancans, on ne lui connaissait pas d’autres liaisons, jusqu’à sa rencontre avec Sébastien, en juillet 2008, époque où Antoine est en vacances chez son arrière-grand-mère. Dans la restauration, on ne connaît pas les 35-heures. Elle travaille beaucoup. De longues journées, parfois sans repos hebdomadaire. Vers la mi-août, elle craque et son médecin lui prescrit un arrêt de travail. Stéphane n’apprécie pas. D’autant qu’il ne peut plus voir Antoine. Car il semble bien qu’il se soit pris d’affection pour ce petit bambin. Souvent, il jouait avec lui, ou tous deux regardaient des vidéos. Il lui avait même offert une Playstation. Et d’un coup, il se voit privé d’Antoine et de sa… serveuse. Car Alexandrine et Sébastien ont d’autres projets. Ils veulent se marier, fonder une vraie famille. Sébastien envisage même de « reconnaître » Antoine.

alexandrine_fr3.1224398057.jpgLes choses semblent s’arranger pour Alexandrine et son fils. Peut-être la fin de la galère… Jusqu’à ce fameux soir…

Aujourd’hui, on peut reconstituer les événements avec beaucoup moins de risque d’erreur qu’au tout début. D’abord, les rumeurs selon lesquelles personne n’aurait vu le gamin depuis une dizaine de jours étaient sans fondements. En effet, deux jours après la disparition d’Antoine, les gendarmes ont enregistré la déposition d’un témoin qui a déclaré l’avoir vu, chez lui, alors qu’il sortait de la salle de bain.

Ce 11 septembre, une voisine a entendu l’enfant qui jouait dans l’appartement, vers 19 heures 15. La lumière de sa chambre était allumée. Plus tard, dans la soirée, son attention a été attirée par une voiture qui s’arrêtait en bas de l’immeuble. Puis il y eu des pas dans l’escalier. Un peu plus tard, la voiture est repartie dans un craquement de boîte de vitesses.

Antoine n’est pas sorti avec un petit sac et un paquet de biscuits, comme on l’a dit, mais avec un grand sac qui appartient à Sébastien. Un sac noir (ou bleu foncé) presque aussi haut que lui, dans lequel devaient être entassés des vêtements, vêtements qu’on n’a pas retrouvés dans son armoire. Sa peluche, un petit chat, qu’il trimballait toujours avec lui, a également disparu.

Alors, que s’est-il passé le soir du jeudi 11 septembre ? La maman d’Antoine a-t-elle découpé son enfant en petits morceaux qu’elle a ensuite enfournés dans des sacs-poubelles, comme l’a laissé entendre un journal que je ne nommerai même pas ?

Ou profitant que l’enfant était seul, quelqu’un est-il venu le chercher ? Et avec quelles intentions ?

La présidente d’Esperanzassociation, Madame Lydie Fontenil, veutavis-recherche-antoine.1224399418.jpg croire à cette possibilité. « Il n’y a rien de vraiment nouveau, m’a-t-elle dit au téléphone, mais de petits indices nous permettent de garder l’espoir… » Il faut écouter ce qu’elle raconte, car c’est une femme d’expérience. Depuis des années elle se consacre à la recherche des enfants disparus. Et elle sait que parfois, cela se finit bien. Dès la disparition d’Antoine, avec l’accord de la maman, elle a ouvert un blog qui lui est entièrement consacré. Elle répond aux nombreux appels téléphoniques, elle pressure « ses » bénévoles (elle en recherche de nouveaux), elle agite son réseau d’information, elle soutient Alexandrine (voir la vidéo), etc. « J’ai perdu 6 kilos » m’a-t-elle avoué en souriant.

Il y a quelques jours, dans la petite gare de la banlieue parisienne où je prends le RER, il y avait un avis de recherche. Cela concernait un ado d’une quinzaine d’années qui demeure à Nantes. Je ne sais pas vous, mais moi, en région parisienne, je n’ai jamais vu une affichette concernant Antoine.

C’est pour ça que j’ai voulu écrire ces lignes. Je sais, ce n’est qu’un blog…

On dit que les femmes sont plus sensibles que les bonhommes, surtout dès qu’on parle d’un enfant… Les deux ministres directement responsables de cette enquête sont des femmes. Sont-elles seulement au courant ? En tout cas, on ne les a pas entendues.

Lorsqu’un couple de touristes s’est fait enlever par des pirates, du côté de Djibouti, le président de la république a pris les choses en main.  Ce même président, lorsqu’il était ministre de l’Intérieur avait remué ciel et terre pour retrouver la petite Estelle Mouzin*.

Cela fait 38 jours qu’un petit garçon de 6 ans 1/2 a disparu – et le silence de ces gens-là, ceux qui détiennent le pouvoir, est assourdissant.

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* La jeune Estelle Mouzin, âgée de 9 ans, a disparu le 2 janvier 2003. Le lendemain, le procureur de Meaux ouvrait une information judiciaire et saisissait le SRPJ de Versailles. Le village a été bouclé par 700 policiers. 400 perquisitions ont été effectuées simultanément. Toutes les communications téléphoniques (15.000) au moment des faits ont été « remontées ». Via Interpol, on a sollicité tous les pays qui exploitent des satellites. Le plan Alerte-enlèvement n’existait pas à l’époque, pourtant la photo de la petite fille en rouge a été placardée dans toute la France, et bien au-delà. Hélas en vain. Estelle n’a jamais été retrouvée, mais au moins, on s’est donné tous les moyens.

La maman d'Antoine nous interpelle

« Nous aimons Antoine et nous n’avons qu’une seule envie : le revoir, le câliner, le dorloter et recommencer notre vie comme avant ou presque… 

« J’aurais aimé faire partie de ces mères parfaites qui ne ratent jamais rien et qui ont ce fameux manuel ou tout est indiqué, mais ce n’est pas le cas… Ça ne se passe jamais comme dans les livres des mamans parfaites… »

C’est une citation du message que m’a laissé hier la maman d’Antoine…

Un message bouleversant. Je vous invite à le lire dans les commentaires d’une note précédente, et tout comme moi j’en suis sûr, vous n’envisagerez plus cette disparition comme un… fait divers.

Alexandrine se sent seule. Visiblement, on n’a pas pris la disparition de son fils au sérieux. Gendarmes et Procureur se sont laissés impressionner – défavorablement – par son passé, comme si une condamnation pour une histoire de drogue pouvait avoir un rapport avec la disparition de son enfant !

Et pourtant, voici ce qu’on aurait dû lui proposer :

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   DISPOSITIF OFFICIEL

En cas de disparition d’enfants, les familles peuvent obtenir une information, aide et  un soutien auprès du service téléphonique « SOS Enfants Disparus ». 

Services dont peuvent bénéficier les parents et la famille

En cas de disparition, de fugue ou d’enlèvement d’enfants, ce service permet : 

  • d’accompagner les parents, la famille par un référent unique, 
  • d’assurer le suivi du dossier durant toute la procédure, 
  • de guider les parents ou la famille vers les administrations compétentes et associations spécialisées, 
  • d’offrir une aide psychologique à la famille.

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Au lieu de ça, ON L’A MISE EN GARDE A VUE.

Au bout de 28 heures, le procureur a déclaré à peu près ceci :  » La garde à vue ne veut pas dire qu’on est coupable, mais la libération ne veut pas dire qu’on est innocent. « 

« Certains ont oublié Antoine, nous pas, et heureusement quelques enquêteurs pensent à lui plutôt qu’à autre chose. Comment peut-on se permettre avec si peu d’infos de décider que mon petit ange soit mort ou qu’on ne le cherche plus… »

Je viens de cliquer sur le site des avis de recherche de la police judiciaire : LA PHOTO D’ANTOINE N’Y FIGURE PAS !

« Pendant que vous parlez de nous, que vous scrutez notre passé, vous oubliez le seul qui soit en droit d’avoir sa photo en première page […] ANTOINE… »

« Alors, MERCI DE PENSER A LUI… »

Madame Alexandrine Brugerolle de Fraissinette communique en fin de texte l’adresse du site qui le premier (le seul ?) a diffusé un avis de recherche : http://disparition-antoine.skyrock.com/

Les internautes ont eu la peau du fichier Edvige. Ne peuvent-ils pas supplanter les insuffisances d’une administration poussiéreuse ? Malgré ce qu’on veut nous faire croire, il n’est peut-être pas trop tard pour sauver un enfant !

Et si par bonheur on voyait Antoine réapparaître, débarquant de chez sa grand-mère, de chez son oncle… ou je ne sais d’où : Coucou, c’est moi ! On ne se dirait pas qu’on a fait ça pour rien.

On serait juste contents de l’avoir fait.

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Antoine : cellule 63

On est sans nouvelles du petit Antoine, disparu depuis maintenant quinze jours. Et nous sommes de plus en plus nombreux à nous inquiéter, à nous interroger : Tout a-t-il été mis en œuvre pour le retrouver VIVANT ?

En effet, le procureur, les gendarmes, les journalistes…, tout le monde en parle au passé. La présidente de « Esperanzassociation », qui a été l’une des premières à réagir et à diffuser un avis de recherche, m’a confié tout à l’heure au téléphone : « Il n’y a que sa mère et sa grand-mère qui en parlent au présent. »

Et c’est vrai ! On a l’impression que sur place, les enquêteurs recherchent… un cadavre. 

Même Interpol semble avoir fait au minima.

AVIS DE RECHERCHE INTERPOL

avis-recherche-interpol_53974070.1222432205.jpgPresent family name: BRUGEROLLE DE FRAISSINETTE
Birth name: BRUGEROLLE DE FRAISSINETTE
Forename: ANTOINE
Sex: MALE
Date of birth: 24 May 2002 (6 years old)
Place of birth: BEAUMONT, France
Nationality: France
Mother’s maiden name & forename: BRUGEROLLE DE FRAISSINETTE
 
Height: 1.10 meter <-> 43 inches
Weight: 19 kg <-> 42 pounds
Colour of eyes: BROWN
Colour of hair: CHESTNUT
Distinguishing marks and characteristics:
Pierced earlobes.
 
Date of disappearance: 11 September 2008 at 6 years old
Place of disappearance: ISSOIRE, BEAUMONT, France

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Or, il faut rappeler que ce jeudi soir, alors que sa mère l’avait laissé seul, le petit Antoine a pris son sac à dos et un paquet de biscuits, et il est sorti. Les chiens « renifleurs » l’ont confirmé. Ils ont suivi sa trace sur plusieurs centaines de mètres.

Mais ce garçonnet de 6 ans ½ est un débrouillard. Sa mère travaille comme serveuse dans un bar. Elle a 23 ans.

Certes, Antoine est souvent seul. Souvent, il sort pour de longues balades – toujours seul. Mais il revient. Jamais il n’a fugué.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais on se dit que les gendarmes ont eu tort de démarrer leur enquête comme s’il s’agissait d’une simple fugue. Que le procureur a failli  en ne déclenchant pas le plan Alerte-enlèvement. Mais il est facile de juger après coup… Peut-être se sont-ils laissés abuser par la personnalité de la mère du petit Antoine et par son entourage.

Mais une mère de famille n’est pas forcément un monstre sous prétexte qu’elle est un peu paumée, ou fauchée.

Cette jeune femme, Alexandrine, n’a jamais connu son père – et son fils ne connaît pas le sien. À 16 ans, elle aurait pu se faire avorter. C’était presque un droit. Elle a gardé son enfant et elle l’élève tant bien que peu, mais elle l’élève. C’est pas si mal pour une paumée.

On dit que quelques jours après la disparition une certaine zizanie s’est installée au sein de la Section de recherches de la gendarmerie, entre ceux qui voulaient découvrir des coupables et ceux qui voulaient d’abord retrouver l’enfant.

Ce midi, un rien embarrassé, le lieutenant-colonel qui assure le service de presse a reconnu que les enquêteurs devaient redémarrer l’enquête à zéro. La cellule 63 a été créée.

Un enfant est peut-être à la merci d’un détraqué sexuel.

Et l’enquête redémarre à zéro !

 

P.S : J’ai reçu plusieurs remarques pour avoir écrit que pour Alexandrine l’avortement était « presque un droit »… Je me permets ce post-scriptum pour reconnaître une formulation bien maladroite. Je voulais parler de droit moral… Mais en vérité j’aurais dû m’abstenir d’aborder un sujet aussi personnel. Mes excuses, Madame.

La disparition du petit Antoine

Le petit Antoine, âgé de 6 ans ½ a maintenant disparu depuis quinze jours. On apprend hier que sa mère, son concubin et six personnes de son entourage ont été placés en garde à vue.

Et brutalement, sans savoir pourquoi, on se dit qu’il y a eu un loupé. On se dit que tout n’a pas été mis en œuvre pour sauver cet enfant.

avis-recherche-antoine.1222327507.jpgRappelons les faits :

Le jeudi 11 septembre, la mère d’Antoine et son conpagnon vont dîner au restaurant. Ils laissent l’enfant seul. Lorsqu’ils reviennent, Antoine a disparu.

Ils préviennent la gendarmerie.

Les gendarmes ne constatent aucune trace d’effraction et, à la vue des déclarations de la mère, ils privilégient l’hypothèse d’une fugue.

Les recherchent s’organisent. Elles s’intensifient les jours suivants sans aucun résultat. En fait, personne n’a vu ce petit garçon depuis plusieurs jours.

Le plan alerte-enlèvement n’est pas déclenché, car ce dispositif mis en place en février 2006, nécessite plusieurs critères. Et ici, il manque le premier : Il doit s’agir d’un enlèvement avéré.

Finalement, le samedi 14 septembre, le procureur de la République de Clermont-Ferrand ouvre une information judiciaire pour enlèvement et séquestration de mineur.

Tout a été fait selon les règles, pourtant le système a foiré.

Ces jours derniers, les enquêteurs ont progressé. Ils s’acheminent à présent vers la possibilité d’un crime et l’étau se resserre sur la mère et plusieurs personnes de son entourage, sans qu’il soit possible d’en dire plus.

Le malaise vient de la comparaison avec la disparition de la petitemaddie_levifbe.1222327701.jpg Maddie, au Portugal. Les faits sont quasi identiques, mais dans un cas la répercussion médiatique a été colossale et dans l’autre quasi inexistante. Qu’est-ce qui fait que deux affaires semblables puissent à ce point être perçues avec tant de différences ? 

Supposons que la mère d’Antoine ait déclaré aux enquêteurs que son fils n’était pas du genre à fuguer, alors ceux-ci seraient sans doute partis sur l’hypothèse d’un enlèvement, et les radios, les télés… auraient suspendu leurs émissions pour passer des messages d’alerte. Mais elle a parlé d’une fugue, alors – rien !

antoine_leparisienfr.1222327660.jpgEn rapportant ces événements, LeMonde.fr a laissé ouverte sa rubrique appelant les abonnés à réagir. Et un lecteur, PetitGirard, a répondu : « Proposer à vos lecteurs de réagir sur un fait divers dont l’enquête est en cours et sur lequel rien n’est encore acquis, est indigne d’un journal comme Le Monde. Ouvrez le dialogue sur des sujets de sociétés, sur des faits confirmés, bien sûr. Mais inciter vos lecteurs à jouer à l’apprenti détective ou au juge amateur sur des drames dont l’enquête n’a pas encore donné de résultats probants, c’est inutile et même un tantinet racoleur. »

C’est une vraie question que pose PetitGirard. Lorsque j’ai résumé l’enlèvement de la petite Maddie, des milliers de visiteurs sont venus sur ce blog et je me suis également interrogé : Sommes-nous bouleversés par la disparition d’un enfant au point de ne pouvoir s’empêcher de réagir ou nous livrons-nous à une sorte de jeu malsain ?

Peut-être notre compassion pour ces enfants maltraités obscurcit-elle notre jugement. Et cela qu’on soit magistrat, policier, gendarme, journaliste ou simple quidam. Ainsi, la journaliste, Florence Schaal, vient d’être virée de TF1, où elle travaillait depuis 33 ans, pour avoir annoncé – à tort – la mort d’un petit garçon égaré.

Je ne sais pas ce que vous en pensez…

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