LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Catégorie : Actualité (Page 64 of 71)

La mystérieuse disparition de Maddie

Madeleine McCann, dite Maddie, allait avoir 4 ans. En cette soirée du 3 mai 2007, elle a disparu de sa chambre, dans un luxueux complexe touristique, l’Ocean club, au sud du Portugal, où elle était supposée dormir.

Depuis, on ne sait pas ce qu’elle est devenue. Récemment, la pressemadeleine_McCann_kidnappingbe.1220017885.jpg s’est fait l’écho d’une déclaration de la justice portugaise : dossier classé. C’est probablement une fausse nouvelle. Comment un magistrat, un policier, pourrait admettre de refermer un dossier sans penser à la victime, une enfant, presque un bébé. Et si elle était vivante !… La confusion vient sans doute du non-lieu qui a été décrété contre les trois suspects.

LES FAITS : Le complexe touristique de l’Ocean Club est un ensemble de bâtiments comprenant un bloc résidentiel, deux restaurants, le Tapas et le Millénium, des courts de tennis, la plage, etc.

Ce soir-là, les McCann dînent avec des amis au restaurant Tapas. Vers 22 heures, Kate McCann se lève de table pour voir ses enfants, comme elle le fait habituellement, pour s’assurer que tout va bien. Ses deux bébés, des jumeaux, dorment à poings fermés, chacun dans son berceau. La porte de la chambre de sa fille n’est pas fermée, ce qui l’étonne. Elle entre : la fenêtre est ouverte, le volet est levé, Maddie a disparu.

Elle revient précipitamment au restaurant pour prévenir son mari. Tous deux retournent à l’appartement, accompagnés de leurs amis, et ils ne peuvent que se rendre à l’évidence. Ils se mettent alors à prospecter les environs.

C’est la situation que découvrent les premiers policiers appelés sur place. Tout laisse croire à une escapade de la gamine. Elle n’est peut-être pas loin. Les recherches s’organisent.

Peu après, le directeur de la PJ, à Lisbonne, reçoit sur son téléphone portable un appel en provenance de l’ambassade de Grande-Bretagne. Son correspondant lui demande s’il est au courant qu’une enfant britannique a disparu… Il tombe du placard. On imagine la ribambelle de coups de fil qui font suite à cette intervention.

LES PREMIERES CONSTATATIONS : Il n’y a aucun désordre dans la chambre où dormait l’enfant. Le lit n’est pas défait. Il n’y a pas de trace d’effraction, ni sur la fenêtre, ni sur le volet, ni sur la porte. L’enquête de voisinage permet de retrouver des témoins, des vacanciers irlandais, qui affirment avoir aperçu un peu avant 22 heures, un homme qui portait une fillette dont le signalement correspond parfaitement à Maddie : visage, coiffure, vêtements. À présent, il n’y a guère de doute : c’est un enlèvement. L’alerte est donnée.

L’ENQUETE DE LA POLICE JUDICIAIRE : Les péjistes recueillent les témoignages de centaines de personnes, et en priorité ceux des mccann_mailonline.1220018107.jpgparents et de leurs amis. Très vite, ils se rendent compte de certaines contradictions entre les uns et les autres. Une femme affirme par exemple être passée devant l’appartement, plus tôt dans la soirée, et avoir remarqué que le volet de la chambre était fermé. Or, Kate McCain déclare que la fenêtre était ouverte et le volet rentré. Et les enquêteurs ne constatent aucune trace d’effraction. De plus, le volet ne peut s’ouvrir que de l’intérieur. Peut-on imaginer qu’un individu entre par la porte, à l’aide d’une fausse clé, et ressorte par la fenêtre, avec sa victime, après avoir ouvert le volet ? De plus, le lit de l’enfant n’est pas défait, comme si personne n’avait couché dedans. Intrigués, les policiers examinent le téléphone portable de chacun des McCann : l’historique des communications a été effacé. Étonnant de penser à vider la mémoire de son portable alors que son enfant vient d’être kidnappé ! Mais les policiers de la PJ de Faro ont du mal à faire leur travail. La pression devient vite insupportable. La petite Maddie a disparu le jeudi soir. Le vendredi, l’ambassadeur du Royaume-Uni, John Buck, se trouve sur place, accompagné de grands pontes de la police et de la justice. Et le samedi, trois policiers britanniques débarquent à leur tour, en principe pour assister leurs collègues portugais. Le contact n’est pas très bon. Les policiers locaux se sentent rabaissés. Pourtant, pour avoir participé à la formation de policiers portugais, je puis assurer qu’ils n’ont rien à envier ni aux Français ni aux Britanniques – si ce n’est peut-être certains moyens techniques.

Les conditions de travail sont les suivantes : 150 policiers portugais, 3 policiers britanniques, des autorités, des diplomates, et des journalistes… partout. Pas l’idéal pour une enquête. Le samedi, le directeur de la PJ de Faro déclare à la presse : « Il s’agit d’un enlèvement. » Dans le même temps, les époux McCann lancent des appels désespérés devant les caméras de télévision. On dit même que la police détient un portrait-robot du ravisseur, mais qu’il ne sera pas diffusé pour éviter de mettre la vie de l’enfant en péril. Un peu tard, non, pour penser à la jeune victime !

Pendant ce remue-ménage politico-médiatique, le responsable de l’enquête, le commissaire Gonçalo Amaral, commence à entrevoir une autre possibilité. Il trouve que le comportement des McCann n’est pas « naturel ». D’ailleurs pourquoi refusent-ils de participer à une reconstitution de la soirée ? Il trouve que certains témoignages ne sont pas en corrélation et qu’il devient impossible de déterminer où se trouvait untel à telle heure. Ainsi, une invraisemblance apparaît lorsque le témoin irlandais signale qu’après avoir vu Gerry McCann à la télévision, il l’a formellement reconnu : c’était lui l’homme qu’il a aperçu avec Maddie dans les bras, le jeudi, vers 22 heures. Oui mais à cette heure-là, le père de l’enfant se trouvait au restaurant avec ses amis…

Amaral est dubitatif. Il sent qu’il existe une certaine connivence entre ce groupe d’amis. Auraient-ils menti ? Il revient sur les premières constatations et il examine les lieux d’un œil différent – comme il le ferait d’une scène de crime. La mort de la fillette devient l’hypothèse de travail des enquêteurs.

LES ELEMENTS DE PREUVES OU DE PRESOMPTIONS : Un suspect est arrêté. C’est un ressortissant britannique qui vit à une centaine de mètres du centre de loisirs. Je ne donnerai pas son nom, car il a attaqué en justice les journaux qui avaient raconté « des choses » sur lui, et les patrons de presse ont tous baissé culotte. On dit qu’il aurait encaissé 750.000 €.

Pendant ce temps, des chiens dressés pour déceler certaines odeurs, notamment celles du sang ou d’un cadavre, sont amenés sur place. Ils détectent des traces à l’intérieur de l’appartement, dans la chambre du couple et dans la salle à manger ; ainsi qu’à l’extérieur du bâtiment. Plus troublant les chiens s’arrêtent sur la peluche de l’enfant et sur des vêtements appartenant à sa mère. On met les chiens en présence d’une voiture louée par les McCann, et ils reniflent là aussi des odeurs suspectes. Or ce véhicule a été loué bien après la disparition de la fillette ! En revanche, les chiens ne détectent rien ni dans la voiture du Britannique mis en examen, ni chez lui.

L’étau se resserre sur les McCann.

caducee-dasclepios_wikipedia_sticksvg.1220018712.pngAux endroits marqués par les chiens, on récupère de minuscules fragments organiques afin de comparer l’Adn avec celui de Maddie (des traces de salives sur les draps de son lit). Les analyses se font en Grande-Bretagne. Lorsque la réponse tombe, il n’y a plus de doute. : Il existe 15 marqueurs identiques dans les deux Adn. Il s’agit de la petite fille.

Début septembre, les époux McCann sont mis en examen, mais laissés libres. La presse rapporte qu’ils sont soupçonnés d’avoir dissimulé le corps de leur fille après un décès d’origine accidentel – on parle de l’administration d’un sédatif trop puissant (les parents sont tous deux médecins) – et qu’ils s’en seraient débarrassés par la suite, en le transportant dans un véhicule loué à cette intention.

Entre-temps cette affaire a pris une ampleur internationale. Les McCann ont appelé le Premier ministre anglais, Gordon Brown, et l’enquête est suivie au plus près par le gouvernement des deux pays. La presse est déchaînée. Les parents se posent en victime d’une police bornée, voire rétrograde. Les journaux britanniques tapent à boulets rouges sur les enquêteurs qui s’en prennent à la famille au lieu de rechercher l’enfant disparue. Les policiers anglais qui participent à l’enquête (et qui en principe n’ont aucun pouvoir d’intervention) ne font rien pour arranger les choses. Le public se passionne pour cette mystérieuse histoire – chargée d’émotion. Un fonds de soutien est créé. Brian Kennedy, un milliardaire britannique, offre ses services. Il prend en charge les frais d’avocats et ceux des enquêteurs privés. On dit même qu’il se déplace pour rencontrer certains des témoins. Cela a-t-il un rapport avec le fait que la plupart aient refusé par la suite de retourner sur place pour participer à une reconstitution ? L’atypique patron de Virgin met également la main à la poche. Il est intéressant de noter que toute cette énergie, tout cet argent, sont essentiellement utilisés pour défendre les suspects.

De nouvelles recherches Adn effectuées par le laboratoire médico-légal de Birmingham prennent le contrepied de la première expertise. Il est dit que les échantillons prélevés (par les policiers portugais) auraient été mélangés…

Le commissaire Gonçalo Amaral demande une contre-contre-expertise. Impossible, lui répondent les Anglais, les prélèvements ont été détruits, ou perdus, on ne sait pas exactement, par le laboratoire. Amaral n’en peut plus. Tout ce tintamarre, cette pression permanente de la hiérarchie, des autorités politiques, des médias l’empêchent de travailler correctement. Il est pris à parti, critiqué, épié… Même ses confrères britanniques lui tirent dans les pattes. Excédé, il se la-verite-du-mensonge.1220018943.jpglâche dans la presse. C’est une erreur, car sa hiérarchie saute sur l’occasion. Il est viré.

Gonçalo Amaral a écrit un livre, La vérité du mensonge, qui sort ces  jours-ci au Portugal. Gageons qu’on va y trouver des éléments intéressants. Du moins s’il est traduit en français. La presse, déjà échaudée dans cette affaire s’en fera-t-elle l’écho ? Pas sûr ! Les McCann ont clairement laissé entendre que leurs avocats étaient prêts à passer à l’action.

Pour en revenir à l’Adn, en France, sauf erreur de ma part, 13 marqueurs identiques dans 2 Adn différents suffisent à la justice. Donc, si les faits s’étaient déroulés chez nous, d’abord l’expertise n’aurait pas été faite en Grande-Bretagne mais dans un laboratoire français, et ensuite les McCann auraient été mis en examen et très certainement placés en détention préventive – et seul le juge aurait pu décider d’une contre-expertise.

Comme quoi les preuves scientifiques, même les plus pointues, ne dépendent pas d’une formule mathématique mais du jugement des hommes.

LE COMPORTEMENT DES PARENTS : On est obligé de dire que le comportement des McCann comparé à celui d’autres parents placés dans une situation aussi douloureuse est… différent. D’entrée de jeux, ils ont pris de haut les policiers portugais. Ils ont menti sur certains points et tout de suite, ils ont cherché des appuis auprès des autorités de leur pays. Comme s’ils se sentaient menacés ! Ont-ils été happés par la machine médiatique ? Le fonds de soutien qu’ils ont créé (et qu’on trouve sur les pages commerciales de Google) a récolté environ 1,5 million d’euros. Or, l’une des premières dépenses engagée par ce fonds a été de régler deux échéances concernant l’achat de leur maison. On dit que 600.000 euros auraient été versés pour régler les honoraires de détectives privés, lesquels pour la plupart se sont révélé être des escrocs. L’un d’eux a même déclaré qu’il avait infiltré un réseau pédophile belge… À décharge, ils ont certifié ne pas avoir utilisé cet argent pour régler les honoraires des avocats qui assuraient leur défense.

Ces gens ont mobilisé autour d’eux tant de monde, tant de beau monde pourrait-on dire, de la politique à la finance…, qu’on ne peut que s’étonner. Font-ils partie d’un réseau ? d’une loge ? d’une secte ? d’un clan ?…

L’ÉTAT DE L’ENQUETE : Les époux McCann n’ayant pas sollicité la poursuite de l’enquête, celle-ci est officiellement terminée. En l’état, on a une gamine de 4 ans, probablement morte ; et trois suspects qui ont été élargis. L’un, le voisin, soupçonné en raison de son passé, mais contre lequel il ne semble pas exister de preuves ; et les parents…

Il est prouvé qu’ils ont menti dès leurs premières déclarations aux policiers, notamment sur leur emploi du temps, visiblement de connivence avec leurs amis. Ils n’ont pu expliquer la présence de trace de sang, ou l’odeur d’un cadavre, notamment dans le véhicule qu’ils avaient loué, trois semaines après les faits. Même si en droit la contre-expertise Adn annule la précédente, elle n’est pas entièrement convaincante. Les experts se contentent de constater qu’ils ne peuvent utiliser les prélèvements qu’on leur a remis, car ceux-ci ont été altérés. Et même si l’on considère que ces deux expertises sont contradictoires, laquelle faut-il croire ? La destruction des prélèvements rend toute confirmation impossible.

Et après ce charivari, Maddie rejoint la longue liste des enfants disparus.

enfants-disparus_kidnappingbe.1220019083.jpg

CONCLUSION : Chacun peut penser ce qu’il veut, mais la justice portugaise a estimé qu’il n’existait aucune charge contre quiconque, aucune preuve, aucun indice. Elle a « archivé » le dossier, comme on dit là-bas.

On peut s’étonner. Mais je crois que c’est un bon moyen de repartir de façon plus sereine. En effet, rien n’interdit aux enquêteurs de poursuivre « discrètement » leurs investigations. La procédure portugaise permet la réouverture du dossier à tout moment, si quelqu’un apporte un élément nouveau.

Ce qui frappe dans cette affaire, c’est qu’on parle beaucoup d’argent et bien peu de la jeune victime. Finalement, l’un des suspects a encaissé 750.000 € remis par certains journaux pour éviter un procès en diffamation, et les deux autres, les parents, ont récolté 1,5 million d’euros sur un fonds de soutien. Sans parler de l’argent dépensé par les richissimes mécènes. Quant aux policiers portugais, ils ont été ridiculisés.

Ils doivent l’avoir en travers… Je vous parie qu’ils ne sont pas prêts de l’oublier.

La patronne

La direction centrale de la PJ change de tête. La crinière blonde et soignée de Martine Monteil, au-dessus de son regard parfois moqueur, va être remplacée par un poil plus dru et plus viril.

martine-monteil_police-pro-mai-2007.jpgAu moment où j’écris ces lignes, on murmure des noms : Alain Berthe, l’actuel directeur central adjoint, Gilles Leclair, patron de la sous-direction de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière, ou Christian Lothion, responsable de la direction interrégionale de PJ de Marseille… Rien que des gens d’expérience qui sauront prendre le relais.

Mais pourquoi Martine Monteil s’en va-t-elle ? Certains ont murmuré que son soutien un rien intempestif au candidat Nicolas Sarkozy, lors des élections présidentielles, avait été mal perçu. D’autres qu’elle portait comme un tatouage mal placé le fait de devoir sa nomination à Dominique de Villepin… D’autres enfin estiment que son acharnement à défendre la place de la PJ dans la lutte contre le terrorisme n’était pas en symbiose avec le projet présidentiel qui concernait la création de la DCRI…

Ce ne sont que mesquineries…

On peut se demander si la réalité n’est pas plus simple. Pendant longtemps, la direction centrale PJ a été un poste de fin de carrière. Il était d’ailleurs de tradition qu’à la veille de son départ en retraite, le locataire se ouatine un strapontin dans le « privé ». Certains postes (souvent honorifiques), dans certaines entreprises franco-françaises, étaient d’ailleurs disons… réservés à cet usage.

Les temps ont changé. Peu à peu, la moyenne d’âge des cadres de la police nationale a diminué. Que peut-on espérer de l’administration à cinquante et quelques balais, lorsqu’on a atteint le sommet de la pyramide si ce n’est une place de préfet ?! D’ailleurs, la préfectorale ne rouspète même plus de voir ainsi débarquer en son sein des hommes et des femmes qui ne sont pas du… sérail.

Il y a quelques mois encore, loin de la tourmente, avec sa collègue de promotion, Mireille Ballestrazzi, elle réglait des problèmes concernant les heures supplémentaires, la vétusté du parc automobile, etc. On m’a rapporté que ses relations avec les syndicats étaient plutôt bonnes. Son franc-parler devait être apprécié. On retiendra surtout de son séjour à la tête de la DCPJ, une réforme sous forme d’époussetage qui a balayé pas mal de toiles d’araignées et fait grincer quelques vieilles dents.

Pour le centenaire de la PJ, elle a parrainé un livre aux éditions Michel Lafon. Passons, c’est pas ce qu’elle a fait de mieux. En revanche, on dit qu’elle nous mitonne ses souvenirs. Là, on devrait se régaler, car des souvenirs, elle doit en avoir, la patronne !a-la-barre.1218450100.GIF

Personnellement, j’ai eu l’occasion d’apprécier son efficacité dans l’aide qu’elle a apporté à des amis : une famille dont la fille de 18 ans avait glissé dans la toxicomanie, avec tous les corollaires que l’on devine… C’était il y a bien longtemps, alors qu’elle était chef de section stups à la PP.

Martine Monteil a été élue femme de l’année en 90, 91, je ne sais plus. Mais gageons que ça doit la gonfler qu’on relie constamment ses qualités professionnelles ou sa brillante carrière à son sexe…

Après tout, elle se serait appelée Martin, c’aurait été pareil : un bon flic de PJ.

Siné-ma

On murmure que Siné aurait reçu des menaces de mort. Je ne veux pas le croire… Mais lorsqu’on voit le tollé qui a suivi deux phrases insignifiantes écrites dans Charlie Hebdo, il faut s’attendre à tout.

Siné est un personnage hors du commun. Il a la stature d’un Gabin et la gouaille d’un Audiard. Je l’ai rencontré il y a une vingtaine d’années alors qu’il travaillait, avec sa femme, Catherine, pour l’émission de Michel Polac, Droit de réponse. Sans doute la seule émission dejean-sarokozy-et-jessica-darty_nouvelobs.1217838177.jpg télévision polémique qui ait jamais été diffusée en direct intégral – et surtout la seule émission où les participants se retrouvaient aux alentours de minuit autour d’une bonne bouffe, à la brasserie Bofinger, à la Bastille.

Le bonhomme ne laissait pas indifférent. Un soir qu’il m’avait invité dans son pavillon du 9-3, il avait eu cette réflexion : « C’est la première fois que j’invite un flic chez moi ! » Et ses invités, pour la plupart de bons nanars, avaient été contraints de me serrer la louche. De les voir ainsi déconfits, je crois bien qu’il jubilait – moi-t-aussi.

Une autre fois, sans doute agacé de me voir tournicoter autour de sa femme, sur un coin de nappe il avait dessiné un petit crobar (que je ne montrerai pas ici), me représentant avec à la main un bouquet de fleurs cachant (mais si peu) une partie intime de ma personne.

Mais qu’a donc dit le vieil homme pour que des Badinter, des BHL, etc., le descendent en flamme ? Il a dit que Jean Sarkozy voulait se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée juive, et héritière des fondateurs Darty. Et c’est tout ! Je trouve que c’est une belle preuve d’amour de la part de ce jeune homme ! Moi qui ai épousé, il y a bien longtemps, une belle jeune femme juive, héritière (?) des Galeries Barbès, je n’ai pas franchi le pas. Aurais-je été moins amoureux ?

Le Monde 2 du weekend dernier, a publié un article sur la « débaptisation ». Et de citer, Alice, 56 ans, retraitée, qui a demandé que son nom soit rayé du registre des baptêmes : « Me voilà ravie de m’être retirée totalement de cette secte », dit-elle au journaliste, Fabien Mollon, qui rapporte les propos sans sourciller. Vous avez bien lu – de cette secte.

Wikipédia donne la définition suivante d’une secte : « […] Terme polémique qui désigne un groupe ou une organisation le plus souvent à connotation religieuse dont les croyances ou le comportement sont jugés obscurs ou malveillants. »

Or, parmi les 173 sectes que le gouvernement avait répertorié en 1995, je n’ai pas souvenir d’y avoir vu l’église catholique.

Le Monde 2 a recensé 241 demandes de renonciation au baptême en 2007. Cela valait-il un article de 3 pages ? Cet hebdomadaire a-t-il déjà parlé des juifs libéraux qui s’affranchissent des archaïsmes de cette religion, et notamment du sexisme au détriment des femmes ?

sine.jpgNicole, une amie (à moitié juive), m’a écrit : « Quant à tous ces parangons de vertu qui hurlent à l’antisémitisme, ils me donnent la nausée. Perso, je trouve cet épouvantail du juif martyrisé insupportable… »

Tu sais quoi, Siné ? Je crois que tel Don Quichotte tu es parti en guerre contre des moulins à vent.

Et je crois que tu as raison. Mais si tu avais tort, je te donnerais quand même raison, car tu es autrement plus sympa que tous ces tartuffes qui te cherchent des poux dans les cheveux blancs.

Et sine die, Siné, je te le dis : continue !

 

Cliquer ici pour le blog de Siné.

La police belge nous parle

Un nouveau site sur la police vient de naître. Son auteur, Jean-Paul Wuyts, était hier encore commissaire divisionnaire de la police fédérale belge, détaché auprès de la mission Eupol*. Il a « fait valoir ses droits commissaire-wuyts.1217510949.jpgà la retraite », mais à le lire on comprend qu’il quitte ses fonctions à reculons, et qu’il n’est pas question pour lui de se convertir à la pêche à la ligne. Il a fixé la barre très haut, puisqu’en préambule il dit vouloir consacrer ce site aux « sciences comportementales au service des auxiliaires de justice ».

D’où le nom : PSYCRIPOL, qui est le monogramme de psychologie-criminologie-police.

Jean-Paul Wuyts sait de quoi il parle. Il a commencé sa carrière comme « inspecteur judiciaire » dans la lutte contre le banditisme, les stupéfiants, le proxénétisme, etc. Près de 40 ans de police.

Il indique les principaux sujets qu’il entend traiter, et parle notamment d’un ouvrage Psy et Flic – Au cœur de l’interrogatoire, qui devrait s’avérer très intéressant. En préambule de celui-ci, il dit : « Depuis plusieurs années, la police scientifique progresse sans cesse et envahit le monde de la justice. Policiers, magistrats, avocats et public ont tendance à lui faire une confiance aveugle, oubliant que derrière le microscope du biologiste ou l’éprouvette du chimiste, il y a des hommes et que ceux-ci, tout scientifiques et objectifs qu’ils puissent être, ne sont que des hommes, donc faillibles. Parallèlement, on a peu progressé dans la manière d’entendre les victimes et témoins et d’interroger les suspects, mais des individus ont été condamnés sur base de simples témoignages ou d’aveux. Or, l’apport de la psychologie dans la pratique quotidienne du métier d’enquêteur est essentiel. »

Moi, je suis d’accord des deux mains. Comment pourrait-il en être autrement ? Depuis des lustres, je baroude dans mon petit coin pourdeshumanisation_royo-jjcom_620.1217511044.jpg qu’on arrête de toute urgence la politique de déshumanisation de la police française.

Sans résultat.

Mais il peut en être différemment en Belgique. Ce pays est devenu aux yeux de nombreux français un espace de liberté (pas seulement sur le plan fiscal). La démocratie que la France a  été – il y a bien longtemps. Gageons qu’un homme de poids comme le commissaire Wuyts saura se faire entendre des autorités de son pays – et se faire comprendre de tout à chacun.

 ___________

* Sauf erreur de ma part, EUPOL s’inscrit dans le cadre de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) décidée par le traité de Nice, en 2001, qui comprend des opérations militaires (Bosnie-Herzégovine, Tchad…) et des opérations civiles, dont EUPOL (Afghanistan, Kinshasa…).

La DCRI et le fichier EDVIGE

Il y a quelques semaines, la DCRI a officiellement vu le jour. On nous a dit alors que la France allait se doter d’un grand service de renseignement qui remplacerait à la fois le service de contre-espionnage (la DST) et la direction centrale des renseignements généraux (DCRG).

singe_terresacreeorg.1216822357.jpgST et RG sont assez mal connus du grand public – et même de la presse.

Ce qui est d’ailleurs normal, puisque la ST était un service secret et les RG un service qui nous « faisait » des  secrets.

Ces deux directions de la police nationale se sont parfois trouvées en doublon sur des affaires de terrorisme, mais de fait, elles n’ont jamais été réellement concurrentielles. On peut même dire qu’elles étaient complémentaires.

La première était un service de police judiciaire (à compétence nationale) chargé de lutter contre l’espionnage et l’ingérence de pays étrangers. La seconde avait pour mission de renseigner le gouvernement (quel qu’il soit) sur la «société française». Ainsi, le professeur d’une école de police définissait les RG comme le baromètre du pays.

Plus récemment, on avait rajouté à leur palette la lutte contre le terrorisme.

On voit bien que les deux missions de base de ces directions étaient complètement différentes. Alors qu’en sera-t-il de la DCRI ?

On croit comprendre que la mission RG est dévolue aux policiers de sécurité publique (les commissariats) et que le nouveau service levalloisien va s’occuper de tout le reste. Sauf sur le ressort de la préfecture de police de Paris, où rien ne change (du moins sur le papier).

C’est énorme : 4000 policiers dotés de moyens considérables vont demain agir (pour la plupart) sous la protection du « secret défense ». Un domaine où la justice ne peut pas mettre son nez, sauf à obtenir l’accord du Premier ministre. Ce qui est assez rare.

4000 policiers sous l’autorité d’un préfet qui possède une ligne directe avec l’Elysée.

Une partie de la presse a claironné en annonçant un FBI à la française. C’est évidement une… bêtise. Le FBI est un service fédéral de police judiciaire – et – de renseignement. Placé sous l’autorité du département fbiseal.1216823767.pngde la Justice des Etats-Unis, il traite les enlèvements, le crime organisé, la criminalité financière, la lutte contre le terrorisme et les renseignements généraux. À noter que pour l’accomplissement de toutes ces missions (et pour un pays gigantesque par rapport au nôtre), ses agents actifs sont au nombre de 10 à 12.000.

Les flics américains seraient-ils meilleurs que les flics français ?

Concomitamment à cette création, par un décret du 1er juillet 2008, le gouvernement a donné à la DCRI un outil impressionnant : EDVIGE.

On fera abstraction de cet acronyme en forme de clin d’œil (exploitation documentaire et valorisation de l’information générale) pour s’interroger. Passant outre à l’avis de la CNIL, dans ce nouveau fichier, on a tout mélangé : les politiciens, les syndicalistes, les journalistes, les artistes, les homosexuels, les croyants, etc.

Il faut bien reconnaître que cette liste à la Prévert ne correspond àjesigne.1216822485.png aucune mission de police telle qu’on la conçoit dans une démocratie. Ce fichier n’a aucun objectif autre que celui de ficher la population française. La question est donc la suivante : Au nom de la sécurité, sommes-nous d’accord ?

Je n’ai pas lu de sondages sur ce sujet. Il est vrai que la presse a peu réagi, les hommes politiques non plus. Mais, peu à peu, la blogosphère s’est mise en marche. Et en une douzaine de jours, une pétition lancée sur Internet a recueilli plus de 45.000 signatures (Voir la pétition sur la Ligue des droits de l’Homme). Et je dois avouer que je ne sais pas quoi faire…

Avec ces 4000 policiers agissant sous le sceau du secret, avec ce fichier, avec les techniques modernes, d’écoute, de surveillance, de localisation…, le DCRI va devenir un outil « sécuritaire » à la  pointe de la technologie – et un peu effrayant.

Le progrès technique, disait Albert Einstein, est comme une hache qu’on aurait mis dans les mains d’un psychopathe.

Prenons garde que cet outil ne se retourne contre nous, ça serait «hachement» grave.

 

La munition 9 mm. para est-elle adaptée à la police ?

Il y a plus d’un an, je posais la question : Le pistolet Sig Sauer est-il adapté à la police ? Cette page a été la plus lue de ce blog (au 30 juin 2008 : 129 articles, 262 commentaires et 133.000 visiteurs).

Nombre de lecteurs de cet article sont des policiers. Il est d’ailleurscowboy_gillesbozecchezalicefr.1214907571.jpg normal qu’ils se posent cette question, car il s’agit de l’arme actuellement en dotation (jusqu’en 2020 d’après Raphaels, un commentateur). Et aucun flic, lorsqu’il touche son arme, ne reste indifférent. Il en tire souvent un sentiment de force (qu’il doit maîtriser) et aussi la prise de conscience de ses nouvelles responsabilités. Pour la société, c’est évidemment un symptôme de défaillance : dans un monde idéal, les policiers ne seraient pas armés.

Voici un raccourci des principaux commentaires enregistrés :

– Jmdesp : « Arme de guerre pas adaptée à la police ».

– Flic de terrain : « Le sig est excellent, c’est une arme parfaite ».

– Kissoulka (commissaire) : « L’arme de service n’est pas systématiquement nécessaire ».

– Katz : « Le 9mm parabellum avec ogive blindée est inadapté à un usage police ».

– Phil (dans la police depuis 1979) : « C’est la quatrième arme de poing qui m’est attribuée… Le Sig est une bonne arme, précise, légère et rassurante […] elle n’est pas adaptée aux gauchers. »

– Max (service spécialisé) : « Je me sens bien plus à l’aise avec mon tonfa plutôt qu’avec mon Sig – ça fait mal, voire très mal, mais ça ne tue pas. »

– Flic de terrain : « Ceux qui pensent que les policiers ne doivent pas être armés ce sont ceux qui restent planqués derrière leur bureau. »

– Michel (pas flic) : « Aucune arme n’est mortelle dans les mains de celui qui ne veut pas tuer, mais qui a appris à la neutraliser. »

– Marie (fliquette) : « Il faudrait qu’un policier puisse s’entraîner au moins une fois par mois… mais on n’en est loin. »

– Martin : « Il serait plus judicieux d’équiper certains flics tout simplement du Bescherelle. »

– STF : « Ce choix de munitions est sans doute une idée de l’administration qui nous fournit une arme puissante et des munitions bof.

 

Rappelons que la législation française classe le Sig Sauer en arme de guerre. Et l’on peut se demander s’il est normal de doter les fonctionnaires de police, des gardiens de la paix (au sens large) d’armes de guerre… On peut également se demander quel technocrate a mouliné cette classification en 8 catégories où l’on trouve pêle-mêle le matériel militaire, les lunettes de vision nocturne ou… le lance-pierre. Sauf erreur de ma part (car cela change souvent) c’est aujourd’hui un décret du 23 novembre 2005 qui règlemente le régime des « matériels de guerre, armes et munitions ».

Un exemple récent nous a rappelé que policiers et gendarmes n’étaient pas à égalité quant à l’usage de l’arme. Le policier ne peut ouvrir le feu que dans les situations de légitime défense de soi-même ou d’autrui tandis que l’action d’un gendarme est visée par le décret du 22 juillet 1943, à la rédaction toutefois assez ambiguë : « Les officiers, gradés et gendarmes ne peuvent, en l’absence de l’autorité judiciaire ou administrative, déployer la force armée que […] lorsque des violences ou voies de fait sont exercées contre eux ou lorsqu’ils sont menacés par des individus armés […] Lorsque des personnes invitées à s’arrêter par des appels répétés […] cherchent à échapper à leur garde… » Toutefois, la jurisprudence est de plus en plus restrictive pour les gendarmes. Ce décret, par exemple, ne s’appliquerait pas aux gendarmes en civil effectuant une mission de police judiciaire (Crim. 16 janvier 1996).

 

Si le Sig fait presque l’unanimité, ce n’est pas le cas pour la munition utilisée, le 9 mm parabellum. Nombre de commentateurs estiment qu’il s’agit d’une munition de guerre (donc faite pour tuer un ennemi), alors que la mission du policier est de neutraliser un individu dangereux – si possible sans le tuer. C’est d’ailleurs la justification à l’affectation d’armes dites non létales.

N’étant pas un technicien, j’ai cherché à me documenter. Si j’ai bien compris, l’efficacité d’un projectile répond à deux critères de base :

– Son poids, exprimé en grains aux États-Unis et en grammes en Europe (1 grain = 0.0648 gramme) : Plus le projectile est lourd, plus il faut de force pour le pousser et plus la puissance sera importante.

– Sa vitesse initiale : C’est la vitesse à la sortie du canon. Elle est exprimée en mètres/seconde.

Voici un tableau des cartouches pour armes de poing. Il provient du site La grande armurerie :

 

calibre

type de balle

poids de balle

vitesse m/s

énergie en joules

* 6.35 Browning (25 A.C.P.)

blindée

3.2

255

104

* 7.65 Browning (32 A.C.P.)

blindée

4.7

305

215

° 38 Spécial wadcutter

wadcutter

9.6

225

240

° 38 Spécial

1/2 blindée

10.2

266

287

° 357 magnum

1/2 blindée

10.2

445

1010

* 380 A.C.P (9 mm court)

blindée

6

291

254

* 9 mm Makarov (9 X 18)

blindée

6

310

300

* 9 mm parabellum ( 9 X 21)

blindée

8

340

450

* 40 Smith & Wesson

blindée

11

320

520

° 44-40

plomb tronqué

13

300

500

° 44 spécial

plomb tête ronde

15

230

366

° 44 magnum

1/2 blindée

15

360

1100

* 45 A.C.P.

blindée

15

260

500

° 45 long Colt

plomb tête ronde

15

270

570

° 454 Casull

1/2 blindée

19

495

2377

* 50 Action express

1/2 blindée

19

421

1719

* principalement pour pistolets semi-auto. ° principalement pour revolvers

 

Ces deux critères (vitesse et poids) déterminent :

– La réaction au choc (le déplacement de la cible lors de l’impact) qui est le rapport simple du poids par la vitesse.

– L’énergie cinétique au point d’impact (c’est le pouvoir de destruction) qui elle varie en fonction du carré de la vitesse et du poids du projectile.

Ce qui veut dire qu’un projectile qui traverse une cible n’utilise pas toute son énergie : son pouvoir d’arrêt est donc moins important.

C’est le cas de la 9 mm. para blindée.

Voici un croquis qui se passe de commentaires. Il a été pris sur le site chasse-tir.ifrance :

 

Effet d’un projectile blindé

Effet d’un projectile à tête creuse

effet1.1214906838.gif

effet2.1214906947.gif

 

 

Sur le même site on trouve également ce tableau simplifié des projectiles les plus courants :

 


proj1.1214907097.gif

proj2.1214907129.gif

proj3.1214907154.gif

proj4.1214907180.gif

proj5.1214907202.gif

type de projectile

balle blindée

balle demi blindée

balle tête creuse

balle plomb

balle wad-cutter

perforation

5/5

3/5

1/5

1/5

1/5

neutralisation

2/5

4/5

5/5

2,5/5

2/5

expansion de la balle

0/5

3,5/5

5/5

2/5

2/5

 

Peut-on en déduire que la munition 9 mm. para n’est pas adaptée à la police. Je le crois, du moins lorsqu’elle est chemisée (balles blindées). D’abord, elle n’utilise pas toute son énergie pour neutraliser un individu (ce qui est le but recherché), et ensuite elle augmente le risque de « balles perdues » ou de ricochets, donc de bavures.

Alors, quelles balles faudrait-il utiliser ? Franchement, je n’ai aucune compétence pour répondre à cette question. Peut-être une ogive semi-blindée serait-elle plus efficace et moins dangereuse…

Certains policiers rétorquent qu’une balle perforante permet de stopper un véhicule en mouvement ou traverser un gilet pare-balles…

Je me suis occupé longtemps de la lutte contre le grand banditisme et j’ai donc participé à de nombreuses arrestations disons… mouvementées. Je n’ai jamais vu (sauf au cinéma) un policier se placer face à une voiture qui vient sur lui pour tenter de l’arrêter (seul cas possible de légitime défense). Et, dans les rares cas où des truands portaient un gilet, je n’ai jamais vu une balle de 38, de 357 ou de 9 mm. le traverser (ce qui ne veut pas dire que c’est impossible).

Pour pallier l’insuffisance de l’administration, certains collègues, à l’époque, garnissaient leur arme de munitions différentes plus ou moins adaptées àplume_fond-ecran-imagecom.1214907928.jpg l’intervention envisagée (pas très réglo). La solution est peut-être là ! À défaut d’avoir une arme pour chaque situation, on pourrait peut-être envisager une munition adaptée aux missions…

Je laisse le mot de la fin à STF, qui dans son commentaire nous dit : « Le stylo restera de toute façon notre meilleure arme. »

 

Déshabillez-vous !

De plus en plus fréquemment, certains policiers font dévêtir entièrement les personnes placées en garde à vue pour effectuer ce qu’il est convenu d’appeler une « fouille intime ». Interrogés par l’IGS, à la suite d’une telle pratique, plusieurs policiers ont répondu (Le Monde du 14 juin 2008) : « […] Il y a des habitudes dans les commissariats. »

On m’a rapporté le cas d’un homme soupçonné d’attouchements surtortures-irak2.1213627816.jpg des mineurs (faits qui se sont révélés faux) interrogé entièrement nu pendant des heures par un capitaine de police de sexe féminin.

Même si la comparaison est exagérée, de telles pratiques font penser aux procédés utilisés par certains militaires américains au début de la guerre en Irak. Les photos qui ont été publiées à l’époque ont révolté l’opinion publique.

Que nous dit le Code de procédure pénale ? Art. 63-5 : « Lorsqu’il est indispensable pour les nécessités de l’enquête de procéder à des investigations corporelles internes sur une personne gardée à vue, celles-ci ne peuvent être réalisées que par un médecin requis à cet effet. »

C’est clair, net et… sans bavure.

La loi accorde à l’officier de police judiciaire d’importants pouvoirs qui touchent à nos libertés individuelles, mais du même coup, il a des devoirs – dont celui d’agir dans le cadre précis des textes.

toutnuchoopsbdfreefr.1213627938.jpgEn revanche, dans l’enceinte des prisons, le principe de la fouille intime a été reconnu implicitement par la Cour européenne des droits de l’Homme dans un jugement rendu récemment – et qui pourtant condamnait la France.

Max Frérot, un membre d’action directe incarcéré à Lannemezan (Hautes-Pyrénées), s’était plaint devant la Cour européenne de fouilles répétées au cours desquelles il était contraint de se mette entièrement nu. Les juges de Strasbourg ont estimé que de telles fouilles n’étaient pas contraires « en soi » à la Convention européenne des droits de l’Homme, même si le détenu était contraint de se dévêtir devant autrui, de se pencher en avant et de tousser, pour une inspection anale visuelle. Mais en revanche, elle a trouvé que la répétition de telles scènes pouvait être considérée comme un traitement dégradant. La France a été condamnée à verser à Max Frérot 12.000 € pour dommage moral.

Un esprit espiègle, près de moi, m’a soufflé que maintenant que lesphilippedum-en-gav_ptitcomiqueblogpot.1213628109.jpg gardes à vue sont filmées, on risque de voir naître un trafic de dvd plus ou moins porno…

Qu’on se rassure ! Seuls les actes qui correspondent à des procès-verbaux se déroulent devant la caméra.

Durant ma carrière, je n’ai jamais vu de telles pratiques. Il s’agit donc d’un comportement relativement récent qui, dans certains locaux de police semblent hélas devenir une habitude.

Lorsqu’on a la chance de pratiquer un tel métier, on ne devrait pas laisser quelques simplets l’éclabousser de leur bêtise.

PERS, un nouveau fichier

Dans pratiquement tous les pays, les techniques modernes incitent les gouvernements au fichage systématique des informations concernant notre vie privée. Rapprochements, recoupements, statistiques, etc., sont automatisés. Ainsi, chaque jour, au nom de l’efficacité, notre intimité est violentée.

lenfant_perso.1213282741.jpgEt l’on s’habitue. Certes, on peut toujours se dire qu’on n’a rien à se reprocher et que finalement ce flicage est le prix à payer pour une justice… disons égalitariste. D’abord, on sait que c’est faux, et ensuite… désire-t-on vraiment une telle vie ?

« Une justice infaillible et sûre, une justice qui lirait dans les consciences, une justice telle que le châtiment suivrait infailliblement la faute, y a-t-il un homme, un seul, qui la désire au fond de son cœur ? » Cette citation de Rémy de Gourmont, vieille de plus d’un siècle, devrait nous faire réfléchir.

Un exemple. Dans l’indifférence générale, un arrêté du 17 janvier 2008 a entériné la mise en service d’un nouveau fichier, dénommé PERS.

Voici grosso modo ce que nous dit ce texte :

Art.1 – Le traitement des données personnelles dénommé PERS est mis en œuvre par la direction générale des impôts […]

Art.2 – Le traitement assure, au plan national, la gestion des informations d’identification concernant les personnes physiques ou professionnelles […]

Art.3 – La base nationale est mise à jour par […] les agents de la direction générale des impôts et de la direction générale de la comptabilité publique ou (c’est moi qui souligne) communiqués par l’Institut de la statistique et des études économiques (INSEE).

Art.4 – (je résume) Les données à caractère personnel traitées sont les suivantes : nom, prénoms, titre, sexe, date et lieu de naissance, adresses, date du décès, type de décès, numéro séquentiel d’identification, numéro de téléphone, de télécopie, adresse de messagerie électronique, etc.

Dans une étude intitulée COBOL (ou la cinématique de fichiers), l’ Université de Nantes donne des exemples (théoriques, va sans dire) de recoupements de fichiers.

« On dispose d’un fichier PERS de personnes décrites par leur numéro d’INSEE, leur nom et leur âge. Il est trié selon le numéro d’INSEE, qui constitue une clé. On dispose par ailleurs d’un fichier AUTO de véhicules, chacun décrit par le numéro INSEE du propriétaire et le numéro d’immatriculation de la voiture. Il est trié sur le couple (numéro INSEE, numéro d’immatriculation) qui constitue une clé. »

On peut ainsi obtenir la liste des personnes qui possèdent au moins un véhicule, mais qui ne sont pas répertoriées dans le fichier PERS. Et l’informatique va automatiquement les pointer en situation irrégulière.

On peut également déterminer, le nombre de personnes de plus de 70 ans qui possèdent une voiture, le nombre de femmes, de jeunes, etc.

L’exemple ne concerne que le fichier AUTO. Imaginons les renseignements que l’on pourrait obtenir en croisant le fichier PERS avec d’autres fichiers… On pourrait ainsi (mais la loi ne l’autorise pas) détecter les automobilistes susceptibles de commettre des imprudences au volant en fonction de certaines caractéristiques génétiques. Etcetera.

Le bébé naît. Le papa va à la mairie pour le déclarer. Avec amour sans doute, les parents ont choisi un joli prénom. Trop tard ! Il possède déjà, un patronyme composé de quinze chiffres. Ce qu’on appelle le numéro de sécurité sociale, qui est en fait le numéro d’identification des personnes (NIR) – et qu’en d’autres temps, moins hypocrites, ont appelait « le numéro de français ».

Voici la signification de ces chiffres mystérieux dans un tableau recueilli sur Wikipédia.

Cas

Positions

Signification

Valeurs possibles

Tous

1

sexe : 1 pour les hommes, 2 pour les femmes [1]

1 ou 2

2 et 3

deux derniers chiffres de l’année de naissance (ce qui donne l’année à un siècle près)

de 00 à 99

4 et 5

mois de naissance

de 01 à 12, ou 20 [2]

A

6 et 7

département de naissance métropolitain (2A ou 2B pour la Corse) [3]

de 01 à 95

8, 9 et 10

numéro d’ordre de la commune de naissance dans le département [3] [4]

de 001 à 989, ou 990 [2]

B

6, 7 à 8

département de naissance en outre-mer [3]

de 970 à 989

9 et 10

numéro d’ordre de la commune de naissance dans le département [3] [4]

de 01 à 89, ou 90 [2]

C

6 et 7

naissance hors de France [3]

99

8, 9 et 10

identifiant du pays de naissance [3]

de 001 à 989, ou 990 [2]

Tous

11, 12 et 13

numéro d’ordre de l’acte de naissance dans le mois et la commune (ou le pays) [4]

de 001 à 999

14 et 15

clé de contrôle modulo 97 [5]

de 01 à 97

 

On devrait quand même se méfier. Cette idée a germé dans la tête d’un polytechnicien, le contrôleur général des armées René Carmille, pour recenser les français en vue d’une mobilisation générale (et secrète) afin de libérer le pays de l’envahisseur. C’était en 1941, la France était occupée. Mais on dit que plus tard, cette codification fut reprise pour recenser les juifs, les musulmans… Comme quoi la meilleure idée du monde…

Pour en revenir au fichier PERS, dans l’article 4 de l’arrêté susmentionné (il s’agit des clés d’accès au fichier), on parle d’un mystérieux « numéro séquentiel d’identification ».

Je suppose qu’il s’agit du numéro de sécurité sociale, complété peut-être d’autres chiffres cabalistiques. Or, notre bon vieux numéro de sécu constitue une base de données phénoménale qui fait languir d’envies plein de gens plus ou moins bien intentionnés.

L’exemple le plus récent remonte à une petite année, lorsque notre chercrocodile_gif-anime-org.1213281588.gif président Sarkozy a envisagé de prélever nos impôts chaque mois, sur la feuille de paie (idée tombée à la trappe). Les banques ont dit d’accord pour assurer la gestion – à condition de pouvoir utiliser l’identifiant sécu.

J’ai quand même cherché si ce numéro séquentiel d’identification avait déjà été utilisé, et j’ai trouvé.

C’est un système international employé pour marquer les peaux de crocodiles, afin d’éviter le braconnage, pour sauver une espèce menacée.

Vous avez dit une espèce menacée…

 

 

Libertad

Contraintes, obligations, interdictions…, les mesures s’enchaînent et réduisent au fil des jours notre liberté d’aller, de venir, de faire ou de ne pas faire, de dire, d’écrire et bientôt (je n’ose y penser) de penser.

C’est pour notre bien, pour notre sécurité, pour notre santé… Français,la-biometrie_biometricsysteme.1210949326.jpeg on sait ce qui est bon pour vous ! Restez sages, soyez tranquilles, « Nous », on va faire votre bonheur.

Il y a quelques jours, le gouvernement a décidé la mise en place prochaine du passeport biométrique. Enfin, je veux dire du passeport tout court, car au dernier moment, on a supprimé le « biométrique » qui avait un petit côté angoissant. Donc, pour confectionner ce passeport, on va numériser une foule d’informations nous concernant (identité, photos, empreintes digitales, etc.) Tout cela sera enregistré sur une carte à puce et dans une base de données.

La CNIL (commission nationale de l’informatique et des libertés) a donné un avis très réservé sur ce passeport. Elle s’étonne que les mesures retenues soient largement surdimensionnées par rapport aux exigences du règlement du Conseil européen du 13 décembre 2004. À mots pesés, elle s’interroge notamment sur la raison qui pousse le gouvernement à enregistrer les empreintes digitales de huit doigts (alors que le conseil en demande deux) et à conserver toutes les données dans un système baptisé DELPHINE « qui pourrait constituer, dit la CNIL, la première base centralisée de données biométriques à finalité administrative portant sur des ressortissants français. »

enqueteur.1210948320.jpgCette base de données n’est absolument pas envisagée par le Conseil Européen. On peut même se demander si ses juristes n’y verraient pas une atteinte aux libertés individuelles… En Allemagne, par exemple, les données seront uniquement enregistrées sur le support électronique, autrement dit la puce intégrée au passeport, ledit passeport se trouvant dans la poche du titulaire.

Ils sont timorés ces Allemands !

Mais qu’on se rassure ! Ce nouveau fichier (puisqu’il faut appeler un chat un chat) ne sera pas croisé avec le JUDEX de la gendarmerie qui doit prochainement fusionner avec le STIC de la police, ni avec le fichier de la DST, qui prochainement va fusionner avec celui des RG, ni… etcetera.

Alex Türk, le président de la CNIL a déclaré (Le Monde du 6 mai 2008) : grenouille_collectiftramwayfreefr.1210949140.jpg« Une grenouille plongée dans l’eau bouillante va tenter d’en sortir le plus rapidement possible, mais si vous la mettez dans une eau froide, dont vous faites monter progressivement la température, elle n’a aucune réaction. »

Lorsqu’elle saute sur le chiffon rouge qu’on agite devant son nez, la grenouille sait-elle qu’elle va mourir ?

Une histoire de patates

Je ne résiste pas au plaisir de raconter cette jolie fable qui circule sur le net et qu’un ami m’a rapportée.

Un vieil arabe vit depuis 40 ans aux Etats-Unis. Il possède un petit jardinle-laboureur_momesnet.1209539925.jpg dans lequel il voudrait bien planter des pommes de terre, mais il ne se sent pas assez costaud pour retourner la terre.

Il envoie un mail à son fils, étudiant à Paris :
Cher Ahmed,
Je suis triste car j’aimerais planter des pommes de terre dans mon jardin, mais je n’ai pas la force. Si tu étais ici, tu pourrais m’aider à bêcher…
Ton père qui t’aime, Jamil.

Le lendemain, le vieil homme reçoit un mail de son fils :
Cher père,
Surtout, ne touche pas au jardin ! J’y ai caché ce que tu sais.
Moi aussi, je t’aime.
Ton fils, Ahmed.

Au petit matin, le FBI, la CIA, les marines, etc., débarquent chez le vieil homme. Pendant des heures, ils fouillent le jardin millimètre par millimètre, avant de se résigner : il n’y a rien. Ils repartent bredouilles.

Quelques heures plus tard, Ahmed expédie un nouveau mail à son père:
Cher père,
Je suis certain que la terre de ton jardin est désormais retournée et que tu peux y planter des pommes de terre…
Ton fils qui t’aime, Ahmed.

« Older posts Newer posts »

© 2025 POLICEtcetera

Theme by Anders NorenUp ↑