Alors que le président de la République s’est personnellement engagé dans la campagne pour les Régionales sur le thème affiché de la sécurité, il est évident qu’une manif de poulets prend une importance
particulière. D’autant que c’est un événement assez rare, tant il est difficile pour un policier de descendre dans la rue. Avec le risque non négligeable que cela soit considéré comme « un mouvement d’indiscipline collectif », comme il est fait mention dans la loi relative au statut spécial des personnels de police (loi du 28 septembre 1948 qui a supprimé le droit de grève aux policiers). Ainsi, en 1983, sept policiers ont été suspendus et deux responsables syndicaux carrément révoqués pour « participation à un acte collectif contraire à l’ordre public ». Il s’agissait en l’occurrence d’un rassemblement devant la Chancellerie.
Si certains s’imaginent que les policiers sont un peu les chouchous du pouvoir, ils se trompent. Même s’ils ont obtenu des avantages appréciables lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur, ces temps sont révolus. Aujourd’hui, comme les autres fonctionnaires, ils paient un lourd tribut au plan de réduction des dépenses publiques, et comme tout le monde, ils sont en proie à cette culture mathématique du résultat qui a envahi notre pays.
Lorsque d’une même voix, les flics de terrain dénoncent la politique du chiffre qui les éloigne de plus en plus du métier qu’ils ont choisi, il faut les écouter. Lorsqu’on leur demande, par exemple, d’augmenter le nombre d’affaires élucidées, c’est un peu comme si on exigeait d’un conducteur de bus de faire un trajet supplémentaire durant son temps de travail. On imagine le chauffeur, le pied sur l’accélérateur… Et les accidents, quasi obligatoires. Eh bien on en est là.
Si on relève tant de dysfonctionnements dans la police, c’est en grande partie en raison de cette pression permanente qui écrase le gardien de la paix dès sa prise de service. Ce n’est pas la seule raison. Le manque d’encadrement en est une autre, conséquence directe d’un recrutement qui se fait essentiellement en bas de la grille indiciaire. Du coup, le nombre des officiers diminuent chaque année, quant aux commissaires, c’est une espèce en voie de disparition.
Et dans ces conditions, alors que ce métier nécessite des nerfs solides et pas mal de flegme, on rencontre de plus en plus souvent des hommes et des femmes stressés, mécontents du rôle qu’on leur fait tenir et qui, à la moindre anicroche, s’énervent et perdent leur sang-froid. Et bien sûr, comme ils représentent la loi, la vindicte populaire leur tombe dessus. Et plus on les montre du doigt, plus ils se sentent marginalisés. On n’en sort pas.
Il serait grand temps de redonner un peu de noblesse à ce métier. Et ceux qui doutent
de leur mission première devraient relire le Règlement général d’emploi de la police nationale (arrêté ministériel du 6 juin 2006) : Art. 113-2. – Les fonctionnaires actifs de la police nationale sont loyaux envers les institutions républicaines. Ils sont intègres et impartiaux. Ils ne se départissent de leur dignité en aucune circonstance. Placés au service du public, ils se comportent envers celui-ci d’une manière exemplaire. Ils portent une attention toute particulière aux victimes, conformément à la teneur de la charte dite « de l’accueil du public et de l’assistance aux victimes ».
J’ai été fier d’être policier. Mais franchement, dans les conditions actuelles, si aujourd’hui j’étais à un âge où l’on démarre une carrière professionnelle, pas sûr que je choisisse ce métier-là.
à celui ou à celle qui accepte de prendre des risques, il pourrait devenir un élément solide de notre système judiciaire.
évasion. Il vise les personnes qui procurent à un détenu « tout moyen de se soustraire à la garde à laquelle il est soumis ». Mais cela ne semble pas le cas ici.
qui aurait été la sienne si cette disposition n’avait pas été méconnue.
sécurité, avis à un proche, enregistrement audiovisuel, registre, procès-verbaux, photos, empreintes, Adn, organisation des repas, temps de repos, cellules, problèmes de place… Le tout en poursuivant l’enquête : auditions, confrontations, tapissages, perquisitions, arrestations de complices… Et les heures qui tournent… Confection des scellés, mise en état de la procédure, la signature qui manque, la pièce égarée, le magistrat qui piaffe… Et à la finale cette GAV qui aurait pu se limiter à quelques heures va durer 24 ou 48 heures. 
