Canal+ diffuse une nouvelle série policière qui cherche à retracer l’activité de la BRI de Versailles. Dès le premier épisode, sur twitter, les connaisseurs ont manifesté leur irritation devant des images si éloignées de la réalité. Le Monde s’est pourtant fendu d’un article et d’une interview, très copain-copain, avec le réalisateur et scénariste, Jérémie Guez. On y découvre, au détour d’une question, que la BRI serait le bras armé de la brigade criminelle (!). Et le réalisateur de nous expliquer qu’il a choisi de faire vivre une BRI afin « d’échapper à la représentation de la police comme une entité sociale et de ne victimiser personne, ni les policiers ni les gens qu’ils traquent ».
Bon ! Personnellement, je ne peux pas vous donner mon avis sur « BRI ». Au bout d’un quart d’heure, j’ai zappé, pour la bonne raison que je ne parvenais pas à comprendre ce qu’il se disait. De quoi qu’on cause ? Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les jeunes comédiens français parlent à la vitesse d’une kalachnikov. On a l’impression qu’ils ont la pétoche d’oublier leur texte. Ou alors, c’est pour faire vrai. Pourtant, le talent d’un acteur, et d’un réalisateur, ce n’est pas de copier la réalité, mais de jouer la comédie, afin de rendre la fiction réaliste : nous faire croire que c’est vrai, quoi ! Personne dans la vie ne parle comme Audiard, et pourtant… Enfin, je dis ça parce que je suis un vieux con. Peut-être les jeunes parviennent-ils à capter les dialogues, mais moi, j’y comprends que dalle. J’ai même cherché pour voir s’il n’y avait pas des sous-titres en français… Dommage, car les vieux cons aussi regardent la télé !
Alors, à défaut de la série, je peux vous parler des BRI et de la PJ de Versailles.
La première BRI, celle de Paris, date du milieu des années 1960. Elle a longtemps été la seule. Une dizaine d’années plus tard, alors que je dirigeais le GRB (groupe de répression de banditisme) du SRPJ de Versailles, j’ai tenté d’en créer une. « Pas question de concurrencer la PP », m’a rétorqué le taulier ! Alors, entre nous, en catimini, au GRB, on a créé un GRI (groupe de recherche et d’intervention), surnommé le grigri. Pas d’arrêté de création du ministre, mais ça ne marchait pas si mal. C’est sans doute pour ça qu’en 1978, on est venu me chercher pour créer la BRI de Nice.
Pour mémoire, la première BRI de province fut celle de Lyon – alors que Raymond Barre était Premier ministre – et la seconde, celle de Nice, alors que le maire Jacques Médecin faisait pas mal de fumée. La presse commençait à s’interroger sur ses relations avec le mafioso Jean-Dominique Fratoni, cela en pleine guerre des casinos. Laquelle se termina peu ou prou par la disparition « définitive » d’Agnès Le Roux, l’héritière du Palais de la Méditerranée. Une disparition considérée comme un meurtre pour laquelle son amant, Maurice Agnelet, a été condamné à l’issue d’une salade niçoise juridique.
La BRI de Versailles date de 2008, c’est une émanation, comme les autres BRI créées cette année-là, de feu les brigades régionales d’enquête et de coordination (BREC).
Initialement, les BRI étaient destinées à lutter contre le banditisme armé. Celles de province étaient d’ailleurs rattachées indirectement à l’Office central pour la répression du banditisme (aujourd’hui à l’OCLCO, pour office central de lutte contre le crime organisé). Leurs missions ont considérablement évolué, leurs moyens et leur armement aussi. Dans le domaine de la police judiciaire, les BRI ne sont pas le bras armé des brigades criminelles, elles sont chargées « de la recherche, de l’identification, de la surveillance et de l’interpellation des auteurs et complices de crimes et délit relevant de la compétence de l’office », autrement dit le crime organisé. Mais à la demande, elles peuvent intervenir pour apporter leur compétence à d’autres services.
Moi, je vous parle d’un temps où, à la BRI, nous avions juste un calibre à la ceinture : pas de fusil, pas de HK, pas de grenade, pas de gilet pare-balles, pas de casque, pas de cagoule… et pas beaucoup de sous. Mais on avait un truc qui semble-t-il n’existe plus : l’autonomie.
C’étaient les années folles de la PJ. Un peu de nostalgie ne saurait nuire…
..sauf que la BRI PP de la grande époque appartient maintenant à un passé révolu (je partage votre nostalgie M. Moreas)..et que se juxtaposent au sein de cette unité 2 métiers très différents, la recherche du flag, son métier historique, et l’inter…qui a valu à ce service, au moins pendant une période, l’arrivée en « masse » de golgoths plus attirés par le « prestige » de l’uniforme d’inter et des fusils d’assaut, que par les joies de la planque, de la filoche et du traitement de sources…
Je ne sais trop ce qu’il en est maintenant, mais le look des membres de cette unité lors de cérémonies, très typé FS ( çà va les chevilles les gars?) est symptomatique d’une évolution que je suis tenté de qualifier de « dérive » militaro policière..:-) même si, 13 novembre oblige, il y a une certaine logique à l’oeuvre..
Je serais curieux de voir le niveau actuel des gars de la BRI PP en filoches voitures, domaine où ils jouissaient à une époque d’une réputation exceptionnelle..( Pour la filoche piétons de gros niveau, çà se passait plutôt côté BRB et BSP)
Mais bon…
Bonjour Mr Moréas,
-Je n’ai pas encore regardé cette série mais je vous rejoins sur la difficulté à comprendre les dialogues de nos jours (vitesse, mauvaise articulation, musique couvrant les voix…).
-Pour la BRI:
Il me semblait qu’elles avaient pour but de faire du « flag ».
Ils identifiaient des groupes ou individus (via du renseignements, tontons etc…) puis les suivaient afin de les alpaguer au moment de leurs passages à l’action.
Et c’était la BRB qui se focalisait sur le crime organisé (enquête à long terme sur des groupes criminels).
Merci pour votre blog.