En Allemagne, la sortie du film sur la bande à Baader a provoqué des polémiques. Pas chez nous. Pourtant le terrorisme des années 70 ne connaissait pas de frontières… Alors, Andréas Baader est-il une icône de la lutte révolutionnaire ou pas ? D’après Cohn-Bendit, Jean-Paul Sartre aurait dit de lui : « Quel con !… »
Dans une interview au Nouvel Observateur (ici), l’ancien soixante-huitard a ajouté : « Ce film à grand spectacle n’apporte rien, n’explique rien sur les années 70… »
N’empêche qu’en Allemagne, il fait un carton.
La Fraction armée révolutionnaire (RAF) est née officiellement en avril 1968. Le mouvement étudiant qui secoue alors un certain nombre de pays occidentaux semble trouver son origine de l’autre côté de l’Atlantique, dans le refus de la guerre du Vietnam. Mais en Allemagne, un élément plus ambigu couve dans la jeunesse : un jugement sans appel sur le comportement des ainés durant la période nazie. Une sorte de règlement de comptes entre deux générations. C’est cette logique qui mènera, en 1977, à l’enlèvement puis à l’assassinat du président du patronat allemand, Hanns-Martin Schleyer, officier SS durant la guerre.
À cette époque (ici), je me souviens, on distribuait aux policiers de petites fiches cartonnées avec le nom et la photo de chacun des membres de la bande à Baader, des Brigades rouges ou d’Action directe. Mais en dehors de quelques services spécialisés, nous n’étions pas concernés. Honnêtement, tout cela nous passait au-dessus de la tête. Sauf en septembre 1977, où pour retrouver Klaus Croissant (l’avocat de la RAF), réfugié en France, on mobilise beaucoup de monde. Arrêté, il demande l’asile politique. Les intellectuels français, entraînés par Jean-Paul Sartre et Michel Foucault mènent alors campagne (notamment dans Le Monde) pour éviter son extradition. Vainement. Il est reconduit à la frontière. Condamné à 2 ans ½ de prison, à sa libération, il gagne la RDA où il devint, dit-on, un agent actif des services secrets de l’Allemagne communiste. Ses amis ne lui pardonneront jamais.
Même si certains protagonistes sont encore de ce monde, qu’on le veuille ou non, l’action terroriste menée par la bande à Baader fait déjà partie de notre histoire. Et si ce film privilégie le spectaculaire à la réflexion, comme le pense Cohn-Bendit, il a au moins le mérite de nous rappeler une époque trop vite oubliée. Car de fait, la RAF a annoncé officiellement sa dissolution, et l’arrêt de la lutte armée, il y a seulement une dizaine d’années. Et le 24 octobre 2007, pour la première fois, lors d’une cérémonie officielle, l’Allemagne a rendu hommage aux victimes de ce groupuscule.
Certes, on est loin des terroristes ultra-gauchisants du plateau de Millevaches…
Personnellement, j’irai voir ce film, qui paraît-il reconstitue assez bien les événements. Si quelqu’un l’a vu…
En tout cas cela me semble plus intéressant que la vie mégalomaniaque d’un petit truand français dont on a voulu justifier les crimes par une idéologie de bazar.
Bonsoir,
Je cherche une interview du « Monde » de Hanns Martin Schleyer, où il s’exprimait sur son ressenti par rapport aux patronat français.
Les dits commentaires avaient jeté un froid au CNPF.
Cordialement.
Yves FRUCHON
J’ai beaucoup aimé ce film , mais il est vrai que je suis un sympathisant de la RAF
depuis de nombreuses années!! J’aurais bien aimé les connaitre !!
Réponse à Giansetto
Vous avez tout à fait raison. Merci pour cette rectification.
Cordialement.
GM
Sauf erreur, RAF veut dire « Rote Armee Fraktion », Fraction Armée rouge, et non pas « Fraction armée révolutionnaire ».
Ben quoi, cher « suicide », c’est bien connu que, dans certains milieux, la forme de suicide utilisée est la balle derrière la nuque. (!!!)
Vient ensuite, dans l’ordre des formes de suicides en vogue, toujours reconnues dans ces mêmes milieux, la doufle rafale de mitraillette, surtout les jours de vent.
Mais c’est moins courant.
Dans les deux cas, les « suicidés » n’ont pas senti le vent tourner.
Surtout dans les pays où souffle le Mistral.
Plus à l’Est, les suicidés s’empoisonnent généralement au plutonium.
ça fait chic… sont snobs ces nouveaux-riches.
Pour le cas Baader, je ne sais pas.
;))
La Fée
on parle a l’occasion de la sortie du film du suicide de baader et meinhoff.pourtant si ma mémoire est bonne ils se sont « suicidé » d’une balle derrière la nuque.Qu’en est il éxactement?
Gervasio:
La violence n’a jamais rien réglé ,elle laisse les familles des victimes et des agresseurs dans des vies à ne souhaiter à personne
Elle ne profite aux marchands d’armes qui s’enrichissent eux sans prendre de risques ,si ce n’est qu’administratifs..ou judiciaires..
Tout finit par la négociation ,puis par la paix ,alors commençez par là..
Film d´action, beaucoup de sang et de cris et troppeu d´explications quant aux motifs réels des protagonistes. Trop long en plus, mais bien joué (je l´ai vu en allemand et ne sais pas ce que donne la version francaise). Peu mieux faire.
Pour avoir vu le film en Allemagne et en allemand, je me permets de réagir.
Très bonne approche du sujet: « un jugement sans appel sur le comportement des ainés durant la période nazie »
Ulrike Meinhof n’ecrit-t-elle pas dans le film « Der Mann in ein Uniform ist kein Mensch, er ist ein Schwein » ?
Référence direct au fait que les hommes en uniformes obéissent aux ordres les plus barbares…opinion extrémiste mais qui peut se concevoir en allemagne au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Si on ajoute à cela le fait que nombre d’anciens SS ou sympathisants au régime nazi s’étaient très bien réinsérés dans le fonctionnement politique et économique du pays;
Et la rage des autorités envers tout ce qui ressemblait plus ou moins à du communisme (menace de l’ogre rouge beaucoup plus concrète qu’elle a pu l’être en France) ainsi que la repression féroce qu’elle a engendrée…
Alors on peut comprendre ce film, même si c’est avant tout du spectacle, avec une bonne part d’interprétation.
C’est pas un peu « pousse au crime » tout ça dans des temps agités???
Mais dans en même temps, on arrête des présumés auteurs d’attentats presque 30 ans aprés ,et un membre de l’ETA va « se constituer « auprés des autorités…
Les victimes et leurs familles n’ont certainement pas oublié ,c’est bien que les autorités non plus
Même si je n’ai pas encore vu le film, nul doute qu’il est important pour les jeunes générations en France de se rendre compte de la violence des oppositions politiques de cette époque agitée de toutes parts. Deux « idéologies » s’affrontaient ouvertement, celle de l’ultra-libéralisme déjà en marche, cynique et appuyée par un patronat crapuleux dont effectivement il est incroyable de penser que H.-M. Schleyer en était le dirigeant, et l’ultra-gauche encore alimentée aux doctrines post-marxistes souvent mal interprétées. Mais l’élément dominant est là. Une jeunesse a vu la cruauté du monde dominé par des politiciens corrompus menant plusieurs conflits dans le tiers-monde dont les populations agonisantes prenaient figure de martyrs. C’est cette cruauté de l’argent pour l’argent, du trafics d’armes institutionnel (voir l’Angolagate) aux spéculations boursières sur le dos des travailleurs qui justifient encore toutes les révoltent. Fussent-elles armées.
Bonjour,
Je l’ai vu dès sa sortie mercredi.
J’ai été à la fois satisfait et un peu déçu.
Satisfait car c’est toujours agréable d’apprendre un peu sur une période mouvementée. Le film est plus une galerie de portraits de membres d’une jeunesse qui bascule dans la violence politique qu’un éclairage et qu’une mise en perspective de l’Allemagne des années 70.
C’est là, le pojtn faible, selon moi. Pas assez de précisions sur « la doctrine »de la RAF, de détails sur les partis politiques de l’époque.
Bref, c’est la limite du genre entre un film et un documentaire.