Un commissaire muté d’office, un type en cavale qui se répand dans la presse, des milliers de procès-verbaux pour une modeste affaire de malversations financières, deux juges d’instruction qui n’en peuvent mais et la fumeuse DCRI voulue par le Président qui se prend les pieds dans le tapis.
On est en Corse.
Tout démarre en 2006. La SMS (société méditerranéenne de sécurité) est soupçonnée de favoritisme dans l’attribution de marchés concernant certains aéroports (la SMS assure la sécurité des aéroports d’Ajaccio, de Toulon-Hyères et celui de La Môle-Saint-Tropez). L’année suivante, alors que les indices s’accumulent, son dirigeant, Antoine Nivaggioni, un ancien nationaliste, se met en cavale. On lui reproche entre autre un détournement de deux millions d’euros. Alors qu’il est toujours en fuite, il vient de répondre à une interview du journaliste Gilles Millet, pour le magazine Corsica. « Je suis victime d’une guerre des polices », dit-il en résumé.
En fait, certains enquêteurs subodorent qu’il a bénéficié d’une « protection » de nos nouveaux services secrets : la DCRI. C’est ainsi qu’au mois de janvier 2008, mystérieusement prévenu par on-ne-sait-qui, il a échappé à une souricière que lui avait tendu la PJ. Néanmoins, les enquêteurs ont interpellé dans la foulée plusieurs personnes dont Jean-Christophe Angelini, un élu dont l’influence « modératrice » dans l’Ile de Beauté est fortement appréciée du côté de l’Élysée. Ce monsieur est soupçonné avec quatre autres individus d’avoir favorisé la fuite de Nivaggioni. Un faux passeport à son nom a d’ailleurs été saisi. Enfin, un vrai-faux passeport, puisqu’il a été fabriqué dans une mairie de la Somme. Pour la petite histoire, lors de son arrestation, Angelini sortait d’un rendez-vous avec Bernard Squarcini, l’actuel directeur de la DCRI.
Dans cette cacophonie politico-policière (voir ici la note qui parle de la tutelle des OPJ), Robert Saby, le commissaire chargé de l’enquête a servi de fusible (un de plus depuis l’affaire Clavier). Mais ce policier a senti la patate. En fin procédurier, il a pris soin, dit-on, d’établir des P-V de toutes les demandes d’intervention ou d’information qui lui sont arrivées de Paris. Il y en aurait pas mal.
En tout cas, les deux juges d’instruction de Marseille, Duchaîne et Tournaire, doivent en avoir ras-le-bol de ces enfantillages. Ces jours derniers, ils ont entendu un policier de la DCRI et un ancien des RG converti dans le consulting. Parions qu’ils ne vont pas en rester là !
En attendant, sur l’Ile, c’est la gabegie. De tous les règlements de comptes de ces dernières années, aucun n’a été résolu. Les dossiers s’accumulent. Les policiers sont sur le qui-vive, et certains se regardent en chien de faïence. Ils ont comme qui dirait perdu confiance dans leur hiérarchie. En deux mots, la machine est grippée.
Cela rappelle curieusement les années 80, lorsqu’un certain Robert Broussard avait été nommé préfet en Corse pour tenter de rétablir un semblant de calme. Il s’était à l’époque sérieusement étripé avec un membre de la cellule élyséenne, le capitaine Paul Barril. Et l’on s’était étonné à juste titre que des gendarmes appartenant à la garde régalienne d’un Président en fonction viennent piétiner de leurs godillots des affaires judiciaires. Un sous-préfet, Pierre-Jean Massimi, avait d’ailleurs payé de sa vie cette guéguerre imbécile.
La cellule élyséenne comptait une cinquantaine de gendarmes, tandis que la DCRI comprend environ 4.000 fonctionnaires.
Entre nous, on peut le dire : Mitterrand jouait petit-bras.
A LIRE
http://www.nouveau-monde.net/
Guerre des polices et affaires corses », Justin Florus, Nouveau Monde Editions, 16,90
Article le parisien du 24 septembre 2009
Corse : le livre qui dénonce les « petits arrangements entre amis »
Cest la phrase de conclusion du livre « Guerre des polices et affaires corses » qui sort aujourdhui. La morale de lhistoire en quelque sorte. Lauteur, Justin Florus, un pseudonyme (lire encadré), écrit que la situation actuelle en Corse « offre à lEtat une occasion sans précédent de reprendre la main dans lîle.
Mais encore faudrait-il pour cela quil soit insoupçonnable et impartial ». Dans les 130 pages précédentes, lauteur a démontré que ce nétait pas le cas.
> > Onze ans après lassassinat du préfet Erignac et les mauvais coups que sétaient échangés les services de police pendant lenquête, louvrage donne limpression quil est toujours difficile de mener des enquêtes « sensibles » en Corse. Celle de la Société méditerranéenne de sécurité, la SMS, fil rouge du livre, en est lillustration. Depuis 2006, cette entreprise fait lobjet dune enquête sur fond dabus de biens sociaux et de marchés truqués en Corse et sur la Côte dAzur. Son patron sappelle Antoine Nivaggioni, ancien leader nationaliste reconverti dans les affaires, lami dAlain Orsoni, autre figure de lîle.
> > De très étranges coïncidences
> > Laffaire nest donc plus seulement financière. Surtout lorsque les enquêteurs de la police judiciaire dAjaccio apprennent au détour découtes téléphoniques quAntoine Nivaggioni entretient des rapports plus quétroits avec le policier spécialiste de la Corse aux renseignements généraux. Louvrage retranscrit en intégralité plusieurs de ces écoutes, où ce nest plus une source qui renseigne un policier, mais linverse ! De quoi sinterroger sur la fuite de Nivaggioni quelques heures avant le coup de filet des enquêteurs chargés du dossier SMS, au matin du 20 novembre 2007 Le lendemain, il annonce lui-même par téléphone aux policiers quil « prend du recul ». Un an plus tard, toujours en cavale, il sexplique dans une interview au magazine « Corsica », réglant au passage ses comptes avec des policiers. Il charge notamment le commissaire Saby de la PJ dAjaccio, pilier de lenquête sur la SMS. Un commissaire dont les méthodes agacent même sa hiérarchie, qui le mute en décembre 2008. Quelques heures avant son départ, sa voiture personnelle sera détruite par une charge explosive à Ajaccio
> > Un mois plus tard, le fugitif Antoine Nivaggioni est arrêté à Ajaccio, une ville quil navait sans doute jamais quittée. Lauteur du livre raconte même quil aurait continué à fréquenter une salle de sport de la ville. Pas mal pour un homme traqué. Il y a quelques jours, Antoine Nivaggioni a été remis en liberté après un peu plus de huit mois de détention provisoire.
> > Cest le seul et ultime épisode que le livre ne raconte pas. Tout le reste y est : les petits arrangements, les règlements de compte au sein des services de police, avec en toile de fond la vague dassassinats qui ensanglantent lîle depuis plusieurs mois. Des « affaires corses » opaques, presque caricaturales, mais bien réelles. Malheureusement.
UN OUVRAGE EDITE EN SECRET
Le Parisien
> > Un livre qui change dauteur quelques semaines avant son impression, ce nest pas banal. Cest lultime péripétie de cet ouvrage publié « sous X ». Le nom de lauteur, Justin Florus, est un pseudonyme. Le premier rédacteur de « Guerre des polices et affaires corses » avait choisi la discrétion mais a fini par être démasqué.
De « conseils damis » en avertissements, il a fini par jeter léponge, notamment après un dîner assez fou avec un policier qui lui a présenté un PV découte téléphonique où deux truands corses menaçaient de « soccuper » de lui.
> > Un autre sest donc chargé de boucler le livre qui paraît. Pour éviter toute nouvelle fuite, il a été imprimé en Espagne. Louvrage a traversé la frontière sous un faux titre : « La Dynastie Napoléon ». En France, léditeur a choisi un entrepôt discret et sécurisé pour stocker les 16 000 exemplaires tirés. Un « nombre minimum » de personnes en a été informé. Seule entorse à cette opération secrète, « digne de la sortie dun volume de Harry Potter », selon Yannick Dehée, PDG des Editions du Nouveau-Monde, la livraison des ouvrages en Corse quelques jours avant la sortie officielle. Un tiers du tirage est destiné à lîle de Beauté.
> > « Guerre des polices et affaires corses », Justin Florus, Nouveau Monde Editions, 16,90 .
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Juste après le jour de la Saint-Nicolas, et parce qu’aujourd’hui c’est la Saint-Ambroise, (Ô Saint-Valéry soit-il…) je viens vous sabrer le champagne à la corse, signant ainsi mon petit passage en ces lieux « mâââgiques », aux fins de réconciliation entre toutes ces factions « armées » divisées.
La Fée-feu de tout bois pour la bonne cause.
ps : rappelant au passage que Paul-Ambroise était né de père corse;)
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Ha ha ha ha ha ha ha !!!!!………………….
Y’en a au moins un qui se fend la gueule dans l’histoire.
La Fée-gatelli ;)))