LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Police : la mutinerie

Quelques centaines de policiers s’attroupent, la nuit, depuis une semaine, pour manifester leur hostilité au gouvernement. L’attaque aux cocktails Molotov de Viry-Châtillon et les propos malheureux de Bernard Cazeneuve sur ces « sauvageons » qui s’en prennent aux forces de l’ordre ont suffi à faire sauter le couvercle d’une police en rupture.

france-mecontente2Ce n’est pas la première fois que la marmite déborde, car ce métier ne fait aucun cadeau ! Le flic prend l’homme. Et du coup, les policiers ont une inclinaison au nombrilisme. Ils sont souvent comme ces comédiens, tellement pris par leur personnage, qu’ils ne parviennent pas à séparer leur vie professionnelle de leur vie tout court. Et ils prennent tout dans la gueule. C’est sans doute l’une des raisons qui fait qu’il y a tant de suicides dans la profession…

C’est une charge difficile, pour celui qui l’exerce et pour le ministre qui se veut leur patron. Il n’est pas évident pour ce dernier d’écouter et de comprendre sans tomber dans l’excès, de la démagogie à la « couvrante » systématique. « Si la police était facile, il n’y aurait pas besoin de police », disait Dominique Monjardet, le premier sociologue à avoir exploré l’univers policier*.

C’est le métier qui veut ça. Ces hommes, ces femmes, font l’objet d’une attention particulière du pouvoir politique et sont en permanence sous l’œil des médias – mais sur le terrain, ils sont souvent bien seuls. D’autant que les différentes réformes de ces dernières décennies ne sont pas encore complètement assimilées. Peu à peu, les gardiens ont pris la place des inspecteurs, tandis que les adjoints de sécurité bouchent les trous ; les officiers, eux, sont devenus des patrons, sans en tirer grand avantage ; et les commissaires rament pour chercher leur place. Il faut dire qu’ils sont les seuls à conserver un grade civil dans un univers de plus en plus militarisé. Ils sont d’ailleurs durement attaqués. On leur reproche de ne penser qu’à  leur carrière et de n’être, trop souvent, que les porte-paroles des autorités politiques, alors qu’ils devraient être le filtre. Est-ce qu’une seule fois Bernard Cazeneuve a eu en face de lui un commissaire de police pour lui dire non, ça, Monsieur le Ministre, c’est un ordre que je ne peux pas donner…

Ce n’est pas ce que j’aimerais dire, mais beaucoup d’anciens pensent comme moi.

Pour autant, peut-on admettre que ces manifestants, policiers ou pas (car à l’évidence, certains ne le sont pas), marchent, masqués et armés vers le Palais présidentiel… cela ressemble tellement à un putsch qu’il y a de quoi avoir des sueurs froides. Cela n’a rien à voir avec une réaction émotionnelle liée à l’agression ou à la mort d’un collègue.

On peut comparer cette révolte à celle du 13 mars 1958. Ce jour-là, plusieurs centaines de policiers se massent devant les grilles de l’Assemblée nationale (60 ans plus tard, ils n’y ont même pas pensé…), bousculant l’agenda parlementaire. Ce mouvement faisait suite à l’assassinat d’un gardien de la paix, victime de la fédération française du FLN, pour qui les forces de l’ordre étaient des cibles prioritaires.

Mais ce mouvement spontané n’était que la queue d’une importante manifestation organisée par le puissant syndicat des gardiens de la paix de la préfecture de police. Et celle-ci, tout à fait légale, dans les limites du statut spécial des fonctionnaires de police, adopté en 1948 (qui interdit notamment le droit de grève).

On ne sait pas si c’est la manif ou l’attroupement spontané qui a fait plier le gouvernement… En tout cas, les autorités lâchèrent du lest, accordant notamment les indemnités de sujétions spéciales de police (ISSP), une prime de risque fixée à 20 % – qui atteint aujourd’hui 26 % et qui devrait bientôt être revalorisée.

Si les policiers rencontrent des difficultés dans l’exercice de leur métier, financièrement, ils ne sont pas si mal lotis. D’ailleurs, il y a quelques mois le secrétaire général de Synergie Officiers, Patrice Ribeiro, cité dans Le Monde, disait : « Sur cinq ans, nous obtenons 380 millions d’euros. C’est un effort considérable, ça marque une considération au plus haut niveau de l’État. »

Aujourd’hui, devant ces « Nuits debout », les syndicats semblent avoir été pris de court et tentent de récupérer le coup en reprenant certains slogans. C’est une manière de calmer le jeu, car il faut relativiser l’importance du mouvement : 100 manifestants représentent moins de 0,1 % des corps actifs de la police.

Et puisque l’on parle d’effectifs et que les politiques se lancent sans cesse des chiffres à la figure, ceux qui veulent se forger leur propre opinion peuvent aller sur le blog d’un syndicaliste, sur Mediapartici.

Dans les sujets qui fâchent figure la mansuétude de la justice. On les arrête, ils les relâchent ! C’est une litanie que j’ai toujours entendue et que j’ai dû moi-même réciter un jour ou l’autre. Mais cela n’a jamais été aussi faux qu’aujourd’hui : la justice est de plus en plus répressive – et d’ailleurs nos prisons débordent. Les procureurs sont devenus de superflics et souvent couvrent les bévues, voire les bavures, de leurs « subordonnés ». Quant aux juges, ils sont parfois effarés des procédures qui arrivent sur leur bureau, fagotées à la va-vite par des OPJ débordés ou mal formés. Pour le bonheur des avocats.

Notre procédure est écrite, c’est la règle. Elle est trop compliquée, c’est un fait. Et pourtant l’étude de la réforme en profondeur de la procédure pénale, entamée il y a quelques années, a été brutalement stoppée. Je ne sais pas pourquoi. (Rien à voir avec la récente réforme qui vise à renforcer la lutte antiterroriste.)

Quant à la présomption de légitime défense, c’est un « marronnier » politique. Déjà en 2012, certains policiers ont réclamé un changement de la législation. Et plus loin encore, si j’ai bonne mémoire. Mais comment écrire dans le Code que si un policier tire et tue, il ne sera pas poursuivi ! C’est impossible. Car, lorsqu’un homme meurt, même si c’est la pire des crapules, il est normal qu’il y ait une enquête. Et c’est celle-ci qui va déterminer une éventuelle responsabilité du fonctionnaire ou de l’administration.

D’ailleurs, contrairement à ce qui se raconte, la présomption de légitime défense des forces de l’ordre est prise en compte par les magistrats, dans le cadre de leur enquête. Aussi, lorsque j’entends un député dire qu’il serait illégal pour un policier de tirer sur un terroriste armé d’une kalachnikov, à moins qu’il ne soit directement menacé, je tombe sur le cul. On lui colle une balle entre les deux yeux, point barre ! Et l’enquête se limitera à quelques lignes. De même, lorsqu’on nous dit que, devant le Bataclan, des militaires n’ont pas fait usage de leur arme, car ils n’avaient pas d’ordre. « L’ignorance est la nuit de l’esprit. »

Alors, il y a certainement des tas de choses à faire pour améliorer le fonctionnement des services de police, surtout ceux qui ont été amputés par le gonflement des effectifs antiterroristes, et c’est de bon droit que les policiers réclament plus de moyens, plus de matériels, voire une simplification de la paperasse, mais – de grâce – oublions une fois pour toutes les revendications provocatrices. Elles ont un relent politique, et ceux qui les encouragent ou les fomentent ne sont pas dignes d’accéder aux responsabilités qu’ils briguent.

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  • Notes inédites sur les choses policières, 1999-2006, de Dominique Monjardet, sous la direction d’Antoinette Chauvenet et  Frédéric Ocqueteau, éditions La Découverte.

43 Comments

  1. Janssen Jean-Jacques

    Caladois ? De Villefranche sur Saône, capitale du beaujolpif ?… Il a trop bu le bourquin, pour nous parler de ses obsessions du Calvados. Faut-il comprendre qu’une fois désenfumé, il parle de l’action de Cazenave dans la jungle de Calais ? Si oui, faut-il comprendre qu’il l’approuve ou non ?

  2. bourquin

    consulter le Littré de la Grand’côte.

  3. Janssen Jean-Jacques

    un Ministre qu’il sert si …caladoisement ?

    Traduction, SVP ???

  4. Janssen Jean-Jacques

    Parfois, on trouve des tribunes d’autant plus intéressantes qu’elle sont en lien étroit avec le sujet du présent billet et émanent de policiers bienveillants qui réfléchissent avec des universitaires spécialisés dans les questions policières. Voir par exemple ceci :
    https://www.laurent-mucchielli.org/index.php?post/2016/11/17/Les-gouvernants-ont-ils-interet-au-rapprochement-entre-police-et-population
    Reste que s’ils posent apparemment de bonnes questions, les réponses évasives données sont décevantes pour ne pas dire des plus énervantes. En insinuant toujours que les politiques (de droite ou de gauche) ont un INTERET à ce que la police ne se rapproche pas de la population, et en laissant au lecteur le soin de s’expliquer par lui-même les raisons d’un tel complot, on ne fait pas avancer la réflexion d’un iota : le CONSERVATISME lié au système professionnalisé et centralisé qui tend à couper toujours plus les gardiens de le paix des besoins de la population n’est pas qu’entretenu par la classe politique, il l’est aussi par la haute fonction publique, les syndicats de police eux-mêmes, par la gendarmerie militaire, mais surtout par les citoyens eux-mêmes, vu que la cible populaire de l’éventuelle sollicitude du service public de police n’est jamais définie en commun (usagers de quoi ?, publics ?, groupes sociaux différemment criminalisées ? victimes de quoi ? etc.). Du coup…, on ne cesse de tourner en rond depuis 30 ans, et on pond en effet pour les ONG des rapports humanistes dont les recommandations ne peuvent avoir aucun impact, faute d’avoir été pensées à partir d’une entente commune entre toutes les composantes inertes du problème… toujours reporté sur le voisin. Quand se décidera-t-on à casser ce cycle infernal et trouvera-t-on des forums hybrides pour mettre les pieds dans le plat et repartir sur des bases plus saines, nom de dieu !

  5. bourquin

    Le commissaire-commandant aurait-il, en plus, ajouté l’audace de manifester contre un Ministre qu’il sert si …caladoisement ? Impudent, ce marathonien !!!!

  6. Janssen Jean-Jacques

    Vive l’anarchie… sur la route ? vvvvouip.
    Pauvre bour(qu)in ! soit t’es planqué et t’y vas jamais sur la route, et t’es un mort en sursis ; soit, t’es déjà mort, tué par l’autre con qui t’as fauché de travers comme un joint.
    « Police et justice » se gondolent devant le macchab-anar de la jungle routière…

  7. bourquin

    « signaler un abus « .
    C’est fait avec mon commentaire. Je peux ajouter que ce fait divers et d’hiver 2015-16 eut lieu en Beaujolais. Un effet du vin nouveau ?

  8. bourquin

    Un gendarme dresse un PV avec un motif fictif . La juge est aux ordres , le ministère public est représenté par …un commissaire de police ! Les preuves sur la table n’intéressent personne !
    Ne me demandez pas de soutenir la police , ni la justice .
    Vive l’anarchie !

  9. jean-jacques janssen

    Un bien salutaire coup de gueule de la base qui met le doigt sur ce qui fait mal, la perversion du système de cogestion syndicats-politiciens et sa fuite en avant, dans ce lien
    https://www.laurent-mucchielli.org/index.php?post/2016/10/28/Le-mauvais-deal-du-ministere-de-l-Interieur
    Il va falloir du temps pour rétropédaler et repartir sur des bases plus saines avec nos concitoyens.

    • Vertebrume

      Étant moi même de l’institution, je me retrouve parfaitement dans l’article que vous citez. Je l’ai trouvé très pertinent.
      Les besoins actuels de changements ne sont pas tant salariaux que structurels. Évidemment, une augmentation serait accueilli volontiers, mais ce n’est pas cela qui est demandé. C’est surtout une réorganisation du métier qui est nécessaire…

      • baltringue de base

        mais les réformes…
        30 ans de police : 3 réformes ; une tous les dix ans…
        Ce n’est pas de réformes dont on a besoin, mais de valeurs.
        et ce n’est pas un problème politique.
        Le problème… ce sont les politiciens !
        Crotte zut flûte alors !
        c’est un rapt du pognon au nom de l’europe qu’on fait depuis les années Sarko.
        On a tous, tout vu venir. et on n’a rien dit !
        crotte zut flûte ! re-alors ! Les réformes ne changeront rien chez le peuple. Il faut juste rester clairvoyant.
        C’est dans les étages, qu’il faut réformer.
        250 Millions d’euros de pansement pour une jambe de bois… ça n’enlève pas la jambe de bois.
        et que j’en entende un qui dise : c’est déjà ça ! ben voyons. Ras le bol des miettes, des croutons rassis et…
        de la maltraitance professionnelle !

  10. yvan

    Bonjour.
    Dommage de ne pas avoir parlé du fond, soit, le rôle exact de la Police…

    Sinon, pour info (rappel), TOUS les pays de la planète ont renforcé la quantité et les prérogatives de leur « force intérieure ».
    Prévoyaient-ils que le populo soit moins calme..??

    • yvan

      Pardon, oubli important : renforcé en 2009.
      Suite à septembre 2008, bien sûr.

  11. O.G.

    Ce que tout le monde veut avant des moyens et du salaire c’est avoir un métier qui ait du sens :

    – La nuit de garde statique devant la résidence secondaire vide de untel
    -Le vigipirate dans un lieu sans intérêt
    – Les heures à faire du PV de plainte pour des vols de portefeuille qui pourraient être traités avec un formulaire QCM prérempli vu leur utilité…

    etc etc…

    sont autant de manière de dires aux policiers que leur temps n’a pas de valeur et que leur boulot est sans intérêt…. Il ne faut pas s’étonner qu’ils protestent devant le peu de cas qu’on fait de leurs heures de travail.

    Alors revoir non pas la seule procédure pénale mais les circuits administratifs et logistiques de la police réétudier la multiplcité de petites tâches complexifiées à loisir par la bureaucratie de l’état sont des tâches qui seraient bien plus utile pour le moral que trois armes et deux primes, mais c’est du boulot de fond, qui ne se voit pas et ça ne permet aucun communiqué ministériel……

    (et c’est un problème qui touche toute la fonction publique à des degrés divers)

  12. Janssen Jean-Jacques

    Néanmoins, il y aurait lieu de méditer le dernier bouquin d’un autre intellectuel de la police de grenoble, sebastian roché (De la police en démocratie, Grasset, 2016). Voilà ce que dit la 4e de couverture, et je crois bien qu’il faudrait en effet se reposer la question de notre rapport au peuple, en ces temps troublés, après cette enquête des plus embarrassantes pour notre image.
    ____
    « La finalité des polices dans les démocraties ne devrait pas être de faire régner un ordre. L’ordre devrait, en réalité, n’être qu’un moyen. Mais un moyen de quoi ? Les agents ne forment pas une armée face à un adversaire – même si certains responsables aiment à les caricaturer ainsi. La mission éminente des polices est de produire de la certitude et de la confiance en défendant des normes et des valeurs supérieures et, ainsi, de contribuer à la cohésion sociale ». Toute démocratie a besoin d’une police, et réciproquement la police a besoin que les citoyens la soutiennent, qu’ils la considèrent comme « leur police ». Mais les gouvernements ont peu soutenu la transformation des forces de l’ordre en service tourné vers le public et soucieux de l’égalité de tous les citoyens, en particulier des minorités. Nos grands voisins européens sont bien meilleurs que nous sur ces points. Les conséquences sont lourdes, sur notre sol, au moment où la confiance est particulièrement nécessaire.
    D’autres défis sont également devant nous. Le ministère de l’Intérieur confond force et autorité. Or, la façon dont la police agit en banlieues et l’injustice observée dans les contrôles au faciès fragilisent encore l’autorité étatique. A l’heure où la diversité de la population est une réalité que nul ne peut plus ignorer, et où les conflits de valeurs et d’identité entre les différentes communautés (musulmane en premier lieu) sont soulignés, la question religieuse s’invite dans les enjeux de police. La distance prise par certaines communautés face à la collectivité politique nationale et aux valeurs qu’elle doit incarner (liberté, égalité) se traduit par une défiance croissante manifestée face à la police. Sa légitimité, et partant son efficacité, sont affaiblies. Et avec la cohésion de notre pays. Dans cette enquête unique et inédite, Sebastian Roché analyse « l’expérience de la police » vécue par la population française actuelle et dresse un constat préoccupant. Loin des stéréotypes et des idées toutes faites, il dévoile l’état de la police et de son rapport au peuple dans un pays en colère et en transformation, et propose des solutions pour renverser la spirale négative dans laquelle nous sommes engagés.

  13. Janssen Jean-Jacques

    Le Pr Jean-Louis del Bayle, survivant, conteste la paternité du sociologue Monjardet sur la police, quand bien même ce dernier aurait commencé sa deuxième carrière sous le pseudonyme de Pierre Demonque (1982). Il le crédite néanmoins d’avoir souhaité être « chercheur et prescripteur » (JL LdB, Sociologie de la police, 2016, p. 59). Ce qui n’aurait pas été le cas du professeur toulousain, resté un académique en chaire de la « science politique » mâtinée de criminologie régionale québécoise. Ce dernier aurait surtout puisé son inspiration chez Maurice Duverger (un juriste très clair durant l’Occupation), à travers une formule empruntée qui lui aurait servi de viatique toute sa vie pour penser la police : « les sociétés ne peuvent se maintenir que par un mécanisme d’ordre. Elles doivent intérioriser cet ordre pour que les contraintes deviennent moins fortes. Quand les gens ne croient plus à de systèmes de valeurs, la société ne se maintient plus que par la police » (id. p. 26).
    Tous comptes faits, cette vue reste beaucoup plus aventureuse que la note de Monjardet rappelée par j.moréas dans le billet, et que l’on doit prendre avec humour. Il faut se dire que si la police n’est jamais une affaire facile (empiriquement), elle n’est surtout jamais réductible à une seule définition (théorique). Monjardet le savait bien, et par conséquent, il la scrutait sous toutes les coutures, et il en avait donc tiré cette petite morale provisoire. C’est comme l’histoire de la femme libérée si fragile, faut pas la laisser tomber. J’ai pas le sentiment que l’universitaire de Toulouse se soit beaucoup « coltiné au terrain » pour en être resté à sa définition duvergesque, pas très claire et bien discutable. De toute façon, je pense que les intellectuels n’ont pas à se mêler des affaires de police. Et les journalistes des plateaux télé devraient leur ficher la paix. Je pense que les flics de la base doivent rester non décryptés par les politiques et par leurs syndicats complètement désorientés en ce moment par ce qui se passe, et c’est pas trop étonnant. Qu’ils n’aillent surtout pas, nos grognards, se trouver trop vite de porte-parole ou de « héros positifs » ! Qu’ils restent dans leur pouvoir de susciter de la menace de trouble parmi leurs hiérarchies en ces temps préélectoraux, voilà ce qu’on peut leur souhaiter de mieux, hein !
    Ce blog modéré est tout à leur honneur : il pose souvent de bonnes questions plutôt qu’il n’assène des certitudes sur la crise d’identité professionnelle structurelle que nous traversons.

  14. jluc

    ancien éducateur dans la fonction publique à la retraite, je suis consterné par ces manifestations policières,( photos de cagoulés,écharpe « tête de mort »)

    Où est le devoir de réserve que l’on se doit d’avoir si l’on choisit la fonction publique? les policiers sont donc au dessus des lois pour aller manifester, avec armes et véhicules de services, sur leur temps de travail et ce des jours durant???
    Le prochain contrôle rourier de police que je subirais: il va m’entendre poliment le policier!!
    et quel exemple de respect des règles donné aux jeunes !!

  15. Ui-ui-c'est vrai

    Les syndicalistes font une carrière de bureau
    Les commissaires font une carrière kérvielophile
    Les politiques font une carrière sécuritaire
    Le manque de moyen est une faute politique
    Le carriérisme est une faute professionnelle
    L’absence de déontologie des plus hauts gradés est une faute professionnelle.
    La transgression des règles par ceux qui les édictent est une faute professionnelle
    Et tout ce beau monde a cautionné la baisse des effectifs au nom des économies.
    Enfin… dacia, c’est de la bonne bagnole et ça coûte quand même moins cher que celles utilisées actuellement (par tous les gouvernements)

    Avoir des moyens matériels supplémentaires n’a jamais résolu la maltraitance professionnelle. On se croirait chez NOrange. Qu’est devenu ce cadre supérieur d’ailleurs qui avait dit : par la porte ou par la fenêtre, mais les effectifs seront réduits ?

    Un esclave de la république qui ne manifeste pas pour éviter la récupération ; mais qu’est en arrêt de travail à cause de tout ce qui est dénoncé plus haut !

  16. Mjolnir

    Oui c’est sûr il envoyer tous ces gens en prison parce que en prison ils… euh ils quoi, exactement?
    La lutte contre la criminalité est considérée comme une fable moraliste par la plupart des français. On doit arrêter le délinquant pour le punir. pas pour l’empêcher de devenir un criminel, ça ce n’est pas important. ce qui compte c’est qu’il soit puni.

    (Avant de répondre merci de vous renseigner sur le système carcéral des pays ayant réellement un taux de récidive faible)

    • Ph. Mortimer

      Merci, vous exprimez mieux que moi ma pensée.

  17. Ph. Mortimer

    « La police est perçue aujourd’hui comme oppressive et non protectrice. Elle protège l’existant au détriment des personnes. Elle emploie des personnels comme quêteurs pour remplir les caisses étatiques. »

    A 100% d’accord avec vous.

    • Blake

      Et plus j’en entends sur ce mouvement de policiers, plus je me dis que c’est juste une « succursale » d’un certain parti politique. Sinon pourquoi aller défiler devant la statue de Jeanne d’Arc en entonnant l’hymne national ?

      Qui sont ces gens qu’on a armé et qu’on a mis dans la police ?
      Quand je les entends parler aux interviews, je me demande vraiment ce qu’ils attendent du gouvernement : un droit de tuer ?

      Un jour il y a 25 ans de ça déjà, une collègue et moi nous étions dans la voiture d’une personne de couleur qui nous ramenaient chez nous après que nous ayons travaillés ensemble sur un projet de communication. Une voiture de flics nous a doublée pour le forcer à s’arrêter. Il a fallu descendre de voiture, montrer ce qu’il y avait dans le coffre, et comme le conducteur un peu impressionné mettait du temps à sortir ses papiers, le flic a posé ses mains sur son flingue, comme s’il était sur le point de nous mettre en joue.

      C’est une chose que je ne pourrai jamais oublier et je crois que cela a contribué pour toujours à me défier des gens armés qui ont des présupposés.

      Ce qui est franchement dangereux dans ce phénomène, c’est que c’est le début de la paranoïa. Car il y a, en France, des tas de gens qui vivent tranquillement sans être d’aucun danger, quelques soient leurs origines. Or ces gens-là non seulement ne sont pas protégés par la police, mais en plus peuvent en être la cible, quand ils ne sont pas la cible des petites humiliations ordinaires.

      J’entends des gens dire que depuis les attentats les gens aiment la police. Mais qu’est-ce que cela vient faire dans le débat ? On ne demande pas aux policiers d’être populaires ou impopulaires ! On demande qu’ils soient corrects et en capacité de maintenir l’ordre nécessaire à une vie en communauté. Pour l’instant, j’ai plutôt l’impression qu’ils ont de moins en moins d’autorité sur les populations. Pourquoi ? parce que l’autorité ce n’est pas forcément la répression, c’est aussi de représenter quelque chose en quoi on croit. On croit, non pas de façon gratuite, mais à raison.

      Quand on est dépositaire d’une certaine autorité, si on veut la conserver, ce n’est certainement pas en commençant à mal se comporter au quotidien avec les populations qu’on peut la garder.

      Il y a une hausse manifeste de la violence en France, dans le sens où des limites qu’on imaginait impensables de dépasser, l’on été depuis les attentats. Mais encore une fois, il y a des tas de gens en France qui sont témoins sans jamais être acteurs. Alors les bavures, il risque d’y en avoir de plus en plus. Simplement, on appellera plus ça une bavure. Est-ce que ça va régler la question ? Je ne pense pas.

  18. Richard NOWAK

    La réponse actuelle est fondée sur le concept de la nation France qui n’est plus viable.
    Cette entité est soit trop globale, les milliers de pages des 97 codes le prouvent par l’absurde. L’élu « national » n’a aucune connexion avec la réalité du terrain sauf rémunération et indemnité.
    A l’opposé nombre de situations locales échappent à l’administratif étatique trop éloigné. L’élu local n’a aucune des informations qui permettrait un recul par rapport à la situation vécue, remettant celle ci en perspective.
    Le seul lien entre les deux pôles est un élu cumulard, papillonneur, acteur public de spectacle médiatique, juste capable de promesses.
    Promesses non tenues, car elles mettraient fin à son rôle.
    La violence est avant tout médiatique et surtout télévisuelle. L’émotion transmise par les images permet de créer des désirs toujours nouveaux, alors qu’il n’est pas répondu aux besoins.
    Cette logique, prédatrice, n’est plus supportable à l’heure de l’information à corréler avec éducation et patrimoine.
    Ma réponse alternative est l’introduction du pouvoir informatif comme première étape de la démarche démocratique.
    Cela implique une relativisation de l’état en quatre subdivisions nettement séparés et chapeautées par un Conseil constitutionnel, toujours élu, par nous, s’appuyant sur un noyau de citoyens au départ ordinaires. Le vote constitutionnel est toujours binaire(conforme ou non conforme). Ce qui donne la faveur au jury sur le professionnel plus adapté au choix à travers des réponses multiples. Ici le jury peut être élu plutôt que tiré au sort.
    Tout le système actuel étant vicié, l’exécutif propose au législatif godillot qui ne fait pas la loi, mais adopte des textes selon le bon plaisir du dit exécutif, sauf à être dissous.
    La police est perçue aujourd’hui comme oppressive et non protectrice. Elle protège l’existant au détriment des personnes. Elle emploie des personnels comme quêteurs pour remplir les caisses étatiques. Le rôle de la police c’est de pacifier les relations entre les citoyens non pas de demander le permis de tuer. Les images de violences véhiculées par l’establishment entre autres américain (mais c’est pire en Pologne) finissent par faire croire au citoyen que le tir sans sommation est la seule réponse « légitime ».
    La répression perçue comme moyen de régulation est rédhibitoire.

  19. Cyril

    Un des principaux problèmes est constitué par les quartiers tenus par des bandes criminelles, dans lesquels les policiers ne peuvent entrer sans être caillassés ou sans recevoir des cocktails molotov. Il faut donc agir dans ce domaine. J’ai récemment envoyé un message au ministère de l’Intérieur pour leur suggérer de créer des commissariats dans les quartiers les plus sensibles, cela permettrait d’y réduire l’insécurité et la violence. Par exemple, 50 policiers par commissariat dans 50 quartiers sensibles = 2500 postes de policiers à créer, cela me semble faisable si on réduit certaines politiques non prioritaires pour attribuer les crédits à la mise en place de ces nouveaux commissariats (on peut notamment réduire le budget du ministère de la Culture, non prioritaire et donc l’action bénéficie souvent en priorité aux classes les plus aisées).

    • Ph. Mortimer

      Parce que Gigi est si bien renseigné sur ce sujet ? Il est dans les trafics lui-même.

      La culture : c’est le problème de fond de tous ces gens qu’on a relégué dans la merde. Donc, ce n’est pas lui sucrer les moyens, c’est mieux les réaffecter, ce qu’il faut.

    • Mjolnir

      Autant je pense que Cyril fait une erreur monumentale en pensant que réaffecter les moyens de la culture à la police réglerait quoique ce soit, autant il a raison sur les effectif de police des cités.
      Et pour bien comprendre il faut regarder quelle est la population attribuée par agent de Police (hors BAC). Je ne sais pas si c’est généralisé mais certaines cités d’IdF, pourtant à proximité de la Défense (Bertelot, Pablo…) ont une nombre de flics par habitant proprement ridicule.
      Augmenter ces effectifs en réglerait probablement pas le problème, mais ça permettrait peut-être à ceux qui peuvent le régler de fair eleur travail correctement…

  20. Adjudant Thiphryss

    Comme en 1917, il faut mater cette mutinerie en en fusillant un sur dix !

  21. gigi

    « Mais comment écrire dans le Code que si un policier tire et tue, il ne sera pas poursuivi ».

    La remarque est juste mais ce n’est pas ce que demandent les policiers. Je n’ai jamais entendu ou lu que les policiers demandaient un droit de tuer. Ils veulent que les délinquants arrêtés le lundi matin ne se retrouvent pas en liberté le lundi soir. L’insécurité dont ils sont les victimes commence là, avec un appareil judiciaire peu enclin à sévir.

    • Philip Mortimer

      Le Monsieur a écrit :

      « On les arrête, ils les relâchent ! C’est une litanie que j’ai toujours entendue et que j’ai dû moi-même réciter un jour ou l’autre. Mais cela n’a jamais été aussi faux qu’aujourd’hui : la justice est de plus en plus répressive – et d’ailleurs nos prisons débordent. »

      Bien, bien, bien… Arrêtons, séquestrons, condamnons… Et puis ? S’il suffisait de le faire ! Que se passe-t’il en prison ? N’a-t’on pas dit que c’était l’un des principaux endroits de la radicalisation ?

      Bon, bon, bon et combien ça coûte tout ça ?
      Et combien ça coûterait de mettre en place d’autres solutions ?
      Et si, le plus important ce n’était pas d’essayer d’éviter qu’il y ait des gens qui versent dans ce type de problèmes ? Par… je ne sais pas ! Plus d’éducation ? Un système qui permette à chacun de trouver une place parmi les autres plutôt que d’encourager les ghettos ? Certains vantent les mérites d’un retour du service militaire. Personnellement je ne sais pas si c’est une solution en soit. Mais surement qu’un système qui mettrait les jeunes pour un temps dans leur vie, tous au même plan en brassant les origines sociales, ça pourrait être intéressant. L’école a été ce lieu à une autre époque, mais le plus efficace, c’est encore pendant un temps donné, la rupture avec son milieu, comme le permettait le service militaire.

      L’homme est-il mauvais ou la société le rend-il mauvais : c’est une vieille question en philosophie. Mais ce qui est sur, c’est que l’homme aime faire des groupes et donner une identité à son groupe en s’opposant à d’autres. Il y a le « nous » et les « autres », sachant que dans ce processus, les autres sont généralement porteurs de nos pires projections. Il est alors fort opportun pour s’affranchir des problèmes, de créer une entité qui va fédérer ces groupes et les sortir de leurs ostracismes mutuels.

      • gigi

        Les prisons débordent parce que le nombre des crimes et délits explose alors même qu’aucune place de prison n’a été construite durant ce quinquennat.

        La radicalisation en prison ? Oui bien sûr mais pas plus qu’ailleurs, dans les mosquées et surtout à la maison devant son PC.

        Et pour ce qui est du brassage des origines sociales et ethniques, il a existé à une certaine époque mais il a échoué et la plupart des européens habitant les cités de banlieue ont fui.

        Le rêve est terminé.

        • Philip Mortimer

          Un autre rêve commence pour les Gigi, avec sa cohorte de fantasmes.

          Bref….

        • Mjolnir

          D’après les chiffres, non, le nombre de crimes et délits n’augmente pas: il stagne en valeur absolue, et donc il baisse lorsqu’on le ramène à la population.
          Regargez les chiffres, plutôt que de vous appuyer sur ces choses « que tout le monde sait »

  22. Serges VERDICCHIO

    Merci pour cet article, et je me joins à vous pour poser la question est ce des policiers républicains qui se mutinent ?
    Aucun courage car ils se laissent prendre la parole par un ex ADS, ils ne parlent que de renforts , de fusils d’assaut, de moyens sécuritaires mais pas de formation sur les armes et armes de guerre, pas de lecture du code procédure pénale, pas de lecture de l’article de la légitime défense, pas de respect du code de déontologie, critique facile des juges et de la magistrature, rappel que ces fonctionnaires ne font qu’appliquée la loi pénale votée par le parlement comme les policiers républicains qui éxecutent cette même loi. Au lieu de manifester la nuit que ces policiers aillent voir les députés et sénateurs !

  23. Richard NOWAK

    Soumis à l’état d’urgence, le terme de mutin est faible. Il s’agit d’une véritable provocation appelant des sanctions proportionnées à l’état d’urgence. Ces inconscients minent toute l’organisation sociale.
    A propos qu’est-ce qu’il y a au programme en décembre pour prolonger le dit état d’urgence?

    • gigi

      La seule mutinerie que je vois en ce moment c’est celle des socialistes à l’égard d’un président bavard, incompétent et incapable de faire respecter la loi républicaine, y compris dans le cadre de l’état d’urgence.

      Et la seule provocation que j’aperçois c’est celle d’un bouquin contenant les confidences d’un président et dans lequel j’ai recensé (merci PDF) 442 fois l’occurrence Sarkozy ou Sarko et 23 fois seulement l’occurrence chômeurs. C’est dire le sujet de préoccupation de celui qui promettait d’inverser la courbe du chômage.

      Après ça étonnez vous de l’état dans lequel se trouve le pays aujourd’hui.

    • Mjolnir

      Ne confondons pas la maladie et son symptôme, voulez-vous?

  24. Al Ceste

    Votre serviteur publiera jeudi un article sur ces manifs. En gros : on paie trois choses : la diminution des moyens humains et matériels initiée par Malfaisant 1er, le mépris ancien de tout pouvoir pour ses « chiens de garde » et l’abandon criminel de la police de proximité.

    http://misentrop2.canalblog.com/

    • gigi

      Je n’ai pas souvenir que du temps de Sarkozy les policiers se faisaient égorger à leur domicile ou rôtir dans leur véhicule.

      Avez vous une explication ?

  25. Jean Traverien

    J’aime bien les policières qui ont un petit air mutin !

    • aristote

      Les blondes avec leur catogan qui passe derrière la casquette.

  26. Jean Daniel

    La situation des forces de l’ordre est mal vécue actuellement mais est-elle vraiment mauvaise ? Les statistiques européennes nous montrent que le nombre de représentants des forces de l’ordre par habitant est 20% plus fort en France que la moyenne européenne. Autrement dit, quand l’Europe a, en moyenne, 5 flics, nous en avons 6. Et ça ne comprend, bien sûr, pas les militaires auxiliaires. La communauté nationale fait donc largement ce qu’il faut pour sa police. Et les résultats ne sont pas au rendez-vous : 3 attentats majeurs en 18 mois. Pour le contribuable que je suis, le rapport qualité –prix n’y est pas.
    Ce n’est certainement pas uniquement du fait des exécutants. Ils vivent mal leur quotidien, c’est un fait, mais la cause de leur malaise n’est certainement pas lié au nombre de personnel ou aux conditions matérielles. Certains pays en Europe (en particulier l’Allemagne et les Pays-Bas) privilégient la concertation avant l’emploi de la force. Chez nous, culturellement, on frappe d’abord et on discute après. Résultat : avec moins de moyens, ces pays ont de meilleurs résultats et, quand ils ont un pépin, ils le gèrent d’une manière qui suscite les compliments (voir Munich). J’aurais aimé que la presse internationale complimente la police française pour sa manière de gérer les différents attentats.
    Prévenir les attentats, pénétrer les réseaux demande d’avoir des renseignements. Pour avoir des renseignements il faut inspirer confiance à la population. On n’inspire pas confiance en tapant sur la tête des gens, ou en les menaçant de les karchériser.
    Est-ce que les têtes pensantes de la police peuvent comprendre cette évidence ?

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