LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Pichon, simple flic

Philippe Pichon est commandant de police, mais il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages, poèmes, essais et romans, dont le plus connu (mais ce n’est sans doute pas le plus important) est Journal d’un flic, aux éditions Flammarion.

commandant-philippe-pichon_rmc-copie.1229511339.jpgCe livre, paru en 2007, dans lequel il parle d’une manière critique de son métier a été plutôt mal perçu par l’administration. Il lui a valu une mise en garde pour manquement à l’obligation de réserve et des soucis à répétition. Je crois que ce n’est pas tant ses propos qui dérangent que ses contacts privilégiés avec les médias. Depuis le passage à l’Intérieur d’un certain Joxe, les policiers ont en effet appris à boycotter les journalistes. Une contrainte qui est devenue au fil des ans une coutume, une règle non écrite.

Pichon n’a pas la quarantaine. Il est en poste au commissariat de Meaux, où il est chargé du transfert des détenus entre la prison et le tribunal. Un job sans aucun intérêt. Un placard.

Son dernier livre, L’enfance violée, aux éditions Flammarion, est – hélas – autobiographique. « On m’avait inscrit contre mon gré à des cours de judo, dit-il dans Paris Match (ici). Tous les mercredis après-midi. Le gymnase était à 50 mètres du magasin de fleurs de mes parents. J’étais à l’époque un garçon timide, réservé, peu sûr de lui (…) Les trois premiers cours s’étaient relativement bien passés (…) Dès la quatrième séance, j’ai senti que le prof se faisait de plus en plus pressant…»

C’est homme est un écorché vif, et l’on se demande s’il est vraiment à sa place dans la police…  C’est d’ailleurs la question que doit se poser sa hiérarchie.journal-dun-flic.1229511594.jpg

Lundi dernier, Philippe Pichon a été convoqué par l’IGPN (la police des polices) et placé en garde à vue. Au moment où j’écris ces lignes, on en ignore les raisons. On murmure que c’est l’aboutissement de l’enquête pour manquement à son obligation de réserve. Mais, selon le Nouvel Obs (ici), « il serait soupçonné d’avoir diffusé des informations confidentielles à caractère professionnel ».

Je n’en sais pas plus. Véritable délit ou acharnement administratif ?

14 Comments

  1. Eric Lefèvre

    Marc Louboutin

    La news liée à votre lien me laisse penser que nous sommes en présence d’une affaire dont, encore une fois, nous ne connaitrons pas les tenants et les aboutissants.
    La vigilance est de mise.
    Merci d’y participer.

  2. marc louboutin

    Selon le Nouvel Observateur ce soir, P. Pichon serait l’auteur présumé de détournements d’informations confidentielles (STIC) au bénéfice de journalistes.
    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20081218.OBS6180/un_policier_mis_en_examen_pour_des_detournements_du_fic.html

  3. GENZEL

    Bonjour,
    Karim Achoui sur le billet de l’Odéon :
    http://davidetceline.over-blog.com/
    Bien à vous,
    David

  4. marc louboutin

    dernières nouvelles d’hier soir…
    Cela devient brouillardeux…
    http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/societe/20081217.FAP4153/un_commandant_de_police_auteur_dun_livre_sur_son_metier.html

  5. marc louboutin

    Eric Lefèvre
    LU dans l’article que vous indiquez :
    « Il y a chez l’auteur comme un besoin farouche de montrer qu’il n’est jamais là où l’on pense qu’il se trouve »

    C’est tout à fait vrai…

  6. Eric Lefèvre

    La lecture de cet article, en lien, apportera à chacun, sans doute, un éclairage utile : http://champpenal.revues.org/document668.html

  7. Eric Lefèvre

    Cette petite phrase laisse à penser que l’on juge l’homme et non des faits … On voit de suite les dérives possibles.
    D’autre part, sans fréquenter ces hauts lieux, je suis en mesure de m’informer et donc de constater que les cures ou cours de relaxations ne sont pas aux programmes des gardes à vue. N’étant pas du métier, je me garde de tout jugement hâtif. Il est évident que nous sommes rarement conviés au commissariat dans un but de fidélisation et de tendre retrouvailles.

    Présomption, quand tu nous tiens ! 🙂

  8. Nicolas

    @ Eric Lefèvre
    Vous écrivez : « Je n’ai pas constaté que la “zen attitude” était de mise dans nos commissariats (que je ne fréquente pas, Dieu m’en préserve) ». Si vous ne les fréquentez pas, comment savez vous que la « zen attitude » n’est pas de mise ? Bon, là, je vous titille un peu.
    Ceci dit la petite phrase de Moréas sur le côté « écorché vif » de Plichon (et sa place au sein d’un commissariat) m’avait aussi intrigué et je me demande quel sens lui donner.

  9. Eric Lefèvre

    « C’est homme est un écorché vif, et l’on se demande s’il est vraiment à sa place dans la police…  »

    N’étant pas, ni de près ni de loin, en relation avec les membres de cette grande maison qu’est notre police, je me demande s’il existe, du moins sur le papier, un profil type du commandant de police, qui apparemment ne serait pas à l’image de sieur Pichon.
    La diversité dans tout métier n’est elle pas un enrichissement ?
    A l’heurt (sic) de notre présidentielle discrimination positive (re sic) le débat me parait, en effet, de grand intérêt.
    Je n’ai pas constaté que la « zen attitude » était de mise dans nos commissariats (que je ne fréquente pas, Dieu m’en préserve) et, à priori, être un écorché vif ne me parait pas incompatible avec des missions policières (sans doute pas dans la totalité).

  10. dutronc19

    Il travaille à Meaux, alors il est dans un joli pot aux roses! Meaux, c’est la ville de M.COPE. Et il est entouré de petits « roitelets »… qui oeuvre, l’un dans le champ du Sida, l’autre dans la jeunesse et les sports. Ils ont un point commun : ils aiment le Pouvoir et détestent le partage du pouvoir et les contrepouvoirs. Quant à la transparence…à Meaux, il y a une mise en scène de la communication, autour du journal de la mairie, une mise en scène qui leurre bien des meldois! Copé, c’est un Balkany light, qui présente plus « propre » que Balkany mais qui ne vaut pas mieux que lui. En matière de cumuls, Copé est passé maître… Et la Police Municipale, teasers au poings, veille sur lui! Ce Pichon semble courageux… vous disiez qu’il écrivait des « poèmes »? … un flic qui plane, ce n’est pas banal!

  11. marc louboutin

    @Nicolas
    Je suis vraiment dans le jus pour un boulot en cours, je n’ai donc pas vraiment le temps d’argumenter en prenant du temps, le sujet étant un peu « délicat ».
    Sachez juste que cela titille moi aussi ma curiosité de voir un auteur obtenir une large couverture médiatique et un soutien « de gauche » alors qu’il est plus que très proche avec des milieux très nationalistes et ce depuis des années…

  12. michel-j

    Difficile de se forger une opinion avec si peu d’elements en mains.

    Ceci dit, si Pichon s’est retrouve mis au placard pour avoir « trop parle », c’est a dire, avoir vouolu faire avancer les choses vers un mieux… il est sur qu’il faudra ruer dans les brancards !

    Nous sommes au XXI° siecle, que diable !… loins des dictatures et des coquelets de village qui forgerent, grace a leur force et leur violence, ce qu’on appelle encore aujourd’hui une « noblesse ».

    Si toutes les verites ne sont pas bonne a entendre pour ce « princes » qui nous gouvernent, il serait temps pour eux d’admettre qu’elles sont bonnes a dire pour un peuple qui les a -avec plus ou moins de bon sens et d’a-propos- plantes sur le piedestal du pouvoir… pour un temps plus ou moins long !

  13. Nicolas

    @ Marc
    Vous en avez trop dit ou pas assez. Je n’avais pas réagi à un de vos précédents posts sous-entendant, à ce sujet, des trucs pas « catholiques », mais là… vous commencez à m’intriguer, à titiller ma curiosité. J’espère que vous serez plus prolixe la prochaine fois.

  14. marc louboutin

    « Véritable délit ou acharnement administratif ?  »
    Je n’en sais rien non plus.
    Par contre, « Journal d’un flic » est il un livre qui avait comme seul but de faire connaître l’institution vue de l’intérieur, ou était-ce un message politique masqué ?
    J’avoue que là non plus je ne suis plus certain de grand-chose depuis quelques recherches un peu édifiantes…
    Nous en reparlerons sans doute.

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