À l’occasion du film de Philippe Lioret, on a beaucoup parlé des migrants de Calais. Une lectrice assidue de ce blog me dit qu’elle est bouleversée d’apprendre qu’on ne peut pas porter secours à un clandestin sans tomber sous le coup de la loi. Je vais tenter de répondre à ses questions…
– J’ai lu dans le Monde que des policiers de Calais ont mis en garde à vue une femme qui avait rechargé les téléphones portables de migrants. Est-ce qu’ils avaient le droit de faire ça ?
La législation sur les étrangers est fixée dans ce qu’il est convenu d’appeler le Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. L’article L 622-1 dit que : « Toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée, la circulation ou le séjour irrégulier, d’un étranger en France sera punie d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 30 000 Euros. »
Il est évident qu’il appartient aux juges d’interpréter ce texte en fonction des principes du respect de la dignité humaine. À de nombreuses reprises, les juridictions de l’ordre judiciaire ont affirmé que la loi nationale devait s’effacer devant un « ordre public affectif ». Aussi, ce texte ne peut-il viser « ni les comportements humanitaires ni les attitudes inspirées uniquement par l’amour et l’affection des intéressés » (TGI Toulouse 30 oct. 1998).
Mais les policiers ne sont pas dans l’affectif. Eux doivent se contenter de faire respecter les textes – sans les interpréter. Leur travail doit permettre d’établir si cette femme a agi par respect humanitaire (les migrants voulaient appeler leur famille) ou pour aider à la circulation ou au séjour d’étrangers (par exemple, besoin d’un contact avec leur passeur).
– Les policiers n’avaient-ils pas d’autres solutions que la garde à vue ?
Si cette femme avait été retenue dans un local de police contre son gré, sans la procédure de garde à vue, les policiers auraient pu faire l’objet d’une plainte et de poursuites judiciaires. Cette mesure est subie comme une humiliation alors que c’est le seul moyen – actuel – de garantir certains droits de la personne. Dans le projet de réforme de la procédure pénale, on envisage 6 heures de « retenue » sans aucun droit. C’est ça qu’on veut ?
– Que risque un policier qui n’obéirait pas à un ordre ?
Si son chef légitime (autorité administrative ou judiciaire) lui donne l’ordre d’intervenir en fonction d’un texte de loi, le fonctionnaire de police ne peut pas refuser. Sinon, c’est le conseil de discipline, avec des sanctions qui peuvent aller jusqu’à la révocation. Mais il y a plusieurs moyens d’obéir à un ordre, avec plus ou moins d’élégance.
Voilà, j’ai répondu aux questions, mais même si cela n’a rien à voir, on peut noter que Philippe Lioret est l’un des 31 signataires d’une pétition en faveur du projet de loi sur le téléchargement illégal (Le Monde du 9 juillet 2008).
Hier, il appelle à voter une loi exorbitante du droit commun et aujourd’hui il nous donne des leçons de liberté. Cet homme est étonnant.
Allez, on espère que son film fera beaucoup d’entrées.
Le film Welcome est juste un « bijoux ».
Il exprime tant sur le migrant Calaisien.
Le réalisateur jongle avec vérité et romance pour faire passer ce message, pour ne pas être censuré par notre cher gouvernement.
Un travail fantastique qui a « légèrement » soulevé la polémique sur la réalité d’un quotidien, qu’il soit pour les migrants et leurs conditions de vie catastrophiques ou pour les bénévoles qui eux sont sans cesse « embétés » par la police.
Vivre à Calais est identique que vivre sous le régime d’occupation; C’est un fait !
Je suis allée pour plusieurs séjours dans cette petite ville française, afin de donner « un coup de main » à l’association SALAM.Merci pour ce court article que vous avez pris le temps d’écrire, il est important d’informer les gens sur ce qu’il se passe là-bas.
Quelques associations se battent pour cela, mais la France ignore le problème.
Les médias, l’ État rend invisible la situation.
On nous informe des problèmes que sont les migrants, mais pas des difficultés qu’ils rencontrent.. pourquoi? Parce que voulu par l’État, l’État même exige ce manquement de dignité et de RESPECT des Droits de l’Homme qu’il sait si bien ordonner dans d’autres pays.
Le migrant calaisien est donc à mon goût bien laissé pour compte dans l’information française.
Après plusieurs séjours sur place, je reviens avec toujours autant de rancœur pour le traitement qu’on leur inflige et pour la non dénonciation de cette situation surréaliste en France.
J’ai décidé de mettre en place un petit blog, relatant les faits divers de cet hiver et le quotidien que j’ai pu toucher du doigt là-bas. Si cela vous intéresse, jetez un oeil..si vous le trouvez CORRECT faites passer.
http://calywood.wordpress.com/
Ce n’est qu’un petit moyen en plus d’informer les gens, avec des mots simples et le regard d’une jeune fille qui s’insurge de cette France, celle qui pendant 20 ans de scolarité l’a éduqué aux valeurs de solidarité, fraternité et respect.
Cordialement.
Amandine
J’habite Calais et voudrais apporter quelques précisions :
1) Les bénévoles distribuent les repas à plusieurs centaines de migrants tous les jours sans arrestation ni de bénévoles ni de migrants. Il n’y a pas de mise en garde à vue de bénévole pour avoir juste secouru des migrants et les migrants sont « intouchables » pendant les repas qui avaient lieu en face de la gendarmerie et à 500 m du commissariat, les migrants passant devant ce dernier pour aller ensuite chercher des couvertures sans pour autant se faire inquiéter.
2) Pour ce qui est de la mamie aux téléphones portables, pas de jugements hâtifs : il y a une commission rogatoire. On peut donc supposer qu’on lui reproche un peu plus que ça quoi que certains veuillent en dire.
3) Si ces migrants sont de pauvres gens, il faut réaliser qu’ils commettent des agressions répétées sur les chauffeurs routiers (il y a un polonais qui est encore à l’hôpital plusieurs jours après s’être fait agressé par des migrants) et sur les riverains. La Jungle était devenu leur territoire et on ne pouvait plus passer à côté sans risquer de se faire menacer. Avant qu’elle ne soit rasée, il y avait eu plusieurs vols à l’arraché sur des riveraines.
Quand on appelait la police, il leur fallait appeler des voitures en renfort sous peine de se faire prendre à partie. Alors tout n’est pas aussi simple qu’on veut nous le dire !
4) Les passeurs tenaient complètement la Jungle et y faisaient même payer l’installation aux migrants !
Alors je ne vois vraiment pas pourquoi on fait des reproches aux policiers qui obéissent aux ordres d’interpellation.
Du délit de solidarité et du mensonge des politiques
http://maitre-eolas.fr/2009/04/13/1371-du-delit-de-solidarite-et-du-mensonge-des-politiques
Merci pour les trois internautes qui ont pris au sérieux mes questions.
@ Georges. Merci pour sa réponse en terme de tactique « limitation des dégâts »… Je la trouve correcte. Mais elle suppose d’une part d’avoir été en capacité de dire non sans graves conséquences, et de la part du supérieur qui avait besoin de faire exécuter son ordre, sa capacité à trouver une solution de rechange, faire appel à quelqu’un de plus déterminé ou de moins capable d’exprimer son opposition que Georges ne le fit. Cette solution habile ayant constitué un nouveau dilemme moral pour Georges, non pas une prévention d’une diminution de la confiance de son chef à son égard, mais une anticipation de sa tactique de substitution estimée plus catastrophique par rapports aux conséquences escomptés, Georges a donc préféré renégocier avec son chef en estimant pouvoir limiter les dégâts, assuré de son meilleur discernement sur l’ordre à exécuter. C’est une attitude élégante qui contribue certainement à diminuer l’intensité du dilemme pour lui et son chef, quoique l’histoire ne dise pas si in fine tout le monde y a trouvé son compte….
@ Charline. Merci de rappeler qu’on peut être flic et humain. Mais votre réponse ne m’aide pas. C’est la tactique « botte en touche » qui consiste à dire : apportons une réponse politique humaniste à la misère du monde. Oui, c’est ce que proclament tous les partis sur tout le spectre de l’échiquier politique, car tout le monde est capable de faire un rêve humaniste de fraternisation universelle. Quant aux arrière pensées des uns et des autres, il vaut mieux ne pas aborder la question…Ma question était : où situez vous l’humanité de mon attitude de flic face à la dame que je dois conduire en GAV parce qu’elle aide les clandestins…Est-ce dans cette réponse : « Madame, vous n’avez pas le droit de faire cela car votre aide incite les clandestins à survivre à leur clandestinité alors que le mieux est qu’ils retournent chez eux ou aillent en Angleterre ? Ou est-ce dans cette autre : « Madame, aidez moi à trouver une bonne explication pour que je ne vous embarque pas, et au besoin aidez moi à faire passer le clandestin de l’autre côté » ? A votre avis ?…
@ La Fée. Merci pour sa réponse un peu socratique en forme de « connais-toi toi-même ». Votre rêve vous a donné le sentiment de trouver la solution. Difficile pour moi de décrypter ce message, d’autant qu’en général, le rêveur a seul la faculté d’interpréter lui-même la solution que le songe lui a donné. J’entends néanmoins ceci : n’ayez pas peur de la police, car votre vrai ennemi est toujours celui qui est tapi en vous. C’est ceux qui ont peur qui périssent les premiers, les autres peuvent en réchapper. Très bien. En tant que policier, j’entends bien que je dois ne pas avoir peur de braver l’ordre indigne que l’on m’a donné, voire de lui désobéir parce que ma cause est noble vu que l’ignominie de l’ordre réside dans le fait qu’il s’abat sur le plus faible… en l’occurrence chez la dame qui aide les plus faibles. Mais qui est le plus faible en réalité ? La dame et le clandestin, ou le flic à qui l’on fait faire ce sale boulot ? Quel ennemi s’agit-il au juste de terrasser dans ce rêve à transposer dans mon défi réel ? Celui qu’a le clandestin en lui (tuer le policier qui entrave son envie d’accéder à l’eldorado ?) ? Celui qu’a la dame en elle (tuer sa pulsion de générosité ?). Mon propre ennemi intérieur, autrement dit, celui de mon indécision à l’égard du choix que je dois faire entre l’ordre de mon chef, ma solidarité avec la dame ou ma compassion du clandestin ?
Si mon démon intérieur est l’indécision, c’est que je ne suis pas un héros… Et qu’hélas, peu de mes pairs le sont…Voilà bien pourquoi je me suis adressé à vous. Merci à tous trois d’avoir essayé de m’aider… Vous m’avez apporté du réconfort, chacun à votre tour, ce n’est pas si mal…
Je ne comprends pas ces gens qui s’offusquent du lien entre les camps de concentration d’hier et les camps de rétention d’aujourd’hui. Mes grands-parents, qui ont connu la guerre et les camps, quand ils ont vu les images des camps de rétention à la télé, ils ont pleuré.
Oui, il faut oser la comparaison ; et à ceux qui disent qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, il faudrait rappeler que l’occident crée sa richesse sur le pillage des ressources des pays pauvres…
Bonjour
« Mais les policiers ne sont pas dans l’affectif. Eux doivent se contenter de faire respecter les textes – sans les interpréter ».
Ce que vous écrivez est stupide.
Les policiers, comme vous dites, sont censés appliquer les textes et la jurisprudence, c’est-à-dire les textes tels qu’ils sont interprétés par les tribunaux…
D’autant que le droit pénal est caractérisé par le principe de l’interprétation stricte des incriminations.
Pergolese
@ Michel
Loi exorbitante : les lois répressives sont faites pour protéger la société, pas des intérêts privés. C’est du moins ce que je pense.
@ Lubin
La police « inspire » le législateur : un vrai sujet de réflexion.
Tentative de réponse à Janssen-J-m :
L’autre nuit j’ai fait un r^eve bien étrange.
Bien que ce fut un cauchemar, je n’éprouvai aucune crainte.
Je voulais simplement m’en sortir cou^te que cou^te. « J’étais à une f^ete avec plein de gens. Tout le monde s’amusait. Puis des « décisions d’en haut » sont arrivées. Il fallait supprimer l’excédent de population. Nous étions trop nombreux
et à un moment donné des herses hermétiques (style portes anti-feu) se sont abaissées.
Quand j’ai senti les premières fumées, j’ai compris.
Je ne voulais PAS MAIS ALORS PAS DU TOUT ^^etre ailleurs plut^^ot que là. Mais là j’allais bient^^ot étouffer.
Je me disais que ce n’était pas une fatalité.
J’étais alors enfermée. Les autres étaient dans un autre sas. Je les entendais et n’éprouvait qu’un seul sentiment à cet instant : RESPIRER
Qu’on pouvait s’en sortir. Par la VOLONTE;
Tout a cramé mais moi et une autre personne, (un homme dont j’ignore l’identité) nous étions saufs.
Nous avons tenté le tout pour le tout pour ouvrir aux AUTRES. Hélas, c’était une t^ache impossible.
Ils ne voulaient pas sortir. N’avaient aucune réaction.
Je n’éprouvait aucune crainte pour eux. Car j’étais EUX;
De toute la FORCE de ma pensée je m’opposais à ces FORCES insidieuses et invisibles.
Me sentant sauve, je savais que cette VOLONTE était « LA » solution pour lutter contre cet étrange péril.
Et les autres « sacrifiés » n’étaient plus, mais cela ne me rendait pas triste.
Bien au contraire, je savais qu’il fallait que je continue pour eux.
Ne pas accepter que les portes se ferment.
J’étais sortie alors que je n’avais aucun moyen de le faire.
M^me si vous ne pouvez donner de nom à l’ennemi, sachez qu’il est là. Tout pr^et. En vous-m^eme.
J’étais enfermée. J’ai ouvert.
Il ne faut surtout pas avoir peur, mais des raisons d’avoir peur existent.
Pourquoi tant de pauvres gens quittent leurs pays en un siècle où nous avons pratiquement tout ma^itrisé.
L’eau. La Terre. Le Feu. L’Air.
Chaque terre est fertile et si elle ne l’est pas peut le devenir.
Chacun peut manger et voir chaque jour le soleil se lever dans le pays qui l’a vu na^itre.
J’ai compris il y a bien longtemps.
Que la pyramide des besoins de Maslow était une notion erronée.
Qu’il fallait inverser la pyramide.
Il faut bien puisque nous vivons en société, nous en référer à la Loi.
Mais, dès lors que nous estimons qu’une loi est injuste pour de plus faibles, ne pas hésiter à Transgresser cette Loi.
Pensée nocture.
La Fée.
http://www.youtube.com/watch?v=lHTgOGarlAM&feature=related
A Lyon une directrice d’association tutélaire utilise l’argent de ses « protégés » pour ses dépenses personnelles à hauteur de plusieurs milliers d’euros (ce qu’elle a reconnu) et n’est même pas condamnée à un mois de prison ferme…. Où est la justice ???
Qu’entendez vs par » une loi exorbitante du droit commun » ?
What life has taught me
I would like to share with
Those who want to learn…
Until the philosophy which hold one race
Superior and another inferior
Is finally and permanently discredited and abandoned
Everywhere is war, me say war!!!!!
@ Janssen j-m
Je n’ai évidemment pas la réponse à votre question, mais je peux vous raconter une expérience personnelle. Un jour, j’ai exprimé mon désaccord pour une mission qui était contraire à ma vision de la police. On m’a répondu : « Si tu n’y vas pas, j’enverrai quelqu’un d’autre… » J’y suis allé, en m’efforçant de faire le « moins mal » possible.
Quant à Philippe Lioret, vous avez raison, cela n’a rien à voir. Mais je voulais le dire. Pour défendre ses intérêts, il est prêt à sacrifier un bout de nos libertés. Ceci dit, il a parfaitement le droit d’être pour cette loi contre le téléchargement illégal. Moi, je suis contre.
La comparaison de la politique Sarkozienne avec celle de Vichy au moment de « la solution finale » certes n’est pas acceptable ! Au surplus elle fait surgir une polémique inutile si on s’en tient là!Mieux-meme elle permet de donner des arguments et bonne conscience à certains qui approuvent la politique gouvernemntale actuelle ,voir la voudraient plus severe, en se retranchant derriere le fait qu’on ne peut assimiler le CESEDA aux lois antijuives de Vichy
Mais cette politique était en germe dans le comportement et les lois inadmissibles de la France Répubicaine d’avant juin 1940 qui voulait comme Sarkozy faire plaisir à une extreme-droite raciste et antisémite ( comme celle qui a permis à Sarkozy d’etre élu)et plus generalement à un racisme ordinaire fréquent dans la population!
Comme dans les années 1930 on retrouve :
1° Une population stigmatisée en raison de ses origines : à l’epoque les réfugiés d’europe centrale de confession juive ,maintenant les etrangers originaires des pays extra-européens d’Afrique et du Moyen-Orient
2°La théorie du complot:à l’epoque le fameux »ils sont partout » et « l’essentialisation » des origines: »on les trouve dans toutes les magouilles financieres »
actuellement « la France est envahie » » l’immigration invasion » du Fhaine ou « Ce sont des Musulmans donc des terroristes en puissances » » les noirs sont prolifiques « etc en bref les themes récurrents véhiculés par les nostalgeriques et autres !
3°Une législation d’exception qui conduit à « vérouiller » sans aucun d’etat d’ame les maigres voies de recours offertes aux etrangers (juge unique sans commissaire du gouvernement devant les tribunaux administratifs surchargés )et les possibilités d’etre assistés dans un « procés equitable » par des associations compétentes (affaire de la CIMADE )ou des avocats autres que certains commis d’office et pas toujours motivés) .
Au surplus on tente de faire peur aux individus compatissants (affaire de la recharge du portable) ,en les assimilants à des délinquants trafiquants de main-d’oeuvre !Il ne s’agit pas de térroriser les passeurs mais les humanistes !
4° Quant à la Police au lieu de lui demander un travaille de fond pour remonter les filieres,on l’instrumentalise en lui faisant faire des controles au facies,des descentes domicliaires etc
Certains policiers pour etre bien vus ,comme à d’autre époque ferront du zéle (affaire du Medecin noir du Samu placé en GAV alorsqu’il secourrait la victime d’un infarctus etc)
5° Enfin certains étrangers déboutés du droit d’asile ,faute d’avoir pu apporter la preuve souvent impossible des risques vitaux encourus, lors de retour dans leur pays d’origine, se trouvent concretement dans une situation comparable à celles de deportés :la mort peut etre au bout du voyage de retour au pays (d’où certains incidents lors des embarquements en avion!
Les fonctionnaires ont théoriquement le droit de refuser d’exécuter un ordre manifestement illégal. Mais ils n’ont aucun pouvoir de s’opposer à l’ordre de faire appliquer une loi, même inique et manifestement injuste et attentatoire aux libertés.
En conscience, ils doivent se soumettre ou se démettre. C’est en ce sens que les parallèles historiques peuvent se comprendre : mêmes causes, mêmes effets. Dans ces conditions, le conformisme est de bon aloi et l’étoffe des héros bien mince. Au fond qui peut les blâmer : c’est à la collectivité toute entière qu’il revient de ne pas instituer ou d’accepter passivement un ordre contraire aux fondements de l’idéal républicain.
Sujet très délicat. Je peux me projeter en « flic » l’ayant été moi même un temps, et épouse, fille et nièce de « flic » nul n’est parfait, je sais.
On peut être flic et humain. Si nous revoyions le problème en amont avant de tenter de trouver une solution immédiate. Pour quelles raisons tant d’hommes de femmes et d’enfants risquent-ils leur vie pour tenter de survivre dans un pays qui n’est pas le leur ? Pour de multiples raisons. Leur pays est pauvre, leur pays est en guerre, leur pays est mal géré…et c’est là que nos pays moins riches qu’il y a un certain temps, mais encore suffisamment riches pourraient apporter leur aide à toutes ces populations en danger. Mais comment réagir?
Dans un premier temps faire une communication très vaste…
Une amie béninoise me disait : tu sais pourquoi les gens viennent échouer en Europe ? parce qu’ils croient qu’ils trouveront facilement du travail. Ils ne sont pas informés des dangers qui les guettent.
Que pouvons nous faire aujourd’hui en temps de crise ?
Les donneurs de leçons ne sont pas toujours les payeurs. L ‘Etat ne peut prendre en charge toutes ces populations en détresse.
Y a t-il des solutions et quelles sont-elles ?
un grand débat est à mon avis indispensable, inévitable. Débattre avant tout avec les dirigeants des pays concernés par cette massive vague d’immigration. Chaque pays doit être rendu responsable de sa population.
De quelles manières ? ce qui me choque c’est qu’ inversement on rend responsable les gouvernements qui subissent cette immigration. Ce n’est pas logique.
On ne peut renvoyer dos à dos les uns et les autres mais on peut ouvrir un grand débat les uns en face des autres pour trouver les meilleures solutions possible.
Qui a dit : utopie ?
IL y a 3 millions de chomeurs il y a une pénurie de logement et nous allons pas accueillir toute l afrique ni toute la misère du monde comme le disait michel ROCARD
mais nous avons une obligation morale d aider ces pays si ils acceptent notre aide
« Les policiers doivent se contenter de faire respecter les textes…sans les interpréter ». Sauf que depuis pas mal d’années maintenant, les policiers ont la fâcheuse tendance d’inspirer les textes au législateur et les sanctions aux tribunaux. On ne compte plus les lois votées sous la pression des commissariats. C’est bien gênant pour la démocratie…
La prétendue contradiction relevée par ce post dans l’attitude de Lioret me semble un peu expéditive, car je trouve que les deux éléments n’ont strictement rien à voir…
Quant à la prétendue « réponse » à la dame qui s’inquiète (« il y a plusieurs moyens d’obéir à un ordre, avec plus ou moins d’élégance », voilà j’ai répondu, passons à autre chose), je la trouve encore plus désinvolte, pour ne pas dire cavalière…
Personnellement, je trouve qu’il n’y a qu’une très petite différence dans l’attitude que je dois adopter en tant que policier vis à vis de la dame coupable d’aider à recharger les téléphones des prolétaires de Calais, et celle que je dois adopter à l’égard de ces paysans qui cachent des enfants juifs quand je travaille sous le régime de Vichy. Je suis « un » flic, le même flic, et je ne vois pas dans la réponse de M. Moréas, où est la différence sur le plan opérationnel.
Je suis désolé de faire cette comparaison, mais elle doit être clairement posée et je souhaiterais que l’on dise exactement à cette dame désormais criminalisée pour faits de complicités, et que l’on me dise, à moi simple flic, où se situe la différence dans mon obligation de faire appliquer la « loi » sarkozienne avec ce qui se passe sous la « loi » pétainiste.
Je veux savoir si, moi, policier qui dois exécuter les ordres sous ces deux régimes, dois me soucier ou me préoccuper des conséquences des actes que j’ai le devoir d’exécuter, d’autant que je sens chaque jour monter la pression sur les épaules de mes chefs qui ne veulent rien savoir de mes états d’âme, puisque seule compte mon obligation de résultat.
Je souhaiterais qu’un débat public national ait enfin lieu au sujet des conséquences pratiques de l’attitude que je dois adopter.
Dois-je désobéir explicitement à mes chefs car je trouve juste ce que fait cette dame, ou dois-je le faire officieusement ? Et pourquoi le ferais-je tout seul, si je ne me sens pas soutenu par mes pairs et par les démocrates de mon pays ?…
Le sujet n’est pas anodin, croyez-moi… Il est fondamental et engage durablement l’avenir. Je ne pense pas qu’il doive être expédié par un simple effet de manche, j’en suis désolé.
Dites-moi comment faire cher monsieur Moréas, dites-moi comment faire chers collègues et chefs policiers, dites-moi comment faire, chers internautes, pour qui ce dilemme se pose réellement…
Je ne suis qu’un simple flic et je vous demande conseil. Mettez-vous deux secondes à ma place, et ne me racontez pas n’importe quoi, SVP.
Dans la Loi il y a toujours l’esprit et la lettre. Lorsque des policiers, pour des raisons qu’ils estiment valables, inscrivent des numéros sur les poignets des étrangers non expulsables et lorsque ils vaporisent du lacrymogène sur leurs effets, je ne pense pas qu’ils agissent dans le cadre de la Loi. Mais bon, nous ne sommes que des hommes…
Quoi que l’on pense de la situation des étrangers en centre de rétention, et en dépit de la légitime compassion qu’on doit leur porter, le parallèle avec la Shoah est abominable. Un déporté entrant dans un camp de concentration avait très peu de chance d’en sortir vivant et il s’agissait bien d’une politique d’extermination ou au mieux (!!!) d’esclavagisme. Ce n’est pas le cas ici.
Une loi qui fait la promotion de la non-assistance à personne en danger: ne vous étonnez pas ensuite que si vous avez un problème dans la rue plus personne ne vous porte assistance. Si vous avez un problème, vous ne serez pas sous votre meilleur jour et déjà vous passerez pour un suspect.
Quant à des parallèles avec d’autres situations historiques, on peut très bien le faire, dans la mesure où à divers moments on se cherche un bouc émissaire contre qui on montrera que l’on fait qqse. Mais ces gens qui se cherchent un avenir meilleur pourquoi vont-ils à l’autre bout de la planète. Leur pays a servi de marché pour les marchands d’armes (l’Irak dans sa longue guerre contre l’Iran, le soutien américain aux talibans, les tonnes de bombes déversées par les américains et les anglais, la guerre en Irak déclenchée sur la base d’un mensonge et encore des tonnes de bombes) Et après le chaos installé dans ces pays, et comment faire, sinon se chercher un ailleurs, un autre chose.
Alors blâmer des gens qui vont porter assistance à des gens qui se retrouvent au bord de la mort, cela devient la politique d’un apprenti sorcier et je ne ferai pas de parallèle historique avec d’autres…
On voit bien que vous avez apprécié le film malgré tout. Le portrait qui y est fait des policier est assez nuancé. Leur boulot cependant est une machine écrasante qui ne va que dans un seul sens immuable… Vous l’écrivez si bien… et vous ne pouvez pas dire que des yeux peuvent se fermer… laissez-moi être optimiste….
Ce film de Monsieur Lioret m’a agréablement surpris. Je m’attendais en effet à une œuvre très manichéenne et démagogique. Le réalisateur a su être un peu plus subtil.
Quant aux sempiternelles comparaisons de la situation actuelle avec les années 30 ou 40, elles sont, selon moi, déplacées, mais également révélatrices d’un manque de culture et de réflexion.
S’agissant de la « retenue judiciaire », dire qu’elle ne procure aucun droit à celui qui en fait les frais me semble exagéré, l’intervention d’un avocat étant pourtant envisagée.
Comme il est précisé dans la remarquable émission « d’arrêtsur image », nous nous retrouvons dans les mêmes conditions qu’en 1930…