LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

La police est-elle trop centralisée ?

Les Black Blocs frappent à Poitiers, là où personne ne les attendait. Il faut dire que depuis le regroupement des RG et de la DST dans un service parisien, en province, l’information arrive au compte-gouttes. D’une manière générale, la police est de plus en plus centralisée, à blackbloc_lapin_ladistro.jpgl’image de la réforme du Grand Paris. Et dans nos campagnes, les gendarmeries ferment à la cadence des bureaux de poste ou des maternités. Est-ce un nouveau management pour la police ? Déjà en 2003, devant les commissaires réunis en congrès, Nicolas Sarkozy avait annoncé clairement qu’il comptait gérer la police avec des méthodes dignes du secteur privé. Aujourd’hui, avec près de 46.000 personnes sous ses ordres, le préfet de police de Paris (qui cumule les fonctions de préfet de la Zone de défense de l’Ile-de France) n’a plus rien à envier au PDG d’une entreprise du CAC 40.

Pour faire une comparaison, le plus important service de police des États-Unis, celui de New-York (plus de 8 millions d’habitants), le fameux NYPD, compte 36.227 agents (source Wikipédia).

Mais en France, la sécurité est devenue un enjeu politique. Et par ricochet, la concentration des pouvoirs de police en région parisienne était quasi inévitable. On assiste donc, en cette année 2009, à un retour en force de la toute puissante Préfecture de police, la PP pour les intimes.

S’agit-il d’un plus pour les millions de parisiens et de banlieusards ? Il faut l’espérer, mais pour l’instant, dans les rangs des policiers, tout le monde n’y trouve pas son compte.

On peut même dire qu’on constate un certain cafouillage.

Ainsi, en ce qui concerne la brigade anti-criminalité, le syndicat Alliance déplore des missions qui n’ont « rien à voir avec la spécificité du service ». Et constate une accumulation de petits manquements : pas de plans précis de banlieue, pas de GPS, pas de listes des commissariats ni des liaisons radio, etc. Autant de petites choses qui peuvent avoir de sérieuses conséquences, dans l’urgence ou dans une situation critique. 

Quant aux fonctionnaires de PJ, ils renâclent. Au lieu d’être saisis par le procureur, comme le prévoit le Code de procédure pénale, ils se voient à présent chargés d’enquêtes par l’intermédiaire d’un commissariat. Avec le risque à plus ou moins court terme d’être inondés de petites affaires locales au détriment de dossiers plus importants.

Il semble également que les policiers de la direction du renseignement n’aient pas encore trouvé leur voie. Seule la mission de la sous-direction de la lutte contre l’immigration paraît nettement affirmée. Pour le reste, il est à craindre des frottements avec la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur), service en prise directe avec l’Élysée. Et qui, entre parenthèses, n’a pas vu venir la manifestation de casseurs dans l’une des grandes villes de la région dirigée par Mme Royal… Bon, ils avaient peut-être autre chose à faire… Après tout, les Régionales sont dans quelques mois.

Mais je m’égare…

grand_paris_police.jpg En fait, cette réforme s’appuie en grande partie sur la DSPAP (direction de sécurité de proximité de l’agglomération parisienne), qui compte 26.000 fonctionnaires ; et pour le maintien de l’ordre sur la DOPC (direction de l’ordre public et de la circulation), forte de 5.000. Et face à ces deux mastodontes, les autres services se sentent bien petits…

Je n’ai pas d’info sur la gendarmerie, mais un lecteur (Hirondelle, le 8 octobre 2009 à 09:31) dans un commentaire sur le billet Grand Paris : 1 policier pour 200 habitants, nous explique que les effectifs parisiens vont fondre sérieusement et que les unités de recherches (chargées des enquêtes judiciaires) risquent fort de limiter leur action à l’assistance de leurs collègues de province, lorsque ceux-ci viennent enquêter dans l’agglomération parisienne. S’achemine-t-on vers un retour police des villes et gendarmerie des campagnes ?

Et pour répondre à certaines interrogations, il me semble que l’on s’éloigne de la création d’une police municipale à Paris. Elle aurait, me semble-t-il, bien du mal à s’insérer dans la structure d’ensemble. À noter qu’à ce jour, aucun des trois maires de Paris n’en a exprimé le souhait. Trop de responsabilités ?

Quant aux magistrats, ils sont les grands perdants. Il est bien loin le temps où ils réclamaient de pouvoir désigner le service, voire l’OPJ, de leur choix sans passer par l’état-major de la PP !

Tout cela est en rodage, me direz-vous. Je suis bien d’accord et je me contente ici de livrer quelques sentiments (ressentiments ?) exprimés à voix basse. Et rien n’est écrit dans le marbre. Il faudra attendre un an ou deux pour voir si cette réforme porte ses fruits, mais une chose est prévisible : les policiers vont se voir pressurés comme jamais avec une feuille de route simplissime : des résultats, du chiffre.

Et il est à craindre que l’ambiance se détériore sérieusement.

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Le billet précédent, Vidéosurveillance en entreprise : la CNIL juge et condamne, a été lu 6.700 fois en 2 jours et a suscité 15 commentaires.

12 Comments

  1. un flic

    C’est justement ce que nous essayons, avec quelques uns, de faire : ne plus dépendre directemnt des élus . le système US est d’ailleurs assez différent , les sherifs sont élus mais ils sont sur le territoire du Comté . il y a également les polices locales dont les plus célèbres (cinéma oblige ) sont le NYPD et le LAPD qui sont les PM des villes de Los Angeles et New-York . Mais là bas un maire qui se permettrait un abus de pouvoir risque gros …Un a vu par exemple Sarah Palin obligée de se justifier suite à la révocation d’un polcier qui était lié à un membre de sa famille .

    Il serait intéressant de voir comment cela se passe dans les pays européens voisins : on s’aperçoit que la plupart du temps, contrairement à la France le Maire n’est pas « tout puissant » .

    On pourrait comparer le système qui devrait être mis en place avec un hopital : le directeur de l’hopital qui est souvent un élu, ne va pas expliquer aux médecins comment pratiquer une opération d’apendicite (heureusement …)

    Il n’y a pas que la déparetementalisation . On pourrait imaginer que les départements seraient découpés en « zones de police » comme cela a été fait en Belgique . les élus siègeraient à un conseil d’administration . L’opérationnel serait sous le contrôle d’un OPJ professionnel (donc de la Police d’Etat ) , les gradés de la Police Locale gêrant leurs services. Au nveau départemental il y aurait une direction , donc au niveau de la DDSP .

    Il est clair que les élus sont dans leur rôle quand ils réclament -unexemple- des patrouilles renforcées dans tel ou tel endroit .

    En revanche le cas que vous citez avec votre conseiller général qui a peur d’un conrôle alcool à la sortie d’une inauguration, il y a eu mieux : de vilains gendarmes avaient eu l’audace de procéder à des contrôles sur une route empruntée par des maires qui se rendaient à un congrès…certains étant , disons le, ivres au volant que s’est -il passé ? le Préfet a présenté des excuses devant le zèle des vilains gendarmes …
    Cela remonte à quelques années mais quand même …
    Parfois voyez-vous ce côté bananier est très difficile à vivre …

  2. Max

    Je ne pense pas que ce soit une bonne chose de départementaliser les PM : le pb reste le même. A partir du moment où la police relève directement d’un élu, c’est dangereux. Cela marche pour les pompiers parce qu’il n’y a pas le même enjeu. D’ailleurs, tous les américains sont loin de trouver le système des sheriffs si bien que ça.
    Je reconnais que la police nationale dépend elle aussi d’un élu, le président de la république. Mais cet impact est extrêmement atténué par la multiplicité des effectifs.

    PS : la seule remarque à laquelle j’ai eu le droit par un conseiller général c’est : « J’espère que vous n’avez pas mis de contrôle routier à la sortie », parlant de l’inauguration de la maison de la petite enfance à 11h… Au moins, je n’ai pas ce pb avec mon sous préfet. Il me demande juste de me justifier par rapport à l’accidentologie.

    Bref, pour rien au monde je n’irai bosser directement pour un élu qu’il soit conseil régional, général, ou maire. De même, je suis farouchement contre l’élection des chefs de police ou des magistrats.

    Enfin, de savoir vous opposer à votre maire est tout à votre honneur.

  3. un flic

    Sur un plan bêtement statutaire , un chef de service de PM qui partirait en détachement dans l’administration pénitentiaire, administration d’Etat dont les grilles indiciaires sont comparables à la Police Nationale, serait détaché en qualité de lieutenant .

  4. un flic

    Cher « Le Pacha » ces considérations statutaires n’intéressent pas grand monde. je vous dirais que le cadre d’emploi « en tenue » avec qui peut êyre comparée la POlice Municipale est uniquement le cadre des sapeurs-pompiers qui, comme les PM sont des fonctionnaires territoriaux . Au dernières nouvelles , les gardiens de la paix de la Police nationale sont toujours catégorie C, même si leur statut spécial et leur grille indiciaire fait qu’ils sont , en indice, comparables à des « B » .

    Il est vrai que les gardiens de la paix sont recrutés avec le bac . depuis fort peu de temps notez le . Et cela ne tient pas compte des recrutements après avoir été adjoint de sécurité, voire cadet de la République .

    Je vous dirais, pour comparer ce qui est incomparable , qu’un officier de la Police Nationale est un bon …Adjudant de la Gendarmerie , Gendarmerie qui rappellez-vous a fait une drôle de tête quand les ex inspecteurs et officiers de Paix se sont retrouvés « Lieutenant, Capitaines etc… »

    Bref on n’en sortira pas, la multiplicité des statuts fait que l’on ne peut comparer réellement . ceci dit, notez que le niveau d’un concours de chef de service de police municipale de catégorie B, par exemple , est assez relevé …

    Je pense que , plus que le statut , nous devrions parler de l’évolution de la PM qui je le répête, devrait disparaître dans sa forme actuelle pour rejoindre ce qui existe dans d’autres pays européens .

  5. Le Pacha

    Bonjour,

    @ « Un Flic »,

    Les Policiers Municipaux relèvent, si je ne m’abuse, des cadres d’emploi de la Fonction Publique Territoriale :
    – Agents de PM : catégorie C ;
    – Chefs de Service PM : catégorie B ;
    – Directeurs de PM : catégorie A.

    Les Officiers de la Police Nationale sont recrutés à partir de la licence et relèvent de la catégorie A. Les Gardiens de la Paix sont recrutés au baccalauréat et relèvent de la catégorie B (les Commissaires de Police, recrutés à partir du Master, relevant quant à eux de la catégorie A +).

    Aussi, si vous tenez à établir des comparaisons ou des équivalences, l’équivalent d’un « Gradé de la PM » serait tout au plus un « Gradé de la PN » (Brigadier, Brigadier-Chef, voire Brigadier-Major), et non un Lieutenant de Police.

    Cordialement,

  6. un flic

    La question des disparités de moyens entre communes et d' »égalité des citoyens » en matière de Police Municipale est un faux problème : d’abord les maires devraient profiter de la possibilité de mutualiser leurs moyens entre communes (puisqu’ils peuvent avoir une PM intercommnale dans la cadre d’un EPCI et même en dehors de ce cadre mutualiser les PM entre les communes de moins de 20000 habitants formant un ensemble de moins de 50000) et ensuite parceque la Police nationale elle même n’est aboslument pas une garantie d’égalité entre les citoyens en matière de moyens policiers : soyons clairs un homme politique important, miraculeusement obtient toujours des effectifs de police nationale supplémentaires et dans tous les cas ce sont bien les communes qui financent les postes de police nationale et les moyens qui y sont affectés en grande partie (ordinateurs, véhicules , deux roues etc…ce que les fonctionnaires qui y sont affectés ignorent pour beaucoup d’entre eux d’ailleurs …)
    Il en est de même pour la Gendarmerie dont le financement est essuré par els « syndicats de gendarmerie » gérés par …Les communes .

    Qui plus est il ne suffit pas d’être grand clarc pour constater qu’on a plus de flics en tenue -de la Nationale- dans certains « beaux quartiers » parisiens que quand on est un pauvre de Banlieue …Ou il faut pafois attendre 45 minutes le temps que la PN trouve des effectifs dispos …On st bien content de trouver la Municipale dans ces cas là .

    Là où je vous rejoint c’est que ces effectifs de Police Locale doivent être transformés : en clair la Police Municipale telle que nous la connaissons actuellement doit … Disparaître . Contrairement à une idée reçue leurs pouvoirs ont peu augmenté : ils sont APJA depuis plus de 40 ans et avaient et ont toujours pour mission d’assurer tranquilité, salubrité, bon ordre et sécurité publique . le fait de leur avoir permis de relever un certain nombre d’infraction directement par PV ne change rien à leurs qualifications . Le seul réel pouvoir spectaculaire pouvoir qu’on a donné aux chefs de poste étant des pouvoir équivalent à un OPJ en matière de fourrière automobile …

    Le problème c’est : LES MAIRES . ceux-ci sont les représentants de l’Etat sur la commune (ils ne le savent pas toujours) , Officiers de Police Judiciaire (Pourquoi ?) et pas à titre symbolique : ils le sont et pourraient (Dieu nous en garde) se servir de leurs pouvoirs ) . Ils n’ont aucune formation et sont les seuls OPJ qui ne sont pas notés par le parquet . des électrons libres en somme . Soumis aux pressions de leurs administrés , aux « conseils » de leurs élus et de leurs fonctionnaires communaux administratifs qui n’y connaissent pas plus en police que moi en maçonnerie on les voit faire tout et son contraire, souvent en dépit du bon sens , bafouant les textes, confiant la direction de la PM à n’importe qui etc…

    Sur un plan strictement de Droit vous serez d’accord avec moi que dans un Etat de droit on sépare les pouvoirs . Sauf pour les Maires : ils ont le pouvoir réglementaire et édictent des règlements qui ont force de Loi. Jusque là c’est normal . mais ils sont chargés non seulement de les faire appliquer mais en plus de REPRIMER les infractions qu’ils édictent . Y’a pas contradiction là ?

    Bref nous pensons que les Maires doivent être les « capitaines mais pas les barreurs » . Normal qu’ils donnent les grandes orientations . Normal qu’ils prennnent des arrêtés . Mais ils ne doivent pas avoir la main mise directe sur des services de police , fussent-ils locaux. D’ailleurs la loi de 1884 disait quoi ? : les maires nomment et emploient les polciers municipaux (à l’époque jusqu’au grade d’inspecteurs!) mais la PM est dirigée par un agent nommé par l’autorité centrale : un commissaire de Police …Eh oui .

    Pour revenir à l’égalité des citoyens certains maires emploient des bataillons de policiers pour travailler de 08h00 à 17h00 , heures « creuses  » en délinquance , pour faire des missions archi subalternes (ports de plis, stationnement…) , d’autres, ayant moins de moyens, emploient leurs policiers en totale coopération avec PN et GN . certains les arment , d’autres les désarment …En gros ils font ce qu’ils veulent . ben il faut que cela cesse :

    -Ou bien les maires sont les représentants de l’Etat sur la commune et ils asument, ou ils font ce qu’ils veulent et dans ce cas …

    On a bien vu , dans le passé les pompiers : ils étaient communaux . La départementalisation de ces fonctionnaires territoriaux leur a fait un bien fou …

    En effet les Maires n’auraient pas idée de dire à un jardinier comment il doit planter ses tulipes : il lui demande juste de planter des tulipes … Mais quand ils voient un policier, fusse t’il municipal , là ils veulent lui expliquer comment il doit lacer ses chaussures et tant pis si , en guise de formation, ces édiles ont l’intégrale de Julie Lescaut comme seuls culture policière .

    En gros : les Maires devraient penser à l’intérêt général mais beaucpup ne peuvent s’empêcher de considérer leurs polciers comme LEURS polciers, dans une logique féodale , en disant « c’est moi qui paye » . ben non c’est le contribualble qui paye et un maire n’est pas autre chose qu’un fonctionnaire élu par le Conseil Municipal lui même élu par le peuple .

    La décentralisation est allée un peu loin : Les Rois, puis la République ont lutté contre la féodalisation . on y revient par la petite porte, de gros lobbys comme l’AMF, association des Maires de France ont un poids énorme , via le Sénat et des organismes comme le CNFPT . Le bras de fer d’aujourd’hui entre Sarkozy et le Sénat en est la parfaite illustration . Senat qui d’ailleurs, rappellez-vous, a eu la peau de de Gaulle qui voulait le supprimer peu ou prou . le Sénat est le représentant des notables qui sont les seigneurs de notre époque . Vouloir diminuer le nombre d’élus locaux, rendre les collectivités locales plus dépendante financièrement de l’Etat est un signe de Colbertisme qui leur est insuportable .

    En tant que gradés de police municipale , ayant un grade équivalent à un lieutenant , ayant rang d’officier, plus de 15 ans de service je vous l’affirme : il faut supprimer les polices municipales et créer les polices territoriales .

    Il existe des polices locales dans le monde entier, à peu près partout en fait , elles sont utiles et une unique police centralisée n’est pas non plus un bon système .
    Il faut donc une police centralisée INDISPENSABLE et des polices territoriales travaillant pour l’intérêt général et non pour les intérêts de l’édile du coin .

    D’ailleurs, pour conclure , les conflits sont de plus en plus durs entre les policiers municipaux et les élus tant le fossé se creuse …

  7. Max

    Je ne serais pas si critique quant au grand Paris pour avoir constaté des BACs laissant tomber des débuts d’affaires stup car de l’autre côté du périph ou des poursuites tombant à l’eau les effectifs parisiens étant interdit de sortie du périmètre sans une réelle synchronisation avec leurs homologues de banlieue. Je ne sais pas si le système choisi est le meilleur, c’est trop récent. Mais l’idée en elle-même n’est pas absurde : il y avait trop de disparités et de manque de synchronisation entre des départements dont la délinquance est extrêmement liée.

    Par ailleurs, je suis fermement opposée à une saisine directe des OPJ par les magistrats.
    Il y a une trentaine d’années, à Paris, ils saisissaient le DRPJ et se sont décidés au fil du temps à saisir directement des services.
    Ils n’ont aucune idée du portefeuille d’affaires par service, par OPJ ni des moyens pouvant être attribués. Ils ne savent pas ce que leurs collègues demandent. Ils sont très loin des logiques de territoire avec la nécessité de travailler sur certains secteurs même si les affaires sont un peu moins « glamour » que celles qui les intéressent. Enfin, les chefs de service, contrairement aux OPJ, osent appeler le magistrat (ou le Proc selon la taille du tribunal) lorsqu’il y a des demandes abérrantes, et il y en a malheureusement du fait de l’ignorance de la charge de travail demandée.
    Pour toutes ces raisons et le code de procédure pénale prévoyant la saisie d’un service et non d’un OPJ dans sa partie « décret », que ce soit le chef de service saisit me paraît une excellente chose. D’autant plus que la coordination avec la partie quadrillage du terrain ne peut se faire si le magistrat s’immisce de trop dans le fonctionnement. C’est pour cela que je connais peu de substituts réclamant réellement un tel pouvoir.

    Enfin, il me semble que lorsqu’on parle de police municipale on occulte la question de l’égalité des citoyens. Je ne donnerai pas ma vision des choses, devoir de réserve oblige, mais il faut que la question soit posée clairement et que les citoyens répondent tout aussi précisément.
    De même se pose la question de l’extension de leurs pouvoirs. Jusqu’où veut-on aller ? Ne risque-t-on pas en mettant trop de pouvoirs de police aux maires à voir dévoyées la justice avec des logiques de règlements de compte entre politiques ? Et la question des PM est un problème de déconcentration et non de décentralisation.

    Pour moi, le vrai problème de la centralisation est plutôt la question du niveau pertinent de décision. Qui est le mieux à même de savoir si un tel est mieux dans tel poste ou dans tel poste ? Faut il affecter les fonctionnaires et les moyens à un département avec à charge pour le DDSP de les répartir selon les besoins et les Chefs de Circonscriptions décidant de qui fait quoi dans leur commissariat (je ne parle que des directions que je connais) avec de toutes les manières des syndicats suffisamment puissants pour parer les dysfonctionnements les plus flagrants. Ou bien faut-il tout affecter selon des stats telles que le nombre de faits constatés, la population, la superficie etc… en laissant de côté certaines logiques particulières qu’on ne peut connaître à Paris.

  8. Un flic

    Décidément ce blog est de haute volée intellectuelle . Alors : la Police est-elle trop centralisée ? Tout d’abord je note que s’il n’y a pas de Police Municipale à Paris (contrairement à New-York ou le NYPD est bel et bien une énorme Police Municipale ) il y en a beaucoup sur le secteur de la PP, certaines étant même très importantes en moyens humains et matériels . On dit qu’une PM à Paris « aurait, me semble-t-il, bien du mal à s’insérer dans la structure d’ensemble. » . Honnêtement je ne le pense pas . il ne s’agit que d’une volonté politique comme le souligne le Patron Moréas « À noter qu’à ce jour, aucun des trois maires de Paris n’en a exprimé le souhait. Trop de responsabilités ? » Si l’on parle des Maires de Paris Chirac , Tibéri et Delanoë ce n’est pas tout à fait exact : Tibéri vait réuni une comission et le projet de Police Municipale était très avancé , voire finalisé . Quant à Delanoë il a créé une Police Municipale « Canada dry » dont certains membres portent même contrairement aux textes une tenues quasi conforme à celle, réglementée, des agents de PM .

    En réalité ce débat soulève le problème de la nécessaire réforme de l’organisation policière en France . Il y a bien entendu un besoin de centralisation : La Police Judiciaire, les services de renseignements, les unités type CRS /Mobiles…Ne peuvent qu’être centralisés. Quant à la Police Municipale, dans sa forme actuelle, elle doit disparaître et devenir une « police territoriale » . Car malheureusement les élus en font souvent à leur fantaisie et, confrontés à des gradés de la Police Municipale de plus en plus professionnnels les frictions sont de plus en plus nombreuses. les élus ayant souvent une courte vue on voit la suppression de brigades de nuit pour mettre des policiers « visibles » aux heures où ils servent le moins…juste pour faire mousser le maire .
    A noter également que les services de renseignement et de Police Judiciaire s’appuient souvent sur les Polices Municipales pour avoir du renseignement : celles-ci connaissent parfaitement leur terrain .

    C’est donc à un vrai chantier qu’il faut s’attaquer. Entre une décentralisation qui s’articule avec l’Etat et non en constitution de fiefs féodaux et une meilleure réactivité de certaines institutions d’une lourdeur toute dinosaurienne.

  9. Opsomer

    Comme toujours, une réflexion particulièrement pertinente ! Mais d’autres ne s’attardent pas sur ces questions de fond et autres réalités policières, et, sans même attendre les résultats des précédentes en cours de mise en oeuvre, proposent d’ores et déjà une énième réforme pour la police :

    http://www.podcastjournal.net/Police-Pour-une-vraie-reforme-de-la-police-et-une-efficace-lutte-contre-la-delinquance_a3217.html

  10. alaoudeven

    Salut Georges,
    Voilà bien le résultat prévisible d’une hyper concentration des services de renseignements.Nos « bons vieux R.G. » qui chaque soir envoyaient aux préfets à 20h leur « synthèse »ont malheureusement disparus avec les premières conséquences que nous voyons maintenant à Poitiers.Plus personne ou quasiment, sur le terrain social et politique.Il n’y a plus que l’ordinateur et les moyens techniques pour recueillir les renseignements.C’est bien , mais c’est très largement insuffisant !! Cette spécificité bien française des R.G., police « politico-sociale »qui a toujours dignement remplis son rôle , n’est plus. En voilà les premiers résultats.Dommage, la France avions acquis en ce domaine,un savoir faire reconnu.
    Mais je ne suis pas trop inquiét, nous y reviendrons.C’est inéluctable si nous voulons continuer a devancer l’événement, objectif premier de tout service de renseignements.
    Encore un ou deux coups comme celui là et le virage va s’amorcer; sans rien en dire bien sûr !
    R.V.

  11. Yves

    Bonjour,

    Avec une telle organisation de le Police, les mauvais résultats ne vont pas manquer d’arriver très vite . Rien qu’à voir la carte des districts administratifs, nos brillants cerveaux policiers n’ont pas du écouter leur base, lire un ouvrage de géographie physique et sociale, s’intéresser aux évolutions de la population d’Ile de de France et j’en oublie … Bon courage aux policiers de terrain qui, habillés en militaires, vont encore s’éloigner des citoyens qu’ils sont censés protéger !
    La centralisation bureaucratique à la Russe n’a jamais réussi … Il faut savoir déléguer au niveau le plus bas possible surtout qu’aujourd’hui, le niveau moyen de la Police a été largement rehaussé ( il faut avoir le bac pour être gardien de la paix ! ) et permet d’avoir des agents plus à même de faire preuve d’initiative et de capacité de réflexion .

  12. AJ

    Bonjour,

    Ce qui se passe actuellement est assez pitoyable. Comment est-ce possible ? Comment ont-ils pu faire ça ? pourquoi s’en prendre aux pauvres commerçants ?

    Et, certains y voient une attaque contre Ségolène Royal bref, la France va mal. très mal même.

    des personnes sous pression et en sous effectif à qui on demande l’impossible vont certainement déraper encore et encore.

    Black Blocs a-t-on des preuves ?

    http://allainjules.wordpress.com/

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