Un film, des émissions télé… la mort du gangster des années 70 pose toujours question. Le dispositif mis en place par la brigade antigang de Paris était-il destiné à l’arrêter ou à l’éliminer ? Y a-t-il eu des sommations avant le tir ? Coup de grâce ?
Quelques jours avant le 2 novembre 1979, lors d’un BDL (bureau de liaison) auquel je participais, les instructions étaient sans ambigüités. Ni le procureur ni le directeur PJ, Maurice Bouvier, n’ont dit « Il faut l’abattre », mais ils le pensaient tellement fort qu’on l’a entendu de l’Élysée au quai des Orfèvres.
De là à envisager qu’on ait chargé spécialement un ou plusieurs hommes de l’achever, de lui donner le coup de grâce, il y a un pas que personne ne doit franchir. Même si, après le tir des trois policiers dissimulés dans le camion bâché, un quatrième a fait feu sur Mesrine. C’était un poil trop tard. Il était déjà mort.
Durant ces années à lutter contre le grand banditisme, j’ai constaté à plusieurs reprises que lors d’opérations dangereuses, la montée d’adrénaline est telle qu’il est parfois difficile de s’arrêter. Un peu comme si l’on était emporté par son élan… J’ai même vu un flic passer les menottes à un cadavre.
Le comportement humain est parfois… déroutant.
Cependant, à la suite d’un texte publié sur ce blog, il y a juste deux ans, un lecteur a tout récemment laissé un commentaire qui m’a laissé dubitatif. En voici des extraits (on peut le retrouver en entier en cliquant ici) :
« À l’époque j’étais gardien de la paix et je suis intervenu en renfort, après la mort de Mesrine, pour juguler la foule…
« […] Autour de Mesrine des gens (qui) s’étreignent en s’embrassant comme du bon pain, j’ai compris ce jour-là que (je) ne ferais pas carrière dans la police et (j’ai) remis ma démission 5 ans après. Ayant toujours cette vision grotesque et indécente qui me ne me quittait pas, moi qui avais vu pourtant des scènes de meurtres et des assassinats : le cadavre exposé sur le macadam et les flashs des photographes…
« […] Oui, il a bien reçu une balle dans la tempe, pour le finir, de la part d’un policier en Mobylette habillé en coursier – mais inutile car on peut dire qu’après les 20 balles haute vélocité des tireurs d’élites du camion, Mesrine était déjà mort. Tout le monde avait peur de Mesrine, même dans la police il impressionnait sur la façon dont il arrivait toujours à s’en sortir. On parlait même entre nous qu’il avait surement des complicités dans la police. »
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ces propos ont un réel accent de vérité… J’ai cherché à joindre son auteur, mais il ne m’a pas répondu.
Personnellement, je n’étais pas Porte de Clignancourt, mais je suivais le dispositif à la radio. Je savais que le flic en planque au plus près du domicile de Mesrine était recroquevillé dans un triporteur – mais c’est la première fois que j’entends parler d’un policier monté sur une Mobylette…
Il y a quelques jours, M6 a consacré une émission à l’ennemi public n°1. Au début, Vincent Cassel fait la promo de son film. « J’ai mis 7 ans à me décider… », dit-il. À l’écouter, on a un peu l’impression qu’il hésite encore… Dans le documentaire qui suit, très bien fait au demeurant, entre chaque séquence d’archives, on voit apparaître alternativement la bobinette de Broussard, Aimé-Blanc, Devos, Querry… À l’exception du dernier nommé qui fait montre de réserves, les autres ont l’air d’anciens combattants qui racontent leurs exploits en parlant d’un vieux copain mort au front… Tout juste s’ils n’ont pas la larme à l’œil. La question cruciale arrive en fin de film, avant le débat (que je n’ai pas suivi, il était tard) : Y a-t-il eu des sommations avant d’ouvrir le feu ? Broussard l’affirme énergiquement, Aimé-Blanc tergiverse, etc. (Entre nous, tous les deux étaient assez éloignés de la BMW) Et c’est alors que se pointe Charles Pellegrini. À l’époque, il était l’adjoint d’Aimé-Blanc, et à ce titre il avait la charge des opérations de terrain. Et, tandis que les autres venaient de nous dire tout le contraire, avec son visage poupin et ses yeux malicieux, tranquillement, Pellegrini nous dit : « Mais non, évidemment, qu’il n’y a pas eu de sommations… »
Charles, tu leur as donné le coup de grâce.
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P.S. L’usage des sommations avant le tir est réservé aux gendarmes et aux douaniers pour stopper un individu qui s’enfuit, ou pour immobiliser un véhicule. Les policiers ne peuvent faire usage de leur arme dans ces cas-là, mais uniquement en état de légitime défense. Donc ici, la question fondamentale n’est pas de savoir s’il y a eu sommations ou pas, mais de déterminer si les policiers étaient en situation de légitime défense. Après différents recours menés par la famille, la justice a répondu oui.
Assassinat « commandité » par l’élysée (revoir déclarations de giscard lui même, bonnet, et tous les policiers qui ont contredit broussard, y compris les tireurs …)
Ne pas oublier balestrazzi qui a conçu le guet-apens avec broussard .
Et tous ces cons viellissent tranquilles .
De quel droit ?
Puisque tout le monde le sait qu’il n’y a pas eu de sommations, que ce meurtre a été commandité par le pouvoir, que la police a été utilisée à cet effet, que la justice a été instrumentalisée pour ne pas poursuivre les policiers tueurs,donc l’état, pourquoi la VRAIE justice n’a t-elle toujours pas été rendue ? Comment se fait-il que cela soit possible dans une « démocratie » ? C’est digne d’un état fasciste !
Peut-être, mais par par assassinat prémédité . Ce n’est pas la même chose que si il était tombé les armes à la main , en se défendant … selon la presse pendant le septennat de giscard il y aurait eu une 40 d »assassinats politiques ;
ou sont les tueurs ?
Mesrine avait choisi sa voie, celle du grand banditisme et donc, d’une certaine manière, il a avait aussi choisi sa mort !
(dixit Mika) « Je ne me suis jamais spécialement intéressé à l’affaire Mesrine »
Moi non plus.
…/… « Il me dit avoir vu, de ses yeux vu, Mesrine à pied sur un boulevard parisien transportant deux grosses valises, et donc les membres supérieurs peu à même d’opérer une manœuvre rapide »
A la lecture de cet énoncé, deux questions s’imposent :
1/ que contenaient les valises ?
2/ quelle était leur destination ?
Question subsidiaire : ceux qui parlent sans avoir vu, et ont vu sans avoir entendu seraient-ils à même, aujourd’hui, d’apporter un minimum d’informations susceptibles d’éclaircir le mystère qui plane toujours suite aux questions précédentes.
…/… avoir vu itou, le dispositif de surveillance policier à proximité et entendu, de ses oreilles entendu, l’ordre donné de ne pas procéder à l’arrestation.
Donc, les valises sont arrivées à bon port ??? ou pas ???
L’histoire ne le dit pas. On avance guère.
…/… C’était pendant la cavale de Mesrine, quelques semaines, ou quelques mois, je ne sais plus, avant la mort du gangster le plus médiatique de France
Les valises contenaient peut-être le nécessaire pour le dernier voyage.
3ème question qui s’impose : A qui profite le crime ? Si on récapitule tout ce qui précède, et que l’on part du principe que Mesrine a été abattu par précaution à qui sa mort a-t’elle profité ?
Perso, les activités de Mesrine ne m’ont jamais dérangé. Le fait que l’on en parle tant d’années après implique deux cas de figure :
1/ ça peut encore rapporter gros. Médias, films et produits dérivés.
2/ ça peut faire naître des vocations, soit de policier, soit de gangster.
Cas subsidiaire : simplement faire parler comme je le fais en ce moment
C’est drôle mais dans ces histoires d’ennemis publics numéros un(s) il y a toujours une, voire deux énigmatiques valises.
Et malgré tous les efforts dépensés pour que la VERITE, toujours, éclate au grand jour, jamais, on n’a la moindre information concernant leur contenu.
Je ne me suis jamais spécialement intéressé à l’affaire Mesrine. Un jour, aux alentours des années 90, à la Buvette du Palais de Justice, buvant un café avec MP qui était alors chroniqueur judiciaire d’un grand quotidien national, ce dernier me raconte la façon dont il avait vécu l’affaire Mesrine qu’il avait suivi en temps réel à l’époque des faits. Il me raconte que tout le monde pistait Mesrine, policier et médias, et que les journalistes se payaient même le luxe d’écouter, avec leur dispositif perso, les radios de la police. Il me dit avoir vu, de ses yeux vu, Mesrine à pied sur un boulevard parisien transportant deux grosses valises, et donc les membres supérieurs peu à même d’opérer une manœuvre rapide, avoir vu itou, le dispositif de surveillance policier à proximité et entendu, de ses oreilles entendu, l’ordre donné de ne pas procéder à l’arrestation. C’était pendant la cavale de Mesrine, quelques semaines, ou quelques mois, je ne sais plus, avant la mort du gangster le plus médiatique de France
Sur les cliches pris a l’IML, en tout debut d’autopsie, la partie temporale gauche de Mesrine, rasee, laisse apparaitre TROIS orifices parfaitement alignes, distants de guere plus d’1 cm.
La face interne du bras droit de Mesrine fut indubitablement labouree par les projectiles qui lui ont crible le torse… Hors, retournez cette donnee comme bon vous semblera, la seule position possible du bras au moment du tir etait…. main posee au sommet du volant !
Mersine savait qu’il serait mort de cette maniere. Et a l’audition de la cassette enregistree peu avant sa mort, il est clair qu’il ambitionne pratiquement ce type de delivrance, ticket d’entree pour la legende.
Pas de quoi en faire un fromage !
Maintenant, dans une societe de droit, la France etait alors dirigee par un president tout juste dans la droite ligne de l’exploitation du pot de confiture… tradition republicaine !… Mais il avait les nerfs sensibles. Et quand le chef s’enrhume, les valets eternuent.
Broussard et consorts etaient eux aussi dans la droite ligne republicaine… celle qui organisa les departs en « colonie de vancances » de Drancy, la grande reunion du Vel d’Hiv….
Lorsque l’on confond service et servilite, rien de bon ne peut sortir.
Si l’execution sans proces fait partie de l’attribution des forces de police ; effectivement Broussard and C° ont accompli leur mission.
Si tel n’est pas le cas ; ils ont assassine un quidam… pas un ange, certes… mais cette execution sans jugement reste incontestablement l’oeuvre de bourreaux au sens ethymologique du terme.
Maintenant, si cette « justice » expeditive visait a decourager l’emulation… il aurait au moins failli avoir les c…..es de l’assumer. A mon sens et a ma connaissance, seul Bonnet (ministre) et Pellegrini furent porteur de cette « particularite ».
« J’ai même vu un flic passer les menottes à un cadavre. »
C’est parce que, même face à la mort, un flic sait rester attachant…
Ennemi public N° Un, Grand Banditisme, Truand de première bourre… J’en suis d’accord.
Mais je n’oublierai jamais le sourire triomphant (vu à la télé) du commissaire à collier de barbe, juste après l’exécution : à mes yeux, ce sourire-là le rabaissait au niveau de sa « cible ».