LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Catégorie : Portraits (Page 4 of 5)

Quelques figures du grand banditisme et un bout de leur histoire.

Mort d'un truand

Dans le milieu lyonnais des années 70 on l’appelait « La Carpe ». Un surnom plutôt flatteur pour un truand. Âgé de 78 ans, il vient de se suicider après avoir abattu son gendre, dans un coron de la cité minière de Marles-les-Mines, dans le Pas-de-Calais. Son nom ? Louis Guillaud, mais personne le connaît – et c’est bien. Pourtant, c’est un ancien caïd, dont le patronyme a figuré longtemps dans le fichier du grand banditisme.

la-trilogie-noire-de-leo-malet-par-daoudi-et-bonifay.1231315803.jpgPetit retour en arrière… Dans ces années-là, la cité lyonnaise est au centre du grand banditisme et les règlements de comptes entre truands vont bon train. Le gang de Momon Vidal écume la France, en se livrant à une série de hold-up retentissants, dont le plus spectaculaire (et le plus lucratif) est celui de l’attaque de la poste centrale de Strasbourg. Un butin de plus de onze millions de francs contenus dans huit sacs postaux. La presse le qualifiera de « hold-up du siècle ».  Plus tard, on dira même que le butin a servi à renflouer les caisses d’un parti politique. Sans doute en raison de la personnalité du parrain local, Jean Augé, dit P’tit Jeannot, ancienne barbouze et militant du SAC (service d’action civique). Durant la guerre d’Algérie, ce lascar portait le sobriquet moins reluisant de Jeannot la Cuillère, pour sa manière d’utiliser cet accessoire comme engin de torture, en énucléant ses victimes.

En tout cas, à la PJ, on n’aime pas trop ce genre de littérature politico-criminelle, surtout du côté de la rue des Saussaies. Le sous-directeur des affaires criminelles, Honoré Gévaudan, met la pression sur les gens du SRPJ de Lyon. Ce qui n’est pas vraiment utile car le sous-chef de ce service, le commissaire Pierre Richard, est un hyperactif. C’est l’affaire de sa vie. Des centaines d’hommes à sa disposition qu’il gère comme un général, pour parvenir à arrêter tout ce beau monde en « flag ». Des moyens techniques de surveillance innovants pour l’époque et… un résultat en demi-teinte. À défaut de flag, une partie de l’équipe est arrêtée, avec l’espoir d’obtenir des aveux et de découvrir des indices, des preuves. Coup de chance, il y a eu un peu les deux. Des éléments suffisants pour conduire ces truands en Cour d’assises, devant des jurés étonnés de la déposition passionnée du commissaire Richard. Dix ans de réclusion pour le chef de gang, Edmond Vidal, sous les applaudissements de ses amis, qui s’attendaient à bien pire.

Quant à La Carpe, il passe à travers les mailles du filet. On ne saura jamais quel rôle il a joué dans cette équipée.

Pas plus qu’il n’apparaît dans l’assassinat du juge François Renaud, dit Le Sheriff, le 3 juillet 1975. Affaire criminelle non résolue, même si on ne peut s’empêcher de faire un rapprochement entre l’enquête sur le gang des lyonnais et la mort du magistrat. Et sans faire de roman, les policiers savent bien que depuis la disparition brutale de P’tit Jeannot, en 1973 (une dizaine de balles calibre 11.43), l’étoile montante est un certain Nicolas Caclamanos, alias Nic le Grec, un gaillard qui ne s’embarrasse pas de fioritures – et un proche de Guillaud.

En décembre 1975, un enfant de neuf ans, Christophe Mérieux, est enlevé sur le chemin de l’école. Son père est l’actionnaire principal de l’Institut Mérieux et le petit-fils du constructeur des camions Berliet. Il est libéré quatre jours plus tard contre le paiement d’une rançon de 20 millions de francs. Mais en réécoutant les enregistrements téléphoniques effectués lors des tractations entre les ravisseurs et la famille, un vieux flic reconnaît la voix haut perchée de Louis Guillaud. Dès lors, les policiers ne le quittent plus. Et le 25 février 1976, il est appréhendé au moment où il tente de convertir une partie de la rançon en lingots d’or. Lors de sa première comparution devant le magistrat instructeur, le Palais de Justice est transformé en place forte. Nic le Grec doit se dire que même les carpes peuvent parler, car d’après un tuyau, il a décidé de l’éliminer. Pourtant, fidèle à sa réputation, Guillaud ne dit pas un mot. Mais dans le studio où l’enfant a été séquestré, on relève les empreintes de Jean-Pierre Marin, un individu considéré comme un tueur psychopathe. Il est abattu lors de son corons-de-marle-les-mines_flicker.1231316784.jpginterpellation. Guillaud a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Il en a fait quatorze. Christophe Mérieux s’est noyé dans sa piscine en juillet 2006. Le reste de la rançon n’a jamais été retrouvé.

À sa sortie de prison, Guillaud s’est retiré dans le nord de la France (ici). La semaine dernière, pour Noël, il est allé rendre visite à sa fille. On dit qu’il était compromis dans une nouvelle affaire et qu’il n’avait pas l’intention de finir ses jours en prison et que pour la première fois, peut-être, il aurait parlé. On dit aussi, c’est plus légende, que sa fille n’était pas heureuse en ménage, raison pour laquelle il aurait abattu son mari d’une balle dans la tête avant de se donner la mort. La famille dément.

Le Chinois a rendu les clefs

Le commissaire Georges N’Guyen Van Loc est mort ce week-end, à Cannes. Je ne vais pas faire son panégyrique, mais c’était quand même un drôle de bonhomme. On l’aurait dit sorti tout droit d’un film de Hongkong, pourtant il était né au Panier, l’un des quartiers les plus populaires de Marseille. gipn.1228674425.jpg

Pour situer le personnage, un jour, le ministre de l’intérieur, je crois que c’était Christian Bonnet, rend visite à la police marseillaise. Toutes les autorités sont là, en rang d’oignon. Lorsque le ministre passe devant lui, Van Loc l’interpelle : « Vous vous souvenez, Monsieur le ministre, vous m’aviez promis le galon de divisionnaire… » Bonnet fait comme s’il se souvenait. C’est ainsi, raconte-t-on, que le Chinois est passé au grade supérieur. Il le méritait bien. On lui doit entre autres la création des GIPN (groupes d’intervention de la police nationale).

Une autre anecdote, moins drôle pour certains… C’était en février 1987. Une dizaine d’individus s’introduisent dans les locaux de la Caisse d’épargne des Cinq-Avenues, à Marseille. Ils prennent en otages les clients et les employés, soit vingt-deux personnes en tout. N’Guyen Van Loc arrive sur place avec les hommes du GIPN. Les malfaiteurs exigent une rançon de 30 millions de francs, des véhicules, etc. Les pourparlers traînent en longueur. C’est alors que débarque Robert Broussard. Entre les deux commissaires, ce n’est pas l’entente cordiale. On dit que Van Loc voulait en découdre tandis que Broussard préférait négocier…

Broussard prend la direction des opérations. Effectivement, il négocie. Mais tout le monde ignore que pendant ce temps une partie des braqueurs pille les coffres personnels des clients, situés dans la chambre forte, et qu’une autre partie creuse un passage pour rejoindre les égouts. Lorsque finalement les flics donnent l’assaut, il n’y a plus personne. 276 coffres ont été vidés, mais les otages sont sains et saufs. Les flics marseillais sont morts de rire, et l’histoire fait le tour du Vieux-Port, embellie à souhait, comme on l’imagine, au détriment des super flics parisiens.Mais place Beauvau, on n’a guère le sens de l’humour. Van Loc doit faire ses valises et quitter la cité phocéenne.Commissaire Nguyen Van Loc.1228673754.jpg

Il n’a pas dû le regretter, le Chinois. Il a par la suite écrit plusieurs bouquins et il a été le héros d’une série télévisée.La dernière fois que je l’ai vu. C’était il y a des années. À cinq-six mètres de moi, il a fait mine de dégainer. J’ai répondu, of course. Et nous sommes restés ainsi une poignée de secondes à nous menacer d’une arme imaginaire, l’index tendu, le pouce replié, comme des gosses – au milieu de la foule huppée des salons du Palm Beach.

Cette fois, Georges, tu n’as pas dégainé assez vite. L’adversaire était trop fort pour toi.

Le coup de gueule de Broussard

À plusieurs reprises, dans ce blog j’ai parlé de Mesrine, mais certains commentaires, du genre « C’est mon héros ! » m’ont déstabilisé. Au point que je m’étais bien promis de ne pas y revenir. Mais Robert Broussard a pris le relais.  Après la sortie du 2° volet du film, il a même piqué une grosse colère.

gardes-forestiers_doosier-meurtre.1227741341.jpgIl dénonce, dans L’Express (ici), la manière dont est rapportée la mort du gangster. Il rappelle que la Cour de cassation s’est prononcée et qu’elle a confirmé que les policiers avaient agi en état de légitime défense (ici). Et il s’étonne que la ministre de l’intérieur n’ait pas réagi afin de défendre l’honneur de la police.

Il ajoute enfin qu’on a volontairement gommé les aspects négatifs du personnage, au point d’oublier que c’était un assassin.

Moi, je n’ai pas toujours été d’accord avec Broussard, mais là, je crois qu’il a raison partout. 

D’ailleurs, je ne suis pas certain que Mesrine aurait aimé le rôle qu’on luipension-famille-trois-soeurs.1227742592.jpg fait tenir. C’est d’ailleurs l’avis de sa compagne, Sylvia Jeanjacquot, interviewée dans Libération (ici) : « On nous fait passer pour deux loques humaines qui picolent et font l’amour tout le temps, et pour deux hystériques. Cassel est trop énorme. Jacques était massif, mais pas aussi gros. Ils le font fumer et se promener la bidoche à l’air. Or, dans la vie intime, l’ennemi public était pudique et portait un pyjama boutonné jusqu’en haut. »

Je n’ai pas trouvé d’informations sur l’accueil réservé par les Canadiens au diptyque de Jean-François Richet.  Si un Québécois lit ces lignes…, son avis sera le bienvenu.

Peut-être là-bas, n’ont-ils pas oublié cette femme, Évelyne Le Bourthillier, qui tenait un petit motel, Les Trois-Sœurs, à Percé, et qui fut retrouvée morte, par strangulation, après le départ de Mesrine et de sa compagne.

Ou ces deux hommes, des gardes forestiers, Médéric Coté et Ernest Saint-Pierre, assassinés par Jacques Mesrine et Jean-Paul Mercier, dans une forêt du nord de Montréal.

evelyne-bourthillier.1227742562.jpgMesrine ne fut pas condamné pour le meurtre de la femme, en raison d’une grossière erreur de l’accusation (un bijou de la victime faussement daté). Et c’est probablement grâce à un réseau de l’OAS qu’il parvint à obtenir de faux papiers pour gagner les États-Unis, puis le Venezuela, où il resta jusqu’en décembre 1972.

Jacques Mesrine, un martyr, comme on nous le suggère sur l’affiche du film… Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais pour moi, ça ne passe pas bien.

Dati la mal-aimée

Alors que la loi sur les criminels dangereux vient de paraître au JO, Rachida Dati en rajoute une couche en présentant un projet qui vise à renforcer son mécanisme. Et du coup, nouveau tollé des syndicats de magistrats qui disent ne pas avoir été consultés, alors qu’on leur avait promis la concertation. Madame Dati doit penser que tout dialogue est inutile avec des gens qui qualifient son texte de « populisme pénal ».

dati_lepost.1226005058.jpgDans le film American vertigo, tiré des reportages de BHL sur les États-Unis, quelqu’un (je crois que c’est Norman Mailer) dit à peu près ceci : « J’imagine une prison avec un mur, très haut, pratiquement impossible à franchir, mais on dit aux prisonniers, si vous y parvenez, vous êtes libres… Ainsi on leur donne de l’espoir. » Certains appellent cette « rétention de sûreté », cet enfermement après la peine, la peine infinie. Donc sans espoir. Mais ce combat que livrent les magistrats contre cette loi est-il un combat politique ou un combat pour la défense de nos libertés ? Car si l’on parle de nos libertés, on n’a pas entendu le moindre murmure de réprobation concernant cette plate-forme automatisée d’écoutes (téléphone, portable, Internet…) installée par le ministère de la justice. 

On a plutôt l’impression que les magistrats se sont ligués pour déboulonner Madame Dati. Et ils sont en colère, surtout depuis l’enquête interne qui a fait suite au suicide d’un mineur à la prison de Metz. Le procureur de Sarreguemines et ses collaborateurs les plus proches tenus de s’expliquer… On n’a jamais vu ça ! Certes, si l’on n’est pas du sérail on peut trouver normal qu’une enquête soit effectuée après la mort d’un adolescent… Quelle que soit sa fonction, son grade, on peut considérer qu’il est sain pour un fonctionnaire qui, par délégation de l’État détient une parcelle d’autorité, de se remettre en tête le vieux principe : pas de pouvoir sans responsabilité.

En tout cas, je peux vous dire qu’au tribunal de Sarreguemines, du coup, on a vidé les fonds de tiroirs. Une amie qui attendait depuis des années la décision du procureur de poursuivre ou de classer une affaire a eu soudain une réponse qu’elle n’espérait plus.

Je sais, il n’est pas bien vu de prendre la défense de Rachida Dati. Elle entraîne dans son sillage la critique systématique, la moquerie, le persiflage, la dérision… Sur son blog, un avocat en a même fait un jeu. Dommage, je l’aimais bien ce blog.

manif-magistrats_lepointfr.1226004891.jpgLa dame est… agaçante, c’est vrai, mais je trouve la cabale contre elle outrancière, surtout qu’on s’attaque plus souvent à sa personne qu’à sa fonction.

Alors, au moment où les États-Unis s’émancipent d’un passé ségrégationniste et nous donnent une sacrée leçon de vraie démocratie, une question me taraude… Je n’ose la formuler… Mais non ! Personne ne peut envisager qu’on cherche grief à Madame Dati sous prétexte que son père est marocain et sa mère algérienne, qu’elle est issue de l’immigration, qu’elle est maghrébine ? Ou tout bonnement banc-public_vivreenrussienet.1226032401.jpgparce qu’elle est une femme, jeune et jolie. Qu’elle va être maman à 43 ans, et qu’elle est célibataire ?

Non, pas en France !… C’est juste qu’elle manque de doigté, qu’elle est un rien blingbling et quelle est la chouchoute du Président… N’empêche, vu du banc public, on a surtout l’impression que les magistrats n’ont jamais admis qu’une jeune consœur sans expérience devienne leur patronne.

Marre de Mesrine !

L’autre jour, en attendant le RER, dans ma petite gare de banlieue, des gosses discutaillaient sur Mesrine. La conversation roulait autour du film « L’instinct de mort ». Et j’ai tendu l’oreille, curieux de savoir comment des enfants pouvaient percevoir ce personnage.

la-gare_jacquesmullerbe.jpgJe dois avouer (j’ai honte) qu’ils utilisaient parfois des mots que je ne comprenais pas. Je suis donc resté sur ma faim.

Hier matin, en buvant mon café, j’écoutais les infos sur France-inter. Et paf ! On nous ressort un petit coup de Mesrinou. Cette fois ce n’est ni Broussard ni Aimé-Blanc qui parlent, c’est Michel Ardouin, alias « Le porte-avions », à l’époque fiché au grand banditisme.

Je résume de mémoire :

« Ouais, j’ai connu le Grand-Jacques. On a dû faire plus de 70 braquages ensemble… Mais c’était pas un vrai truand. Y faisait pas partie du milieu. Nous, on avait un code d’honneur…

« Il a jamais tué personne… »

Dans le RER, je feuillette le journal (ce qui n’est pas facile) : une pleine page sur Mesrine avec des photos du vrai et du faux. Mais qui est qui ?

Le soir, même radio même sujet, mais cette fois les auditeurs peuvent intervenir. L’un demande : « Combien de gens Mesrine a-t-il tué ? »  Réponse : « Il n’a tué personne. »

Et voilà comment on écrit la petite histoire. À force de nous parler du bonhomme, les médias finissent par l’ennoblir. On en fait ce qu’on voudrait qu’il soit. Bientôt ça sera Mesrine le voleur de grand chemin, qui n’a jamais fait de mal à une mouche et qui a pris aux riches pour distribuer aux pauvres.

Soyons sérieux. Même s’il n’a jamais commis la trentaine de meurtres dont il parle dans son livre, Mesrine a tué une vieille dame au Canada, (ce crime, il ne l’a jamais revendiqué) ; avec son complice Jean-Paul Mercier, il a abattu deux gardes-forestiers lors de sa cavale tillier_lemonde2.1224731588.jpgdans ce même pays ; il a grièvement blessé un gardien de la paix en banlieue parisienne ; et il a laissé pour mort Tillier, le journaliste de Minute…

Et j’en oublie sans doute.

On a vu défiler dans les médias tous les flics de PJ et tous les truands de l’époque. Un seul me semble-t-il est resté à distance. Il s’agit de François Besse. En 1978, les deux hommes parviennent à s’évader de  la Santé. Ils font plusieurs coups spectaculaires avant que Besse ne s’éloigne de son complice qu’il ne trouve pas suffisamment fiable. À sa sortie de prison, en 2005, il se retire en province avec la ferme intention de faire une croix sur son passé. Un modèle de réinsertion, dit son avocat. Ces temps-ci, ça n’a pas dû être facile pour lui de résister à la pression des journalistes. Chapeau, Monsieur Besse !

Pour en revenir aux gosses sur le quai de la petite gare de banlieue, je me demande comment ils arrivent à se faire une opinion entre l’information de la presse et la promo d’un film… À tout mélanger, je crois qu’il n’y a pas de gagnant : la presse perd du crédit et le cinéma perd de la crédibilité. Ou le contraire.

Je ne sais pas vous, mais Mesrine : ras-le-bol !

Coup de grâce dans l'affaire Mesrine

Un film, des émissions télé… la mort du gangster des années 70 pose toujours question. Le dispositif mis en place par la brigade antigang de Paris était-il destiné à l’arrêter ou à l’éliminer ? Y a-t-il eu des sommations avant le tir ? Coup de grâce ?

bouvier.1223802369.jpgQuelques jours avant le 2 novembre 1979, lors d’un BDL (bureau de liaison) auquel je participais, les instructions étaient sans ambigüités. Ni le procureur ni le directeur PJ, Maurice Bouvier, n’ont dit « Il faut l’abattre », mais ils le pensaient tellement fort qu’on l’a entendu de l’Élysée au quai des Orfèvres.

De là à envisager qu’on ait chargé spécialement un ou plusieurs hommes de l’achever, de lui donner le coup de grâce, il y a un pas que personne ne doit franchir. Même si, après le tir des trois policiers dissimulés dans le camion bâché, un quatrième a fait feu sur Mesrine. C’était un poil trop tard. Il était déjà mort.

Durant ces années à lutter contre le grand banditisme, j’ai constaté à plusieurs reprises que lors d’opérations dangereuses, la montée d’adrénaline est telle qu’il est parfois difficile de s’arrêter. Un peu comme si l’on était emporté par son élan… J’ai même vu un flic passer les menottes à un cadavre.

Le comportement humain est parfois… déroutant.

Cependant, à la suite d’un texte publié sur ce blog, il y a juste deux ans, un lecteur a tout récemment laissé un commentaire qui m’a laissé dubitatif. En voici des extraits (on peut le retrouver en entier en cliquant ici) :broussard.1223802643.jpg

 « À l’époque j’étais gardien de la paix et je suis intervenu en renfort, après la mort de Mesrine, pour juguler la foule…

 «  […] Autour de Mesrine des gens (qui) s’étreignent en s’embrassant comme du bon pain, j’ai compris ce jour-là que (je) ne ferais pas carrière dans la police et (j’ai) remis ma démission 5 ans après. Ayant toujours cette vision grotesque et indécente qui me ne me quittait pas, moi qui avais vu pourtant des scènes de meurtres et des assassinats : le cadavre exposé sur le macadam et les flashs des photographes…

 mesrine-4.1223802606.jpg« […] Oui, il a bien reçu une balle dans la tempe, pour le finir, de la part d’un policier en Mobylette habillé en coursier – mais inutile car on peut dire qu’après les 20 balles haute vélocité des tireurs d’élites du camion, Mesrine était déjà mort. Tout le monde avait peur de Mesrine, même dans la police il impressionnait sur la façon dont il arrivait toujours à s’en sortir. On parlait même entre nous qu’il avait surement des complicités dans la police. »

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ces propos ont un réel accent de vérité… J’ai cherché à joindre son auteur, mais il ne m’a pas répondu.

Personnellement, je n’étais pas Porte de Clignancourt, mais je suivais le dispositif à la radio. Je savais que le flic en planque au plus près du domicile de Mesrine était recroquevillé dans un triporteur – mais c’est la première fois que j’entends parler d’un policier monté sur une Mobylette…

Il y a quelques jours, M6 a consacré une émission à l’ennemi public n°1. Au début, Vincent Cassel fait la promo de son film. « J’ai mis 7 ans à me décider… », dit-il. À l’écouter, on a un peu l’impression qu’il hésite encore… Dans le documentaire qui suit, très bien fait au demeurant, entre chaque séquence d’archives, on voit apparaître alternativement la bobinette de Broussard, Aimé-Blanc, Devos, Querry… À l’exception du dernier nommé qui fait montre de réserves, les autres ont l’air d’anciens combattants qui racontent leurs exploits en parlant d’un vieux copain mort au front… Tout juste s’ils n’ont pas la charles-pellegrini_france5.1223802956.jpglarme à l’œil. La question cruciale arrive en fin de film, avant le débat (que je n’ai pas suivi, il était tard) : Y a-t-il eu des sommations avant d’ouvrir le feu ? Broussard l’affirme énergiquement, Aimé-Blanc tergiverse, etc. (Entre nous, tous les deux étaient assez éloignés de la BMW) Et c’est alors que se pointe Charles Pellegrini. À l’époque, il était l’adjoint d’Aimé-Blanc, et à ce titre il avait la charge des opérations de terrain. Et, tandis que les autres venaient de nous dire tout le contraire, avec son visage poupin et ses yeux malicieux, tranquillement, Pellegrini nous dit : « Mais non, évidemment, qu’il n’y a pas eu de sommations… »

Charles, tu leur as donné le coup de grâce.

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P.S. L’usage des sommations avant le tir est réservé aux gendarmes et aux douaniers pour stopper un individu qui s’enfuit, ou pour immobiliser un véhicule. Les policiers ne peuvent faire usage de leur arme dans ces cas-là, mais uniquement en état de légitime défense. Donc ici, la question fondamentale n’est pas de savoir s’il y a eu sommations ou pas, mais de déterminer si les policiers étaient en situation de légitime défense. Après différents recours menés par la famille, la justice a répondu oui.

Le trésor de Sulak

Bruno Sulak avait promis l’équivalant d’un million d’euros aux deux fonctionnaires de l’administration pénitentiaire qui ont tenté de le faire évader. L’affaire a mal tourné. Sulak est mort et ses complices sont restés en prison – mais cette fois de l’autre côté des barreaux.

Un million d’euros ! Ce n’est pas rien. Celui que la presse a surnommé le gentleman cambrioleur et que ses proches ont préféré baptiser l’ami public numéro 1 possédait-il un trésor caché ?

extrait-lefigaro.1219251635.jpgDans l’article que lui a consacré Le Figaro, le 14 août dernier, Etienne de Montety nous décrit quelques-unes de ses actions d’éclat chez tel ou tel grand bijoutier, et l’on additionne, et l’on se dit que tout ça fait beaucoup d’argent. À l’époque, on parlait de plusieurs millions. Puisque ce Monsieur du Figaro a eu la gentillesse de me mettre en scène, je vais continuer.

Du souvenir de mes conversations avec Sulak, lorsqu’on parlait d’argent, il me disait : « Il ne faut pas croire ce que racontent les journaux… » Et il ajoutait que les préjudices annoncés par les bijoutiers qui avaient reçu sa visite étaient toujours surévalués. Il n’avait pas tort, car ceux-ci retenaient le plus souvent le prix de vente des bijoux. Lorsqu’on imagine leur marge, cela change tout. « Ensuite me disait-il, moi, à la revente j’en tire à peu près le quart de la valeur… Tu vois, il me reste pas grand-chose… » Y va pas nous faire pleurer, le Bruno

Cela dit, lorsqu’il a été arrêté, on n’a récupéré ni argent ni bijoux. Oh, bien sûr, on aurait pu saisir et mettre sous scellés les cadeaux qu’il avait pu faire à ses proches. Des babioles ! Une voiture ici, une bagouze là. Ç’aurait été mesquin. À l’OCRB on n’était pas comme ça ! Alors, où qu’il est passé le magot ?

Bruno Sulak avait une particularité par rapport aux autres truands que nous pourchassions : il avait une vie sociale. En effet, la plupart des voleurs, des braqueurs…, vivent dans la clandestinité. Lui circulait avec de faux papiers, carte de sécu, cartes de visite, etc., et il pouvait toujours justifier d’un domicile (où il mettait rarement les pieds), ce qui lui permettait de se faire adresser du courrier, de donner son numéro de téléphone…, comme le fait un homme « normal ». Ainsi pourvu, il s’inventait une profession, du genre qui plaît aux dames, et il vivait comme tout à chacun – et plutôt mieux.

Sans que cela soit formellement établi, on pense que sous des identités d’emprunt il a ouvert en France et à l’étranger des comptes dans différentes banques. Certaines de ses relations étaient-elles au courant de l’existence de ces comptes ? Possédaient-elles une procuration ?

Ce trésor « virtuel » de Sulak a-t-il atterri dans quelques mains amies ou dort-il encore sur des comptes off-shore ou dans des coffres anonymes ?  On ne le saura sans doute jamais.

Mais existe-t-il un trésor plus… concret ? Des billets de banque, des bijoux, des armes…  C’est quasiment certain. D’ailleurs, lorsque j’ai quitté la police, quelques mauvaises langues (si, si, il y en a même dans la police) ont murmuré que j’avais fait main basse sur ledit trésor. Des âneries, évidemment. Pourtant, je me souviens de ces surveillances dont j’ai fait l’objet par des flics qui me filochaient avec l’air de dire : on nous a dit de le faire, alors on le fait, mais on n’est pas obligés de le faire bien. Jusqu’au jour où j’ai posé la question au patron de la BRB. En résumé, il m’a dit : « La CR du juge… panier. »

Plus tard, bien plus tard, j’ai découvert l’existence de deux valises que coffre_tresor_pokegraphcom.1219250804.jpgSulak avait laissées à la garde d’untel, ici, puis là, puis ailleurs… Des valises qui avaient la bougeotte. Après tout, c’était peut-être des livres ! J’ai perdu leurs traces quelque part en banlieue parisienne, dans une maison huppée appartenant à des gens du showbiz. Inutile de dire que je n’ai jamais vu ces valises ni de près ni de loin, mais que diable sont-elles devenues après sa mort ? Peut-être sont-elles en train de pourrir dans une cave, un grenier, ou sous quelques pelletées de terre dans un jardin anonyme…

Allez, je suis persuadé que si un jour quelqu’un découvre le trésor de Sulak, il le remettra aux autorités judiciaires comme tout bon citoyen de ce pays le ferait, afin qu’il vienne renflouer les caisses de l’Etat.
Ça tomberait bien, j’ai cru comprendre qu’elles étaient vides.

La patronne

La direction centrale de la PJ change de tête. La crinière blonde et soignée de Martine Monteil, au-dessus de son regard parfois moqueur, va être remplacée par un poil plus dru et plus viril.

martine-monteil_police-pro-mai-2007.jpgAu moment où j’écris ces lignes, on murmure des noms : Alain Berthe, l’actuel directeur central adjoint, Gilles Leclair, patron de la sous-direction de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière, ou Christian Lothion, responsable de la direction interrégionale de PJ de Marseille… Rien que des gens d’expérience qui sauront prendre le relais.

Mais pourquoi Martine Monteil s’en va-t-elle ? Certains ont murmuré que son soutien un rien intempestif au candidat Nicolas Sarkozy, lors des élections présidentielles, avait été mal perçu. D’autres qu’elle portait comme un tatouage mal placé le fait de devoir sa nomination à Dominique de Villepin… D’autres enfin estiment que son acharnement à défendre la place de la PJ dans la lutte contre le terrorisme n’était pas en symbiose avec le projet présidentiel qui concernait la création de la DCRI…

Ce ne sont que mesquineries…

On peut se demander si la réalité n’est pas plus simple. Pendant longtemps, la direction centrale PJ a été un poste de fin de carrière. Il était d’ailleurs de tradition qu’à la veille de son départ en retraite, le locataire se ouatine un strapontin dans le « privé ». Certains postes (souvent honorifiques), dans certaines entreprises franco-françaises, étaient d’ailleurs disons… réservés à cet usage.

Les temps ont changé. Peu à peu, la moyenne d’âge des cadres de la police nationale a diminué. Que peut-on espérer de l’administration à cinquante et quelques balais, lorsqu’on a atteint le sommet de la pyramide si ce n’est une place de préfet ?! D’ailleurs, la préfectorale ne rouspète même plus de voir ainsi débarquer en son sein des hommes et des femmes qui ne sont pas du… sérail.

Il y a quelques mois encore, loin de la tourmente, avec sa collègue de promotion, Mireille Ballestrazzi, elle réglait des problèmes concernant les heures supplémentaires, la vétusté du parc automobile, etc. On m’a rapporté que ses relations avec les syndicats étaient plutôt bonnes. Son franc-parler devait être apprécié. On retiendra surtout de son séjour à la tête de la DCPJ, une réforme sous forme d’époussetage qui a balayé pas mal de toiles d’araignées et fait grincer quelques vieilles dents.

Pour le centenaire de la PJ, elle a parrainé un livre aux éditions Michel Lafon. Passons, c’est pas ce qu’elle a fait de mieux. En revanche, on dit qu’elle nous mitonne ses souvenirs. Là, on devrait se régaler, car des souvenirs, elle doit en avoir, la patronne !a-la-barre.1218450100.GIF

Personnellement, j’ai eu l’occasion d’apprécier son efficacité dans l’aide qu’elle a apporté à des amis : une famille dont la fille de 18 ans avait glissé dans la toxicomanie, avec tous les corollaires que l’on devine… C’était il y a bien longtemps, alors qu’elle était chef de section stups à la PP.

Martine Monteil a été élue femme de l’année en 90, 91, je ne sais plus. Mais gageons que ça doit la gonfler qu’on relie constamment ses qualités professionnelles ou sa brillante carrière à son sexe…

Après tout, elle se serait appelée Martin, c’aurait été pareil : un bon flic de PJ.

Siné-ma

On murmure que Siné aurait reçu des menaces de mort. Je ne veux pas le croire… Mais lorsqu’on voit le tollé qui a suivi deux phrases insignifiantes écrites dans Charlie Hebdo, il faut s’attendre à tout.

Siné est un personnage hors du commun. Il a la stature d’un Gabin et la gouaille d’un Audiard. Je l’ai rencontré il y a une vingtaine d’années alors qu’il travaillait, avec sa femme, Catherine, pour l’émission de Michel Polac, Droit de réponse. Sans doute la seule émission dejean-sarokozy-et-jessica-darty_nouvelobs.1217838177.jpg télévision polémique qui ait jamais été diffusée en direct intégral – et surtout la seule émission où les participants se retrouvaient aux alentours de minuit autour d’une bonne bouffe, à la brasserie Bofinger, à la Bastille.

Le bonhomme ne laissait pas indifférent. Un soir qu’il m’avait invité dans son pavillon du 9-3, il avait eu cette réflexion : « C’est la première fois que j’invite un flic chez moi ! » Et ses invités, pour la plupart de bons nanars, avaient été contraints de me serrer la louche. De les voir ainsi déconfits, je crois bien qu’il jubilait – moi-t-aussi.

Une autre fois, sans doute agacé de me voir tournicoter autour de sa femme, sur un coin de nappe il avait dessiné un petit crobar (que je ne montrerai pas ici), me représentant avec à la main un bouquet de fleurs cachant (mais si peu) une partie intime de ma personne.

Mais qu’a donc dit le vieil homme pour que des Badinter, des BHL, etc., le descendent en flamme ? Il a dit que Jean Sarkozy voulait se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée juive, et héritière des fondateurs Darty. Et c’est tout ! Je trouve que c’est une belle preuve d’amour de la part de ce jeune homme ! Moi qui ai épousé, il y a bien longtemps, une belle jeune femme juive, héritière (?) des Galeries Barbès, je n’ai pas franchi le pas. Aurais-je été moins amoureux ?

Le Monde 2 du weekend dernier, a publié un article sur la « débaptisation ». Et de citer, Alice, 56 ans, retraitée, qui a demandé que son nom soit rayé du registre des baptêmes : « Me voilà ravie de m’être retirée totalement de cette secte », dit-elle au journaliste, Fabien Mollon, qui rapporte les propos sans sourciller. Vous avez bien lu – de cette secte.

Wikipédia donne la définition suivante d’une secte : « […] Terme polémique qui désigne un groupe ou une organisation le plus souvent à connotation religieuse dont les croyances ou le comportement sont jugés obscurs ou malveillants. »

Or, parmi les 173 sectes que le gouvernement avait répertorié en 1995, je n’ai pas souvenir d’y avoir vu l’église catholique.

Le Monde 2 a recensé 241 demandes de renonciation au baptême en 2007. Cela valait-il un article de 3 pages ? Cet hebdomadaire a-t-il déjà parlé des juifs libéraux qui s’affranchissent des archaïsmes de cette religion, et notamment du sexisme au détriment des femmes ?

sine.jpgNicole, une amie (à moitié juive), m’a écrit : « Quant à tous ces parangons de vertu qui hurlent à l’antisémitisme, ils me donnent la nausée. Perso, je trouve cet épouvantail du juif martyrisé insupportable… »

Tu sais quoi, Siné ? Je crois que tel Don Quichotte tu es parti en guerre contre des moulins à vent.

Et je crois que tu as raison. Mais si tu avais tort, je te donnerais quand même raison, car tu es autrement plus sympa que tous ces tartuffes qui te cherchent des poux dans les cheveux blancs.

Et sine die, Siné, je te le dis : continue !

 

Cliquer ici pour le blog de Siné.

Association de malfaiteurs

Le capitaine Paul Barril a passé les fêtes de fin d’année à la prison des paul-barril_20minutes.1199187399.jpgBaumettes, à Marseille. Il a été mis en examen et écroué dans le cadre d’une procédure pour association de malfaiteurs.

L’infraction d’association de malfaiteurs est constituée pour toute personne appartenant à un groupe d’individus préparant un ou plusieurs crimes ou un ou plusieurs délits punis d’au moins cinq ans d’emprisonnement.

À cette qualification pénale s’ajoutent deux particularités :

– La délation avant poursuite vaut exemption de peine.

– Le simple fait de ne pouvoir justifier de son train de vie constitue un délit.

Le délit (ou crime) d’association de malfaiteurs existe depuis longtemps dans notre Code pénal. Ce texte est en général peu utilisé car son application nécessite un travail de procédure titanesque – aussi bien pour les enquêteurs que pour le juge d’instruction.

Il permet, si on prend le code à la lettre, de poursuivre aussi bien des voleurs de poules que de grands criminels, à partir du moment où ils opèrent à plusieurs. Et, dans la foulée, on peut s’intéresser aux proches, aux parents, etc. : toutes les personnes au fait de l’activité répréhensible.

C’est une procédure fourre-tout. Bien menée, elle est d’une efficacité redoutable. Dans la pratique, le plus souvent, l’information judiciaire fait suite à une enquête préliminaire habilement bâtie. L’OPJ se voit alors doté d’une commission rogatoire, dite « générale », qui lui donne de nombreuses possibilités.

Lorsque je m’occupais du banditisme, au SRPJ de Versailles, nous avons à plusieurs reprises utilisé ce moyen pour mettre un terme à l’agissement d’équipes de braqueurs ou de casseurs que nous n’arrivions pas à surprendre en flag. À l’époque, bien des collègues étaient sceptiques, pourtant, dans tous les cas les magistrats nous ont suivis. Certains se sont même piqués au jeu. Pour le flic besogneux, cette procédure est une aubaine ; et pour le justiciable, c’est une calamité, car toutes les infractions sont mixées dans une procédure unique et la responsabilité de l’un déteint sur les autres.

C’est ainsi qu’on a pu lire ces jours-ci dans la presse que Paul Barril faitjoueur_pockeractu.peg l’objet de poursuites pour « association de malfaiteurs, en vue de la commission d’extorsion (de fonds ?) en bande organisée, en vue de la commission d’assassinats et de corruption »… On est donc en droit de se demander si Barril est l’auteur – présumé innocent s’entend – d’une escroquerie, d’un assassinat ou d’une banale subornation. Et l’on reste sur notre faim, car on n’en sait pas plus. Il s’agit en fait d’une affaire complexe à souhait concernant probablement la prise de contrôle d’une salle de jeux parisienne, Le cercle Concorde. Affaire dans laquelle on retrouve Roland Cassone, un vieux truand fiché au grand banditisme depuis des lustres et un banquier suisse pas vraiment blanc-bleu.

Je n’ai pas l’intention de défendre Barril, mais lorsque j’entends son ancien chef, Christian Prouteau, dire (de mémoire) : « C’était un type bien, mais il a viré de bord… », je me dis qu’on est en plein dans un règlement de comptes. (Partie supprimée à la demande du lieutenant-colonel B.) Prouteau a fini préfet. Et Barril a pris sa retraite en 1984. Il avait 38 ans (de quoi faire pâlir d’envie les cheminots et les ratépistes). Certes on peut reprocher au petit capitaine bien des choses (et ces temps-ci on ne s’en prive pas) comme le fait d’avoir entrepris, dans les années 80, des négociations hasardeuses avec Action directe ou le FLNC. Mais la critique est facile, maintenant qu’il ne fait plus peur. De son passage à la cellule élyséenne, il disait avoir conservé des documents compromettants contre Mitterrand, ce qui semble lui avoir valu une longue période de tranquillité. Mais aujourd’hui, ces documents n’intéressent plus personne. Aucun historien n’est disposé à fouiller dans les poubelles de l’Elysée. Dans 20 ans peut-être ! Cependant, si l’on se penche sur son C-V, on ne peut oublier ses faits d’armes. Barril a été l’élément moteur lors de la création du GIGN. Il a participé, (et bien souvent dirigé) de nombreuses opérations, dont certaines extrêmement périlleuses. Il a été moult fois félicité. Il s’est ensuite lancé dans le bizness de la sécurité, comme beaucoup d’autres gendarmes ou policiers. Un métier où l’on est toujours border line. Et il joyeux-noeil_picsou.1199194621.jpga réussi. Mais le bonhomme aime trop les médias. Il n’a pas su montrer la discrétion de l’un de ses collègues, Philippe Legorjus, qui a suivi le même itinéraire.

Tel que je connais Paul Barril, j’imagine la scène dans le cabinet d’instruction du juge Serge Tournaire, à la veille de Noël :

Barril : Ze n’ai rien à dire, monsieur le juge. Ze suis innocent.

Tournaire : Eh bien dans ce cas, vous passerez les fêtes en prison.

 

Amis lecteurs de ce blog, ceux que je connais et ceux que je ne connais pas, je vous présente mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. GM

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