Quelques-uns ne sont plus là, les autres ont des cheveux blancs, mais il y a 40 ans, ils étaient pleins de fougue ces flics venus des quatre coins de France pour mettre sur pied la brigade antigang de Nice. Et pourtant, ils ont été accueillis à reculons : le poil à gratter dans un système qui ronronnait.
Le 28 septembre 1978, un arrêté publié au J.O. porte « création d’une antenne de l’office central pour la répression du banditisme à Nice ». La BRI « Nice-Côte d’Azur » (appellation non contrôlée) est née d’un entretien plutôt caustique dans le cabinet du ministre de l’Intérieur. Après une série de règlements de comptes, le casse de la Société Générale, en 1976 ; et la disparition, l’année suivante, d’Agnès Le Roux la fille de la patronne du casino du Palais de la Méditerranée, Christian Bonnet interpelle Maurice Bouvier : « Le Président s’inquiète de la situation à Nice… Que comptez-vous faire, M. le directeur central ? ». Pris de court, Bouvier mastique sa pipe avant de rétorquer : « Justement, j’envisageais de créer une brigade antigang. » Ne jamais rester sec, c’est l’essence d’un patron !

Une partie de l’équipe de la BRI de Nice (1979)
Il faut avouer que Giscard d’Estaing n’avait pas tort de s’inquiéter : en matière de grand banditisme, les années 1970 étaient particulièrement chaudes, et pas uniquement dans le sud-est de la France…
Après le démantèlement de la French Connection, le Milieu se cherche de nouveaux chefs. Pour mieux se faire entendre, les Zampa, Imbert, Vanverberghe et autres, utilisent des arguments de plomb. La PJ, comme au stand de tir, se contente de monter aux résultats. Et tandis qu’à Paris, les frères Zemour fêtent la faillite annoncée du gang des Siciliens, après la mort brutale de Jean-Claude Vella, dit Petites-pattes, et de Marcel Gauthier, révolvérisé à Nice ; qu’à Lyon la police panse ses plaies après une affaire de corruption où se mêlent banditisme et politique, et que la justice se perd en conjectures sur les raisons de l’assassinat du juge François Renaud, des réseaux mafieux s’implantent sur la Côte d’Azur et font de Nice la plaque tournante du blanchiment de l’argent du crime. Le fric attire les voyous comme un tue-mouches. Continue reading
Empain est parti aux États-Unis, sac au dos. Une sorte de voyage initiatique. Une initiation à la vie. L’histoire ne dit pas s’il a fait un crochet par Vegas, mais c’est probable, car, après sa libération, sa réaction primaire a été : on m’a enlevé parce que j’avais du fric, je vais tout claquer.
l’espoir de le raisonner et de lui faire dire l’endroit où l’otage est détenu. Mais il n’est pas aisé d’obtenir des confidences dans ces conditions. « J’enrageais de ne pouvoir interroger vraiment cet homme étendu sur une civière alors que, j’en étais sûr, il détenait la clé du problème » (Échec au crime, Grasset,1985). Caillol ne lui a rien dit.
Il est conduit dans une maison en ruines, du moins sous sa cagoule l’imagine-t-il, sans eau, sans électricité. En guise de bienvenue, on lui dit : On va vous couper un doigt. Et en fait, il a tellement cru que sa dernière heure était arrivée, que ces mots pourtant terribles le rassurent. « Tout ce qui n’est pas pire est mieux que le pire », se plaît-il à dire. Il est placé sous une tente, des chaînes aux poignets, aux chevilles et au cou, comme les bagnards, dans les livres de notre jeunesse.
Acte I : La fin de la saga d’une famille milliardaire
Le lendemain, Jean-Jacques Bierry, le principal collaborateur du baron, récupère dans la consigne d’une gare la troisième phalange de l’un de ses doigts et un mot d’Empain lui-même, indiquant le montant de la rançon : 80 millions de francs, soit plus de 40 millions d’euros, si du moins j’en crois un convertisseur qui tient compte de l’érosion monétaire.
pistolet-mitrailleur toujours à la hanche, il me braquait. », raconte le survivant, dans son livre-enquête, Mon témoignage sur l’affaire Pierre Conty, le tueur fou de l’Ardèche (Éditions Mareuil, 2017). Tout en s’éloignant, Conty ordonne à son complice de le « descendre ». Celui-ci fait alors un choix inattendu : « Casse-toi », lui murmure-t-il en lui désignant le ravin tout proche. « J’ai sauté dans le bas-côté, raconte Henri Klinz, glissant sur une dizaine de mètres entre les châtaigniers où je me suis couché. » Puis Viaux-Péccat a tiré dans sa direction, mais beaucoup trop haut, sans risque de l’atteindre.



