Un récent rapport sur la cybercriminalité montre que la crise économique génère une ambiance favorable aux escrocs et aux arnaqueurs. Aujourd’hui, les consommateurs du monde entier se tournent vers Internet pour chercher des emplois, gérer leur budget ou tout simplement faire de « bonnes affaires ». À la différence des hackers, ces filous n’ont pas besoin de connaissances informatiques. Il leur suffit d’un peu d’imagination.
Selon l’éditeur de sécurité informatique McAfee, le nombre de programmes malveillants aurait augmenté de 500 % l’année dernière. En France, les escroqueries et les abus de confiance ont augmenté de 20 % entre novembre 2007 et décembre 2008, tandis que le taux d’élucidation n’est que de 35 %.
La plupart des États n’ont pas encore pris conscience de l’importance de ce phénomène. Et chez nous ?
Notre ministre de l’Intérieur vient de faire un premier pas en présentant un plan qui vise à « prévenir, détecter et réprimer » ce type d’infraction. Un numéro de téléphone « info escroqueries » a été ouvert au public. Au prix d’un appel local, toute personne qui pense être la victime d’une escroquerie ou d’une tentative d’escroquerie, peut s’informer auprès de policiers réservistes. Parallèlement, un site spécialisé a été ouvert (ici) sur lequel « tout internaute pourra signaler un site ou un mél dont le contenu lui semblerait illicite ». C’est de la délation, mais il faut garder en mémoire que les victimes d’escroqueries (surtout sur Internet) sont souvent de petites gens, désarmés devant la justice : « la partie la plus fragile, la plus naïve ou la plus généreuse de la population », comme dit avec ses mots Madame Alliot-Marie.
Au cours de la présidence française de l’Union européenne, elle a également fait adopter (à l’unanimité) l’idée d’une plate-forme européenne de signalement. Installée auprès d’Europol, cette structure devrait être opérationnelle l’année prochaine.
L’imagination des escrocs n’a pas de limite. Ainsi, sur Internet on trouve une version moderne du « vol au rendez-moi ». Jean X. met un objet en vente, disons mille euros. Un acheteur se manifeste. Il habite un pays étranger. Après un échange de mails, Jean reçoit un chèque de 1.200 € et en même temps un mail dans lequel l’acheteur explique qu’il s’est trompé dans la conversion en euros, ou que finalement il préfère payer les frais de port à réception, ou qu’il y un problème de TVA, ou n’importe quoi de crédible. Et il demande le remboursement du trop perçu. Par prudence, Jean attend que son compte soit crédité pour effectuer le remboursement. En fait, il vient de perdre 200 €, mais il ne le sait pas encore. Il s’en rend compte lorsque sa banque lui débite le montant du chèque, qui évidemment était en bois.
La force de cette arnaque tient dans le renversement de situation : ce n’est pas le vendeur qui est malhonnête, mais l’acheteur.
Mais l’autre jour, ce n’est pas sans nostalgie que j’ai retrouvé le remake de l’escroquerie à la boule de neige. Enfant, je m’étais émerveillé devant la logique des chiffres et je m’étais fait avoir de quelques centaines de francs (anciens). C’était la version papier. Voici la version numérique :
Sur le site d’autoédition Lulu.com, on peut télécharger gratuitement un petit opuscule, Je ne vends rien je donne juste un tuyau super, d’un certain Anthony Herout. Pour s’enrichir sans rien faire, il suffit d’avoir une adresse email, un compte Paypal avec 5 € dessus et 30 ou 40 minutes à perdre.
Le principe est simple : sur une liste de cinq adresses email, on envoie 5 € à la première – qu’on retire de la liste – et l’on inscrit la sienne en cinquième position. Ensuite il faut expédier cette liste avec le mode d’emploi à une quarantaine d’autres personnes. Si vous avez fait ça et si les quarante destinataires ont fait la même chose que vous, et les quarante suivants, etc. Au bout de cinq fois, c’est votre adresse qui sera en tête de liste. Et sauf erreur dans mes calculs, vous recevrez environ cent millions de fois 5 €, c’est-à-dire, la bagatelle d’un demi-milliard d’euros.
Évidemment, le seul qui s’enrichit dans cette histoire, c’est Anthony Herout. Il s’agit d’une escroquerie à la boule de neige, dite aussi escroquerie pyramidale.
L’autre soir, à la télé, un vieux couple expliquait comment il s’était fait escroquer de 7.000 € en réservant un bien immobilier qu’il n’avait même pas visité. Et la dame de dire : « Dans la vraie vie, on ne l’aurait jamais fait ».
Angoissant, non ?