50 milliards d’euros ! C’est le chiffre que nous assène la Société Générale. Un modeste salarié de cette grande banque aurait engagé dans le système boursier 50 milliards d’euros ! Sans que personne ne s’en aperçoive… Bon ! la presse répercute. Les journalistes les plus circonspects sollicitent l’avis de grosses pointures de l’économie. Lesquelles confirment.
Redescendons sur terre. Il est vrai que cette somme ne représente rien, tant nous manquons d’éléments de comparaisons. Si l’on nous dit que la distance qui sépare la terre de telle étoile est de tant de milliards de kilomètres, on reste de bois. Si l’on précise qu’à la vitesse de la lumière, il nous faudrait 12 années pour y parvenir, on comprend mieux.
50 milliards d’euros, c’est le montant de l’impôt sur le revenu. C’est presque le budget de l’éducation nationale, et c’est plus du sixième des recettes de l’État pour l’année 2006 (source Wikipédia).
Alors, Jérôme Kerviel, 31 ans, coincé dans son bureau d’une tour de La Défense, d’un clic de souris a dépensé le budget de l’éducation nationale. Et personne n’a sourcillé !
Dans le même temps, les plus hautes autorités de l’État dénoncent un marché financier qui tourne sur lui-même, complètement déconnecté du monde réel. Il me semble même avoir entendu le chef de l’État parler du monde virtuel de la finance…
Moi, je ne sais pas trop ce qui se passe dans le monde, qu’il soit réel ou virtuel, mais je sais que sur un petit bout hexagonal de cette planète, il existe bel et bien une bourse virtuelle.
C’est même la raison d’être des produits dérivés.
Si l’on s’intéresse aux contrats Euro Notionnel, par exemple, on peut en donner la définition suivante : Contrat à terme fondé sur un emprunt fictif représentatif d’un emprunt d’État d’une durée de vie de 7 à 10 ans.
La valeur nominale d’un seul contrat notionnel est de 100.000 euros, mais l’acheteur d’un tel contrat n’a pas à débourser cette somme. En fait, il ne débourse rien. Il est seulement tenu à un dépôt de garantie de 1.750 euros. Et il s’engage seulement à acheter un tel contrat à une échéance donnée. Engagement on ne peut plus virtuel, puisque ce contrat ne peut lui être livré, pour la bonne raison qu’il n’existe pas.
Donc, sauf erreur dans les zéros, si Jérôme Kerviel avait pris position sur un tel produit, un engagement de 50 milliards d’euros, qui représente l’achat de 500.000 contrats, aurait nécessité une garantie financière de 875 millions d’euros.
Il ne s’agit pas d’une dépense, mais d’une simple caution. Ce qui pour une grande banque n’est pas exceptionnel. Et pour un trader qui, en 2007, aurait fait gagner à son employeur un milliard et demi (source Le Monde.fr), reste sans doute un engagement acceptable. Ce qui en revanche est exceptionnel (et maladroit) c’est d’interrompre brutalement une stratégie d’investissement. Une bizarre décision qui ne convainc personne.
En perdant autant d’argent, on se demande ce que la Société Générale avait à y gagner…
tout devient virtuel carte de credit argent achat et on se pose la question ensuite de savoir pourquoi nos pays sont en crise ….