Le mot « liberté » est prononcé pour la première fois après 21 ans de régime de haute sécurité. […] Il a suffi d’un seul mot, un mot magique, et la prison s’éloigne déjà et me laisse à quai. Sans but, je traîne près des cabines. Sur la coursive, un maton affiche la nouvelle note de service signée par la directrice intérimaire : « Je rappelle à l’ensemble de la population pénale que l’utilisation des cordes à sauter à des fins
sportives ou ludiques n’est autorisée que sur le gymnase de l’établissement, sous le contrôle du surveillant moniteur de sport. En conséquence toute utilisation de corde à sauter en bâtiment ou sur les cours de promenade est formellement interdite… »
Je souris…
C’est Jean-Marc Rouillan qui parle, dans un texte publié le 22 octobre 2007 sur le blog qui soutient Action directe.
Je n’ai aucune admiration pour le personnage. Je n’oublie pas qu’il s’agit d’un assassin et non d’un combattant, comme certains voudraient nous le faire croire. Lorsqu’il a tué, il n’a laissé aucune chance à ses victimes. Pas une n’a eu la possibilité de se défendre. Elles ont été les otages d’une cause dont elles se fichaient, comme à une autre époque pour servir une autre cause on alignait des innocents devant un mur.
Cependant, dans un État de droit, il n’y a pas de restriction au droit. Et à ce titre, Rouillan a bénéficié il y a un an d’un régime de semi-liberté, avec au bout, une belle carotte : la liberté conditionnelle.
Mais la prison doit rendre candide. Car lorsque Christophe Barbier, que l’on sait très proche de l’Élysée, lui envoie l’un de ses journalistes pour l’interviewer, il ne sent pas le piège. Il doit se dire que politiquement, il ne compte pas. Et il a raison. Mais il « encombre » quelqu’un d’autre : le petit facteur…
Or, Olivier Besancenot grignote peu à peu de l’audience politique. A ce rythme-là, il va bientôt prendre la place de challenger pour les prochaines élections présidentielles – et du même coup il va faire le lit du candidat de droite.
En effet, rappelez-vous 2002 ! La gauche clamait : » Votez escroc, pas facho ! » Résultat : Chirac est réélu avec plus de 82 % des voix.
Un tel score, ça donne des idées, non ?!
Alors, en 2012, on pourrait bien entendre crier : » Votez Sarko, pas gaucho ! «
A une autre époque, on dit que Mitterrand avait scellé un pacte avec Rouillan avant de prendre une mesure d’amnistie pour les crimes commis par Action directe – et il avait été cocu*. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais cette fois, on a bien l’impression que le cocu, c’est Rouillan.
—
* Voici un extrait de » La PJ de 1982 » sur ce blog : (…) Pendant ce temps, les vrais terroristes nous terrorisent. La France est un champ de bataille. Action directe se scinde en trois. Une partie renonce à la lutte armée, une autre fait alliance avec la Fraction armée rouge et la dernière, dite branche lyonnaise, se lance dans des actions antisémites. En mars, une bombe explose dans le train Le Capitole : cinq morts, vingt-sept blessés. En avril, une voiture piégée explose, rue Marbeuf, à Paris : un mort et soixante-trois blessés. En juin, un commando d’Action directe s’en prend à l’école américaine de Saint-Cloud. En juillet, c’est une banque. Le caissier est blessé. En juillet, une bombe explose, rue Saint-Maur, à Paris ; puis c’est le consulat de Turquie, à Lyon qui est visé. Le même mois, une bombe explose près de la cabine téléphonique du Pub Saint-Germain, dans le VI°. Le 9 août, c’est la fusillade du restaurant Goldenberg, dans le quartier juif, et la fusillade de la rue des Rosiers. L’été n’en finit pas. A Paris, voiture piégée devant l’ambassade d’Irak, bombe contre l’hebdomadaire Minute… Le 21 août, deux démineurs de la préfecture de police sont tués alors qu’ils tentent de désarmorcer une charge d’explosif sous la voiture d’un Américain. Le 17 septembre, un véhicule de l’ambassade d’Israël explose en plein Paris, faisant près d’une centaine de blessés. Etc. Cette année 1982, des centaines de personnes sont mortes ou ont été blessées victimes d’attentats. Et pendant ce temps, la police tourne au ralenti.
Une enfant de 4 ans a disparu. Et nous sommes tous concernés. Car cette enfant, c’est la nôtre à présent, comme le devient l’espace d’un instant le bambin qu’on aide à traverser la rue ou que l’on console d’un bobo.
