LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Catégorie : Actualité (Page 63 of 71)

Rouillan dérouille

Le mot « liberté » est prononcé pour la première fois après 21 ans de régime de haute sécurité. […] Il a suffi d’un seul mot, un mot magique, et la prison s’éloigne déjà et me laisse à quai. Sans but, je traîne près des cabines. Sur la coursive, un maton affiche la nouvelle note de service signée par la directrice intérimaire : « Je rappelle à l’ensemble de la population pénale que l’utilisation des cordes à sauter à des finsjean-marc-rouillan-action-directe-conference-de-presse_lci.jpg sportives ou ludiques n’est autorisée que sur le gymnase de l’établissement, sous le contrôle du surveillant moniteur de sport. En conséquence toute utilisation de corde à sauter en bâtiment ou sur les cours de promenade est formellement interdite… »

Je souris…

C’est Jean-Marc Rouillan qui parle, dans un texte publié le 22 octobre 2007 sur le blog qui soutient Action directe.

Je n’ai aucune admiration pour le personnage. Je n’oublie pas qu’il s’agit d’un assassin et non d’un combattant, comme certains voudraient nous le faire croire. Lorsqu’il a tué, il n’a laissé aucune chance à ses victimes. Pas une n’a eu la possibilité de se défendre. Elles ont été les otages d’une cause dont elles se fichaient, comme à une autre époque pour servir une autre cause on alignait des innocents devant un mur.

Cependant, dans un État de droit, il n’y a pas de restriction au droit. Et à ce titre, Rouillan a bénéficié il y a un an d’un régime de semi-liberté, avec au bout, une belle carotte : la liberté conditionnelle.

shadok_complique_castaliecom.jpgMais la prison doit rendre candide. Car lorsque Christophe Barbier, que l’on sait très proche de l’Élysée, lui envoie l’un de ses journalistes pour l’interviewer, il ne sent pas le piège. Il doit se dire que politiquement, il ne compte pas. Et il a raison. Mais il « encombre » quelqu’un d’autre : le petit facteur…

Or, Olivier Besancenot grignote peu à peu de l’audience politique. A ce rythme-là, il va bientôt prendre la place de challenger pour les prochaines élections présidentielles – et du même coup il va faire le lit du candidat de droite.

En effet, rappelez-vous 2002 ! La gauche clamait :  » Votez escroc, pas facho !  » Résultat : Chirac est réélu avec plus de 82 % des voix.

Un tel score, ça donne des idées, non ?!

Alors, en 2012, on pourrait bien entendre crier :  » Votez Sarko, pas gaucho ! « 

A une autre époque, on dit que Mitterrand avait scellé un pacte avec Rouillan avant de prendre une mesure d’amnistie pour les crimes commis par Action directe – et il avait été cocu*. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais cette fois, on a bien l’impression que le cocu, c’est Rouillan.

* Voici un extrait de  » La PJ de 1982  » sur ce blog : (…) Pendant ce temps, les vrais terroristes nous terrorisent. La France est un champ de bataille. Action directe se scinde en trois. Une partie renonce à la lutte armée, une autre fait alliance avec la Fraction armée rouge et la dernière, dite branche lyonnaise, se lance dans des actions antisémites. En mars, une bombe explose dans le train Le Capitole : cinq morts, vingt-sept blessés. En avril, une voiture piégée explose, rue Marbeuf, à Paris : un mort et soixante-trois blessés. En juin, un commando d’Action directe s’en prend à l’école américaine de Saint-Cloud. En juillet, c’est une banque. Le caissier est blessé. En juillet, une bombe explose, rue Saint-Maur, à Paris ; puis c’est le consulat de Turquie, à Lyon qui est visé. Le même mois, une bombe explose près de la cabine téléphonique du Pub Saint-Germain, dans le VI°. Le 9 août, c’est la fusillade du restaurant Goldenberg, dans le quartier juif, et la fusillade de la rue des Rosiers. L’été n’en finit pas. A Paris, voiture piégée devant l’ambassade d’Irak, bombe contre l’hebdomadaire Minute… Le 21 août, deux démineurs de la préfecture de police sont tués alors qu’ils tentent de désarmorcer une charge d’explosif sous la voiture d’un Américain. Le 17 septembre, un véhicule de l’ambassade d’Israël explose en plein Paris, faisant près d’une centaine de blessés. Etc. Cette année 1982, des centaines de personnes sont mortes ou ont été blessées victimes d’attentats. Et pendant ce temps, la police tourne au ralenti.

La bourse et les petits lapins

« Et l’histoire des petits lapins de Fibonacci, tu connais ?… On installe un couple de lapins sur une île déserte. Pour mériter leur réputation, ils font l’amour – comme des lapins. Et chaque mois la maman donne naissance à un garçon et une fille. Or, dès l’âge de deux mois, les lapins peuvent se reproduire. Combien y aura-t-il de paires de lapins au bout d’un an ? 

« Cette nuit-là ne fut pas romantique. Je fis un rêve étrange à la limitelapins-1.1222779135.gif du cauchemar : dans un paysage apocalyptique, une multitude de petits lapins blancs se grimpaient dessus en rigolant… »

Il s’agit d’un court extrait de mon livre « La journée des 3 Sorcières ». Si je me cite, ce n’est ni pour me faire de la pub (téléchargement gratuit pour les lecteurs de ce blog) ni par autosatisfaction. Il s’agit d’une simple réaction épidermique aux déclarations de certaines personnalités qui nous claironnent que la crise financière était imprévisible. Si un néophyte comme moi l’a envisagée il y a 6 mois, on est en droit d’être dubitatifs…

Voici un schéma tiré de L’Analyse technique de Therry Béchu et Eric Bertrand, aux éditions Economica (page 37 de mon livre) pour comprendre le principe de la série des nombres de Fibonacci appliqué au lapinisme de ces petits mammifères :

 

lapins-de-bonifacci.1222770201.jpg

 

Et voici un petit tableau explicatif (page 42) :

 

Le nombre d‘or, la série des nombres de Fibonacci, et la bourse :

C’est Euclide, le plus grand mathématicien de la Grèce antique qui le premier a établi le rapport entre les segments d’une droite partagée par un point. Ce rapport lui a permis de construire plus facilement certaines figures, comme le pentagone (5 côtés) ou le décagone (10 côtés).

Mais ce n’est qu’au XIX° siècle que cette théorie fut reprise après avoir observé que ce rapport était une constante utilisée aussi bien par l’homme, sans doute à son insu, que par la nature. On le retrouve en effet dans la façade du Parthénon d’Athènes, dans l’architecture de grandes cathédrales européennes, ou dans les sculptures grecques. Mais l’on constate aussi son existence dans la nature, dans les minéraux, les plantes et même dans la structure du corps humain. En 1931, un diplomate roumain peu scrupuleux, enfourche ce cheval de bataille. Il glorifie la géométrie grecque pour étayer une thèse sur la suprématie de « la race blanche ». Ses motivations sont donc loin d’être scientifiques, mais il semble être le premier à utiliser un terme qui fait bondir les mathématiciens : le nombre d’or.

Le nombre d’or est un nombre sans fin.  En voici un morceau : 1,618 033 988 749 894 848 204 586 834 365 638 117 720 309 179 805 762 862 135 448 622 705 260 462 189 024 497 072 072 041…

Allez ! On va arrondir à 1.618.

Ralph Nelson Elliott (1871-1948) a construit une doctrine boursière en s’appuyant sur le nombre d’or et la série des nombres de Fibonacci.

On l’appelle la théorie des vagues. Elle est basée sur trois composantes : configuration des cours, ratios existant entre les différents mouvements et temps qui sépare chaque nouvelle tendance (sans doute la notion la plus délicate à définir).

Le principe veut que les marchés financiers connaissent des cycles et évoluent par vagues. La théorie d’Elliott découpe chaque cycle en huit vagues. Les cinq premières forment la tendance (haussière ou baissière) et les trois suivantes la correction. Mais les cinq vagues de tendance s’organisent elles-mêmes en trois fortes vagues d’impulsion (qui forment la tendance) et en deux petites vagues de correction.

La théorie des vagues est très suivie par les brokers. Si l’on applique cette théorie au CAC, à la date du 3 mars 2008 (voir graphique), on peut penser qu’on se situe à la fin d’un cycle haussier. Auquel cas, il faut se demander si le prochain cycle long sera haussier ou baisser. Conclusion : rester hors du marché des actions en attendant qu’une tendance se dessine nettement. Si c’est la baisse qui l’emporte, on peut craindre un sérieux plongeon.

Suivi d’un graphique du CAC 40 au 3 mars 2008 (page 43) :

cac.1222769814.jpg

Au fur et à mesure que j’écrivais ce roman (en live sur ce blog), je me suis débarrassé de mon petit portefeuille d’actions. J’ai donc ainsi gagné de l’argent en évitant d’en perdre. Comme quoi en se mettant à la littérature, à défaut de s’enrichir on ne s’appauvrit pas…

Selon cette théorie, on se se situe aujourd’hui à la fin de la période de correction « prévisible », mais que va-t-il se passer à présent ? Hausse ou baisse ? Dans les deux cas, ça risque de décoiffer…

Si quelqu’un a une idée…

 

La maman d'Antoine nous interpelle

« Nous aimons Antoine et nous n’avons qu’une seule envie : le revoir, le câliner, le dorloter et recommencer notre vie comme avant ou presque… 

« J’aurais aimé faire partie de ces mères parfaites qui ne ratent jamais rien et qui ont ce fameux manuel ou tout est indiqué, mais ce n’est pas le cas… Ça ne se passe jamais comme dans les livres des mamans parfaites… »

C’est une citation du message que m’a laissé hier la maman d’Antoine…

Un message bouleversant. Je vous invite à le lire dans les commentaires d’une note précédente, et tout comme moi j’en suis sûr, vous n’envisagerez plus cette disparition comme un… fait divers.

Alexandrine se sent seule. Visiblement, on n’a pas pris la disparition de son fils au sérieux. Gendarmes et Procureur se sont laissés impressionner – défavorablement – par son passé, comme si une condamnation pour une histoire de drogue pouvait avoir un rapport avec la disparition de son enfant !

Et pourtant, voici ce qu’on aurait dû lui proposer :

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   DISPOSITIF OFFICIEL

En cas de disparition d’enfants, les familles peuvent obtenir une information, aide et  un soutien auprès du service téléphonique « SOS Enfants Disparus ». 

Services dont peuvent bénéficier les parents et la famille

En cas de disparition, de fugue ou d’enlèvement d’enfants, ce service permet : 

  • d’accompagner les parents, la famille par un référent unique, 
  • d’assurer le suivi du dossier durant toute la procédure, 
  • de guider les parents ou la famille vers les administrations compétentes et associations spécialisées, 
  • d’offrir une aide psychologique à la famille.

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Au lieu de ça, ON L’A MISE EN GARDE A VUE.

Au bout de 28 heures, le procureur a déclaré à peu près ceci :  » La garde à vue ne veut pas dire qu’on est coupable, mais la libération ne veut pas dire qu’on est innocent. « 

« Certains ont oublié Antoine, nous pas, et heureusement quelques enquêteurs pensent à lui plutôt qu’à autre chose. Comment peut-on se permettre avec si peu d’infos de décider que mon petit ange soit mort ou qu’on ne le cherche plus… »

Je viens de cliquer sur le site des avis de recherche de la police judiciaire : LA PHOTO D’ANTOINE N’Y FIGURE PAS !

« Pendant que vous parlez de nous, que vous scrutez notre passé, vous oubliez le seul qui soit en droit d’avoir sa photo en première page […] ANTOINE… »

« Alors, MERCI DE PENSER A LUI… »

Madame Alexandrine Brugerolle de Fraissinette communique en fin de texte l’adresse du site qui le premier (le seul ?) a diffusé un avis de recherche : http://disparition-antoine.skyrock.com/

Les internautes ont eu la peau du fichier Edvige. Ne peuvent-ils pas supplanter les insuffisances d’une administration poussiéreuse ? Malgré ce qu’on veut nous faire croire, il n’est peut-être pas trop tard pour sauver un enfant !

Et si par bonheur on voyait Antoine réapparaître, débarquant de chez sa grand-mère, de chez son oncle… ou je ne sais d’où : Coucou, c’est moi ! On ne se dirait pas qu’on a fait ça pour rien.

On serait juste contents de l’avoir fait.

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No comment

La commission des finances planche sur le règlement des heures supplémentaires dans la police. Elles seront réglées au taux majoré de 140 %, ce qui représente un bonus moyen de 40 € par heure travaillée.

C’est du moins ce que rapporte la Tribune de Genève du 24 septembre 2008.

Car il s’agit des policiers genevois ! C’est à peu près le police-du-canton-de-vaud.1222590477.jpgdédommagement qu’ils vont toucher pour le surcroît de travail occasionné par l’EURO 2008. À ces heures sup’, il faut ajouter une prime exceptionnelle de 1.500 €.

En France, les officiers de police ont engrangé 5 millions d’heures supplémentaires. L’année dernière, Frédéric Péchenard, le directeur général de la PN, s’est engagé à apurer la situation d’ici… 2 ans ½ – au tarif de 9,25 € l’heure. Toutefois, magnanime, l’administration a promis que ces sommes seraient défiscalisées…

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Un officier de police gagne entre 1700 et 3700 €. Il peut prendre sa retraite à partir de 55 ans. À Genève, les policiers gagnent presque le double et ils prennent leur retraite à 52 ans.

C’est vrai que chez nous, les flics ont la prime aux résultats… Une prime collective annuelle de 600 €, nous dit le syndicat Alliance-Police Nationale, et une prime individuelle de 100 € pour un événement exceptionnel.

Si les syndicats rouscaillent un brin, les petits malins se frottent les mains en se disant que ce n’est pas ça qui va motiver les policiers…

Antoine : cellule 63

On est sans nouvelles du petit Antoine, disparu depuis maintenant quinze jours. Et nous sommes de plus en plus nombreux à nous inquiéter, à nous interroger : Tout a-t-il été mis en œuvre pour le retrouver VIVANT ?

En effet, le procureur, les gendarmes, les journalistes…, tout le monde en parle au passé. La présidente de « Esperanzassociation », qui a été l’une des premières à réagir et à diffuser un avis de recherche, m’a confié tout à l’heure au téléphone : « Il n’y a que sa mère et sa grand-mère qui en parlent au présent. »

Et c’est vrai ! On a l’impression que sur place, les enquêteurs recherchent… un cadavre. 

Même Interpol semble avoir fait au minima.

AVIS DE RECHERCHE INTERPOL

avis-recherche-interpol_53974070.1222432205.jpgPresent family name: BRUGEROLLE DE FRAISSINETTE
Birth name: BRUGEROLLE DE FRAISSINETTE
Forename: ANTOINE
Sex: MALE
Date of birth: 24 May 2002 (6 years old)
Place of birth: BEAUMONT, France
Nationality: France
Mother’s maiden name & forename: BRUGEROLLE DE FRAISSINETTE
 
Height: 1.10 meter <-> 43 inches
Weight: 19 kg <-> 42 pounds
Colour of eyes: BROWN
Colour of hair: CHESTNUT
Distinguishing marks and characteristics:
Pierced earlobes.
 
Date of disappearance: 11 September 2008 at 6 years old
Place of disappearance: ISSOIRE, BEAUMONT, France

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Or, il faut rappeler que ce jeudi soir, alors que sa mère l’avait laissé seul, le petit Antoine a pris son sac à dos et un paquet de biscuits, et il est sorti. Les chiens « renifleurs » l’ont confirmé. Ils ont suivi sa trace sur plusieurs centaines de mètres.

Mais ce garçonnet de 6 ans ½ est un débrouillard. Sa mère travaille comme serveuse dans un bar. Elle a 23 ans.

Certes, Antoine est souvent seul. Souvent, il sort pour de longues balades – toujours seul. Mais il revient. Jamais il n’a fugué.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais on se dit que les gendarmes ont eu tort de démarrer leur enquête comme s’il s’agissait d’une simple fugue. Que le procureur a failli  en ne déclenchant pas le plan Alerte-enlèvement. Mais il est facile de juger après coup… Peut-être se sont-ils laissés abuser par la personnalité de la mère du petit Antoine et par son entourage.

Mais une mère de famille n’est pas forcément un monstre sous prétexte qu’elle est un peu paumée, ou fauchée.

Cette jeune femme, Alexandrine, n’a jamais connu son père – et son fils ne connaît pas le sien. À 16 ans, elle aurait pu se faire avorter. C’était presque un droit. Elle a gardé son enfant et elle l’élève tant bien que peu, mais elle l’élève. C’est pas si mal pour une paumée.

On dit que quelques jours après la disparition une certaine zizanie s’est installée au sein de la Section de recherches de la gendarmerie, entre ceux qui voulaient découvrir des coupables et ceux qui voulaient d’abord retrouver l’enfant.

Ce midi, un rien embarrassé, le lieutenant-colonel qui assure le service de presse a reconnu que les enquêteurs devaient redémarrer l’enquête à zéro. La cellule 63 a été créée.

Un enfant est peut-être à la merci d’un détraqué sexuel.

Et l’enquête redémarre à zéro !

 

P.S : J’ai reçu plusieurs remarques pour avoir écrit que pour Alexandrine l’avortement était « presque un droit »… Je me permets ce post-scriptum pour reconnaître une formulation bien maladroite. Je voulais parler de droit moral… Mais en vérité j’aurais dû m’abstenir d’aborder un sujet aussi personnel. Mes excuses, Madame.

La disparition du petit Antoine

Le petit Antoine, âgé de 6 ans ½ a maintenant disparu depuis quinze jours. On apprend hier que sa mère, son concubin et six personnes de son entourage ont été placés en garde à vue.

Et brutalement, sans savoir pourquoi, on se dit qu’il y a eu un loupé. On se dit que tout n’a pas été mis en œuvre pour sauver cet enfant.

avis-recherche-antoine.1222327507.jpgRappelons les faits :

Le jeudi 11 septembre, la mère d’Antoine et son conpagnon vont dîner au restaurant. Ils laissent l’enfant seul. Lorsqu’ils reviennent, Antoine a disparu.

Ils préviennent la gendarmerie.

Les gendarmes ne constatent aucune trace d’effraction et, à la vue des déclarations de la mère, ils privilégient l’hypothèse d’une fugue.

Les recherchent s’organisent. Elles s’intensifient les jours suivants sans aucun résultat. En fait, personne n’a vu ce petit garçon depuis plusieurs jours.

Le plan alerte-enlèvement n’est pas déclenché, car ce dispositif mis en place en février 2006, nécessite plusieurs critères. Et ici, il manque le premier : Il doit s’agir d’un enlèvement avéré.

Finalement, le samedi 14 septembre, le procureur de la République de Clermont-Ferrand ouvre une information judiciaire pour enlèvement et séquestration de mineur.

Tout a été fait selon les règles, pourtant le système a foiré.

Ces jours derniers, les enquêteurs ont progressé. Ils s’acheminent à présent vers la possibilité d’un crime et l’étau se resserre sur la mère et plusieurs personnes de son entourage, sans qu’il soit possible d’en dire plus.

Le malaise vient de la comparaison avec la disparition de la petitemaddie_levifbe.1222327701.jpg Maddie, au Portugal. Les faits sont quasi identiques, mais dans un cas la répercussion médiatique a été colossale et dans l’autre quasi inexistante. Qu’est-ce qui fait que deux affaires semblables puissent à ce point être perçues avec tant de différences ? 

Supposons que la mère d’Antoine ait déclaré aux enquêteurs que son fils n’était pas du genre à fuguer, alors ceux-ci seraient sans doute partis sur l’hypothèse d’un enlèvement, et les radios, les télés… auraient suspendu leurs émissions pour passer des messages d’alerte. Mais elle a parlé d’une fugue, alors – rien !

antoine_leparisienfr.1222327660.jpgEn rapportant ces événements, LeMonde.fr a laissé ouverte sa rubrique appelant les abonnés à réagir. Et un lecteur, PetitGirard, a répondu : « Proposer à vos lecteurs de réagir sur un fait divers dont l’enquête est en cours et sur lequel rien n’est encore acquis, est indigne d’un journal comme Le Monde. Ouvrez le dialogue sur des sujets de sociétés, sur des faits confirmés, bien sûr. Mais inciter vos lecteurs à jouer à l’apprenti détective ou au juge amateur sur des drames dont l’enquête n’a pas encore donné de résultats probants, c’est inutile et même un tantinet racoleur. »

C’est une vraie question que pose PetitGirard. Lorsque j’ai résumé l’enlèvement de la petite Maddie, des milliers de visiteurs sont venus sur ce blog et je me suis également interrogé : Sommes-nous bouleversés par la disparition d’un enfant au point de ne pouvoir s’empêcher de réagir ou nous livrons-nous à une sorte de jeu malsain ?

Peut-être notre compassion pour ces enfants maltraités obscurcit-elle notre jugement. Et cela qu’on soit magistrat, policier, gendarme, journaliste ou simple quidam. Ainsi, la journaliste, Florence Schaal, vient d’être virée de TF1, où elle travaillait depuis 33 ans, pour avoir annoncé – à tort – la mort d’un petit garçon égaré.

Je ne sais pas ce que vous en pensez…

Les fichiers de police

Les mésaventures de la pauvre « Edvige » ont attiré l’attention sur un mal nécessaire : les fichiers de police.

Ils trouvent leur origine dans le besoin de différencier les délinquants primaires des récidivistes. En effet, le début du XIX° siècle voit l’abolition de la marque infâme des bagnards et autres résidants des cours des miracles. Une loi libertaire en quelques sortes… Mais, en sommiers-judiciaires-1912_archives-pp.1222100540.jpgl’absence de cette marque et de tout document d’état-civil, impossible de reconnaître les bons des méchants. D’où la création des « sommiers judiciaires ». Il s’agit d’énormes registres (et non pas de plumards) tenus par la préfecture de police et sensés contenir toutes les condamnations pénales prononcées sur le territoire français. Un travail titanesque d’archivage pour un résultat des plus médiocres. En effet, pour rechercher un individu, il faut consulter des colonnes et des colonnes de noms. Et comment différencier un Dupont d’un autre Dupont, même avec un d…

Aussi, un peu plus tard, décide-t-on de remplacer les registres par des fiches cartonnées. Une méthode beaucoup plus souple et suffisamment efficace pour qu’en 1872 on envisage de recopier les archives vieilles de 80 ans. Dix millions de bristols à établir. On imagine les plumitifs à manchettes tirant la langue en s’appliquant aux pleins et aux déliés… Toute une carrière à remplir des fiches. Car l’aventure dura plus de 20 ans. Je crois même qu’elle ne fût jamais achevée.

Peut-être existe-t-il encore dans une soupente de l’auguste maison, un fonctionnaire vieillissant oublié de tous qui poursuit sa pointilleuse besogne… Hors du temps.

Le principe de la fiche cartonnée est conservé pour la mise en place (moins officielle) des « sommiers de police ». Toujours des fiches cartonnées, mais qui cette fois renvoient à des dossiers. C’est ainsi que naissent les archives de la préfecture de police (APP).

Cela paraît bien archaïque, et pourtant le système a perduré jusqu’aux années 80. Je veux dire 1980.

Dans ces années-là, les enquêteurs disposent des outils suivants :

– Les archives de la préfecture de police (PJ/PP et RG/PP) ;

– Le fichier central du ministère de l’Intérieur qui gère à la fois les dossiers criminels et les dossiers administratifs (FC/DC et FC/DA) ;

– Les fichiers régionaux, au sein de chaque SRPJ.

Le FC du ministère se trouvait, si j’ai bonne mémoire, au dernier étage sur cour de la rue des Saussaies. On racontait alors que le poids des dossiers était tel qu’on était obligé de classer les plus anciens dans les sous-sols… La tête du préposé lorsqu’on lui demandait de sortir un dossier « cave » ! D’où l’utilité du monte-charge.

Voici le mécanisme d’une recherche d’archives telle que je l’ai vécu : On inscrit sur une fiche cartonnée les nom, prénom et date de naissance de la personne sur qui l’on enquête. On fait signer le chef de service. Ensuite, on se rend soit quai des orfèvres, soit rue des Saussaies, soit au siège du SRPJ. On fait la queue en taillant la bavette avec des collègues et en tirant sur sa clope. On donne sa petite fiche à un fonctionnaire racorni, et tandis qu’il effectue votre recherche, on repapote avec les collègues. Enfin, l’archiviste revient, parfois en essuyant d’un revers de manchette la trace du petit blanc qu’il a lapé au passage, et ici, deux cas de figure : 1/ Il extériorise sa rancœur d’avoir été affecté à un poste aussi débile en flanquant un magistral coup de tampon « INCONNU » sur votre fiche ; 2/ Il inscrit la date du fumeur-bobocoverblogcom.1222100710.jpgjour, votre nom, votre grade et votre service au revers d’un dossier poussiéreux qu’il vous tend comme à regret. Avec un commentaire, du genre : « Magne-toi, on ferme à 17 heures ». Et vous cherchez un petit coin de table pour consulter votre dossier et prendre des notes.

Car, bien sûr, il n’y a pas de photocopieuse.

Aujourd’hui, les flics ne papotent plus. En un clic de souris, ils ont le résultat qu’on mettait une demi-journée à obtenir. Comme le nombre d’affaires résolues n’a pas vraiment augmenté, j’me demande bien à quoi qu’ils passent leur temps ! D’autant qu’ils n’ont même pas la possibilité de fumer une clope ou de se taper un coup de blanc…

Je blague, bien sûr ! D’ailleurs, ma petite histoire s’arrête là, sur ce simple constat en forme de parabole : Les fichiers de police existent depuis longtemps – mais pas l’informatique.

 

Le tohu-bohu d'Edvige

Le tohu-bohu qui entoure la mise en place du fichier Edvige est-il justifié ? Le mécontentement s’est cristallisé sur la possibilité de ficher des mineurs de 13 ans et de faire mention de nos affinités sexuelles. Et accessoirement aussi sur le fait de s’intéresser de trop près à certaines personnalités (ce dernier point n’est pas nouveau). Mais au fait, c’est quoi le fichier Edvige ?

espionnage_image-google.1221062776.jpegC’est tout simplement l’outil de travail qui suit la fusion des RG avec la Sécurité publique. Puisqu’on mélange les genres, se sont dit quelques grosses têtes de l’Intérieur, il est normal de créer un fichier qui englobe les deux activités. Prenons un exemple : le militant écolo intéresse les RG, mais lorsqu’il passe à l’action dans un champ de maïs transgénique, il commet un délit et il trouble l’ordre public. Du coup, il intéresse la Sécurité publique. CQFD.

Edvige est donc un fichier fourre-tout, même si on n’a pas très bien compris comment il allait être alimenté… Bien sûr, il est fait pour notre bien, pour notre sécurité, tatata, tatata…

Il est « ouvert » pour les 4.000 policiers de la DCRI qui peuvent donc l’interroger librement et il est semi-protégé pour les autres. Ce qui signifie que son utilisation doit faire l’objet d’une autorisation de la hiérarchie. J’ai entendu le représentant d’un syndicat des commissaires de police le défendre (un peu gêné, m’a-t-il semblé). C’est peut-être son rôle. C’est surtout son rôle de se demander comment les commissaires, ou les officiers de police, vont en assurer le contrôle ? Car tout manquement va de fait leur retomber sur le poil.

Certes, les policiers étaient demandeurs. Il leur fallait un outil adapté aux réformes successives et aux technologies modernes. Mais là, c’est presque trop. A la longue, Edvige pourrait bien devenir une maîtresse encombrante.

Ce fichier fait partie d’un lot. Il suit la création, en janvier 2008, du fichier PERS, dont personne n’a pratiquement parlé.

Le fichier PERS est tenu par les agents du fisc. Il ne concerne ni les délinquants, ni les personnalités, ni les homosexuels… Il concerne tout le monde. Son objet est d’archiver tous les Français, et toutes les entreprises françaises, en répertoriant le maximum d’informations (état–civil, filiation, mariage, domicile, mail, téléphone, profession, biens fonciers, comptes en banque, etc.). Chaque français se voit ainsi attribuer pour la circonstance un « numéro séquentiel d’identification ».

Ces deux fichiers s’ajoutent à tous les autres, Adn, empreintes digitales, voitures, etc.

lemonde.1221063833.jpg

Bien entendu, aucun n’est croisé. Mais si un jour ils devaient l’être, nous serions tous aussi transparents que du verre. On pourrait par exemple d’un clic de souris déterminer le comportement «éventuellement» délictueux d’un individu en fonction de la loi des grands nombres.

Amusant, non !

Intervenir avant le crime ou le délit… Le rêve d’une société parfaite.

 

Agnelet en cass'

Le 17 septembre 2008, la Cour de cassation doit se prononcer sur l’affaire Agnelet. Dans son émission du 5 septembre, sur Europe 1, «café crimes», Jacques Pradel est revenu sur ce feuilleton judiciaire qui trouve son origine dans la disparition d’une jeune femme, Agnès Le Roux, héritière avec son frère et sa mère, du Palais de la Méditerranée, à Nice.

Les faits remontent à 1977.

renee-le-roux-et-maitre-kiejman.jpgDans ces années-là, Nice est au centre d’une guerre des gangs : la mafia italienne tente de s’accaparer le monopole du jeu sur la Côte d’Azur. Une enquête délicate où s’entremêlent le fric, la politique, la franc-maçonnerie, etc. Et puis l’absence de cadavre… On pense d’abord à une fugue ou à un suicide, puis on s’achemine vers un suicide « assisté » pour finalement arriver à un assassinat.

Maurice Agnelet, l’amant d’Agnès Le Roux, est soupçonné. On découvre qu’il a servi d’intermédiaire entre sa maîtresse et Dominique Fratoni, le patron du casino concurrent, qui roule pour la mafia.

En 1985, Agnelet est condamné pour avoir fait main basse sur l’argent que sa compagne avait déposé sur un compte, en Suisse. Mais il est dédouané de l’inculpation de meurtre. Renée Le Roux, la mère d’Agnès, tente de faire annuler le non-lieu, mais la Cour de cassation lui donne tort. Dossier clos ?

C’est sans compter sur la pugnacité de la vieille dame. Celle-ci est persuadée que Maurice Agnelet a tué sa fille. Elle veut une nouvelle enquête. Le procureur refuse, faute d’éléments nouveaux… Finalement, son avocat, Maître Kiejman, ancien garde des Sceaux, déterre une botte secrète : recel de cadavre. On est en 1994, mais le recel n’est pas prescriptible. C’est un délit continu. Cette fois, le procureur suit.

Six ans plus tard, Agnelet abandonne sa femme. Il a tort, car elle détient la clé de son alibi. Elle revient sur ses déclarations faites dans les années 70, et du coup la procédure criminelle est réouverte. Nous sommes en l’an 2000. C’est ainsi que le 23 novembre 2006, Maurice Agnelet se retrouve devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes. Et il est acquitté.

Mais le procureur ne veut pas en démordre. Il fait appel de cette décision du jury populaire. Une possibilité que lui donne la loi de l’an 2000, mais qui à ma connaissance n’a jamais été utilisée dans de telles circonstances.

L’année suivante, 30 ans après les faits, Agnelet est condamné à 20 ans de réclusion criminelle.

Est-ce l’épilogue ? Pas tout à fait : le condamné se pourvoit en cassation. Un pourvoi en dix points, dont je n’ai pas le détail. Cependant, on peut imaginer que l’un d’eux concerne la prescription, car si elle était acquise, Maurice Agnelet n’aurait jamais dû passer devant une Cour d’assises.jean-dominique-fratoni_lecrapouillot1190618046.1220702161.jpg

Il n’appartient pas à la Cour de cass’ de se prononcer sur les faits, mais uniquement sur le droit. Aussi, lorsqu’elle casse un jugement, les parties se retrouvent devant une nouvelle juridiction, pour un nouveau jugement.

Mais dans le cas présent, supposons qu’elle décide que les magistrats sont effectivement passés outre au délai de prescription… Maurice Agnelet pourrait-il être rejugé ? Ou serait-il définitivement blanchi ?

Certes, le personnage n’est pas sympathique, mais nous sommes dans un État de droit. Et l’on peut dire ici que le droit a été pas mal tournicoté. Si Agnelet avait gain de cause, il pourrait légitimement exiger de l’État un dédommagement conséquent. Allez, le chèque serait moins gros que celui de Bernard Tapie !

 

Quelques remarques juridiques formulées sous toute réserve :

Dans sa version originale la loi du 15 juin 2000 n’autorisait pas le ministère public à faire appel d’une décision d’acquittement.

C’est la loi du 4 mars 2002 qui a donné cette possibilité – mais seulement au procureur général. Le législateur a ainsi voulu souligner le caractère exceptionnel de cet appel.

Il est vraisemblable que la Cour de cassation s’interroge sur ces trois points :

– Entre le non-lieu obtenu par Agnelet en 1985/1986 et la réouverture du dossier criminel, 15 ans se sont écoulés. Or la prescription criminelle est de 10 ans après le dernier acte de procédure. Quel acte a-t-on pris en compte pour interrompre la prescription ? S’il s’agit de la procédure pour recel de cadavre, un délit peut-il interrompre la prescription criminelle ?

– On a appliqué à Maurice Agnelet une loi de 2002 pour des faits qui se sont déroulés en 1977 et pour lesquels une information judiciaire a été ouverte en 2000. Il subit donc les conséquences d’un mauvais fonctionnement de la justice en se voyant appliquer une procédure qui lui est défavorable. Cela n’est-il pas contraire au principe de non-rétroactivité des lois ?

– Dans les deux procès d’assises, c’est le même avocat général, Monsieur René Cortès, qui a représenté le ministère public. Or, une circulaire du 11 décembre 2000 prévoyait que… « dans les hypothèses d’appel principal du ministère public contre une condamnation jugée insuffisamment sévère, l’accusation soit a priori représentée en appel par un autre magistrat. » Peut-on parler de harcèlement judiciaire ?

Je n’ai pas les réponses.

PS – Madame Annie Audoye, qui a suivi de près cette enquête, pense que c’est probablement Me Boitel, le premier avocat de Madame Renée Le Roux, qui est l’origine de la plainte pour recel de cadavre. Me Kiejman a pris le relais. Et c’est finalement Me Temine qui a obtenu la condamnation de Maurice Agnelet. Dont acte.

Maddie : post-scriptum

La disparition de la jeune Maddie passionne la blogosphère. Des milliers d’internautes se sont connectés à ce blog en laissant parfois des commentaires ou en m’envoyant un mail. Beaucoup sont durs envers les McCann. Il est vrai que leur attitude exécrable reflète d’eux une mauvaise image. Ils sont déplaisants. Mais avant de paraître déplaisants, peut-être sont-ils malheureux !

Mais la question n’est pas là !

Une enfant de 4 ans a disparu. On l’a enlevée à sa famille et personne ne sait ce qu’elle est devenue.

Et qu’ils l’acceptent ou pas, les époux McCann sont responsables, comme tous nous le sommes de nos enfants.

Et au lieu de l’admettre, ils tergiversent, ils mentent aux enquêteurs, ils cherchent des protections, en un mot, ils se conduisent comme des coupables.

Et ensuite, ils s’étonnent d’avoir été soupçonnés. Et ensuite, ils s’étonnent d’être pris à parti. Et ils s’indignent qu’on s’attaque à leur honneur. Mais on s’en fiche de leur honneur !

chambre-de-maddie.1220423203.jpgUne enfant de 4 ans a disparu. Et nous sommes tous concernés. Car cette enfant, c’est la nôtre à présent, comme le devient l’espace d’un instant le bambin qu’on aide à traverser la rue ou que l’on console d’un bobo.

Il ne faut pas que l’enquête s’arrête. Au contraire, Interpol, Europol, et toutes les polices d’Europe doivent se mobiliser pour retrouver Maddie. Nous n’avons quand même pas bâti l’Europe uniquement pour une histoire de gros sous !

Et si hélas c’est trop tard ! Si elle morte. Nous voulons savoir comment. Nous voulons connaître le nom de son assassin. Et nous voulons qu’il soit puni.

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