LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Catégorie : Actualité (Page 46 of 71)

Quand les députés s’auto-blanchissent

Les parlementaires ont été pris la main dans le sac. Par un amendement glissé subrepticement dans la loi pénitentiaire, ils ont tenté de s’affranchir d’une disposition d’une autre loi, celle sur le financement de la vie politique votée en auto-blanchissage_boutiquebaby.gif1995. Et l’on n’y aurait vu que du feu, si un juriste, nous dit Le Monde, n’avait déterré l’affaire. De quoi s’agit-il ?

L’article L.7 du Code électoral entend interdire l’inscription sur les listes électorales, pour 5 ans, des élus et autres dépositaires de l’autorité publique, condamnés pour certaines infractions financières regroupées sous le terme « d’atteintes à la probité ».  À cette peine automatique s’en ajoute une autre (art. L.O. 130): l’interdiction de se présenter à des élections pour une période double.

Or cet article semble déroger à un article antérieur du Code pénal (le 132-21) qui soumet, lors d’une condamnation pénale, la perte des droits civiques, civils et de famille, à une décision expressément mentionnée du juge. Donc pas de peine automatique.

Conclusion, me direz-vous, nos députés votent n’importe quoi, ce qu’on savait déjà depuis les péripéties sur la dissolution des sectes.

Mais ce L.7 en embête plus d’un. Aussi, l’amendement déposé par le député PS Jean-Jacques Urvoas a-t-il été adopté sans un murmure par nos chers élus. Ce qui aurait dû attirer l’attention, car il n’est pas si fréquent que la majorité fasse une fleur à l’opposition… Acculé à s’expliquer, M. Urvoas se justifie ainsi : « C’est un amendement de juriste. C’est au juge de décider de la durée de privation des droits civiques ».

Sauf que c’est déjà le cas.

Car cet expert du Code électoral oublie de mentionner un autre article, cette fois du Code de procédure pénale, le 775-1, dans lequel il est dit qu’au prononcé d’une condamnation, le tribunal peut exclure expressément son inscription au bulletin n°2 du casier judiciaire – ce qui a pour conséquence de faire tomber « toutes les interdictions, déchéances ou incapacités de quelque nature qu’elles soient ».
Et qu’en 2005,
le Conseil d’État a confirmé que l’article L.7 était conforme à la Convention européenne des droits de l’homme et qu’il appartenait justement à la juridiction de jugement de décider ou non d’appliquer l’article 775-1.

Par ce vote en tapinois les parlementaires ont donc marqué leur volonté de s’affranchir de la décision du juge pénal, qui pour l’instant peut seul décider si l’élu reconnu coupable d’une malversation doit faire ou non l’objet d’une mesure d’inéligibilité.

Une procédure normale, quoi ! Que nous, les petites gens, on appelle la justice.

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Le billet précédent, Mort annoncée de la Commission nationale de déontologie de la sécurité, n’a guère passionné. Il a été lu 580 fois en une journée, et il y a eu 6 commentaires.

Mort annoncée de la Commission nationale de déontologie de la sécurité

Cette commission (CNDS), qui a fait parler d’elle il y a quelques mois dans un rapport au vitriol contre certaines méthodes de la police « souvent inutilement coercitives et parfois illégales », eh bien, elle ne fera plus parler suicidaire_blog-danielriot.jpgd’elle. Non, non, ce ne sont pas les flics qui ont eu sa peau, mais une loi organique qui prévoit de moderniser les institutions de la V° République. Donc, adieu le Défenseur des enfants, adieu le Médiateur de la République, et adieu la CNDS.  Et que vive le « Défenseur des droits », qu’on appellera, si vous le voulez bien, le DDD. Ainsi, nous dit-on, la France va enfin rejoindre  « les États membres de l’Union européenne qui ont donné un rang constitutionnel à leurs ombudsmen tels que le Defensor del pueblo espagnol, les Ombudsmen suédois et finlandais ou encore le Provedor de Justiça portugais ».

Pourquoi pas, s’il s’agit de faire moderne !  Mais en tout cas, on ne fait pas plus simple. L’intégralité du projet présenté par MAM au nom du Premier ministre, fait des pages et des pages, et bien malin celui qui s’y retrouve. Enfin, vous pouvez aller y voir (Sénat le 9 sept. 2009), j’ai peut-être mal lu.

Ceux qui l’ont saumâtre, ce sont les membres de la CNDS. Non seulement ils n’ont été ni consultés ni informés, mais ils ont appris la nouvelle en lisant, non pas le journal, mais le projet de loi. Réuni ce 21 septembre en assemblée plénière, la Commission (4 parlementaires, des représentants du Conseil d’État, de la Cour de cassation, de la Cour des comptes et six personnalités qualifiées) vient de publier un communiqué assez virulent dans lequel il est fait un parallèle entre ce qui existe et ce qui nous attend. Grosso modo, on a l’impression de ne pas gagner au change. Voici en résumé le portrait du DDD : aucune indépendance, imprécision sur les qualités requises pour les délégués, organisme touche-à-tout, et incompétence (c’est pas dit comme ça) « dans le domaine sensible des rapports entre les citoyens avec les forces de sécurité ». Mais surtout, le DDD pourra se voir refuser l’entrée de certains locaux, en faisant jouer la notion de défense nationale ou de sécurité publique, ou encore lors de circonstances exceptionnelles (?).

Ces critiques sont probablement fondées, mais sans doute exagérées sous l’emprise de la colère. Car il semble bien que le DDD disposera de plus de pouvoirs que la CNDS en cas d’atteinte aux droits et aux libertés des personnes. Il pourra par exemple enjoindre les administrations de prendre les mesures nécessaires pour corriger les manquements constatés, proposer une transaction entre les parties, intervenir lors d’un procès, qu’il soit civil, administratif ou pénal. Et enfin, il pourra saisir le Conseil d’État.

Certes, le patron du DDD sera nommé par le Conseil des ministres (après avis des commissions parlementaires), mais il est indéboulonnable et il ne peut recevoir de directives de personne. Et surtout, « il ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions qu’il donne ou des actes qu’il accomplit dans l’exercice de ses fonctions ». Une véritable immunité. Enfin, il pourra être saisi par tout citoyen s’estimant lésé par le fonctionnement d’un service public, et il pourra même se saisir tout seul.

Tout dépend donc du bonhomme qui pieuvre-vue-par-les-enfants_scholl-chez-alice.jpgsera désigné pour mettre en place cette administration à trois corps et une seule tête. Jean-Paul Delevoye, l’actuel médiateur de la République, se dit « prêt à rendre service » (France-Info)…

Alors, cette nouvelle institution qui devra, entre autres, veiller au respect des règles de la déontologie des policiers, gendarmes, surveillants de prison, etc., fantoche ou pas ? S’agit-il d’une reculade, comme nous le dit la CNDS ?… Je n’en suis pas certain. En tout cas, je vous fiche mon billet que le DDD sera moins tranchant dans ses propos que son ancêtre – mais on l’espère, au vu de ses nouveaux pouvoirs, plus efficace.

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Remerciements à Gilles Bertrand pour son aide.

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Le billet précédent, L’ombre de la CIA planerait-elle sur Clearstream, a été lu 2.680 fois en 2 jours et a donné lieu à 8 commentaires.

L’ombre de la CIA planerait-elle sur Clearstream ?

Connaissez-vous SWIFT ? C’est une sorte de messagerie électronique hautement sécurisée réservée aux marchés de capitaux. La plupart des banques et autres organismes financiers – dont Clearstream – sont ses clients. Or la shadok_passoire_castalie.jpgpresse américaine a révélé, en juin 2006, que la CIA espionnait cette entreprise depuis les attentats de septembre 2001 – et peut-être même avant.

Cette surveillance, justifiée (évidemment) par la lutte contre le financement du terrorisme, ne porte pas uniquement sur les transferts financiers vers les États-Unis, mais sur toutes les transactions réalisées, y compris à l’intérieur de l’Union-Européenne.

En l’occurrence, cette société s’est rendu complice de ces fuites en transférant systématiquement toutes les données en sa possession à sa succursale américaine, et de celle-ci directement aux autorités américaines.

Après ces révélations, faites malgré l’opposition de la Maison Blanche et parfaitement résumées dans un article de RFI, les institutions européennes et la Commission belge de protection de la vie privée (l’entreprise est implantée en Belgique) se sont saisies de cette affaire. Condamnation unanime : en négociant secrètement avec le Trésor américain, SWIFT a commis « une grave erreur d’évaluation ». Verdict entériné deux mois plus tard par le G29 (organe consultatif européen sur la protection des données et de la vie privée).

Au printemps 2007, tout le monde s’est donc retrouvé autour d’une table de négociations, mais difficile de trouver un arrangement avec les États-Unis. Finalement, il a été convenu qu’il serait créé un centre de stockage de l’information sur le territoire européen pour supprimer l’accès direct des données européennes aux Américains ; et qu’une personnalité « reconnue pour ses compétences en matière de protection des données personnelles » serait désignée pour contrôler le bon fonctionnement du programme de surveillance mis en œuvre sur le territoire américain.

On a choisi la Suisse, un pays d’Europe mais pas de l’Union ; et un orfèvre en matière de sécurité, l’ancien juge antiterroriste, M. Jean-Louis Bruguière en personne.

Les choses semblaient donc s’arranger. On avait baissé culotte devant les Ricains, mais pas trop – et badaboum ! Il y a quelques jours, la CNIL met les pieds dans le plat : « Un accord en cours de négociation permettrait aux États-Unis d’accéder aux données bancaires intra-européennes stockées par SWIFT sur le nouveau serveur installé en Suisse », est-il dit texto sur son site. Et son président, qui préside aussi le G29, s’étonne de n’avoir été ni consulté ni informé. Pas plus qu’il n’a pu prendre connaissance du rapport de Bruguière, opportunément classé Top-secret par nos amis d’Outre-Atlantique.

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Le siège de SWIFT, à La Hulpe, en Belgique.

En fait, les Américains n’ont aucunement l’intention de lâcher le morceau. Pensez donc, par ce biais, ils ont accès à la quasi-intégralité des transferts bancaires internationaux : montant, devise, date de valeur, nom du bénéficiaire, client qui a demandé la transaction financière et son institution financière. Des montagnes d’informations. Plus de 2.4 milliards depuis le début de l’année. Y’a pu qu’à faire des recoupements.

De quoi faire, d’envie, dépérir notre ministre du Budget.

En attendant, certaines entreprises européennes s’inquiètent d’être ainsi exposées à un espionnage économique systématique, et quelques voix se sont élevées pour s’inquiéter de l’apathie de la BCE.

Moi je raconte tout ça pour le fun. Malgré le titre racoleur de ce billet, n’allez surtout pas imaginer que les deux grands hommes qui s’entre-déchirent dans un procès vaudevillesque, chacun ayant cru être plus malin que l’autre, ne sont en fait que les marionnettes d’un service secret étranger qui aurait subrepticement ajouté un nom ici ou là sur un listing…

Faut quand même pas être parano, hein !

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Sur le site de SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Télécommunication), on peut trouver des informations sur cette entreprise, qu’il est possible de résumer ainsi : Société coopérative dont l’objet est d’assurer le fonctionnement d’un réseau international de communication électronique entre acteurs des marchés financiers.

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Le billet, Appel à la dénonciation dans l’Essonne, a été lu 20.350 fois en 2 jours. Il a suscité 37 réactions (et 70 sur le site AgoraVox qui a repris le texte). À la lecture de ces commentaires, on découvre une certaine hésitation entre le devoir civique, la dénonciation et la délation. Avec en filigrane cette question : Qu’est-ce qui est bien, qu’est-ce qui est mal ? Je crois que les critères du devoir civique sont propres à chacun d’entre nous. Quant à la confusion entre dénonciation et délation, il faut se référer au dictionnaire : la délation est une dénonciation faite pour en retirer un avantage personnel. C’est le cas par exemple du détenu qui dénonce son compagnon de cellule pour obtenir une réduction de peine. On peut donc dire que la loi, dans certains cas, encourage à la délation.
Maître Eolas a traité ce sujet de façon plus juridique, avec une vision des choses différente de la mienne. Et sur son blog du Monde, Le chasse-clou, Dominique Hasselmann a promené non sans humour l’objectif de son appareil photo au fil d’une lettre ouverte adressée au ministre de l’Intérieur.

Appel à la dénonciation dans l'Essonne

Confidentialité garantie, nous dit le commissaire Borel-Garin. En appelant à la dénonciation anonyme, on peut dire qu’il a au moins réussi à sortir de l’anonymat… Il rumeur_fantasmagories.gifsouhaite que les habitants du département aident la police nationale en transmettant témoignages, photos, vidéos, par courrier électronique. Alors, que faut-il en penser ?

En dehors de son aspect discutable sur le plan de l’éthique, cette démarche amène à réfléchir à quelques difficultés d’applications.

À partir des informations reçues, et s’il y a des éléments d’infraction, le policier doit avertir le procureur de la République et dresser une procédure d’enquête préliminaire.  Or imaginons qu’un renseignement parvenu par voie de mail (qui laisse donc des traces) ne soit pas convenablement exploité et qu’il soit par la suite suivi d’effets graves, comme un meurtre ou des sévices à enfants… Quelle serait la responsabilité des fonctionnaires de police ? Mais comment trier dans le fatras de mails qui peuvent ainsi parvenir à la police ? Comment être sûr de ne pas passer à côté de la bonne info ?

Ensuite, avant de cliquer sur sa souris, « l’informateur » doit être conscient que la dénonciation calomnieuse est visée par l’art. 226-10 du CP. La peine encourue est de 5 ans d’emprisonnement et 45.000 € d’amende. Il est vrai que la fausseté des propos doit être entérinée par une autorité compétente.

Mais à défaut d’utiliser ce texte, le simple fait d’avoir déclenché d’inutiles recherches par des allégations mensongères est un délit punissable de 6 mois d’emprisonnement et 7.500 € d’amende.

Enfin, pour aller plus loin dans ce domaine, il est bon de se rappeler qu’en France il n’y a pas d’obligation à dénoncer un crime ou un délit qui a été commis. Il en va différemment lorsqu’il existe une possibilité d’empêcher le crime ou le délit, ou d’en limiter ses effets, ou encore d’empêcher qu’il ne se renouvelle. Dans ces cas, le fait de ne pas avoir prévenu les autorités judiciaires peut entraîner une peine de 3 ans d’emprisonnement (C. pén., art. 434-1). Sont exclus de cette obligation les personnes astreintes au secret professionnel et les parents, conjoints, etc., de l’auteur du crime – sauf si la victime est un mineur de 15 ans. Donc ici, pas question de mail anonyme.

Il est des cas cependant où le législateur encourage à la dénonciation. Comme dans les affaires de stupéfiants, où les auteurs ou complices peuvent voir leur peine réduite de moitié si leurs confidences permettent de mettre fin au trafic et/ou d’arrêter les autres coupables. Ou en matière d’attentat ou de complot…

Il existe même la possibilité pour un détenu d’obtenir une réduction jusqu’au tiers de sa peine Aidez-la-police.jpg(loi du 9 mars 2004), s’il dénonce les infractions commises par d’autres détenus. Ainsi, si un compagnon de prison avait dénoncé les intentions de Jean-Pierre Treiber, il aurait pu bénéficier de cette loi.

Ce marchandage du législateur est souvent contesté car il encourage une démarche immorale : la délation. Mais il est vrai qu’il peut se révéler utile et éviter l’aboutissement d’un projet criminel.

Alors, cet appel à la dénonciation publique relève-t-il « d’une police d’une autre époque », comme le dit Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat Alliance, ou bien « faut-il vivre avec son temps », comme lui répond le commissaire Borel-Garin ?

En fait, la véritable question est de savoir s’il faut sacrifier ses principes sur l’autel de l’efficacité ! Personnellement, je ne le crois pas.

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Le billet précédent, La cavale de Treiber, a été lu 14.760 fois en 2 jours. Il y a eu 27 commentaires, dont certains mettent en balance l’horreur de deux crimes et le principe de la présomption d’innocence. Malgré de nombreux éléments matériels, d’autres s’interrogent sur la culpabilité de Jean-Pierre Treiber.

La cavale de Treiber

J’ai toujours de l’empathie pour les gens qui ont une sale gueule… Or ce Treiber, il est gâté. Au point de se demander comment il a pu, à ce jour, échapper aux policiers et gendarmes de la France entière… Mais au fait, comment fait-on pour retrouver un détenu en cavale ?

evasion-en-carton_terra-economica.jpgÀ chaud, on met en place des barrages sur un ou plusieurs départements, et dans le cas de Treiber, on a fouillé minutieusement la forêt d’Othe, autour de l’entrepôt, point de destination du camion dans lequel il s’était dissimulé. Pour cela, un dispositif d’environ 120 hommes, qui ont parcouru en tout sens les chemins forestiers. Mais une fois acquis la conviction que « l’homme des bois » n’était pas dans les bois, il a bien fallu revenir à un travail plus conventionnel, plus routinier, plus discret.

D’abord, l’enquête de police judiciaire (l’évasion sans violence est un délit punissable d’une peine de 3 ans de prison) qui consiste autant à repérer les complices qu’à surveiller les contacts, la famille…

Et puis, la fiche de diffusion…
SIGNALEMENT : Homme de type européen, apparemment âgé de 50 ans, taille 1,80m, cheveux roux… Cette personne est dangereuse et susceptible d’être armée…

Enfin, l’inscription au FPR (fichier des personnes recherchées), dans l’une des neuf catégories, ici la « V », non pas pour victoire, mais pour « évadés ». Ce fichier est très ancien, bien antérieur à la date de son arrêté de création, en 1996. C’est le seul moyen efficace pour se donner une chance de retrouver une personne recherchée. En effet, il est systématiquement consulté pour toute demande de documents d’identité, et il est relié au système d’information Schengen et au fichier des passagers aériens.

Il existe également un service, l’Office central des personnes recherchées ou en fuite (OCPRF), commun à la police et à la gendarmerie, et rattaché à la direction centrale de la PJ. Il a pour mission « d’animer et de coordonner » la recherche des individus qui font par exemple l’objet d’un mandat de justice, ou qui sont considérés comme auteurs présumés d’un crime ou d’un délit, ou témoins importants…, et bien entendu les personnes évadées.

En fait, pour retrouver un bonhomme en cavale, on compte à 80 % sur l’erreur qu’il va obligatoirement commettre un jour ou l’autre, et pour le reste sur un témoignage, une dénonciation, ou un coup de chance (pour les enquêteurs, s’entend).

Et finalement, dans le cas des évasions, ça ne marche pas si mal. Les prisonniers qui se font la belle sont toujours repris un jour ou l’autre. Et pourtant, il s’agit le plus souvent de malfaiteurs chevronnés, lesquels bénéficient d’aides extérieures, d’argent, de faux papiers, d’un réseau de soutien… Ce n’est pas le cas de Jean-Pierre Treiber. Et même s’il a fait preuve d’ingéniosité avant de… plier ses cartons, on ne voit guère comment il pourrait échapper aux recherches… Mais son but, si j’ai bien compris, est tout autre : il veut attirer l’attention et démontrer son innocence. Et ça, c’est sans doute une première. Et puisqu’il a promis d’être présent le jour de son procès, on peut dire qu’il a d’ores et déjà marqué un sérieux point auprès des jurés de la Cour d’assises – surtout s’il se constitue prisonnier.

Et l’on s’étonne des propos tenus par l’avocat de la partie civile qui le présente comme coupable avant qu’il ne soit jugé.

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Le billet, Obama se prend les pieds dans la Toile, a été lu 1.250 fois en une journée. Il a donné lieu à 5 commentaires.

Obama se prend les pieds dans la Toile

Le mois dernier, deux sénateurs américains, l’un démocrate, l’autre républicain*, ont déposé un projet de loi pour mieux contrôler Internet, le Cybersecurity Act of 2009. Ça sonne autrement que notre pauvre HADOPI, non ! Mais ce internet-en-danger_blog_busi079d.JPGn’est guère plus rassurant. Ce texte prévoit la nomination d’un responsable de la cybersécurité, placé directement sous l’autorité de la Maison Blanche. Et il serait question de créer une nouvelle administration, l’Office of the National Cybersecurity Adviser, en prise directe avec le président des États-Unis – qui pour l’occasion se verrait doté des pouvoirs les plus étendus dans ce domaine.

Il pourrait en particulier désigner comme « systèmes critiques » des réseaux ou des infrastructures liés à Internet. Ces « indésirables » du Net pourraient voir leurs possibilités techniques réduites, ou même faire l’objet de coupures complètes. Tout cela au nom de l’urgence en matière de sécurité nationale et même en matière de cybersécurité tout court.

Le président Obama aurait ainsi la possibilité de couper Internet.

Et pour être efficace, des centres régionaux de cybersécurité pousseraient ici et là. Ils seraient en première ligne pour faire appliquer de nouvelles normes de sécurité cybernétique – qu’il reste à déterminer.

Ces éventualités hérissent au plus haut point le poil des défenseurs de la démocratie et des libertés individuelles. Ils estiment que ce texte, s’il était adopté, donnerait des pouvoirs incontrôlables au Président, car en l’état, c’est lui seul qui décrétera s’il y a urgence ou non. Il sera donc des deux côtés du manche.

Quant à la blogosphère, elle commence à s’échauffer.

Mais ce projet de loi, long de 51 pages, acte également l’importance d’Internet dans l’économie américaine. Il prévoit, par exemple, de donner des pouvoirs au Département du commerce, en autorisant son Secrétaire à accéder à l’ensemble des données de ces réseaux considérés comme critiques. Et aucune loi ne pourrait lui être opposable, même pas celles qui concernent la protection de la vie privée.

À l’heure où une partie des Américains considère le projet de la sécurité sociale comme une intrusion dans leur intimité, on peut imaginer que ce projet de loi aura du mal à passer les urnes. Comme dirait un certain ministre, va y’avoir du tohubohu.

Obama a fait rêver les Américains (et pas mal de Français) qui croyaient naïvement qu’un vent de liberté allait de nouveau souffler sur la Grande Amérique – et rien. Ou plutôt ce projet de loi que même notre Conseil constitutionnel repousserait du pied…internet-bâillonne.jpg

Mais les grands chefs qui mènent la danse sur notre planète ont de plus en plus de mal à accepter cette liberté d’expression que procure la Toile. Trop de libertés, ça fait fouillis, n’est-il pas !… Pour nous, Français, HADOPI sera-t-il le doigt dans l’engrenage ?

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* John Davison Rockefeller, membre du parti démocrate et descendant de la famille Rockefeller ; et Olympia Snowe, du parti républicain, qui est considérée comme la sénatrice la plus populaire du Congrès (source Wikipédia).

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Le billet précédent, Disparition de Maddie, le livre interdit, a été lu 2.010 fois en 2 jours. 13 commentaires et quelques mails, desquels il ressort que l’interdiction du livre a fait grand bruit au Portugal (la liberté d’expression est inscrite dans la Constitution). On m’a également fait remarquer que le commissaire Amaral n’avait pas transgressé son devoir de réserve, car dans la procédure portugaise, lorsqu’un dossier est « archivé », il est ouvert au public.

Disparition de Maddie : le livre interdit

Aujourd’hui, la seule personne poursuivie en justice dans l’affaire de la disparition de la petite Madeleine McCann1 est le policier qui a mené l’enquête. On lui réclame 1.2 million d’euros pour son livre A verdade da mentira maddie_pj-portuguaise.1253006616.jpg(L’enquête interdite2, chez Bourin Editeur). Écarté du dossier, poussé à la démission, le commissaire Gonçalo Amaral (même s’il a dérogé à son devoir de réserve) n’a pourtant fait que reprendre point par point les différentes étapes des recherches. Mais il a surtout mis en exergue certaines insuffisances dues en grande partie à la faiblesse des autorités portugaises face à la pression du gouvernement de sa Majesté britannique.

À la fin de son ouvrage, il livre les conclusions de son travail et de celui de son équipe. On peut résumer ainsi :
1/ Maddie est morte à l’intérieur de l’appartement de vacances, dans la nuit du 3 mai 2007 ;
2/ il y a eu simulation d’enlèvement ;
3/ les parents sont probablement impliqués dans la dissimulation du corps ;
4/ la mort aurait pu survenir à la suite d’un accident tragique ;
5/ il y a probablement négligence des parents sur la garde et la sécurité de l’enfant.

Les époux McCann ont été mis en examen en septembre 2007, puis finalement, ils ont été blanchis de toutes les accusations et le dossier a été « archivé ». Ils ont toujours clamé leur innocence et avec l’appui d’un réseau… mystérieux, ils ont bénéficié du soutien de hautes personnalités du monde de la finance et de la politique. Ils ont même été reçus par le pape. Ils ont créé une association qui a drainé, dit-on, plusieurs millions d’euros. Sous la menace de procès en diffamation, ils ont obtenu, dit-on toujours, 700.000 euros de la part de plusieurs journaux de langue anglaise. Et plutôt que de relancer l’enquête, comme portrait-robot-paru-dans-paris-match.1253006688.jpgla procédure portugaise l’autorise, ils ont préféré faire appel à des détectives privés, dont certains n’étaient certainement pas la crème de la profession. Les derniers en date viennent d’ailleurs de publier le portrait-robot d’une femme qui, trois jours après la disparition de Maddie, aurait accosté deux hommes, à Barcelone, pour leur dire : « Tu l’as ? Tu as ma nouvelle fille ? ». Puis en se rendant compte qu’elle se trompait d’interlocuteurs, elle serait partie précipitamment.

Aujourd’hui, les époux McCann auraient obtenu que tous les livres de Gonçalo Amaral soient retirés de la vente (photo avec Jacques Pradel à Europe 1) et que les droits d’auteur encaissés à ce jour (qui semblent importants, car le livre s’est bien vendu) leur soient reversés. Ils demanderaient en outre 1.2 millions d’euros, « au minimum », au titre des dommages et intérêts. Et surtout, ce livre ne amaral-pradel_photo-perso.1253007125.jpgpourrait plus être diffusé à l’étranger (je n’ai pas réussi à joindre l’éditeur français). Coïncidence, cette décision intervient juste au moment où il devait être traduit en langue anglaise. Or, Outre-manche, l’histoire de la disparition de la petite Maddie a profondément marqué l’opinion publique. Avec deux camps : ceux pour qui les McCann étaient des parents malheureux, victimes du harcèlement de la police portugaise, et ceux qui les considéraient comme des suspects ou pour le moins responsables d’un défaut de surveillance sur leur enfant.

Les époux McCann ont justifié leur action contre le policier en disant (traduction libre) : « (…) Il n’y a aucune preuve suggérant que Kate et moi avons été impliqués (…) J’espère que les gens comprendront que nous devons faire ce que nous faisons. »

Nous sommes bringuebalés entre la compassion vers des parents qui ne peuvent admettre la mort de leur enfant et les nombreux doutes qui subsistent à l’issue d’une enquête frileuse dès le départ – et qui s’est arrêtée beaucoup trop vite…  Il est vrai qu’en France, on ne sait toujours pas ce qu’est devenue la petite Tiphaine, disparue le 18 juin 2009, en plein centre de Maubeuge. Et aucune information non plus sur Antoine, ce petit garçon disparu de son domicile à Issoire, il y a juste un an.

Pour ce dernier, le procureur, si prolixe au moment des faits, s’est contenté de déclarer il y a quelques jours dans Le Figaro : « L’enquête n’a pas connu d’avancée significative ».

Je me souviens de ces vieux flics de la criminelle qui avaient l’habitude de dire, lorsqu’ils voulaient calmer un chef ou un magistrat trop impulsif : Une enquête qui commence par des certitudes finit toujours avec des doutes.

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1 – L’histoire de la mystérieuse disparition de Maddie McCann 
2 – L’inspecteur raconte l’enquête.
(Remerciements à Nicole pour ses informations et ses traductions.)

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Le billet précédent, Existe-t-il un droit à l’oublie pour les criminels, a été lu 8.250 fois en 3 jours et a donné lieu à 70 commentaires ou opinions personnelles. Sans chercher à faire un résumé, on peut dire que les avis sont partagés. Il y a ceux qui se placent avant tout du côté des victimes et qui souhaiteraient la suppression ou du moins le rallongement du délai de prescription. D’autres (ils sont moins nombreux) estiment que le système actuel n’est pas si mauvais. Enfin, certains proposent des solutions intermédiaires, comme un délai de prescription identique à la peine encourue. J’ai retenu également une suggestion intéressante qui consisterait à acter la fin du délai de prescription, ce qui permettrait pour certains crimes particulièrement révoltants d’émettre un avis négatif, et par conséquent de faire repartir la prescription pour une durée de dix années.

Existe-t-il un droit à l’oubli pour les criminels ?

L’étrange remords de cet homme de 53 ans qui s’accuse d’un meurtre commis en 1975 repose la question de la prescription pénale. Est-elle encore de mise à une époque où les faits criminels ne sont plus seulement gravés danspuzzle_justice_droitenfants.1252690132.gif la mémoire humaine, mais numérisés pour toujours dans des mémoires informatiques, avec tous les éléments de l’enquête.

Or, s’il est avéré que cet individu n’est pas un affabulateur, mais bien un assassin, comment justifier le fait qu’il échappe à la sanction d’un jury populaire ?

Il existe plusieurs causes qui justifient l’extinction de l’action publique (amnistie, abrogation de la loi…), mais une seule (en dehors du décès de l’auteur, évidemment) est liée à un élément que l’on ne maîtrise pas : le temps – 10 ans pour les crimes, 3 ans pour les délits et 1 an pour les contraventions.

Mais comme toujours en droit français, il y a des dérogations. Aucun délai pour les crimes contre l’humanité. Ils sont imprescriptibles. Et des périodes qui vont de 10 à 30 ans pour certains crimes ou délits qui touchent au trafic de stupéfiants, au terrorisme et dans certains faits à connotations sexuelles, lorsque les victimes sont des mineurs.

En revanche, la durée est réduite à 3 mois pour les délits de presse et à 6 mois en matière électorale (Les élections à la tête du PS sont-elles concernées ?).

Le délai commence à courir le jour où les faits ont été commis. Avec de nouveau certaines exceptions qui concernent par exemple les délits continus, comme le recel, ou les délits à répétition (le point de départ sera le dernier acte commis et non le premier). Ou encore lorsque la victime est mineure au moment des faits ; dans ce cas la prescription ne démarre qu’à compter du jour de sa majorité. Et d’autres situations, plus spécifiques.

Mais ce délai peut être interrompu ou suspendu.

Le résultat n’est pas le même. Tout acte d’instruction ou de poursuite interrompt la prescription. Et c’est la date du dernier acte répertorié qui fait démarrer ou redémarrer le délai. Ainsi, si le dernier acte a été effectué 9 ans après un crime, on repart pour une durée de 10 ans. Etc.

Quant à la suspension, elle ne fait que marquer une pause devant un obstacle à l’action normale de la justice. Cela peut être un obstacle de droit, comme la durée du mandat du Président de la République, ou de fait, comme une catastrophe naturelle. Ainsi, l’épidémie de grippe, si elle devait prendre des proportions importantes, pourrait entraver le bon fonctionnement de la justice, et dans ce cas, il est probable qu’on pourrait faire valoir la suspension de la prescription. Lorsque la voie est libre, le délai reprend là où on l’a laissé.

La prescription est d’ordre public. Elle s’impose au juge et à la personne mise en cause.

Ce monsieur qui s’accuse d’un crime vieux de 34 ans ne peut donc pas demander à être condamné et aucune poursuite n’est envisageable. L’enquête préliminaire qui a été ouverte n’a pour but que de vérifier la véracité des faits – ou de chercher s’il n’est pas l’auteur d’autres crimes ou délits… plus récents.

S’il avait commis son acte criminel aujourd’hui, dans 34 ans, la police technique et scientifique aurait sûrement les moyens de prouver sa culpabilité. Cela justifie-t-il un allongement du délai de prescription, comme certains le préconisent ? Personnellement, je ne le crois pas. Je serais tenté de dire qu’on donne archimede_intelligence-creativecom.1252690273.jpgdéjà trop d’importance à la technique ou à la science dans les enquêtes judiciaires, souvent au détriment de l’aspect humain des choses. Car la prescription se justifie en partie par une volonté d’apaisement. À quoi bon ressortir de vieilles affaires, à quoi bon ressasser de vieilles querelles !

Mais je sais bien que la société change. Elle se durcit… Qu’est-ce que vous en pensez ?

Julie : les enquêteurs ont-ils eu raison de mentir ?

J’imagine l’embarras des journalistes qui fidèlement ont rapporté les déclarations officielles : la jeune fille a fugué, tout le monde a été gentil et tout va bien dans le cadeau-a-la-presse_terra-economiicainfo.1252580188.jpgmeilleur des mondes. Sauf que tout était faux. Il s’agissait de donner du temps aux enquêteurs pour arrêter les auteurs de faits criminels : séquestration et viol d’un mineur de 15 ans.

Et le résultat est là ! Les gendarmes de la section de recherches de Toulouse ont réussi leur coup. On ne peut que les féliciter. Et en même temps on a l’impression désagréable d’avoir été dupé.

Pour les flics, les gendarmes, les magistrats, les rapports avec la presse sont toujours un casse-tête. Faut-il faire le black-out complet, comme dans l’enlèvement d’Ilan Halimi (avec le résultat que l’on connaît) ou au contraire enchaîner les déclarations et les sous-entendus comme ce fut le cas lors de la disparition du petit Antoine, l’année dernière. Il y a tout juste un an.

Ou demander à la presse de se taire, ce qu’elle a fait par exemple d’un seul bloc ou presque, pour cacher au grand public les menaces du soi-disant groupe terroriste AZF.

Ou faut-il, comme c’est le cas ici, utiliser les médias à leur insu. Les manipuler. La tentation est forte. Tous les flics de ma génération ont utilisé cette méthode, notamment dans les affaires de kidnapping. Ainsi, dans l’enlèvement de Maury-Laribière, le vice-président du patronat français, le sous-directeur de la PJ tenait des conférences de presse complètement bidon, comme de faire croire que la famille allait remettre la rançon contre l’avis de la police. Avec un objectif : rassurer les ravisseurs et nous donner une chance de plus de récupérer l’otage sain et sauf.

Bien sûr les vieux briscards de la presse n’étaient pas naïfs au point de tout gober. Souvent, ils étaient de connivence pour être certains d’avoir la bonne info au bon moment – c’est-à-dire juste avant les autres. C’est peut-être le cas pour les journalistes qui ont sorti l’affaire de la jeune Julie…

flic_indecis_lesso.1252586641.jpgEn tout cas, à mon avis, il y a une leçon à méditer : l’important n’est pas ce qu’on nous cache mais ce qui se cache derrière ce qu’on nous dit.

L'histoire du corbeau, des poulets et de ceux qui crient au loup

L’opération de grande envergure lancée dans l’Hérault par les « meilleurs » flics de France nous laisse dubitatifs. Car pour le coup ce mystérieux groupement anonyme qui signe Cellule 34 a acquis en quelques jours une notoriété faramineuse. Une campagne de pub à faire pâlir un marchand dupont_haddock-illustre.jpgde lessive. On imagine des dizaines, voire des centaines de policiers, notamment ceux dont la mission est de lutter contre le terrorisme, réquisitionnés pour l’occasion. Des recherches ADN, des écoutes téléphoniques tout azimut, des portables piégés, des micros, des planques, des filatures… Et des semaines et des semaines de boulot, pour arriver à une sorte de rafle dans plusieurs petits villages, aux alentours de Béziers. Une véritable action commando, suivie dit-on en direct de l’Élysée, et à la finale – rien ! Scrogneugneu, y a des têtes qui vont tomber !

Entendons-nous bien, je n’ai aucune sympathie pour ces personnages qui expédient de façon anonyme des menaces ou des insultes, mais ici, la distorsion est tellement forte entre les faits délictuels et les moyens mis en œuvre, qu’on en reste baba.

Si l’on se place sur le strict plan du droit, les auteurs de cette pitrerie sont indubitablement des délinquants, et ils encourent les foudres de la justice.

Selon que l’on considère qu’il s’agit d’outrages, de menaces ou de menaces de mort, les sanctions encourues vont de la simple amende à 3 ans d’emprisonnement, autrement dit de la contravention de 3° classe (R.623.1) au délit (art. 227-17).
Mais certaines personnes sont « plus protégées » que d’autres, comme les élus, les magistrats, les gendarmes, les policiers, etc. Dans ce cas, c’est l’article 433.3 qui s’applique et la peine peut atteindre 5 ans d’emprisonnement. Peine qui peut doubler si ces menaces visent à les obliger à faire ou ne pas faire quelque chose. Mais dans le cas présent, les exigences de ces boutefeux sont tellement farfelues qu’il est difficile de les prendre au sérieux. S’ils sont un jour arrêtés, on se demande bien comment les juges vont juger. Dans les exemples que j’ai trouvés, la sanction oscille entre 2 et 6 mois de prison avec sursis.

D’après le Code pénal, l’outrage ou la menace peut prendre la forme du simple envoi d’un objet, et la doctrine admet qu’un cercueil en réduction, une figurine transpercée d’aiguilles ou une balle, peut constituer une menace de mort. Peu importe de savoir si l’auteur avait ou non la possibilité ou l’intention de mettre lesdites menaces à exécution : l’intention d’impressionner sa victime suffit à constituer l’infraction.

Pour résumer, les artisans de cette cabale se sont donc rendus coupables d’un délit… d’intention, si je puis dire. Ils n’ont ni tué ni volé et l’on peut se demander si tout ce ramdam est bien raisonnable. Pour écraser une mouche, on peut prendre une tapette ou un bazooka. Mais si on loupe son coup, dans un cas on a simplement loupé son coup, et dans l’autre, on est ridicule. N’y a-t-il pas un homme dans les rangs de la haute administration pour comprendre cela ? Un homme capable de dire à ces technocrates budgétivores qui jouent avec la police comme avec un train électrique : Arrêtez vos conneries ! Car à force de tout dramatiser, la crise, la grippe, l’insécurité… À force de sans arrêt crier au loup, on va finir par ne plus vous croire.  On va finir pas ne plus vous prendre au sérieux.

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