LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Physiognomonie et délit de sale gueule

visage.1237717779.jpgEn face d’un inconnu, on a tôt fait de se faire une opinion : « c’est un brave type » ou « il a l’air d’un imbécile ». Et nous adaptons notre conduite suivant que le bonhomme a l’air bon, méchant, franc, sournois, etc. Sans même nous en rendre compte, on vient de définir un homme en fonction des caractéristiques de son visage. Une « science » vieille comme le monde : la physiognomonie.

C’est en feuilletant un ouvrage de 1956, Les révélations du visage, par Jean des Vignes Rouges, que je suis tombé en arrêt devant cette évidence : on juge les gens avant de les connaître, sur leur bobine. On applique donc au quotidien ce qu’on reproche aux flics de trop souvent faire : le délit de sale gueule.

Mais, est-il possible de deviner les traits du caractère derrière les traits du visage ? Je dois avouer qu’il y a des choses troublantes dans ce livre. C’est un peu comme les signes du zodiaque : même si l’on n’y croit pas, on est parfois surpris des résultats…

« En réalité, le langage du visage humain joue, dans la vie sociale, un rôle aussi important que le langage parlé ; seulement, comme il fait moins de bruit, on ne s’en rend pas compte », nous dit l’auteur. Là, on est bien d’accord. Mais pour être plus concret, moi, j’ai plutôt un grand pif, bosselé et légèrement tordu… Ça veut dire quoi ?

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Aïe, aïe, aïe ! Je suis au mieux du type « dégénéré supérieur ».

Dégénéré supérieur ! Moi, qui suis diplômé de criminologie clinique de la faculté de médecine de Lyon… Et qu’ils ne m’ont rien dit, là-bas !

Bon, pour ne pas trop me dévaloriser, je me suis penché sur le cas d’autres personnes. J’ai trouvé, par exemple un front en forme de trapèze qui me fait irrémédiablement penser à quelqu’un… Euh !… J’ai son nom sur le bout de la langue… Enfin, peu importe.

fronts.1237718869.jpg

Il y a plein d’autres choses dans ce livre, mais supposons qu’on puisse déterminer les faits saillants d’un caractère en fonction de la taille du nez, du menton, des yeux, etc. ; et supposons qu’on glisse ces données dans un ordinateur relié à une caméra de vidéosurveillance biométrique…
Vous savez, ces caméras sophistiquées qu’on trouve déjà dans les casinos, les aéroports, les stades…, et qui permettent d’identifier instantanément un individu en fonction de certaines caractéristiques du visage. Ou qui donne l’alerte en cas de comportement suspect. Tiens, pour
visage_biometrie-online.1237719044.jpegcoller à l’actu, on pourrait même envisager des statistiques ethniques au-to-ma-tiques, ce qui arrangerait bien les affaires d’un certain Yazid Sabeg, le commissaire à la diversité, qui s’emmêle actuellement les pinceaux dans un projet de loi pour compter les « minorités visibles ».

Donc on mélange toutes ces données, et quelques autres surprises que nous réservent encore les chercheurs (comme la photo 3D), et l’on obtient enfin un moyen efficace de surveiller les gens pour mieux les protéger, et détecter les criminels en puissance. On les écarterait alors de la société pour délit d’intention.

Et il ne resterait plus qu’à ficher les âmes.

12 Comments

  1. Elisheva

    Bonjour Mr Moréas, votre article m’a beaucoup interessée, étant moi mêmeétudiante en morphopsychologie à la SFM, je souhaite perfectionner mes connaissances, connaissez vous une bonne école ou alors vous même ?

    Merci à bientôt, Elisheva

  2. Daniel

    Je ne sais pas si ca a un rapport, mais j’ai fait le constat suivant, il y a quelques années, j’avais une vieille Mercedes 190 grise et je portais cheveux longs et barbes de 3 jours, je ne passais pas une semaine sans me faire « contrôler » … Depuis, je roule en break Audi neuf, j’ai les cheveux courts et je me rase … curieusement, je passe tous les controles … On m’a toujours affirmé, droit dans les yeux, que les controles etaient aléatoires, c’te bonne blague …

  3. pluton81

    Où dans le Tarn ?
    Par contre j’ai égaré le mien de t-shiert

  4. CHRISTINA BIANCA TRONCIA

    JUSQU’OU PEUT MENER LE DELIT DE SALE GUEULE ?!!! Il peut, par exemple, mener jusqu’à un évènement que voici : »Une personne permet à un photographe de le prendre en cliché (clic/clac, c’est dans la boite !) et à des membres de sa famille d’imprimer son portrait sur des t-shirts et de les diffuser commercialement et ce, aux fins de lui permettre de régler les divers frais (honoraires d’avocats pour sa défense, et déplacements de sa famille Corse/Paris + hébergements : frais non remboursés par l’Etat et pour cause !) ! Jusque là, tout va bien, nous sommes dans les règles de la législation concernant les autorisations en matière de photographie ! Sauf que, les personnes qui ont décidé d’acheter ce t-shirt (peu importe pour quelles raisons mais en principe, c’est pour soutenir ce photographié et sa famille !) se voient refuser l’entrée (qu’ils avaient payé également !)à un concert donné à l’Olympia (non pas par le « men cliqué », bien sûr et par forcément dans un but de soutien vis-à-vis de lui !) et même jusque dans les transports publics où une personne s’est vue menacée d’être emmenée au Poste si elle n’enlevait pas illico (sik !) ce fameux t-shirt !!! Le délit de sale gueule est là d’une évidence telle que…j’ai peur de sortir, désormais, car vu ma plastique de méditerranéenne, peut-être que bientôt…je serai arrêtée à tous les carrefours (ce qui m’est déjà arrivée, pour contrôle de papiers, alors qu’à bord de ma voiture, à 7H00 du matin, ayant entamé un rond point à moins de 50 Km/heure, un certain jour férié où je me rendais chez des amis dans le Tarn !!!) pour délit de faciès franco/corso/sardo ! Gulp !!! Bien à vous, cher Georges, avec tout mon respect !

  5. Savinien

    Avec vos histoires j’ai chopé une rhinite.
    Ce doit être psycho-blomatique.
    C’est l’occasion inespérée de relire cette merveilleuse tirade du nez :
    http://www.vialupo.com/cyrano/

  6. asymptote

    je découvre le portrait de Jean des Vignes, au nez rouge, fils de Dionysos, et du Jean, professeur de psychologie, à la ville.

    le chapitre sur les fronts étroits, encapotés et bras tendus, qui font les sorties de messe dominicale à Paris reste à écrire.

    Pour être chef, il faut avoir du nez.
    A sa manière, c’est ce que pensait Grenouille, Jean Baptiste, bien au Parfum.

    Quel est le signe matutinal qui consiste parfois à étirer la bouche d’est en ouest jusqu’aux oreilles, sans pouvoir s’en empecher ?

  7. Hadaly

    Un peu d’info:
    Saviez-vous que Jean des Vignes Rouges avait inspiré le grand voyant médium Belline ?
    C’est en découvrant un jour dans un grenier un « Essai de Chiromancie moderne » ouvrage attribué et signé Jean des Vignes Rouges que Belline trouve sa véritable voie.
    En 1955, il ouvrira son cabinet dans un petit immeuble situé 45 rue Fontaine dans le IXème arrondissement, là où vécut Mathias Villiers de l’Isle Adam, l’un des plus grands « Maîtres » de la littérature du 19ème siècle.
    Auteur de « l’Eve Future » oeuvre capitable du roman français.

    Bien étrange coïncidence…

    « Les travaux de cent milliards d’hommes de talent, pendant les siècles des siècles, n’équivaudront jamais, comme poids intellectuel, au mot le plus distrait d’un homme de génie : pourquoi ? parce que, pris individuellement, chacun des atomes de cette masse immense a entaché son verbe d’une vanité, d’un intérêt, d’une limite, en un mot l’a fini et que le propre de toute chose finie est de s’annuler elle-même ; tandis que le mot distrait prononcé par le génie, sous quelque expression de lignes, de sons, de paroles, d’action ou de couleur qu’il se soit proféré, -n’a été que lui-même et pour lui-même. Tout le reste n’est rien : seul il demeure. Lorsque l’oeuvre est réellement absolue, divine, jamais rien de corporel ne s’y mêle, jamais ! Le sens corporel, physique, correspondant à l’oeuvre doit toujours manquer ou dans l’oeuvre ou dans l’artiste, lorsque ce sens semble rationnellement nécessaire pour que l’Art apparaisse et s’exprime.
    Les hommes de génie sont l’expression suprême de l’Humanité, en sa plus haute acception ; ils tiennent d’un monde supérieur, occulte, dont ils attestent l’existence. Ce sont des missionnaires d’une vie ultérieure : ils avertissent ; ils élèvent ! On ne peut les mesurer exactement. Ils échappent aux conventions sociales. Ils sont rois de royaumes surnaturels, mais positifs ; ce sont eux qui honorent tous les titres et toutes les distinctions terrestres. Mais ils n’ont d’autres enfants que leurs oeuvres, leur génie n’est point garant de successeurs dans le sang où son vol indépendant s’est abattu. Tout au contraire, ce sang ne peut plus que décroître, ayant donné sa fleur suprême. C’est pourquoi le noble s’incline devant le Génie avant de s’incliner devant le héros ».
    Comte Villiers de l’Isle Adam.

    Prochain épisode: Evolution de la physiognomonie vers une opérationalisation d’une organisation non-virtuelle appliquée à la morphopsychologie des salières de Vénus et leur incidence sur la potentialisation chez le sujet mâle au syndrôme communément dit « des fossettes ».

    à suivre…
    Et comme disait mon collègue Baldo du cours Lieutaud : « Gros naz’, gros paz' ». (sic)

    http://www.youtube.com/watch?v=g86xUpMpQHk

    Parfois, il faut savoir tourner le dos aux travers contraignants et peu édifiants de l’existence.
    Tant de turpitudes germent dans d’aussi nombreux cerveaux dont même Big Brother est loin d’avoir percé à jour tous les mystères ! Alors, autant voir le bon côté des choses. Dans l’article il est dit que les corollaires du type « dégénéré supérieur » sont « émotif-actif » qui sont souvent les caractéristiques des êtres de génie doués de sens artistique.
    Il-faut-po-si-ti-ver ;)))
    http://imagesforum.doctissimo.fr/mesimages/3883368/point1.JPG

  8. michel-j

    Georges,

    pour parfaire votre quête perpétuelle de l’insolite, vous avez aussi l’ouvrage de Pierre Daco, « Les prodigieuses victoires de la psychologie moderne ». I960. Editions Gérard & C°, Verviers -Belgique… Un véritable pavé sur, entre autre, la psycho-morphologie… pas seulement axée sur les traits du visage, mais portant aussi sur la silhouette du « Sanguin », du « Musculaire », du « Digestif », du « Cérébral »… etc… un véritable défilé à même de surprendre quiconque par ses réactions face au croquis d’une silhouette… puis la définition à comparer avec ce que la vue vous a inspiré.

    DS’un autre côté, ca remémore aussi des heures sombres quand certaines affiches fleurissaient de désagréable façon les murs de l’amère patrie !

  9. Dominique Hasselmann

    @ janssens j-m : quand vous parlez de TIC, vous visez quelqu’un… ou vous avez buté sur le STIC ?

  10. Jyf

    A propos de ficher les âmes, il y en a un qui s’en occupe joyeusement en ce moment. Au vu de ses caractéristiques, croyez vous qu’on puisse lui donner le bon dieu sans confession ?
    Attention à l’excommunication.

  11. janssen j-m

    Et oui, nos polices ont toujours fonctionné spontanément non pas « au délit de sale gueule » mais à l’apparence, pour « policer l’apparence », comme dirait l’autre, parce que c’est la manière la plus simmple d’entrer en contact avec tout quidam qui vous est inconnu.
    Une bonne question à poser « pour coller à l’actu » serait plutôt la suivante :
    1 – Est-ce que nos technologies si raffinées d’aujourd’hui servent à fonder plus sicentifiquement des intuitions policières de sens commun, de façon à éviter que nos polices soient en permanence accusées d’arbitraire ?
    2 – ou est-ce que nos technologies sophistiquées dont la construction repose sur des postulats humains ne renforceraient pas plutôt des usages policiers préexistants, en donnant l’illusion aux flics de croire en la valeur de leur flair puisque les détecteurs de « vérité » ne seraient là que pour le conforter ?

    Je pense que la deuxième explication est la plus proche de la réalité, c’est-à-dire des croyances populaire en général et policières en particulier. Ce qui pourrait être vu comme un jugement de valeur négatif et malveillant de ma part et provoquer l’indignation de GM et de DH. En aucun cas, cela ne remet purtant en cause le bien fondé des « usages » policiers courants. En effet, quand les TIC vont trop à contre-courant des intuitions policières, au pire on n’en tient pas compte, au mieux on oublie leur message. Et si d’aventure on accepte de changer de croyances et d’attitudes (je me suis trompé : je n’aurais pas du focaliser mon attention plutôt sur ce White à tête de babouin que sur ce Black à tête d’aigle), je retombe de toute façon toujours sur mes pattes, pour in petto, consolider ma croyance antérieure du bien fondé du contraire…
    Au fond, la croyance la mieux partagée est toujours la suivante : toutes les chirurgies esthétiques du monde ne changeront rien au fait que quand on a une tête de con, hélas, on reste con. Dans le monde actuel cependant, la seule différence est qu’un con peut être considéré par les technologies comme un loup plutôt qu’un agneau, hélas… Suivez mon regard, little brother !

  12. Dominique Hasselmann

    Je pense, Monsieur Moréas, que déjà votre nez devrait vous faire interdire de blog : vous avez en effet une fâcheuse tendance à aller renifler des affaires qui ne sont pas dans les rails (ou ont été écrasées dessus), vous fouinez inlassablement là où vos anciennes fonctions devraient vous interdire de revenir – comme sur le lieu d’un crime – bref, vous faites vraiment tout pour vous attirer les pires ennuis !

    Votre dernière remarque sur le pourtant très digne Yazid Sabeg est d’ailleurs à la limite de la provocation !

    Non, Monsieur Moréas, il faut que vous alliez rapidement consulter un chirurgien esthétique (certains truands, dont vous avez dû conserver les coordonnées, possèdent sûrement des adresses utiles) pour vous faire ravaler le portrait, et passer dorénavant inaperçu !

    Quant à votre blog, confiez-le plutôt au dénommé Frédéric Péchenard, ami du Président, directeur général de la Police nationale et nommé récemment Préfet, il saura mieux que vous distiller la parole officielle qui ressemble à un onguent pour les cerveaux inquiets.

    Enfin, ne craignez pas la science-fiction : nous y sommes déjà, et l’on s’en accommode, non ?

    En sortant de la clinique, n’oubliez pas le sparadrap sur le nez (comme si vous jouiez à être Jack Nicholson dans « China Town ») et sifflotez gaiement, les mains dans les poches et le chapeau sur la tête !

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