Afin de prévenir les manifestations de violence dans les banlieues, le président de la République a évoqué la mise en place d’une « police d’agglomération » (PAG ?) chargée de coordonner la collecte du renseignement et l’action des forces de l’ordre. Autrement dit de décentraliser les missions de la police. Après la fusion de la DST et des RG en un service très… parisien, le constat est intéressant.
Avant la suppression des RG, les préfets disposaient de fonctionnaires de police pour les informer de la vie politique et économique, des mouvements sociaux, et autres choses plus ou moins importantes qui pouvaient se passer dans leur département. Leur travail, tout en finesse, était plus proche de celui du journaliste que de celui du flic. Ils étaient là, comme on disait dans les écoles de police, pour prendre la température de la société. L’abc d’une politique de prévention.
Même si Clemenceau ne l’a pas revendiqué, la première brigade des RG a été créée en même temps que les fameuses brigades du Tigre, en 1911. Et c’est une loi de Vichy qui a mis en place le premier « service central des renseignements généraux » (ici). À la libération, les choses demeurent. En 1994, les socialistes découvrent que les RG espionnent une réunion de leur Conseil national. Scandale. Ce qui amène l’année suivante à un décret de recadrage : « La Direction centrale des renseignements généraux est chargée de la recherche et de la centralisation des renseignements destinés à informer le Gouvernement ; elle participe à la défense des intérêts fondamentaux de l’État ; elle concourt à la mission générale de sécurité intérieure… ». Exit la surveillance des partis politiques.
En 2008, on supprime les RG. Ou plutôt on les fait éclater. Une partie importante de ses agents fusionne avec la DST au sein d’un nouveau service de renseignements : la DCRI. Quant au reste des effectifs, il est rattaché à la Sécurité publique, dans une sous-direction de l’information générale (SDIG).
Dans les attributions de la DCRI figure la « surveillance des mouvements subversifs violents et des phénomènes de société précurseurs de menaces ». Cependant, même s’il existe des implantations locales, ces antennes de la DCRI ne sont pas directement sous la responsabilité du préfet. Elles dépendent de la direction parisienne. Pour être informé, le représentant de l’État doit donc se tourner vers ses nouveaux interlocuteurs, dits de l’Information générale, qui sont souvent les mêmes qu’avant, mais deux à trois fois moins nombreux. Dans leurs rangs, on trouve ceux qui n’ont pas voulu intégrer la DCRI et ceux que la DCRI n’a pas voulu intégrer, souvent pour des raisons (des prétextes ?) d’habilitation au Secret-Défense.
De facto, le préfet de département dispose donc à présent d’un nombre de fonctionnaires réduit (et peut être un rien démotivés) au sein de structures qui ont du mal à se mettre en place.
La mainmise du pouvoir central sur l’information et le renseignement montre là ses limites. Et l’on se trouve dans une situation où il devient difficile de connaître ce que ressent la population. Et donc de prévenir des manifestations, des mouvements sociaux, ou de déterminer si cette bande de jeunes n’est qu’un groupe de copains, ou un gang de malfaiteurs en culottes courtes (je tiens à préciser que ce billet est d’une totale mauvaise foi).
D’où la création envisagée d’une nouvelle police chargée de coordonner la collecte des renseignements.
Et pourquoi ne pas appeler ce nouveau service les RG ?
à chaque nouveau président, donc de gouvernement : » nouvelles recettes »
Cela change quoi depuis des décennies ?……………..
Oui. Bon. Rien de nouveau sous le soleil. Il me semble que tu as oublié l’épisode « Bardon et les RG » et sont tour des média dans lesquels il jurait, promis craché, qu’avec un grand flic de PJ à leur tête, les RG identifieraient au plus vite les « trublions » de banlieue.
Tu te souviens de la date exacte de ces déclarations péremptoires, à la fois de l’intéressé et du ministre de l’Intérieur de l’époque ?
Juste pour que l’on se rende compte que finalement la sécurité publique, c’est assez simple.
On ressasse les mêmes recettes miracles dans le vent depuis plus de vingt-cinq ans…
La police c’est un métier.
Pas une marque de réclame…
Y sont prêts… mais y sont pas faits !
Encore un peu de patience.
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Bon vikande…
« Et l’on se trouve dans une situation où il devient difficile de connaître ce que ressent la population. Et donc de prévenir des manifestations, des mouvements sociaux… »,
Malgré tout, le serpent Ouroboros ne se mord peut-être pas tant la queue que cela, Georges !… Les RG ne sont pas supprimés à la PP, ils sont même renforcés, le pouvoir central n’a donc rien à craindre de ce côté là. Les renseignements « politiques » ne servaient plus à grand chose en province pour « sentir le social », donc, normal de les diminuer ou de les casser…
Créer une PAG, c’est bien sûr un nouveau fantasme électoral pour répondre à une affaire de circonstance, bien dans la manière habituelle du sarkozysme en place. Cela résoud néanmoins autre chose : la promotion de l’idée qu’un « renseignement de nature politique » doit progressivement céder la place à du « renseignement criminel » à l’échelon d’une métropole régionale. Le « politique » ne veut rien plus dire car tout le monde a les mêmes renseignements. En revanche, le « criminel », ou du moins le « criminalisable » ou le « criminalisé »… ça ça veut bien dire quelque chose. C’est l’objectif commun de toutes les polices en fusion pour traquer le nouvel ennemi intérieur : 1°) judiciaire, c’est déjà fait avec les GIR, 2°) mais aussi MO dans les banlieues desdites grandes agglo (CRS et GM fidélisées), 3°) nouveau « renseignement criminel ».
Reste une question : dans quel carton sont les superpréfets de région qui vont gérer tous ces services réunis contre le principal vecteur de l’insécurité désigné par Nicolas (les bandes de racaille de la voyoucratie bancaire abritée derrière ses secrets, peut-être ), vu qu’il n’y plus besoin de procureurs ni de justice, ni même de préfets du département.
Des polices régionales, vous dis-je, dirigées par un homme à poigne à la tête de tous les services de police sans distinction des missions…
Et on vous fiche un billet que notre démocratie social-autoritaire va mieux fonctionner pour calmer le jeu des excités qui nous ont installé pour longtemps dans la crise financière internationale.
Alors, messieurs, qu’est-ce qu’on attend pour nous les annoncer, ces superpréfets de région à poigne qui dorment encore dans les cartons ?…
@Enthalpie : je suis curieux de savoir comment on peut agir sans se renseigner ( surtout pour des missions de « sabotage, terrorisme » ).
De plus, les RG ( Renseignements Généraux au passage … ) ne s’occupent que de ce qui se passe en France aux dernières nouvelles… La DGSE elle, s’occupe par contre de l’extérieur de la France.
Alors avant de donner des leçons, faites donc comme les RG, renseignez-vous sur les sujets dont vous parlez.
( J’ajouterais juste que vos déclarations sur ce pauvre Nicolas soit-disant mis à mal par les RG pendant sa campagne présidentielle ne sont fondés sur aucune preuve … )
Je découvre votre blog.
Un petit air du Commissaire Montalbano qui donne intelligence à lire.
Les services secrets servent à agir (sabotage, terrorisme) et non à se renseigner. Erreur dès le départ.
Et au lieu de réorganiser, regrouper, scinder, mieux vaut se débarrasser de ces organisations criminelles.
Un élément qui manque ici pour comprendre les décisions de Sarkozy est que les RG avaient joué contre lui à la présidentielle.
Encore une fois, une décision prise par le petit Nicolas sans aucune réflexion stratégique. Non seulement les services de renseignement intérieur ne sont plus doublées (pour limiter les risques de dérive autocratique) mais en plus cette nouvelle organisation rends l’Etat myope à ce qui se passe dans la société civile. Chapeau bas !