Michèle Alliot-Marie n’est pas favorable aux statistiques ethniques et elle envisage un sérieux coup de balai dans les fichiers de police avec l’objectif d’en diminuer le nombre, « même si les circonstances peuvent nous amener à en créer de nouveaux ». Elle se dit ouverte à un contrôle parlementaire dans ce domaine et souhaite que son ministère soit celui de la transparence (dans ce lieu où la sinuosité des âmes s’apparente à celle des couloirs, ce n’est pas gagné).
C’est grosso modo ce qu’elle déclare à Jean-Marie Pontaut et Éric Pelletier dans une interview du 24 mars 2009, que l’on peut lire sur le site de l’Express.fr (ici).
Entre les lignes, on comprend que l’objectif est de réduire le nombre de fichiers – pas le nombre de fiches. Autrement dit, on fusionne. Le terme utilisé est « mutualisation ». Par exemple STIC (police) et JUDEX (gendarmerie) donnent naissance à ARIANE, un outil unique. Cela semble simple, mais il s’agit en fait d’un travail colossal, et onéreux. On parle de plus de 15 millions d’euros. En appliquant cette « simplification » à plusieurs fichiers, on découvre une manière élégante de tourner le principe de non-croisement. Rappelons que les recherches croisées permettent toutes les extravagances. Par exemple, comparer la puissance de la voiture avec le volume du compte en banque et le nombre de jours d’arrêts maladie (je dis n’importe quoi). On ose à peine imaginer ce que cela pourrait donner si l’on croisait le fichier génétique et celui des infractions au Code de la route. On arriverait ainsi à détecter le gène du champignon. Bon, allez, j’arrête les champignons.
Madame Alliot-Marie restera dans l’histoire. Elle est la première femme à avoir occupé de fonctions ministérielles dans des milieux dits machos. Et l’on peut dire que durant ses cinq années aux Armées, elle en a étonné plus d’un. Elle avait de la classe parmi les militaires ! Et je crois qu’elle était appréciée. Place Beauvau, les choses sont différentes. C’est un endroit chargé de mystère, de non-dits, de réseaux et de chausse-trappes. Et on a l’impression qu’elle a dû avaler bien des couleuvres. Elle a été contrainte notamment de mettre en branle l’intégration de la gendarmerie à son ministère. Certes, la… transmutation n’avance pas vite. Les sénateurs se sont prononcés selon la procédure d’urgence, et depuis – rien. Les députés ont d’autres chats à fouetter, et les militaires y vont en traînant les pieds. Avant de s’installer dans les lieux, la direction de la gendarmerie a exigé la réfection des locaux aux normes de l’armée : des places de parking, des conditions de sécurité draconiennes, etc. Même des douches. Un truc impensable pour les policiers. On a donc viré la direction des CRS pour faire de la place aux nouveaux arrivants et les travaux sont en cours.
Ces dernières semaines, le silence de Madame le ministre de l’Intérieur et de l’Outre-Mer a étonné. Rien sur la Martinique, la Guadeloupe… Certains ont cru remarquer de petites modifications dans le comportement de MAM. Et même dans cette interview à l’Express, on a l’impression que le ton a changé.
Un peu comme si elle prenait du recul.
@ buggbrother
De mémoire, je crois que c’est Alain Bauer qui utilise ce mot dans l’un de ses rapports sur le sujet (2005 ou 2008). Cordialement.
Merci pour ce point de vue, toujours excellent, au demeurant.
A noter également qu’il est d’autant plus simple à MAM d’annoncer qu’elle va diminuer le nombre de fichiers que plusieurs d’entre-eux son illégaux, voire inusités, et que la loi informatique et libertés leur a donné un délai courant jusqu’en octobre 2010 pour se conformer à la loi (ça peut paraître étonnant, mais c’est comme ça). Ils devront dès lors, à cette date, disparaître.
Quant à la « mutualisation », je n’ai pas lu ce mot dans l’interview, mais la perspective est « intéressante » : vous avez d’autres infos à ce sujet ?