La composition du nouveau gouvernement Fillon n’apporte guère d’éléments pour déchiffrer ce que pourrait être la politique de demain en matière de sécurité. Place Beauvau, rien ne change. En revanche, la nomination de Michel Mercier au ministère de la Justice est une surprise. On pouvait s’attendre en effet à un garde des Sceaux fort, capable de calmer les esprits dans les rangs des magistrats et suffisamment disponible pour traiter les dossiers en souffrance, comme la réforme de la garde à vue, celle de la procédure pénale ou les problèmes de l’administration pénitentiaire. Au lieu de cela, Michel Mercier s’annonce comme un garde des Sceaux à mi-temps, puisqu’il semble acquis qu’il ne compte pas démissionner de la présidence du conseil général du Rhône, poste qu’il occupe depuis 21 ans – surtout à quelques mois d’élections cantonales importantes (avant l’arrivée des conseillers territoriaux, en 2014).
De plus, alors qu’il était le mandataire financier de la campagne présidentielle de François Bayrou, il est apparu en filigrane dans une enquête de la brigade financière sur l’attribution de marchés concernant le tramway Rhônexpress, une filiale du groupe Vinci, qui relie la gare de la Part-Dieu à l’aéroport Saint-Exupéry. Ce tram-train est l’une des navettes les plus chères du monde pour les usagers (derrière Londres et Rome). Or, pour LyonCapitale, Vinci n’a rien eu à débourser pour exploiter cette ligne, puisque son investissement lui sera intégralement remboursé en 30 ans (avec les intérêts) par le Conseil général. Bon, mais il ne faut pas voir le mal partout : le parquet vient de classer le dossier.
En cette longue période pré-électorale, la sécurité va-t-elle revenir sur le devant de la scène ou au contraire passer en pertes et profits ? Il faut dire que si Nicolas Sarkozy en a fait sa chose personnelle depuis maintenant huit ans, le bilan n’est pas fameux. Et bizarrement, c’est peut-être un angle d’attaque intéressant pour l’opposition.
Lors de leur congrès d’été, les écolos se sont penchés sur le sujet. Des balbutiements. Mais avec Eva Joly comme probable tête d’affiche, le mouvement Europe Ecologie-Les Verts pourrait être crédible dans ce domaine. Une carte à jouer.
Mais, bien sûr, ceux qu’on attend surtout, ce sont les socialistes. Car depuis les années Mitterrand, ils traînent une casserole. Au point que certains aujourd’hui en font des tonnes – du moins dans leurs déclarations. Car à en croire Marianne2, les propositions soumises à la sagacité de Martine Aubry sont au contraire d’une banalité affligeante : Accroître la présence des gendarmes et des policiers dans la rue… Revenir sur des milliers d’emplois supprimés… Redonner toute sa place à l’esprit de responsabilité… Définir des « zones de sécurité prioritaires »…. Déployer, dans ces zones, une « police des quartiers » [qui] aura pour mission de témoigner de l’engagement durable de l’État, de restaurer un climat de confiance avec la population et d’appuyer l’action quotidienne des différents services publics en reprenant la philosophie de la doctrine de la « police de proximité ». Etc.
Que de phrases creuses ! Ces gens qui aspirent au pouvoir devraient lire l’opinion de Stéphane Liévin*, brigadier-chef, OPJ et syndicaliste. Je crois que cela éclairerait leur lanterne.
Enfin, c’est simple : pour faire des propositions de terrain, il faut demander l’avis des gens de terrain. Des policiers et des gendarmes au quotidien. Des gens qui aiment leur métier et qui réfléchissent utilement à la possibilité de le faire évoluer. Quant aux politiciens, qu’ils se réservent les grands principes, qu’ils nous disent par exemple ce qu’ils pensent du rattachement de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur. Faut-il aller plus loin ou revenir en arrière ? Et la DCRI ! Faut-il la conserver ou recréer les RG et la DST ? Et la vidéosurveillance, les polices municipales, le surpeuplement des prisons, la sécurité privée, la réforme de la garde à vue, l’aide juridictionnelle…
En fait, on voudrait bien que ces gens qui louchent sur notre bulletin de vote, arrêtent de nous parler comme si on était des analphabètes et qu’ils nous accordent un peu de considération.
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*Entretien entre Stéphane Liévin, représentant du personnel du syndicat Unité-SGP Police, et Laurent Mucchielli, directeur de recherches au CNRS. On peut le trouver ici.
22 interpellations dans l’affaire Aurélie Fouquet .
A la suite des 22 interpellations dans le cadre de de cette affaire, nous espérons désormais que les ou auteurs du lâche lynchage de notre collègue seront rapidement confondus par les enquêteurs, et que comme nous l’avait assuré Monsieur le Président de la République la justice se montrera à la hauteur face à de tels individus et ne fera preuve d’aucune faiblesse.
L’Union Syndicale Professionnelle prend l’engagement d’être présente le jour ou la justice aura à se prononcer et soutenir ainsi la famille, mais également toute la profession.
La seule chose qu’aujourd’hui nous pouvons déplorer c’est que les responsables politiques aient fait preuve de peu de courage et modifié de manière substantielle la loi sur l’armement des policiers municipaux qui comptent dans leurs rangs plus d’une dizaine de victimes du devoir, dont nous avons à craindre qu’Aurélie ne soit malheureusement pas la dernière et plusieurs centaines de blessés chaque année comme s’en fait l’écho au quotidien la presse locale, régionale et nationale.
Nous tenons à la disposition de celle-ci un recueil
au travers d’articles de presse collectés qui montre la réalité dans laquelle les policiers municipaux évoluent au quotidien, loin des lambris et des salons feutrés des Maires, des Députés, des Sénateurs et des Ministres.
1 – Comment faites-vous, GM, pour extraire en encadré un texte de Liévin chez Mucchielli en « portable document format »?
2 – D’autre part, en vous lisant, on n’arrive pas à se faire une religion par rapport à la question posée par votre billet du jour… 8 ans de Sarko ? c’est pas formide -; les propositions d’Aubry ? c’est creux ; – en revanche, le passage de l’OPJ Liévin accusant les politiques de puiser dans les quelques idées des universitaires en matière de sécurité (les idées de Mucchielli, peut-être ?), il aurait tout juste parce que ça serait du syndicalisme de base, du bons sens d’OPJiste ? De l’ironie, peut-être ?…
M. Moréas : » Bon, mais il ne faut pas voir le mal partout : le parquet vient de classer le dossier. »
Angélique Sancé de Monteloup préfère la cuisine à l »étouffé.
N importe quel imbécile avec juste un soupçon d intelligence arriverait au même constat,a savoir que depuis 40 ans que ca soit le ps ou l ump c est blanc bonnet et bonnet blanc.
On vous ment depuis 40 ans mais vous continuez a voter pour eux.Pathétique!
Beaucoup de « bla bla » peu de résultats. Aucun besoin d’être devin pour craindre le pire.
Les magistrats en France, protègent les voyous et comparent la police à la gestapo !!! Alors qunad on parle de sécurité, j’ai envie de rire.
Au fait, j’ai un casier judiciaire vierge … suis-je suspect ?
La gauche est disqualifiée pour 100 ans en matière de sécurité : il n’y aura donc même pas besoin de débat ! La sécurité sera bien sûr un des points forts de la campagne à droite, comme d’habitude.
Nombreux sont les parlementaires à s’inquiéter du sort des polices municipales (pour s’en convaincre, il suffit de comptabiliser le nombre de questions parlementaires à ce sujet), à défendre leurs polices (car ils ont souvent la double casquette) tout en oubliant la police nationale, pis en avalisant implicitement les dérives du pouvoir actuel en la matière. Ainsi, dans un débat sur le site du Monde, répondant aux questions des différents intervenants, François Rebsamen a asséné de manière péremptoire que « Sur la sécurité, nous n’aurons pas de mal à être plus efficaces que la droite ». Mais il précise ensuite que « Nous n’aurons pas, si nous revenons au pouvoir en 2012, la possibilité de faire embaucher les dix mille policiers que les gouvernements de droite ont supprimés ces dernières années. Il faut dire la vérité . En revanche, nous proposons de sanctuariser le budget du ministère de l’Intérieur, de redéployer des forces de police sur le terrain actuellement occupées à des tâches indues. »(1) Cette dernière affirmation est ni plus ni moins qu’un blanc-seing signé au gouvernement puisqu’elle revient, sauf à faire preuve d’hypocrisie, à accepter par avance la privatisation entamée actuellement par le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux , qui estime que « dans le travail des policiers et des gendarmes, il y a actuellement un excès de charges indues qui ne correspondent pas à leur cœur de métier » (sans définir, bien évidemment, ce qu’est ce cœur de métier policier ; quid de la sécurité publique, par exemple ?) ; l’article du Point précise en conclusion que « Quatre groupes de travail sur les tâches indues sont en place depuis quelque temps à l’Intérieur, selon des sources policières. Ils visent aussi « à rationaliser et augmenter » les transferts de charges vers la police municipale ou les sociétés privées. »(2) De son côté, Manuel Valls prend clairement position en ce sens en affirmant au moins d’août 2010 sur son blog Besoin d’optimisme : « Dans le même temps, le développement des polices municipales ou le rôle du secteur privé (170 000 salariés) doivent être réexaminés. Là aussi, la coproduction est incontournable. » Par la même, il fait écho aux voeux présidentiels « de coproduire des solutions public-privé de sécurité », Nicolas Sarkozy soutenant que « poursuivre une réflexion sur la participation de la sécurité privée à la
sécurité globale en Europe, c’est penser la sécurité quotidienne des Européens » (préface de Nicolas Sarkozy, président de la République française in INHES et CoESS « La participation de la sécurité privée à la sécurité générale en Europe », Livre blanc, décembre 2008). Or, je pose la question : serons-nous mieux protégés demain lorsque nous serons considérés non plus comme des citoyens mais comme des clients ? Avant de répondre, il est préférable de lire cet article de Georges Moréas de janvier 2009 : « La sécurité au prix fort »
http://moreas.blog.lemonde.fr/2009/01/31/la-securite-au-prix-fort/
(1) François Rebsamen, « Sur la sécurité, nous n’aurons pas de mal à être plus efficaces que la droite » in lemonde.fr, le 5 octobre 2010.
(2) « Hortefeux annonce la fin des « tâches indues » pour les policiers et gendarmes » in Le Point avec AFP, 5 octobre 2010.
« Ou passe la politique, la sécurité trépasse », un peu simpliste comme citation mais pas trés éloigné de la vérité, depuis une vingtaine d’années maintenant, voir trente, tous les gouvernements et partis politiques ont été tentés de se servir de la police plus que de la gendarmerie à des fins politiciennes. Maintenant, ils ont décidés de mettre également la gendarmerie dans le même pannier, quant aux polices municipales auxquelles on a rajouté la vidéoprotection, elles étaient déja l’instrument des Maires surtout dans les grandes villes comme Nice et Cannes par exemple (On en parle au quotidien à la télé et dans les journaux le figaro en particulier). Alors, tant que nous ne retouverons pas à la place d’un Ministre trés politique un vrai technicien se sera gauche ou droite bonnet blanc et blanc bonnet. Pour la justice, c’est évident que le choix qui a été fait est uniquement un lot de consolation pour les centristes, ou est le sérieux la dedans, alors les grandes réformes de la justice dont vous parlez, ne sont pas le probléme du moment , on verra plus tard. Les élections de 2012 d’abord et aprés on verra….bon courage aux policiers , gendarmes et autres services chargés de la sécurité des Français, même si quelques hauts responsables de la PN et de la Gendarmerie ont parfaitement concience de la situation et que au niveau de la base tout le monde fait le maximum.
100% d’accord.
Un peu moins d’idéologie, un peu plus de considération pour l’intelligence et le pragmatisme de ceux qui servent au quotidien sur le terrain, en mixant les deux, on devrait pouvoir en tirer quelque chose de nouveau.
Quant à remettre cette incapacité française à corriger le tir de réformes ratées ou qui produisent des résultats imprévus, c’est une belle ambition que je partage. Mais eux ?
Bardés de certitudes intello-statistiques et gavés de théories « baueriennes » que l’on connait par coeur depuis le temps qu’elles nous sont assénées? J’en doute et je le regrette, car nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Quand on voit comme récemment une demi-douzaine de canailles terroriser des communes et des populations sans réaction, on peut penser que le pire est devant nous, sauf le bilan, guère brillant. Ce n’est pas un reproche, c’est un constat.
Le doc Moréas, on va finir par l’appeler « Boum-Boum » ! C’est quand qu’on se met au tennis en pension ?
Une petite hypothèse : si au lieu de loucher sur nos bulletins de vote, les politicards revoyaient leur copie du comptage de ces fameux bulletins, p’têt que les absentéistes et les blancomaniacs retourneraient aux urnes, avant de revenir dans la rue ! Parce que s’apercevoir de sa légitimité mini-mini, ça rendrait les fauteuils… éjectables, comme un strapontin !
Qu’est-ce que j’entends, docteur ? un flic qui aimerait son métier ? moui, moui, moui. J’imagine bien le CRS, casque lourd et matraque à la main, en train de remettre de l’ordre dans tout ça : « Je t’aime, mon frère ! » Et pan !
Nan, ce que je crois surtout, c’est que l’Etat sabote son outil de travail : l’humain… peut-être pour le mettre au chomdu et obtenir une population muselée aux allocs et aux loisirs !
Moi, j’dis ça, ‘suis pas sociologue ; et j’ai pas envie d’attendre pour voir la suite.