LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Un nom sur une porte : mémorial pour un flic

Il s’appelait Francis Violleau. Le préfet de police de Paris vient d’inaugurer une nouvelle salle qui porte son nom, dans les locaux des compagnies de circulation. Personne ne le connaît, son histoire est si lointaine. La voici…

avis-de-recherche_spiegelde.1271576606.jpgCe jour du mois d’août 1981, lui et son collègue règlent la circulation dans le quartier de Montparnasse. Une moto de petite cylindrée, genre cyclomoteur, grille un feu rouge. Violleau s’époumone dans son sifflet. Sans résultat. L’engin poursuit sa course. Et en plus le pilote ne porte pas de casque ! Dans le cas d’une voiture, il aurait sans doute relevé le numéro, ce que l’on fait généralement dans ce cas. Et parfois même, lorsqu’ils n’ont pas eu le temps de le noter, les policiers font semblant, pour sauver la face, pour que les badauds soient persuadés que le chauffard ne s’en sortira pas à si bon compte. Mais là, pas de plaque minéralogique… Alors, les deux gardiens de la paix enfourchent leur vélomoteur et se lancent à la poursuite du contrevenant. Le collègue de Violleau fait une chute. Pas de bobo, mais il perd toute chance de recoller à la filature qui s’engage dans les rues de la capitale.

Mouais, je sais,  pas de gyrophare, pas de grincement de pneus, pas de deux-tons assourdissants. On est loin des films d’Olivier Marchal : deux vélomoteurs qui se tirent la bourre à, combien… 30, 40 km à l’heure ! Les deux engins remontent le boulevard Raspail à contre-sens.

Au bout d’un moment, le motocycliste est persuadé d’avoir semé son poursuivant. Il rejoint son garage, au fond d’une impasse. Soudain, le policier surgit. On imagine la scène. Il descend de son deux-roues, le cale contre un mur, et, tout en restant sur le qui-vive, il se dirige d’un pas assuré vers le fautif. Ne représente-t-il pas la loi ! On peut même penser qu’il sort déjà de sa poche son carnet à souches…

Surprise ! Le motard est une femme. Elle a son âge, à peu près. Elle n’est pas vilaine. C’est peut-être ce qui le déconcentre, lui fait baisser la garde. Le rend moins méfiant. Il arrive à sa hauteur. Sans doute lui demande-t-il ses papiers. Elle dézippe son blouson… Une arme jaillit. Il porte la main à la crosse de son 357. Il n’a pas le temps de finir son geste. Une balle lui traverse la gorge et vient s’écraser contre la 7e vertèbre cervicale.

« Quand pourrai-je enfin me lever ? » demande-t-il à Yolaine, son épouse, quelques semaines plus tard.  « Il faut le lui dire », lui souffle le médecin. Elle ne sait pas comment faire. Ni comment annoncer à ses trois enfants, dont le plus âgé a dix ans : votre papa est paralysé des quatre membres. Il est tétraplégique.

Après deux années dans un centre de réadaptation, contre l’avis du corps médical, Yolaine décide de ramener son mari à la maison. Mais c’est un travail de tous les instants, le jour, la nuit… Il faut le nourrir, le laver, lui prodiguer des soins, le retourner dans son lit… Au bout de quelques mois, elle craque. Une dépression. Elle est placée en clinique.

Quant à Francis Violleau, il atterrit dans un foyer pour personnes handicapées. Où il est mort en 2000, à l’âge de 54 ans, après avoir passé presque vingt ans de sa vie, parfaitement conscient et lucide, mais incapable de bouger, si ce n’est le bout des doigts, et de tenir une conversation de plus de quelques mots.

Officiellement, il n’est pas mort en service, pourtant…

Son « assassin » se nomme Inge Viett. Elle est membre de la RAF (Fraction armée rouge), ce groupe terroriste qui à l’époque cherche à déstabiliser l’Allemagne de l’ouest. Recherchée, elle se réfugie en RDA, où la Stasi, la police secrète de l’Allemagne de l’est, lui fournit une nouvelle identité. Avec  plusieurs de ses complices de la RAF, elle va y mener une vie pépère, poursuivant à distance son combat destructeur. La chute du mur inge-viett_bildde.jpgde Berlin lui sera fatale. Elle est arrêtée en 1990. Condamnée à treize ans de prison, elle est libérée à mi-peine. Derrière les barreaux, elle a écrit son autobiographie, publiée en Allemagne sous le titre Nie war ich furchtloser  (Je n’ai jamais été sans peur*).

Répondant pour l’occasion à une interview de Libération, elle a déclaré : « Je ne comprends pas pourquoi ce policier a voulu sortir son arme alors que je le braquais… Je crois qu’il ne m’a pas prise au sérieux, parce que j’étais une femme. »

Pas un mot de remords, aucun regret. Des années plus tard, elle ne comprend toujours pas…

Que peut-on dire de cette ex-terroriste de 66 ans qui vit probablement aujourd’hui de la retraite que lui verse l’Allemagne réunifiée ? Rien – même pas qu’elle a mal vieilli.

________________________________ Cette histoire, je l’ai reconstituée bribe par bribe, surtout à l’aide de documents allemands, en m’efforçant d’être au plus près de la vérité. Il y a peut-être des imprécisions, que les proches de Francis Violleau me pardonnent.
* Si j’en crois certains commentaires, la signification pourrait être inversée. Le journaliste de Libé, dont l’article est en lien, avait opté pour Jamais je n’ai eu aussi peu peur. Mais, entre nous, ce n’est pas le sujet.

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Des rumeurs du micro…cosme aux écoutes téléphoniques a été lu 11 605 fois et a suscité 18 commentaires. Pour ceux qui s’interrogent sur le fonctionnement et la technique des téléphones portables, on peut lire Principes de base du fonctionnement du réseau GSM, de Cédric Demoulin et Marc Van Droogenbroeck.

31 Comments

  1. Rudy VIOLLEAU

    Merci a Arnal pour sa brillante analyse . Je tiens à préciser que Francis VIOLLEAU était affecté aux compagnies de circulation et non à une police d’intervention comme il en existe aujourd’hui. Ensuite on exerce une profession par vocation. A la base il était chaudronnier mais il a choisi d’intégrer la police pour servir l’Etat mais aussi les honnêtes citoyens.
    En 1981, j’avais 9ans…. et c’était mon Papa.

  2. Javi

    Merci pour le rappel de l’histoire. Concernant la perception morale des actes en question, il me semble qu’on passe à coté de beaucoup de choses en négligeant l’aspect politique du terrorisme des années 70. Je ne parle pas ici de la légitimité ou non de ce combat, mais simplement du fait que, de façon générale, tous les responsables d’actes graves commis au nom d’une cause politique les assument habituellement sans regrets.
    J’ai ainsi eu l’occasion de discuter avec des pinochetistes qui avaient « fait » le stade de Santiago en 73 comme militaires de base: aucun regret, aucun doute d’avoir agit pour le bien de leur pays. Est-ce que ce ne serait pas la même chose avec RAF? La différence entre les deux étant alors simplement que mon soldat pinochetiste n’a jamais été condamné ou enprisonné, puisque sa cause a vaincu à l’époque, tandis que RAF a heureusement été combattue avec succès.

  3. JPFaymindy

    Cher Georges,

    vous pouvez nous réécrire la même histoire avec Bernard Vigna dans l’affaire Chapour Bakhtiar à neuilly en 1980…………….. PO pourra vous aider.

  4. Clafoutis

    @Arnaud
    Merci pour tous ces renseignements inédits sur Wikipédia !
    Ce qui fait la particularité de Wiki ce n’est pas qu’elle soit « en ligne » (nombreuses sont les encyclopédies « en ligne », gratuites ou payantes)mais qu’elle est « collaborative », c’est à dire que tout le monde peut proposer un article, un complément, une rectification.
    Et suite à de nombreuses interventions non-pertinentes détectées (renseignez-vous sur celles concernant la mairie de Levallois-Perret, par exemple), un « comité scientifique » examine la proposition avant de la publier. Comme chez Larousse (oh, pardon Péhène).
    Bon, merci quand même de l' »information » qui a failli faire vaciller mes certitudes.

    Merci également pour votre résumé de l’affaire, mais je n’ignorais rien de ce que vous dites. Et je ne mets pas en question la notion de légitime défense (pour le tireur ou pour autrui, je ne sais). Et donc la probable légitimité du tir en la circonstance. D’accord ? Signez, datez, là. Merci.

    Ce qui me choque, c’est l’incitation par un tiers à le « finir ». Il n’a pas osé « tue-le » : trop émotif. Ni « achève-le » : on hésite entre l’abattoir et la compassion pour le blessé sans espoir.
    Non, il a choisi « finis-le ». Ça fait pro : on a commencé le travail, il est temps de le finir – on a assez perdu de temps.
    Comme le dit Adishatz (policier) : « Il faut […] avoir envie de tuer un être humain pour tirer sur un homme. ».
    Et je n’apprécie pas qu’un policier ait ENVIE de tuer un être humain. Même s’il le fait parce qu’il doit le faire.

    Jusque là ça va ? Pas trop dur ? Vous sauriez développer ça au bac ?
    Alors on va essayer d’aller plus loin .

    Ce qui me dégoûte profondément, c’est qu’un pékin lambda imagine que le meurtre extrajudiciaire (ce n’était semblet-il pas le cas pour Kelkal) puisse être une solution.
    On commence par Kelkal, on continue par Mesrine, et on va jusqu’à Goldmann.
    Et on finit par moi, vous (« Hop, un [autocensure] en moins, bon débarras. »), n’importe qui, selon l’humeur, ce qu’a dit le chef, ou sa femme, ou le taux d’alcoolémie du moment.
    C’est chouette, alors : pas besoin d’aller en vacances à Panama ou au Guatemala ou au Salvador ou… Sauf pour le climat, bien sûr.

    Inutile de poursuivre. Sauf si vous avez des révélations aussi percutantes que celles sur Wiki.
    J’aime rire.

  5. Arnaud

    Clafoutis > Merci pour les beaux rèves, c’est gentil. 🙂
    Je préfère votre deuxième source elle est plus fiable que Wikipédia.
    Je vais vous donner une petite explication, vous semblez en avoir besoin: Wikipédia est une « encyclopédie en ligne » qui est modifiable par les internautes et qui n’est pas contrôlée. On y raconte tout et n’importe quoi. Mais si vous le souhaitez, continuez à en user et en abuser.

    Quant à l’affaire du terroriste Kelkal, désolé de vous décevoir une fois de plus, mais le « finis le » a été prononcé car l’individu armé amorçait un geste de menace avec son arme de poing, car Kelkal possédait une arme à feu, ne vous en déplaise. Et si vous ne me croyez pas, regardez vos sources 😉
    Il y’avait donc un état de légitime défense et ils ont eu raison de le liquider. Hop, un [autocensure] en moins, bon débarras.
    Bon appetit 🙂

  6. Clafoutis

    @ Arnaud
    Remettez votre chapeau, les sources sont multiples.
    Tenez, une qui va vous déplaire :
    http://www.liberation.fr/france/0101157254-la-bande-son-de-la-fin-de-khaled-kelkal-sur-une-video-de-m6-une-voix-dit-finis-le-finis-le-avant-le-coup-mortel

    Que vous ne soyez ni policier ni gendarme me rassure : seul un [autocensure] ordinaire peut écrire « En 1995, l’EPIGN puis le GIGN avaient bien fait les choses avec Kelkal puis à Marignane…Exemple à suivre? « .
    Hein, faire copain-copain avec des mecs armés, et qui savent s’en servir ! Ça vous fouette le sang ! Et si en plus ils peuvent « suivre l’exemple » comme vous le leur suggérez, c’est le pied assuré.
    Je comprends ça.
    Ce qui m’ennuie un peu, c’est le « ? » final : on n’est pas sûr de soi ? On sollicite l’approbation ?
    Allons, un peu de courage, que diable. D’abord, vous, vous ne risquez rien, derrière votre télé. Juste un spectacle pimenté. C’est du tout bon.

    Faites de beaux rêves.

  7. Péhène

    @ Clafoutis
    Je suis désolé si je vous ai heurté. Le terme « simplet » était en effet un peu fort. Mais je reste atterré par la théorie selon laquelle le meurtre d’un fonctionnaire de police serait assimilable à un accident du travail sur un chantier du bâtiment. J’ai même du mal à comprendre que certains n’arrivent pas à voir la différence. Mais c’est certainement dû à mes facultés intellectuelles limitées, notoires caractéristiques de ma corporation. Cordialement.

  8. Arnaud

    Clafoutis> C’est vrai que Wikipedia est une référence en terme de véracité. Chapeau pour le choix de votre source.
    Et puisque vous citez Wilde, je cite Casanova « Succombez à la tentation avant qu’elle ne s’en aille ».
    Quant à mon métier, désolé de vous décevoir, je ne suis ni policier ni gendarme.

  9. Clafoutis

    @ Péhène
    Merci, j’avais vu cette bonne nouvelle.
    Mais ils reviendront à la charge !
    Reste encore à espérer le maintien de la possibilité d’obliger la Justice à agir via une « autorité judiciaire » indépendante. Et la réanimation des pôles financiers ? On peut rêver.

    Par ailleurs il est trop facile de qualifier mes commentaires de simplistes voire simplets (pas très gentil ça – il est vrai que nous vivons dans un monde rude), sachant que je n’ambitionne naturellement pas d’atteindre au haut niveau des vôtres, de ceux de certains de vos collègues, et encore moins des communiqués de syndicats de Police (que l’on pourrait qualifier, avec beaucoup de mansuétude, de « gratinés », s’ils n’étaient inquiétants ?).
    Je suis lucide quant à mes limites…
    C’est pourquoi je ne propose, par prudence, que des questions et des arguments « simples », tout simplement.

  10. Péhène

    @ Clafoutis
    Je suis hors sujet (je ne répondrai pas à votre commentaire assez simpliste, voire simplet, sur les dangers inhérents au métier de policier) mais sachant que le thème qui suit vous intéresse particulièrement, tout comme moi, je vous recommande la lecture cet article de notre quotidien « préféré » :
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/04/20/la-garde-des-sceaux-renonce-a-modifier-la-prescription-des-abus-de-biens-sociaux_1340193_3224.html

  11. michel-j

    Bravo, Georges !… Une reconversion dans la carrière d’animateur en perspective ?… 😉

    Bravo pour la teneur du débat… Mais n’est-il pas un peu « énorme » de comparer un accident de fait et un homicide délibéré ?

    Militaire et flics ont choisi leur métier… ca tombe sous le sens… mais leur métier n’est pas forcément de servir de cible.

    La « terroriste » criminelle… oui, comme son nom l’indique, elle est terroriste puisqu’en lutte ouvert contre l’Etat…

    Mais, loin des rodomontade cocardières… Nos terroristes de 40 ne sont-ils pas devenus des héros de la résistance en 45 ?… comme nos supplétifs d’Algérie, vus comme traitres par leurs frères après 62 et jugés chez eux comme « nos » miliciens le furent ?… Arrêtés parfois par les mêmes flics et condamnés par les mêmes magistrats aux tempéraments très malléables ??

    Et oui !… Dès lors où l’on s’affronte, la gauche d’un adversaire devient de facto la droite de son vis à vis… A quoi bon sortir les armes pour régler… l’insolutionnable ?

  12. Clafoutis

    @ Adishatz
    Merci de votre commentaire.
    Il appelle quelques remarques que je vais essayer de faire aussi claires et brèves que possible :
    – Vous ne répondez pas aux arguments que j’avais avancés. Dommage, on aurait peut-être pu progresser, voire converger
    – Vous assumez et en êtes fier. D’accord. Normal. Petite réserve : vous ne défendez pas le drapeau (c’est le boulot des militaires, ça) mais l’État. Je suppose que vous le défendez parce qu’il est républicain et démocratique. Et que vous vous poseriez des questions s’il abandonnait l’une ou l’autre de ces qualités – sachant que l’État, quel qu’il soit, souhaite toujours être défendu
    – Que mes concitoyens critiquent la Police tout en faisant le 17, c’est exaspérant mais banal : le contrôleur des contributions est moqué, voire plus, mais tout le monde est d’accord pour rouler gratuitement sur les nationales, faire des études pour pas trop cher ou ester en justice – et pouvoir faire le 17 (bien que tous les fonctionnaires soient des feignants, c’est bien connu – c’est mon boucher qui me l’a dit, ce qu’a confirmé mon beau-frère qui est DRH)
    – Concernant la Police de la route, je m’engueule régulièrement avec les brimés du 130 radarisé de mes amis. Alors, SVP, pas cet argument avec moi
    – les faits divers… C’est là où ça coince. J’entends : les faits divers où est mêlée la Police.
    Je ne vais pas faire la liste, mais les suicides et accidents malheureux en garde à vue, les malencontreux accidents de la route marseillais, les manifestants éborgnés, les transformateurs mortifères, les scooters kamikazes, le tutoiement à sens unique, l’impossibilité de questionner poliment un gardien de la paix (DE LA PAIX !) en action, et encore moins de protester si ça dérape, les outrages irréfragables mais rémunérateurs (et à sens unique), les (attention, comment dire ?) interpellations à la sortie des écoles – voire directement dans la classe (« Marseille, tais-toi Marseille, tu cries trop fort ») ; voire à domicile, en l’absence des parents ! – de gamins et gamines, voire d’enfants !! Et de parents venant chercher leurs gosses !!!
    Ça, ça a du mal à passer. Vous, ça vous va ? pas de question ?
    Et les communiqués de certains de vos syndicats : bravo à la justice si elle délivre un non-lieu ; mais qu’elle demande un complément d’enquête parce qu’il lui semble qu’on lui a menti, alors là ! Tous pourris-gauchistes ces juges (on n’ose plus les traiter de cocos, c’est démodé). Cela aussi vous convient ? Ils défendent bien l’image de la Police ?
    – Les insultes : êtes-vous bien sûr que l’on ne puisse mettre la balle au centre ?
    – « … pour la défense du bien être de votre petit monde, pour votre petit confort… » etc. « Notre » petit monde, SVP, pas simplement le mien – le vôtre aussi. Et pourquoi « petit » ? Qui fait preuve de condescendance ?
    – Oui, vous êtes des gens comme tout le monde. Avec qualités et défauts, comme moi et le voisin. Oui vous avez choisi (mais est-ce toujours un choix libre et éclairé, par ces temps de chômage croissant ?) un métier difficile, voire ingrat – mais y a-t-il beaucoup de métiers qui échappent à ces caractéristiques ? Caissière à temps partiel, gardien de prison, assistante sociale, enseignant, technicien de surface nocturne en sous-traitance, comptable, vendeuse de chaussures, infirmière… c’est toujours exaltant et « reconnu » ?
    – Mais vous n’êtes pas tout à fait « comme tout le monde ». Vous avez la loi avec vous. Vous la représentez – et vous avez les moyens (légaux et physiques) de la faire respecter. Et même pour certains d’entre vous d’en abuser (de façon parfois involontaire, mais parfois…), avec peu de risques. Ce sont ces cas, marginaux ( ?), qui sont intolérables : plus de pouvoir suppose plus de maîtrise de soi, plus de responsabilité, plus de transparence (je sais, le mot est à la mode. N’empêche…c’est aussi de ça qu’il s’agit).
    – « … un métier dont visiblement vous ne connaissez rien d’autres que ce que les médias colportent,… ». Qu’en savez-vous ? Et « colportent » est inutilement dépréciatif.
    Il ne tient qu’à vous de rétablir la vérité. Celle qui ne sera pas contestée par des médecins-légistes ou des experts, ni par des collègues qui se transforment stupidement en complices.

    Eh oui, je veux que la Police existe ! Mais une Police débarrassée (autant que faire se peut) des brebis galeuses (pour faire simple).
    D’accord ?
    Ah, j’oubliais : « Il faut […] avoir envie de tuer un être humain pour tirer sur un homme. » dites-vous.
    C’est vrai. Y compris pour celui qui enjoint « Finis-le, finis-le ». Non ?

  13. Adishatz

    À Clafoutis

    Bonjour,
    Je suis focntionnaire de Police en Seine Saint Denis. Je viens de lire votre post et je vous adresse les réponses suivantes :
    – J’assume parfaitement mon métier, et je suis même fier de défendre les valeurs du drapeau au coeur des quartiers dits « sensibles ».
    – Ce que je n’assume pas c’est la façilité avec laquelle mes concitoyens écrasent leur Police (qui n’est certes pas parfaite, mais les citoyens le sont ils ?) alors qu’ils sont les premiers à faire le « 17 » au moindre pépin.
    – J’ai choisi ce métier car je l’aime. Je ne fais pas de police de la route. Je le dis tout de suite car je pense que comme beaucoup de gens, vous ne jugez la Police que sur les infractions routières constatées, les faits divers et autres cabales dont l’institution est trop souvent le sujet.
    La Police, c’est aussi des gens qui se prennent des pavés sur la tête (littéralement), qui se font insulter en tant que représentant de la France (c’est donc la France qui se fait insulter),mais aussi à titre privé (quand on m’insulte de « sale blanc » ce n’est pas le Policier qui est visé mais l’individu), des gens qui n’hésitent pas à payer de leur vie leur engagement pour la défense du bien être de votre petit monde, pour votre petit confort, pour que vos enfants aillent à l’école sans que vous vous demandiez quelle mauvaise rencontre ils peuvent faire sur le chemin, pour que vous puissiez circuler dans la région parisienne sans vous demander si une crapule va venir vous éjecter de votre moto et vous la voler, pour que vous puissiez amener votre femme et vos enfants manger une glace le soir sans être agressé, et j’en passe…
    La Police c’est un ensemble de personne, qui mangent, qui dorment, qui ont des maris, des épouses, des enfants, et qui mettent bien souvent ces personnes de côté au profit des citoyens, pour qu’eux puissent retrouver leurs amis, familles et enfants.
    Alors oui, nous sommes armés, oui nous sommes volontaires, oui nous sommes payés pour faire respecter la Loi car force doit rester à la Loi, mais s’il vous plait, arrêtez d’avoir une vision aussi minimaliste d’un métier dont visiblement vous ne connaissez rien d’autres que ce que les médias colportent, ou que ce que votre ami qui a grillé un feu rouge et qui s’est fait verbalisé vous a raconté.
    Arrêtez de comparer un accident de travail avec un homicide aggravé !!!
    Il faut, outre le fait de vouloir s’en prendre à l’Etat ou à l’autorité incarné par le Policier, avoir envie de tuer un être humain pour tirer sur un homme.
    Les Français sont de plus en plus réfractaires aux notions d’ordre et d’autorité. Que penseriez vous si la Police ne répondait plus au « 17 », au même titre que les enseignants exerce leur droit de retrait lors de l’agression de l’un d’eux ?
    Que feriez vous sans Police ?

  14. Clafoutis

    @ Péhène
    Ça m’aurait étonné que vous ne réagissiez point !
    Allons, un peu de logique :
    – Si l’on vous confie une arme et la formation qui va avec, c’est bien que cela peut vous être nécessaire pour accomplir votre métier/vocation
    – Et l’on ne vous donne une arme que parce que ceux que vous êtes chargés de mettre hors d’état de nuire – et remettre à la justice, seule autorisée à punir – peuvent aussi être armés.
    – L’usage des armes vous est donc autorisé, avec deux restrictions
    . en conformité avec la loi démocratique
    . usage minimaliste (c’est déjà dans la loi, mais il vaut mieux le redire)
    Après, on ne peut plus rien pour vous : que le meilleur gagne (et on espère bien que ce sera toujours vous).
    Si vous perdez, vous pouvez (et nous pouvons) vous en prendre à vous-même (insuffisance physique ou intellectuelle), à vos supérieurs (organisation, moyens mis en œuvre, informations), voire à la législation (attention de résister à la tentation de vouloir évacuer trop vite les restrictions ci-dessus).
    Eh oui : il est logique qu’il y ait davantage de tués par balle parmi les policiers/militaires que parmi les ouvriers boulangers – alors que dans l’idéal, il ne devrait y en avoir aucun !
    De toutes façons, ne rêvons pas : les cimetières de l’Ouest sauvage et lointain sont prématurément remplis de tireurs experts, avec ou sans étoile.

    @ Arnaud
    « En 1995, l’EPIGN puis le GIGN avaient bien fait les choses avec Kelkal puis à Marignane…Exemple à suivre? »

    Comme disait Oscar Wilde « je résiste à tout sauf à la tentation ».

    « Exemple à suivre ? » De loin, de très loin. Sinon on tombe dans la facilité – qui est pire que la paresse.
    Eh oui, c’est un métier pas facile. Mais c’est vous qui l’avez choisi. Assumez-le.
    Et surtout, faites-le correctement. Sinon c’est pire que de ne pas le faire du tout.

    Wikipédia :
    « La mort de Kelkal a été filmée et montrée à la télévision. De ces images s’ensuit une polémique sur les raisons exactes de sa mort. Sur le film, on constate que les gendarmes sont à proximité du corps, et on entend l’un d’eux s’écrier « Finis-le, finis-le » (20H d’Antenne 2 le 30 septembre 1995)[6]. Cependant, il semble que Kelkal blessé aux jambes, les gendarmes aient réagi en état de légitime défense au fait que Kelkal les ait visés avec son arme. De plus, il est à noter que, contrairement aux policiers, les gendarmes sont, à cette époque, autorisés à faire usage de leur arme même s’ils ne sont pas en état de légitime défense (décret du 20 mai 1903)[7]. »

    Au fait,par quelle étrange pudeur le valeureux excité dit-il « Finis-le » au lieu du plus concret « Tue-le » ? Mmmh ?

  15. chicken run

    Arnal commet la même erreur qu’une partie du grand public. Comparer un ouvrier de chantier qui se tue pendant son travail donc un accident, et un policier qui se fait tuer, un homicide, n’a pas de sens.

    Le but du policier est double, protéger les citoyens, et rentrer chez lui, donc ne pas rester sur le carreau.

    Mais bon comme d’habitude en France la leçon est facile tant que l’on a pas parmi ses proches un policier ou un militaire…

  16. nomade

    Fort triste histoire, car rencontre et télescopage de deux réalités qui n’auraient pas dû se croiser. Le maillon sensé être le plus fort a sauté, et l’inconnue n’était pas celle que l’on pouvait attendre.
    Le policier a peut-être commis une erreur en poursuivant seul la simple « verbalisable ». Je ne pense pas que ce risque soit à nouveau possible, car la méfiance est devenue la règle.
    Très triste…

  17. Arnaud

    Péhène je vous rejoins dans votre commentaire sur Arnal. Vous voyez qu’on peut s’entendre pour une fois! 🙂
    Dison, qu’Arnal ne sait pas de quoi il parle ou alors sous l’influence de produits hallucinogènes.
    Bref, passons.

    Quant à cette dame, une terroriste, c’est toujours la même histoire avec ces gens là. En général ce sont des assassins qui n’hésitent pas à passer froidement à l’acte au nom de leur « guerre ».
    Et quelques années après certains se battent pour les faire sortir de prison car ils sont malades(cf. Menigon) ou ne pas les extrader vers un pays de l’UE dans lequel ils encourent une peine de prison pour assassinat(cf. Petrella condamnée à la perpetuité pour le meurtre d’un commissaire).
    On peut imaginer qu’il y’aura de bonnes âmes pour pardonner à l’ETA le meurtre du brigadier-chef. J’en prends le pari.
    En attendant, des des gens qui ne demandaient rien ont été tués et des familles brisées.
    En 1995, l’EPIGN puis le GIGN avaient bien fait les choses avec Kelkal puis à Marignane…Exemple à suivre?

  18. Julia

    @Vieux : Furcht veut dire crainte, pas audace. Audace serait waghalsigkeit.

  19. Péhène

    Excellente intervention d’Arnal à qui je laisse le soin de relire son papier. Peut-être, dans un moment de lucidité, arrivera t-il à déceler toute la niaiserie de son propos ?

  20. Arnal

    Bonjour

    je suis toujours aussi surpris du fait qu’on s’indigne de la mort d’un flic ou d’un militaire!
    Mais n’est-ce pas un risque inhérent à leur métier?
    Qu’un prof soit poignardé dans l’exercice de ses fonctions est bien plus grave. Ce qui veut pas dire que la vie de l’un vaille plus que celle de l’autre. Mais si un flic ou militaire ne veut pas être victime d’une balle qu’ils fassent autre chose. Et pire encore tous ces ouvriers qui meurent sur des chantiers ou des produits toxiques qu’ils inhalent tous les jours!!! Sérieux chacun son risque et le bandit aussi qui meurt sous les balles de flics racistes (eh oui y en a)!!!!
    Bonne journée dormez tranquille la police veille sur vous

  21. Fariolet

    Votre récit est suffisamment pathétique pour supporter quelques imprécisions. Il donne l’occasion de se remémorer le fanatisme morbide de quelques groupuscules qui ont assassiné, au nom d’idéologies plus que fumeuses, en Italie, en Allemagne et en France (Action Directe).

  22. gilgamesch

    Bonjour
    @ Will
    si vous pouviez la fermer non?
    merci

  23. La frite berlinoise

    Je n’ai jamais été aussi intrépide

  24. Will

    Si le dénommé AJ pouvait nous épargner ses commentaires débiles et sans intérêt qu’il poste partout sur les blogs du Monde..merci !

  25. AJ

    Excellente histoire, triste surtout mais tellement bien racontée.

    En 1981, j’étais bébé !

    http://wp.me/pERCo-1bo

  26. anonyme

    Une bonne morale de cette affaire aurait été que la formation des policiers soit adaptée … Mai je ne pense pas qu’un jeune policier sorti de l’école maintenant soit mieux formé qu’il y a 25 ans …

  27. erka

    pas de chance pour votre collègue, son assassin(e) est une gauchiste, donc à priori « excusable » par toute la bien-pensance nationale.Merci d’avoir publié ce récit.J’espère qu’elle le lira un jour….envoyez-le lui, il doit y avoir moyen de la retrouver.

  28. Vieux

    D’accord avec Julia : «Nie war ich furchtloser», je n’ai jamais aussi peu manqué d’audace, je n’ai jamais été aussi audacieuse, courageuse.
    Une explication, je ne justifie rien, je voudrais juste rendre son point de vue : elle faisait la guerre, Francis Violleau était agent de la paix. Elle peut regretter d’avoir fait la guerre, regretter que Francis Violleau ait été armé, regretter de s’être trouvée là, regretter d’avoir roulé sans casque, regretter de n’avoir pas été prise au sérieux. Elle peut regretter, et après ? Vu sa situation, elle n’a pas commis de faute, elle aurait commis une faute si elle s’était fait prendre, puisqu’elle faisait la guerre. Pour nous qui n’avons rien à voir avec sa guerre, elle a commis un crime.

  29. Julia

    Furchtlos veut dire sans crainte, la traduction correcte serait donc (dans un français merveilleux) : Je n’ai jamais été autant sans crainte. Ca veut dire le contraire de la traduction (qui ressemble à du free traducteur…) que vous apportez. La votre sous-entent qu’elle avait peur alors que nie war ich furchtloser veut dire que jamais au cours de sa vie elle n’a connu de période aussi exempte de crainte.

  30. gilgamesch

    Bonjour
    j’ai une question hors-sujet: comment met-on de la musique avec Deezer sur un blog du Monde, j’arrive pas
    merci

  31. janssen j-j

    Eh bien merci GM, pour ce travail dominical de reconstruction de cette triste histoire.
    Il n’y a hélas aucune morale particulière à en tirer. L’histoire n’apprend jamais rien aux victimes et aux bourreaux. Ils sont interchangeables selon les circonstances historiques et le côté de la barrière d’où ils étaient, d’où ils sont, d’où ils se tiennent, et d’où ils restent.

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