Une jeune femme oublie un document sur une chaise, dans un jardin public. Peu après, la belle étourdie entre au gouvernement. Si j’ai bien compris, c’est le début de l’intrigue du roman de Jean-Louis Debré, Quand les brochets font courir les carpes, aux éditions Fayard. Je vais être franc, je ne l’ai pas lu. Mais si l’on devait parler que des choses que l’on connaît, on pourrait supprimer la moitié des blogs. Dont celui-ci.
Anne Fulda, dans Le Figaro.fr, a rédigé un long article à propos de ce livre, et surtout de son auteur, sans qu’on réussisse à savoir si elle l’avait apprécié (le livre). En tout cas, à la lecture des commentaires qui accompagnent l’article, on voit combien Debré est vilipendé… J’en cite un. Il est de Coriolan : « Bravo pour l’exploit, Madame Fulda… C’est la première fois que je vois l’épithète de » subtil » accolé à Monsieur Debré. » On trouve pourtant dans ce texte des choses touchantes sur la jeunesse de Debré. On apprend par exemple qu’il a été l’un des rares (en dehors des gens du Canard Enchaîné) à appeler madame De Gaulle « Tante Yvonne »…
Donc, je n’ai pas lu le dernier roman de Debré. En revanche, j’ai lu son premier, Le curieux, paru à Edition°1. Il avait eu la gentillesse de me l’offrir, alors qu’il quittait la magistrature pour entrer à l’assemblée nationale. C’était en 1986. Evidemment, les mauvais esprits n’ont retenu de ce texte qu’une étrange similitude entre le nom d’une péripatéticienne et celui d’un ancien Premier ministre… Perso, j’ai gardé en mémoire cette citation : « La vie est composée de peu d’originaux et de beaucoup de copies. » Honnêtement, le bouquin n’était pas mauvais. Il valait bien d’autres polars dont souvent les auteurs n’ont que le mérite d’appartenir à telle ou telle camarilla. En tout cas, il valait ceux que j’ai pu écrire.
Donc, moi, ça ne me gêne pas que le président du Conseil constitutionnel écrive un roman policier. Je trouve même ça plutôt sympa. En revanche, Debré est l’auteur de choses moins anodines… Comme cette décision qu’il a fait adopter à l’assemblée nationale, avant de quitter « le perchoir »…
C’était début 2007 : les députés non réélus aux prochaines élections législatives (juin 2007) pourront percevoir leur indemnité parlementaire pendant 60 mois au lieu de 6 mois… Soit une allocation chômage nette mensuelle d’environ 5.200€ pour les 6 premiers mois, ensuite une indemnité dégressive : 70%, 60%, etc. Sans doute l’une des rares décisions à avoir fait l’unanimité sur tous les rangs de l’assemblée nationale.
L’exploit a été mentionné par Le Canard en février. Puis, plus rien ! Très bizarrement aucun journal, aucune radio, aucune télé, n’a semble-t-il parlé de cet avantage exorbitant, ce droit au chômage hors norme que s’étaient « auto-votés » nos vaillants députés. Rappelons que le commun des mortels bénéficie d’une indemnité chômage d’une durée maximale de 23 mois, pour une allocation moyenne de 800€.
Il semble qu’il existe une certaine connivence entre les hommes politiques et la presse. Lorsque les députés ont supprimé les niches fiscales, comme les frais spécifiques que pouvaient déduire les comédiens, les scénaristes, les écrivains… aucun n’a mentionné les journalistes.
C’est donc l’une des dernières niches fiscales : l’heureux détenteur d’une carte de presse peut déduire une somme forfaitaire de 7.500€ de ses revenus… Les fonctionnaires du fisc ont eu du mal à avaler la pilule : les journalistes sont en effet les seuls salariés qui inscrivent sur leur feuille d’impôt un montant inférieur à leurs revenus réels. Elle est pas belle, la vie !
On dit de la presse qu’elle est le quatrième pouvoir, en tout cas, elle est dans le moule.
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