Début janvier 2008, Robert (j’ai changé le prénom) fête ses seize ans. Comme cadeau d’anniversaire, il souhaite suivre la préparation à la conduite accompagnée. Ses parents sont d’accord. Son père lui propose même un petit galop d’essai.
Les faits se passent dans un petit village de Normandie. Le jeune homme se met au volant, le papa à ses côtés. Et ils font le tour du hameau.
Eh, bien sûr, ce qui devait arriver… Les gendarmes arrêtent le véhicule.
Contrôle d’état-civil. Le père explique. Contrôle de l’état de la voiture. Discussion entre les deux gendarmes. Le bon et le méchant ? Convocation du père et du fils pour le lendemain matin.
Peut-être le méchant aurait-il voulu aller plus vite et mettre le jeune homme en garde à vue. Après tout, il s’était rendu coupable d’un délit.
Rappelons que depuis la loi du 9 mars 2004, dite loi Perben II, la conduite sans permis est un délit punissable d’un an d’emprisonnement et d’une amende de 15.000€. Or, depuis quelques heures, le jeune délinquant a seize ans révolus. Un âge charnière dans la grille pénale.
Et peut-être le bon aurait-il voulu fermer les yeux…
En tout cas, le lendemain matin, le méchant a gagné. Ce devait être le plus gradé. Les gendarmes enregistrent l’audition du père et dans un bureau voisin l’audition de son fils. Puis on passe l’enfant à la moulinette : Photo de face, de profil, relevé décadactylaire des empreintes digitales, et (probablement car le pauvre était dans un tel état qu’il n’a pas de souvenirs précis) prélèvement de son ADN.
Un mois plus tard, Robert est convoqué par la justice.
D’entrée, le substitut du procureur se montre bon enfant. Il lui dit : « Alors mon garçon, on conduit sans permis… ». Puis gentiment, il cherche à rassurer le jeune homme. « Allez, ce n’est pas si grave… Je te propose d’effectuer une journée de « travail d’intérêt général »… pour te punir de ton imprudence. Tu es d’accord ? » Bien sûr qu’il est d’accord, le Robert. Lui qui se voyait déjà derrière les barreaux.
Lorsqu’on m’a rapporté cette mésaventure, je me suis dit qu’il est quand même rassurant de croiser des hommes, des fonctionnaires, capables de faire front et de réagir selon leur conviction, loin du blabla officiel. Un enfant fautif se présente devant un magistrat et ce magistrat le reçoit comme un enfant… Et pour cet ado qu’il ne connaît pas, il humanise les lois, des lois votées par des gens détachés de la réalité – des lois désincarnées. Je ne sais pas sur quel article du Code pénal le substitut s’est appuyé pour prendre sa décision, je ne suis même sûr que cet article existe, mais je lui tire mon chapeau.
Avant de renvoyer Robert à ses études, il a même ajouté qu’il n’y aurait aucune trace au casier judiciaire. Et dieu sait si c’est important pour un petit homme au seuil de la vie professionnelle !
Mais qu’en est-il des fichiers informatisés de la gendarmerie ? Ces traces-là, elles sont à vie. Je veux penser que ces deux gendarmes, le bon et le méchant, jouaient un rôle, juste pour impressionner le garçon, pour lui faire peur, pour lui mettre du plomb dans la tête. En un mot, qu’ils ont fait semblant, qu’ils se sont déguisés en croquemitaines pour la circonstance et qu’à peine Robert sorti de la gendarmerie, en souriant, ils ont jeté le dossier anthropométrique dans la corbeille à papiers.
Ouais, je veux le penser.
J’aimerai un monde où il n’y ait que des gentils ,un monde où chacun respecte l’autre ,un monde sans coupable ,il n’y aurait aucune ,aucune victime,sans violence ,sans vie brisée
Mais ,où il est ce monde là?
Dans notre espoir d’ideal ,dans le coeur de certains ,mais la vie ,vous le savez bien ,ce n’est pas tout à fait ça!!!
De l’humanité ,de la tolérance il y en a toujours eu ,parfois pas assez peut être….
Mais peut on tolerer le nom respect de la vie dans un pays où c’est l’entité qui devrait etre le plus respectée ,?????????
Peut on, doit on , se passer des progrés scientifiques au nom des libertés ??????????
Alors ,on essaie ,un pas en avant ,un pas en arrière, de trouver des « formules » qui puissent emmener à « un bon vivre ensemble »dans le respect de toutes les individualités….
Le père de Robert n’est pas très malin. Même si sa proposition partait d’un bon sentiment, Robert n’avait pas besoin de galop d’essai pour suivre la préparation à la conduite accompagnée. Cette histoire se termine finalement bien pour tout le monde, même s’il doit rester une petite trace sur Judex. Qu’auriez vous écrit si par malheur un enfant avait traversé en courant la rue pour finir encastré dans le pare-choc du sympathique mais non moins inexpérimenté Robert ? Les lois sont là pour nous préserver de la méchanceté mais aussi de l’inconséquence des autres.