LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

L'antigang arrête un violeur

La fameuse brigade antigang, celle dont on parle beaucoup depuis la sortie du film sur Mesrine, vient de se distinguer de nouveau en arrêtant un… violeur.

Je pense qu’il s’agit d’une première pour cette brigade d’élite qu’on imagine plus facilement intervenir l’arme à la main, dans de périlleusesoperation-police-et-gendarmerie_militaryphotos.1225350141.jpg situations dignes d’un polar américain.

On a peu de détails sur cette opération de haut vol. Je suppose que les policiers ont tout bonnement sonné à la porte du délinquant, boulevard Raspail, à Paris, comme l’aurait fait n’importe quel flic de quartier.

Avant l’heure H, il y a eu probablement une réunion de crise au 36 quai des Orfèvres : l’état-major de la PJ, le procureur… Avec un ordre du jour qui vient de haut, de très haut : Comment remettre sous les verrous ce Jorge Montes, libéré à tort pour une déplorable faute de frappe…

On imagine ces pontifes en train de se pressurer le citron dans un brainstorming angoissant. Et puis, alors qu’ils voient déjà leur carrière ratatinée : « IL ne nous pardonnera jamais », gémissent-ils, un vieux briscard lève timidement le doigt. « J’ai bien une petite idée », marmonne-t-il timidement. Il agite un dossier, un maigre dossier d’une page, retiré des piles de dossiers qui envahissent son bureau. C’est la plainte d’un homme qui a été menacé d’un couteau, il y a de cela plusieurs mois. Mais oui, bien sûr… ! Ce Jorge Montes colle parfaitement avec la description de l’agresseur ! Il suffit de rayer la mention « vaines recherches ».

jorge-montes_lepoint.1225350378.jpgSi l’on oublie la morale pour se placer sur le strict plan du droit, on peut se dire qu’on a ici instrumentalisé le Code de procédure pénale. Cette arrestation et cette garde à vue sont à l’évidence de circonstance. Mais cette fois, Jorge Montes n’y échappera pas. Aucun recours n’est possible, car la garde à vue est laissée à la seule initiative de l’officier de police judiciaire, c’est ce que confirme une jurisprudence constante.

N’empêche que même si le mobile est juste, il n’est pas forcément sain pour une démocratie de tripatouiller « l’esprit des lois » afin de les adapter aux circonstances du moment.

8 Comments

  1. pinsou

    J’ai trouvé un article où il était question « de tordre le droit pour sauver un avocat » …, donc des  » exceptions » il y en a dans les deux cas ,et il me semble aussi qu’une erreur d’un zéro de plus dans le cotât d’une peine avait été « rectifiée » sans une volée de tollés…
    Donc ,l’homme peut forcement faire des erreurs ,c’est humain ,le tout est de les reconnaître pour pouvoir les rectifier et d’essayer de s’améliorer..

  2. Wajdi

    C’est pas un peu « latin » cette façon de faire de la justice. Une bourde par-ci, une magouille légitime pour rattrapper le coup, hop c’est réglé. C’est assez poétique. Pas très rigoureux. C’est un choix de société on va dire.

  3. steph louis

    Vous parlez des erreurs, que desormais seront corriges, je crois que toutes ces opinions ne sont pas des femmes (victimes potenciels de cette delinquant) si non des hommes que ne demandent dans son entourage combient de ses amies ont passes par des experiences que sans devenir une agresion sexuel, restent
    des tres mauvaise experiences.
    Je vous promet ce monsieur, il est très dangereux, c’est pour ça qu’on ne envoie pas des gardiens de la paix pur le chercher.informez vous un peu SVP

  4. titi

    Il y a eu de nombreuses tentatives de suicide ,parfois hélas réussies ,dans les prisons cette année ,
    Savez vous combien de victimes de viols ont mis fin à leurs jours cette année ??Beaucoup ,beaucoup trop..
    Le chiffre exact ne peut être connu ,car les êtres brisés au plus profond d’eux mêmes ,ne peuvent parfois se confier ,et préfèrent faire taire leur douleur à jamais
    Parmi les suicides en prison ,il doit y avoir des victimes de ces crimes ,mais il y en a plus encore , je crois, hors des prisons ..
    Alors ,voir cet homme rire de se voir si facilement libre , sans conscience des dégâts qu’il a commis ,ne me tire pas beaucoup de sentiments pour défendre « ses droits », lui qui bafoue si facilement celui de ses victimes , qui peut être ne riront plus jamais…

  5. Marc Louboutin

    Ce qui est savoureux, dans cette histoire, c’est qu’à l’annonce même de l’interpellation, la prolongation de garde à vue était déjà annoncée dans les médias pour que le « timing » soit bon.
    Étonnamment, personne ne s’est inquiété de cette « manipulation » du code de procédure pénale…la prolongation de garde à vue devant être dument motivée dans le cadre de « l’enquête » en cours et approuvée formellement et par écrit par le Procureur de la République compétent à l’issue des premières 24h00 de GAV.
    Qu’importe, l’important était que le susnommé soit « sous main de justice » pour reprendre l’expression de Mme Dati.
    CQFD

  6. jmdesp

    J’ai oublié de le préciser dans le message précédent, mais j’aurais vu une solution beaucoup plus élégante.

    Décréter qu’en raison des risques (je pense en particulier au risque que quelqu’un offusqué par la remise en liberté de Montés viennent s’en prendre à lui tout comme pour René Bousquet qui a été assassiné avant son procès), Montés a besoin d’une protection policière constante, et mettre quelqu’un en bas de son domicile ainsi que pour l’accompagner partout où il va.

    Ainsi il n’y aurait aucune procédure abusive, mais quand même l’impossibilité matérielle pour Montès de commettre un quelconque actes délictueux, ou d’échapper aux mesures de contrôle judiciaire qui lui sont imposées pendant sa mise en liberté jusqu’à son procès.

    Ca aurait un coût important, mais à circonstances exceptionnelle (faut-il rappeler que Montès est en liberté, non pas juste parce que le juge s’est trompé, mais parce que personne, ni les greffiers, mais surtout une fois publié ni le procureur, ni les avocats des parties civiles, n’a remarqué cette erreur dans le délai de 5 jours où il était possible de renvoyer la décision devant la cour de cassation pour que celle-ci la casse vu son caractère manifeste ?), moyens exceptionnels.

  7. gabian

     » il n’est pas forcément sain pour une démocratie de tripatouiller l’esprit des lois afin de les adapter aux circonstances du moment. »

    A la nuance près que c’est une position de principe, utile à rappeler, et qu’elle est allègrement violée des milliers de fois tous les jours.

    Cette fois, ça s’est vu car c’est énorme, mais surtout tout le monde s’en contrefout car ça concerne un violeur ‘présumé’. (Tiens, au fait, pourquoi rappeler dans TOUS les articles de presse que le type est un Français d’origine Uruguayenne ?)

    L’esprit des lois est tordu tous les jours, par les policiers comme par les juges et les avocats, c’est d’ailleurs tout à fait normal : c’est le conflit entre les intérêts de tous qui crée l’Etat de droit (Montesquieu, en version digest…).

    D’ailleurs, l’essentiel des anecdotes croustillantes dont vous pourriez nous faire part (j’adore ce type d’histoires) tient à ça : comment on les a eus, sur ce coup ! Juste en utilisant le droit, en lui tordant légèrement l’article idoine, on a arrêté le méchant, yyyyyes !

    Et je trouve cela très sain, la compétition se devant d’être encadrée sévèrement.

    Désolé pour la longueur du commentaire (et encore, je me suis réfréné !).

    Gabian, tout nouveau lecteur.

  8. jmdesp

    Oui, mais la garde à vue dure uniquement 48 heures ?

    A moins qu’ils ne tordent en plus le dossier pour prononcer ensuite une détention provisoire ?

    Honnêtement si ça se passe comme cela finalement, nous mériterions d’être condamné par la Cour de justice des Communautés européennes pour détention arbitraire.

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