LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

La police de proximité

Pour beaucoup, la police de proximité (la polprox) consiste à attribuer police-de-proximite_photopp.1200396076.jpgun secteur géographique à des policiers, toujours les mêmes (un peu comme les contractuels), afin que s’établisse un contact entre la population et « sa » police. L’image simpliste du flic qui serre la paluche au boucher…

C’est un peu plus compliqué.

La promotion 1998-2000 de l’ENA en donne la définition suivante : « Il s’agit d’une réorganisation de la police nationale pour donner une réponse policière adaptée aux besoins de la population. […] Cette réforme globale vise à garantir le droit à la sécurité sur l’ensemble du territoire par une réponse policière adaptée aux besoins de la population. La novation s’entend d’abord en matière d’organisation interne. Elle recouvre ensuite le réinvestissement par la police du territoire local, et l’ouverture de la police aux partenariats avec les autres acteurs de la sécurité, au point de constituer une véritable « révolution culturelle » pour l’institution… »

Qu’on le veuille ou non, les premières pierres de cette réforme sont posées par Charles Pasqua, en 1995. Alors ministre de l’intérieur du gouvernement d’Edouard Balladur, il envisage la création d’une police de proximité.

Jean-Pierre Chevènement reprend le flambeau, et, deux ans plus tard, en octobre 1997, lors du colloque de Villepinte, le gouvernement de Lionel Jospin annonce des mesures pour combattre l’insécurité et la violence urbaine. Notamment la création d’un conseil de sécurité intérieur et le redéploiement de la police nationale vers les quartiers difficiles. De fait, il s’agit des premiers pas vers la mise en place d’une police de proximité.

En 1999, il existe 59 sites expérimentaux de polprox, répartis sur 33 départements. Trop tôt pour faire un bilan. Mais Daniel Vaillant affirme que « la réforme de police de proximité sera conduite à son terme ». Dans le même temps, il rappelle son refus de voir se développer les polices municipales.

En janvier 2001, Lionel Jospin en ajoute une couche en affirmant devant les députés, à l’assemblée nationale, que la police municipale est une fausse solution. « Sherifiser la police, ce n’est pas la tradition républicaine de l’État en France. »

Pourtant, cette même année, plusieurs maires (dont Jean-Pierre Chevènement, à Belfort) prennent des mesures pour limiter, dans certaines conditions, la libre circulation des mineurs. Et à l’occasion de différents recours, le Conseil d’État rappelle les pouvoirs de police du maire.

En 2002, le journal Libération écrit : « Nicolas Sarkozy fait du passé table rase et tue dans l’oeuf une police de proximité qui se met en place depuis trois ans… » Pourtant, malgré des déclarations à l’emporte-pièce, le nouveau ministre de l’intérieur ne revient pas sur les contrats locaux de sécurité (CLS), créés en 1997, dans la perspective d’une police de proximité. Rappelons qu’un CLS est un accord signé entre le préfet, le procureur de la république et le maire (et éventuellement d’autres acteurs locaux) pour définir un plan d’action de la police, de la gendarmerie et de la justice. La base même de la police de proximité. Il en existe pas loin de mille aujourd’hui. De plus, en 2003, ce même Sarkozy met en place « l’observatoire nationale de la délinquance », organisme voulu par son prédécesseur, chargé de rendre compte de l’évolution de la délinquance.belle-arrestation_opgie2003free.jpg

En politique, il y a le verbe et les faits.

Ce petit récapitulatif (qui est loin d’être exhaustif) m’a semblé intéressant aujourd’hui, alors qu’on revient à une certaine forme de polprox, même si l’on tait le nom. On peut d’ailleurs difficilement faire autrement, tant il s’agit d’une évolution normale de notre police dans la société. La gauche avait sans doute raison dans ce domaine, mais elle a eu tort d’exclure de cette réforme la police municipale. D’ailleurs, dans certaines villes, même socialistes, depuis 2002, de fait, la police de proximité est assurée par des agents de la police municipale – et cela ne gêne personne.

 

3 Comments

  1. cow boy

    Le « cap « sécuritaire ,au sein de la direction du PS ,est conservé coûte que coûte malgré les preuves formelles apportées par les rapports concernant l’évaluation de l’éfficacité de cette police de proximité.Tout comme l’éfficacité des 35 heures sur les embauches et les salaires rognés dans le privé.Ce qui pose beaucoup de questions sur un futur proche.

  2. Georges Moréas

    Vous avez raison ! Vu la ressemblance… troublante, j’aurais dû préciser qu’il ne s’agissait pas de Simone de Beauvoir.
    GM

  3. jehaismesvoisins

    Euh… les uniformes qui encadrent les fesses nues de la dame, c’est pour illustrer la police de (très grande) proximité? Il y a un rapport? Qu’en penserait Simone de Beauvoir?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2024 POLICEtcetera

Theme by Anders NorenUp ↑