LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

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Les officiers de police s’estiment trop nombreux…

Cela peut sembler paradoxal au moment même où le ministère de l’Intérieur sort un bilan de la RGPP dont la mesure phare est le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. En fait, les anciens inspecteurs font référence à un protocole d’accord de 2004 lié à la réforme des corps et des carrières voulue par Nicolas Sarkozy. Il était prévu dans ce texte que le nombre des officiers soit ramené à 9 000 en 2012 : une déperdition de plus de 5 400 postes. Mais, parallèlement, le nombre de gradés et gardiens, et des fonctionnaires de soutien, devait augmenter d’environ 10 000. À ce jour, le compte n’y est pas.

Alors que, dans les commissariats, on commence à souffrir cruellement du manque d’effectifs, cette volonté de dégonfler le corps des officiers semble anachronique… Une apparente ambigüité car l’objectif était de revaloriser leur carrière. En haut de l’échelle, le nombre de commissaires devait être ramené à 1600. Aujourd’hui, les officiers les soupçonnent de faire du lobbying pour faire traîner les choses. C’est peut-être vrai, après tout chacun défend ses intérêts… Pourtant, le corps des commissaires est en constante perte de vitesse. La 62° promotion, celle qui sortira en 2012, compte 39 élèves dont la moitié a été recrutée par concours externe (Bac+5) et l’autre moitié par voie interne. Et cette année, seulement 28 candidats ont réussi le concours (interne et externe).

Il s’agissait donc, par cette réforme, d’aspirer par le haut l’ensemble des policiers. Mais, du coup, la base est dégarnie. Aussi la position du syndicat Alliance semble avoir l’oreille du ministre : intégrer dans la police les adjoints de sécurité (ADS). « Ils pourraient ainsi réaliser des tâches opérationnelles aujourd’hui déléguées aux gardiens et gradés, qui pourraient se recentrer sur leur cœur de métier ». Alors que pour l’instant, à l’issue de leur contrat (3 ans renouvelables une fois), ces jeunes gens doivent quitter la police au moment où ils commencent à connaître le métier.

Donc, sur le papier, les officiers de police ont obtenu ce qu’ils voulaient. On leur a promis de fermer la porte derrière eux en limitant le nombre de postes et en rehaussant le niveau d’entrée (Bac+3). En réalité, et à la suite d’un nouveau protocole signé en 2007, ils ont l’impression de s’être faits avoir. Devenus cadres, ils sont désormais corvéables à merci, et, comme les effectifs globaux et les moyens ne cessent de diminuer pour cause de RGPP, ils ont encore plus de boulot qu’avant.

Dans son rapport du 14 décembre 2011, le ministère de l’Intérieur rend d’ailleurs compte de la mise en place de la RGPP au sein de la « Grande maison ». Avec un thème fort : « Recentrer les forces de sécurité sur leur cœur de métier ». Et pour cela on écarte les missions annexes. Mais est-ce vraiment une source d’économie ou un simple effet d’annonce destiné à ces nouveaux dieux : les marchés ? Car si, par exemple, on transfère les gardes statiques au secteur privé, il faut quand même payer les gens qui les assument. Et le convoyage des détenus, quelle importance pour les caisses de l’État qu’il soit assuré par des policiers ou par des fonctionnaires de l’administration pénitentiaire ?

Alors, est-ce qu’on nous berlure ? Je le crois bien. Car le problème n’est pas le nombre de fonctionnaires, mais le nombre de retraités. L’administration centrale compte en effet plus de pensionnés que d’agents en activité. Et, pour avoir une comptabilité saine, dès le recrutement d’un fonctionnaire, l’État devrait commencer à « économiser » l’argent nécessaire pour payer sa retraite.

Or, l’État ne cotise pas pour les retraites des fonctionnaires, elles sont financées par les impôts. Et comme il n’existe en principe aucun risque d’insolvabilité, il n’a pas besoin de se constituer une épargne de précaution. On parle quand même d’une dette annuelle et récurrente proche des 50 milliards d’euros… Ce qui fait dire aux analystes financiers que si l’État, comme une entreprise privée, devait provisionner dans ses comptes l’argent qu’il doit à ses anciens salariés, on ne se poserait pas la question de savoir si l’on va perdre un A ou non. La France serait en dépôt de bilan.

Le fusil à pompe dans la police : une longue histoire

À défaut de renforts, les policiers vont obtenir des fusils à pompe. Quelle que soit la tristesse de perdre l’un de leur collègue, plusieurs syndicats ont manifesté leurs réserves devant cette décision prise sous le coup de l’émotion. La ficelle est un peu grosse, mais le procédé n’est pas nouveau. Au début des  années 80, alors que les attentats terroristes se multipliaient en France et que plusieurs policiers avaient trouvé la mort, Gaston Defferre, alors ministre de l’Intérieur, s’était engagé dans la même direction. Ou du moins, avait-il décidé de lancer une table ronde, à laquelle j’avais participé, pour réfléchir à l’utilisation du fusil à pompe par les forces de l’ordre, voire pour remplacer le pistolet-mitrailleur, la fameuse MAT 49. Cela avait donné lieu à une étude et à des essais très poussés en présence de policiers de tous les grades et de représentants syndicaux.

À l’époque, plusieurs pays européens avaient déjà adopté cette arme, mais uniquement pour les unités spécialisées chargées de la lutte contre le grand banditisme et le terrorisme. En revanche, aux États-Unis, de nombreux services en étaient dotée : gardes statiques, patrouilles, interventions, ordre public… Le fusil de type Riot Gun (fusil anti-émeute) était considéré là-bas comme la « bonne à tout faire » de la police. Quand je pense qu’à l’origine il s’agissait d’un fusil de chasse adapté pour abattre les pigeons voyageurs qui portaient, durant les conflits, des messages au-delà des lignes ennemies…

Quels sont les avantages et les inconvénients du Riot Gun ?

C’est une arme voyante et impressionnante, surtout au bruit de la manœuvre d’armement. Elle entraîne un triple effet psychologique : rassurant pour celui qui la tient, dissuasif pour celui qui est en face, inquiétant pour le public. Mais faire croire à un policier qu’avec une telle arme il peut se confronter à un adversaire qui le braque avec un fusil d’assaut comme une Kalachnikov, c’est l’envoyer au casse-pipe. En revanche, à quelques dizaines de mètres, avec la munition appropriée, elle peut permettre d’immobiliser un véhicule. Et c’est bien l’avantage et l’inconvénient de cette arme : ses possibilités dépendent essentiellement du type de cartouches utilisées. Or, sauf dans le cas d’une intervention mûrement réfléchie, les policiers le plus souvent subissent l’événement. Pas question de fignoler.

Quelles cartouches pour le fusil à pompe* ?

La cartouche à plombs n°5, celle le plus souvent utilisée pour la chasse, contient entre 200 et 250 petits plombs. À 3 ou 4 mètres, ils sont encore groupés, ensuite, ils se dispersent. À 40 mètres, la gerbe est éparpillée sur un rayon de 1 mètre 20.
Pour la cartouche à chevrotine 9 grains, la dispersion est deux fois moindre, mais le risque de dégâts collatéraux est encore fort. En revanche, à dix mètres, c’est la mort quasi certaine pour celui qui subit l’impact, au mieux, si c’est un membre qui est touché, c’est l’amputation.

Quant aux cartouches à projectile unique, comme la Brenneke ou la Prevot, elles sont encore plus puissantes et possèdent un effet de choc et un pouvoir de pénétration très importants. Elles peuvent sans difficulté stopper une voiture. Lors des essais, une Prevot a quasiment traversé un muret de parpaings. En revanche, ce même projectile a ricoché sur un mur de béton, et des éclats du mur ont atteint le tireur situé pourtant à 40 mètres.
Sauf à créer une munition spéciale police, c’est pourtant ce type de cartouche qui pourrait équiper les BAC.

Il existe cependant des munitions moins létales dans lesquelles le plomb est remplacé par du caoutchouc. La cartouche à billes multiples ne présente guère d’intérêt, mais celle à bille unique rapproche le fusil à pompe du lanceur de balles, type Flash-Ball.

En fait, l’essai le plus intéressant a été celui de la cartouche à gaz lacrymogène. Capable de perforer la vitre d’un véhicule, son utilisation oblige le conducteur et les passagers à descendre. Sans bobo, si ce n’est les éclats de verre. Or, sortir des malfaiteurs de leur voiture est l’un des moments les plus dangereux lors d’une arrestation.

La majorité des représentants syndicaux se sont dits opposés à l’adoption du fusil à pompe comme arme de police. Parmi leurs remarques, il y avait celle-ci : « Il n’est pas humain d’autoriser l’usage contre les personnes de munitions interdites pour la chasse au gros gibier et susceptibles de causer des blessures particulièrement affreuses. »

C’était en 1982. Aujourd’hui, un syndicat proche du pouvoir le demande et, sans aucune concertation, la décision tombe. Autre époque, autres gens.

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* Les résultats doivent être modulés en fonction de la longueur du canon, voire de l’utilisation d’un choke (rétrécissement de la bouche du canon), mais, en l’état, ces tests des années 80 restent valables.

Qui a volé le téléphone de DSK ?

« M. Strauss-Kahn n’était pas espionné par la police française ! C’est scandaleux de le prétendre aujourd’hui… », vient de déclarer le ministre de l’Intérieur au JDD. Et pourtant, on peut s’interroger…

Dans ce marmitage médiatique autour de DSK, le plus troublant, c’est ce téléphone qui a mystérieusement disparu dans la suite présidentielle du Sofitel de New York. Cela pourrait bien être le nœud de l’affaire. Or, avec le recul, il semble que l’on ait un peu vite zappé sur cette disparition : une pièce du puzzle qui s’emboîte pilepoil dans cette matinée du 14 mai 2011.

M. Strauss-Kahn aurait, explique le journaliste américain Edward Epstein, appelé son épouse avec cet appareil à 10 heures 07, pour lui dire qu’il avait un gros souci avec son BlackBerry, et qu’il désirait le faire examiner par un technicien dès son arrivée à Paris. À 12 heures 28, il quitte l’hôtel. 23 minutes plus tard, pratiquement au moment même où Nafissatou Diallo est prise en charge par le service de sécurité de l’hôtel, l’appareil est désactivé. Ce n’est donc pas lui qui l’a éteint, puisqu’il ne l’avait plus.

Si C pas DSK, CKI ?

Pour tout un chacun, la perte ou le vol de son mobile est un coup dur. On peut y perdre des choses essentielles, comme ses contacts ou ses applications, mais surtout, c’est un bout de sa vie privée qui risque de tomber entre de mauvaises mains. Alors, imaginez, pour le directeur du FMI…  C’est tellement vrai qu’un représentant du Fonds s’est présenté devant les policiers new-yorkais afin d’en demander la restitution. Car on peut faire avouer bien des choses à la mémoire interne d’un téléphone. Ce que les spécialistes appellent la rétro-ingénierie. Toutefois, le plus intéressant, pour quelqu’un de malveillant, ce n’est pas d’autopsier un téléphone, mais l’usage qui en est fait. Et là, c’est beaucoup plus simple.

Aujourd’hui, même si c’est illégal, l’espionnage d’un mobile est un jeu d’enfant. Pour cela, il suffit d’un petit logiciel. Une entreprise suisse tient la corde dans ce domaine. Pour quelques centaines d’euros, elle vous envoie un mail avec une clé pour le téléchargement, le mode d’emploi, et des codes pour accéder à l’espace privé qu’elle vous réserve sur son site. C’est sur cette page qu’il sera possible de suivre en live l’activité de l’appareil placé sous surveillance : lire les SMS et les mails, consulter la liste des appels sortants et entrants, suivre les déplacements GPS sur une carte… Quant aux conversations, elles peuvent être écoutées en direct sur son propre téléphone. Il est même possible de transformer le mobile piégé en micro d’ambiance, ce qui permet de suivre les conversations en dehors de toute communication. Les flics en ont rêvé…

Le portable est un tel cafteur que la société Thales, qui travaille pour la Défense nationale, a été chargée de se pencher sur le problème. Et elle a mis au point l’appareil le plus sûr du monde (?), le Teorem, réservé, dans un premier temps, au président de la République et aux membres du gouvernement. Extérieurement, il a un petit côté rétro, mais à l’intérieur, c’est le must, avec des composants cryptographiques de toute dernière génération. Un bijou dont même le prix est classé top-secret. Là, c’est Dominique Strauss-Kahn qui doit en rêver…

Alors qu’il dirigeait le FMI, le personnage était un véritable globe-trotter. Toujours la valise à la main (j’ai dit la valise). Donc, pas moyen de l’espionner par des méthodes classiques. La « réquise » à Orange, comme pour obtenir les fadettes d’un journaliste, ça ne marchait pas. Le seul moyen était de bidouiller son BlackBerry. Il serait, nous dit-on, tombé du placard en apprenant que l’un de ses messages avait mystérieusement atterri sur le bureau d’un membre de l’UMP. Le parti a démenti. Mais cela n’a guère d’importance, car ce détail lui aurait mis, si j’ose dire, la puce à l’oreille. Par parenthèse, on peut s’étonner de la naïveté de l’un des hommes les plus puissants de la planète et de l’incapacité des services de sécurité du FMI… En tout cas, les policiers qu’il fréquentait à l’époque n’étaient pas de bon conseil, du moins en ce domaine. Cependant, d’après Libération, le commissaire Lagarde l’aurait avisé qu’il était sur écoute. La DCRI, par exemple, sensibilise les hommes politiques ou les hommes d’affaires, notamment lorsqu’ils se déplacent à l’étranger. Premier conseil : ne jamais se séparer de son mobile. Et si c’est une condition imposée (ce qui est de plus en plus fréquent, tant l’espionnite gagne tout le monde), par exemple avant une réunion, elle recommande de retirer la batterie et la carte SIM. Ce qui entre nous n’est pas évident. L’Iphone va-t-il faire renaître la mode de l’épingle au revers de son veston ?

Donc, pour en avoir le cœur net, dès son arrivée en France, DSK compte faire examiner son BlackBerry par un technicien de confiance. Et si les choses s’étaient déroulées comme ça… On peut imaginer, comme dans la série Fringe, un univers parallèle où les gros titres de la presse n’auraient pas fait de lui un pervers accusé de viol, mais un homme politique d’envergure internationale, chouchou des français pour les Présidentielles, victime des barbouzes de son propre pays. Un scandale à l’envers. Ainsi va le monde parallèle…

Téléphone de Bell

Mais revenons sur terre. Si son téléphone était piégé, pour éviter le scandale, il était donc indispensable d’effacer de toute urgence les traces d’espionnage. Soit en l’empruntant quelques minutes, le temps de supprimer le logiciel pirate, soit en le dérobant. Tout cela avant que l’intéressé ne pose le pied sur le sol de notre beau pays. Une décision à prendre en quelques heures… Il fallait donc improviser. Ce qui va à l’encontre de la théorie du complot. On serait juste alors dans une minable affaire d’espionnage. Et le reste ne serait qu’un concours de circonstances. Une opportunité à saisir pour les opposants à M. Strauss-Kahn. Qu’ils soient en France ou aux États-Unis. Tout seul, il s’était mis la tête sous l’eau, on n’allait quand même pas lui tendre la main…

Ce n’est qu’une hypothèse parmi tant d’autres, mais je trouve l’histoire intéressante. Et dans ce cas, qui a volé le téléphone de DSK ? Les Français, les Américains, les Russes… Des tas de gens avaient intérêt à surveiller le directeur du FMI. Et même la justice, puisqu’il apparaissait dans l’affaire du Carlton de Lille. Or, dans une enquête pour proxénétisme en bande organisée, la loi permet aux juges de pirater le téléphone des protagonistes. Mais attention à bien faire la différence entre pirates et corsaires. Les premiers sont des brigands et les seconds sont mandatés par le Roi.

Les assassins face à la police scientifique

Pourquoi l’assassin a-t-il brûlé le corps de la jeune Agnès Marin, si ce n’est par crainte de laisser des traces ADN, ces microscopiques morceaux de nous-mêmes que l’on abandonne à chacun de nos mouvements… À Chambon-sur-Lignon, c’est donc sur des restes calcinés que les enquêteurs ont dû se pencher pour tenter de découvrir des indices. Comme en Ardèche, au mois de juin, lors de l’assassinat d’une lycéenne, Marie-Jeanne Meyer. Question : Les performances de la police scientifique peuvent-elles modifier le comportement des assassins ?

Dans plusieurs affaires criminelles, ces derniers mois, les meurtriers ont tenté de faire disparaître toutes traces de leur acte, soit en utilisant le feu, soit en découpant leur victime. Au mois de juin, à Pau, des morceaux de restes humains ont été découverts sur une rive du Gave : la cuisse du jeune Alexandre, 14 ans, disparu trois semaines plus tôt. Et l’on se souvient du meurtre de Laetitia Perrais, près de Pornic, pour lequel Thierry Meilhon est aujourd’hui emprisonné. Son corps a été démembré avant d’être jeté dans un étang. Des procédés qui étaient auparavant l’apanage des truands ou de certains tueurs au profil bien déterminé et qui semblent devenir monnaie courante.

Autrefois, les assassins s’acharnaient sur la dépouille de leur victime, soit pour faire disparaître le corps soit pour empêcher son identification. Il faut dire qu’alors, il était bien difficile d’identifier un cadavre, surtout calciné ou en état de décomposition. La plupart du temps, on devait se contenter de l’empreinte dentaire ou, parfois, de tenter de récupérer les empreintes digitales, en découpant la peau des doigts. Faire un « gant de peau », comme disaient les techniciens.

Mais aujourd’hui, les criminels ne connaissent pas trop les limites de la police scientifique et, dans le doute, la tentation est forte de faire disparaître le corps de leur victime. Dans un sens, ils ont raison d’avoir peur, car il bien rare que les techniciens ne trouvent pas un indice. Et même un corps carbonisé va livrer ses secrets, d’autant que, souvent, certaines zones sont partiellement épargnées du feu, celles qui sont protégées par plusieurs couches de vêtements, par exemple, ou celles qui sont près du sol. Et l’autopsie, du moins si elle est praticable, permettra malgré tout de voir les blessures et de déterminer la cause du décès.

Lorsque l’on parle police technique et scientifique (PTS), on pense bien sûr à l’ADN, qui a révolutionné les enquêtes criminelles, mais les spécialistes ont bien d’autres cordes à leur arc. Comme la morpho-analyse, c’est-à-dire l’étude des traces de sang « projetées ». Elles peuvent provenir d’une artère ou d’une deuxième blessure. Pour prendre un exemple, le premier coup de couteau provoque une hémorragie interne, mais au deuxième, lorsque l’assassin retire son couteau, le sang gicle. L’étude de ces projections permet parfois de reconstituer les circonstances d’un meurtre, la position des protagonistes, voire le type d’arme utilisée. C’est la spécialité de Dexter, dans la série télévisée qui porte son nom. Et même si on les a essuyées, il demeure des marques, invisibles à l’œil nu, qui peuvent être détectées à l’aide de produits chimiques qui les rendent luminescentes. Autre spécialité, l’entomologie, ou l’étude des insectes, ces petites bêtes nécrophages qui s’attaquent à un corps sans vie. Leur niveau d’évolution permet de dater la mort. La première ponte démarre au bout d’une heure. Sur une scène de crime, on peut également prélever des grains de pollen et des spores. Ce sont des marqueurs de l’environnement. Leur étude peut conduire les enquêteurs sur des suspects qui fréquentent un certain milieu, comme un champ de colza, un centre industriel, une manufacture, etc. Ou bien encore, si le corps a été déplacé, le pollen peut permettre de circonscrire la zone du crime.

En 2003, lorsque le promoteur Xavier Flactif, sa compagne et ses trois enfants disparaissent, on pense d’abord à une fuite pour des raisons financières. Toutefois, nous explique Jacques Pradel, dans un livre qui vient de sortir, Police scientifique : la révolution (Éd. Télémaque), discrètement, sept gendarmes, des TIC (technicien d’identification criminelle), passent leur maison au peigne fin. Trois jours de recherches minutieuses et 300 scellés. Le résultat ne fait aucun doute : une ou plusieurs personnes ont bien été tuées dans cette maison. Parmi les scellés, l’ADN des cinq membres de la famille, bien sûr, et un sixième non identifié. C’est celui d’un voisin, David Hotyat, un mécanicien au chômage, qui s’était fait remarquer en donnant une interview sur TF 1 (une réaction fréquente chez les criminels). Il a brûlé les corps. Au procès, il se rétractera, alléguant que ses aveux lui ont été extorqués. Et c’est sans doute la morpho-analyse qui parviendra à convaincre les jurés, lesquels boivent les paroles de l’expert de l’IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) en imaginant le cheminement du meurtrier grâce aux photos de projections de sang.

La police scientifique est enveloppée de mystères. On ne connaît pas bien ses possibilités. Peut-être un jour, la crainte des policiers ou des gendarmes en blouse blanche sera suffisamment forte pour mettre un frein à la criminalité, du moins lorsqu’elle est préméditée. L’effet dissuasif pourrait être plus important que ces lois démagogiques qui s’accumulent à chaque fois qu’une affaire aussi triste que la mort d’Agnès se présente. On peut l’espérer.

Le gang des Lyonnais : un flash-back troublant

Alors que le film d’Olivier Marchal, Les Lyonnais, va sortir sur les écrans, Francis Renaud, le fils du juge assassiné en 1975, publie un livre qui laisse entendre que son père aurait pu être victime du gang de Momon Vidal. Cela nous ramène près de 40 ans en arrière : Nick-le-Grec supplante Jeannot la Cuillère et deux commissaires de police, dont Charles Javilliey, un as de la PJ, se retrouvent derrière les barreaux. Comme Michel Neyret aujourd’hui.

Tout cela mérite bien un petit flash-back…

En 1971, parmi la centaine de hold-up comptabilisés dans la région Rhône-Alpes, au moins cinq sont attribués à une même équipe : des individus lourdement armés, grimés ou masqués, chacun revêtu d’une blouse bleue. Et à chaque fois, ils prennent la fuite à bord d’une Renault Estafette. Au mois d’août, grâce à un coup de téléphone anonyme, les gendarmes de Bourg-en-Bresse retrouvent le véhicule. Ils découvrent à l’intérieur un véritable arsenal : des armes de tous calibres, des munitions, des cagoules, des postiches, etc. Tout laisse à penser que les malfaiteurs ont pris la sage décision d’arrêter les frais, de prendre leur retraite. Et, avant de tirer leur révérence, comme un dernier pied de nez, ils font don de leurs outils de travail à la maréchaussée. En fait, ils sont juste partis en vacances. En septembre, le ballet reprend, avec du matériel tout neuf. En février 1972, quatre hommes armés attaquent un transporteur de fonds sur le parking du Carrefour de Vénissieux. Les convoyeurs résistent. Fusillade. L’un des bandits est blessé, mais les malfaiteurs parviennent à s’enfuir avec un butin qui frôle le million de francs. Le lendemain, les gendarmes surprennent un étrange manège : ce qui semble bien être un transbordement entre une Estafette et une BMW. À la vue des képis, l’Estafette prend le large, tandis que le conducteur de la puissante BM s’embourbe dans la terre meuble du chemin. L’homme est interpellé. Il s’agit d’un gitan de 27 ans : Edmond Vidal. Il se dit ferrailleur. En 1967, il a été condamné à cinq ans de réclusion pour une agression à main armée contre un bar de Lyon en compagnie d’un truand bien connu : Jean-Pierre Gandeboeuf. Mais ce jour-là, les gendarmes n’ont rien à lui reprocher. Ils le laissent partir, sans doute à regret. Et ils avisent le service de police judiciaire.

C’est le début de la traque du gang des Lyonnais. Elle durera plusieurs années.

Aussitôt informé, avant même d’être officiellement saisi de l’enquête, le chef du groupe de répression du banditisme de Lyon, le commissaire Georges Nicolaï, entre en scène. Au bout de quelques semaines, le noyau de l’équipe est identifié. Outre Edmond Vidal, dit Momon, il y a Pierre Zakarian, dit Pipo, et Michel Zimetzoglou, alias Le Grec. Ces deux derniers sont associés dans la gérance d’un restaurant du quartier Saint-Jean de Lyon, « Le Tire-Bouchon », avec Joseph Vidal, dit Galane, le frère du précédent.

À cette époque, une affaire de proxénétisme éclabousse la police lyonnaise. Les commissaires Louis Tonnot, de la sûreté urbaine, et Charles Javilliey, de la PJ, sont soupçonnés de corruption. Javilliey, spécialisé dans la lutte contre le grand banditisme, possède pourtant un palmarès impressionnant. Il se défend comme un beau diable. Il affirme que ses relations avec le milieu, voire ses petits arrangements, sont le prix à payer pour obtenir des tuyaux. Rien n’y fait. Il est incarcéré. Condamné en première instance, il sera finalement relaxé devant la Cour d’appel en 1974. Ce charivari fait bien les affaires des truands et notamment d’un certain Jean Augé, dit Petit-Jeannot, le parrain du milieu lyonnais. Celui qui tire les ficelles. On peut se demander si quelqu’un bénéficie aujourd’hui de l’incarcération du commissaire Michel Neyret…

Jean Augé a été collabo durant la guerre, mais, lorsque le vent a tourné, il est entré dans un bar et il a tué deux Allemands – au hasard. Ce qui a fait de lui un héros. Reconverti au Gaullisme, il est rapidement devenu le responsable du SAC (Service d’action civique) pour toute la région. Durant la guerre d’Algérie, il a fait partie de cette police parallèle qui se livrait aux pires exactions : exécutions sommaires, torture… Ses amis lui avaient gentiment attribué le sobriquet de « Jeannot la Cuillère », car dans les interrogatoires, il utilisait cet ustensile pour énucléer ses victimes. On dit de lui qu’avec son complice, un ancien sous-officier, il préparait ses coups comme un chef d’état-major. Il a été le mentor d’Edmond Vidal et probablement le cerveau du hold-up de l’hôtel des postes de Strasbourg. Quasi une opération commando. Après son arrestation, comme beaucoup de truands, Edmond Vidal a d’ailleurs tenté de politiser ses méfaits en revendiquant des centaines d’opérations pour le compte du SAC. Ce qui n’a jamais été confirmé. Petit-Jeannot a été abattu en juin 1973 alors qu’il se rendait à son club de tennis.

Les malheurs du commissaire Javilliey n’empêchent pas Pierre Richard, le n°2 de la PJ, de se frotter aux informateurs. Et il obtient de l’un d’eux un tuyau sur le prochain coup que prépare le gang des Lyonnais. L’idée de faire un flag fait toujours bander les flics. Plus de cent policiers travaillent jour et nuit pendant plus d’un mois et demi sur Momon et sa bande. Des surveillances, des filatures, des écoutes sauvages, et même la sonorisation, avec l’aide de la DST, du domicile de certains suspects – à l’époque, en toute illégalité. Mais rien ne va comme prévu. Peut-être un problème de commandement… ou de sous. Finalement, Honoré Gévaudan, le directeur des affaires criminelles de la PJ, donne l’ordre d’arrêter les frais et de « casser » l’affaire. C’est l’opération « chacal ». Et c’est quitte ou double, car les preuves sont bien minces… Le véhicule d’Edmond Vidal est repéré devant le domicile de sa compagne, Jeanne Biskup, dite Janou, à Sainte-Foy-lès-Lyon. Lorsque le couple sort, tous deux sont interpellés. En douceur. Momon n’est pas armé. Dans la foulée, le reste de l’équipe est arrêté, à l’exception de l’un d’entre eux, qu’on ne retrouvera jamais. Peut-être l’indic qui a été invité à se mettre au vert avant les hostilités… À moins que ses amis aient découvert le pot aux roses… En tout cas, on n’en a plus jamais entendu parler. Des dizaines d’hommes et de femmes en garde à vue, des perquisitions dans toute la région, des centaines de P-V… Pour les nostalgiques de la fouille à corps, l’un des membres du gang, Pierre Pourrat, alias Le Docteur, tente de s’ouvrir les veines durant sa garde à vue à l’aide d’un canif qu’il avait dissimulé dans son slip. Mais les flics sont à cran. Trop longtemps que ça dure. L’ambiance est virile et certaines auditions sont musclées. On raconte que l’un des juges (il y en avait beaucoup), en voyant la tête légèrement carrée de Momon Vidal, lui aurait demandé s’il voulait déposer une plainte contre les policiers. Il aurait répondu : « Non, Monsieur le juge, c’est une histoire entre hommes ». Je ne sais pas si l’anecdote est vraie, mais c’est le fond du film d’Olivier Marchal : démontrer que les bandits de l’époque avaient un code d’honneur. Le romantisme d’un artiste. Personnellement, je trouve plutôt indécent de faire d’Edmond Vidal un homme d’honneur, comme on a fait de Jacques Mesrine un justicier, ou du terroriste Carlos un Che Guevara. Les années ne peuvent effacer les crimes des uns et des autres. Je n’aime pas les criminels qui se racontent sous prétexte qu’ils ont pris des rides.

Durant ces 48 heures de garde à vue, si les clients ne sont guère bavards, les perquisitions sont payantes : 274 scellés. Des armes, des munitions, de l’argent, des cartes routières annotées… Finalement, en rassemblant les pièces du puzzle, 14 vols à main armée sont mis au crédit de l’équipe. Celui de Strasbourg, le hold-up du siècle comme dit la presse, ne fera pas partie du lot. Et comme il se murmure que l’argent (près de 12 millions de francs) aurait renfloué les caisses d’un parti politique, certains laissent entendre que les policiers n’ont pas trop insisté. Ce qui est faux, en tout cas au niveau de l’instruction judiciaire, car le juge François Renaud s’accroche sérieusement à cette piste. Il place tout le monde en détention, notamment Jeanne Biskup, la compagne d’Edmond Vidal, et même son épouse dont il est séparé depuis plus d’un an. Une pratique inhabituelle, à l’époque. Le truand se rebelle et refuse dans ces conditions de répondre aux questions du magistrat. Il veut que sa compagne soit libérée. La presse s’en mêle et critique à mi-mots la dureté de François Renaud. Ainsi, le 27 juin 1975, Le Progrès de Lyon cite les avocats des malfaiteurs qui stigmatisent les  « bons plaisirs que le juge s’octroie » de laisser à l’isolement la dernière femme détenue. Huit jours plus tard, le juge Renaud est assassiné : trois balles de calibre .38 Spécial, dont deux à bout portant. Cela ressemble fort à de l’intimidation. Son successeur ne reprendra pas les recherches sur le SAC et Jeanne Biskup retrouvera la liberté dans les semaines qui suivent la mort du magistrat.

On peut se demander pourquoi Edmond Vidal voulait tant que sa compagne sorte de prison. Il existe une hypothèse : elle aurait su où était dissimulé le butin de la bande. Un magot estimé à 80 millions de francs. Mais un autre personnage devait, lui aussi, être dans la confidence : Nicolas Caclamanos, alias Nick-le-Grec, le conseiller financier de la bande. Et peut-être celui du SAC, avant qu’il ne se fâche avec Jean Augé. Une fâcherie qui a coûté la vie à Petit-Jeannot. Le journaliste d’investigation, Jacques Derogy, celui qui sans doute connaissait le mieux cette affaire, pense que Nick-le-Grec a commandité la mort du juge Renaud. Il en devait une à Momon pour lui avoir fait perdre pas mal d’argent dans une affaire de drogue qui avait mal tourné. L’occasion de se dédouaner. Un personnage ambigu, ce Caclamanos, mi-flic mi-voyou, il jouait sur les deux tableaux. On dit même qu’il roulait pour le Narcotic bureau. Il aurait donc versé 500 000 francs à des tueurs à gages pour liquider François Renaud. Mais dans quel but ? Pour se réhabiliter aux yeux de Momon Vidal ou pour empêcher le juge de mettre le nez dans les affaires du SAC ? Personne ne le sait. Peut-être un peu les deux, comme à son habitude.

Le procès s’ouvre en juin 1977. L’avocat général demande la réclusion criminelle à perpétuité pour Edmond Vidal. Après une longue délibération, vers 22 heures, le verdict tombe : dix ans. Cris de joie et applaudissements dans la salle d’audience. C’est la première fois sans doute que le président d’une Cour d’assises est ovationné par les proches de celui qu’il condamne… Quant à Jeanne Biskup, elle écope de cinq ans de prison dont la moitié avec sursis, ce qui lui permet de sortir libre du tribunal.

Edmond Vidal a été libéré en 1981. Plusieurs membres du gang des Lyonnais ont depuis connu une fin tragique, comme Michel Simetzoglou, ligoté sur un pneu et probablement brûlé vif. On se demande pourquoi. Un désaccord sur le partage du magot, peut-être… Quant à l’enquête sur la mort du juge Renaud, elle n’a jamais abouti.

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Je me suis référé aux livres de MM. Honoré Gévaudan (Ennemis publics, éd. JC Lattès) ; James Sarazin (M… comme milieu, éd. Alain Moreau) ; Jacques Derogy et Jean-Marie Pontaut (Investigation, passion, éd. Fayard).

Dans son émission Vivement dimanche, diffusée sur France 2 le dimanche 27 novembre, Michel Drucker reçoit Olivier Marchal et un panel de « flics à l’ancienne », au front ridé mais à l’œil pétillant.

Le polar à Paris 13

Les auteurs de romans policiers seraient-ils superstitieux ? On pourrait le penser, puisque c’est la mairie du 13° arrondissement de Paris et l’association 813 qui organisent, du 18 au 21 novembre 2011, le festival « Paris Polar ». Si l’on ne compte plus le nombre de salons consacrés au roman policier, dans la capitale, c’est le seul qui semble vouloir résister aux ans : c’est le huitième. Je suppose que le 13° sera un événement exceptionnel…

Demain vendredi, c’est la journée des tables rondes. On doit y parler des femmes qui tuent (10 à 13 % des meurtres, tous pays confondus), avec la projection d’un court-métrage de Stéphane Bourgoin réalisé dans une prison allemande : l’interview d’une tueuse en série. Et, en présence de l’écrivain islandais Arni Thorarinsson, il  sera aussi question du best-seller Millénium et de son effet boule de neige sur le polar nordique.

Samedi après-midi, une quarantaine de romanciers dédicaceront leurs livres. Et dimanche, pour les volontaires, balade dans les « mystères et brouillards du 13° » sur les traces de Léo Malet, le père de Nestor Burma, le célèbre détective de l’agence Fiat Lux.

Un petit mot de l’association 813 qui participe à l’organisation de ce festival. Créée en 1980, elle porte le nom d’un roman de Maurice Leblanc dans lequel il tente de tuer son héros, Arsène Lupin, le gentleman-cambrioleur. L’objectif premier de cette association est de faire partager au plus grand nombre la passion commune de ses membres : la littérature policière.

Quant aux policiers, s’ils sont très présents dans la publication de documents ou de récits, ils sont peu nombreux à avoir franchi le pas de la fiction. En cherchant bien dans la liste des participants, on doit quand même pouvoir en trouver un ou deux. Et même un juge…

 

Faits divers au Café littéraire d’Albi

« Il y a quelque chose d’insolent dans le fait divers, il se hisse à la dignité de l’information et vient troubler le concert des affaires sérieuses : économiques, politiques ou sociales », écrivait le sociologue Patrick Tacussel dans la revue Autrement. C’était en 1988. En est-il toujours ainsi ?

Les faits divers prennent de plus en plus de place dans les médias. Et si des journaux, comme Le Monde, n’ont toujours pas de rubrique spécialisée, c’est sans doute un dernier réflexe du passé. Ou pour préserver la dorure de « la marque », puisque les journaux ne sont plus des titres mais des marques, comme les lessives ou les voitures. On est à l’époque du marketing à outrance et il faut offrir ce qui se vend. Et comme sur ce blog, parfois, je plonge mon grand nez dans les faits divers, et que je suis invité à en débattre lundi prochain à Albi, je me risque à une petite analyse – ou une auto-analyse, je ne sais pas.

On se souvient, à trois jours des élections présidentielles de 2002, les médias, TF1 en tête, font un gros plan sur Paul Voise et sa bicoque incendiée. Ce retraité de 72 ans a été séquestré chez lui et torturé par deux hommes qui en voulaient à ses maigres économies. On dit que sa mésaventure a engendré la défaite de Lionel Jospin, le vote des personnes âgées s’étant du coup reporté en grand nombre sur le candidat de l’extrême droite, Jean-Marie Le Pen. Encore aujourd’hui, il existe un doute sur ces événements : personne ne peut dire s’il s’agissait de la mise en scène d’un fait divers ou d’un coup politique soigneusement orchestré.

La récente condamnation du meurtrier de Marie-Christine Hodeau, la joggeuse dont le corps a été retrouvé en lisière de la forêt de Fontainebleau, en septembre 2009, nous rappelle que ce drame a vivement relancé le débat sur la récidive et le suivi des délinquants sexuels. Un député UMP a aussitôt lancé l’idée de la castration chimique et Brice Hortefeux, alors ministre de l’Intérieur, a fustigé la clémence de certains magistrats avant de ressortir un projet de loi sur « la surveillance de sûreté » qui traînait dans un tiroir depuis plus d’un an. Dans le même temps, le PS pointait du doigt une politique irresponsable pour lutter contre l’insécurité et le Front National rappelait qu’il n’y avait pas 36 moyens d’éviter la récidive des criminels…

Cette affaire a donc abouti, en 2010, au vote d’une loi (selon la procédure accélérée) qui a élargi les possibilités de maintenir sous les barreaux un condamné en fin de peine. Loi qui se superpose d’ailleurs à une autre, adoptée deux ans plus tôt à la suite de l’enlèvement et du viol d’un enfant de cinq ans, le petit Enis, par un pédophile récidiviste. Début 2011, c’est l’affaire Meilhon. Cette fois on estime que les juges d’application des peines ne font pas leur boulot et qu’il faudrait les encadrer par un jury populaire.

Une gesticulation législative qui exploite l’émotion suscitée par des faits divers particulièrement sordides.

Mais on peut faire plus léger. Par exemple, si chacun s’accorde à dire que l’arrestation de DSK a probablement modifié l’avenir politique du pays, que se serait-il passé si un tel événement était survenu plus tard dans la campagne présidentielle ? Ce qui était d’ailleurs inévitable, puisque l’on sait aujourd’hui que le directeur du FMI apparaissait sur des écoutes téléphoniques dans une enquête sur un réseau de proxénétisme dans le nord de la France.

C’est donc à bras-le-corps que nos dirigeants politiques s’emparent des faits divers, qui, du coup, même si l’Histoire ne les retient pas, sont susceptibles de modifier sérieusement le fonctionnement de la société.

Et sur le plan économique, s’ils permettent de faire monter le tirage des journaux, leur exploitation à outrance joue sur notre peur et fait grossir comme par magie le chiffre d’affaires des entreprises qui vendent de la sécurité.

Le fait divers est un événement hors du commun qui surgit dans la banalité quotidienne. Et, même si son exploitation dérange, il fait partie de notre vie. C’est une histoire vraie, souvent tragique, dont l’auteur ou la victime s’immisce dans notre imaginaire, car il pourrait être nous. Il entraîne l’empathie, la pitié, et parfois la haine. Il fait écho à nos peurs, à nos angoisses, et, lorsqu’il aborde des sujets tabous : le crime, la drogue, la violence, le sexe…, c’est aussi le reflet noir de nos fantasmes.

La Guyane en proie à la violence et à l'insécurité

Vendredi dernier, cinq employés d’une exploitation d’or de l’ouest guyanais ont été attaqués par un groupe armé alors qu’ils circulaient dans un pick-up. Un homme de 67 ans, d’origine luxembourgeoise, a été tué et un second blessé. Les gangsters étaient à la recherche du précieux métal jaune. Ils sont repartis bredouilles. La veille, toujours dans l’ouest de la Guyane, lors d’une opération menée contre un site d’orpaillage illégal, une fusillade a éclaté : un homme a été tué et le gilet pare-balles d’un gendarme a bloqué une balle de calibre .38.

La hausse de l’or est-elle en train de transformer la Guyane en Far-West ?  Ce département français n’a hélas pas attendu les incartades de la finance mondiale pour connaître l’insécurité.  Déjà, il y a cinq ou six ans, un rapport de police estimait que le tiers des homicides était lié à l’or. Et le préfet Ange Mancini, alors qu’il était en poste à Cayenne, avait prévu la mise en place d’un GIR (Groupement d’intervention régional) avec notamment pour objectifs de lutter contre l’orpaillage illégal et l’immigration clandestine. Car, sur les chantiers aurifères sauvages, la plupart des travailleurs seraient brésiliens, entre 3 et 15.000, selon les sources.  Quant au trafic, il semble bien qu’il se fasse via la République du Suriname (ancienne Guyane néerlandaise), dont la frontière débute au nord, à l’embouchure du Maroni. Pays avec lequel il existe pourtant un accord de coopération policière.

D’après un rapport du Sénat de février 2011, ce sont dix tonnes d’or qui seraient extraites annuellement par les clandestins. Trois fois plus que la production légale. À comparer (sans aucune moquerie) aux dix kilos saisis lors des opérations de contrôle… Car, dans cette région couverte à 96 % d’une forêt équatoriale, c’est mission impossible. On comprend bien que dans ce business frauduleux, ce ne sont pas les malheureux qui grattouillent le sable qui s’enrichissent, mais ceux qui les exploitent. Il existe donc une économie souterraine. Et le meilleur moyen de lutter contre ce fléau serait de prendre le problème par le haut. Pas facile. En attendant, et même si l’armée participe au maintien de l’ordre, les gendarmes font ce qu’ils peuvent. Je crois (c’est une opinion personnelle) qu’ils attendent surtout un sérieux renfort en matériel. Notamment des hélicoptères. Vous imaginez une intervention « urgente » dans la brousse à bord d’une barcasse à moteur…

Mais la violence ne se limite pas à la jungle. Les villes aussi la subissent. Il y a une dizaine de jours, c’est un bijoutier qui a été agressé à son domicile. Paulin Clet, un homme de 89 ans. Il a été étranglé. « Cet acte odieux ne doit cependant pas être regardé comme caractéristique de la délinquance en Guyane », a déclaré le préfet, rappelant au passage que le nombre de policiers et gendarmes a augmenté de près de 20% en six ans et que le taux des agressions crapuleuses est en nette diminution depuis le début de l’année. Des paroles pour rassurer. Mais à la vérité, il semble bien que les Guyanais aient de plus en plus de mal à supporter l’insécurité. À tel point que certains envisagent sérieusement d’organiser leur auto-défense, voire de se faire justice. Le sénateur Georges Patient vient d’ailleurs de poser une question orale au ministre de l’Intérieur, rappelant que « la Guyane connaît une effrayante recrudescence des crimes et des agressions violentes. Une réalité qui se généralise sur tout le territoire : des communes, qui, hier encore étaient connues pour être des havres de paix, sont aussi touchées par ce fléau. Pas un jour sans qu’un crime, qu’un braquage ne soient commis (…). Face à cette poussée de la violence et à l’incapacité des pouvoirs publics à l’endiguer, la tentation de se faire justice est de plus en plus prégnante dans la population guyanaise. » De son côté, la députée Chantal Berthelot avait réagi peu avant en se référant à l’agression dont a été victime Maurice Methon, un restaurateur bien connu, âgé de 70 ans. Enlevé dans son établissement par trois hommes armés, il a été exécuté de deux balles et son corps calciné a été retrouvé dans son 4×4.  Elle a saisi le Premier ministre en déposant une question écrite : « Depuis plusieurs semaines des meurtres odieux et des actes de violence se sont multipliés faisant monter la colère et l’indignation dans la population [qui] se sent démunie, voire abandonnée, face à cette violence. La tentation de l’auto-défense est diffuse et une réponse forte de l’État s’impose pour arrêter cet engrenage dangereux… »

Même si, dans ces deux affaires criminelles, les soupçons se portent sur des proches des victimes, la réaction des élus et de la population montre combien les gens ont les nerfs à fleur de peau. Pour les sénateurs, la réponse n’est pas uniquement policière et militaire. Il faudrait, disent-ils, envisager une approche plus globale, voire internationale, pour trouver « une solution pérenne aux questions de sécurité et de développement que connaît la Guyane ».

La première pépite découverte en Guyane remonte à 1854. Au rythme de l’exploitation actuelle, le potentiel aurifère serait de 15 à 20 ans. Il faut prendre l’avertissement des élus au sérieux, car il est probable que les habitants de la région n’attendront pas aussi longtemps avant de manifester leur mécontentement.

Une lueur d’espoir : les structures judiciaires pourraient être renforcées. Si tout va bien, l’année prochaine, Cayenne possédera sa propre Cour d’appel, alors qu’aujourd’hui, il n’y a qu’une chambre détachée de Fort-de-France. Une promesse tenue du président Sarkozy, même si, à ma connaissance, aucun budget de fonctionnement n’est pour l’instant prévu. On parle d’une dizaine de magistrats. Il ne reste plus qu’à trouver des volontaires…

Notre visage : l’enjeu biométrique de demain

À la différence des empreintes digitales ou ADN, notre visage ne laisse aucune trace tangible, et pourtant, par la magie d’une formule algorithmique, on peut aujourd’hui créer l’empreinte informatique du visage. Et si l’on s’interrogeait sur l’utilité des caméras de surveillance, la réponse est tombée : demain, la reconnaissance faciale va les… rentabiliser.

Certes, les résultats de la reconnaissance faciale ne sont pas aussi probants que ceux obtenus par les empreintes papillaires, mais le pourcentage d’erreur est toutefois acceptable. Bien loin du début des années 2000. Époque où le système avait été expérimenté en Floride, pour finalement se terminer par un fiasco. Le porte-parole de la police avait alors dit, en résumé : Nous n’avons arrêté aucun criminel. Ce truc ne sert à rien. Autres temps… De nos jours, le procédé est amplement utilisé aux E-U, soit pour « filtrer » les arrivants, dans les principaux aéroports, en fonction de leur apparence ethnique, soit pour détecter des suspects. On dit même qu’un logiciel scruterait le visage de chaque visiteur de la statue de la Liberté… Et bientôt (si ce n’est déjà fait) les policiers américains pourront télécharger une application IPhone qui leur permettra d’identifier un individu, simplement en le prenant en photo. Cela dit, lorsqu’on sait que là-bas les contrôles d’identité se font souvent la main sur la crosse du calibre, je me demande comment ils vont procéder… Au Québec, ce sont les casinos qui sont sur la sellette. On leur reproche d’utiliser cette technique pour détecter les clients indésirables. Et la reconnaissance faciale pourrait être utilisée pour les JO de Londres. Même si le sujet fait débat en G-B.

Renseignements pris auprès de la place Beauvau : pas question de fournir un Iphone aux représentants de l’ordre (je blague). Pourtant, au mois de juin, à l’Assemblée nationale, devant la Commission des Finances, Frédéric Péchenard, le directeur général de la police nationale, a vendu la mèche : « Il faut améliorer la PTS (police technique et scientifique) et l’on se dirige vers la création d’un troisième fichier, de reconnaissance faciale, qui pourrait servir à l’exploitation des données de vidéosurveillance. » On peut noter que le premier flic de France ne parle pas de « vidéoprotection », cette déviance sémantique que l’on doit à Mme Alliot-Marie. Il y aura donc trois fichiers biométriques dans la police nationale, probablement interconnectés : ADN, empreintes digitales et « empreintes » faciales.

Donc, en associant les caméras de surveillance à un logiciel de reconnaissance des visages, il sera possible d’identifier les gens instantanément. Mais, pour cela, il faut une base de données, c’est-à-dire un fichier regroupant l’empreinte faciale d’un grand nombre de personnes. Le plus possible. Il semblerait que la CIA en ait trouvé une inespérée et entièrement gratuite : les centaines de millions de photos de Facebook.

En France, la tentation est forte d’utiliser la future carte d’identité biométrique. D’où, sans doute, les réserves formulées par la CNIL sur l’utilisation qui pourrait en être faite. Car elle comportera la photo et l’empreinte papillaire de huit doigts. (Pourquoi huit ? Sans doute pour simplifier le travail, car il est quasi impossible de mettre à plat les cinq doigts de la main en même temps.) Qu’on se rassure, pour l’instant, pas question d’enregistrer l’ADN. Ce que certains, sans doute, regrettent. On se souvient, il y a quelques années, des déclarations de M. Estrosi qui voulait prélever le code génétique de tous les nouveau-nés… Il faut faire attention, nous dit la CNIL, car les données biométriques ne sont pas des données comme les autres. Elles ne sont ni attribuées ni choisies, mais produites par le corps lui-même. En deux mots, elles sont propres à chacun, elles sont immuables, elles sont nous. Et en les mettant en boîte sans s’entourer de sérieuses garanties, on prend le risque de mettre à jour notre moi profond. Et sans nos petits secrets, que deviendrions-nous ? Tous identiques. Tous dans un même uniforme, nous serions de bons petits soldats. Et De Gaulle serait content, nous mangerions tous le même fromage.

En matière de police judiciaire, les avancées seront certaines. Il existerait, à titre expérimental, un système facilement transportable (une valise à roulettes) capable « d’aspirer » les données enregistrées par les caméras de surveillance. Ce qui permettrait de suivre, par exemple, le trajet emprunté par la victime d’une agression. En repérant, un individu en plusieurs endroits de son parcours, on tiendrait un suspect. Et l’empreinte de son visage serait exploitée par un logiciel de reconnaissance faciale qui permettrait soit de l’identifier, s’il est fiché, soit de suivre son trajet pour le localiser.

Mais le risque, évidemment, c’est de fliquer toute la population.

L’étape suivante sera peut-être la programmation neurolinguistique (PNL), que la série américaine Lie to me a mis en scène d’une façon caricaturale. En numérisant certaines expressions ou certains gestes, sera-t-il possible un jour de détecter sur un visage, la haine, la violence, la colère, la peur, l’envie, le mensonge… Les entrepreneurs sont aux aguets. Il y a là de formidables marchés à prendre. Si l’on peut comprendre l’utilité dans une grande surface pour tester les réactions des clients ; en matière de police, les résultats paraissent beaucoup plus incertains. La PNL ne va pas remplacer le détecteur de mensonges – qui n’a d’ailleurs jamais remplacé la perspicacité d’un bon flic.

Ces objectifs de caméras qui, sans arrêt, nous épient ont un impact certain sur notre comportement. Qu’en sera-t-il demain, lorsqu’ils suivront nos déplacements de manière… nominative ? Je n’ose l’imaginer.

Une loi pour armer les policiers municipaux

« La présente proposition de loi rend tout d’abord obligatoire le port d’une arme dans l’exercice de leur fonction pour tout policier municipal. » Ce sont les premières lignes du texte que voudrait faire adopter un député de la majorité. La démarche est politiquement malicieuse puisqu’elle heurte de plein fouet la position du Monsieur sécurité du PS, Jean-Jacques Urvoas, qui veut, lui, désarmer les polices municipales.

M. Morel-A-L’Huissier, qui en est à l’origine, fait référence aux déclarations du président de la République, après la mort d’une jeune policière municipale, Aurélie Fouquet, lors d’une fusillade provoquée par des braqueurs, le 20 mai 2010, dans le Val-de-Marne.

L’exploitation de ce drame me semble déplacée. D’abord, il n’est pas inutile de rappeler que la policière était armée. Mais que peut faire un .38 contre une Kalachnikov ! Et, si je peux me permettre une parenthèse, il apparaît aujourd’hui vraisemblable que cette course-poursuite tragique est en fait le résultat d’un certain cafouillage qui n’a rien à voir avec le fait d’armer ou non les policiers municipaux. Car la BRB était aux basques de ces braqueurs depuis longtemps, probablement pour tenter un flag ou une opération retour. Les choses n’ont pas tourné comme prévu. Aujourd’hui, ce qui coince, d’après France Soir, c’est que la patronne de la BRB, neuf mois après les faits, ait reconnu que ses hommes avaient placé une balise sous le fourgon des malfaiteurs. Ce qui va à l’encontre des premières déclarations des policiers qui disaient s’être trouvés là par hasard. Pour les avocats, c’est la preuve que la police a menti à la justice. Il n’est donc pas exclu que tout ou partie de la procédure soit annulée. Et que les auteurs présumés soient libérés…

Mais, pour en revenir au sujet, faut-il oui ou non armer les policiers municipaux ? Pour les syndicats la réponse ne fait guère de doute. Ils poussent dans le sens de l’armement. Mais aujourd’hui, ce sont les maires qui décident. Et c’est un vrai dilemme. Car, en cas de fusillade, si une balle perdue touche un passant, ils pourraient se voir reprocher leur décision d’armer leurs policiers. Mais si un policier sans arme était tué ou blessé, le choc en retour serait tout aussi difficile à encaisser. Donc, d’une certaine manière, en ne leur laissant pas le choix, on leur enlèverait une belle épine du pied.

Mais en fait, la seule raison qui peut légitimement motiver une telle décision se trouve dans la définition de leurs missions. C’est d’ailleurs le lièvre que vient de soulever Éric de Montgolfier, le procureur de Nice. Pour lui, il y a dérive, car l’action de police judiciaire des agents municipaux doit se placer sous l’autorité d’un OPJ. Et ils n’ont pas à intervenir à la place de la police nationale, sauf flagrant délit. En engageant des poursuites contre un policier municipal qui a blessé une femme dans un accident, alors qu’il se rendait sirène hurlante sur les lieux d’une agression, il demande aux juges de trancher sur les conditions d’intervention de la police municipale. Pour Christian Estrosi, le député-maire de Nice, qui vient d’être nommé président de la Commission consultative des polices municipales (commission qui était en sommeil depuis quatre ans et qui vient d’être réactivée par le ministre de l’Intérieur), il n’y a pas de dérive. D’ailleurs, a-t-il dit, « si le tribunal donne raison au procureur, je proposerais à cette commission de faire évoluer le droit ».  Il y aurait comme un soupçon d’arrogance dans ces propos… Cela revient à dire : si la loi ne me convient pas, je change la loi.

Il faut dire que M. Estrosi est particulièrement investi dans ce domaine. Il faut le voir passer ses hommes en revue, comme un général au champ de bataille… Du coup, il y a dans sa ville 3 à 4 fois plus de policiers municipaux qu’à Marseille, qui compte pourtant deux fois plus d’habitants. Dans les Alpes-Maritimes, les agents territoriaux sont devenus la deuxième force de sécurité du département, loin devant les gendarmes.

En fait, on comprend bien qu’en toile de fond, le problème est ailleurs. Il s’agit de savoir si les polices municipales restent sous l’autorité du maire ou si, peu à peu, elles doivent remplacer une police et une gendarmerie cruellement en manque d’effectifs. Un moyen de nous faire payer deux fois notre sécurité.

Je ne sais pas si tous les policiers municipaux désirent porter une arme à la ceinture. Je n’en suis pas sûr. Mais en tout cas, ils seront tous d’accord sur un autre volet de cette proposition de loi : l’intégration de leurs indemnités (20 % de leur salaire) dans le calcul de leur retraite et une bonification d’une annuité tous les cinq ans. Alors qu’un nouveau coup de balai sur les retraités ou futurs retraités est dans les tuyaux, on peut se demander où l’on va trouver l’argent… Il paraît que ce sont les fumeurs qui seront mis à contribution.

Et pour faire bonne mesure, on va leur attribuer une médaille (pas aux fumeurs). L’article 4 de la proposition de loi prévoit en effet la création de la Médaille d’honneur de la police municipale. Cette fois, personne ne peut être contre, même si l’absence de pluriel à police municipale paraît un peu singulier. Un peu comme un aveu de vouloir « nationaliser » les polices municipales.

Calmons le jeu. Il n’y a pas urgence à débattre. Prenons par exemple la loi qui vise à clarifier et à simplifier la réglementation sur les armes. Elle a été souhaitée par le président de la République en mai 2009. Un comité de concertation et une mission d’information de l’Assemblée nationale ont planché sur le sujet courant 2010. Et, finalement, un projet de loi a été adopté en janvier 2011. Pour l’heure, il doit être dans le tiroir d’un sénateur.

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