LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Auteur/autrice : G.Moréas (Page 44 of 82)

Les détectives privés sont à la fête

Nestor Burma peut s’en réjouir (ou le regretter), mais les détectives, ou plus exactement les « agents privés de recherches », vont perdre un peu de leur poésie et de leur folklore. Loin de la fiction, cela fait des années la-trilogie-noire-de-leo-malet-par-daoudi-et-bonifay.1272612557.jpgqu’ils attendent que leur profession s’appuie sur des bases solides. Aujourd’hui, cela prend tournure.

En effet, dans une circulaire du 31 mars 2010, adressée aux préfets, le ministre de l’Intérieur explique en long et en large les applications qui résultent d’une foultitude de lois, décrets et circulaires qui, depuis 2003, tentent d’encadrer l’ensemble de l’activité liée aux « recherches privées ».

Un texte assez rébarbatif qui peut se résumer ainsi : Pour exercer la profession de détective, il faut dès à présent solliciter du préfet un agrément, lequel est soumis à certaines conditions, notamment un casier judiciaire vierge (n° 2) et une enquête de moralité. Pour celle-ci, l’administration est autorisée à consulter les fichiers de police et de gendarmerie (STIC et JUDEX) afin de vérifier « l’absence de mise en cause ». La circulaire insiste toutefois sur la nécessité d’interpréter les données figurant dans ces fichiers, notamment en tenant compte de l’ancienneté des faits mentionnés.

Une manière de reconnaître que ces fichiers n’ont toujours pas été expurgés des mentions obsolètes…

Le préfet doit en outre vérifier la qualification et l’aptitude professionnelles du postulant. Il peut s’agir d’un titre ou d’un certificat, d’une expérience antérieure dans le privé ou dans l’administration (policiers, gendarmes, militaires et certains fonctionnaires du ministère de la Défense).

Pour les policiers et les gendarmes qui ont quitté leurs fonctions depuis moins de cinq ans, ils doivent en outre obtenir une autorisation du ministre de l’Intérieur.

Une fois ces formalités accomplies, le préfet pourra délivrer une attestation valant aptitude professionnelle au plan national. Cette réglementation est d’ailleurs valable pour tous les ressortissants de l’Union.

Il s’agit là de mon interprétation de cette circulaire. On peut la lire en intégralité sur La Gazette des enquêteurs et détectives privés.

Pour l’heure, il semble que l’administration hésite encore à attribuer une carte professionnelle officielle aux détectives privés. Ce sera sans doute l’étape suivante. Car la sécurité privée va prendre une place de plus en plus importante dans notre société. Ainsi, lors du premier sommet européen de la sécurité privée qui s’est tenu en décembre 2008, il a été rappelé que ce secteur représente aujourd’hui en Europe un chiffre d’affaires de 15 milliards d’euros. Et Nicolas Sarkozy, alors président de l’Union, a prêché pour « coproduire des solutions public-privé de sécurité ».

Ce que certains souhaitent, d’autres, comme moi, le regrettent. Un rien de nostalgie, peut-être…

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Le BB sous-préfet est né a été lu 1 363 fois et a suscité 13 commentaires.

Le BB sous-préfet est né

Le 23 avril, c’était ma fête, mais c’est Bruno Beschizza qui devait être aux anges en lisant ces quelques mots : « Par décret du président de la République  (…)  M. Bruno Beschizza, commandant de police fonctionnel, est nommé sous-préfet hors  cadre. »

bebe-dans-la-lune_infobebes.1272438914.gifEst-il fier de lui, le BB ? Je n’en suis pas sûr. Tant il est difficile à supporter le jugement de ses pairs !… Mais que lui reproche-t-on au juste ?

Même si dans certaines critiques, il y a un zeste de jalousie, ce qui ne passe pas, mais pas du tout, c’est le mélange des genres. Pour prendre une comparaison, c’est un peu comme si François Chérèque acceptait un poste de ministre…

Car c’est bien de ça qu’il s’agit, le mélange des genres. Parachuté dans la campagne des Régionales par le président de la République alors qu’il était secrétaire général du syndicat Synergie Police, on s’aperçoit aujourd’hui, une fois les élections passées, que de par son statut, il ne peut pas siéger au Conseil régional. Et, pour que cette aventure ne lui coûte pas d’argent (4 000 € dans la police contre 2 000 au Conseil régional), on le bombarde sous-préfet.

En fait, Beschizza est victime du système Sarkozy : on fait les choses d’abord, et l’on s’arrange après.

Cela dit, il n’est pas le premier policier à faire une carrière grâce  à l’entregent, l’intrigue, le savoir-faire, la réclame (Villiers de l’Isle-Adam, 1883), mais jusqu’à présent, les pistonnés restaient dans la « maison » (ce qui n’est pas le cas pour certains magistrats qui aspirent volontiers à  la députation). Le plus célèbre des flics-chouchous  n’est pas Frédéric Péchenard, comme le disent certaines mauvaises langues, car il était commissaire de police bien avant que son ami d’enfance ne soit ministre de l’Intérieur, mais Raymond Sasia. Garde du corps du général de Gaulle à Londres, il a traversé en un éclair toute la hiérarchie policière sans jamais passer un concours. On lui doit la méthode de tir instinctif, dite méthode Sasia, qui consistait, lucky-luke.1272439052.jpgau coup de sifflet, à dégainer et à vider son chargeur ou son barillet dans le laps de temps le plus court possible. Un geste qui devait devenir un automatisme. Les anciens se souviennent de ces heures d’entraînement… On appelait ça faire sa prière.

En attendant, BB a trahi ses troupes. Il a torpillé son  syndicat. Un conseil national doit se tenir la semaine prochaine. L’ambiance  risque d’être houleuse.

Le mot de la fin revient au secrétaire général du SNOP, syndicat majoritaire des officiers de police : « Cette nomination (…) jette le discrédit sur le syndicalisme policier ».

À un moment où ça marmonne pas mal dans les rangs, c’était peut-être le but recherché.

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Sofremi, kesako ? a été lu 15 927 fois et a suscité 14 commentaires.

Sofremi, kesako ?

Le procès de Charles Pasqua met en lumière une drôle de petite entreprise, la société française d’exportation du ministère de l’Intérieur.

lombre_agoravox_jack-mandon.jpgDe quoi s’agit-il ?

D’une société privée dont le capital social était réparti entre quelques grandes entreprises françaises, et, à sa création, le ministère de l’Intérieur. Majoritaire avec 35% des actions.

Une structure originale, du moins en France. Cela fait penser à ces agences américaines, comme on en voit dans les films, qui se chargent des coups tordus que ne peuvent se permettre les services officiels.

Mais, bien entendu, cela n’a rien à voir.

La Sofremi a été voulue par Pierre Joxe, en 1986, pour effectuer le commerce avec d’autres États de matériels de police dits sensibles. Ce qui se pratiquait déjà, à petite échelle, mais via un circuit tortueux allant d’un ministère à l’autre.

Y avait-il en arrière plan l’idée de récupérer des commissions occultes pour financer le Parti socialiste ? Je ne sais pas.

De toute façon, Pierre Joxe n’aura pas le temps de juger du bien-fondé de sa décision, car peu après, c’est la première cohabitation. Charles Pasqua lui succède.

On peut penser que les instigateurs, ceux qui ont poussé à la création de la Sofremi, se trouvaient à l’époque en fonction au service de coopération technique internationale de police, le SCTIP.

Ce service a vu le jour en 1961, alors que la France avait entamé son processus de décolonisation en Afrique. Son objectif était de fournir, aux jeunes États qui le souhaitaient, une assistance technique et humaine  pour les aider à mettre en place une force de police.

Dans les années 80, le SCTIP a pris de l’extension et son horizon s’est élargi à d’autres pays d’Afrique et même à d’autres continents (aujourd’hui, il compte une centaine d’implantations de par le monde).

Or, les policiers et les gendarmes du SCTIP sont bien placés pour connaître les besoins en matériel des pays où ils sont en fonction. Et en plus, souvent, ils ont les bons contacts. Mais, en aval, il faut des commerciaux pour assurer le marchandising.

Quant on parle de matériel de police, on pense aussi bien aux moyens de transmission, de surveillance, d’écoutes,… qu’aux équipements de maintien de l’ordre et même à l’armement. Du moins l’armement individuel. D’ailleurs, en 1995, la Sofremi récupère Milipol, le salon international de la sécurité intérieure des États, qui désormais se tiendra sous l’égide du ministre de l’Intérieur.

Ce qui est encore le cas aujourd’hui. Les années impaires à paris, les années paires au Qatar.

Le salon de novembre 2009 a été inauguré par M. Brice Hortefeux. L’accent était mis sur des matériels de pointe « des forces de sécurité intérieure » bisounours_en_guerre_aufeminblog.jpgdont le catalogue allait des moyens de gestion de risque de pollution maritime, au déminage, moyens de police scientifique, terminaux et caméras embarqués, système de lecture automatisée des plaques d’immatriculation, géolocalisation, drone ELSA, etc.

Pour en revenir à nos moutons, lorsque Mitterrand entame son deuxième septennat, Joxe retrouve la place Beauvau. Maroquin qu’il cédera de nouveau à Pasqua, 2 ans ½ plus tard.

Dans Le Monde du 20 avril 2010, Pascale Robert-Diard écrit que l’arrêt qui renvoie Charles Pasqua devant la Cour de justice de la République souligne « que parmi les raisons avancées à l’intérêt immédiat de Charles Pasqua pour la Sofremi et à sa décision d’y placer, dès sa nomination, de nouveaux dirigeants, figure le fait que cette société servait auparavant de « pompe à finances pour le Parti socialiste » ».

Remarque intéressante.

Pendant ces années-là, la Sofremi tourne à plein régime, sans qu’on sache trop ce qui s’y passe.

Pour les policiers, c’est un truc à part, surtout depuis que cette société a quitté l’annexe du ministère de la rue Nélaton (là où se trouvait le siège de la DST), pour s’installer dans des locaux privés du VIII° arrondissement.

Un panier de crabes, disaient certains, où se côtoyaient l’argent, la politique et les barbouzes. Un mélange toujours détonant. Ce qui n’a pas empêché des retraités des deux Grandes maisons de servir d’intermédiaires ou de rabatteur d’affaires. Après tout, rien de plus normal pour d’anciens policiers et gendarmes que de travailler pour une boîte qui dépend du ministère de l’Intérieur !

En tout cas, les affaires traitées devaient être juteuses, car le remplaçant de Pasqua, au mois de mai 1995, Jean-Louis Debré, même s’il prend ses distances et réduit nettement son activité, se garde bien de la dissoudre. Et il ne tient pas compte des mises en garde qui lui parviennent, sous la forme de deux rapports distincts, qui pointent de nombreuses anomalies de fonctionnement.

La vérité, c’est que même dans les cabinets ministériels, on ne connaissait pas trop la couverture politique de cette entreprise de quatre sous.  Et dans le doute…

En 1997, Jean-Pierre Chevènement prend moins de précaution. Dorénavant, on ne paiera plus les intermédiaires, décrète-t-il. Donc, plus de commissions.

La Sofremi était déjà en perte de vitesse. C’est son arrêt de mort. Vingt millions de francs de pertes en 1998. Il faudra attendre les années 2000, et la mise en examen de plusieurs de ses anciens cadres, pour que l’État cède, enfin, sa participation dans cette société, qui redevient alors une entreprise comme une autre – ou presque.

Mais, il devait y avoir comme un rire_bondyblog.1272180742.pngvide, car l’année suivante, le ministère de l’Intérieur a créé sa petite soeur, CIVIPOL Conseil.

Heureusement, Pasqua a pris sa retraite.

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Sur ce sujet, on peut lire l’article du Point de janvier 2007 et celui de L’Express d’avril 2001.
Le dessin du haut de page provient d’un article (Vote sur la peur de l’ombre ) de Jack Mandon, sur le site Agoravox.
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On a crotté le drapeau français a été lu 4 306 fois et a suscité 36 commentaires. Sur un tel sujet, je m’attendais à me faire écharper, mais non, pas trop finalement. Le plus gênant dans cette histoire, me semble-t-il, c’est l’amalgame entre la politique et le drapeau. Car le drapeau français n’est l’étendard d’aucun parti, ni de droite ni de gauche.

On a crotté le drapeau français !

On l’a déjà sifflé, piétiné, brûlé, déchiré, mais c’est sans doute la première fois qu’on s’essuie le derrière avec.

photo-concours-de-nice2.1271868627.jpgCe drapeau bleu, blanc, rouge, dont nous, Français, avons parfois tendance à nous moquer, représente pourtant quelque chose d’important. C’est l’emblème de notre pays et il est l’image de notre histoire sur plus de deux siècles. Et nous avons tort de ne pas le considérer avec plus de respect – et surtout d’en faire un symbole politique.

Car il s’agit bien de cela.

Comment comprendre autrement que le jury d’un concours organisé par la Fnac de Nice prime, dans la catégorie « politiquement incorrect », une photo sur laquelle un homme se torche avec le drapeau français ?
Comment le responsable de ce magasin, qui se veut une référence culturelle, a-t-il pu laisser passer ça ? Assailli de réclamations, il a finalement pris la décision de retirer ladite photo de la liste des lauréats, avec l’accord du photographe, précise-t-il. Un peu tard. Quant à la ministre de la Justice, elle vient enfin de réagir en assurant que des poursuites seraient engagées. Un peu tard aussi.
Mais des poursuites contre qui ?

L’auteur de la photo, l’homme qui baisse son froc, le jury du concours, le dirigeant du magasin de Nice ou le grand patron de la Fnac ?

Pour mémoire, la Fnac fait aujourd’hui partie du groupe PPR, dirigé par François Pinault, lequel, en avril 2007, a été promu commandeur de la Légion d’honneur…

Je ne sais pas si l’article 433-5-1 du Code pénal (outrage à l’emblème national) s’applique à ce cas d’espèce, mais peu importe : il s’agit d’une responsabilité morale.

Il est quand même troublant de noter la différence de traitement entre le pataquès qui a suivi les propos tenus le 6 mars sur Canal+ par M. Eric Zemmour, et le silence assourdissant qui a suivi cet outrage au drapeau français commis douze jours plus tard.

Je sais, ça n’a rien à voir, mais j’avais envie de faire claquer le drapeau.

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Un nom sur une porte : mémorial pour un flic a été lu 1 901 fois et a suscité 25 commentaires.

Un nom sur une porte : mémorial pour un flic

Il s’appelait Francis Violleau. Le préfet de police de Paris vient d’inaugurer une nouvelle salle qui porte son nom, dans les locaux des compagnies de circulation. Personne ne le connaît, son histoire est si lointaine. La voici…

avis-de-recherche_spiegelde.1271576606.jpgCe jour du mois d’août 1981, lui et son collègue règlent la circulation dans le quartier de Montparnasse. Une moto de petite cylindrée, genre cyclomoteur, grille un feu rouge. Violleau s’époumone dans son sifflet. Sans résultat. L’engin poursuit sa course. Et en plus le pilote ne porte pas de casque ! Dans le cas d’une voiture, il aurait sans doute relevé le numéro, ce que l’on fait généralement dans ce cas. Et parfois même, lorsqu’ils n’ont pas eu le temps de le noter, les policiers font semblant, pour sauver la face, pour que les badauds soient persuadés que le chauffard ne s’en sortira pas à si bon compte. Mais là, pas de plaque minéralogique… Alors, les deux gardiens de la paix enfourchent leur vélomoteur et se lancent à la poursuite du contrevenant. Le collègue de Violleau fait une chute. Pas de bobo, mais il perd toute chance de recoller à la filature qui s’engage dans les rues de la capitale.

Mouais, je sais,  pas de gyrophare, pas de grincement de pneus, pas de deux-tons assourdissants. On est loin des films d’Olivier Marchal : deux vélomoteurs qui se tirent la bourre à, combien… 30, 40 km à l’heure ! Les deux engins remontent le boulevard Raspail à contre-sens.

Au bout d’un moment, le motocycliste est persuadé d’avoir semé son poursuivant. Il rejoint son garage, au fond d’une impasse. Soudain, le policier surgit. On imagine la scène. Il descend de son deux-roues, le cale contre un mur, et, tout en restant sur le qui-vive, il se dirige d’un pas assuré vers le fautif. Ne représente-t-il pas la loi ! On peut même penser qu’il sort déjà de sa poche son carnet à souches…

Surprise ! Le motard est une femme. Elle a son âge, à peu près. Elle n’est pas vilaine. C’est peut-être ce qui le déconcentre, lui fait baisser la garde. Le rend moins méfiant. Il arrive à sa hauteur. Sans doute lui demande-t-il ses papiers. Elle dézippe son blouson… Une arme jaillit. Il porte la main à la crosse de son 357. Il n’a pas le temps de finir son geste. Une balle lui traverse la gorge et vient s’écraser contre la 7e vertèbre cervicale.

« Quand pourrai-je enfin me lever ? » demande-t-il à Yolaine, son épouse, quelques semaines plus tard.  « Il faut le lui dire », lui souffle le médecin. Elle ne sait pas comment faire. Ni comment annoncer à ses trois enfants, dont le plus âgé a dix ans : votre papa est paralysé des quatre membres. Il est tétraplégique.

Après deux années dans un centre de réadaptation, contre l’avis du corps médical, Yolaine décide de ramener son mari à la maison. Mais c’est un travail de tous les instants, le jour, la nuit… Il faut le nourrir, le laver, lui prodiguer des soins, le retourner dans son lit… Au bout de quelques mois, elle craque. Une dépression. Elle est placée en clinique.

Quant à Francis Violleau, il atterrit dans un foyer pour personnes handicapées. Où il est mort en 2000, à l’âge de 54 ans, après avoir passé presque vingt ans de sa vie, parfaitement conscient et lucide, mais incapable de bouger, si ce n’est le bout des doigts, et de tenir une conversation de plus de quelques mots.

Officiellement, il n’est pas mort en service, pourtant…

Son « assassin » se nomme Inge Viett. Elle est membre de la RAF (Fraction armée rouge), ce groupe terroriste qui à l’époque cherche à déstabiliser l’Allemagne de l’ouest. Recherchée, elle se réfugie en RDA, où la Stasi, la police secrète de l’Allemagne de l’est, lui fournit une nouvelle identité. Avec  plusieurs de ses complices de la RAF, elle va y mener une vie pépère, poursuivant à distance son combat destructeur. La chute du mur inge-viett_bildde.jpgde Berlin lui sera fatale. Elle est arrêtée en 1990. Condamnée à treize ans de prison, elle est libérée à mi-peine. Derrière les barreaux, elle a écrit son autobiographie, publiée en Allemagne sous le titre Nie war ich furchtloser  (Je n’ai jamais été sans peur*).

Répondant pour l’occasion à une interview de Libération, elle a déclaré : « Je ne comprends pas pourquoi ce policier a voulu sortir son arme alors que je le braquais… Je crois qu’il ne m’a pas prise au sérieux, parce que j’étais une femme. »

Pas un mot de remords, aucun regret. Des années plus tard, elle ne comprend toujours pas…

Que peut-on dire de cette ex-terroriste de 66 ans qui vit probablement aujourd’hui de la retraite que lui verse l’Allemagne réunifiée ? Rien – même pas qu’elle a mal vieilli.

________________________________ Cette histoire, je l’ai reconstituée bribe par bribe, surtout à l’aide de documents allemands, en m’efforçant d’être au plus près de la vérité. Il y a peut-être des imprécisions, que les proches de Francis Violleau me pardonnent.
* Si j’en crois certains commentaires, la signification pourrait être inversée. Le journaliste de Libé, dont l’article est en lien, avait opté pour Jamais je n’ai eu aussi peu peur. Mais, entre nous, ce n’est pas le sujet.

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Des rumeurs du micro…cosme aux écoutes téléphoniques a été lu 11 605 fois et a suscité 18 commentaires. Pour ceux qui s’interrogent sur le fonctionnement et la technique des téléphones portables, on peut lire Principes de base du fonctionnement du réseau GSM, de Cédric Demoulin et Marc Van Droogenbroeck.

Des rumeurs du micro… cosme aux écoutes téléphoniques

Dans cette affaire dite des « fausses rumeurs » lancée par on ne sait trop qui et relayée par on sait qui mais sans savoir trop pourquoi, à la réflexion, un seul élément vaut le coup qu’on s’y attarde : Mme Dati a-t-elle fait ou non l’objet d’une écoute téléphonique ?

grandes-oreilles_film-la-legende-de-despereaux.1271316597.jpgBernard Squarcini, le patron de la DCRI, a annoncé clairement les choses : c’est non ! Son service a effectivement effectué une enquête mais il n’a pas été fait usage  d’écoutes téléphoniques, ni sur ladite dame ni sur personne.

Pour les non-initiés, il existe trois sortes d’écoutes téléphoniques : les écoutes administratives, les écoutes judiciaires et les écoutes sauvages.

Les premières sont réservées à certains services de police, gendarmerie, douanes… Chacun de ces services disposant d’un quota. Du temps de Mitterrand, la cellule élyséenne avait le sien. Les « productions » sont classifiées et ne peuvent être utilisées en justice. Pour cela, il faut utiliser les écoutes judiciaires.  Elles sont ordonnées soit par le juge d’instruction, soit, depuis la loi Perben II, par le procureur, via le juge de la détention et des libertés. Les autres, peut-être les plus nombreuses, ce sont les écoutes sauvages. La technique permet aujourd’hui des tas de choses, comme piéger un téléphone portable, ou le transformer en micro d’ambiance. Mais le top, c’est la réception en direct, par voie hertzienne, sans passer par l’opérateur. Donc, sans laisser de trace.  Pour cela, il suffit d’une valise de type « apériodique » qui permet de détecter tous les téléphones portables dans un rayon de plusieurs centaines de mètres.

Combien existe-t-il d’écoutes ? Inutile d’avancer un chiffre, il serait faux. Mais en fait, tout le monde est écouté, puisque la loi oblige les fournisseurs de réseaux à conserver la trace des communications pendant un an. On est donc écoutés par défaut.

En réalité, l’écoute des conversations est devenue accessoire. Il est plus important d’enregistrer un carnet d’adresses, de savoir qui appelle qui, à quelle fréquence, de quel endroit ; ou de détecter d’un clic de souris, toutes les personnes qui se trouvent à proximité de telle autre. Et tout cela peut aujourd’hui se faire de façon quasi automatique. On envisage pour demain – si ce n’est déjà fait –  l’enregistrement de toutes ces données d’une façon systématique. Aucune atteinte à la vie privée, nous dira-t-on, car ces données ne seraient utilisées qu’en cas de besoin.

Il y a un aspect positif à cette histoire de « petits clapotis ». Puisque la DCRI a été chargée d’effectuer des recherches sur l’origine de ces rumeurs, cela peut vouloir dire, a contrario, qu’il n’existe pas auprès du président de la République un service top secret capable de le faire…

Donc, pas de « bad » brigade au Château, comme cela était le cas à d’autres époques. Une bonne chose pour la démocratie.

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Le poisson d’avril de MAM a été lu 3 713 fois et a suscité 9 commentaires.

Le poisson d’avril de MAM

On sait combien au ministère de la Justice on est respectueux des traditions, mais de là à épingler un poisson d’avril dans un article du Code de procédure pénale, il fallait oser…

Eh bien, c’est fait !

nemo.jpgDans le décret du 1er avril 2010, qui reprend certaines dispositions concernant l’assignation à résidence avec surveillance électronique (ARSE), dans la partie concernant les mineurs, il est dit ceci (art. D. 32-26)  : « En cas d’assignation à résidence avec surveillance électronique au domicile des représentants légaux du mineur, le juge d’instruction spécialement chargé des affaires concernant les mineurs, le juge de l’enquête ou des libertés ou le juge des enfants compétent pour ordonner la mesure recueille préalablement l’accord écrit de ces derniers. »

Petit hic, le juge de l’enquête ou des libertés n’existe pas, sauf dans la tête des gens qui préparent la réforme de la procédure pénale (le titre envisagé dans le pré-rapport est juge d’instruction et des libertés). Les rédacteurs de ce texte ont donc pris un sacré raccourci en institutionnalisant un magistrat aux contours encore imprécis, qui doit en principe venir combler le vide laissé par la suppression du juge d’instruction.

On suppose que les susnommés, et les signataires de ce décret (François Fillon  et Michèle Alliot-Marie), ont voulu parler de l’actuel juge de la détention et des libertés…

Il faut dire que notre législation est tellement ondoyante qu’ils ont bien des excuses, allez ! Le principal, n’est-il pas, c’est qu’il y ait le mot « liberté »…

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A l’intérieur de l’Intérieur a été lu 1 203 fois et a suscité 14 commentaires. Pour le billet du jour, mes remerciements au magistrat qui m’a signalé ce lapsus révélateur. 

À l’intérieur de l’Intérieur

Reprise en main. C’est le maître mot place Beauvau. Et l’idée d’un ministère de l’ordre public continue de faire son bonhomme de chemin. Pour l’instant, la crainte d’un effet boomerang semble l’emporter. Car, tout comme trop d’impôts tuent l’impôt,  certains pensent qu’un excès de politique sécuritaire pourrait créer dans la population – donc parmi les électeurs de 2012 – un sentiment d’insécurité.

geopoliticus_salvador-dali.jpgDans la police, on n’est pas loin de France Télécom. La tension est constante. Et nombre de policiers, ceux qu’on n’entend jamais et qui se contentent de faire leur job du mieux possible, lorgnent sérieusement vers la sortie. S’il n’y avait pas la marmite à faire bouillir, on assisterait sans doute à une réelle hémorragie.

Où est le malaise ?

En fait, la police est en pleine mutation.

Dans le rang des officiers de police, on sent comme un flottement. Du jour au lendemain, on les a éloignés du travail de terrain pour en faire des cadres. En leur collant des responsabilités auxquelles ils n’étaient pas nécessairement préparés, ou auxquelles ils n’aspiraient peut-être pas, avec des horaires à rallonge et un stress omniprésent. Et fini les heures sup’, les récup’… On leur passe la main dans le dos, on leur dit, vous êtes des patrons, mais dans les faits, ils n’en tirent guère d’avantages. Et ils louchent vers les commissaires…

Lesquels ne sont pas tous satisfaits. Loin s’en faut. A part ceux qui aspirent à de hautes fonctions, les autres ne se retrouvent pas dans ce métier de gestion et de conception, bien éloigné du métier de policier qu’ils ont choisi.

Pour certains officiers, c’est l’amertume qui l’emporte. Pour d’autres la pression est trop forte, comme cette mère de famille, à Marseille, incapable de faire la part des choses entre vie privée et vie professionnelle.

À l’étage en-dessous, le boulot des « inspecteurs » est à présent le quotidien de ce qu’on appelait avant le corps des gradés et des gardiens de la paix. Ils ont la lourde tâche d’assumer des pouvoirs bien plus importants que par le passé (pour certains celui d’OPJ) et de les appliquer sur le terrain. Donc, un risque de pépin accru, ce qui nécessite une attention de tous les instants. Et comme c’est la police que l’on voit, celle de tous les jours, celle qui est toujours là  « au mauvais moment », celle qui est au contact de la population, ils ont la pénible impression d’être en permanence jugés – et souvent mal jugés.

Ils représentent la police qu’on n’aime pas toujours. Et ça, ce n’est pas facile à vivre.

Et comme la nature a horreur du vide, peu à peu, on est en train de créer un nouveau corps de « gardiens de la paix » en recrutant à tout va des adjoints de sécurité. Quinze cents cette année. Payés au smic, formés en trois mois, on peut s’attendre à les voir prendre de plus en plus d’importance dans la police de base. Et du fait de leur statut précaire, ils ont au moins « l’avantage » d’obéir sans discuter et d’avoir qu’un seul droit, celui de la fermer.

On a donc une police plus ou moins désorganisée avec des policiers qui s’observent, qui s’épient, qui cherchent leurs marques. Qui sont, si j’ose dire, tournés vers l’intérieur.

Dans la gendarmerie, les structures sont plus solides, mais depuis cette décision à l’emporte-pièce qui de fait les a éloignés de leur statut militaire, il y a rupture de contrat. Et un certain flottement. Pour ne pas dire un rien de rancœur. Et si les sanctions affligées récemment pour l’exemple peuvent imposer le silence dans les rangs, elles n’ont qu’un effet de surface. Sous son képi, chacun n’en pense pas moins.

Au sommet de la chaîne judiciaire, les magistrats ne sont pas mieux lotis. Cette réforme claironnée et qui ne viendra sans doute pas, du moins pas dans l’immédiat, a laissé des traces quasi indélébiles. Avec une cassure très nette entre les juges et les procureurs. Les premiers, on l’a vu dans la querelle sur la garde à vue, s’éloignant de la police pour défendre une idée noble de la justice ; les seconds,  au contraire, resserrant les liens avec les flics, dans une approche plus pragmatique.

On peut donc dire qu’on a réussi en quelquesjongleur_educatoutcom.gif années à faire de notre système police-gendarmerie-justice une véritable pétaudière. Et aujourd’hui, ces hommes et ces femmes qui concourent à notre sécurité, ce n’est pas d’une reprise en main dont ils ont besoin, mais d’une véritable feuille de route : des objectifs précis et non de circonstances ; et des moyens législatifs clairement définis.

Et surtout, qu’on les laisse travailler loin du show politique.

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Rumeurs mort-nées a été lu 2 691 fois en deux jours et a suscité 10 commentaires.

Rumeurs mort-nées

La France a peur. On a frôlé l’ambiance des années 60, lorsque Michel Debré, en pleine nuit, lançait son appel pour exhorter les Parisiens à prendre les armes et à repousser les militaires factieux qui préparaient un coup d’Etat. Et chacun (du moins ceux qui n’étaient pas couchés) de lever les yeux au ciel pour détecter ces affreux paras qui devaient sauter sur la capitale.

obelix_imagesshack.1270707669.jpgCe n’était qu’une rumeur. Tout comme celle, colportée par une certaine presse, à laquelle, il faut bien le reconnaître Le Monde s’est associé, qui disait que notre service secret, la DCRI, avait ouvert une enquête sur la rumeur concernant les époux Sarkozy. C’est du moins ce qu’a dit la Première dame : « Il n’y a aucune enquête de police, c’est inimaginable de dire une chose pareille… »

Pourtant si c’était vrai. Si, comme l’a rapporté son patron, Bernard Squarcini, son service avait été saisi par le directeur général de la police afin d’effectuer une « remontée informatique au plus près du point de départ dans le temps (de la rumeur) et si possible de la source ». Alors…

Alors, on se dit que tout cet arsenal législatif, que tous ces moyens en hommes et en matériel, que tous ces trucs destinés à lutter contre le terrorisme, et accessoirement la criminalité organisée, le trafic de stupéfiants et la pédophilie, pourraient bien être utilisés à d’autres fins.

Des fins moins avouables. Au mieux des broutilles.

Comme piéger un site internet pour identifier les automobilistes qui achètent des détecteurs de radars routiers.

Oh, le phénomène n’est pas nouveau ! Ainsi, lorsque j’étais petit inspecteur à la DST, on était supposés pourchasser les espions du bloc de l’Est. À Noisy-le-Grand, près de Paris, au lieu-dit La Grenouillère, nous balayions les ondes à longueur de journées et de  nuits pour détecter les « flashes » des espions. C’était le moyen de communication préféré des « agents dormants ». Un message morse, chiffré et compressé, qui se traduisait par un bzz de mouche tsé-tsé. Pas facile à capter. Au petit matin, pour se défouler, dans cet immense terrain inculte où seules poussaient les antennes radio, on faisait des cartons sur les animaux chouchous de Stéphane Guillon, l’humoriste de France Inter.

Je sais, pas de quoi s’en vanter.

Mais comme tout ce travail n’était guère productif (de mémoire d’homme, on n’a jamais trouvé un espion de cette manière), on pourchassait aussi les cibistes, ces radioamateurs qui passaient leurs soirées à discutailler sur les ondes un peu comme le font aujourd’hui les internautes.
Dans des véhicules dotés d’un matériel hors de prix, nous sillonnions la capitale pour « gonioter » les délinquants. Et enfin, lorsqu’après des semaines et des semaines d’efforts on débarquait chez eux pour saisir le matériel, on savait bien que tout ça, c’était « pour de rire ». Pas de menottes, pas de garde à vue, pas de fouille à corps, pas de gyrophare, pas de traversée de Paris le pied au plancher. En bout de course, le président du tribunal, leur collait cinq cents francs d’amende, « et n’y revenez pas », ne manquait-il pas d’ajouter, goguenard.

Je raconte ça pour expliquer qu’on ne peut pas rentabiliser un service secret en limitant son coq-gaulois_bondy-blog.1270707757.jpgaction à ce pour quoi il est fait. Lutter contre les espions, les terroristes…, ça remplit pas le filet.

Et tout bien réfléchi, et pour en revenir à toutes ces fausses rumeurs, comme celle qui dit que le patron de la DCRI pourrait bien devenir le Monsieur sécurité de l’Élysée, la France n’a pas peur, elle s’ennuie.

Alors, toutes les occasions de rigoler un brin sont bonnes à prendre.

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GAV : il faudrait accorder les violons a été lu 7 757 fois à ce jour, avec 39 commentaires. Des avis variés mais souvent pertinents. Pour répondre à Volte | , voici la partie du texte du  SCPN, communiqué AFP, que je n’avais cité que partiellement :
« La garantie des droits des gardés à vue nous conduit d’ailleurs à nous étonner que le service du casier judiciaire, qui dépend du ministère de la Justice, soit fermé la nuit et le dimanche. Ces horaires peu adaptés nuisent à l’efficacité des policiers et des magistrats. Ceux-ci sont en effet tenus d’attendre le lendemain matin et, dans le cas d’une interpellation le samedi soir (après 18h30), jusqu’au lundi matin pour obtenir le bulletin numéro un du casier judiciaire. Or ce document leur est indispensable pour prendre une décision de remise en liberté ce qui oblige les policiers à prolonger inutilement les gardes à vue.
Nous pensons qu’il serait utile de pouvoir mettre fin à la garde à vue, mesure restreignant les libertés individuelles, à toute heure du jour et de la nuit. Il convient donc d’organiser des permanences de magistrats au tribunal en dehors des heures ouvrables, c’est-à-dire, la nuit et le week-end pour que les policiers, qui se sont déjà organisés pour être présents en dehors des heures dites « de bureau », puissent immédiatement obtenir les décisions des magistrats, seuls habilités à dire s’il faut remettre les personnes en liberté, y compris la nuit. »

GAV : il faudrait accorder les violons !

Tandis que policiers, magistrats et avocats lavent leur linge sale en famille, on s’aperçoit que personne ne semble avoir la même vision de la garde à vue. Pour certains, il s’agit d’une atteinte grave aux libertés fondamentales et pour d’autres le seul moyen de réunir des preuves contre les délinquants.

De toutes parts, on est dans l’excès. violon_blog-de-jean-marc-onkelinx.png

Le syndicat des commissaires (SCPN) s’en prend aux magistrats et aux avocats. Et leur dit en deux mots : vous ne bossez ni le week-end ni la nuit. Il conviendrait donc « d’organiser des permanences de magistrats au Tribunal en dehors des heures ouvrables […] pour que les policiers puissent immédiatement obtenir les décisions des magistrats, seuls habilités à dire s’il faut remettre les personnes en liberté… ». Et le ton est encore plus polémique envers les avocats, auxquels il est reproché deux poids deux mesures. D’un côté, ils réclament le respect des décisions de la Cour européenne en matière de GAV, de l’autre, ils traînent les pieds pour appliquer la troisième directive antiblanchiment, qu’ils considèrent comme une grave atteinte au secret professionnel.

De son côté, le syndicat Synergie Officiers en rajoute une couche. Il accuse les avocats d’un combat mercantile destiné à « arrondir leurs fins de mois ».

Pas du tout, répondent ceux-ci, nos honoraires sont inférieurs à ceux d’un médecin, pour un temps de visite beaucoup plus long. Et ils ripostent en affirmant que les policiers utilisent la GAV comme une arme, un moyen de pression pour obtenir des aveux, ce qui va à l’encontre des droits de la défense.

On n’est pas dans un débat, mais dans une querelle de clochers.

Dans le même temps, les patrons de certaines entreprises craignent tellement de se retrouver en GAV, qu’ils suivent des stages de préparation. Un peu comme on organisait autrefois, après l’enlèvement du baron Empain, des séminaires pour réduire les risques de kidnapping.

La GAV est-elle devenue un fait de société du XXI° siècle ? En tout cas, elle est au  cœur de l’actualité.

Même le directeur général de la PN, s’y met. Il serait « ravi », dit-il, qu’on réduise leur nombre, mais il estime que l’inflation est due « essentiellement à la loi ». Pour résumer sa pensée, il faut mettre le citoyen en garde à vue, afin de le protéger de tout abus de la police…

Alors, si c’est le cas, oui, il serait grand temps de légiférer !

Mais en fait, tout est déjà noir sur blanc. C’est ce que vient de rappeler le directeur central de la sécurité publique dans une note récente, que je me permets de résumer :

La garde à vue ne saurait être systématique et les mesures de sécurité qui l’accompagnent ne doivent pas porter atteinte à la dignité de la personne.
Le gardé à vue peut faire l’objet d’une palpation de sécurité « complète, méthodique et méticuleuse » à chacun de ses déplacements, mais en revanche la fouille de sécurité est réservée aux seules personnes susceptibles de dissimuler des objets dangereux. Systématique, celle-ci serait considérée comme attentatoire à la dignité humaine, d’autant plus si elle s’accompagne d’un déshabillage complet.

La palpation est donc la règle, et la fouille l’exception.

Quant au menottage, il ne doit être utilisé que lorsque la personne est considérée comme dangereuse ou susceptible de prendre la fuite. Il faut donc agir avec discernement. À noter que pour les mineurs de 13 ans, l’usage des menottes est à proscrire, et pour ceux de 13 à 18 ans, il doit rester exceptionnel.

Enfin, de façon subliminale, le directeur central recadre les responsabilités en rappelant aux chefs de service que si la garde à vue est placée sous la responsabilité d’un OPJ, « les mesures de surveillance, de sûreté, de soins, d’alimentation, de repos et d’hygiène » relèvent de l’autorité administrative, autrement dit de la hiérarchie.

Et le marrant de l’histoire, c’est qu’il ne fait que réécrire des instructions plus anciennes, et notamment la circulaire du 11 mars 2003, signée Nicolas Sarkozy.

Comme quoi il est plus facile de donner des instructions que de les faire appliquer…

Ces consignes sont d’ailleurs reprises dans le projet de réforme pénale.

La seule vraie question, celle qui subsiste, c’est la présence ou non de l’avocat dès le début de la GAV, ou du moins dès la première audition d’un suspect.

Il est vrai que cette mesure nécessiterait de la part des policiers et des gendarmes un effort d’adaptation. Mais au lieu d’être systématiquement contre, pourquoi ne pas voir les avantages : la fin de la procédure écrite de A à Z, le poids incontestable d’un témoignage, la valeur irréfragable d’un aveu, la transparence du travail de l’enquêteur, la fin de la défiance, de la suspicion, etc.

pinocchio.1270370351.jpegDrôle d’époque ! On vit dans le passé, on s’accroche au présent, on œuvre pour le bien de ses enfants, on imagine la fin du monde, dans un siècle ou deux – et, en même temps, on ne voit pas plus loin que le bout de son nez.

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Petites mélodies en sous-sol a été lu  1 440 fois à ce jour et a suscité 11 commentaires.
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