Le 23 avril, c’était ma fête, mais c’est Bruno Beschizza qui devait être aux anges en lisant ces quelques mots : « Par décret du président de la République (…) M. Bruno Beschizza, commandant de police fonctionnel, est nommé sous-préfet hors cadre. »
Est-il fier de lui, le BB ? Je n’en suis pas sûr. Tant il est difficile à supporter le jugement de ses pairs !… Mais que lui reproche-t-on au juste ?
Même si dans certaines critiques, il y a un zeste de jalousie, ce qui ne passe pas, mais pas du tout, c’est le mélange des genres. Pour prendre une comparaison, c’est un peu comme si François Chérèque acceptait un poste de ministre…
Car c’est bien de ça qu’il s’agit, le mélange des genres. Parachuté dans la campagne des Régionales par le président de la République alors qu’il était secrétaire général du syndicat Synergie Police, on s’aperçoit aujourd’hui, une fois les élections passées, que de par son statut, il ne peut pas siéger au Conseil régional. Et, pour que cette aventure ne lui coûte pas d’argent (4 000 € dans la police contre 2 000 au Conseil régional), on le bombarde sous-préfet.
En fait, Beschizza est victime du système Sarkozy : on fait les choses d’abord, et l’on s’arrange après.
Cela dit, il n’est pas le premier policier à faire une carrière grâce à l’entregent, l’intrigue, le savoir-faire, la réclame (Villiers de l’Isle-Adam, 1883), mais jusqu’à présent, les pistonnés restaient dans la « maison » (ce qui n’est pas le cas pour certains magistrats qui aspirent volontiers à la députation). Le plus célèbre des flics-chouchous n’est pas Frédéric Péchenard, comme le disent certaines mauvaises langues, car il était commissaire de police bien avant que son ami d’enfance ne soit ministre de l’Intérieur, mais Raymond Sasia. Garde du corps du général de Gaulle à Londres, il a traversé en un éclair toute la hiérarchie policière sans jamais passer un concours. On lui doit la méthode de tir instinctif, dite méthode Sasia, qui consistait, au coup de sifflet, à dégainer et à vider son chargeur ou son barillet dans le laps de temps le plus court possible. Un geste qui devait devenir un automatisme. Les anciens se souviennent de ces heures d’entraînement… On appelait ça faire sa prière.
En attendant, BB a trahi ses troupes. Il a torpillé son syndicat. Un conseil national doit se tenir la semaine prochaine. L’ambiance risque d’être houleuse.
Le mot de la fin revient au secrétaire général du SNOP, syndicat majoritaire des officiers de police : « Cette nomination (…) jette le discrédit sur le syndicalisme policier ».
À un moment où ça marmonne pas mal dans les rangs, c’était peut-être le but recherché.
Je souhaite beaucoup de réussite à M. Beschizza.
En effet, que de chemin parcouru !
Ancien inspecteur divisionnaire appelé désormais commandant de police, il réussit de par son labeur à faire reconnaître la catégorie A à son statut et celui de ses collègues partageant la même qualité.
Noble combat que celui de la défense des fonctionnaires de la police nationale, cet avancement des différents grades au cours des années vaut bien celui des collègues sur le terrain en région parisienne. Le concours n’est que secondaire, l’Homme ne se reconnait-il pas avant tout à ses qualités humaines et son engagement ? D’ailleurs, n’est-ce pas là la meilleure illustration du mérite ?
Certains devraient s’inspirer de son exemple et s’investir dans le détachement syndical, loin de l’agitation du terrain. Cet éloignement est propice à la réflexion et à l’observation de ce que font les autres.
Je salue sa nomination éclairée et avalisée par le président de la République. D’ailleurs, merci à lui d’avoir permis la reconnaissance du statut catégorie A il y a quelques années de cela.
Je citerai enfin l’article du monde :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/04/21/l-elysee-tente-de-sauver-le-siege-de-bruno-beschizza_1340518_3224.html
Et une citation de M. Beschizza concernant sa nomination : « Je suis commandant fonctionnel, je peux être sous-préfet, on fait souvent comme ça avec les commandants de l’armée. »
Quelle belle candeur.
Je vous souhaite de la conserver au cours de la fréquentation de ce nouveau monde dont, je ne doute pas un seul instant, vous saurez vous approprier les codes et coutumes afin de servir la République.
Nota : les chefs de bataillon de l’Armée passent un concours, eux, pour accéder à la qualité de sous-préfet… Et pourtant, ils ont réussi leur concours à Saint-Cyr… Un peu comme les gardiens de la paix pour obtenir leur OPJ et ensuite progresser mais bon, cela reste secondaire.
Tous mes voeux de réussite vous accompagnent.
Effectivement, BB est l’un de ces syndicalistes qui parle de choses, de beaucoup de choses, qu’il ne connait, pour ainsi dire, pas. Et c’est la grosse faille du syndicalisme. Il n’est pas le seul, dans cette situation. On devrait pouvoir limiter le nombre de mandats syndicaux, en fait, le temps où l’on est détaché à temps plein pour cette fonction.
Lui a fait sa carrière dans la Police, alors que je ne suis pas sur qu’il ai un jour eu à procéder à une interpellation, ou quoi que ce soit du genre !
Les hommes, les organisations et le Pouvoir.
Ce que j’apprécie chez Georges Moréas c’est le ton de son écriture et sa capacité à s’adresser à des profanes.
Je ne connais rien à l’institution policière et son organisation, je fuis les idéologies déballées et inébranlables (qu’elles soient dextres ou senestres) et j’apprends toujours quelque chose sur ce blog.
Le ressenti des hommes, la logique des organisations dans lesquelles ils se débattent et le laminoir du Pouvoir.
En général des bonnes analyses, de la légèreté dans le ton et des conclusions qui ouvrent des portes à la réflexion personnelle du lecteur.
Encore !
« république de copains et de coquins », disait le grand Charles après l’affaires Ben Barka… Mais bon !… Lui aussi était un fervent élève de Machiavel.
Quant à « Charly-la-rafale », le costard rayé qui lui aurait sied le mieux était celui « mode in Cayenne »… et s’il se prit parfois pour un « croisé », ce fut uniquement à cause de la mode vestimentaire des années 30 que son entourage l’objurga d’abandonner.
« Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent », a-t-il dit aussi… Génial ! Machiavel lui même ne l’aurait pas osé, celle-là !… Charly ? Aucun problème de conscience… puisque ce boulet de la réussite politicienne ne l’a jamais encombré !!
Je me souviens quand même d’un temps où la majorité de son « cheptel » le vénérait comme le plus « coriace des ministres de la justice »… Mouais !… On devrait proposer la place à Christoph Rocancourt, tiens !
Quant au fameux « délégué syndical », pivot de ce sujet (Merci Georges ! ;-)… !!) »Caméra Café » nous en a dressé un portrait type tout à fait réaliste, il me semble ; Hervé !… Eh ! Que les amis « poulets » n’en fassent pas une « fixette »; c’est partout pareil !
Des bons… des honnêtes… Il y en a… si si !… Comme en politique… enfin, il parrait !… Mais, putain ! Qu’est-ce qu’il faut être patient pour en dénicher un !!
Comme dit Pasqua, « si je suis pourri condamner moi »
Ne devrait-il pas avoir été sous-préfet pendant 6 mois plein avant son élection pour prétendre siéger?
Il me semble bien que si….
Oups le code électorale vous avez dit?
Nemesis
On a vraiment tout d’une république bananière … et avec la super gestion en Europe, bientôt, on va en avoir l’économie !
Finalement rien ne change ….. depuis la parution de l’excellent ouvrage intitulé « Place Beauvau »!!!!!
Le quidam on le connait bien et la tenue il l’a pas beaucoup mise depuis sa scolarité en 1992 d’Officier de Paix!!!! décidément le syndicalisme des officiers de police est mal barré…..Entre la signature d’un protocole inique pour les uns et une manifestation organisée à contre temps pour les autres…..
Que n’ai je entendu à propos d’une proposition de manifestation durant la présidentielle: « On ne peut pas lui faire ça!!!!!! »
On voit le résultat maintenant…………
Dans le genre, n’a-t-on pas connu « mieux » il y a quelques années ?… ou nettement pire, c’est selon le point de vue… avec un appointé des « services de renseignements » (notion très confuse à l’époque à cause de l’interpénétration des genres… voire de certains « zhommes » à placer dans le même sac)amoureux de photographies olé-olé, torpille programmée pour saper un présidentiable… viré une fois celui-ci élu, puis réintégré par son marionettiste pour se voir nommé préfet le jour anniversaire de la mort du président jadis visé… quand même re-viré après moult facécies crapuleuses qui auraient valu quelques siècles de cul-de-basse-fosse à un quelconque quidam… encagé quand même, au final, mais juste pour rassurer le con-tribuable sur l’équité de l’instrument judiciaire… enfin, bref; pour éviter d’en tirer tous les volumes nécessaires à l’édification des con-citoyens; cette antienne ne vous apparait-elle pas d’un usage… « traditionnel » au coeur de notre « raie publique » ?
Je comprends mieux aujourd’hui que l’impunité qui autorisait certains discours quasiment hystériques du secrétaire général de ce syndicat (et de son adjoint qui n’est pas en reste en la matière) était garantie par le plus haut niveau de l’Etat. Tout ceci n’est pas joli joli…
Ca promet pour les différentes négociations futures…
« Cette nomination (…) jette le discrédit sur le syndicalisme policier ».
Ah bon ? Le syndicalisme policier disposait donc encore d’une forme de crédit, en termes d’honnêteté et de désintéressement ? Même minuscule ?
La vache, on me dit jamais rien, dans cette maison !
@Philippe
« je n’entends aucune déclaration d’indignation »
Comme tu ne le sais que trop, quelles que soient les opinions politiques affichées des médias (c’est à dire même pour ceux qui s’annoncent « d’opposition »…), nous ne sommes pas considérés comme des « sources autorisées ».
B.B. a inventé Saint-Trop-de-Pèze. Mais je préfère me taire. Aujourd’hui, je suis triste pour notre « maison » car je n’entends aucune déclaration d’indignation. J’ai contacté, hier, Dominique Achispon, le secrétaire général du SNOP, pour connaître son opinion. Il m’a dit : « je suis content pour lui ». « Ah non c’est un peu court, jeune homme / On aurait pu dire bien des choses en somme ». Vous connaissez la tirade du pied-de-nez?
Bonjour,
On ne peut que s’incliner devant le fait du
roiroitelet élyséen.La France est tombée bien bas.
Vive Sarkozy, vive le népotisme et la gabegie !
http://wp.me/ERCo
L’autre question serait de savoir quel a été son réel statut durant la campagne des Régionales.
« En congé de son syndicat », cela ne veut pas dire « en congé de la Police » comme le voudrait le code électoral pour que son élection soit valide.
Alors, durant cette période de campagne, l’administration peut elle prouver qu’il n’a pas été payé par le Ministère de l’Intérieur ?
Ensuite, plus que le poulain de Monsieur Sarkozy, il est surtout celui de Monsieur Guéant…
Un mélange des genres encore plus opaque…
Enfin, présenté comme un « policier », il serait sans doute temps que les journalistes se posent la question, concernant ce lapin de trois semaines de salon élyséen, du temps qu’il a vraiment passé durant sa carrière à effectuer des missions de police de terrain. (aux alentours de trois ans d’après sa reconstitution de carrière faite par les « anciens », temps de stagiaire compris.)
Ce qui ne l’a pas empêché de passer tous les échelons à la fois de passage de grade et honorifiques sans aucune difficulté.
La véritable insulte que représente la promotion de cet avatar de policier, pour ceux qui triment sur le terrain chaque jour, sans beaucoup de moyens et dans l’indifférence polie des dirigeants, se trouve sans doute là.
Belle démonstration d’une certaine forme de népotisme du système actuel.