Lors d’un dîner amical réunissant des journalistes de la presse, de la radio et de la télévision, un débat s’est installé, non sur la suppression de la pub à la télévision publique, mais sur l’abandon, par RFI, de ses émissions en ondes courtes.
Il faut dire qu’en ce moment, à Radio France International, les gens sont un peu à cran. Depuis que l’ancien patron d’Havas, Alain Pouzilhac, et la journaliste, Christine Ockrent, ont pris les commandes, y a du rififi à RFI. Et les licenciements vont bon train : Richard Labévière, Loïc Hervouët (le médiateur) et Ulysse Gosset. Ce dernier a dressé un portrait de Bernard Kouchner, le compagnon de sa patronne. L’intéressé n’aurait pas apprécié…
Non, non ! J’ai rien dit !… On a trop parlé ici des fouilles à corps intimes pour que je prenne le moindre risque. D’une manière générale, on peut quand même s’étonner de la consanguinité entre les mondes de la politique, des médias et des affaires.
Mais revenons aux ondes courtes. Elles ont la particularité de se réfléchir sur la couche ionosphérique, ce qui permet une très grande portée avec une puissance d’émission relativement réduite. Le seul moyen, m’a affirmé un technicien, d’assurer le maintien des communications en cas de cataclysme universel.
Un truc vieux comme la radio, simple et qui ne coûte pas cher. Enfin qui ne coûtait pas cher. Car RFI est lié à TDF, l’opérateur de réseaux hertziens et des infrastructures (groupe détenu à 42 % par un fonds d’investissement américain), par un contrat d’un autre âge.
Impossible de le rompre. Et impossible de négocier les prix de la location des émetteurs et des antennes. (D’après Wikipédia (ici), RFI dispose de deux sources de revenus : une fraction de la redevance audiovisuelle et une subvention du ministère des affaires étrangères)
Alors, pour justifier l’interruption programmée des ondes courtes, la direction met en avant que les émissions peuvent maintenant être reçues dans le monde entier, et ce à moindre coût, grâce au Web.
Mouais. À part que l’Internet peut faire l’objet d’un contrôle, d’un filtrage, d’un blocage, et qu’il est facile d’identifier l’utilisateur de tel ou tel site. Avec les ondes courtes, pas de contrôle, pas de censure, pas de flicage.
J’utilise ce mot à dessein. Pour retomber sur mes pieds, et revenir à l’objet de ce blog. Mais après tout, de temps en temps on peut parler d’autres choses que des histoires de police, non ! D’autant que j’étais rudement content de les trouver, les ondes courtes, il y a quelques années, lorsque j’étais sur mon bateau (que je m’étais offert après un hold-up sur TF1, en l’occurrence une demi-douzaine de scénarios pour une série franchouillarde).
RFI diffuse, par exemple, plus de 20 heures d’émission par semaine en chinois. On imagine la joie, simple mais réelle, que peut ressentir un Chinois en écoutant dans sa propre langue des informations provenant de l’autre bout du monde ! Et de la France, de surcroît, pays encore considéré (à l’étranger) comme la patrie des droits de l’homme.
Et demain, cette liberté d’information serait sous contrôle… Je ne sais pas ce que vous en pensez… S’agit-il du prix à payer pour vendre un Airbus, un TGV, ou je ne sais quoi ?
Ça serait trop moche.
Bonjour
a ce jour les émissions de RFI en ondes courtes notamment pour la météo marine à partir de 11h 30 UTC ont -elles été supprimées.
cordialement
pierre chaffard
Francais de l’etranger, je signale que RFI de diffuse plus sur l’Europe que 30 minutes de programme par jour (la meteo marine)… Mon beau recepteur a ondes courtes achete 400 euros il y a quelques années ne capte plus grand chose et c’est bien triste. Ma radio wifi est certe bien pratique mais ca n’a pas le meme charme. Bien sur, les ondes courtes sont un formidable vecteur d’information pour les pays ou l’information est « controlée » et peuvent aussi servir en cas de catastrophe. Dans de nombreux pays pauvres, la radio est le seul moyen d’information ou de divertissement ; la TV coute trop cher et un transistor ne necessite que des piles…
Ceux qui peuvent encore écouter RFI grâce aux ondes ont bien de la chance. Ici à Lisbonne il y a belle lurette que le temps d’antenne a été grignoté petit à petit jusqu’à disparaître de 8h à minuit. Reste la nuit… Dans la journée, RPL (radio Paris Lisbonne) diffuse du jazz (de bonne qualité) entrecoupé de portugalités assez ordinaires. J’ai protesté (RFI détenait 75% des parts après tout)auprès du médiateur, il n’a jamais répondu.
Je me suis mise à podcaster FC, mais je regrette l’ouverture sur le monde, la pluralité des vues, le ton des infos.
Le rififi qui règne à RFI n’a évidemment rien à voir avec une quelconque reprise en main des médias : seuls des esprits vraiment malintentionnés, à l’affût de la moindre bévue du gouvernement (alors qu’il ne s’agit ici que de faire des économies indispensables en cette période de crise), peuvent imaginer de tels scénarios délirants !
Même un Nonce Paolini, à TF1, n’en voudrait pas !
mon fils est lycéen, son lycée (Chinon) était partiellement bloqué depuis lundi. Ce matin, aucun texto ne passait. sachant que les « bloqueurs » s’organisaient essentiellement par texto ou msn, je ne peux croire à un hasard surtout qu’il existe un relais sur le toit du lycée.
Evoquez la triste realite du monde politique, et on vous tance aussitot de paranoia-suraigue, d’espionnite chronique, de relais complaisant de Dieu sait quel « complot mondial »… or, contentez-vous d’etre un simple lectueur de l’histoire, et vous constatez que les emules de Machiavel nous amenent doucement mais surement vers le monde reve du « plein emploi »… ou « chaque surveille ayant a charge un autre surveillant », il sera devenu impossible de distraire le moindre centime…. qu’une poignee de sybarites gras a exploser ne sauront meme plus comment depenser.
Restera a decouvrir un metier d’avenir prometteur ; comment distraire ces conquerants de l’Olympe domestique ?
Continuez, Georges !
Et rappelez-nous au besoin cette devise republicaine du peuple en voie d’emancipation;
« Ave, Cesar ! Quello che va morire te salute ! »
Il y a quelques année, dans la jungle, j’ai rencontré un indien parlant (mal) mais comprenant très bien la français. Rencontre impossible sans RFI et un vieux poste de radio….
Je suis un « Français de l’Étranger ». RFI, c’est capital pour moi. Mais c’est aussi, disons-le, une EXCELLENTE radio, qui diffuse dans le monde entier un discours pluraliste, républicain, propose des expertises, anime des débats. RFI, c’est une radio (presque) libre, fraternelle (toujours) et égalitaire (pour l’instant). C’est ma radio. Si on me l’abime, je m’en souviendrai.