Dans le procès Xynthia, la condamnation de René Marratier, l’ancien maire de La Faute-sur-Mer, à quatre ans de prison ferme a surpris nombre de personnes et a fait réagir au quart de tour la journaliste du Monde Pascale Robert-Diard. Dans l’hebdomadaire de notre journal favori, malgré les caractères ridiculement petits qui sont une invitation à ne regarder que les pubs, chacun a pu apprécier l’envolée littéraire qui s’éloigne de la chronique judiciaire pour interpeller son lecteur. Même si l’image du Christ crucifié qui illustre l’article frise le mauvais goût et aboutit d’ailleurs à desservir les propos, puisqu’en théologie, la victime est offerte pour le salut de l’homme. À moins que la croix de Tau ne soit comme un message subliminal, mais alors, là, je n’ai pas imprimé.
Pour ceux qui n’ont pas lu l’article, la journaliste égratigne (à la hache de guerre) une justice qui s’éloigne du droit pour tomber dans le compassionnel, transformant le tribunal en « une sorte de Mireille Dumas judiciaire ». Continue reading
5 réponses à “Le droit des victimes : de la compassion à la justice réparatrice”
« Je serais du genre à attendre sa sortie de prison avant de causer avec mon agresseur. Sans arme, s’entend ».
Non, ce n’est pas une bonne chute, même si elle se voulait ironique…
En tout cas, certainement pas l’exemple qu’avait donné Sa Sainteté Jean-Paul II allé à la rencontre de Mehmet Ali Agça, son agresseur du 13 mai 1981. Bien lui en prit : ce dernier ayant été élargi en 2010 après avoir purgé sa peine durant 29 ans, sut la supporter avec stoïcisme et repentance, d’autant plus calmement que sa victime avait su rapidement lui rendre visite pour le pardonner. Pourquoi diable cette image d’Epinal si noble ne pourrait-elle servir d’exemple à bien d’autres situations analogues en ce bas monde, pour en réduire la douleur et la souffrance plutôt que de vouloir la démultiplier ?
L’expérience de rencontres entre déclarés coupables et familles de victimes ( pas forcément ceux d’un même drame ) est déjà expérimenté en France…Avec succès on ne sait pas , puisque le but est la non récidive…Des contacts qui ont paru positifs aux uns et aux autres , sont un des petits pas pour essayer de faire mieux
Merci pour cet article plein d’informations ! Attendre la sortie de prison, oui, ne serait-ce que pour ne pas confondre peine et restauration (moche mot).
A mon sens les attendus sont éloquents. 9 personnes sont décédées dans des maisons construites après l’ordre envoyé par les services départementaux demandant de classer la zone en zone inondable, donc non constructible. Ordre qui avait essuyé un refus de la mairie, mais qui informait les prévenus évidemment du risque encourru. La stratégie de défense, consistant à évoquer un manque de connaissance des risques, tombait donc à l’eau. Ces maisons n’étaient pas surélevées contrairement à la règlementation, ce qui aurait pu éviter aux victimes de mourir. Enfin, les risques d’inondation étaient bien réels et connus puisque les services météos et départementaux avaient lancé des alertes, relayées par les médias et certains maires préventifs avaient demandé à leurs population d’évacuer leurs maisons.
Tout ceci ne serait pas arrivé si le maire, au courant des risques d’inondations, et au courant surtout que la zone était inondable, ce qu’ignorait les victimes (rappelez-vous les petits panneaux des services départementaux cachés dans des cartons à la mairie avec inscrits dessus, « Zone inondable »), n’était pas allé au resturant ce soir-là déguster des huitres mais était là dire aux habitants d’évacuer leurs maisons comme un grand nombre de maires l’ont fait alentours.
La responsabilité des victimes, évoquée de façon morale assez choquante par la journaliste, ne peut pas être invoquée juridiquement, puisque la zone n’était inscrite comme inondable nulle part. Et l’information n’était pas accessible et a même été cachée délibérément aux administrés, ce qui résoud le problème moral.
Je crois enfin que ce père qui a perdu ses enfants et ses parents porte sa croix tout seul. Il se moque que le maire soit condamné à 6 mois ou 4 ans de prison. Mais c’est le peuple, et la justice du peuple, qui disent que les comportements de ces élus ont été inadmissibles et doivent être bannis du comportement des élus.
Dans le cas de la Faute sur Mer, le comportement des elus-du-peuple a été particulièrement scandaleux, alliant l’incompétence à du favoritisme vis à vis de proches : comme ce n’est pas la seule zone inondable faisant l’objet de dérogations interessées (je pense au Languedoc et à la, où l’imperméabilisation des sols par construction et une urbanisation sauvage tournent à une gigantesque escroquerie à l’assurance, quand ilk n’y a pas mort d’hommes)