L’Europe est souvent critiquée mais s’il y a un domaine dans lequel l’évolution est notoire, c’est la police. Helmut Kohl, en 1991, aurait été le premier à envisager la création d’une agence de police européenne, à l’image du FBI. On est loin du compte, même si petit à petit on s’en approche. Et pourtant, depuis près de 20 ans, il existait une structure plus ou moins secrète créée d’une manière empirique par la volonté de plusieurs pays européens. Ou plus exactement par la volonté de quelques hommes, des praticiens, qui ont su forcer la main des pouvoirs politiques.
Sa mise en place a été envisagée à l’issue de la prise d’otages perpétrée lors des JO de Munich en 1972. Le fonctionnement d’Interpol étant apparu trop rigide pour faire face à de telles actions terroristes, il s’est constitué une sorte de bureau de liaisons. Les gouvernements des États membres de la CEE l’ont entériné en 1976, en créant officiellement (mais en dehors de tout traité), le groupe TREVI. Sa création a été suffisamment improvisée pour qu’aujourd’hui encore on ne sache pas trop d’où vient son nom. Probablement parce que la première réunion a eu lieu à Rome, pas très loin de la célèbre Fontaine de Trevi et qu’elle était présidée par un Hollandais du nom de Fonteijn. En France, plus tard, les parlementaires ont voulu en faire un acronyme (Terrorisme – Radicalisme – Extrémisme- Violences internationales), mais personne n’y a cru. Continue reading
12 réponses à “La police européenne va de l’avant”
Heureusement que les polices et services secrets d’Europe ne sont pas fédéraux ! On risquerait de les confondre et de dire « tous pourris », alors qu’on peut encore distinguer les barbouzes nationaux et dire « salauds de la DGSE ».
Ici en Allemagne, encore aujourd’hui, un service secret envoie en ville des bandes de voyous se comporter mal avant les élections, pour faire peur au bon peuple et l’inciter à voter pour les partis réactionnaires. Les élections européennes étant le même jour en France et Allemagne, comment distinguer ?
Parce que les malcomprenants de la DGSE l’ont fait aussi avant les municipales françaises ! Les bandes de voyous, déjà. Encore plus ciblé pour influencer l’électorat français ici : soudain de longues files d’Arabes devant les maisons d’aide sociale – alors que les Arabes sont rares en Allemagne et ne sont pas l’archétype de l’immigré dans l’imaginaire allemand. Les acteurs étaient même arrivés dans des voitures immatriculées en France.
La République n’a pas besoin de barbouzes s’immisçant dans les élections. Il faut tirer la chasse d’eau.
Dans la pratique, et cette article illustre bien la complexité du dispositif, tout cela est très peu efficace.
La coopération policière marche pas mal en bilatéral, mais Europol est une grosse administration technocratique qui produit peu de plus-value.
Quand j’étais plus jeune policier, une forme de boutade au sujet de certaines opérations anti-terroristes était : « le terrorisme : peu de gens en meurent, beaucoup en vivent « ! il en va de même pour ces coopérations institutionnelles.
Il y a une vraie méthode coué chez les responsables de la Coop. policière pour convaincre tous le monde d’y aller, mais quelle perte de temps le plus souvent !
Ça, c’est bien balancé !
Bonjour et bravo pour cette analyse synthétique. MAIS il y a une nuance qu’il importe de faire impérativement pour ne pas induire les lecteurs en erreur. Europol n’a pas de pouvoir exécutifs (en France pas de pouvoir d’OPJ/APJ). En clair, les agents d’Europol n’ont pas le pouvoir de faire des perquisitions, d’arrêter des suspects… ou encore de faire passer des éthylotestes !
En vérité, Europol est avant tout un organisme d’échange d’informations (en se rendant également sur le terrain). Un rapport du Sénat publié ce mois d’avril affirme qu’Europol est un « mégamoteur de recherches » (j’en ai fais un résumé sur mon site : http://www.securiteinterieure.fr/2014/04/europol-est-un-mega-moteur-de.html)
Europol est au cœur de la coopération policière européenne (voyez la synthèse que j’ai faite à partir des résumés du rapport d’activité d’Europol par les étudiants de mon master en sécurité) :
http://www.securiteinterieure.fr/2013/11/europol-confirme-sa-qualite-de-centre.html
Lorsque que affirmez que « Europol peut effectuer des enquêtes conjointement avec les autorités des États membres », OUI MAIS ce rôle se cantonne à de l’assistance, à souffler les questions, à faire des recoupements (de l’analyse criminelle pour faire simple), à donner des conseils et à transmettre du renseignement venant des bases de données de l’office situé à La Haye ou gracieusement fournis par les Etats membres (ou les pays tiers de l’UE avec qui Europol a conclu un accord, comme les Etats-Unis par exemple).
Europol n’est non pas un FBI européen et va-t-on vers un rôle plus opérationnel ? La réponses est NON ! Car le traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (art. 88 TFUE) l’interdit expressément. En somme, verra-t-on la police nationale supplantée un jour par Europol (ou la gendarmerie) ? La réponse est clairement négative, du moins par dans un avenir proche !
Quelque chose me pose question:
les policiers ont ils accès au casier judiciaire national et à l’équivalent dans les autres pays européens?
(ex : quelqu’un qui s’est bagarré aux 4 -ou plus- coins de l’Europe, voire au milieu, verra-t-il son sinistre palmares connu dans son intégralité?)
Il me semble que si c’était le cas l’accent ne serait pas autant mis sur ces services dédiés principalement l’échange d’informations.
Savoir qu’ untel a déja cassé x mâchoires en Espagne -et s’y est fait condamner avec sursis- est une _information_ utile pour un policier s’il casse une mâchoire en France (ou au moins pour un juge?)?
Non il n’y a pas d’accès direct au casier judiciaire d’un individu mais la justice via le BEPI peut en faire la demande.
On arrive à la situation où, si quelqu’un est condamné avec sursis dans un pays (à condition qu’il ne recommence pas), et recommence les mêmes mauvaises habitudes dans un autre pays (il peut donner des garanties de représentation) , son sursis initial ne sera pas révoqué?
(c’est contraire à ce que l’on m’a dit; naturellement, j’ai changé les noms de pays -mais peut être était ce pour calmer le querelleur-)
Ca , c’est très bien ! Mais l Europe sociale, l Europe anti Dumping fiscal, c’est pour quand ?
Quand les peuples européens éliront des gouvernements qui seront tous d’accord pour soit:
– créer eux-meme cette Europe sociale (on y croit pas une seconde)
– donner le pouvoir au Parlement Européen, qui lui pourra construire l’Europe au nom des citoyens … encore faudra-t-il que les autres citoyens européens soient d’accord avec vous..
Je doute que les Luxembourgeois ou les Autrichiens -par ex.- soient contre le dumping fiscal…