Lorsque la marmite surchauffe, pour évacuer la pression, certains policiers se répandent sur les réseaux sociaux. Ils se font peut-être du bien, mais souvent hélas ! leurs propos tirent vers le bas. Pas de quoi faire rêver !

D’autres, et ils sont finalement assez nombreux, se lancent dans l’écriture : documents, essais, romans, scénarios…

Voici donc quelques-uns de ces auteurs.

Philippe Deparis (c’est un pseudo) est un ancien de la BRI – de Paris. Je dis ancien, car j’ai cru comprendre qu’il avait récemment changé de service. Je ne sais pas si c’est en raison de l’ambiance morose qui semble avoir gagné cette unité d’élite… Le départ rock and roll de son chef, Christophe Molmy (qui écrit lui aussi des romans), remplacé récemment par un proche de Gérald Darmanin, peut d’ailleurs apparaître comme une volonté politique d’un remaniement. Mais, qu’on se le dise, pour toucher à la BRI, il faudra d’abord envoyer valdinguer la casquette de Didier Lallement !

Pour ceux qui envisageraient de rejoindre ce service phare, l’auteur nous dévoile son entraînement au « quotidien » : « Tir tactique, manœuvres de cordes, descente en hélicoptère, tactique (bâtiment, milieu ouvert, structures dites tubulaires – bus, train, bateau). Et pour assurer la mission de police judiciaire : « Interpellation de piéton, serrage de véhicule, balisage, filoches, etc. ».

Le héros du livre, Sébastien, est le chef du groupe 80. À ses côtés, il y a le négociateur, le varappeur, le sniper, le fricfraqueur et le tacticien ; autrement dit une équipe d’intervention au complet. Dès le chapitre 2, le ton est donné : il s’agit de neutraliser un forcené retranché au 10e étage d’une tour du Val-de-Marne. Au pied de l’immeuble, ils attendent « l’heure légale », six heures du matin. Dans l’escalier, à la queue leu leu, les policiers, en « chenille », montent leurs 25 kilos de matériel et une fois sur le palier, comme tous les policiers du monde, je suppose qu’ils doivent vaincre le syndrome de la poudrière : Qu’est-ce qui nous attend derrière cette putain de porte !?  La réponse est instantanée : le claquement de la culasse d’un fusil à pompe leur laisse juste le temps d’esquiver les projectiles qui explosent le bois et vont s’écraser sur le mur. Fusillade, grenade, pistolet électrique, rien n’y fait. Finalement, c’est le chien, HK, qui neutralisera l’individu, les crocs refermés sur son avant-bras, le regard fixe, les yeux dans ses yeux.

Au passage, j’ai appris que certaines armes étaient munies d’une lampe disposant d’une fonction stroboscope « qui produit une alternance de phases lumineuses très rapides », comme dans une boîte de nuit. Du coup, j’ai pensé avec nostalgie à la touche de vernis à ongles taguée sur le guidon, à l’extrémité du canon de mon 2 pouces, le petit revolver qui m’a longtemps accompagné… Comme dit Sarkozy devant ses juges, « les temps changent ».

BRI, les formes de l’ombre, de Philippe Deparis, est un livre d’action, une action que l’on vit de l’intérieur en suivant un groupe de policiers qui enquêtent, agissent et interviennent, dans l’anonymat. (Éditions Mareuil, 2021, 18 €)

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James Holin (c’est aussi un pseudo) est responsable d’une section de police judiciaire en région parisienne. Ce livre n’est pas son coup d’essai, on lui doit plusieurs nouvelles et plusieurs romans, dont son tout premier aux éditions AO, dirigées par Jean-Luc Tafforeau, l’amoureux des belles-lettres. « C’est une fiction complète », m’a affirmé l’auteur, mais bien sûr on sent dans le déroulé de l’enquête la patte du pro. Un truc que l’on ne trouve que dans les polars écrits par des policiers ou des gendarmes. Il ne serait pas correct de « divulgâcher » l’histoire, comme disent les Québécois. Cela se passe dans l’Oise. Le commissaire Camerone est en route pour la préfecture. Une réunion, une de plus, un vendredi soir, à quelques jours des fêtes de Noël. La corvée dont il se serait bien passé. Continue reading