Dans le procès qui se tient actuellement devant la cour d’assises de Paris, deux policiers sont accusés d’avoir violé une touriste canadienne dans les locaux de la prestigieuse brigade antigang. Ne cherchez pas leur nom, car la presse dans son ensemble ne cite que leur prénom : Nicolas R. et Antoine Q. Et sans doute, pour ne pas paraître iniques, nombre de journalistes désignent également la victime par son prénom : Émily S.

Ce n’est pas la doctrine retenue par LeMonde.fr. Dans son article du 12 janvier 2019, Henri Seckel donne l’identité de la victime, partie civile au procès, et dit à propos des accusés, comme pour se justifier : « Nous anonymisons les fonctionnaires de police en vertu de l’arrêté du 7 avril 2011 relatif au respect de l’anonymat de certains policiers et gendarmes, mais pas la partie civile, qui s’est exprimée publiquement et à visage découvert sur l’affaire dans les médias… » – Et de mettre un lien sur le site d’un quotidien canadien rédigé en anglais dans lequel cette personne a répondu à une interview.

J’imagine, peut-être à tort, une « conf de rédac » animée… Qu’est-ce qu’on fait, chef ?

D’autant que sur le journal papier du quotidien du soir, la justification a sauté : la victime est citée, les accusés sont anonymes.

Donc pour tenter de comprendre le raisonnement du Monde, et de la presse en général, il faut se référer à un arrêté de 2011, pris par Claude Guéant, alors ministre de l’Intérieur, qui abroge l’arrêté de 2008 de Michèle Alliot-Marie, qui abroge l’arrêté de 1995 de Charles Pasqua.

Comme le temps passe…

Dans cet arrêté de 2011, il est dit qu’en application de l’article 39 sexies (si, si !) de la loi sur la presse du 29 juillet 1881 « Les services et unités dont les missions exigent, pour des raisons de sécurité […] le respect de l’anonymat des fonctionnaires et des militaires qui y servent […] figurent en annexe. »

Bizarrement d’ailleurs, la BRI de la préfecture de police ne figure plus dans la liste annexée, elle a été remplacée par son émanation, la BAC (brigade anti-commando).

Mais ne pinaillons pas… Continue reading