LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Police : le compte n'y est pas

Le ministre de l’Intérieur annonce le recrutement de 10.754 policiers et gendarmes. En fait 8.638, si on retire les personnels techniques ou administratifs. Et là-dessus, les journaux titrent sur une hausse des effectifs. Y’a comme qui dirait une erreur de calcul…

chiffres_inconnuLes policiers d’aujourd’hui sont plus diplômés que leurs aînés et bénéficient d’une formation plus longue. Les gardiens et gradés (ceux qui sont le plus souvent au contact du public), font désormais partie du corps d’encadrement et d’application, et certains possèdent des pouvoirs de police judiciaire que les anciens ne pouvaient exercer qu’après avoir atteint le grade d’inspecteur principal (capitaine). Ainsi, alors que les effectifs sont à la baisse, le nombre d’OPJ a augmenté de 25 % en 6 ans.

Dans le même temps, le corps des officiers, composé en majorité de capitaines et de commandants (84% en 2012, d’après UNSA-Police), s’affirme dans son rôle de commandement et aspire à présent à devenir un corps de direction. C’est d’ailleurs ainsi qu’il est ressenti par la base. L’autre jour, un capitaine de la brigade criminelle me racontait qu’il venait d’accueillir un brigadier-chef dans son groupe et que celui-ci l’avait salué quasi militairement, en le vouvoyant. Le vieux routier de la crim’ a remis vite fait les pendules à l’heure (je résume) : « Ici, mon coco, pas de salut, pas de vouvoiement : on est tous dans le même bateau. »

Et les commissaires me direz-vous ! Leur nombre diminue régulièrement : -16 % en 5 ans. Peu à peu, ils perdent le contact avec le terrain pour se consacrer à des tâches de gestion. Certains y trouvent leur compte et aspirent à des fonctions dans la haute administration, tandis que d’autres, déçus, lorgnent vers des administrations voisines ou vers le secteur privé. Ce corps est probablement en voie d’extinction : 40 postes seraient ouverts en 2010.  Récemment, un responsable syndical des officiers de police s’est d’ailleurs nettement interrogé sur la place des commissaires dans les structures actuelles de la police. Vous imaginez combien cela m’attriste ! Demain, lorsqu’un jeune ouvrira un livre de Simenon, il demandera : C’est quoi, un commissaire ? Et Maigret sera depuis longtemps rangé au musée de la police.

D’ailleurs, si on était allé au bout des choses dans la « militarisation » de la police, les commissaires seraient devenus des généraux, ce qui aurait grosso modo doublé le nombre de généraux en France. On n’aurait pas été très éloigné de l’armée mexicaine, non ! Ces galons, les gendarmes les ont en travers de la gorge. Ils ont gardé de cette intrusion de la fonction publique dans le monde militaire une certaine rancœur, et n’ont jamais adhéré à la moindre équivalence de grade. Doit-on comparer un commandant de police à un commandant de gendarmerie ?…

Cette réforme a probablement été voulue pour rendre les policiers plus dociles, plus disciplinés. Mais non sans opportunité, les syndicats en ont profité pour en tirer un maximum d’avantages. D’où cette aspiration par le haut.

Et aujourd’hui, il faut repeupler la base. Aussi recrute-t-on en marin-shadok_vieillegardehautetfort.jpgmajorité des adjoints de sécurité. Environ 50 % des personnels actifs prévus pour 2010. Quant à la gendarmerie, 70 % des nouveaux arrivants seront des gendarmes adjoints volontaires.

Ces bleus ne seront opérationnels qu’après leur formation, c’est-à-dire au mieux en 2011. Tandis qu’en 2010, calculette en main, il y aura environ 2.000 policiers de moins qu’en 2009.

Alors, il faut s’interroger… Il est sans doute passé le temps où l’on pouvait se permettre de créer de nouveaux services ou imposer de nouvelles contraintes, au fil de l’actualité… En cette période de disette, ne serait-il pas opportun de passer d’une gestion politique de la police, et plus ou moins arithmétique, à une gestion disons plus… pragmatique ?

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Le billet précédent, Tarnac: l’histoire sans fin a été lu 7.330 fois en 3 jours et a suscité 42 commentaires. Avec en toile de fond un véritable débat qui oscille entre la liberté de chacun et la protection de la société.

27 Comments

  1. USPPM

    Je tiens à apporter quelques précisions: les effectifs de la police nationale sont en baisse et les prérogatives des policiers municipaux ne cessent d’augmenter, la police municipale n’a jamais eu pour vocation de remplacer la police nationale son role est « sans préjudice de la compétence générale de la police nationale et de la gendarmerie nationale » mais nombre de missions sont effectuées par des APM, par manque d’effectif de la police nationale alors qu’ils ne disposent pas des mêmes moyens.
    De plus, grace à la « passerelle » un certain nombre de policiers nationaux (tous grades confondus) peuvent acceder à la fonction de policier municipal, ne serait-il pas judicieux que ceux-ci soient également armés dans l’exercice de leurs missions ?

  2. Opsomer

    L’USPPM s’est trompée de billet ! Ce dernier évoque, en effet, l’évolution des effectifs de la police nationale et voilà qu’elle nous parle d’armement automatique des agents de police municipale… Où est le lien ? Ceci dit, je constate à la lecture de leur communiqué de presse que les policiers NATIONAUX ont bien fait leur travail en maîtrisant un forcené armé. Preuve, s’il en fallait une, de l’impérieuse nécessité de la police nationale que ne peuvent remplacer les polices municipales.

  3. usppm

    UNION SYNDICALE PROFESSIONNELLE DES POLICIERS MUNICIPAUX
    ___________________________________________________
    Depuis 1970 : Le 1er syndicat leader de police municipale
    COMMUNIQUE
    L’USPPM réclame l’armement obligatoire !
    Un forcené de 28 ans a tué un octogénaire et fait 5 blessés dans le centre-ville de Clichy-la-
    Garenne (Hauts-de-Seine) jeudi 10 décembre 2009 en fin d’après midi. Des policiers
    municipaux ont été blessés alors qu’ils tentaient de l’interpeller. Ce sont des effectifs de la
    police nationale qui ont arrêté l’homme. Il a fallu six policiers pour le maîtriser au
    commissariat de police de Clichy où il a été emmené.
    On remarquera le silence particulièrement étonnant des associations qui ont crié victoire
    lorsqu’elles ont obtenus la suppression du taser aux Policiers Municipaux, policiers municipaux
    dont trois des leurs auraient pu se retrouver au tapis et au delà nous saluons le très grand
    courage de nombreux passants qui sont intervenus face à un individus armé.
    L’USPPM est la seule organisation syndicale à réclamer l’armement à feu de tous les policiers
    municipaux considérant une fois de plus, la preuve en est rapportée, que : quel que soit le lieu,
    les missions ou les heures, les fonctionnaires municipaux sont particulièrement exposés.
    Visiblement les maires qui ont l’obligation au regard de la loi, de garantir et de protéger la
    sécurité des fonctionnaires placés sous leur autorité, ne tirent pas, pour la plupart, les
    enseignements de l’histoire de notre métier jalonnée pourtant par de trop nombreuses
    victimes du devoir, désarmées face à des délinquants, forcenés et autres déséquilibrés de plus
    en plus dangereux.
    Jean-Louis DEL PISTOIA
    Directeur de la communication
     06.92.87.14.40
    ______________________________________________________________________________________________________
    Siège National : 123 RUE DES FAUVETTES – BP 30 – 34402 LUNEL CEDEX
     06.22.12.16.79  05.24.84.12.27 usppm.hotgoo.net  usppm.fr

  4. Le Pacha

    @ Loupoutine (ou Shadok, ou Shadok&Titine, ou… ?)

    Détendez-vous… ça va aller…

  5. Loupoutine

    « J’ajoute que le corps, loin d’être hermétique et replié sur lui-même comme certains aimeraient à le laisser croire, reste plus que jamais accessible au sein de la Grande Maison, et notamment pour les Officiers de Police : il faut simplement oser se confronter au système méritocratique de l’élitisme républicain par excellence, la voie du concours.Cordialement, Rédigé par : Le Pacha | le 07 novembre 2009 à 14:53 | Alerter

    Un certain Le Pacha se fait passer pour l’auteur du blog de Libération « Secret défense » (Merchet). A la différence habituelle de ce pseudo qui renvoie donc à Merchet, le présent ne renvoie à rien. Inutile de dire qu’il s’agit en réalité d’un commissaire ou d’un officier quelque peu honteux de l’IGPN ayant envie de donner des leçons à cher Moréas.
    Comme l’ECUME DES jours, il ne fait pas vraiment pomper la problématique des shadoks rameurs, dommage… Et pourtant, ce blog devient de plus en plus sérieux, il était temps…

  6. Didier SPRP

    Si vous le voulez bien, permettez au simple observateur que je suis, d’apporter une vision externe à vos points de vue. Je ne connais la « Maison Police » qu’en tant que citoyen lambda, et je n’en perçois le travail qu’au travers de ce que les médias peuvent en montrer. Je connais un peu mieux la « Maison Gendarmerie » par le fait de mon père (maintenant en retraite) qui y a fait carrière en tant que sous-officier.
    Je ne m’étendrai pas sur la question du rapprochement (mélange ?) entre les deux institutions, car d’une part, je considère qu’il s’agit d’un débat plus politique que social, et d’autre part, je crains d’être trop partial sur cette question.
    Par delà les interrogations sur la réorganisation interne, et sur les questions sociales, telles la perception de l’esprit de corps et la/les motivation(s) de ses acteurs, je voudrais revenir sur un point crucial qu’aborde ce billet: la réduction des effectifs des forces de l’ordre régaliennes, au profit des entreprises de sécurité privée (dont je fais partie).

    Nombre d’entre vous, même en dehors de tout syndicalisme, considèrent que le glissement de certaines des taches qui vous étaient dévolues, même les plus basiques, vers le privé, est une hérésie qu’il faut combattre à tout prix. Les raisons les plus souvent invoquées sont les dangers que représentent le manque de formation professionnelle et/ou scolaire, ainsi que le manque de filtrage concernant le recrutement des effectifs, qui conduit à embaucher n’importe qui et n’importe quoi.
    Paradoxalement, moi qui émarge au privé, je ne vais pas vous contredire: j’estime (ainsi que nombre de mes confrères) aussi que si on peut réfléchir à un partage des taches, il faut à l’heure actuelle absolument s’y opposer. Mais pour les raisons justement inverses à celles qui sont courament avancées par les milieux policiers.

    En effet, si le filtrage des effectifs, il y a encore quelques mois, laissait à désirer, il est aujourd’hui beaucoup plus stricte, et le renouvellement quinquénal des agréments préfectoraux finira à épurer la profession (ou plutôt de la branche, qui compte une dizaine de professions) des « bras cassés » qui la gangrennent encore.
    D’autre part, ces « bras cassés » sont cantonnés en règle générale au plus bas échelon dont l’importance du turn-over va encore favoriser l’apurement.
    Passons ensuite au problème de la formation professionnelle. Quoi qu’on en pense, il faut savoir que c’est une branche qui compte de nombreux personnels ayant bénéficié de formations scolaires poussées. Il y a d’une part de nombreux anciens étudiants qui, sortant de fac avec des licences, voir des doctorats en poche, n’ont pu trouver d’emploi à la mesure de leur capacité, et se sont rabattus sur le métier de « vigile » qui au-moins les nourrit.
    Il y a d’autre part les salariés sortant des nouveaux cursus scolaires spécialisés dans les branches de la sécurité privée avec au minimum un à deux ans de formation et un CAP et/ou un BP en poche.
    Ces deux catégories de personnels ont donc en règle générale un niveau de formation et d’études supérieur à celui qui constitue le même échelon d’emploi dans la police.
    Viennent ensuite les personnels spécialisés en sécurité incendie et/ou en secourisme. Ceux-là ont en général plusieurs années d’expérience dans les catégories précédentes, et se sont ensuite tourné vers un métier plus technique, via une formation spécifique, afin de ne pas stagner au bas de l’échelon salarial.
    Tout ça pour en arriver au problème que je voudrais soulever.

    Ces différentes composantes de la sécurité privée, comme partout, évoluent au fil des années, dans la hiérarchie, et finissent par se trouver à des postes sensiblement aussi importants en terme d’image que ceux des officiers supérieurs de police. Prenons l’exemple d’un responsable de service sécurité au sein d’un hypermarché: les responsabilités managériales, stratégiques et financière qui pèsent sur ses épaules sont foncièrement égales à celles d’un commissaire principal du commissariat d’une grande agglomération ou à celles d’un commandant de groupement de gendarmerie.
    En pratique, un de ces responsables de service privé a même plus de poids, puisqu’il a comme supérieur direct son directeur d’hypermarché qui grace à l’argent qu’il brasse peut se permettre de s’opposer à un préfet (faits vus, vécus et vérifiables).
    Par contre, l’avancement dans notre branche ne s’effectue pas sur les bases que l’on imagine. Il faut bien des connaissances affutées (concernant la législation pénale et celle, plus technique, de la sécurité incendie) pour arriver à un tel poste. Seulement, ne sont élus que ceux qui grace à ces connaissances sauront contourner, voir déjouer les lois, au lieu de ceux qui voudraient les appliquer et les faire appliquer.
    J’assimile ce phénomène, sans exagération aucune, à une mafia.
    On pourra m’objecter qu’il y a d’autres métiers plus nobles ouverts dans cette branche. En effet. La protection rapprochée en est un: je ne vois pas les missions actuelles des forces de l’ordre qui pourraient leur être confiées. Même constat pour le convoyage de fonds. La recherche privée (les détectives) en est un autre: le législateur ayant tout fait pour empêcher que des personnels issus des forces de l’ordre s’y engagent, il est aussi difficile d’imaginer qu’un glissement des taches puisse là aussi se faire.

    En conclusion, si certaines missions de police pouvaient être transférées au privé, ce ne pourrait être qu’au profit des personnels de sûreté (vigiles, gardiens et autres télésurveilleurs) et au profit des personnels de sécurité des biens et des personnes (qui cumulent la sécurité incendie et le gardiennage). Hors, ces deux « corps » étant dirigés par une véritable mafia, je vous laisse imaginer le résultat: à terme, le privé disposant de moyens financiers supérieurs à la fonction publique, et en règle générale disposant d’une formation supérieure, c’est lui qui dirigerait la police. Voilà pourquoi, selon moi, hors de toute pensée syndicaliste, il est crucial de s’opposer à ce que les policiers voient leur travail confié au privé. Travailler ensemble, en toute intelligence, est déjà rarement possible, sans que cela aboutisse à des contreparties foncièrement illégales, mais mélanger les genres serait du suicide.

    PS: pour ceux qui auraient du mal à digérer ma prose, qui me penseraient fou ou démago, ou simplement amateur d’exagération, je ne vous demande pas de me croire sur parole. Il existe un forum spécialisé en sécurité privée où vous pourrez vérifier mes dires. Je ne suis pas certain de pouvoir vous en donner le lien, mais mon pseudo vous guidera.

    Cordialement.

  7. Péhène

    Notre Enclume noctambule fait allusion aux « services ayant une forte inertie et une haute estime de soi comme la PJ ». Officier au sein d’un service de police judiciaire qui fait souvent la une des médias en raison de la nature des affaires traitées et du statut de sa « clientèle », je ne vous donne pas vraiment tort sur le concept d’inertie, mais une chose est certaine : je ne m’estime absolument pas « supérieur » à mes collègues de Sécurité Publique, Direction dont je suis d’ailleurs issu. J’ai un immense respect pour mes camarades de commissariat qui font un boulot certainement plus dur physiquement et psychologiquement que le mien. Si vous croisez un flic de PJ qui vous prend de haut, dites vous que c’est un imbécile qui n’a certainement jamais été confronté à la petite délinquance de quartier. Mais, de grâce, ne généralisez pas.

  8. Marc Louboutin

    @Christophe,
    Évidemment, on ne peut que constater aujourd’hui le manque de volonté de coordonner la dynamique générale en Police Judiciaire, dont l’efficacité repose, c’est évidemment, sur la mutualisation des renseignements et la collaboration.
    C’est sans doute d’ailleurs une des premières causes du relatif manque d’efficacité de la lutte contre les trafics de stupéfiants dans beaucoup de zones Police, notamment dans les grandes zones urbaines. (Sans préjudice du manque de technicité dans ce domaine des unités de base, fussent elles « spécialisées »)
    j’avais d’ailleurs, il y a moins d’un an, fait des préconisations dans le sens de cette mutualisation et de la cohérence des actions, dans un mémoire remis à une société privée de conulting proche du gouvernement.
    Sans résultat. Aujourd’hui la doctrine est le « coup de pied dans la fourmilière » pour déplacer les trafics et gagner du temps, comme exprimé clairement par Monsieur le Ministre de l’Intérieur, à la fois lors de ses interventions à la télévision et lundi dernier lors de la discussion à l’Assemblée Nationale sur la présentation du budget 2010 de l’Intérieur.
    Le problème globale de la performance judiciaire, tous services confondus et dès les unités de base, est qu’elle ne se mesure pas en termes uniquement chiffrés et quelle nécessite également des investissements qui ne sont pas à l’ordre du jour pour des raisons budgétaires. (Il ne s’agit pas ici seulement de finance, mais aussi d’investissement de personnels à moyen ou long terme sans prioriser pour autant le nombre de « bâtons » dans le rapport heure/fonctionnaire).
    Et puis c que n’ont jamais voulu comprendre les responsables politiques, de droite comme de gauche, et cela depuis maintenant une bonne vingtaine d’années, c’est que la police, c’est un vrai métier de technicien, pas juste une réflexion de salon.
    Et que la communication n’a jamais interpellée le moindre délinquant…;-)

  9. Opsomer

    A propos des commissaires :

    Pourquoi les commissaires de police ont rejoint la FGAF
    http://phmadelin.wordpress.com/2009/09/17/pourquoi-les-commissaires-de-police-ont-rejoint-la-fgaf/

  10. christophe

    @ Marc Louboutin/

    Bien évidement que ce genre d’instruction est totalement stupide.
    Peut-être est-ce naif de ma part, mais je pense le judiciaire devrait avoir sa place au sein d’une seule et même direction, dans la police. A l’image de la DCRI en matière de renseignement, une direction de l’Investigation. Une direction où l’on pratique, partout sur le territoire, le même protocole, entre services locaux, départementaux, régionaux et nationaux.
    Et chacun y trouverait sa place.
    Par rapport à ce que vous dites, on vit, maintenant, exactement l’inverse; je me suis vu refuser une audition dans un commissariat, au pretexte que je n’avais qu’à me rendre au sein de la DPJ compétente! Les collègues de commissariat ont très souvent pour instruction de ne donner aucune infos aux collègues de PJ. On leur demande de s’adresser aux suretés départementales qui sont créees partout, y compris, désormais, à Paris.
    Comment expliquer ces groupes spécialisés, au sein des suretés, qui ont exactement la même vocation que certains groupes de la direction PJ? n’est-ce pas anormal? Ne devrait-on pas plutôt gonfler les groupes de PJ pour être cohérents? Ou se mettre d’accord sur certains « secteurs d’activité » qui seraient « laissés » à la sécurité publique, et, inversement, d’autres, laissés à la PJ? Non, on double tout, partout, et on fait se concurrencer les chiffres, avec des moyens un peu partout. Alors que, si ces moyens étaient fusionnés, tout serait bien plus cohérent, et donc plus efficace.

  11. Le Pacha

    Bonjour,

    Effectivement, comme le font remarquer plusieurs contributeurs, le sujet initié aborde de nombreux thèmes, très diversifiés, qui mériteraient assurément d’être respectivement approfondis.

    En ce qui me concerne, j’ai choisi de m’attarder sur la problématique des Commissaires de Police, au sujet duquel Georges MOREAS écrit :

    « Et les commissaires me direz-vous ! Leur nombre diminue régulièrement : -16 % en 5 ans. Peu à peu, ils perdent le contact avec le terrain pour se consacrer à des tâches de gestion. Certains y trouvent leur compte et aspirent à des fonctions dans la haute administration, tandis que d’autres, déçus, lorgnent vers des administrations voisines ou vers le secteur privé. Ce corps est probablement en voie d’extinction : 40 postes seraient ouverts en 2010. Récemment, un responsable syndical des officiers de police s’est d’ailleurs nettement interrogé sur la place des commissaires dans les structures actuelles de la police. Vous imaginez combien cela m’attriste ! Demain, lorsqu’un jeune ouvrira un livre de Simenon, il demandera : C’est quoi, un commissaire ? Et Maigret sera depuis longtemps rangé au musée de la police. »

    – S’agissant du nombre de postes vraisemblablement ouverts en 2010 (40, toutes voies de recrutement confondues) : cette minoration s’inscrit dans le cadre général du non-remplacement d’un Policier retraité sur deux, affectant l’ensemble des corps de la Police Nationale (il avait même été évoqué de ne pas organiser de concours pour le recrutement de Gardiens de la Paix en 2010). Cela n’a donc rien à voir avec cette prétendue « extinction » du corps de Conception et de Direction.
    – Très cher Georges MOREAS, ne soyez pas triste et rassurez-vous : la gestion du corps des Commissaires n’a pas encore été confiée à ce responsable d’un syndicat d’Officiers de Police. Ce n’est pas à un « vieux routier » comme vous que l’on apprendra que la proximité des élections professionnelles dans la Police génère toutes sortes de gesticulations. Le phénomène n’est pas neuf, et s’il m’est permis, j’encourage la lecture de l’ouvrage, particulièrement documenté, de Frédéric OCQUETEAU « Mais qui donc dirige la Police ? Sociologie des Commissaires », aux Editions Armand Colin (ISBN 2-200-26980-3). Certaines interprétations de l’auteur (qui intervient ponctuellement sur ce blog, notamment à la rescousse d’un certain Philippe PICHON) sont discutables, mais la somme de l’étude force le respect et mérite assurément l’intérêt.
    – Enfin, cher Georges MOREAS, entre les Commissaires qui « perdent le contact avec le terrain pour se consacrer à des tâches de gestion » et d’autres qui « lorgnent vers des Administrations voisines ou vers le secteur privé », l’immense majorité des « Patrons » contemporains demeure passionnément « au centre (de la) chose (policière)». J’ajoute que le corps, loin d’être hermétique et replié sur lui-même comme certains aimeraient à le laisser croire, reste plus que jamais accessible au sein de la Grande Maison, et notamment pour les Officiers de Police : il faut simplement oser se confronter au système méritocratique de l’élitisme républicain par excellence, la voie du concours.

    Cordialement,

  12. Marc Louboutin

    @Christophe,
    Ces tensions existaient même lorsque les commissariats de quartier dépendaient comme les Brigades centrales de la direction PJ…
    Je me souviens entre autres choses des instructions PJ diffusées à la demande expresse de Madame Monteil, alors patronne des stups, exigeant que les noyaux de voie publique des Ciats et les UR des DPJ, communiquent obligatoirement les noms de leurs tontons en matière de possibilités de coups d’achat pour les faire traiter obligatoirement par la brigade des Stups, qui avait « décroché » un peu du terrain, ne pouvant être évidemment partout en pleine diffusion en masse d’héroïne…(Nous y revenons d’ailleurs actuellement, en plus de l’inondation de CC et du reste…)
    Autant te dire que cela a fait marrer tout le monde…Et que personne n’a fourni un seul nom. Nous avons juste rédigé les procédures différemment pour occulter la provocation durant quelques mois, puis elle a fini par « lâcher l’affaire »…;-)

  13. christophe

    Il est question de tellement de choses, dans cet article et ses commentaires.
    Mais avant tout, même si je me rapproche des propose tenus par « enclume des nuits », je me dois de fustiger ses propos, lorsqu’il parle, je cite « …combien de Français savent que les services en civils sont constitués en large part de gardiens de la paix (hormis les services ayant une forte inertie et une haute estime de soi comme la PJ) ou de gradés (donc du même corps) ». Je suis Brigadier-Chef de Police, OPJ dans un service de Police Judiciaire parisien; et, croyez-le ou non, je ne me sens pas interte; quand à l’estime de soi, je suis fier de ce que je fais, du service dans lequel je travaille; est-ce un défaut? Je ne le pense pas.
    Mais voilà typiquement l’exemple de ceux qui cherchent continuellement à opposer Police Judiciaire et Sécurité Publique. C’est une guerre sans fin, mais uniquement de pouvoir. Voilà la seule raison d’être de cette haine que vouent les hautes sphère de sécurité publique à la PJ. Ils voient une partie des affaires leur échaper, et n’aiment cela; ils ne contrôlent pas tout, et cela déplait. Ils doivent partager la connaissance avec un homologue PJ qu’ils aimeraient bien voir disparaitre. Et Dieu sait que « la base », donc la majorité des gens, se fout de cette guerre. Je n’ai aucun souci avec mes homologues de SP. Chacun fait son boulot.
    Et j’en reviens là ce qui est dit plusieurs fois; oui, on nous demande de faire plus avec moins. Moins d’effectifs, moins de moyens, plus de services.
    Mais voilà tout simplement le résultat de la politique du chiffre qui nous est imposée. On ne compte que par la quantité et non par la qualité.
    Je passe sur ceux qui parlent « tutoiement »; s’ils voient là le principal problème policier, c’est qu’il est temps qu’ils retrouvent (ou trouvent) le terrain.
    Je rejoins « chicken run » dans son propos sur l’égo, etc… qu’est-ce que le commandement? là est toute la question; question qui d’ailleurs m’a été posée à un concours il y a maintenant un an. J’y ai parlé de gestion des hommes, de transmission de l’information, etc… mon interlocuteur, Commissaire de Police, m’a répondu, pour faire cours, « les stats », rendement… Bref, il a passé le message « politique du chiffre ».

    J’en viens ensuite aux niveaux de recrutement dont il est question dans plusieurs commentaires. Oui, les gardiens de la Paix d’aujourd’hui sont recrutés au niveau du Bac, ils sont OPJ comme il y a encore 15 ans pouvaient l’être les Officiers de Paix Principaux. Sauf que… sauf que… l’echelle indiciaire est très loin de ce qu’elle était. Et je ne vous parle pas du droit positif qui est, je pense, bien plus complexe, et demande bien plus de connaissances qu’il y a 15 ans. Cherchez l’erreur !
    Pour ce qui est des officers, ils sont voués à gerer des groupes ou unités. Quand aux commissaires, ils sont dans la gestion admnistrative; certains, d’ailleurs, ne se cachent pas de ne rien connaitre de la Police. Ils n’y voient que par des courbes. Les hommes sont des numéros interchangeables si la courbe ne va pas dans le bon sens.
    Et c’est là qu’on arrive au rapprochement police/gendarmerie; tout le monde défend sa paroisse, et c’est bien normal. Chacun détient sa vérité. Mais quoi qu’il en soit, il y aura des dégats.

  14. nomade

    Moi, ça me fait sourire. La police suisse, niveau gendarmerie cantonale, prend des candidats du niveau du certificat d’étude français. Le résultat est là : question ordre publique, la Suisse est réputée, la gendarmerie genevois allant jusqu’à embastiller en tout respect démocratique le fils Khadafi pour maltraitance vis à vis de ses employés.
    Y-a-t’il besoin de faire bac + 4 pour le même résultat ? j’ai un doute…

  15. Enclume des Nuits

    Securitas,

    Je passe sur vos calculs et m’associe à la réponse de Marc Louboutin.

    Ensuite, sur quel point précis faudrait-il se pencher en étudiant les activités policières de nos voisins ?
    La délinquance et la criminalité dépendent de nombreux facteurs : il me semble plus que discutable de croire que n’importe quelle recette peut se transposer n’importe où.
    On a évidemment besoin de plus de policiers en France que dans des pays où leurs pouvoirs coercitifs sont étendus. Par exemple, lorsqu’un policier nord-américain intervient, il n’est pas rare qu’il demande à toutes les personnes présentes, y compris les simples badauds, dans un local de mettre les mains sur la tête. On n’imagine pas cela en France. De toute évidence, pour intervenir en sécurité dans le même local, la police française nécessite plus de policiers, parce que les normes françaises ne permettent pas aux policiers d’attenter de la sorte à la liberté de l’ensemble des citoyens.

  16. Opsomer

    Permettez-moi de vous inviter à découvrir l’avis présenté par Guy Geoffroy sur la sécurité dans le cadre du projet de loi de finances pour 2010 :
    http://www.assemblee-nationale.fr/13/pdf/budget/plf2010/a1974-tVIII.pdf

    Voici, par exemple, ce que l’on peut y lire : “Compte tenu du contexte budgétaire, la mission sécurité ne peut pas échapper à l’effort de rationalisation mis en oeuvre dans le cadre de la révision générale des politiques publiques.” Le parlementaire ajoute : “Le plafond d’emplois du programme « police nationale » pour 2010 est de 144 790 emplois, soit une diminution de 1390 ETP” donc il y a bien une baisse des effectifs dans la police nationale, baisse qui frappe en priorité gardiens de la paix (GPX) et gradés. Même remarque pour la gendarmerie.

    Mieux, le rapporteur remarque ensuite : ” Sur la période 2008-2011, le bilan de la RGPP devrait se traduire par une diminution du plafond d’emplois sur la période de 4829 ETP. Pourtant, dans le même temps, la police nationale se voit attribuer des missions nouvelles, lesquelles se traduisent par la création de nouvelles structures, phénomène d’ailleurs critiqué par les représentants syndicaux rencontrés par votre rapporteur pour avis. Au total, le directeur général de la police nationale évalue à 6.000 les effectifs nécessaires pour financer les nouvelles priorités”. Cherchez l’erreur !

    Conséquences : “Afin de répondre aux contraintes de la RGPP et aux besoins nouveaux, la police nationale est donc contrainte d’agir par redéploiements internes.” Bref, comme va déshabiller Paul pour habiller Pierre, à moins que ce ne soit le contraire au gré de l’actualité, des faits divers.

    Dans cette perspective sont évoquées, pêle-mêle, la baisse du temps de travail hebdomadaire, la baisse des jours de RTT pour les agents en cycle hebdomadaire, la fin de la pratique de l’heure non sécable, la réduction du format des CRS, la suppression d’écoles de police “dans la mesure où les flux d’entrée attendus dans les prochaines années sont de l’ordre de 1700″ (chiffre qui ne permettra ni de solder le nombre de lauréats au concours de GPX en attente d’incorporation, ni d’offrir un avenir professionnel aux Adjoints de sécurité et Cadets de la République en cours de contrat), etc. En résumé que du bonheur pour les fonctionnaires de police invités à faire plus avec moins… le tout dans des conditions de travail extraordinaires puisque “les dépenses de fonctionnement courant subissent une nouvelle diminution de 9 %.” C’est bizarre mais le budget de l’Elysée a encore augmenté cette année, surtout pour d’obscurs frais de sondages. Et si on interrogeait les policiers à ce sujet ?!

  17. chicken run

    Quant au sujet des effectifs, nous sommes dans une logique d’économie, donc cela va continuer.
    Et l’épouvantail des sociétés privées exercant des missions de police traditionnelle se rapproche…

  18. chicken run

    C’est marrant le ton quasi solennel employé par mr ernesto. Je ne vais pas vous tutoyer, car cela a l’air de vous froisser…

    En tant que capitaine de police, il m’arrive de tutoyer certains de mes effectifs, et je n’ai jamais eu depuis bientôt 11 ans de souçi en terme « d’obéissance » !

    J’ai intégré la police après la réforme de 1995 et la mise en place de la logique de militarisation. Je ne peux pas vraiment dire qu’il s’agit d’un progrès pour cette administration. Mais la hiérarchie en a bénéficié, plus de responsabilité, et une rémunération bien meilleure comparée aux anciens inspecteurs.

    Tout n’est donc pas à jeter, avec ce que j’appelle moi cette incursion militaire dans une structure civile. Avec les bons côtés (plus de discipline) et d’autres travers (se couvrir au moindre évènement, et l’abandon du flic au profit du fonctionnaire).

    Mais ramener les malheurs de notre société au « tu » est risible, ce n’est pas aussi simple. Trop de rigidité n’est pas vraiment bénéfique, il faut trouver un juste milieu et s’adapter, cela s’appelle…le commandement, quelquesoit la structure d’emploi.

    Je ne détiens pas la vérité, j’essaie de m’approcher simplement.

  19. Marc Louboutin

    @Securitas,
    Votre calcul est faux tout simplement parce que s’il fallait établir une comparaison entre pays et notamment en Europe, il faudrait au préalable définir le périmètre des doctrines d’emplois par personnels employés et non seulement des effectifs de « police d’État ».
    Ainsi un certain nombre de pays européens utilisent principalement des polices municipales pour les échelons locaux et une police fédérale uniquement pour le suivi des affaires nationales.

    Et je ne parle pas des États dans lesquels des délégations de missions de police sont concédées à des société privés.
    Pour que votre propos (souvent utilisé par les militants considérés comme de gauche) tienne et soit un réel argument pour justifier une baisse des effectifs de police et de gendarmerie il faudrait donc, pour être cohérent, que vous prôniez également le recours massif aux polices municipales et/ou, peut-être, aux sociétés privées pour certaines missions de surveillance, de garde ou de contrôle..Ce qui, je pense serait en totale contradiction avec l’idée, que j’imagine vous partagez, d’une sécurité publique qui doit rester la tâche régalienne de l’État…
    Non ?
    😉

    @Enclume des nuits
    Oui. Évidemment.

  20. Simone

    Sécuritas, la France ne dispose pas de « 3,76 officiers de police pour 1000 habitants », mais de 3,76 policiers et gendarmes pour 1000 habitants, dont 0,2 Officier de police ! Georges Moréas déplorait que bientôt plus personne ne saurait ce qu’est un Commissaire de police, que dire des Officiers de police qui sont dès à présent totalement méconnus ?

  21. Securitas

    Les effectifs de police sont en baisse. Oui, et alors…
    Quel est le « bon » nombre de policiers dans un pays?
    Les statistiques européennes nous montrent que la France déclare 3,76 officiers de police pour 1000 habitants, soit 18% de plus que la moyenne européenne.
    C’est aussi 24% de plus que l’Allemagne. Sommes-nous mieux protégés que les allemands?
    C’est aussi 30% environ de moins que l’Italie. Les italiens sont-ils mieux protégés que nous?

    Je suppose d’ailleurs que ces chiffes n’incluent pas les « auxiliaires » comme les militaires de ce plan vigipirate qui n’en finit pas d’être provisoire.

    En fait, dans quelque domaine que ce soit,crier au manque de moyens est une façon habituelle de justifier ses mauvais résultats.
    Il serait plus judicieux de se demander comment font nos voisins, d’étudier leur organisation, leurs méthodes et leurs objectifs

    Peut-être faudrait-il aussi mettre une sourdine à la politique du gros bâton. A long terme (mais le long terme d’hier, c’est aujourd’hui) parier sur l’intelligence des gens et sur l’éducations est bien plus payant que sur la répression.

    Mais, bien sûr, politiquement et à court terme, ce n’est pas la même chanson.

  22. Enclume des Nuits

    Georges,

    La charge de lieutenant de police date de l’Ancien Régime. Peut-on penser, alors, qu’il y a intrusion récente du civil dans le militaire ?

    Par ailleurs, pouvait-on garder les anciens grades qui n’ont à ce jour plus aucun rapport ? En 1995, on recrutait des centaines inspecteurs de police, devenus lieutenant de police, avec le BAC en poche (l’ENSOP a été conçu pour des promotions bien plus larges que celles qu’il accueille à présent). Aujourd’hui, ce sont des gardiens de la paix qu’on exige ce même diplôme. D’ailleurs, le tort en revient sans doute à la médiocrité de l’audiovisuel français, combien de Français savent que les services en civils sont constitués en large part de gardiens de la paix (hormis les services ayant une forte inertie et une haute estime de soi comme la PJ) ou de gradés (donc du même corps) ?

    Ernesto,

    S’il y a consentement du supérieur hiérarchique, il n’y a aucun manque de respect dans le tutoiement.
    « on voit où l’on en arrive » écrivez-vous : où en arrivons-nous selon vous, sachant que cette habitude du tutoiement, Georges est bien placé pour en parler, n’est guère nouvelle ?

    Vous écrivez qu’un commandant de gendarmerie est sans rapport en terme de responsabilité avec un commandant de police.
    Les structures de la gendarmerie et de la police divergent. Les attributions des commandants de police aussi même de la police divergent énormement de même. L’équation est donc délicate.

    Vous ajoutez «c’est une mauvaise chose car un jeune sans aucune expérience va devenir OPJ rapidement et se retrouver à cotoyer un ancien qui lui aura franchi toutes les étapes ». Mais que racontez-vous ? C’est quoi « un jeune sans aucune expérience » ? Un commissaire de police catapulté OPJ alors qu’il n’est pas sorti d’école ?

    Brucolaque,

    -13000 + 10000 ne donne jamais un solde positif.

    Autre équation à votre attention :
    (3000 / 140000) x 100 = 2,14
    (13500 / 1100000) x 100 = 1,22

    Entre 2,14 % de diminution d’effectif et 1,22 %, il y a tout de même une nuance.

    Marc Louboutin,

    Concernant les CRA, remarquons que nul ne se demande pourquoi on recrute des policiers pour surveiller des centres de rétention, et donc effectuer une activité de gardien de prison. Certes, leur rétention a un caractère administratif et non judiciaire. Néanmoins, la formation et le concours des policiers ne les destine pas à un tel emploi (sans parler du fait que leur rémunération nette est supérieure).

  23. Marc Louboutin

    Bonjour à Georges et à ses lecteurs,
    De passage, je me permets d’apporter mon grain de sel, en vrac, sur quelques uns des nombreux plats présentés dans cet article.
    Tout d’abord ces chiffres ne représentent pas un renfort immédiat pour 2010 puisqu’il s’agit de recrutements prévus, donc d’entrées potentielles en école…indisponibles en renforts immédiats en 2010 sauf pour les scolarités courtes (GAV et ADS) qui seraient intégrées en cours d’année.
    D’autre part, comme le souligne Georges, il s’agit principalement d’un recrutement d’effectifs contractuels, Gendarmes adjoints et Adjoints de sécurité qui ne devraient avoir, théoriquement que des missions complémentaires de soutien (5540 en tout, c’est loin d’être neutre…)
    Enfin, lundi soir, lors de la présentation du budget, Monsieur le Ministre de l’Intérieur n’a pas répondu à la question quant à l’avenir des 9000 ADS actuellement sous contrat, pour lesquels peu de places sont prévues à l’issue de leur engagement (défaut de concours) et qui donc devront sans doute prendre la porte, s’estimant trahis par l’administration et ses promesses de possibilité de titularisation par concours professionnel (qui est un peu différent du concours de Gardiens de la Paix externe).
    Je vous indique un lien à ce sujet, assez juste sur leur situation, même si l’origine annoncée des « quartiers » de ces jeunes est globalement faux.
    http://videos.tf1.fr/jt-20h/les-adjoints-de-securite-dans-l-impasse-4851520.html
    Des vacataires en remplacent d’autres, ce n’est pas cela qui augmente les effectifs et encore moins ceux des titulaires.
    Loin de l’intox sur une hausse des effectifs, voilà un autre son de cloche dont on ne pourra discuter le sérieux de l’argumentation budgétaire :
    http://presse.parti-socialiste.fr/2009/11/03/securite-11-400-policiers-et-gendarmes-en-moins-dici-a-2014/
    Vous remarquerez d’ailleurs que la « polémique » sur le couvre feu pour les mineurs délinquants a malheureusement masquée toute discussion sur l’état réel des effectifs et les projections chiffrées et vérifiées sur ce sujet.
    Autre élément de préoccupation, la « privatisation » en cours de certaines tâches de police. Monsieur le Président de la République s’était prononcé sur une « co-production » nécessaire pour des raisons budgétaires à l’occasion le 15 décembre dernier, du premier « sommet européen » de la sécurité privée au ministère de l’intérieur.
    Monsieur Wauquiez, le lendemain, avait annoncé le recrutement de 100 000 agents de sécurité privée d’ici 2015, ce qui porterait leur nombre total à environ 250 000, soit plus que l’effectif actif des forces de l’ordre.
    Il était d’ailleurs prévu dans la premier mouture de la Loppsi 2 (en cours de nouvelle rédaction par Monsieur Hortefeux) d’y recourir notamment pour l’exploitation des systèmes de video-surveillance, le nombre de caméras devant tripler l’an prochain, comme chacun sait…
    D’autre part, les missions de police se multipliant et les effectifs étant (réellement) en baisse constante, se posera bien un jour le débat d’un transfert de tâche nécessaire. (Avec qui ? PM ou Sécurité privée…à suivre)
    D’autant que la réduction des effectifs en Gendarmerie pose également aussi des problème de d’accroissement des missions de police, comme par exemple la surveillance des Centres de rétention administrative pour les étrangers.
    «  »Cette mesure est due en particulier à cause de l’abandon de la mission de gestion ces centres de rétention administrative (CRA) qui sera confiée à la Police aux frontières (PAF), qui, elle, verra donc ses effectifs augmenter. »
    http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2009/10/la-gendarmerie-pourrait-supprimer-plus-de-10-de-ses-escadrons-de-mobile.html

    Au final, l’annonce de ces fameux « 10.754 » policiers et gendarmes de plus n’est qu’une reprise sans réflexions du titre d’une dépêche AFP.
    Les partisans du gouvernement ont exprimé leur satisfaction, les opposants leur révolte (comme plus haut) sur une situation qui n’est absolument pas celle du calcul exact qui lui, véritablement, est à la baisse..

    Enfin, concernant le « vouvoiement », je pense, pour avoir été un des premiers officiers à prendre l’uniforme (j’étais pourtant contre la réforme des corps et des carrières, je n’avais pas quitté l’armée pour le métier d’Inspecteur de police pour me retrouver officier de paix…je ne peux que maudire éternellement à ce sujet l’obstination idiote des syndicats de police à ce sujet…)je pense que l’essentiel lorsque l’on commande est l’obéissance aux instructions le reste n’est qu’un folklore de pacotille et d’ego, notamment de certains « commandant de police » souhaitant une parité qui n’existe pas avec la gendarmerie, leur commandement se résumant souvent à un effectif qui comparé à l’armée serait celui d’un simple sergent chef de groupe…bien loin des responsabilité d’un chef de bataillon…
    Tout cela me fait un peu rire jaune. A la fois cette prétention de se prendre pour ce que l’on est pas, et aussi l’autisme des représentants politiques et des médias sur la situation réelle de la sécurité publique et des conditions d’emplois des membres des forces de l’ordre….

  24. Péhène

    Georges, vous savez très bien que la Crim’ n’est nullement représentative de la police d’aujourd’hui. Votre anecdote tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et n’a pas de lien réel avec le ou les sujets de votre article. Ceci dit, ce dernier est intéressant, mais vous y abordez trop de sujets (rapports hiérarchiques, organisation des corps, parité police/gendarmerie, baisse des effectifs des services de sécurité, organisation des missions, etc…) et de façon très superficielle. De quoi vouliez vous vraiment parler ?

  25. Brucolaque

    Dans l’Education Nationale – 13.500 postes à peu près, dans la Police/Gendarmerie + 10.754.

  26. Allain Jules de Paris

    Un vrai casse-tête chinois avec tous ces chiffres contradictoires.

    Quand vous affirmez à la fin qu’il y aura fin 2009 moins de policiers, on se demande bien pourquoi on nous prend pour des cons en annonçant des chiffres inexistants.

  27. Ernesto

    L’article est fort intéressant mais mériterait des développements argumentés et complémentaires tant le sujet est vaste..
    « Ici, mon coco, pas de salut, pas de vouvoiement : on est tous dans le même bateau. » Ce Capitaine n’a malheureusemnt rien compris et c’est bien triste: dans toute hiérarchie qui se respecte, les personnels se vouvoient et l’on voit où l’on en arrive lorsque le tutoiement est de rigueur…La porte est ouverte à « tu me fais chier » qu’un simple gardien dirait à ce Capitaine, ce qu’il apprécierait sans nul doute !!!.. Il faut arrêter de dire n’importe quoi et de décourager les personnels qui croient à l’ordre et en leur fonctions et missions : pourquoi ne pas tutoyer tout le monde tant qu’à faire… STOP

    « Doit-on comparer un commandant de police à un commandant de gendarmerie ?… »
    Vous savez trés bien que la correspondance ne repose que sur le titre de Commandant et que les responsabilités sont de niveau différent.

    Quant « à l’étirement » des corporations de la Police, c’est une mauvaise chose car un jeune sans aucune expérience va devenir OPJ rapidement et se retrouver à cotoyer un ancien qui lui aura franchi toutes les étapes: tout se dévalorise et tout fout le camp.

    Jusqu’où va-t-on aller ????

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