Lors de ce tir d’armes de gros calibres contre les forces de l’ordre, à La Courneuve, il n’y a pas eu de blessés. Ce n’est pas toujours le cas. Si la plupart des policiers ne connaissent jamais l’épreuve du feu, tous sont conscients qu’un jour ou l’autre cela peut arriver. Et il n’y a pas d’école. On ne peut pas savoir comment on va réagir devant une arme braquée sur soi. Dans de telles situations, j’ai vu des comportements héroïques, voire inconscients, et j’ai vu des types perdre les pédales. Incapables de se maîtriser. Nombre de bavures ont la peur pour origine.
Aussi, lorsque je suis tombé sur cette étude effectuée au sein de la préfecture de police de Paris, j’ai osé un rapprochement.
Durant cinq ans, entre 1967 et 1972, 7.746 policiers parisiens âgés de 42 à 53 ans ont fait l’objet d’attentions particulières. Ils ont eu droit à un suivi médical régulier et notamment à un relevé de leur fréquence cardiaque, non pas seulement pendant l’effort, mais juste avant.
Il s’agissait pour le professeur Xavier Jouven et ses collaborateurs du Centre de recherche cardiovasculaire de Paris (Unité Inserm 970) de mettre à jour une méthode pour prédire quelles sont les personnes présentant un risque accru de mort subite par crise cardiaque.
Et pour cela, ils ont mesuré le stress induit « à l’idée » de pratiquer un test d’effort – avant même de commencer à pédaler sur le vélo habituellement utilisé pour ce genre d’examen.
Au cours des 23 années qui ont suivi, 1.516 décès ont été enregistrés parmi ces policiers, dont 81 « morts subites » faisant suite à une crise cardiaque.
La plus forte proportion de morts subites a été relevée chez les hommes (il n’y avait pas de femmes dans l’étude) dont la fréquence cardiaque avait le plus augmenté avant l’effort et le moins augmenté pendant l’effort.
Les chercheurs avancent donc comme hypothèse « que l’augmentation de la fréquence cardiaque lors du léger stress mental précédant l’effort, est une variable fortement prédictive de mort subite ».
Autrement dit, plus on angoisse à l’idée de l’action qu’on va entreprendre, plus on a des risques de faire une crise cardiaque.
Peut-on parler d’un stress de « l’imagination » ?
Pour Xavier Jouven et ses collaborateurs il s’agissait de trouver un moyen simple de sélectionner les gens à risques pour leur assurer ensuite, du moins je le suppose, un suivi médical adapté.
Mais cette étude ne peut-elle pas être utilisée autrement ?
Si un homme d’action, comme un policier, subit un stress trop important à la simple idée de pédaler sur un vélo, quelle peut être la réaction de son organisme dans une situation tendue, voire dangereuse ?
Et quelle peut être sa réaction tout court ?
J’extrapole, car cette étude n’a pas été faite pour les policiers, il s’est juste trouvé que ces fonctionnaires ont accepté de servir de cobayes. Mais parmi ces 81 victimes d’une mort subite, on peut penser que certains n’étaient pas faits pour ce métier…
Et ils ne le savaient pas. Il me semble qu’il y a là un sujet de réflexion pour l’administration.
mouarrrrrfffff !
– « L »instinct de mort », titrait Mesrine, dans sa folie paranoïque(sic). Pour le policier, c’est l’instinct de vie qui le fait agir et même parfois l’instinct de survie. Et moi, je perdais cet instinct. J’étais dans la situation d’un dégustateur qui aurait perdu le sens du goût. Je connaissais la non-peur. –
[Georges Moréas in « Un flic de l’intérieur, page 245]
Lorsque tu contemples le « Livre » tout enfin est possible… même la mort subite. Ou pas… May be…
Why not ?
Ce qui est rassurant en définitive c’est lorsqu’on s’aperçoit qu’il n’y a qu’un seul pilote aux commandes de notre libre-arbrite.
Et le Serpent même s’il se mord la queue, ça doit le faire rire de temps en temps…
« Passons, passons… » disaient anges dans le Choeur de Faust…
La Fée
Et toi, mon cher Georges, avais-tu peur ?
Question complémentaire : resteraient-ils des policiers si on éliminait tous ceux qui n’ont pas peur ?
« La plus forte proportion de morts subites a été relevée chez les hommes (il n’y avait pas de femmes dans l’étude) ».
Trop drôle …
Enfin bon bref… Si la peur et le stress expliquent en grande partie les bavures, et si l’on enlève les policiers qui n’ont pas peur et pas de stress qui relativisent l’apréhension du danger en le remettant dans sa juste perspective, on parviendrait donc à une diminution considérable de la violence générale de la société, non ?
Est-ce la conclusion à laquelle on doit aboutir, où ai-je mal compris le sens de la démo d’OGM ?…
Au secours, les internautes, rassurez-moi, dites-moi que les conclusions tirées de cette étude sont spécieuses, et que des policiers ne seraient jamais violents ! Des fois qu’on viendrait à croire le contraire !…
Beaucoup d’humour SylvainD !!!
On pourrait aussi chercher le gene du bon citoyen pour pas ?
Bon ben je vais croiser alors…
…Et le gène du bon délinquant 😛
Enfin, plus sérieusement, je trouve que votre conclusion est un petit peu osée, qu’est ce qu’être fait pour ce métier ?
Je ne pense pas qu’on puisse le réduire la réponse (si jamais elle existe) à une question de risque de mort subite…
le gène du délinquant peut être aussi. 😉
On pourrait même chercher le gène du bon policier aussi. Ça doit bien se trouver.