En 2001, Marc Machin a passé 48 heures en garde à vue dans les locaux de la brigade criminelle. Et il a craqué. Il a raconté comment il avait tué Marie-Agnès Bedot, le 1er décembre, sous le pont de Neuilly. À part que tout était probablement faux… Comment une telle erreur est-elle possible ? Comment un officier de police aguerri, un juge d’instruction et toute la chaîne judiciaire jusqu’au jury d’assises peuvent-ils à ce point se tromper ?
C’est que notre justice, quoiqu’on dise, reste obnubilée par l’aveu. Lorsqu’un individu nie les faits, clame son innocence, on s’interroge. On se demande s’il ne s’agit pas d’une erreur. Les médias décortiquent l’enquête, lancent des hypothèses, parfois même des comités de soutien se mettent en place. Dans le cas contraire, lorsqu’un individu avoue son crime, l’affaire est… pliée, et plus personne ne se pose de questions. Lorsque j’ai écrit un billet sur Marc Machin, en mars 2008, je n’ai même pas réussi à trouver une photo de lui. Et je me permettais de conclure par ce mauvais jeu de mots : Tu sais quoi, Machin, ton truc il n’intéresse personne.
Pourtant, à la différence du droit civil, où l’aveu possède une force probatoire extrêmement forte, le Code de procédure pénale (art. 428) présente l’aveu comme un simple élément de preuve qui « est laissé à la libre appréciation des juges ».
Mais l’appréciation des juges est basée en grande partie sur les premières confidences, celles faites à chaud, durant la garde à vue. Un face-à-face entre le suspect et le policier au cours duquel chacun tente de persuader l’autre. Il s’agit souvent d’un véritable combat psychologique avec un réel enjeu : la liberté pour l’un, l’erreur pour l’autre. Mais le policier à ce moment-là peut difficilement envisager qu’il se trompe, car s’il n’est pas persuadé de la culpabilité de « son » suspect, il aura bien du mal à se montrer persuasif (on ne parle pas ici de l’audition d’un plaignant ou d’un témoin, mais d’un individu contre lequel il existe pour le moins des raisons sérieuses de penser qu’il est coupable).
Très bizarrement, on parle souvent de la psychologie du criminel – et beaucoup plus rarement de celle de l’enquêteur. Si l’on pouvait se glisser dans le moi inconscient de ce dernier, on aurait sans doute à peu près ce monologue : Je fais partie d’une institution (police, gendarmerie, justice) solide avec autour de moi des collègues qui pensent comme moi. Certes, je peux me tromper, mais tout le monde ne peut pas se tromper en même temps ! Ce que je fais est bien. J’agis dans le cadre de la loi, laquelle me donne certains pouvoirs que je peux exercer si besoin est. Je suis un pro (face à un amateur), j’ai reçu une formation et j’ai l’expérience de ces situations.
« C’est dans ce cadre que le policier construit son identité sociale, nous dit le commissaire divisionnaire belge Jean-Paul Wuyts, dans son livre Psy et flic (Psychologie policière et interrogatoire). Ce par quoi il va se reconnaître lui-même, ce par quoi il sera reconnu par d’autres, ce par quoi il va se situer dans de multiples catégories socioculturelles, tout en se singularisant et en s’affirmant. Cette représentation de soi est nécessairement sociale. »
Lorsque le policier obtient les aveux d’un suspect, il en tire une légitime fierté, et cela pour deux raisons : il a réussi à faire craquer son client et il a bouclé son enquête. Car nous sommes toujours dans la culture de l’aveu, et même, pourrait-on dire, du chasseur et du gibier. Avec un risque, sous-jacent : le désir (plaisir ?) de réussir ne peut-il pas éclipser l’objectivité ?
Mais qu’est-ce qui peut pousser quelqu’un à avouer un crime qu’il n’a pas commis ? Psychologues, professeurs, magistrats, policiers… ont tenté d’expliquer le pourquoi d’un tel comportement. Je crois que la réponse de base se trouve dans le renoncement, le désir que cela s’arrête, le syndrome de la pile d’assiettes (on casse une assiette et volontairement on jette la pile au sol). Vous savez ce sentiment que chacun de nous a ressenti un jour ou l’autre : lorsqu’on touche le fond, on ne peut pas descendre plus bas ! Si toutes les assiettes sont cassées, le problème est réglé.
Il y a bien sûr d’autres raisons aux aveux mensongers, comme la faiblesse psychologique du suspect, le besoin de se vanter, etc., mais il arrive aussi que le mensonge soit le résultat d’un calcul plus ou moins machiavélique : Un coupable veut brouiller les pistes… Un innocent veut protéger un proche… Un étranger veut éviter l’extradition…
Et puis, il y a aussi les mythomanes, ceux qui s’inventent des histoires, qui ont envie de jouer un rôle. Imaginons que Michael Jackson ait été assassiné, il y aurait sans doute aujourd’hui des centaines de cornichons pour se déclarer coupables ; comme ce fut le cas en 1932, lors du kidnapping de l’enfant de Charles Lindbergh (au cours de l’enquête, plus de deux cents personnes ont revendiqué cet enlèvement). Quant à Bruno Hauptmann, qui fut condamné à mort pour le rapt et le meurtre du bébé, lui, il n’a jamais avoué – et aujourd’hui encore on se demande s’il n’était pas innocent !
Parfois, il faut bien le dire, les aveux, qu’ils soient vrais ou faux, sont obtenus par des faux-fuyants, des subterfuges de l’enquêteur. La question se pose d’ailleurs de savoir si des aveux « suscités » (par des mensonges, des tromperies, voire des violences…) ne sont pas contraires au principe de la loyauté de la preuve. Ainsi, la Cour de cassation a estimé qu’un juge d’instruction ne pouvait engager une conversation téléphonique avec un suspect, en cachant son identité, afin d’obtenir des preuves contre lui (arrêt Wilson, 31 janvier 1998).
Les aveux sont consignés sur un P-V. C’est la seule trace qui subsiste, celle qui va suivre le suspect jusqu’à son procès. On comprend combien sa rédaction est importante. À tel point que parfois, le flic va « négocier ». Pour obtenir telle confidence, il peut proposer une présentation plus soft des faits. Je ne connais pas la teneur du P-V d’aveux de Marc Machin (photo de droite), mais pour prendre un exemple célèbre, l’interrogatoire de première comparution de Christian Ranucci1 est un long monologue dans lequel il confesse son crime. Voici ce qu’en dit Serge Portelli, vice-président du TGI de Paris, en réponse aux questions de Le Dalloz, en 2002 : « Si vous lisez ce document, vous entendez l’inculpé s’expliquant d’une seule traite et spontanément sur le meurtre. Aucune question n’est mentionnée. Si vous regardez de plus près, même sans être un habitué du monde judiciaire, simplement avec un peu de bon sens, vous constatez que les déclarations de Ranucci ne sont en fait qu’une succession de réponses à des questions habilement posées. On suit la pensée du juge. On entend même ses mots, son jargon. Quelle est la valeur de ces « aveux » ? En tout cas, leur poids a été énorme. Les dénégations ultérieures n’y ont rien fait. Ranucci a été condamné et exécuté, et les questions, nous nous les posons aujourd’hui. Revenir sur un aveu est presque impossible. Une fois le procès-verbal signé, il a une force irréfragable. »
Autre exemple (cité également par Serge Portelli) : avant que Patrick Dils2 avoue le meurtre des deux enfants retrouvés morts le long d’une voie SNCF, à Montigny-lès-Metz, en 1986, deux autres suspects avaient été interrogés et avaient eux aussi reconnu les faits.
Mais les choses devraient évoluer…
La loi du 15 juin 2000 a modifié l’article 429 du CPP en précisant que « Tout procès-verbal d’interrogatoire ou d’audition doit comporter les questions auxquelles il est répondu ». Finis donc les fameux « S.I. » (sur interpellation) qui fleurissaient dans les P-V d’antan.
On peut également penser que l’enregistrement audiovisuel de la garde à vue en matière criminelle va modifier le comportement des enquêteurs (et probablement celui des personnes gardées à vue) en apportant plus de rigueur lors des auditions.
L’enquête, tant au niveau de la police ou de la gendarmerie que du juge d’instruction, devient de plus en plus technique, voire scientifique. Elle se déshumanise. Et bizarrement, la course à l’aveu persiste. Pourtant, rapporte Jean-Paul Wuyts, sur un échantillon de 350 cas d’erreurs judiciaires analysés aux États-Unis parmi des condamnés à mort ou à de lourdes peines d’emprisonnement, 49 (11.4 %) résultaient d’aveux obtenus sous la contrainte.
L’aveu d’un crime donne bonne conscience aux enquêteurs, aux magistrats et aux citoyens qui composent le jury d’assises. Puisqu’« il » a avoué son crime, nous ne risquons pas l’erreur judiciaire… C’est sans doute la principale raison qui justifie cette concentration des moyens et des efforts dans la recherche de cette preuve.
Pourtant, à la différence de celui qui clame son innocence et qui souvent profite du doute qu’il fait naître dans l’esprit de ses juges, l’accusé qui avoue n’en tire aucun avantage.
Car contrairement à ce qu’il pourrait espérer, faute avouée n’est jamais pardonnée.
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1. Christian Ranucci a été condamné à mort et guillotiné. Aujourd’hui tout le monde est persuadé qu’il était innocent, or toutes les demandes de révision le concernant ont été rejetées. Aux yeux de la justice, Christian Ranucci est donc toujours coupable du meurtre de la petite Marie-Dolorès, âgée de huit ans.
2. Patrick Dils avait 16 ans lorsqu’il a reconnu avoir tué deux enfants. En janvier 1989, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Son innocence est finalement reconnue en avril 2002, après que le tueur en série Francis Heaulme ait laissé entendre qu’il se trouvait sur les lieux au moment du meurtre. Dils aurait touché un million d’euros à titre d’indemnisation. Quant à Heaulme, il a bénéficié d’un non-lieu pour ces faits en 2007.
Boulin n’a été tué que par une seule main, la presse, comme Salingro.
Avec probablement un peu de RPR derrière la main en de vilaines rumeurs, certes.
Il s’est tué, même si quelques-uns ont formé son désir et armé son bras.
C’est de loin la thèse la plus plausible, sauf à se caresser dès qu’une thèse complotiste se profile.
Nombreux sont ces « onanistes » judiciaires.
AO
J’ai toujours trouvé tres etrange de laisser ses enfants sans surveillance et d’aller prendre du bon temps au restau. Que faisaient les parents si la gamine se reveillait et les cherchait ?
C’est d’ailleurs le point de vue d’un détective qui pense que l’enfant est sortie a la recherche de ses parents.
Ces gens sont a minima des irresponsables qui ont repondu par le dedain a cette théorie.
Tant de dedain y compris pour leurs propres enfants qu’ils laissent seuls, fait que la vérité eclatera quand devinu grand ils sauront ce qui s’est reellement passé, ces parents ne pourront pas falsifier la vérité 24h/24h ,
Non, tout le monde ne considere pas Ranucci innoncent, bien au contraire.
Les chroniqueurs judiciares les premiers, voir « Faites entrer l’accusé ».
Ranucci a contre lui des éléments a charge importants, l’accident, la poursuite et la decouverte de sa voiture cachée a proximité du lieu du crime et l’arme du crime decouverte ou il l’a indiqué.
Sur sa personnalité, j’ai eu il y a peu la révélation étonnante d’un proche de la famille à l’epoque, qui a engagé le sujet revelant que personne n’avait été surpris de son approche de très jeunes filles.
l’aveu est parfois un element qui cache ou qui empeche la justice de dier le mot du Droit on devait punir les faux aveux une fois detecte’ il terible de savoir apres 20 ans que le vrai coupable en liberte tout peu y arriver
J’adore cet article!
Petite erreur : l’affaire Wilson, dite du trafic de décorations date de 1888 pas de 1998! Juste un petit siècle d’écart!
Je lis : »1. Christian Ranucci a été condamné à mort et guillotiné. Aujourd’hui tout le monde est persuadé qu’il était innocent, or toutes les demandes de révision le concernant ont été rejetées. Aux yeux de la justice, Christian Ranucci est donc toujours coupable du meurtre de la petite Marie-Dolorès, âgée de huit ans. »
Je suis personnellement persuadé de la culpabilité de Ranucci mais ce n’est pas le sujet . N’étant pas enquèteur mais simple agent de constatation et ma mission étant d’assister les OPJ je pense effectivement que l’aveu n’est en rien une « preuve » de culpabilité . Il en est de même, d’ailleurs, des traces et indices …Une affaire assez récente à Soisy sur Seine (91) le démontre aisément, le tuer/violeur, gardien de l’immeuble (Jean-Luc Cayez), ayant récupéré le sperme d’un quidam dans un préservatif usage jeté dans une poubelle afin de tromper les enquèteurs …Imaginons que les gendarmes aient été moins malins , que ce sperme ait été celui d’un homme fiché au FNAEG (fichier des empreintes génétiques) pour des délits sexuels , voire des crimes …je vous laisse imaginer la suite …Là même sans aveux qui sait si ce type n’aurait pas été condamné ?
Donc, à mon sens -et je ne fais de la PJ qu’à l’extrème marge surtout pas de l’investigation- ni l’aveu, ni les traces et indices ne constituent de preuves absolues . Y a t’il d’ailleurs des « preuves absolues » ?
@jmdesp: vous citez Bouladou et lui attribuez la rare qualité de ne passer sous silence aucun détail génant des aveux de Ranucci. Et bien, puisse-t-il vous lire et apporter une explication rationelle au croquis/calque qui a servi de charge principale pour le chef d’accusation d’enlèvement et que vous trouverez ici: http://www.justice-affairescriminelles.org/Dossierranucci/outils.html#croquis
L’avis des anciens policiers parcourant ce blog serait aussi bienvenu.
Nous venons d’avoir droit à une rediffusion dans la série -excellente- présentée par Christophe Hondelate : « faites entrer l’acusé », axée sur « La guerre des cliniques » marseillaise.
Un morceau d’anthologie quand même si l’on dissèque.
D’un côté Marion qui dans des trémolos vocaux si spontanés qu’ils ressemblent à un tir « d’orgues de Staline » lorsqu’il dément toute présence de violence dans les interrogatoires… et de l’autre un inspecteur « de base » complêtement décomplexé quant à l’usage de ces « méthodes investigaoires persuasives » qui argue qu’à la seule mention des traitement infligés jadis à Mémoli, celui-çi se serait empressé d’avouer l’exécution de deux « contrats ».
Si l’on admet que le jury a reconnu en Mémoli un « assassin chevronné » en le taxant d’une peine de sécurité quand même pas « donnée »… je trouve qu’il est permis de s’interroger quand même un peu sur l’efficacité des interrogatoires de ce brave flic « X » tout content de ravaler l’usage du bottin à une blague de potâches attardés… ou sur l’équilibre mental de ce « tueur à gages patenté ».
Curieux comme ces « vieilles histoires » en réactualisent d’autres du même tonneau… comme les assurance de Broussard quand à la « non exécution sommaire de Mesrine », celles de Charles Hernu sur « l’impossibilité de l’implication des services officiels dans l’attentat contre le Rainbow Warior », les salamaleks sur l’exécution du ministre Boulin… etc… etc…
Entre les « désaveux spontanés » des officiles mis en cause à divers degrés, et dont on s’aperçoit du degré d’honneur et de fiabilité à postériori… et les « aveux spontannés » de certains criminels dont on s’interroge toujours sur la cohérence de l’inculpation… sais pas !… en voyant les statistiques sur les condamnations à mort fondées (surtout celles visant des Noirs) depuis qu’un professeur en droit a lancé la mode de la « reprise d’enquête » en guise de base pour la thèse en droit… je me demande quand même si en France…
Eh !… quand le doute s’installe à juste raison, allez déterminer la limite à laquelle il devient indécent de le laisser s’étendre !
@ CHRISTINA BIANCA TRONCIA
« il serait grand temps que l’on se base pour désigner un coupable, sur de simples et réels éléments concrêts prouvant immanquablement et sans contestes que le soupçonné soit véritablement le coupable »
-1/ Dans une enquête de police, les éléments techniques et/ou matériels à charge, se doivent d’être représentés ou confrontés au suspect.
-2/ Par ailleurs, quand on voit en France, avec quel acharnement certaines associations, collectifs ou groupuscules obscurs, luttent contre l’exploitation de vidéos surveillance, le traçage des pass-navigo, l’utilisation de fichiers police tels que le FNAEG -pour ne citer que lui-, la biométrie, et j’en passe, sous couvert de Droits de l’Homme bafoués et de mesures liberticides dont les policiers semblent raffoler, vous admettrez que la tâche pour retrouver les auteurs de certains faits, n’est pas rendue aisée.
-3/ Enfin, les témoignages sont faillibles et plus il y en a, plus il y a de failles. C’est humain.
Je vous conseillerai de vous pencher sur le mot « inférence » qui est l’un des tous premiers auquel un flic s’intéresse lorsqu’il est formé au recueil des témoignages…
J’ai d’ailleurs nombre d’exemples à ce sujet…
Je vous cite, cher Georges : »Pourtant, à la différence de celui qui clame son innocence et qui souvent profite du doute qu’il fait naître dans l’esprit de ses juges… » ! Je n’aime pas cette phrase, permettez-moi de vous le signaler ! Je ne crois pas qu’un innocent qui clame haut et fort et ce, depuis des années, résistant malgré tout à toutes les pressions, malgré la présomption d’innocence bafouée, malgré le fait que pour beaucoup il est « le » coupable avant même que des preuves concrêtes viennent le confirmer, profite en quelque manière que ce soit du doute qu’il « ferait » (?!!!) naître dans les esprits !!! A l’heure d’aujourd’hui, avec tous les moyens que l’on a à disposition (Tests ADN, analyses ballistiques, moyens de reconstitutions, etc.) il serait grand temps que l’on se base pour désigner un coupable, sur de simples et réels éléments concrêts prouvant immanquablement et sans contestes que le soupçonné soit véritablement le coupable et notamment que l’on prenne en compte les témoignages (qui ne peuvent être considérés comme des faux qu’à preuve du contraire !!!) au lieu de les ignorer voire même de les tourner en dérision !!!
@Fred 59
« Une petite note cependant concernant le fait que la Sécurité Publique prenne des affaires qui seraient mieux traitées par la PJ »
Si c’est pour moi, ce n’est pas ce que j’ai écrit, j’ai mentionné qu’en nombre les affaires criminelles traitées en SP sont bien plus importantes. (C’est même une très large majorité des procédures criminelles qui ne présentent pas de prime abord de caractère particulier.)
Quant à la qualité du traitement, il est évident qu’une affaire dévolue en PJ à ne serait-ce qu’un groupe entier possède plus de chance d’être mieux appréhendée qu’en SP ou l’OPJ directeur d’enquête travaille le plus souvent avec un renfort de circonstance.
Cordialement.
Impressionnant ce nombre de réactions pour un tel sujet, plutôt technique ; c’est encourageant pour les policiers que nous sommes que certains y trouve un quelconque intérêt. Je ne reviensque vite fait sur les différentes affaires citées certaines sont troublantes, HEAULME par exemple ne sévissait presque jamais seul mais souvent accompagné d’un individu de rencontre ou un marginal du secteur, l’affaire du Pont de neuilly est troublante quant à la personnalité du premier auteur désigné, l’enquête criminelle n’est pas une science exacte quand l’ADN est impossible ; maintenant que dire : 1 million d’euros pour plus de 10 ans de prison à tort ce n’est pas cher payé !!!!
L’enregistrement je suis pour à 100 % car bien loin de « fliquer » la profession, le jury pourra également constater le comportement du gardé à vue parfois éloquent et impossible à transcrire en procès verbal, que ce soit un simple bafouillement sur une question qui le met mal à l’aise ou toute autre chose. Une petite note cependant concernant le fait que la Sécurité Publique prenne des afaires qui seraient mieux traitées par la PJ, il faut être à la retraite pour écrire ce genre de choses, cela fait longtemps qu’il ne reste plus de vrais procéduriers que ce soit en SP ou PJ, les derniers ont la quarantaine minimum et ont décidés de s’occuper d’eux avant tout, comme ils ont raisons d’ailleurs ; la formation des nouveaux collègues comme j’ai pu la connaître fera sans doute l’objet d’un autre sujet. Concernant un groupe qui enquête à charge et l’autre à décharge, ce n’est que pure utopie au vue des moyens que l’Etat alloue à l’investigation et ce n’est pas prêt de changer.
Tout peut s’améliorer les hommes comme les machines et n’existe-t il pas déjà des ordinateurs qui enregistrent image et voix et qui impriment à la voie ?? Il leur faut des améliorations pour une plus grande précision, mais je suis sur que cela viendra
Evidement, il faut des moyens…le nerf de la guerre..
La bonne formation des personnels est indispensable pour un bon travail
Elle progresse dit on. Il faut aussi une bonne motivation, L’intérêt pour le travail que l’on fait et, je crois que c’est valable pour toutes les professions, est peut être émoussé car il y a, peut être, moins de véritables vocations
Les valeurs du travail, du travail bien fait, peut largement combler « la vocation » et l’appétit vient en mangeant dit on ,mais, en lisant des posts de policiers ,il y a des moments où les difficultés de la fonction peuvent empêcher de s’enthousiasmer
Pourtant pour une bonne démocratie nous avons tous besoin de bons personnels ,qui savent faire : »la prise en compte objective des faits, sans empathie pour la victime et sans haine envers l’auteur »,pour que les limites des respects des autres soient assurées par des personnes bien formées et motivées
Je suis sur qu’il y en a , beaucoup comptent sur eux
Quel bon billet !
Je suis flic, en PJ. Et il m’est parfois arrivé de ne pas être satisfait du résultat d’une enquête, de ne « pas le sentir ».
Non pas que celle ci était mal faite, mais les éléments à charge menant au gardé à vue ne lui collaient plus.
La situation changeait par l’apport de nouveaux éléments, d’alibis plus ou moins fiables à vérifier, diluant progressivement la charge des indices recueillis vers la décharge…
Et là, il faut un peu de courage à l’enquêteur, ou au moins de la raison, pour, après plusieurs mois d’enquête, s’avouer vaincu à l’issue de 24 ou 48 heures de cette seule confrontation avec le suspect.
Certains appréhendent mal que leur minutieux et titanesque travail soit anéanti, balayé et quasi remis à zéro par celui même qu’ils considéraient comme le « témoin important » pour ne pas dire le coupable.
Comme je dis pourtant parfois à des gardés à vue, outragés de l’être : « Mieux vaut une bonne garde à vue, même prolongée, qui vous libérera au sens noble et pénal du terme, à l’issue de laquelle l’enquête prouvera que vous n’avez rien fait, qu’une garde à vue bâclée vous emmenant bien vite vers la détention… »
Certains acquiescent, d’autres maugréent alors même qu’ils ne la connaitront pas… et ne se rendent pas compte du travail accompli de l’enquêteur : à charge et à décharge.
Je partageais il y a peu une idée avec l’un de mes collègues de bureau : qu’une enquête criminelle, dès lors qu’un suspect est identifié, soit diligentée par deux groupes d’enquêteurs : l’un s’efforçant de travailler à charge et l’autre, à décharge.
Les zones d’ombres et détails inexpliqués pourraient ils ainsi trouver remède ?
Ne serait ce pas l’assurance d’une enquête équitable, phase essentielle d’un procès pénal, dénuée de tout sentimentalisme ou inférences ?
Oui. Mais enfin Georges, tu le sais bien. Un aveux ne peut avoir de réel valeur que s’il est circonstancié. Plus particulièrement en matière criminelle. L’aveu seul de reconnaissance des faits n’a aucune valeur de preuve. (Du genre: oui j’ai tué untel.)
Tout le monde sait qu’il peut y avoir plusieurs motivations à ce genre de déclarations, cela nous est arrivé à tous, nous qui avons traité ce genre d’affaires. Dans le meilleur des cas : Pression intrinsèque à la rétention en Garde à vue, besoin de reconnaissance par l’accession au statut de « criminel » ou tout bonnement couverture d’un tiers.
Dans le pire : Violences (physiques ou psychologiques) des enquêteurs, c’est bien sûr arrivé, et cela arrivera sans doute encore.
Néanmoins, les aveux circonstanciés (Exemple : oui, j’ai tué untel, avec un couteau que j’ai ensuite caché à tel endroit, je peux vous y conduire) peuvent être également dicté par le ou les enquêteurs, comme tu le sais, qui alors masquent dans la retranscription manuscrite de l’audition les « suggestions » proposées au mis en cause.
Cela est également arrivé, nous le savons tous.
Comme souligné très justement dans ton billet, si l’enquêteur se laisse entraîner par son envie de reconnaissance professionnelle en élucidant un crime, la pente devient très savonneuse.
Mais c’est alors l’impartialité procédurale tout entière qui en prend un coup.
Personnellement, je suis (contre l’avis de beaucoup d’ex collègues) très favorable à l’enregistrement vidéo des auditions, notamment en matière criminelle.
Pour autant, cela entraîne une contrainte supplémentaire qui sera la retranscription au mot près de l’audition. Cela devrait être le cas en théorie, mais nous savons tous que cela n’est pas la règle et que notamment devant une Cour d’Assises la moindre virgule pèse son poids d’incarcération dans la peine éventuelle.
Reste de plus qu’un procès verbal d’audition qui ne serait pas conforme aux propos de l’enregistrement vidéo risque d’être tout bonnement frappé de nullité…
Pour résumer.
La culture de l’aveu simple est un non-sens. La recherche de l’aveu circonstancié doit être la règle mais demande une certain excellence procédurale qui était et reste rare. Le temps des procéduriers d’élite comme il en existait notamment dans les brigades criminelles semble révolu. (Le parrain de mon fils est chef d’un groupe crim en SDPJ, il tombe souvent de l’armoire, notamment depuis quelques années.) De plus il ne faut pas oublier que les affaires criminelles sont très largement traitées (en nombre) par des services de base, notamment en Sécurité publique ou en gendarmerie départementale.
Enfin, la mise en place des enregistrements vidéo des auditions ne fera progresser les choses qu’à condition que l’audition soit retranscrite à la virgule près par les enquêteurs. A l’heure de l’optimisation des emplois du temps, je pense qu’une telle mesure chronophage ne sera jamais appliquée systématiquement.
La procédure, pour qu’elle soit objective, c’est avant tout l’apprentissage de la distance. C’est à dire la prise en compte objective des faits, sans empathie pour la victime et sans haine envers l’auteur.
jmdesp:
Bien sur qu’il avait le profil pour que celui ou celle qui a reçu cet aveu le croit facilement Mais, je me demande, au vu de ses tristes et nombreux actes, si peu de temps après sa libération, si pour lui, le fait d’être « arrêté » dans son chemin ,n’a pas été « la solution » dans un premier temps, certes extrême , de freiner ses pulsions
Reconnaître ça ou « autre chose », c’était, peut être, pour lui un peu pareil, même et c’est certain, ce n’est pas parce que l’on a commis un acte que l’on en commet un autre
Aujourd’hui encore la psychologie de ces hommes est très mal connue ; la manière de les soigner en dehors de la chimie, est aléatoire, ils sont « soumis » à une force dont ils sont dépendants
Ceux sont des détenus modèles, soumis à la décision, comme à leurs pulsions
L’aveu n’est sans doute pas la reine des preuves mais pour les victimes et les familles de victimes ça reste ce qui soulage le plus je pense. Justement car ça parait plus vrai que toutes les preuves matérielles du monde.
http://miroir-politique.eklablog.com/
il y’a une grande difference entre ,avoir le profil d’un criminel et commetre un crime .
C’est peut etre hors sujet mais existe-il des Brigades spécialisées dans le profilage des criminels en France?
@titi : Il faut préciser que quand Machin a avoué la première fois, il avait tout du coupable idéal, car il avait déjà un dossier *très* chargé avec des agressions sexuelles. En d’autres termes, il aurait simplement suffit de circonstances différentes pour que ce soit véritablement lui le violeur. Il n’est donc pas si surprenant qu’il se retrouve de nouveau impliqués dans un viol, cela correspond à son profil.
@Moréas : Il y a au moins Bouladou qui est convaincu de la culpabilité de Ranucci, à la fin d’une enquête tout à fait détaillée. Voir à défaut de ses livres son interview ici http://www.justice-affairescriminelles.org/Dossierranucci/Bouladou0.html Il ne passe sous silence aucun des points soulevés par les défenseurs de Ranucci et est prêt à les démonter un par un.
Il y a quand même des aveux qui sont bien réels et ils sont très, très importants pour les parties civiles
Ils ré humanisent et le coupable et la victime
De plus, sans réels aveux, il n’y a pas de prise de conscience de la gravité des faits et de par là une réitération plus facile
Ce qui gène dans le cas de Marc Machin, c’est qu’il vient de nouveau d’avouer des agressions sexuelles .Les aveux lui ont-ils été extorqués sous la menace ??????
Il ne faudrait plus de disparition, plus d’erreurs judiciaires
Il faut évidement essayer de lutter contre
Il faut essayer d’améliorer les procédures La vidéo est un moyen Mais rien, ni personne, n’est sans son côté positif et négatif .Il faut évidement essayer de tout faire pour que le positif l’emporte ;mais ce qui est un plus pour l’un , peut sembler un moins pour l’autre
Les nouvelles techniques scientifiques ,bien employées et il y en aura d’autres, améliorerons les élucidations ,j’en suis persuadé
Il faut alors avoir « la chance », d’un coté ou de l’autre, de se trouver dans le bon pourcentage,
Sinon ?? Se battre et espérer
L’aveu est la solution de facilité pour les enquêteurs ainsi que les magistrats. Dans les affaires criminelles, en France, le gel des lieux est encore parfois traité par dessus la jambe. Si j’ai bonne mémoire il est extrêmement rare qu’un enquêteur soit le témoin d’un crime. Le travail de fourmi que représente une enquête criminelle est un travail d’équipe. Si les enquêteurs travaillent avec intelligence, s’ils connaissent parfaitement le dossier ainsi que les éléments de preuve, le PV d’audition du pseudo auteur sera facilité et les aveux ne seront pas nécessaire.