Le juge Jean-Louis Bruguière serait candidat aux prochaines élections législatives, voire à un poste de ministre !
Il ne serait pas le premier. Il emboîterait le pas à ses collègues Debré, Marsaud, Jean-Pierre, Fenech, Halphen…
Cette passerelle entre le pouvoir judiciaire et l’exécutif est quand même surprenante ! Rappelons qu’il existe en France un principe constitutionnel qui reprend l’Esprit des Lois de Montesquieu et qui nous dit, pour faire simple, que ceux qui font les lois et ceux qui sont chargés de les appliquer, doivent chacun rester dans leur camp. Ça s’appelle la séparation des pouvoirs. Locution reprise comme un dogme par les syndicats de magistrats lorsque Sarkozy fait mine de l’oublier dans la guéguerre un rien vaudevillesque qui l’oppose à Jean-Pierre Rosenczveig, le président du tribunal pour enfants de Bobigny.
Pour mémoire, lors de l’évocation par les députés de l’affaire d’Outreau, l’union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) avait dénoncé « une atteinte sans précédent à la séparation des pouvoirs et à l’indépendance des juges ».
Le Conseil Supérieur de la Magistrature avait enfoncé le clou en s’adressant au Président de la République pour lui rappeler, respectueusement on l’espère, mais « fermement », le principe de la séparation des pouvoirs
Mais qu’en est-il de l’Esprit des Lois quand un magistrat devient député ? Il est vrai que le philosophe du XVIII° siècle ne parle pas de « séparation des pouvoirs » mais de « distribution des pouvoirs ». Et des pouvoirs au… pouvoir, il n’y a qu’un pas. Le juge Bruguière veut devenir député, certains flics ne s’en plaindront pas, mais le silence qui entoure cette appétence est assourdissant, sans doute pour ne pas déranger Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu – afin qu’il repose en paix.
Réponse à Mousse :
Je suis d’accord avec vous. Quand j’apprends par la presse que tel magistrat qui a mené une instruction judiciaire sur des politiciens de gauche ou droite, se présente aux élections législatives ou européennes, j’ai l’impression d’avoir été pris pour un imbécile.
Le juge Bruguière, depuis plus de 20 ans, se présente comme un justicier qui pourchasse le terrorisme. Et dans 6 mois, il sera député. Ça ne colle pas !
Je pense qu’un trait d’union de 2 ou 3 ans de disponibilité serait la moindre des choses.
Un juge est un citoyen, certes, mais pas tout à fait comme les autres. On lui demande avant tout d’être impartial et indépendant. Je découvre que le juge Bruguière est encarté à l’UMP. Quand on est le premier juge anti-terroriste de France, cela a forcément une influence sur son travail. Et vice-versa. Ceci dit, il a parfaitement le droit de se présenter aux élections. Mais gare au mélange des genres !
Réponse à Guillaume :
Je crois que s’il existe un problème, ce n’est pas chez l’ancien juge député, mais plutôt chez le juge qui ambitionne de devenir député. Un changement de carrière, ça se prépare de longue date…
N.B.
Il s’agit, bien sûr, d’un commentaire qui ne vise personne en particulier.
Je ne vois pas dans quelle mesure cela poserait un problème: M. Bruguière ne sera juge et député en même temps, donc la séparation des pouvoirs sera belle et bien assurée… ou tout du moins, il sera juge en disponibilité et député.
Ce qui est cependant choquant dans le cas de M. Bruguière, c’est sa médiatisation – oserai-je dire son besoin de médiatisation ?- qui fait de lui de facto un homme politique et non un juge.