Pour le 65° anniversaire de la Libération de Paris, Nicolas Sarkozy a rendu hommage à ceux qui ont libéré la capitale et notamment à la police parisienne. Un hommage bien modéré si on le compare au discours grandiloquent de Dominique de Villepin, cinq ans auparavant. Le Président a évoqué une minorité de policiers résistants « à l’image de leurs compatriotes », tandis qu’à l’époque le Premier ministre commémorait « la mémoire des 167 policiers tombés pour la liberté des Parisiens ». L’un appelle à se « montrer digne de l’héritage », tandis que l’autre déclamait : « soyez les dignes héritiers de vos grands anciens ».
Mais qu’en est-il ? Quel a été le rôle de la police tant sous l’occupation allemande qu’à la Libération ?
Pas facile de répondre à ces questions. Même les historiens sont partagés. On a l’impression que dès qu’il s’agit de la police, chacun réagit avec ses sentiments (ou ses ressentiments) et rarement avec jugement.
À l’époque, la préfecture de police de Paris est toute puissante, tandis que les services de sûreté, compétents sur le territoire national, font figure de parents pauvres. Mais tout n’est pas rose à la « Tour pointue » où les services, et surtout leurs chefs, se tirent la bourre à qui mieux-mieux. En 39, après la déclaration de guerre, le Parti communiste est mis au ban de la société, et les Renseignements généraux prennent le pas sur les autres directions : la chasse aux cocos est ouverte. Plus tard les RG auront même leurs propres brigades de répression.
Pourtant, la police n’est pas à droite, et la sûreté de la rue des Saussaies est même marquée à gauche. Alors, pourquoi cette prise de position ? Certains historiens estiment que dans cette période trouble, les policiers ont vu là l’opportunité d’obtenir des réformes sans cesse différées et aussi la possibilité de vider de vieux contentieux avec le monde politique… Mais le plus probable, c’est que les policiers ont été aveuglés par leur culture de l’obéissance, fidèles au vieux dicton : les gouvernements passent, la police reste.
Il faut d’ailleurs rappeler qu’aux termes du traité d’armistice signé le 22 juin 1940, il était précisé (en résumé) que dans les régions de la France occupée, le Reich exerçait tous les pouvoirs. Et sur instruction du Gouvernement de Vichy, l’ensemble des services administratifs français devaient collaborer avec les autorités militaires allemandes.
Lorsqu’en 1941, le PC s’engage dans la lutte armée contre l’occupant (attentat, assassinats de soldats allemands…), la France se retrouve dans la situation de tous les pays occupés : les résistants des uns sont les terroristes des autres. Et depuis Londres, sans les condamner tout à fait, le général de Gaulle fait savoir qu’il n’approuve pas ces actes qui ne correspondent pas à l’idée qu’il se fait de la guerre. Et qui de plus font souvent des victimes civiles.
Au début de l’Occupation, à Paris, la police relève des autorités militaires allemandes, mais peu à peu, sous la houlette de Karl Oberg, les SS vont prendre la prédominance. Et les choses se passent plutôt mal.
Aussi, après une épuration massive des cadres (plus de 50 % des commissaires sont révoqués), le maréchal Pétain charge René Bousquet de réorganiser la police. La loi du 23 avril 1941 institue une direction générale de la police nationale (redevenue sûreté nationale de 1944 à 1966) et place les polices municipales sous la direction des préfets, comme c’est déjà le cas à Paris.
Quelques mois plus tard, le ministre de l’intérieur créé 3 services destinés à pourchasser les « ennemis du régime » : une police aux questions juives (PQJ), un service de police anticommuniste (SPAC) et un service des sociétés secrètes.
Bousquet passe un accord avec Oberg : la police va disposer d’une certaine autonomie, à condition de rendre des comptes aux autorités allemandes.
À ses yeux, cet accord est sans doute un moindre mal ! La volonté de ne pas laisser la Gestapo agir seule et surtout tenter de limiter la malfaisance des barbouzes françaises qui leur lèchent les bottes.
On doit à Bousquet le fichier sur le recensement des juifs (fichier tulard, du nom de son créateur, l’inspecteur André Tulard), l’institution du port de l’étoile Jaune et de nombreuses rafles, dont celle du Vel d’Hiv, la plus grande arrestation massive de juifs en France durant la seconde guerre mondiale (16-17 juillet 1942).
Pourtant, en décembre 43, jugé trop mou, Bousquet est débarqué. Il est remplacé par Joseph Darnand qui cumule les fonctions de secrétaire d’État au maintien de l’ordre et de chef de la milice. Cette fois la police s’aligne sur le modèle nazi. En janvier 44, les Cours martiales voient le jour et des simulacres de procès ont lieu en catimini derrière les murs des prisons. La cruauté n’a plus de limites.
Parallèlement, la Gestapo française, surnommée « la carlingue », sévit au 93 rue Lauriston, à Paris. Elle est dirigée par Henri Laffont. En 1944, il crée, avec le nationaliste algérien Mohamed el-Maadi et un petit proxénète nommé Raymond Monange, la féroce légion nord-africaine ou Bat-d’Af (à ne pas confondre avec les combattants de la guerre 14-18). On retrouve parmi les membres de la carlingue des noms célèbres du banditisme et… un ancien flic, un certain Pierre Bonny. Pour être honnête, il faut dire qu’à la Libération, on découvrira que d’autres noms célèbres du banditisme ont choisi une voie différente: la résistance.
Le bilan de cette époque est lourd. Lors du procès du préfet Amédée Bussières, en 1946, il est fait mention de l’arrestation de 16.553 personnes entre juin 42 et août 44 pour propagande communiste ou gaulliste (3.400 par la PM, 11.285 par les RG et 1.868 par la PJ).
Il faut bien reconnaître qu’au début, on trouve fort peu de résistants affichés parmi les policiers. Tout au plus peut-on noter ici ou là l’action personnelle de certains qui, sans se faire remarquer, « arrangent des coups ». Cependant peu à peu, plusieurs mouvements prennent vie. Notamment Police et patrie, France combattante et, le plus influent, Honneur de la police, dont les responsables seront arrêtés fin 44. La Gestapo créa bien une cellule spéciale pour surveiller la police, mais elle ne parviendra jamais à décapiter ses réseaux, ce qui laisse penser qu’ils bénéficiaient au moins d’une certaine protection au sein de la Grande maison.
Depuis le débarquement du 6 juin 1944, les Parisiens suivaient l’avancée des alliés vers l’est. Et l’appel au combat lancé le 6 août par le général de Gaulle a sans doute mobilisé nombre de Français qui s’étaient jusqu’alors contentés de subir le joug de l’oppresseur. Le 11, les cheminots se mettent en grève, et le ravitaillement de la capitale doit désormais se faire par la route. Les vivres arrivent au compte-gouttes, le marché noir bat son plein, et les Parisiens ont faim. On envisage des soupes populaires.
Le 15, la CGT lance un ordre de grève général, en fait un véritable appel au soulèvement, qui est largement suivi par les postiers, la presse, les employés du métro…, les gendarmes et la police.
Le 17, la police libère les détenus politiques et le lendemain, 4.000 policiers en civil portant des brassards tricolores se pressent devant la préfecture de police de Paris. Les lieux sont occupés. La résistance armée s’organise, tandis qu’un char canonne les murs du bâtiment.
Le 21, un avion de la 2° DB survole la capitale et lâche un message de Leclerc dans la cour de la Préfecture : « Tenez bon, nous arrivons ». Passant outre aux ordres des Américains, la 2° DB marche alors sur Paris. Et à l’aube du 25 août 1944, les premiers chars pénètrent dans la capitale.
Quelques semaines plus tard, le général de Gaulle attribue la Légion d’honneur à la préfecture de police de Paris – raison pour laquelle la tenue d’apparat est rehaussée de la fourragère rouge.
D’une certaine manière, par cet acte symbolique, le Général affiche ainsi la volonté d’une amnistie générale des forces de l’ordre. La France a besoin de sa police pour se reconstruire.
Il faut se souvenir que certains policiers, souvent isolés, ont fait preuve de courage et d’initiative. Que d’autres, comme ceux de la Surveillance du Territoire, ont très vite choisi leur camp en pratiquant le double jeu au détriment de l’occupant, jusqu’à la dissolution du service en novembre 42 (recréé par de Gaulle en 1944 et dissous par Sarkozy en 2008).
Mais il s’agit d’exceptions.
Aujourd’hui, on est en droit de porter un œil critique sur le comportement d’une grande partie des policiers durant l’occupation allemande. Parallèlement, on peut se demander quelle aurait été la réaction de l’ennemi s’il avait dû à la fois mater une rébellion des forces de l’ordre et dans le même temps assurer la police du pays…
Mais on ne bâtit pas l’histoire sur des hypothèses.
Finalement, le président Sarkozy a raison, les policiers se sont comportés comme le reste de la population, certains de façon abjecte, d’autres courageusement, mais la plupart se sont contentés de survivre.
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pour reflexion :
https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2007-2-page-183.htm
citation:
« Si la Déclaration des droits de l’homme de 1789 a posé des principes fondamentaux – la garantie des droits de l’homme exige « une force publique », instituée « pour l’avantage de tous et non l’intérêt de ceux à qui elle est confiée », qui a pour mission « la garantie des droits naturels de l’homme », liberté, propriété, sûreté, résistance à l’oppression –, tout ou presque restait à faire et, notamment, concevoir et inventer, construire et organiser une police qui, fatalement, serait employée à lutter contre les écarts de la démocratie et à limiter la liberté pour la protéger contre ses propres excès.
Une fois résolus ces problèmes délicats de la place et de l’organisation de la police, restait l’épineuse question du « modèle » :
que devait être une police « républicaine » ? À lire les contemporains, une double acception de l’expression semble s’être rapidement imposée : sera « républicaine » une police défendant, avec loyauté et sans angélisme, ni faiblesse, le régime contre ses adversaires de tous bords, MAIS avec des pratiques et des moyens qui ne seront pas en contradiction avec les principes fondamentaux de la démocratie et les droits des citoyens
Pris au piège de la légitimité du gouvernement de Vichy et de leur culture d’obéissance mais aussi de leur propre goût de l’ordre, de leurs intérêts particuliers ou corporatifs et d’une culture professionnelle qui leur faisait partager des aversions communes (xénophobie, anticommunisme) avec les nouveaux maîtres et une majorité de Français, les policiers furent amenés à jouer un rôle, à remplir des missions, à appliquer des « lois » comme à utiliser des méthodes en TOTALE CONTRADICTION avec leurs traditions et leur passé républicains.
« Ce fonctionnaire obéissait aux ordres de ses chefs. On ne peut pas dire qu’il était collaborateur, mais un peu trop discipliné ». Cette conclusion d’un rapport, d’octobre 1945, du 3ème groupe de la section d’épuration de la Préfecture de police chargée d’enquêter sur le cas d’un inspecteur de la BS2 « victime du devoir », tué en 1942 par un déserteur allemand, montre bien quel fut sous l’Occupation, le dilemme de policiers élevés dans le respect de la discipline.
Elle pose deux questions essentielles : peut-on honorer les policiers morts par excès de discipline ? Que doit privilégier une institution comme la police ?
Le devoir professionnel ? Certes. C’est d’ailleurs à ce titre que sont honorés les policiers victimes du devoir.
>>> Mais que faire quand ce devoir professionnel s’oppose à la morale, et pire encore à l’honneur ?
Faut-il continuer à honorer des policiers qui ont fait leur devoir en obéissant jusqu’au sacrifice de leur conscience et de leur vie aux ordres donnés, quand ces derniers les mettaient objectivement au service de l’occupant et les amenaient à commettre des actes illégitimes ?
Ou faut-il rendre hommage à un devoir d’une autre nature que l’on respecte en désobéissant à des ordres, qui nient les droits mêmes et la dignité des personnes, l’honneur qui conduit à enfreindre la sacro-sainte consigne, quand elle déshonore ceux qui l’appliquent, autant que ceux qui l’énoncent ou la transmettent ? »
fin de citation
le point d’articulation de cette nuance sont les articles de loi, constitution, code de déontologie qui ont fondé la police républicaine:
– si la discipline revient à bafouer ces règlements ou exagérer les ordres (1) par obéissance aveugle à une hiérarchie, qui devient ensuite dévoyée à cause d’un pouvoir qui dérive
– si il est facile de comprendre que ces ordres sont nocifs pour la population,
alors ? cette discipline conduit au déshonneur
alors, retrouver la vraie fonction première d’un policier, c’est ne pas coopérer activement à ces ordres-là, tout en coopérant aux autres. ou si ce n’est pas tenable à longue: changer de fonction si ces ordres sont trop fréquents, voire démissionner
(1) voire les exploiter à ses propres fins: ex connus de pv pour outrage et rébellion en vue de récupérer des dommages et intérêts
Merci, Monsieur !
merci aussi,
je tiens à rectifier un pt sur la police actuelle car j’ai pu mal m’exprimer:
en ce moment, la police est victime d’ordres répressif ou illogiques venant de très haut (préfets, etc.. ?) qui l’empêche d’exercer son métier avec intégrité, l’épuise, la décourage. certains comportements ou fautes individuelles de certains policiers ou crs sont à comprendre dans ce contexte.
et je ne jette pas la pierre à ceux qui exercent ujne profession difficile du mieux possible mais commettent des erreurs dans des moments ou ils sont excédés,
mais ceux qui obéissent aveuglément, et surtout rajoute leur propre zèle :
des vidéos aujourd’hui témoignent même d’un certains mépris pour la population de certains (et voire même une violence que j’ai jamais vue -femmes, seniors, …- matraqués). a mon humble avis, ce genre de policiers là (pas majoritaires), n’auraient pas résisté à la pression répressive ambiante et propagande en 39-45, car là, ils ont déjà perdu leur intégrité et trahi leur code de déontologie… ils n’ont ni le courage de s’opposer ouvertement à des ordres illégaux ou nocif pour leur population, ou ni celui de ne pas coopérer pleinement sans le montrer à leur hiérarchie, ni l’honneur de ne pas en rajouter eux-même.
V – Après la guerre
A la fin la guerre, mon grand-père a reçu diverses distinctions et témoignages de reconnaissance de citoyens, la ‘croix d’honneur du mérite franco-britannique’ pour services rendus à la cause des alliés. Jusqu’à son dernier souffle, il n’a jamais renié les actions (parfois déçu du manque de gratitude de certains) qui auraient bien pu le mener, avec sa famille (ma mère), dans les camps de la mort.
Je ne serais alors pas en vie pour écrire cet hommage…
On le voit sur des photos, sur les toits de Paris avec un air fier au moment de la libération, avec cette fierté qui n’est pas de l’arrogance ou de l’orgueil, mais la satisfaction d’avoir été du bon coté et d’avoir rendu un service réel aux citoyens, d’avoir comme d’autres collègues rendu l’honneur perdu de la police Parisienne.
Quand on a bien assimilé le rôle d’un policier, on comprend que son autorité lui a été conférée par les citoyens eux-mêmes et la loi républicaine, sans cela elle devient illégitime et brutale.
Un policier ne peut donc exercer la force contre d’autres citoyens que s’il est dans son droit, son uniforme ne lui donnant pas carte blanche.
C’est la compréhension fine de ce principe qui a permis à mon grand-père de résister à la pression ambiante, discerner les ordres reçu et conclure à une désobéissance obligatoire pour certains, afin de continuer à respecter sa fonction première. sans cette conscience élevée de obéissance et de la désobéissance, un policier peut être le jouet de n’importe quelle dictature, qui changerait la loi et sa fonction au grès de ses désirs.
merci de votre attention…
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Les articles évitant toute dérive:
Article II – Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression
Article III – Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.
Article IV – La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui: ainsi l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi.
Article V – La loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la société. Tout ce qui n’est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elle n’ordonne pas.
Article VI – La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse
Article VII – Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la loi, et selon les formes qu’elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis;
Article IX – Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable, s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne sera pas nécessaire pour s’assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.
Article X – Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.
Article XII – La garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique: cette force est donc instituée pour l’avantage de tous et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confié
Article XV – La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration.
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Article R. 434-9 – Le policier ou le gendarme exerce ses fonctions avec probité ( de malhonnêté). Il ne se prévaut pas de sa qualité pour en tirer un avantage PERSONNEL et n’utilise pas à des fins étrangères à sa mission les informations dont il a connaissance dans le cadre de ses fonctions.
Article R. 434-10 – Discernement
Le policier ou le gendarme fait preuve de discernement.Il tient compte en toutes circonstances de la nature des risques et menaces de chaque situation à laquelle il est confronté et des délais qu’il a pour agir, pour choisir la meilleure réponse légale à lui apporter.
Article R. 434-14 – Relation avec la population
Le policier ou le gendarme est au service de la population. Sa relation avec celle-ci est empreinte de courtoisie et requiert l’usage du vouvoiement. Respectueux de la dignité des personnes, il veille à se comporter en toute circonstance d’une manière exemplaire, propre à inspirer en retour respect et considération.
Article R. 434-17 –
Toute personne appréhendée est placée sous la protection des policiers ou des gendarmes et préservée de toute forme de violence et de tout traitement inhumain ou dégradant. Le policier ou le gendarme ayant la garde d’une personne appréhendée est attentif à son état physique et psychologique et prend toutes les mesures possibles pour préserver la vie, la santé et la dignité de cette personne.
Article R. 434-18 –
Le policier ou le gendarme emploie la force dans le cadre fixé par la loi, seulement lorsque c’est nécessaire, et de façon proportionnée au but à atteindre ou à la gravité de la menace, selon le cas.
Il ne fait usage des armes qu’en cas d’absolue nécessité et dans le cadre des dispositions législatives applicables à son propre statut.
Article R. 434-19 –
Lorsque les circonstances le requièrent, le policier ou le gendarme, même lorsqu’il n’est pas en service, intervient de sa propre initiative, avec les moyens dont il dispose, notamment pour porter assistance aux personnes en danger.
Article R. 434-27 – Sanction des manquements déontologiques
Tout manquement du policier ou du gendarme aux règles et principes définis par le présent code l’expose à une sanction disciplinaire en application des règles propres à son statut, indépendamment des sanctions pénales encourues le cas échéant.
Article R. 434-31 –
Le militaire de la gendarmerie obéit aux règles militaires et adhère aux valeurs inhérentes à son statut. L’état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, discipline, disponibilité, loyalisme et neutralité. Les devoirs qu’il comporte et les sujétions qu’il implique méritent le respect des citoyens et la considération de la Nation.
IV – A la libération
Il a pris part à la libération de Paris, en rassemblant des éléments isolés des FFI (groupe du capitaine Maurianne), en fournissant armes et munitions de son commissariat, en procédant à l’arrestation de collaborateurs notoires.
Six jours avant la libération de Paris, le 19 aout 1944 , apprenant que le drapeau français avait été hissé au dessus de la Préfecture de Police, il décida de le faire à son commissariat, sous les applaudissements de la foule. Répondant au sos lancé par les défenseurs de la préfecture de Paris, il a envoyé tous ses hommes. Pour se défendre, il ne lui restait plus que 3 policiers et 2 pistolets, alors que les auto-mitrailleuses allemandes frôlaient son commissariat aux couleurs de la France libre. Une vidéo le montre marchant à coté d’homme importants lors de l’instauration du gouvernement provisoire à hôtel de ville : nécessaire pour éviter le chaos.
Ce ne sont pas des grands actes d’héroïsme par rapport à d’autres, mais mon grand-père en avait assez fait pour être arrêté et déporté. A cette époque, un petit acte de courage pouvait amener beaucoup d’ennuis : le plus facile était de ne rien faire ou ne rien dire… ou faire comme si on approuvait
Il a toujours compris que la police était « mandatée par les citoyens pour être au service des citoyens » et dès qu’on lui ordonnait d’arrêter des gens qui n’avait rien commis de préjudiciable, son devoir était alors de ne pas exécuter ces ordres ou les faire échouer.
C’est ce que je tire de ses discussions avec lui : il m’a souvent expliqué que ceux qui sont devenus collaborateurs, était ceux qui obéissaient aveuglément, sans se demander si ces ordres étaient contraires aux droits de l’homme et à l’intérêt du peuple français.
Je le connaissais assez pour dire qu’il ne se reconnaîtrait peu dans une partie de la police actuelle, qui exécute ds sanctions croissantes sur d’honnêtes citoyens, sans aucun discernement sur son rôle premier : protéger les citoyens d’autres citoyens prédateurs.
Dans ce principe fondateur, il a encore agit à la libération pour éviter que des gens soient taxés de « collabos » et fusillés sans examen de leur cas: pour des règlements de comptes entre voisins par ex. Jusqu’à à nouveau devoir affronter les menaces de la part de résistants de la «dernière heure» cette fois : à qui il indiquait les contacts réels qu’il avait entretenu avec la résistance, et les lettres de témoignages jouant leur rôle pour le disculper.
III les risques énormes de remettre sa vie entre les mains de gens qu’il laissait librement circuler et pouvait être arrêtés ensuite (puis remonter à son commissariat)
Malgré beaucoup de ruse, on ne peut cacher longtemps ses opinions dans une dictature.Dès 1943, mon grand-père a été dénoncé à la brigade anti-terroriste, car il avait critiqué ouvertement les méthodes utilisées envers les patriotes. Convoqué par le Directeur des Renseignements Généraux, il lui a été signifié qu’il serait emprisonné à la moindre incartade. Apparemment, un certain Mr Bousquet (!!!) aurait certifié qu’il était un « bon collabo » (!!!), alors qu’il faisait exactement l’inverse. Sa capacité à parler l’allemand aisément brouillant les pistes.
Cette convocation ne la pas empêché de continuer, au contraire, mais plus discrètement… Il a été ensuite menacé de dénonciation à la gestapo plusieurs fois car son comportement anti-allemand était connu dans son quartier : beaucoup de personnes en difficulté venaient le trouver pour lui demander assistance. Au final, il dormait toujours avec une corde à nœud par crainte d’une arrestation nocturne.
A la fin de la guerre, un collègue proche de son bureau, lui a dit qu’il « avait eu de la chance étant de son côté » : car son « petit jeu » avait été remarqué (parmi les gens arrêtés, il n’en voyait peu ressortir du commissariat les menottes aux mains, ou envoyés aux allemands).
Le 4 mai 1944, il s’est opposé à l’action de la gestapo qui voulait réquisitionner un véhicule pour prendre en filature des résistants, puis reçu des menaces claires (‘…la gestapo vous le fera payer très cher’ !!! et ‘pour toi, le grand… et surtout le petit commissaire, ca va chier’)
D’autres commissaires on eu le même comportement : Mais victimes d’une dénonciation, l’un fut fusillé. A cette nouvelle, mon grand-père a dû se cacher et prendre des précautions. Ce qu’il lui a permis de tenir durant toute la guerre. Il était très prévoyant : Ayant des doutes sur les opinions des ses collègues, il se débrouillait par exemple pour les faire muter ou les placer le plus loin possible de son bureau. Il a peu à peu éloigné ceux qui lui paraissait franchement pro-nazis.
Qu’a fait exactement mon grand père ?
Ceci n’est que quelques exemples . Nous ne sauront jamais…
De 1942 à 1945, mon grand-père a délivré des fausses cartes d’identité à des centaines (?) de personnes traquées par l’occupant: juifs, prisonniers évadés, réfractaires au STO, résistants, britanniques fuyant les camps d’internement, etc…
Il a libéré, en les faisant passer par l’escalier de service, de nombreux juifs qui avait été appréhendés au cours de contrôles (pour défaut de port d’étoile, etc…) et conduit au commissariat pour les remettre ensuite aux allemands. donc tout fait pour ne pas les remettre aux allemands
Lorsque des rafles devaient avoir lieu, il prévenaiti les gens concernés (apparemment un livre écrit par un écrivain juif en parle). Son inefficacité notable pour arrêter des juifs a joué évidemment dans plusieurs dénonciations.
Il transmettait aussi des courriers pour des juifs par ex au camp de Drancy (dont nous avons une copie assez émouvante – été 42-). Il a évité la déportation à d’autres personnes par de multiples moyens que je ne citerai pas ici.
La position de mon grand-père lui permettait de fournir des renseignements à des groupes résistant. Certains bien au courant de son activité pro-alliée et des plans des nazis qui leur communiquait.
Il faisait circuler des tracts anti-nazis, procurait des cadres anti-brouillages pour écouter les émissions de la France Libre. Ceci peut paraître anodin, mais avoir les bonnes informations était capital par rapport à la propagande quotidienne.
Il ne pouvait pas cacher des juifs, mais leur donnait des conseils pour se soustraire aux nazis ou les mettait en contact avec des gens susceptibles de les cacher.
II – Un autre point est qu’il a mis sa vie en péril et fait peser des risques de représailles sur sa famille. Vers la fin de la guerre, il a commencé à être repéré par sa hiérarchie, il a du se cacher et tenir ferme dans ses convictions. Contrairement à certains qui se sont trouvé une âme de résistant à la veille de la libération, il a commencé à agir quand d’autres pensaient tout était perdu…
Un autre point est qu’il a du affronter les menaces de collabos, comme ensuite de faux résistants à l’épuration: conservant les preuves de ses actes pour les produire au bon moment. Comme De Gaulle, il avait un coté visionnaire et par son humanité, refusait de se soumettre à la répression aveugle.
Un dernier point, est qu’il a pris la défense à ses risques de gens (les juifs, communistes, …) devenus les parias ou enemis de la société, ouvertement dénoncés comme responsables de tous les maux. Il n’était ni juif dans son arbre généalogique, ni aucun intérêt à se mêler de cela….
Nous ne savons pas combien de personnes, il a sauvé de la déportation car bien entendu, il ne conservait pas toutes les preuves Ce n’est qu’au moment de la libération où il a du prouver qu’il n’était pas un collaborateur comme d’autres policiers, qu’il a entrepris de compiler les témoignages des familles juives qu’il a aidé (15 témoignages écrits de septembre à octobre 1944). Ce que nous savons n’est donc que la partie émergée de l’iceberg…
I – On pense souvent que la police a collaboré massivement avec l’occupant. Mais aussi de nombreux policiers ou commissaires, qui ont refusé ouvertement, ou plus subtilement comme mon grand-père. Ces policiers là avait une haute idée de leur fonction et la considéraient au service des citoyens, et non pas un prétexte pour exercer un quelconque pouvoir. C’est pour cela que mon grand-père n’a pas repoussé les gens qui venaient lui demander secours face à la répression des nazis, de la milice et autres policiers collaborateurs, pour cela que quand on lui a demandé d’arrêter des honnêtes gens pour leur seul crime d’être juifs ou d’avoir des opinions politiques (et non pour des crimes commis envers d’autres personnes ou l’état français), il a refusé et décidé, au départ seul, de désobéir. Comme De Gaulle, il a toujours eu la conviction que les allemands perdraient la guerre un jour malgré la débâcle française. Je ne suis pas policier mais je vois sur ds vidéos ce que la police fait aujourd’hui à des manifestants (femmes, personnes âgées, …), je suis persuadé que mon grand-père dresserait un constat sévère de cette police actuelle et n’aurait pas exécuté d’ordre pour froidement réprimer des gens qui ne commettent aucun crime que manifester ou exprimer leur opinion (à part les casseurs).
Pendant la guerre, mon grand-père, Raymond Duvert, était commissaire du 11eme arrondissement de Paris (police judiciaire) et de 1942 à la fin de la guerre, il a fait ce qu’il pouvait à son échelle pour désobéir aux ordres des allemands. Dans sa position, y avait plusieurs façon de résister:
– soit démissionner ou même partir de France
– soit résister ouvertement et prendre le maquis (mais solution apparue bien plus tard).
– soit ne rien faire mais ne pas approuver
Mon grand-père a choisi la 4eme voie : faire semblant d’exécuter, mais saper le plus possible les ordres des allemands par derrière. De toute façon, s’il avait démissionné ? un autre aurait pris sa place avec zèle cette fois…
Ce qui est le plus étonnant n’est pas ce que mon grand-père a fait, car cela reste modeste par rapport à d’autres résistants…
Mais c’est le contexte dans lequel il a choisit de le faire : seul ou avec quelques collègues… en opposition avec sa hiérarchie.
Et ce n’était pas le bon moment: quand il a décidé de le faire, c’était juste après la débâcle de l’armée française, quand tous avaient retourné leur veste… ou au mieux était sans espoir.
Quand il a décidé des sauver des gens de la répression, puis du STO, puis de la déportation, il ne connaissait pas l’issue de la guerre en 1945 et combien de temps cela allait durer…
Je me rend compte, que l’appel du général de Gaulle le 18 juin (fervent Gaulliste !) a redonné le courage à mon grand-père, comme bien d’autres…
Pourtant, c’est bien DeGaulle qui a fait tirer sur les Français d’Algérie à Oran, qui a ordonné de lâcher les Harkis, quitte à les renvoyer à la mort et à la torture en Algérie, envoyé à la mort dans des expéditions hasardeuses en Syrie des soldats Français se battre contre d’autres soldats Français. Appel du 18 Juin 1940 ? Lisez celui du 17 juin 1940 ! De Gaulle, ambitieux et envieux, jaloux du succès de ses aînés dans l’armée, lui, jeune, sans expérience, déserteur, à l’ahurissement des Allemands et de ses soldats, est considéré comme un « grand homme ». Grand par la taille, l’orgueil, qui faisait le désespoir de ses père et mère, l’ego seul comptait chez lui…au dire de témoins dans des circonstances graves…
Il faut aussi connaître la version des autres témoins de l’Histoire, pas que des « afficionados ».
merci de ne pas couper ce témoignage par des arguments qui se dissutent, je répondrais à la fin
en ce moment, le comportement de la police obéissant aveuglement a une hiérarchie qui lui demande commettre des violences illégitimes et graves sur des manifestants (parfois des femmes, jeunes, personnes agées), pas seulement des casseurs violents, peut poser amener à de interrogations sur ce qu’il s’est passé avant. un policier a tjs le choix de vérifier la conformité des ordres à sa loi, aux droits de l’homme car sans loi un policier n’a aucune autorité légitime, de desobeir, jouer u double ou éviter le zèle dans l’exécution des ordres, du moins ne pas en faire plus que demandé.
Il faut se souvenir que certains policiers souvent isolés, ont fait preuve de courage et d’initiative (MON GRAND PERE),. Que d’autres, comme ceux de la Surveillance du Territoire, ont très vite choisi leur camp en pratiquant le double jeu au détriment de l’occupant,
Mais il s’agit d’exceptions…
encore plus à leur honneur, mon grand a agit seul puis avec qq collègues pour saper les ordres des allemands et faire échouer les raffles. voici un extrait de son histoire…
Le port de l’étoile jaune n’est pas imposé par Bousquet mais par la huitième ordonnance allemande du 29 mai 1942. En revanche le régime de Vichy impose l’apposition de la mention « juif » sur les papiers d’identité.
…Alors quel profil recherche t on au recrutement….???
Au dela du culte de l obeissance,Il me parrait probable que les qualites recherchees des fonctionnaires selon leurs attributions sont radicalement differentes.Autant les hommes du raid ou gign humainement sont capable de don de soit ,sacrifice au service des populations, soit; amphatie solidarité. ..idem pour des services comme brigade des moeurs, anti terrorisme, stups, antigang, etc…autant les qualites requises pour sanctionner des delits mineurs ressemblent d avantage a des defauts. Abscence d anpathie,de tolerance voir clemence seraient antiproductives elles pourraient amener l agent a ne pas verbaliser ,ne pas punir…Il n est pas impossible de penser qu un agent un peu rasciste par exemple serait potentiellement plus motive a lutter contre des petits dealers maghrebins…
faux ou excessif. on pas besoin d’être méprisant pour etre autoritaire et ferme. ou alors c qu’on a rien à faire ds la police
Bonjour, on m’a toujours assuré dans ma famille que mon grand père, policier parisien et communiste pendant 39/45 était investi dans la résistance. Comment puis je avoir des informations concernant ses activités pendant la seconde guerre mondiale? merci beaucoup.
lire plus bas si ca vous interesse….
vous avez un exemple. il est meme possible que mon grand père commissaire à paris ait pu etre en contact avec le votre une fois ou ai vu son nom, car ils agissaient en réseau à la fin de la guerre. et un jour, mon gd père a été prévenu par surement par ce réseau que l’un d’eux aavit été dénoncé et fusillé. il s’est caché pendant un temps. quel était son nom ?
Ma mére etait restée à Paris la plus grande partie de la guerre,portant hardiement son étoile jaune.Elle fit connaissance d’un inspecteur de police prénommé Gaby, dont je ne sais pas le nom, mon pére ayant couper toutes relations à son retour des stalags. Cet inspecteur travaillait à la prefecture de police de Paris.Pendant toute la durée de l’ occupation,il a telephoné pratiquement toutes les semaines à ma mère,pour la prevenir des rafles et des arrestations .Ma mère retransmettait aux reseaux juifs. Cet homme de la police de Vichy a probablement sauvé beaucoup de monde . Au dire de ma mère , il n’ avait jamais désiré être proposé à une qelconque décoration, ou à de quelconques honneurs.Que ceux qui auraient des renseignements sur son identité me contactent. Voilà.
Léon Poliakov a écrit « Du sort relativement plus clément de la communauté juive de France, Vichy fut le facteur prépondérant ». (« Bréviaire de la haine » page 201.)
Opinion corroborée par le meilleur contributeur à l’Histoire de la Shoah, Raul Hilberg, qui dit » En sacrifiant une partie (les Juifs apatrides), on parvint à sauver la majorité. » (La destruction des juifs d’Europe »)
Bousquet n’est pas responsable de la rafle du Vel d’hiv.Il n’a pu l’empêcher compte tenu des accords passés avec Oberg et Knochen qui furent « un moindre mal ».
L’article 122-2 du code pénal ne stipule-t-il pas » N’est pas responsable d’un crime la personne qui agit sous la contrainte d’une force à laquelle elle n’a pu se soustraire » ?
@ « Philoman » et « François M (Marseille) », à propos de leurs affirmations sur l’épuration de la Police à la Libération,
Permettez-moi de vous inviter à lire l’oeuvre de Jean-Marc BERLIERE, et tout particulièrement son dernier ouvrage « Policiers Français sous l’Occupation ».
http://www.decitre.fr/livres/Policiers-francais-sous-l-Occupation.aspx/9782262029784
A mon très humble avis, l’exploitation des Archives du Ministère de l’Intérieur et de la Préfecture de Police par un Historien qui travaille sur le sujet depuis des décennies (même si Jean-Marc BERLIERE a gardé l’énergie et la « saine indignation » de ses « 20 ans » !) mérite d’être accueillie avec, à tout le moins, autant d’intérêt que cet « article du Monde de la fin des années 60 (après 68) » (sic) (!).
Personnellement, mon humilité maladive m’incline à m’en remettre davantage aux historiens solidement confirmés qu’aux journalistes (appartinssent-ils à « Le Monde »).
Cordialement,
Le Bucheron, revoyez l’organisation des commentaires et rendez à Alexandre Clément la « paternité » de ses propos.
« il y a eu des réseaux de résistants formés par des hommes de droite, voire d’extrême droite »
a vous lire péhène on croirait entendre un discours du PCF…
Qui furent les premiers résistants?
Tout bonnement les monarchiste,
les communistes ne l’ont été que tardivement du fait du pacte Germano-soviétique sur lequel vous faite l’impasse.
Belle propagande en tout cas =)
Autrement, l’article importe peu tant les avis sont contradictoire au sein meme des historiens,
mais bon , tout les Frnaçais n’étais-ils pas résistants ? 🙂
Le sujet est fort intéressant. Cependant, je constate qu’on est passé d’une vision gaullienne de la Résistance, entretenue par le général, selon laquelle le peuple français était résistant, à une vision selon laquelle tout le monde avait été collabo dans les années 70. Ramenant sur le devant de la scène des anciens collobos comme Céline, Michel Audiard ou Marcel Aymé.
L’ouvrage extraordinaire d’Alain Guérin, « Chronique de la Résistance » fait le point sur cette question. Les réistants ont été plus nombreux qu’on ne le dit aujourd’hui. Et dès 1940, les communistes ont commencé à monter des réseaux. C’est pour cette raison que De Gaulle s’est allié avec eux. C’est bien eux et les syndicats qui ont fait de la Résistance un mouvement vraiment populaire. Il ne faut pas confondre les bureaucrates et la base. De même les socialistes ont été très actifs dans la résistance, alors même qu’une grande partie des députés de ce parti avait voté la confiance à Pétain.
Les communistes ont très vite défendu un point de vue nationaliste, allant vers une alliance de classe. Il est dommage que l’anticommunisme de certains (qui n’est plus de saison) les rendent aveugles à ce point.
Les données rassemblées par Guérin, montre que malgré les difficultés, les Résistants étaient nombreux et plus largement à gauche qu’à droite. Car en effet, la bourgeoisie française a continué à faire des affaires avec les Allemands. La Bourse se portait très bien d’ailleurs. Mais il y a eu des réseaux de résistants formés par des hommes de droite, voire d’extrême droite – ce fut le cas de Mitterrand. Ils penchaient il est vrai plus du côté de Giraud que de De Gaulle.
Peut-être parce que les choses sont un peu plus compliquées que cela.
Bref, on ne saura vraiment jamais ce que la police a fait pendant la seconde guerre mondiale. Elle a travaillé dans l’ensemble pour les nazis ou elle était plutôt résistante?Je comprends que l’auteur ne veut pas se mouiller mais il y a si longtemps que l’on devrait pouvoir tout savoir.
@Georges Moréas,
Lorsque vous dites, à la fin, le président du 65e anniversaire a raison (sous-entendu le Premier ministre du 60e avait tort…), je m’interroge.
Peut-être dites-vous juste dans la globalité de la période de l’Occupation.
Mais je ne vous suis pas pour la semaine commençant le 15/09/44. Et je trouve horriblement déplacés les propos de Nicolas Sarkozy le 25/08/2009 à l’endroit où il les a prononcés. J’avais immédiatement réagi ici :
http://menilmontant.numeriblog.fr/mon_weblog/2009/08/la-captation-dheritage-de-sarkozy.html
avec, à la fin, les trois dépêches d’agence en référence, puis la reprise dans Vendredi info.
En complément au commentaire de Philoman:
Le Monde de la fin des années 60 (après 68) annonçait les nominations de commissaires avec quelques éléments biographiques.
Beaucoup avaient commencé leur carrière dans la police sous l’occupation.
Que penser de quelqu’un qui choisi la carrière policière à cette époque et du double langage de ceux qui continuerons à construire un appareil policier avec ce type de recrues.
Bonjour Monsieur MOREAS,
n’êtes-vous pas surpris, en tant qu’ancien patron de PJ, de voir à quel point certains ont si peu le sens de la mesure ? Comparer la police d’aujourd’hui à celle de Vichy, en la réduisant à la « police de Sarkozy », en estimant que les policiers ne sont des animaux qui ne font qu’obéir ? J’ai le souvenir, adolescent, de votre ouvrage que j’avais lu d’une traite en une nuit. Vous relatiez les conditions dans lesquelles l’un de vos inspecteurs avait été tué en intervention. Vous racontiez cette terrible méprise qui a coûté la vie d’un policier. Quand je lis aujourd’hui des commentaires aussi stupides que certains qui figurent malheureusement dans votre blog, je m’interroge sur ces sacrifices. Je comprends pourquoi vous pouviez être usé et qu’un jour, vous avez redonné votre brême, quandon voit les conséquences de ce métier sur la vie de famille et le reste. Je comprends pourquoi certains renoncent à cet investissement personnel, à cette mission de service publique pour des veaux qui ne le méritent pas. Maintenant, pour tous ceux qui, vivant ou résidant en France,estiment qu’ils évoluent dans un Etat qui baffoue les droits et les libertés, ils peuvent toujours partir, en Iran par exemple; c’est un pays très moderne qui pratique la libération sous caution.
Bravo Georges ! Il y aurait tant à dire sur le sujet ! Bien des familles ont leurs secrets enfouis et qui ne remonteront peut-être jamais à la surface ! Certains ont écouté le récit des anciens ayant participé à la dernière guerre mondiale et ayant subi certaines horreurs physiques et/ou morales, certains préjudices moraux qu’ils auront eu à surmonter toute leur vie, mettant tout en oeuvre pour que leurs enfants ne vivent pas la même chose et beaucoup d’entre ceux-ci ne s’en sont même pas rendu compte, pire ont décidé d’oublier ou d’ignorer leurs souffrances, certains ont préféré se taire et ne rien raconter de ce qu’ils ont vu, vécu, subi…et Dieu seul sait quelles horreurs ont été caché à notre connaissance ! Bien nombreux, issus de la modeste population, auraient dû écrire leurs mémoires avant de partir ! De nos jours, on ne peut que supposer, supputer et…tenter de tourner une page en gardant à l’esprit qu’un être humain peut, sous une face d’ange, dissimuler un monstre et donc, demeurer toujours très vigilant ! Certains étaient peut-être pire que les SS allemands eux-mêmes !Alors…rabachons, n’en finissons pas de rabacher, de rappeler aux esprits des plus jeunes que « bien mal acquis ne profite jamais », que « attention aux retours de manivelles », que « »être » plus faible ne veut pas dire « être » inférieur, que « plus de couleur de peau lorsque des larmes de sang coulent dans un verre d’os », que « le respect de l’autre est aussi le respect de soi », que « la paix est bien fragile », que « le dialogue avant tout est la solution pour le maintien, la préservation de cette paix », etc. ! Comment changer les mentalités ? A force de morale rabachée, d’exemples cités, d’alertes en prévention et surtout à force de montrer l’exemple en résistant soi-même à nos démons intérieurs et en se comportant vis-à-vis des autres avec le total respect que l’on exigerait des autres vis-à-vis de soi !!! Merci pour cette dose de rappel, cher Georges ! En espérant que…PLUS JAMAIS CA !!!
la police n’a pas fait l’objet d’épuration à la Libération ce qui explique des attitudes pas toujours très républicaines depuis la fin de la guerre, et cette impunité a renforcé le mépris du citoyen ;
4 ans de collaboration, de déportation et d’exécution puis 4 jours d’insurrection = une légion d’honneur + une amnistie
bravo
PS:
Il vaut mieux,bien sur, donner en exemple les héros que les salauds que ce soient dans les livres comme dans les films ,hier comme aujourd’hui,bien que les uns et les autres soient simplement humains
Comme dans chaque situation exceptionnelle, chacun de nous ne peut savoir s’il va être un salaud ou un héros sans en avoir réellement vécu tous les paramètres
Le timide et effacé va trouver des ressources qu’il ne s’étaient jamais manifestées dans sa vie « ordinaire » Le grand costaud va se cacher dans un trou de souris, détournant son regard sur des exactions, égoïste jusqu’au bout des ongles etc.
Comme l’a dit plus haut un intervenant, essayons de comprendre, ne jugeons pas trop vite ,sans savoir vraiment si en faisant semblant de collaborer, on pouvait rester à des postes où il était possible de sauver bien des vies (des exemples sont multiples) Sans service de police et de justice c’est toujours, toujours la raison du plus fort, ce n’est plus du tout, du tout, la démocratie
Rien n’est parfait, tout est perfectible, partout il y a des bons et des..moins bons
Espérons que pour nos enfants que la raison laisse notre pays épargné de la guerre et qu’il emmène la paix le plus largement dans le monde
Pour cela, essayons de comprendre comment on a pu en arriver là à deux reprises au XXème siècle
Une très bonne thèse d’histoire consacrée à l’administration sous l’État français : Marc Olivier BARUCH, Servir l’État français ; l’administration en France de 1940 à 1944, Fayard, Paris, 1997.
Précision nécessaire : mon père était un homme de gauche,mais il n’a jamais été communiste,ni militant,ni par la pensée,et,ni par sympathie.Il m’a simplement dit,qu’il reconnaisait que des communistes de la base avait participé tôt et plus tard à la Résistance.
Je sais pas si tu vas lire le message vu que le post date de 5 ans, mais d apres les infos que j ai pu recolte par les personnes qui l ont vecu, les maquis etaient compose de gens qui pour la plupart ne suivaient pas vraiment d ideologie politique, en gros ils en avaient rien a branle tous ce qu ils voulaient c etait detre libre. Mon avis personnel j aime pas mettre des etiquettes mais je pense que dans l idee generale c etait des anarchistes peut etre?
Apres c est le jeu de la politique, en ce moment la majorite des electeurs sont les enfants et petits enfants des acteurs de cette epoque donc je pense que chaque parti essaye de tire son epingle du jeu, sa marque plutot bien pour un parti politique de dire ou de faire croire qu ils ont ete des acteurs de la resistance…..
Mon père qui était agent des wagons mits et vait été de ce fait réquisitionné ^pour servir des officiers allemands de haut rang plusiers fois dans toute la France a été résistant très tôt en passant le courrier,ce que sa fonction facilitait;m’a toujours dit que la base communiste avait toujours été décontenancé par l’attitude du PCF en haut,ai début,là plupartn’ont reien fait,mais dàs 1941 beaucoup sont devenus résistants,par ésistants,il me disait,il faut entendre à des degrès divers,pas toujours relié à un réseau,mais des petites choses à titre individeuel.Il m’a dit qu’à la gare d’Asuterlitz qui était son lieu de départ de travail,que souvent les policiers français en civil étaient bien plus à craindtre que les soldats allemands,bien qu’il m’a dit qu’un jour en 1943,alors qu’il avait du courrier important dans savalise,c’est une de ces policiers redoutés qu’il l’a sauvé d’une merde grave avec la Gestapo.Donc il y avait déjà(combien cela reste impossible à dire) des policiers qui jouaient DOUBLE JEU.Pour lui,avant de mourir en 1963 d’un cancer à 65 ans,il m’a toujours dit qu’il pensait que de Gaulle à la libération et tout de suite après,avait négocié avec les communistes pour préserver la paix civile.Exemple de contrepartie le Syndicat du Livre,si puissant,accordé à la CGT.
J’avais 8 ans en 1940,j’ai vu beaicoup de choses durant ces 5 ans,bien qu’étant encore un enfant,mais ma conviction est faite,que ceux qui ont été mis en avant n’ont pas toujours té les vrais résistants.Quand à Mr Sarkozy,la 2ème partie de son allocution lors du 65ème Anniversaire de la Libération est indécente,il laisse entendre que leurs leçons à ces policiers résistants du 25/8/1977 rejoignaoent la politique de sécurité appliquée depuis qu’il était Ministre de l’Intérieur,on ne peut pas laisser dire çà,on ne peut s’approprier leur mémoire pour défendre la politique sécuritaire d’aujourd-hui.NON PAS çà.En conclusion pour moi,seloN les dires de mon père aussi,les militants de base du PCF essentiellement des ouvriers ont été d’eux m^mes les vrais résistants.LA BASE,pas les Hauts Cadres.
Franc Tireur Partisan ou comment poster un commentaire avec un encéphalogramme plat. Félicitations et merci de votre participation. Revenez quand vous voulez, vos arguments sont tellement pertinents !
Mouais, bof, la police du Sous président Sarkozy me fait étrangement penser à la police de Vichy.
Bonjour chez vous.
Analyse parfaitement exacte de l’époque ! Merci
Ce fut une bien trouble période, où il est difficile de se faire juge (qu’aurions nous fait, chacun de nous, confronté pareille situations?) mais qui ne doit pas interdire ni décourager la recherche de la vérité.
La police et la gendarmerie ont eu, du fait de leur position, un sale moment à passer.
Certains ont collaboré avec zèle et je pense qu’aucun authentique résistant ne garde une grande sympathie pour la police… Mon grand-père, qui avait refusé le STO, craignait au quotidien davantage la police qui le poursuivait à la mitraillette dans le métro, que les allemands.
En revanche, c’est grâce à la « complicité » d’un supérieur gendarme à Brive la Gaillarde (il s’y était engagé), qu’il a réussi à échapper au STO finalement.
Pour ce qui est du PCF, il faut je pense distinguer le parti et ses cadres, et les militants.
Globablement, jusqu’à bien plus tard, le PCF de l’époque obéissait à Moscou. Moscou était l’allié objectif de l’Allemagne, et avait signé le pacte germano-soviétique.
Le PCF avait décidé de prendre le parti de l’URSS, et du coup, de l’Allemagne. Si les sabotages d’armement et surtout de voies de chemins de fer n’ont pas été prouvées avoir été le fait du PCF, en revanche, de nombreux témoignages non contestés font état de ces sabotages. Actes isolés de fanatiques d’extrême gauche? Militants du PCF? De la CGT? On ne sait pas…
En revanche, la propagande du PCF militait contre l’effort du guerre. Et une fois la France vaincue, ils cherchèrent à collaborer avec le régime plutôt que d’entrer dans la résistance.
Des militants communistes isolés sont entrés en résistance AVANT le PCF qui lui, a attendu la rupture unilatérale du pacte germano soviétique par Hitler, pour entrer en résistance. Rappelons que Staline refusa de croire pendant plusieurs jours que Hitler l’avait attaqué, ce qui eut pour résultat de permettre aux allemands de clouer au sol l’aviation russe et de prendre un avantage militaire initial certain.
En réalité, dans leur large majorité, les premiers résistants en France (ceux qui ne sont pas partis à Londres)furent souvent : les curés de campagne
et les jeunes militants patriotes, souvent de droite. Je citerai l’exemple du colonel de La Rocque, qui est classé aujourd’hui à l’extrême droite, qui était nationaliste et conservateur mais qui compta avec ses militants parmi les premiers résistants (et déportés).
Il y avait une haine souvent entre les résistants de droite, gaullistes la plupart du temps, et FFI et FTP. Il y eu beaucoup de règlements de compte en province. Les exactions de certains groupes FTP qui eurent la main un peu lourde en matière de nettoyage politique (pas toujours en ciblant d’authentiques collaborateurs) auraient pu mettre le feu aux poudres. On est passé à un cheveu de la guerre civile. Combien de crimes ont été passés sous silence au nom de l’intérêt supérieur de la nation, oubliés, rayés? Combien d’affaires classées?
La libération de Paris a effectivement été accélérée par les communistes qui voulaient la précipiter. C’est pour ça que les alliés furent contraints d’intervenir rapidement, afin d’éviter une guerre civile et un bain de sang. Nous avons vraiment eu de la chance que Paris ne subisse pas le même sort que Caen…
Il y eut une réelle compétition entre De Gaulle et le PCF.
La vérité est que les alliés n’auraient pas laissé une sorte de nouvelle commune de Paris prendre le pouvoir. Il a fallu toute la finesse politique du général ainsi qu’un réel concours de circonstances pour que Paris soit libérée intacte, qu’il n’y ait pas de guerre civile en France et que le gouvernement US ne puisse pas imposer un gouverneur militaire US.
@ kervennic : vous avez tout à fait raison.
D’ailleurs, c’est bien connu, tous les homicides sont élucidés par le Ministre de l’Intérieur lui-même au cours de sa partie quotidienne de Cluedo. Ensuite, il en parle aux commissaires, qui en parlent aux officiers et ils vont interpeller l’auteur.
C’est la raison pour laquelle, n’ayant pas toujours un colonel Moutarde sous la main, les policiers arrêtent souvent n’importe qui, et c’est source de bavure.
Le monde selon kervennic, c’est beau ! je peux jouer ? j’ai fait un double six !
Merci Kervennic pour cette constructive et intelligente intervention.
> « Passant outre aux ordres des Américains, la 2° DB marche alors sur Paris »
Pas exactement – Certes, la libération de Paris n’était pas prévu aussi tôt par l’Etat Major Allié (et non pas américain…), mais Leclerc sous commandement US n’a pu foncer sur Paris qu’après l’accord de Bradley commandant la 12ème Armée US, même s’il avait dû passer par dessus son chef de corps d’Armée, le Général Hodges.
Il faut bien faire ce que l’on peut pour essayer de sauver la face d’une institution.
Entrer dans la police s’est accepter d’obeir. Obeir s’est arreter de reflechir. Un etre qui abandonne son libre arbitre devient un animal.
J’ajoute que les seuls résistants dont les motivations étaient réellement patriotiques sont soit des gens de droite modérée , soit carrément d’extrème droite comme Honoré d’Estienes d’Orves ou Daniel Cordier (secrétaire de Jean Moulin -homme de gauche- et issu de l’AF) , d’anciens cagoulards dont une partie a collaboré allant jusqu’à porter l’uniforme de la SS tandis qu’une autre partie était partie à Londres et beaucoup de socialistes de la SFIO (certains socialistes ayant eux collaboré comme Déat)
Je vois que certains cherchent toujours à défendre les communistes…On écrit : » la situation de 1940 n’est pas celle de 1944, donc la note sur le role de Rol-Tanguy auprès de la police parisienne lors de la libération de Paris est tout à fait pertinente. »
C’est parfaitement vrai et me fait sourire : entre 1940 et 1944 Hitler a attaqué l’URSS et le PC soit disant Français qui n’a jamais été à gauche mais à l’Est bascule du jour au lendemain dans la Résistance en multipliant d’ailleurs les attentats individuels afin de provoquer des représailles Allemandes pour créer un climat d’insurection prérévolutionnaire (au grad dam de Londres d’ailleurs ) . Ces représailles avaient une double utilité pour le PC : pousser les ultras collabos de Vichy à avoir de plus en plus d’influence les Allemands ne pouvant mettre des dizaines milliers d’hommes des services de répression sur le terrain , apparaître comme des « patriotes » , pousser Vichy à créer à terme la Milice et à rentrer bêtement dans une logique de guerre civile francofrançaise . Plan déjoué par de Gaulle à la Libération qui pour le coup à doublement sauvé la France . Je veux bien que des jeunes aient servis dans les FTP communistes par idéal patriotique …mais pas plus , je ne reconnaîtrait pas au PC un rôle patriotique . Daladier (pas Vichy) a dissout et interdit le PC et savait parfaitement ce qu’il faisait .
Mais je suis certain qu’on va même trouver des excuses aux cocos qui ont demandé aux autorités d’occupation la reparution de l’Humanité clandestine …Toujours des excuses bidons , comme faire porter au seul Staline les crimes du régime communiste …
Bonjour,
une petite rectification sur votre article sur la police parisienne.Le général de Gaulle a attribué la légion d’honneur à la police parisienne mais cette dernière ne porte pas la fourragère de la légion d’honneur mais une cordelière de couleur rouge ce qui est fondamentalement différent. en effet le port de la fourragère de la légion d’honneur n’est attribué qu’aux unités formant corps qui ont obtenu pendant un même conflit (guerre 14-18, guerre 39-45 etc)au moins 6 citations, ce qui n’est pas le cas de la police de Paris.
Très cordialement,
Ces gens sont évidement héroïques et, il faut leur rendre hommage. néanmoins, il faut aussi mentionner que des soldats noirs ont été sevrés de la fête jadis, à tort.
http://allainjulesblog.blogspot.com/
Concernant les sabotages, je n’ai pas d’historiens sous la main, mais un témoin (mon père) , qui m’a quelque fois parlé des véhicules blindés neufs mais inutilisables qui encombraient les rues de Billancourt. il s’est bien passé quelque chose à ce moment là. Maintenant faut-il accuser les communistes? C’est vrai qu’ils avaient un mobile…
pour revenir aux policiers, ils n’étaient sans doute pas plus collabos que le reste du pays, en revanche ils avaient plus de pouvoir de nuire, c’est la fonction qui veut ça..
La libération de Paris par la 2ème DB et le discours du général de Gaulle. Vous devriez lire les déclarations de Giscard à ce sujet.
On oublie toujours que les forces américaines (4ème div) étaient sur les quais et le périphérique, position certes moins médiatique.
Paris n’avait aucune intérêt stratégique et devait être contourné. C’est la stratégie des communistes sur les ordres de Moscou (via Rol-Tanguy le loyaliste) qui cherchaient a provoquer des insurrections et bains de sang pour prendre le pouvoir qui ont déclenché les hostilités et forcé les alliés à intervenir.
Un certain Georges Guingouin a refusé cette stratégie – il suffit de voir la suite de son histoire. Dans les années 50 des policiers probablement communistes ont essayé de le tuer dans une cellule.
Enfin les ex-FFI qui choisiront de s’engager dans l’armée ne progresseront plus (Ex Rol-Tanguy).
@’un flic’
Si l’AMGOT n’a pas pu être appliqué en France, c’est parce que le GPRF avait déjà mis en place une administration de substitution par la désignation de « Commissaires de la République », http://books.google.com/books?id=vTcWd7fJ16sC&pg=PA130&lpg=PA130&dq=AMGOT+GPRF&source=bl&ots=8kAcX45Y5Z&sig=QOqx3Eb03LvXLXSUSg-S1T37Z5s&hl=en&ei=b3yWSpHnGuShjAfn84mTDA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=18#v=onepage&q=AMGOT%20GPRF&f=false
Quelle époque infecte. Il ne faut pas oublier à quel point à l’époque le PC était inféodé à l’URSS il a fallu attendre bien après la guerre pour que des dissidences apparaissent.
Pour faire suite aux commentaires précités sur le rôle de la Police durant l’occupation allemande de 1940 à 1944, je conseille la lecture du l’ouvrage écrit par messieurs Jean-Marc BERLIERE et Franck LIAIGRE intitulé » Liquider les Traitres » qui relate l’activité des » Brigades Spéciales » des R.G de la Police Parisienne, notamment à l’encontre du Parti Communiste, et permet d’avoir une idée sur l’état d’esprit des policiers durant cette terrible période . Cette ouvrage (édité par R.LAFFONT) évoque aussi les événements qui ont succédé à la libération. C’est un livre remarquable trés documenté.
> ‘La féroce légion nord-africaine ou Bat-d’Af’
Du tout. Les « Bat’ D’Af » étaient les « Bataillons d’infanterie légère d’Afrique »,bataillons quasi disciplinaires à la discipline féroce où étaient envoyés les conscrits ayant déjà fait l’objet d’une condamnation – cf http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataillons_d%27Afrique
@Bogdanowich
L’argument fumeux sur les sabotages soit-disant effectués par des communistes dans les usines d’armement a depuis longtemps été balayé par les historiens sérieux, même les plus anti-communistes.
Et si je peux me permettre, je crois que, concernant cette période,il vaut mieux employer le terme de « collaboration » avec plus de précaution que vous ne le faites.
Bien à vous
Que pensez vous des plaques commémoratives qui fleurissent sur nos écoles primaires « A la mémoire des élèves de cette école déportés de 1942 à 1944 parce que nés juifs, victimes innocentes de la barbarie nazie avec la complicité du gouvernement de Vichy. Ne les oublions jamais » ?
Dans le film qu’il a réalisé avec Jorge Amat « La traque de l’affiche rouge » du nom du magnifique poème de Louis Aragon , mis en musique par Léo Ferré qui rendait hommage aux héros du groupe de résistants dirigés par Missak Maoukian, Denis Peschanski que vous citez dans vos sources, explique ceci :
« Les Allemands savaient qu’ils n’avaient pas les moyens d’assurer la sécurité de leurs troupes (dans la région parisienne) . 220 fonctionnaires des Rg sont chargés de la répression anticommuniste. Face à eux 60 à 80 combattants de la M.O.I (Main d’œuvre immigré, groupe organisé par le PCF).
La grande force de la police française, c’est l’art de la filature.
Les énormes moyens policiers mis en œuvre par le régime de Vichy, au service des intérêts allemands, mais aussi sur la base d’un anti-communisme viscéral d’une partie de l’appareil répressif de l’Etat français, ont plus particulièrement frappé ces FTP et notamment leurs cadres.
L’antisémitisme et la xénophobie des occupants et du régime de Vichy,sont associés pour diviser la Résistance et l’isoler de la population. L’épisode de l’affiche rouge, la mise en scène qu’elle révèle et le retentissement que les Nazis et leur collaborateur donnent à l’exécution des résistants communistes étrangers révèle bien ce projet qui vise à déconsidérer la Résistance en France. »
Pour répondre au mail de « Un flic » :
1)la situation de 1940 n’est pas celle de 1944, donc la note sur le role de Rol-Tanguy auprès de la police parisienne lors de la libération de Paris est tout à fait pertinente.
2)Avant le pacte germano-soviétique, il y a eu les accords de Munich qui en livrant la Tchécoslovaquie aux Nazis a fait plus de mal à la France que le pacte Ribbentrop-Molotov;
3)En tant que parti internationaliste, le PCF était dans son role de rechercher, autant que faire se peut des contacts auprès des soldats allemands, ce qui s’est réalisé quelques rares fois grâce à des communistes allemands réfugiés en France qui avaient réussi à échapper à la police française.
Les actions contre Holz à Nantes, puis celle de Fabien au métro Barbès lancent la lutte armée du PCF, mais on ne construit pas des groupes clandestins en deux coups les gros, tout en étant un parti clandestin poursuivi par la police française.
Celà dit, je ne défends pas le pacte germano-soviétique, j’essaie de démêler des faits et de comprendre.
A lire le livre de Daniel Cordier « Alias Caracalla » qui retrace sa vie de secrétaire de Jean Moulin. La police française de l’époque a collaboré avec les allemands et arrêté nombre de résistants. De plus moyennant finance, des résistants ont pu s’échapper. Ce qui veut dire que des policiers ont gagné de l’argent sur le dos de la résistance et peuvent ensuite claironner qu’ils l’ont aidé. L’argument de l’obéissance est inquiétant, il y a bien quelque chose sous le képi, comme chez tout un chacun.
Les communistes ce sont évertués, avec un grand succès, à faire oublier leur attitude après la signature du pacte germano-soviétique. Ils sont tout d’un coup devenus pro-allemands et pacifistes. Dénonçant le capitalisme qui voulait la guerre (ce n’était pas Hitler selon eux). Après le déclaration de guerre, durant les longs mois de la drôle de guerre, ils ont commis des sabotages dans la production d’armements, obligeant le gouvernement à emprisonner les dirigeants communistes pour collaboration avec l’ennemi. Ceci est confirmé par la demande, envoyée par l’Humanité aux autorités allemande, pour autoriser la reparution du journal, interdit par le gouvernement français.
Sans doute les communistes cherchaient à faire oublier leur rôle du 3 septembre 1939 au 22 juin 1941 » Le terme de « fraternisation » apparait dans les numéros 59 et 61 de l’Humanité clandestine qui sortent respectivement le 4 et le 13 juillet :
« Les conversations amicales se multiplient entre travailleurs parisiens et soldats allemands : Nous en sommes heureux. Apprenons à nous connaître, et quand on dit aux soldats allemands que les députés communistes ont été jetés en prison et qu’en 1923, les communistes se dressèrent contre l’occupation de la Ruhr, on travaille pour la fraternité franco-allemande. »
En ces jours anniversaire de la Libération de Paris, on peut souligner l’intervention décisive d’Henri Rol-Tanguy qui est intervenu lors de l’assemblée générale des policiers qui souhaitaient arrêter leur grève et les a décidé à rejoindre l’insurrection qu’il avait décidée avec son Etat-Major FFI. Au service des allemands et de Vichy jusqu’en juillet, il permet à la police de se retrouver du côté des FFI en août ! Initié par un communiste, ce basculement a sans doute contribué à éviter l’AMGOT que les américains avaient prévue !
On peut remarquer sur cette triste époque quenpar exemple les policiers britanniques sur les iles « GB » occupées par les Allemands n’ont pas été plus héroïques que leurs collègues Français. Précisons également que le parti communiste n’a pas été interdit par Vichy mais bien par le gouvernement de la République en raison du pacte germanosoviétique et ce juste après la décalartion de guerre de la France à L’Allemagne . Concernant le décret du 23 avril 1941 qui étatise les Police Municipales (mon dada…) il est toujours intéressant de le connaître :
Nous, Maréchal de France, chef de l’État français,
Vu l’avis du comité budgétaire ; Le conseil des ministres entendu.
Décrétons :
Art. 1er.
Les services de police sont placés sous l’autorité du ministre secrétaire d’État à l’intérieur et dirigés par le secrétaire général pour la police.
Art. 2.
Ces services sont constitués par :
1° La direction générale de la police nationale au ministère de l’intérieur ;
2° Les services extérieurs de police, placés sous l’autorité des préfets.
Art. 3.
La direction générale de la police nationale comprend :
1° Le cabinet du directeur général de a police nationale et la sous-direction des services du cabinet : le secrétariat, le service des voyages officiels, le fichier central et le service automobile ;
2° Les directions administratives ;
3° Le contrôle général des services de police ;
4° Le service de la police judiciaire ;
5° Le service de la sécurité publique ;
6° Le service des renseignements généraux ;
7° L’école nationale de police.
La composition des directions, la répartition des attributions et des effectifs des bureaux seront fixées par décret.
Art. 4.
Le territoire de la zone non occupée est, pour l’organisation de la police, divisé en régions, districts et circonscriptions.
Art. 5.
Le préfet de l’un des départements de la région, désigné par décret, est chargé de la police de cette région. Il est assisté d’un intendant de police. Ce nombre pourra être porté à deux lorsque l’importance de la région le nécessitera Dans ce cas, la résidence et la circonscription territoriale des deux intendants seront fixées par arrêté du ministre secrétaire d’État à l l’intérieur.
Les intendants de police sont des fonctionnaires de l’administration préfectorale. Ils sont nommés par arrêté du ministre secrétaire d’État à l’intérieur, sur la proposition du directeur général de la police nationale et du directeur du personnel.
Art. 6.
Les services suivants sont constitués auprès du préfet chargé de la police de la région :
1° Un secrétariat administratif, des services régionaux de police ;
2° Un service de police judiciaire ;
3° Un service de renseignements généraux ;
4° Un service de sécurité publique composé d’un ou plusieurs groupes mobiles.
Art. 7.
Les régions sont divisées en districts de police à raison en principe d’un district par département. Chaque district est placé sons l’autorité du préfet du département et dirigé par un commissaire chef de district.
Art. 8.
Les districts sont subdivisés en circonscriptions de. police, dirigées par un commissaire central ou un commissaire de police assisté de secrétaires et disposant des personnels de police de la circonscription.
Art. 9.
Le nombre des régions, districts et circonscriptions, de même que la composition et les effectifs des services extérieurs de police sont fixés par décret contresigné par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur et !e ministre secrétaire d’État à l’économie nationale et aux finances.
Les limites territoriales des districts et circonscriptions, ainsi que la répartition des effectifs sont déterminées par arrêté du ministre secrétaire d’État à l’intérieur.
Art. 10.
Les inspecteurs généraux, les contrôleurs généraux, les commissaires de la police nationale et les inspecteurs de la police nationale affectés à la direction générale ou aux régions, ainsi que les commandants de gardiens de la paix, sont nommés, affectés et révoqués par arrêté du ministre secrétaire d’État à l’intérieur.
Les secrétaires, gradés et inspecteurs de sûreté des districts et des circonscriptions, les officiers de paix, gradés et agents des groupes mobiles et des corps des gardiens de la paix, sont recrutés sut l’ensemble du territoire, sur propositions de l’intendant régional et sont nommés et affectés par arrêté du préfet chargé de la police pour la région qui a délégation’ du ministre secrétaire d’État à l’intérieur à cet effet.
Le préfet régional est compétent pour les mutations à l’intérieur de la région et les sanctions disciplinaires allant jusqu’à la suspension pour une durée de trois mois.
Les mutations de région à région et les sanctions placées, dans l’échelle des peines, après la suspension pour une durée de trois mois, sont prononcées par arrêté du ministre secrétaire d’État à I’intérieur.
Art. 11.
Les maires demeurent investis des pouvoirs de police qui leur sont attribués par les paragraphes 1er, 4, 5, 6, 7, 8 de l’article 97 de la loi du 6 avril 1884. Ils sont, en outre, chargés de la police des foires, marchés et autres lieux publics.
Aucune modification n’est apportée à l’organisation actuelle des polices municipales des communes de moins de 10000 habitants, à l’exception de celles qui seront déterminées par un arrêté du ministre secrétaire d’État à l’intérieur et du ministre secrétaire d’État à l’économie nationale et aux finances.
Art. 12.
Les dépenses des services de police, autres que ceux fixés à l’article 11 (§2), sont inscrites en totalité au budget du ministère de l’intérieur.
Art. 13.
Des décrets, contresignés par le ministre secrétaire d’État à l’Intérieur, et par le ministre secrétaire d’état à l’économie nationale et aux finances, détermineront les conditions d’application de la présente loi en ce qui concerne notamment :
Les attributions respectives du préfet chargé de la police pour la région, des préfets, des intendants de police régionaux et des maires en matière de police ;
L’organisation des services locaux de police ;
Les conditions d’intégration du personnel dans les services des polices régionales d’État
Le régime des retraites du personnel municipal actuellement en service et maintenu dans le cadre des polices régionales d’État ;
Les conditions dans lesquelles les collectivités locales seront appelées à contribuer aux dépenses ;
Les dates d’application de la présente loi dans les territoires occupés.
Art. 14.
II est ouvert à l’amiral de la flotte, ministre secrétaire d’État à l’intérieur, en addition aux crédits alloués par la loi de finances du 20 mars 1941, une somme totale de 39.082.000 fr. applicable aux chapitres ci-après du budget de l’intérieur :
Chap.16 Sûreté nationale – Police spéciale et mobile. – Personnel titulaire. – Indemnités fixes : 3.800.000 fr.
Chap.25 – Polices d’État. – Traitements : 20.000.000 fr.
Chap.26 – Polices d’État – Indemnités diverses : 5.000.000 fr.
Chap.27 – Polices d’État- Indemnités de résidence. – Allocations familiales et indemnités spéciales de fonctions : 282.000 fr.
Chap.28 – Polices d’État. – Matériel : 10.000.000 fr.
Total : 39.082.000 fr.
Art. 15.
Sont abrogées toutes les dispositions contraires au présent décret, qui sera publié au Journal Officiel et exécuté comme loi de l’État.
Fait à Vichy, le 23 avril 1941.
Par le Maréchal de France, chef de l’État français : Ph. PÉTAIN
L’amiral de la flotte, ministre secrétaire d’État à l’intérieur : A. DARLAN
Le ministre secrétaire d’État à l’économie nationale et aux finances : Yves BOUTHILLIER..
[Journal Officiel de l’État français, 6 mai 1941, p. 1917-1918]
N° 1805.- Loi du 23 avril 1941 fixant les effectifs des personnels de la police nationale.
[Journal Officiel de l’État français du 6 mai 1941, p. 1918.]
Nous, Maréchal de France, Chef de l’État français ; Vu l’avis du comité budgétaire ; Le conseil des ministres entendu. Décrétons :
Art. 1er
Les effectifs des personnels de la police nationale sont fixés ainsi qu’il suit :
3 inspecteurs généraux. 10 contrôleurs généraux. 60 commissaires divisionnaires. 300 commissaires principaux : 90de lreclasse ; 100 de 2e classe ; 110 de 3e classe ; 1 222 commissaires de police :
249 commissaires de lre classe ; 381 commissaires de 2e classe ; 392 commissaires de 3e classe ; 100 commissaires de 4e classe ; 100 commissaires stagiaires ; 270 inspecteurs principaux de police. 1.480 inspecteurs de police. 30 agents spéciaux principaux : 8 de lre classe ; 22 de 2e classe ; 170 agents spéciaux.
Art. 2.
Par mesure transitoire, et pour faciliter le reclassement des fonctionnaires intéressés, les effectifs des emplois indiqués ci-dessous pourront être momentanément portés à :
Commissaires principaux de lre classe : 150 unités
Commissaires principaux de 2e classe : 184 unités
Inspecteurs principaux : 500 unités
Ces dispositions ne pourront avoir pour effet d’augmenter dans l’ensemble les effectifs prévus à l’article 1er de la présente loi et des vacances d’emplois correspondant aux unités en surnombre dans les catégories énumérées ci-dessus devront en contrepartie être maintenues dans d’anciennes catégories. D’autre part, les vacances qui se produisent dans les emplois faisant l’objet du présent article ne pourront être comblées que dans la proportion d’une sur deux jusqu’à ce qu’il ait été possible de ramener les effectifs de ces emplois aux limites fixées par l’article 1er.
Art. 3.
Le reclassement du personnel actuellement en fonction dans le cadre des effectifs fixés à l’article 1er du présent acte sera prononcé par arrêté ministre secrétaire d’État à l’intérieur.
Art. 4.
Il est créé à la direction générale de la police nationale au ministère de l’intérieur :
Deux emplois de sous-directeur ;
Deux emplois de chef de bureau ;
Six emplois de sous-chef de bureau ;
Neuf emplois de rédacteur ;
Six emplois de commis.
Art. 5.
Le présent acte, dont les dispositions auront effet à compter du 1e 1941, sera publié au Journal Officiel et exécuté comme loi de l’État.
Fait à Vichy, le 23 avril 1941.
Par le Maréchal de France, chef de l’État français : Ph. PÉTAIN
Le ministre secrétaire d’État à l’économie nationale et aux finances : Yves BOUTHILLIER
L’amiral de la flotte, ministre secrétaire d’État à l’intérieur : A. DARLAN
N° 1809 – Loi du 23 avril 1941 créant une école nationale de police
[Journal Officiel de l’État français du 6 mai 1941, pp. 1919-1920.]
Nous, Maréchal de France, chef de l’État français, Vu l’avis du comité budgétaire, Le conseil des ministres entendu, Décrétons :
Titre Ier Généralités
Art. 1er
II est institué une école nationale de police, destinée à former les cadres de la police française, en donnant à ceux-ci la culture générale et la formation professionnelle indispensable, à l’exercice de leurs fonctions. Cette école prend rang parmi les grandes écoles nationales.
Art. 2.
L’école comprend une école supérieure de police destinée à former les commissaires de police et une école pratique destinée à former les inspecteurs de police.
Art. 3.
L’école supérieure et l’école pratique relèvent du secrétaire général de la police au ministère de l’intérieur. Elles sont placées sous l’autorité d’un directeur assisté d’un sous-directeur, d’un nombre valable de professeurs et de moniteurs, d’un conseil d’administration dont la composition est fixée par arrêté
Le directeur commandant l’école est nommé par décret, sur proposition du ministre secrétaire d’État à l’intérieur .
Le sous-directeur est choisi parmi les professeurs. Il est nommé par arrêté du ministre secrétaire d’État à l’intérieur , ainsi que les membres du conseil d’administration, les professeurs et les moniteurs.
Titre II. École supérieure de police
Art. 4.
Nul ne peut être admis à l’école supérieure de police que par voie de concours.
Art. 5.
Un concours public a lieu chaque année en principe, dans les centres désignés par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur , qui fixe en même temps le nombre d’élèves à admettre à l’école.
Un avis de concours fixant la date et les heures des épreuves est publié au moins un mois à l’avance au Journal officiel.
Art. 6.
Pour être admis à participer au concours, les candidats doivent remplir les conditions suivantes :
1° : Être de nationalité française à titre originaire et non juif conformément à la législation en vigueur ;
2° : N’appartenir à aucune société secrète visée par la loi ou avoir rompu toute attache avec elle ;
3° : Avoir satisfait à la loi sur le recrutement de l’armée sans avoir été exempté ou réformé ;
4° : Être âgé de vingt-deux ans au moins et de vingt-six ans au plus au 1er janvier de l’année du concours ;
Cette dernière limite est reculée d’autant d’années que le candidat peut justifier d’années de service civil ou militaire pouvant être décomptées dans la liquidation d’une pension de retraite de l’État : elle est reculée en outre d’une année par enfant à charge.
Le bénéfice de ces dispositions ne s’applique pas cependant aux candidats ayant dépassé l’âge de quarante ans ;
5° : N’avoir encouru aucune condamnation ;
6° : Être d’une constitution robuste permettant un service actif de jour et de nuit et être reconnu indemne de toute infection tuberculeuse par un médecin assermenté désigné par l’administration ;
7° : Être agréé par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur ;
8° : Adresser au secrétariat général pour la police (1er bureau), au ministère de l’intérieur , avec une demande d’emploi, sur timbre, toutes les pièces, documents, diplômes, attestations, certificats ou déclarations qui leur sont demandés pour la constitution du dossier ;
9° Être titulaire du diplôme de licence en droit, de licence es lettres, de licence es sciences, ou du doctorat en médecine, ou avoir satisfait aux examens de sortie de l’école polytechnique, de l’école du commissariat de la marine, de l’école navale, de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, de l’école centrale des arts et manufactures, de l’école de l’air, de l’école nationale supérieure de l’aéronautique, de l’école coloniale, de l’école des sciences politiques, de l’école des hautes études commerciales.
Peuvent être dispensés de la production de ces diplômes, les inspecteurs de la police nationale, les inspecteurs de police de la ville de Paris, les secrétaires de commissariats de police (métropole et Afrique du Nord) comptant au moins à la date du concours cinq ans de service effectif dans cette fonction et justifiant de notes favorables de la part de leur chef de service. Dans ce cas, la limite est reculée jusqu’à trente ans.
Art. 7.
Le ministre de l’intérieur fixe le programme et le règlement du concours ainsi que la composition du jury.
Art. 8.
Les candidats admis sont tenus de s’engager à servir l’État pendant dix ans après leur sortie de l’école s’ils ont satisfait aux examens de sortie.
Art. 9.
Le personnel de l’école comprend outre le directeur :
Six professeurs choisis parmi les fonctionnaires du ministère de l’intérieur et désignés par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur ; Des chargés de cours, en nombre variable, désignés par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur ;
Des moniteurs choisis parmi les inspecteurs de police et détachés pour deux ans au maximum ;
Un personnel administratif comprenant un économe assisté d’une ou plusieurs secrétaires ;
Un nombre variable d’agents nommés par le directeur de l’école. Tout ce personnel est prélevé sur les effectifs de la police.
Art. 10.
L’enseignement donné à l’école comprend :
Des conférences de culture générale ;
Des cours techniques ;
Des exercices pratiques ;
Des leçons de culture physique ;
Des conférences d’ordre moral ou professionnel sont faites en outre par de hauts fonctionnaires du ministère de l’intérieur.
Art. 11.
Sur la proposition du directeur de l’école, le ministre secrétaire d’État à l’intérieur détermine :
Le programme général d’enseignement ;
L’emploi du temps ;
Les conditions de fonctionnement de l’école ;
Le règlement des examens de sortie.
Art. 12.
L’année scolaire commence le 1er septembre, et la durée des études est de onze mois. Ces études comprennent :
Des cours d’une durée de huit mois ;
Un premier stage de trois mois effectué successivement dans un commissariat de police municipale, puis dans un service de police judiciaire, et enfin dans un service de renseignements généraux ou un commissariat spécial.
Art. 13.
Pendant la durée des cours de huit mois, les élèves sont internes. Ils bénéficient de la gratuité de l’enseignement et de la pension et portent un uniforme fourni gratuitement, dont le modèle est fixé par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur .
Les élèves provenant du corps des inspecteurs de police perçoivent leur traitement à l’exclusion des indemnités.
Art. 14.
Les règles générales de la discipline sont fixées par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur .
Le conseil de discipline est composé des professeurs de l’école et présidé par le directeur.
Les peines disciplinaires sont :
La consigne ;
L’avertissement avec inscription au dossier ;
Le renvoi au cours de l’année suivante ;
L’exclusion.
Les deux premières sanctions sont prononcées par le directeur de l’école, les deux autres par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur , après avis du conseil de discipline.
Tout élève exclu de l’école ne peut plus y être admis.
Art. 15.
Après l’achèvement des cours de huit mois, les élèves subissent un premier examen. Ils sont alors nommés commissaires de police stagiaires et perçoivent le traitement afférent à leur grade à l’exclusion de toute indemnité.
Ils effectuent en cette qualité, et sous le régime de l’externat, le stage de trois mois prévu à l’article 12. Pendant la durée de ce stage, les élèves demeurent soumis à la discipline de l’école. Ils sont notés par les chefs des services auxquels ils sont affectés et ces fonctionnaires communiquent leurs notes au directeur de l’école.
Après achèvement du stage de trois mois, les élèves subissent un examen général de sortie.
Les points obtenus aux deux examens et les notes données par les chefs de service pendant les stages servent de base au classement général des élèves. Ceux-ci peuvent, suivant l’ordre du classement, choisir leur poste suivant une liste dressée par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur .
Art. 16.
L’élève qui n’a pas satisfait aux examens de sortie ou qui n’a pu subir ces examens pour un motif grave, peut être autorisé par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur , sur la proposition du directeur de l’école, à redoubler une période d’instruction. Cette autorisation spéciale ne peut être renouvelée.
Art. 17.
Les élèves ayant satisfait aux examens généraux de sortie sont affectés par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur en qualité de commissaires de police stagiaires et ils terminent dans un poste leur année de stage réglementaire.
Titre III. École pratique de police
Art. 18.
L’école pratique de police destinée à former les inspecteurs de police fonctionne sous l’autorité du directeur le l’école supérieure de police.
Art. 19.
Nul ne peut être admis à l’école pratique de police que par voie de concours ouvert chaque année dans les conditions prévues à l’article 5 et à l’article 7.
Art. 20.
Pour être admis à participer au concours, les candidats doivent remplir les conditions générales suivantes :
1° : Être de nationalité française, en remplissant à cet égard les lois des 11 juillet 1940, 14 août 1940 et 3 octobre 1940 ;
2° : N’appartenir à aucune société visée par le décret du 13 août 1940 ou avoir rompu tout lien avec elle ;
3° : Avoir satisfait à la loi sur le recrutement de l’armée sans avoir été exempté ou réformé ;
4° : Être âgé de vingt et un ans au moins et de vingt-cinq ans au plus au 1er janvier de l’année du concours ;
Cette dernière limite est reculée d’autant d’années que le candidat peut justifier d’années de service civil ou militaire pouvant être décomptées dans la liquidation d’une pension de retraite de l’État ; elle est reculée en outre d’une année par enfant à charge.
Le bénéfice de ces dispositions ne s’applique pas cependant aux candidats ayant dépassé l’âge de quarante ans.
5° : N’avoir encouru aucune condamnation ;
6° : Être de constitution robuste permettant un service actif de jour et de nuit et produire un certificat médical favorable, délivré par le médecin assermenté de l’école ;
7° : Être agréé par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur ;
8° : Adresser au secrétariat général pour la police (1er bureau) au ministère de l’intérieur , avec une demande d’emploi, sur timbre, toutes les pièces, documents, diplômes, attestations, certificats ou déclarations qui leur sont demandés pour la constitution du dossier ;
9° : Être titulaire de l’un des diplômes suivants : brevet élémentaire, certificat d’études primaires supérieures, certificat d’études secondaires du premier degré, certificat de scolarité d’études secondaires jusqu’en troisième inclus dans un lycée ou collège, avec notes satisfaisantes, diplôme de capacité en droit.
Peuvent être dispensés de la production de ces diplômes, les candidats civils titulaires du brevet d’officier de réserve, les inspecteurs auxiliaires ou provisoires de la police nationale, les secrétaires, inspecteurs ou agents de police de la ville de Paris ou d’une police d’État, les secrétaires d’un commissariat de police (métropole et Afrique du Nord), les inspecteurs de sûreté des commissariats de police métropolitains comptant au moins à la date du concours deux ans de service effectif et ininterrompu dans leurs fonctions, et justifiant de notes favorables de la part de leur chef de service. Dans ce cas, la limite d’âge est reculée jusqu’à trente ans.
Art. 21.
Les candidats admis sont tenus de s’engager à servir l’État pendant six ans après leur sortie de l’école s’ils ont satisfait aux examens de sortie.
Art. 22.
Le personnel de l’école pratique de police est celui de l’école supérieure.
Art. 23.
Le régime intérieur de l’école, le programme d’enseignement et la discipline générale sont fixés comme il est stipulé aux articles 11 et 14.
Art. 24.
Les cours ont une durée de trois mois et commencent immédiatement après ceux de l’école supérieure de police.
Art. 25.
L’enseignement donné à l’école pratique comprend :
Des cours d’instruction générale ;
Des cours techniques ;
Des cours pratiques ;
Des séances de culture physique.
Art. 26.
Pendant la durée des cours de trois mois, les élèves sont internes. Ils bénéficient de la gratuité de l’enseignement et de la pension, et portent un uniforme fourni gratuitement et dont le modèle est fixé par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur.
Les élèves provenant des polices d’État perçoivent leur traitement à l’exclusion des indemnités.
Art. 27.
Le règlement des examens de sortie qui portent sur chacune des branches de l’enseignement est fixé par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur.
Art. 28.
L’élève qui n’a pas satisfait aux examens de sortie ou qui n’a pu subir ces examens pour un motif grave peut être autorisé par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur à bénéficier de l’article 16.
Les élèves ayant satisfait à l’examen de sortie sont nommés inspecteurs de police stagiaires et affectés par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur . Ils peuvent choisir leur poste, suivant l’ordre de leur classement de sortie, sur une liste dressée par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur.
Art. 29.
Le présent acte sera publié au Journal Officiel et exécuté comme loi de l’État.
Fait à Vichy, le 23 avril 1941…
N° 1804 – Décret du 23 avril 1941 relatif aux intendants de police [Journal officiel de l’État français du 6 mai 1941, p. 1922.]
Nous, Maréchal de France, chef de l’État français,
Vu la loi du 23 avril 1941, relative à l’organisation de services de police en
France ;
Vu l’avis du comité budgétaire ;
Décrétons :
Art. 1er.
II est créé au ministère de l’intérieur neuf emplois d’intendants de police. Il est supprimé trois emplois de secrétaire général hors classe pour la police.
Art. 2.
Les intendants de police seront recrutés entièrement au choix et recevront un traitement de :
lere classe 90 000 fr
2e classe 80 000fr
3e classe 70 000fr.
Art. 3.
Le ministre secrétaire d’État à l’intérieur et le ministre secrétaire d’État à l’économie nationale et aux finances sont chargés, chacun en ce qui les concerne, de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal Officiel et aura effet à compter du 1er mai 1941.
Fait à Vichy, le 23 avril 1941…
N° 2064 -Décret du 13 mai 1941 relatif aux attributions des préfets régionaux en matière de police.
[Journal officiel de l’État français du 14 mai 1941, p. 2035-2036.]
Nous, Maréchal de France, chef de l’État français, Vu la loi du 19 avril 1941 instituant les préfets régionaux, Vu la loi du 23 avril 1941 portant organisation générale des services de police en France et notamment l’article 13 aux termes duquel les conditions d’application de la loi seront déterminées par décret rendu sur la proposition du ministre secrétaire d’État à l’intérieur et du ministre secrétaire d’État à l’économie nationale et aux finances ;
Sur le rapport du ministre secrétaire d’État à l’intérieur et du ministre secrétaire d’État à l’économie nationale et aux finances ;
Décrétons :
Art. 1er.
Le préfet régional dirige et coordonne dans les départements placés sous son autorité Faction de tous les services de police. Il a la responsabilité du maintien de l’ordre dans sa région et prend toutes les mesures nécessaires pour prévenir et réprimer les atteintes à la sécurité publique.
Art. 2.
Le préfet régional a directement sous ses ordres :
Le service des renseignements généraux ; Le service de sécurité publique composé des groupes mobiles de réserve et des corps des gardiens de la paix ;
Le service de police judiciaire composé de la brigade de police mobile et des services de sûreté.
Toutefois, les brigades de police mobile dont la mission exclusive est de seconder l’autorité judiciaire dans la recherche des crimes et délits, demeurent à la disposition des parquets généraux ; elles peuvent, dans certains cas exceptionnels, et lorsque l’ordre public est gravement troublé, recevoir des missions temporaires et limitées du préfet régional qui doit dans ce cas rendre immédiatement compte au ministre secrétaire d’État à l’intérieur .
Art. 3.
Pour la direction des services de police, le préfet régional est assisté d’un ou de plusieurs intendants de police.
Art. 4.
Le préfet régional administre les effectifs de police régionale d’État placés sous ses ordres.
Sur la proposition de l’intendant de police et éventuellement après avis des préfets départementaux intéressés, il procède à l’intérieur de la région aux nominations, affectations et mutations des secrétaires, inspecteurs chefs ou sous chefs et inspecteurs de sûreté des districts et des circonscriptions, des officiers de paix, gradés et agents des groupes mobiles et des corps des gardiens de la paix. Il prononce les sanctions disciplinaires allant jusqu’à la suspension pour une durée de trois mois.
Les mutations de région à région, les mises à la retraite, les sanctions supérieures à la suspension pour une durée de trois mois, et les révocations sont prononcées par le ministre secrétaire d’État à l’intérieur .
Art. 5.
Le préfet régional prépare et soumet au ministre secrétaire d’État à l’intérieur les prévisions de dépenses concernant les services de police de la région. Par délégation du secrétaire d’État, il ordonnance les dépenses de tous les services régionaux de police placés sous son autorité.
Art. 6.
Le préfet régional peut sous sa responsabilité déléguer aux préfets des départements de sa région, tout ou partie de ses pouvoirs de direction et d’administration des services de police.
Il peut dans ce cas mettre temporairement à leur disposition des éléments appartenant aux services régionaux de police.
Il reprend lorsqu’il le juge utile la direction effective des services de police.
Art. 7.
Le préfet régional exerce dans les communes où la police est étatisée les mêmes attributions qu’exercé le préfet de police dans les communes suburbaines du département de la Seine, en vertu de l’arrêté des consuls du 3 brumaire an IX et de la loi du 10 juin 1853.
Dans ces communes, les maires restent investis de tous les pouvoirs de police conférés aux administrations municipales par l’article 103 de la loi du 5 avril 1884.
Art. 8.
Dans les communes où la police n’est pas étatisée, les maires demeurent investis, sous la surveillance du préfet régional et des préfets, des pouvoirs de police qui leur sont conférés par l’article 97 de la loi du 5 avril 1884, sous réserve des dispositions de l’article 99.
Art. 9.
Le ministre secrétaire d’État à l’intérieur et le ministre secrétaire d’État à l’économie nationale et aux finances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal Officiel.
Fait à Vichy, le 13 mai 1941…
Jean-Marc Berlière
1. Un texte tabou [1]
La loi du 23 avril 1941 [2] « portant organisation générale des services de police en France » publiée dans le Journal Officiel de l’Etat français du 6 mai 1941 est bien un texte fondamental de l’histoire de la police contemporaine (lire le texte). Elle représente un point d’aboutissement de toutes les réformes mises en oeuvre par la IIIe République et contient, y compris la régionalisation de 1991, les prémisses de l’organisation actuelle de la police française.
Mais c’est curieusement un texte tabou dont on chercherait en vain la lettre, même dans les « histoires de la police » qui ne manquent pourtant pas d’y faire une allusion généralement appréciative.
Pourquoi une telle absence ?
Les circonstances -l’occupation allemande et la vacance de la démocratie- qui entourent sa naissance et permettent des réformes que le parlement avait jusqu’alors refusées, ne manquent pas de jeter une lueur suspecte sur son contenu.
La « loi Darlan » souffre par ailleurs de la nature du régime qui la promulgue et de l’usage que la collaboration d’Etat a fait de la nouvelle organisation policière qu’elle mettait en place. Le rôle joué par la police sous Vichy dans la lutte contre les « terroristes » ou dans les persécutions raciales ne sont pas des souvenirs et des vérités bonnes ou agréables à rappeler.
Sa genèse est également embarrassante.
Non pas -comme l’écrit un auteur mal renseigné [3]- parce que « cette loi du 23 avril 1941 a[urait] été préparée en collaboration avec la Gestapo », mais au contraire parce qu’elle reprend presque intégralement les propositions d’un projet du syndicat des commissaires [4] présenté tout au long des années vingt et trente [5], auquel, jusqu’à plus ample informé, il paraît au moins douteux que la Gestapo ait collaboré.
Cette convergence entre un projet corporatif et les intérêts d’un régime discrédité confère à ce texte un caractère d’autant plus « sensible » [6] que cette double volonté -professionnelle et politique- allait totalement dans le sens des intérêts d’un occupant qui par la convention d’armistice se déchargeait sur l’Etat Français, son administration et sa police du soin d’assurer l’application de ses ordonnances, de la protection de ses troupes et, partant,d’un certain nombre de tâches répressives [7]. Or cette collusion, éclairée par les négociations Bousquet—Heydrich de mai 1942 puis ce qu’il est convenu d’appeler les « accords Bousquet-Oberg » de l’été 42 [8], fut, entre autres, matérialisée par les rafles de juifs confiées à la seule police française en zone occupée à partir des 16 et 17 juillet, puis en zone libre, à partir des 26-28 août 1942. Des faits qu’on n’aime guère évoquer dans une corporation qui éprouva quelque bienveillance -au moins jusqu’en 1943- à l’égard d’un régime qui l’assimilait à « un corps d’élite » et lui donnait enfin les avantages matériels, la considération, le prestige, l’unification des carrières, des statuts, des salaires, une centralisation, une formation… auxquels il aspirait et qu’il réclamait en vain depuis des décennies.
Ces avancées expliquent sans doute le jugement positif exprimé par les policiers historiens [9] à propos de cette loi même si « l’intéressante expérience de régionalisation » qu’elle met en place peut se lire comme la victoire de leurs rivaux les préfets.
Ce texte est également tabou parce qu’en dépit de la législation du Gouvernement Provisoire de la République (GPRF) sur le rétablissement de la légalité républicaine -qui aurait dû se traduire par l’annulation de la législation de « l’Etat de fait »-, la légidlation de 1941 est, pour l’essentiel, restée en vigueur et a survécu à la chute de l’Etat français. En effet, même si la « Police nationale » redevient, à la Libération, la « Sûreté nationale », même si, au grand dam des professionnels, les aspects les plus visibles et les plus compromettants (les intendants de police, la régionalisation) en sont gommés, personne, jamais ne reviendra sur l’étatisation des polices municipales. Au contraire, il appartiendra à la Ve République et au général de Gaulle, de terminer ce que Vichy n’avait osé faire : l’intégration de la Préfecture de police dans la Police Nationale (loi Frey de 1966), alors que des directions départementales et régionales seront mises en place au début des années quatre-vingt-dix.
2. Une organisation originale
L’importance que le régime de Vichy entendait accorder à la police ne le distingue pas fondamentalement des autres états autoritaires. La police constitue un outil indispensable au maintien d’un ordre, à la répression des libertés, aux exclusions qui caractérisent le nouveau régime, en même temps qu’elle est considérée comme l’instrument privilégié de la Révolution nationale qu’il entend mener.
Mais les réformes policières de l’Etat Français correspondent surtout à ce qui fut une des obsessions de Vichy : affirmer à n’importe quel prix son autonomie et sa souveraineté. La police constitue une pièce essentielle dans cette stratégie. Son autonomie et son activité doivent prouver la réalité du pouvoir de Vichy, l’effectivité de sa souveraineté même en zone occupée : ce qui, pour les gouvernants, justifiait d’en payer le prix en réalisant aux lieu et place des nazis un certain nombre de leurs objectifs : chasse aux « terroristes », aux juifs et aux réfractaires du Service du travail obligatoire (STO) [10].
A l’exception de Clemenceau, la République n’avait guère pensé l’organisation policière. Coincée entre ses impératifs financiers et la nécessité de respecter les principes de la législation de 1789 et de 1884, la IIIe république s’était contentée de réformer la police au coup par coup, au gré des opportunités ou sous la pression des circonstances. Vichy, au contraire, voit en elle un instrument au service de ses idéaux et de sa politique, c’est pourquoi son projet dénote une pensée policière réelle sinon originale et trouve une cohérence qui n’existait pas jusqu’alors.
On ne s’étonnera donc pas que son oeuvre dans ce domaine soit importante : entre le 19 avril et le 17 juillet 1941, on ne compte pas moins de 11 lois et décrets réformant l’organisation policière [11]. Leurs maîtres-mots : unification, étatisation, centralisation, développement, adaptation, rationnalisation, répondent assez bien aux projets que la IIIe République avait mis en route.
Dès l’été 1940, Marquet, le premier ministre de l’Intérieur du gouvernement de Vichy, et Chavin, le nouveau directeur de la Sûreté, ont mis en route une épuration de la hiérarchie et posé les bases d’une réforme de l’administration policière qui touche au recrutement, à la formation, à l’étatisation des polices « électorales » (lire municipales) et une réorganisation des services centraux [12].
Pour la formation, deux écoles sont créées à Lyon pour les commissaires [13] et pour les inspecteurs et, pour pallier la réduction des effectifs de la gendarmerie mobile résultant des clauses de l’armistice, on prévoit la création d’une force civile spécifique de maintien de l’ordre -les Groupes mobiles de réserve (GMR)- qui interviendront en renfort des forces de sécurité publique des corps urbains.
Mais c’est l’étatisation des polices municipales et la réorganisation d’ensemble des forces de police qui constituent la mesure la plus spectaculaire.
La loi du 23 avril 1941 étend le régime des « polices d’Etat » que connaissaient déjà Lyon (depuis 1851), Marseille (1908), Toulon (1918), Nice (1920)… à toutes les villes de 10 000 habitants. Dans ces villes, les maires -tout en conservant quelques uns des pouvoirs que leur conférait la loi d’avril 1884- perdent la disposition des forces de police qui passent sous l’autorité d’un Secrétaire général à la police auprès du ministre-secrétaire d’Etat à l’Intérieur.
L’originalité de l’organisation mise en place tient à ce que la centralisation est nuancée par une structure originale puisqu’il revenait aux Préfets régionaux institués par la loi du 19 avril et le décret du 13 mai 1941 et aux Intendants régionaux de police de mettre en action ces différentes forces de police [14].
Le décret du 13 mai 1941 mettait en place, dans chacune des 20 régions créées, une structure centralisée des services. Chargé de la police de la région, le préfet régional y contrôle toutes les forces de police des départements de sa région. Il dispose d’un secrétariat administratif et de services régionaux de Renseignements généraux, de Police judiciaire et de Sécurité publique, ce dernier comprenant les corps urbains et un ou plusieurs Groupes mobiles de réserve.
Chaque préfet régional est assisté d’un ou deux intendants de police chargés de « contrôler le fonctionnement rapide et efficace des différents services, prévoir leur organisation, leur installation, coordonner leurs actions, unifier leurs méthodes, répartir les attributions de la Police judiciaire, des Renseignements généraux, de la Sécurité publique, mais aussi d’assurer le recrutement, l’instruction, l’entraînement des fonctionnaires, surveiller l’emploi du matériel et de l’armement, centraliser et exploiter les informations ».
Le décret du 7 juillet 1941 précisa les conditions de recrutement des personnels et l’organisation détaillée des Services régionaux de Renseignement Général, Police Judiciaire et Sécurité Publique dont les commissaires chefs de service étaient, chacun dans sa spécialité, les conseillers des Intendants de police .
Un arrêté du 1er juin 1941 avait coiffé cette structure régionale d’une Direction générale de la Police nationale qui se substituait à la Direction de la Sûreté nationale créée en 1934, mais avec des pouvoirs bien plus considérables. Placée sous l’autorité d’un Secrétaire général pour la police siégeant au conseil des ministres, elle reprenait l’organisation rationnelle prévue dans les régions. Trois directions s’y partageaient respectivement les trois grandes catégories de services actifs : la Police judiciaire -qui deviendrait Police de sûreté -tout un programme- en octobre 1942-, les Renseignements généraux, la Sécurité publique qui regroupait les commissariats des villes, les gardiens des polices municipales étatisées et les GMR mis en place par un décret du 7 juillet jusqu’à ce que ces derniers disposent de leur propre direction en 1943.
Cette réorganisation -qui correspond à la fois à une étatisation et à une unification-, s’accompagnait d’avantages matériels -salaires, indemnités et primes diverses, rénovation des locaux, etc…- visant à attirer des recrues de qualité et à accroître le prestige d’un « corps d’élite » dont Vichy entendait faire un des piliers de l’oeuvre d’assainissement et de redressement que les hommes de juillet 40 s’étaient clairement assigné comme but.
3. Une mise en route difficile
La mise en route et la concrétisation de ces mesures furent plus longues que prévu : outre les errances dues au flou présidant au partage des responsabilités entre préfets régionaux et préfets des départements, il fallut surtout attendre l’accord des Allemands et l’automne 1942 -parfois 1943- pour que soient mises en place en Zone occupée les structures des polices régionales et les GMR [15].
On notera par ailleurs que la Préfecture de police échappait totalement à cette réforme. Vichy, pas plus que la IIIe République et les régimes qui l’avaient précédée, ne toucha au statut particulier de Paris dans le domaine policier. En dépit des tentatives successives de Pucheu (décembre 1941 et janvier 1942) pour adjoindre un intendant de police au préfet de police [16] puis de Darnand pour l’annexer plus solidement au dispositif d’ensemble et la soumettre plus directement à leur autorité, la police parisienne conserva son originalité et sa propre organisation jusqu’à la loi Frey de 1966.
Cette nouvelle structure, le changement de statut des personnels des ex-polices municipales, l’importante augmentation des effectifs qui en résultait amènent à poser le problème capital de la continuité des personnels entre les polices de la IIIe République et celle de l’Etat Français [17]. Le recrutement d’un personnel nouveau, formé de « jeunes gens […] sains, droits et sans attaches politiques » que les circulaires du ministère de l’Intérieur engageaient les préfets à « diriger vers ce corps d’élite » pour « apporter une contribution très active au Redressement national » [18], devait permettre de débarrasser ces polices d’éléments par trop compromis avec la république honnie, généralement au prétexte de leur incompétence ou de critères -moralité, nationalité, attitude politique, âge, taille, appartenance à la « race juive » ou aux sociétés dissoutes- ne correspondant pas aux règles du nouveau recrutement.
Cette pratique peut être assimilée à une épuration cachée, mais faute d’un corpus d’études régionales, il est difficile d’avoir aujourd’hui une idée précise de l’importance du renouvellement des personnels de police entraînée par cette nouvelle organisation. Les seuls cas étudiés montrent l’extrême diversité des situations selon les villes et les régions,et surtout les problèmes réels de recrutement [19], qu’en dépit des avantages proposés, connurent ces polices, boudées par des candidats qui découvrent très vite les sujétions du métier, l’impopularité des tâches exigées, les difficultés financières qui ne permettent ni de se nourrir ni de se loger de façon décente, et les mutations qu’on leur impose. Peu de candidats, beaucoup de démissions : jamais et nulle part, les effectifs prévus par les textes n’ont été atteints. On a longtemps pensé (et écrit) que l’instauration du STO dont dispensait la qualité de policier avait modifié cette situation. En l’état actuel, rien ne permet de l’affirmer avec certitude et la situation des différentes villes semble démontrer d’importantes nuances régionales. Beaucoup de candidats semblent avoir préféré s’engager dans la Garde des voies de communications qui connaît un développement constant et important (6000, puis 8000 hommes en 1944). En outre, la nécessité de profiter de l’expérience professionnelle des anciens personnels a souvent contribué à leur pérennité.
Quant aux dangers présentés par cette nouvelle organisation, ils apparaissent clairement par exemple dans la confusion des tâches qu’elle instaurait : les missions répressives confiées aux Renseignements Généraux, les missions politiques confiées aux Services de police judiciaire [20] devaient montrer les conséquences désastreuses d’une telle transgression.
J.-M. Berlière
Il est important de savoir que lors de la « libération » du camp de Drancy, une partie des archives du camp « disparurent » assez rapidement. Parmi elles, les fiches de détention des juifs internés, et déportés. Elles contenaient, au verso, le nom des policiers ayant procédé à l’arrestation…
« après une épuration massive des cadres (plus de 50 % des commissaires sont révoqués) ». Mon grand-père en faisait partie. il est mort en 45 et le Général de Gaulle l’a réhabilité à titre posthume. N’oublions jamais le sacrifice des anciens et ne stigmatisons jamais toute une profession par le comportement de certains. Après guerre, le général de Gaulle a amnistié tous les fonctionnaires même ceux qui avaient collaborés et il avait raison : le passé appartient au passé. Juger des gens sur des faits qui se sont produits 50 ans auparavant est une hérésie. Il est important de savoir ce qui s’est passé. Il l’est encore plus de ne pas juger une période que l’on n’a pas vécue.
J’ai peur de ne pas comprendre ce que vous voulez dire :
« …plusieurs mouvements prennent vie. Notamment Police et patrie, France combattante et, le plus influent, Honneur de la police…dont les responsables seront arrêtés fin 44. » Ils sont donc « Collabos » ?
Mais :
» La Gestapo créa bien une cellule spéciale pour surveiller la police, mais elle ne parviendra jamais à décapiter ses réseaux,… » : ces réseaux sont donc « Résistants » ?
Alors, collabos ou résistants, les réseaux de la police ?
Merci de m’éclairer.
Je ne sais pas si c’est votre rôle d’ecrire ça, mais j’aurais aimé comparativement connaître la situation aux même époques en Allemagne, en Russie ou plus « simplement » en France libre et outre mer ….
Votre dernier paragraphe résume tout. Les policiers, à l’instar de nombreux autres corps de l’Etat, ne peuvent évidemment être rangés dans la seule catégorie des « héros » ou au contraire dans celle des « salauds ». Il ne faut pas considérer que l’héroïsme de certains policiers en août 44, notamment, soit effacé par la honte du Vel d’Hiv’, mais l’obtention de la Légion d’Honneur ne doit pas non plus masquer le comportement de nombre de policiers durant ces sombres années. Je crois qu’un travail important a déjà été réalisé par les historiens, même si beaucoup reste à faire… Il est aussi intéressant de parcourir, par exemple, les recueils Dalloz-Sirey de ces années-là.
Après 65 ans, il est difficile de juger les Français de l’époque, et les sentiments que l’on peut avoir à leur égard varient dans toute la gamme entre le dégoût, et l’admiration…