LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Grand Paris : 1 policier pour 200 habitants

La préfecture de police compte sur un effectif de 45.860 fonctionnaires, dont 30.200 policiers, pour assurer la sécurité de Paris et de la petite couronne. Mais ils ne sont pas les seuls à œuvrer dans ces quatre départements. Il convient d’y ajouter, les policiers degrand_paris_effectifs.jpgs services centraux du ministère de l’Intérieur (à compétence nationale), les policiers municipaux, et les militaires de la gendarmerie. D’où cette estimation à la louche pour une population estimée à 6.4 millions de… « Grands Parisiens ».

Le Grand Paris de la police existe officiellement depuis bientôt un mois. Son origine remonte, dit-on, aux émeutes de 2005. En fait, l’idée a fait son chemin après une réforme de 2003 qui a consisté à fusionner deux services pour en créer un nouveau, compétent sur les 7 départements de la région parisienne et placé sous le commandement opérationnel du seul préfet de police : le service régional de la police des transports (SRPT). Ce changement a été considéré comme un succès sur le plan de l’efficacité. service-regional-police-transports.jpg

Le décret du 24 juillet 2009 dit en son article 1er : « La direction de la préfecture de police chargée des missions de sécurité et de paix publiques est compétente à Paris et dans les départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne. »

Petite tentative pour y voir clair…

Sécurité publique
La direction de la police urbaine de proximité (en gros, les commissariats) était limitée à Paris intra-muros. Elle est remplacée par la direction de sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP). Avec la création d’un centre d’information et de commandement unique (radio, téléphone, messagerie et images de vidéosurveillance). Ses missions essentielles demeurent la lutte contre la petite et moyenne délinquance. Elle peut intervenir à tout moment, et dans les quatre départements, grâce à deux unités : une compagnie de sécurisation de jour et une brigade anti-criminalité de nuit.

Ordre public
La direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC), était à ce jour cantonnée à Paris intra-muros. Dorénavant, elle peut envoyer des renforts dans les trois autres départements pour le maintien de l’ordre public. Et elle est directement compétente sur certains sites (Stade de France, salon du Bourget…), ou à l’occasion d’événements d’une ampleur exceptionnelle.
De plus, il est créé une police de la circulation et de la sécurité routières pour les principaux axes de l’agglomération francilienne.

Police judiciaire
La police judiciaire était déjà compétente à Paris et en petite couronne. Aussi, peu de changements. Toutefois, le plan parisien de lutte contre la drogue (plan stup) fait désormais l’objet d’une coordination pour les quatre départements. Quant au groupe d’enquêtes spécialisé (dit groupe Cités) dans la délinquance enracinée dans les quartiers difficiles de Seine-Saint-Denis, il est étendu aux Hauts-de-Seine et au Val-de-Marne. Cela concerne les vols à main armée, le trafic de stups, l’économie souterraine…

Le logiciel de diffusion de l’information opérationnelle CORAIL (fichier sériel qui permet d’effectuer des recoupements et des rapprochements) est partagé entre tous les services chargés de la sécurité au sens large.
La répartition des enquêtes de police judiciaire doit néanmoins continuer à se faire sous l’autorité du procureur de la République.

Renseignement

La direction du renseignement a trois missions essentielles:
– établir des prévisions en matière d’ordre public (manifs, menaces, violences urbaines…) ;
– prévenir la menace terroriste ;
– lutter contre l’immigration irrégulière.

Elle peut intervenir dans l’ensemble de la région et notamment en petite couronne (surtout les sections chargées de lutter contre l’immigration irrégulière ou l’islamisme radical). Elle assure à la fois des missions de renseignement intérieur, pour lesquelles elle concourt à l’activité de la DCRI (direction centrale du renseignement intérieur), et des missions d’information générale. Elle a désormais une vocation interdépartementale, grâce au rattachement direct des services de petite couronne, qui deviennent des antennes de la direction du renseignement.
Elle assure également la coordination du renseignement intérieur en liaison avec la DCRI.

Technique et logistique
La direction opérationnelle des services techniques et logistiques intervient en tant que gestionnaire des systèmes d’information et prestataire de soutien logistique pour Paris et la petite couronne (véhicules de police, habillement, équipement et armement des policiers). La brigade fluviale, qui fait partie de la logistique, peut se déplacer dans toute l’Ile de France.

Les quatre départements sont donc désormais placés sous un commandement unifié. Le préfet de police devient la seule autorité compétente en matière de sécurité intérieure. Il dirige l’action des services de police et de gendarmerie, « sous réserve des prérogatives de l’autorité judiciaire ». Les préfets et sous-préfets de département peuvent intervenir grâce au mécanisme de délégation de signature. De fait, ils sont désormais les assistants du préfet de police.

Quant aux policiers, ils verront leur compétence territoriale étendue aux quatre départements, ce qui nécessite, me semble-t-il, une modification du Code de procédure pénale.

Au total, il est attendu de cette réforme une meilleure répartition des effectifs de sécurité publique et une meilleure occupation de la voie publique.
La main courante informatisée et centralisée permettra de visionner les résultats et (je suppose) de corriger le tir si besoin est.

Cette réorganisation de la police parisienne s’inscrit, je cite, « en cohérence avec les projets de réorganisation de la présence de la gendarmerie nationale au cœur de l’Île-de-France, autour d’un groupement de gendarmerie interdépartemental compétent pour Paris et les trois départements de la petite couronne, et de la réduction du format des services d’investigation présents dans ce ressort au niveau suffisant pour servir d’appui et de relais aux enquêtes des services territoriaux de gendarmerie de la zone de compétence de la gendarmerie nationale ».
flic_indecis_lessor.jpgC’est un extrait de la plaquette Un projet de service public pour la sécurité du Grand Paris. La phrase est tellement emberlificotée que, franchement, je n’ai pas tout compris.

On va y réfléchir. Je propose, dans un prochain billet, de tenter de décortiquer tout ça, cette longue phrase et le reste.
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On peut également lire sur ce blog, La sécurité dans Paris : qui fait quoi ?
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Bide complet pour le billet précédent, La Poste et le référendum, qui a été lu 404 fois en 2 jours et a suscité (néanmoins) 13 réactions. Mais comme il est dit dans un commentaire : Quel rapport avec l’objet de ce blog ?…

4 Comments

  1. Hirondelle

    La phrase veut simplement dire que la Gendarmerie réduit sa présence dans certains départements parisiens qui par leur population et urbanisme sont du ressort total de la PN.
    Il n’y aura plus qu’un groupement de gendarmerie représentant 3 départements et la ville de Paris.
    Enfin, les effectifs des unités de recherches seront ramenés au besoin correspondant à l’assistance des gendarmes de province venant poursuivre leurs investigations judiciaires sur les départements concernés.
    Les effectifs récupérés seront ventilés dans les zones de compténece gendarmerie.
    La gendarmerie de son côté devrait mettre en oeuvre une  »police de territoire » selon le même schéma que celle d’agglomération.
    Il devrait donc y avoir des modifications d’implantation des forces de police et gendarmerie pour conforter le principe  »Police des villes »  »Police rurale = Gendarmerie »

  2. Un passant

    Merci Mr Moréas pour ce billet. J’ai une question : le « grand bleu » semble apporter une cohérence territoriale sur les 4 départements. Mais il reste une différence fondamentale en ce qui concerne la répartition des pouvoirs de police, entre Paris et les 3 autres départements. Quelle sera la tendance ? Une vraie police municipale à Paris, ou bien au contraire une centralisation des pouvoirs de police dans la petite couronne (genre extension de la loi PLM) ? Je suis preneur de votre avis à ce sujet…

  3. janssen j-j

    Ce qui est sûr au moins, c’est que les « stats du 4001 » ne seront plus démembrées puisqu’elles vont être fusionnées et globalisées au niveau de la nouvelle zone de compétence du Préfet de police. Il faudra se lever de bonne heure pour comprendre quelque chose au rapport constaté/élucidé dans chacun des départements ou de chacune des villes composant la grande ceinture. A défaut de nous éclairer sur ce point technique mais hautement sensible, Georges, pourriez-vous vous adresser au grand architecte, A.B.(C.D., etc), pour savoir ce qu’Il en pense ? Cela va-t-il, oui on non, faciliter la tâche de ses fonctionnaires, quant à la lecture des nouvelles stats produites au sujet de la meilleure efficacité policière ?
    SVP, après avoir décortiqué la chose, pourriez-vous dire votre sentiment, lors du prochain billet, sur la transparence attendue au moindre coût des fonctionnaires en effectifs dangereusement déflatés par la RGPP ?
    « 1 policier pour 200 habitants », êtes-vous bien sûr ? Admettons : certains nous racontent que c’est le meilleur rapport qualité/prix de toutes les grandes capitales du monde civilisé ! Personnellement, je crains que cela ne soit amplement insuffisant. L’idéal serait vraiment de trouver urgemment d’autres solutions pour tendre vers un rapport de 1 à 100. 1 policier protégeant et surveillant à lui tout seul 100 personnes, je vous demande un peu, personnellement, c’est au dessus de mes forces. Car vous le savez aussi bien que moi, il y a toujours des criminels parmi ces 100 suspects. Mais comment je fais, moi tout seul simple Gpx qui ne crois pas trop aux profileurs, pour les identifier ? A supposer qu’il y ait 5 vrais criminels ou délinquants parmi eux, comment je fais, moi, pour convaincre les 95 autres suspects pour me filer de l’info ? Je leur distribue de la thune à chacun pour assiduité, comme dans les écoles, et je laisse aux soins de notre dieu omniprésent celui de trier les siens ?

  4. bertrand

    « La phrase est tellement emberlificotée que, franchement, je n’ai pas tout compris. » En effet, quel pathos cette plaquette ! Mais là c’est clair : RGPP oblige, « réduction du format » ça veut dire en clair moins de Gendarmes pour les sections ou brigades de recherches…Comme le dit Alain Juppé de la réforme territoriale, »C’est toujours pareil avec Sarkozy, on vous dit que c’est une rupture avec tout ce qu’on a fait par le passé… C’est une transition » Une transition vers quoi pour la Police Judiciaire du Grand Paris ?

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