LE BLOG DE GEORGES MORÉAS

Catégorie : Les disparitions (Page 3 of 3)

Maddie : post-scriptum

La disparition de la jeune Maddie passionne la blogosphère. Des milliers d’internautes se sont connectés à ce blog en laissant parfois des commentaires ou en m’envoyant un mail. Beaucoup sont durs envers les McCann. Il est vrai que leur attitude exécrable reflète d’eux une mauvaise image. Ils sont déplaisants. Mais avant de paraître déplaisants, peut-être sont-ils malheureux !

Mais la question n’est pas là !

Une enfant de 4 ans a disparu. On l’a enlevée à sa famille et personne ne sait ce qu’elle est devenue.

Et qu’ils l’acceptent ou pas, les époux McCann sont responsables, comme tous nous le sommes de nos enfants.

Et au lieu de l’admettre, ils tergiversent, ils mentent aux enquêteurs, ils cherchent des protections, en un mot, ils se conduisent comme des coupables.

Et ensuite, ils s’étonnent d’avoir été soupçonnés. Et ensuite, ils s’étonnent d’être pris à parti. Et ils s’indignent qu’on s’attaque à leur honneur. Mais on s’en fiche de leur honneur !

chambre-de-maddie.1220423203.jpgUne enfant de 4 ans a disparu. Et nous sommes tous concernés. Car cette enfant, c’est la nôtre à présent, comme le devient l’espace d’un instant le bambin qu’on aide à traverser la rue ou que l’on console d’un bobo.

Il ne faut pas que l’enquête s’arrête. Au contraire, Interpol, Europol, et toutes les polices d’Europe doivent se mobiliser pour retrouver Maddie. Nous n’avons quand même pas bâti l’Europe uniquement pour une histoire de gros sous !

Et si hélas c’est trop tard ! Si elle morte. Nous voulons savoir comment. Nous voulons connaître le nom de son assassin. Et nous voulons qu’il soit puni.

La mystérieuse disparition de Maddie

Madeleine McCann, dite Maddie, allait avoir 4 ans. En cette soirée du 3 mai 2007, elle a disparu de sa chambre, dans un luxueux complexe touristique, l’Ocean club, au sud du Portugal, où elle était supposée dormir.

Depuis, on ne sait pas ce qu’elle est devenue. Récemment, la pressemadeleine_McCann_kidnappingbe.1220017885.jpg s’est fait l’écho d’une déclaration de la justice portugaise : dossier classé. C’est probablement une fausse nouvelle. Comment un magistrat, un policier, pourrait admettre de refermer un dossier sans penser à la victime, une enfant, presque un bébé. Et si elle était vivante !… La confusion vient sans doute du non-lieu qui a été décrété contre les trois suspects.

LES FAITS : Le complexe touristique de l’Ocean Club est un ensemble de bâtiments comprenant un bloc résidentiel, deux restaurants, le Tapas et le Millénium, des courts de tennis, la plage, etc.

Ce soir-là, les McCann dînent avec des amis au restaurant Tapas. Vers 22 heures, Kate McCann se lève de table pour voir ses enfants, comme elle le fait habituellement, pour s’assurer que tout va bien. Ses deux bébés, des jumeaux, dorment à poings fermés, chacun dans son berceau. La porte de la chambre de sa fille n’est pas fermée, ce qui l’étonne. Elle entre : la fenêtre est ouverte, le volet est levé, Maddie a disparu.

Elle revient précipitamment au restaurant pour prévenir son mari. Tous deux retournent à l’appartement, accompagnés de leurs amis, et ils ne peuvent que se rendre à l’évidence. Ils se mettent alors à prospecter les environs.

C’est la situation que découvrent les premiers policiers appelés sur place. Tout laisse croire à une escapade de la gamine. Elle n’est peut-être pas loin. Les recherches s’organisent.

Peu après, le directeur de la PJ, à Lisbonne, reçoit sur son téléphone portable un appel en provenance de l’ambassade de Grande-Bretagne. Son correspondant lui demande s’il est au courant qu’une enfant britannique a disparu… Il tombe du placard. On imagine la ribambelle de coups de fil qui font suite à cette intervention.

LES PREMIERES CONSTATATIONS : Il n’y a aucun désordre dans la chambre où dormait l’enfant. Le lit n’est pas défait. Il n’y a pas de trace d’effraction, ni sur la fenêtre, ni sur le volet, ni sur la porte. L’enquête de voisinage permet de retrouver des témoins, des vacanciers irlandais, qui affirment avoir aperçu un peu avant 22 heures, un homme qui portait une fillette dont le signalement correspond parfaitement à Maddie : visage, coiffure, vêtements. À présent, il n’y a guère de doute : c’est un enlèvement. L’alerte est donnée.

L’ENQUETE DE LA POLICE JUDICIAIRE : Les péjistes recueillent les témoignages de centaines de personnes, et en priorité ceux des mccann_mailonline.1220018107.jpgparents et de leurs amis. Très vite, ils se rendent compte de certaines contradictions entre les uns et les autres. Une femme affirme par exemple être passée devant l’appartement, plus tôt dans la soirée, et avoir remarqué que le volet de la chambre était fermé. Or, Kate McCain déclare que la fenêtre était ouverte et le volet rentré. Et les enquêteurs ne constatent aucune trace d’effraction. De plus, le volet ne peut s’ouvrir que de l’intérieur. Peut-on imaginer qu’un individu entre par la porte, à l’aide d’une fausse clé, et ressorte par la fenêtre, avec sa victime, après avoir ouvert le volet ? De plus, le lit de l’enfant n’est pas défait, comme si personne n’avait couché dedans. Intrigués, les policiers examinent le téléphone portable de chacun des McCann : l’historique des communications a été effacé. Étonnant de penser à vider la mémoire de son portable alors que son enfant vient d’être kidnappé ! Mais les policiers de la PJ de Faro ont du mal à faire leur travail. La pression devient vite insupportable. La petite Maddie a disparu le jeudi soir. Le vendredi, l’ambassadeur du Royaume-Uni, John Buck, se trouve sur place, accompagné de grands pontes de la police et de la justice. Et le samedi, trois policiers britanniques débarquent à leur tour, en principe pour assister leurs collègues portugais. Le contact n’est pas très bon. Les policiers locaux se sentent rabaissés. Pourtant, pour avoir participé à la formation de policiers portugais, je puis assurer qu’ils n’ont rien à envier ni aux Français ni aux Britanniques – si ce n’est peut-être certains moyens techniques.

Les conditions de travail sont les suivantes : 150 policiers portugais, 3 policiers britanniques, des autorités, des diplomates, et des journalistes… partout. Pas l’idéal pour une enquête. Le samedi, le directeur de la PJ de Faro déclare à la presse : « Il s’agit d’un enlèvement. » Dans le même temps, les époux McCann lancent des appels désespérés devant les caméras de télévision. On dit même que la police détient un portrait-robot du ravisseur, mais qu’il ne sera pas diffusé pour éviter de mettre la vie de l’enfant en péril. Un peu tard, non, pour penser à la jeune victime !

Pendant ce remue-ménage politico-médiatique, le responsable de l’enquête, le commissaire Gonçalo Amaral, commence à entrevoir une autre possibilité. Il trouve que le comportement des McCann n’est pas « naturel ». D’ailleurs pourquoi refusent-ils de participer à une reconstitution de la soirée ? Il trouve que certains témoignages ne sont pas en corrélation et qu’il devient impossible de déterminer où se trouvait untel à telle heure. Ainsi, une invraisemblance apparaît lorsque le témoin irlandais signale qu’après avoir vu Gerry McCann à la télévision, il l’a formellement reconnu : c’était lui l’homme qu’il a aperçu avec Maddie dans les bras, le jeudi, vers 22 heures. Oui mais à cette heure-là, le père de l’enfant se trouvait au restaurant avec ses amis…

Amaral est dubitatif. Il sent qu’il existe une certaine connivence entre ce groupe d’amis. Auraient-ils menti ? Il revient sur les premières constatations et il examine les lieux d’un œil différent – comme il le ferait d’une scène de crime. La mort de la fillette devient l’hypothèse de travail des enquêteurs.

LES ELEMENTS DE PREUVES OU DE PRESOMPTIONS : Un suspect est arrêté. C’est un ressortissant britannique qui vit à une centaine de mètres du centre de loisirs. Je ne donnerai pas son nom, car il a attaqué en justice les journaux qui avaient raconté « des choses » sur lui, et les patrons de presse ont tous baissé culotte. On dit qu’il aurait encaissé 750.000 €.

Pendant ce temps, des chiens dressés pour déceler certaines odeurs, notamment celles du sang ou d’un cadavre, sont amenés sur place. Ils détectent des traces à l’intérieur de l’appartement, dans la chambre du couple et dans la salle à manger ; ainsi qu’à l’extérieur du bâtiment. Plus troublant les chiens s’arrêtent sur la peluche de l’enfant et sur des vêtements appartenant à sa mère. On met les chiens en présence d’une voiture louée par les McCann, et ils reniflent là aussi des odeurs suspectes. Or ce véhicule a été loué bien après la disparition de la fillette ! En revanche, les chiens ne détectent rien ni dans la voiture du Britannique mis en examen, ni chez lui.

L’étau se resserre sur les McCann.

caducee-dasclepios_wikipedia_sticksvg.1220018712.pngAux endroits marqués par les chiens, on récupère de minuscules fragments organiques afin de comparer l’Adn avec celui de Maddie (des traces de salives sur les draps de son lit). Les analyses se font en Grande-Bretagne. Lorsque la réponse tombe, il n’y a plus de doute. : Il existe 15 marqueurs identiques dans les deux Adn. Il s’agit de la petite fille.

Début septembre, les époux McCann sont mis en examen, mais laissés libres. La presse rapporte qu’ils sont soupçonnés d’avoir dissimulé le corps de leur fille après un décès d’origine accidentel – on parle de l’administration d’un sédatif trop puissant (les parents sont tous deux médecins) – et qu’ils s’en seraient débarrassés par la suite, en le transportant dans un véhicule loué à cette intention.

Entre-temps cette affaire a pris une ampleur internationale. Les McCann ont appelé le Premier ministre anglais, Gordon Brown, et l’enquête est suivie au plus près par le gouvernement des deux pays. La presse est déchaînée. Les parents se posent en victime d’une police bornée, voire rétrograde. Les journaux britanniques tapent à boulets rouges sur les enquêteurs qui s’en prennent à la famille au lieu de rechercher l’enfant disparue. Les policiers anglais qui participent à l’enquête (et qui en principe n’ont aucun pouvoir d’intervention) ne font rien pour arranger les choses. Le public se passionne pour cette mystérieuse histoire – chargée d’émotion. Un fonds de soutien est créé. Brian Kennedy, un milliardaire britannique, offre ses services. Il prend en charge les frais d’avocats et ceux des enquêteurs privés. On dit même qu’il se déplace pour rencontrer certains des témoins. Cela a-t-il un rapport avec le fait que la plupart aient refusé par la suite de retourner sur place pour participer à une reconstitution ? L’atypique patron de Virgin met également la main à la poche. Il est intéressant de noter que toute cette énergie, tout cet argent, sont essentiellement utilisés pour défendre les suspects.

De nouvelles recherches Adn effectuées par le laboratoire médico-légal de Birmingham prennent le contrepied de la première expertise. Il est dit que les échantillons prélevés (par les policiers portugais) auraient été mélangés…

Le commissaire Gonçalo Amaral demande une contre-contre-expertise. Impossible, lui répondent les Anglais, les prélèvements ont été détruits, ou perdus, on ne sait pas exactement, par le laboratoire. Amaral n’en peut plus. Tout ce tintamarre, cette pression permanente de la hiérarchie, des autorités politiques, des médias l’empêchent de travailler correctement. Il est pris à parti, critiqué, épié… Même ses confrères britanniques lui tirent dans les pattes. Excédé, il se la-verite-du-mensonge.1220018943.jpglâche dans la presse. C’est une erreur, car sa hiérarchie saute sur l’occasion. Il est viré.

Gonçalo Amaral a écrit un livre, La vérité du mensonge, qui sort ces  jours-ci au Portugal. Gageons qu’on va y trouver des éléments intéressants. Du moins s’il est traduit en français. La presse, déjà échaudée dans cette affaire s’en fera-t-elle l’écho ? Pas sûr ! Les McCann ont clairement laissé entendre que leurs avocats étaient prêts à passer à l’action.

Pour en revenir à l’Adn, en France, sauf erreur de ma part, 13 marqueurs identiques dans 2 Adn différents suffisent à la justice. Donc, si les faits s’étaient déroulés chez nous, d’abord l’expertise n’aurait pas été faite en Grande-Bretagne mais dans un laboratoire français, et ensuite les McCann auraient été mis en examen et très certainement placés en détention préventive – et seul le juge aurait pu décider d’une contre-expertise.

Comme quoi les preuves scientifiques, même les plus pointues, ne dépendent pas d’une formule mathématique mais du jugement des hommes.

LE COMPORTEMENT DES PARENTS : On est obligé de dire que le comportement des McCann comparé à celui d’autres parents placés dans une situation aussi douloureuse est… différent. D’entrée de jeux, ils ont pris de haut les policiers portugais. Ils ont menti sur certains points et tout de suite, ils ont cherché des appuis auprès des autorités de leur pays. Comme s’ils se sentaient menacés ! Ont-ils été happés par la machine médiatique ? Le fonds de soutien qu’ils ont créé (et qu’on trouve sur les pages commerciales de Google) a récolté environ 1,5 million d’euros. Or, l’une des premières dépenses engagée par ce fonds a été de régler deux échéances concernant l’achat de leur maison. On dit que 600.000 euros auraient été versés pour régler les honoraires de détectives privés, lesquels pour la plupart se sont révélé être des escrocs. L’un d’eux a même déclaré qu’il avait infiltré un réseau pédophile belge… À décharge, ils ont certifié ne pas avoir utilisé cet argent pour régler les honoraires des avocats qui assuraient leur défense.

Ces gens ont mobilisé autour d’eux tant de monde, tant de beau monde pourrait-on dire, de la politique à la finance…, qu’on ne peut que s’étonner. Font-ils partie d’un réseau ? d’une loge ? d’une secte ? d’un clan ?…

L’ÉTAT DE L’ENQUETE : Les époux McCann n’ayant pas sollicité la poursuite de l’enquête, celle-ci est officiellement terminée. En l’état, on a une gamine de 4 ans, probablement morte ; et trois suspects qui ont été élargis. L’un, le voisin, soupçonné en raison de son passé, mais contre lequel il ne semble pas exister de preuves ; et les parents…

Il est prouvé qu’ils ont menti dès leurs premières déclarations aux policiers, notamment sur leur emploi du temps, visiblement de connivence avec leurs amis. Ils n’ont pu expliquer la présence de trace de sang, ou l’odeur d’un cadavre, notamment dans le véhicule qu’ils avaient loué, trois semaines après les faits. Même si en droit la contre-expertise Adn annule la précédente, elle n’est pas entièrement convaincante. Les experts se contentent de constater qu’ils ne peuvent utiliser les prélèvements qu’on leur a remis, car ceux-ci ont été altérés. Et même si l’on considère que ces deux expertises sont contradictoires, laquelle faut-il croire ? La destruction des prélèvements rend toute confirmation impossible.

Et après ce charivari, Maddie rejoint la longue liste des enfants disparus.

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CONCLUSION : Chacun peut penser ce qu’il veut, mais la justice portugaise a estimé qu’il n’existait aucune charge contre quiconque, aucune preuve, aucun indice. Elle a « archivé » le dossier, comme on dit là-bas.

On peut s’étonner. Mais je crois que c’est un bon moyen de repartir de façon plus sereine. En effet, rien n’interdit aux enquêteurs de poursuivre « discrètement » leurs investigations. La procédure portugaise permet la réouverture du dossier à tout moment, si quelqu’un apporte un élément nouveau.

Ce qui frappe dans cette affaire, c’est qu’on parle beaucoup d’argent et bien peu de la jeune victime. Finalement, l’un des suspects a encaissé 750.000 € remis par certains journaux pour éviter un procès en diffamation, et les deux autres, les parents, ont récolté 1,5 million d’euros sur un fonds de soutien. Sans parler de l’argent dépensé par les richissimes mécènes. Quant aux policiers portugais, ils ont été ridiculisés.

Ils doivent l’avoir en travers… Je vous parie qu’ils ne sont pas prêts de l’oublier.

Alerte enlèvement !

Difficile d’y échapper ! Diffusion d’un message sur les chaînes des radios et télévisions, panneaux électroniques, gares, autoroutes, internet… Alerte ! Un enfant a disparu… Mais cette procédure récente, duplication du plan Amber alert, créé en 1996 aux Etats-Unis après l’enlèvement et l’assassinat d’une fillette, fait-elle l’unanimité chez les magistrats, les policiers, les journalistes, et… nous, pauvres quidams.


Qui oserait critiquer puisqu’il s’agit de sauver un enfant, et pourtant, on sent bien tout au fond de soi, lorsqu’on gratouille un peu, qu’il y a quelque chose qui cloche. Comme un trouble, dont on ne peut timbre-amberalert_.jpgdéterminer l’origine. C’est peut-être ce consensus qui nous met mal à l’aise ! Cette union devant le malheur ! Ou le ton pathétique, théâtral, un rien outrancier, des dépêches diffusées, messages qui nous donnent le frisson, un peu comme les sirènes d’alerte du premier mercredi de chaque mois font frémir ceux qui ont subi les bombardements de la dernière guerre. Pour la première fois, sans doute, la presse a signé, à la quasi-unanimité, un accord avec quatre ministères (justice, intérieur, défense et transports), la direction du développement des médias et le conseil supérieur de l’audiovisuel. C’est la convention du 28 février 2006. Mais ce jour-là, même s’il s’agit d’une noble cause, de sauver un enfant, la presse a mis le doigt dans un engrenage bizarroïde. Et, d’une certaine manière, elle a perdu un peu (plus ?) de sa liberté. De savoir les journalistes aux ordres dès que les 4 critères officiels sont remplis (enlèvement, danger, utilité pour les enquêteurs, victime mineure), c’est… urticant.

Cela peut également concerner (c’est écrit in fine dans le texte du ministère de la justice) la soustraction d’un mineur par un ascendant ou la soustraction d’un mineur sans fraude ni violence. Autrement dit un différend entre deux conjoints qui se disputent la garde d’un enfant ou une simple fugue d’adolescent.

Tous les journalistes ne sont pas d’accord – avec cet accord. Je ne connais pas la position du Monde, mais dans son numéro daté du 12 janvier le journal se contente d’indiquer la mise en place du plan alerte enlèvement dans un entrefilet de quelques lignes, en page douze, dans le petit coin à droite, sous l’intitulé « faits divers ». Tandis que d’autres quotidiens en font de gros titres.

Certains pensent qu’on fait ainsi appel aux sentiments les plus nobles chez l’homme, notre sensibilité, notre compassion, notre sens civique, et surtout qu’on augmente les chances de sauver un enfant. Et c’est cela le plus important, disent les associations, ne serait-ce qu’une fois sur dix, sur cent, cela n’en vaut-il pas la peine ?

D’autres qu’on se déplace en terrain miné, en institutionnalisant un show police média, ou en encourageant à la délation et en bafouant la présomption d’innocence. Et que d’ailleurs le système va perdre de son efficacité au fur à mesure de son utilisation. En effet, selon le principe à présent constitutionnel du « parapluie », devant un cas douteux, quel procureur oserait ne pas déclencher cette alerte ?

Il m’est arrivé d’utiliser les médias, dans certaines affaires criminelles, et souvent cela a été bénéfique… pour la police. Car sur le plan de l’efficacité, il est plus productif de voir la bobine d’un individu recherché en première page d’un journal que sur les murs d’une gendarmerie. Dès lors, ne serait-il pas tentant, demain, d’élargir cette convention, aux hold-up, aux crimes, aux vols à l’arraché… On est en droit de le désirer, mais il me semble que si chaque citoyen devient un auxiliaire de police, coup-de-gueule.jpgon risque de revivre une triste époque où suspicion et délation aidaient à résoudre des enquêtes très… particulières.

Je sais bien que les vieux, dont je fais partie à présent (c’est chacun son tour) se sont habitués aux sirènes du premier mercredi du mois, mais quand même… ça me gratouille.

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