Difficile d’y échapper ! Diffusion d’un message sur les chaînes des radios et télévisions, panneaux électroniques, gares, autoroutes, internet… Alerte ! Un enfant a disparu… Mais cette procédure récente, duplication du plan Amber alert, créé en 1996 aux Etats-Unis après l’enlèvement et l’assassinat d’une fillette, fait-elle l’unanimité chez les magistrats, les policiers, les journalistes, et… nous, pauvres quidams.
Qui oserait critiquer puisqu’il s’agit de sauver un enfant, et pourtant, on sent bien tout au fond de soi, lorsqu’on gratouille un peu, qu’il y a quelque chose qui cloche. Comme un trouble, dont on ne peut déterminer l’origine. C’est peut-être ce consensus qui nous met mal à l’aise ! Cette union devant le malheur ! Ou le ton pathétique, théâtral, un rien outrancier, des dépêches diffusées, messages qui nous donnent le frisson, un peu comme les sirènes d’alerte du premier mercredi de chaque mois font frémir ceux qui ont subi les bombardements de la dernière guerre. Pour la première fois, sans doute, la presse a signé, à la quasi-unanimité, un accord avec quatre ministères (justice, intérieur, défense et transports), la direction du développement des médias et le conseil supérieur de l’audiovisuel. C’est la convention du 28 février 2006. Mais ce jour-là, même s’il s’agit d’une noble cause, de sauver un enfant, la presse a mis le doigt dans un engrenage bizarroïde. Et, d’une certaine manière, elle a perdu un peu (plus ?) de sa liberté. De savoir les journalistes aux ordres dès que les 4 critères officiels sont remplis (enlèvement, danger, utilité pour les enquêteurs, victime mineure), c’est… urticant.
Cela peut également concerner (c’est écrit in fine dans le texte du ministère de la justice) la soustraction d’un mineur par un ascendant ou la soustraction d’un mineur sans fraude ni violence. Autrement dit un différend entre deux conjoints qui se disputent la garde d’un enfant ou une simple fugue d’adolescent.
Tous les journalistes ne sont pas d’accord – avec cet accord. Je ne connais pas la position du Monde, mais dans son numéro daté du 12 janvier le journal se contente d’indiquer la mise en place du plan alerte enlèvement dans un entrefilet de quelques lignes, en page douze, dans le petit coin à droite, sous l’intitulé « faits divers ». Tandis que d’autres quotidiens en font de gros titres.
Certains pensent qu’on fait ainsi appel aux sentiments les plus nobles chez l’homme, notre sensibilité, notre compassion, notre sens civique, et surtout qu’on augmente les chances de sauver un enfant. Et c’est cela le plus important, disent les associations, ne serait-ce qu’une fois sur dix, sur cent, cela n’en vaut-il pas la peine ?
D’autres qu’on se déplace en terrain miné, en institutionnalisant un show police média, ou en encourageant à la délation et en bafouant la présomption d’innocence. Et que d’ailleurs le système va perdre de son efficacité au fur à mesure de son utilisation. En effet, selon le principe à présent constitutionnel du « parapluie », devant un cas douteux, quel procureur oserait ne pas déclencher cette alerte ?
Il m’est arrivé d’utiliser les médias, dans certaines affaires criminelles, et souvent cela a été bénéfique… pour la police. Car sur le plan de l’efficacité, il est plus productif de voir la bobine d’un individu recherché en première page d’un journal que sur les murs d’une gendarmerie. Dès lors, ne serait-il pas tentant, demain, d’élargir cette convention, aux hold-up, aux crimes, aux vols à l’arraché… On est en droit de le désirer, mais il me semble que si chaque citoyen devient un auxiliaire de police, on risque de revivre une triste époque où suspicion et délation aidaient à résoudre des enquêtes très… particulières.
Je sais bien que les vieux, dont je fais partie à présent (c’est chacun son tour) se sont habitués aux sirènes du premier mercredi du mois, mais quand même… ça me gratouille.
Réponse à « Stef » : D’abord je n’aime pas du tout que l’on me souhaite ce genre de drame , de plus vous appartenez à la catégorie des gens qui ne savent pas décrypter.
Posez vous la question: A quel moment l’annonce d’un enlèvement sur un support comme à la télévison se produit-il?
Réponse: à 100 jours des élections!!
Posez la question aux familles des enfants enlevés il y a quelques années : Qu’est ce qu’attendaient les pouvoirs publics pour déclencher ce plan visiblement activable? et surtout tentez de comprendre les dégâts imposés à ceux dénoncés par erreur ( comme la dernnière fois avec l’histoire de la jeune fille doit disant enlevée et qui passait la nuit chez une copine….) , résultats : descente de Police chez la mère qui passe aux actualités de FR3 et qui maintenant est suspectée d’être une mauvaise mère…..
Comme je le dis, c’est un problème d’éducation et de sensibilisation dans les écoles, les mairies bref partout.
Et surtout n’oublions pas les familles qui attendent le retour de leurs enfants et qui détiennent sans le savoir une part de la vérité………car selon les enquêteurs de toutes ces affaires : rien n’arrive pas hasard.
je ne crois pas ce que j’entend,enfin ce que je lis…
si cetait vos enfants qui disparaissaient je pense que vs diriez autre chose!
noubliez pas une chose evidente….:ça n’arrive pas qu’aux autres!
Georges a bien raison car si le principe du dispositif alerte enlèvement semble être « le vecteur de communication du temps réel, il n’en est pas moins vrai que la seule réponse objective esty de dénoncer même par erreur……..
En 42 on dénonçait les juifs, en 60 c’était l’OAS, en 1990 ce sont les aviseurs du fisc, en 2007 ce sont les ravisseurs ( supposés) d’enfants.
Au total beaucoup de victimes et bien peu de coupables!
Alors un voisin peut en dénoncer un autre parceque cela l’arrange tout en préservant de suites judiciaires son témoignage qui sera informatisé donc stocké et réutilisable contre le voisin supposé coupable à tort d’être une victime pardon un suspect.
Pendant ce temps, les vrais coupables donc les ravisseurs échaffaudent des plans encore plus savants et machiavéliques ……….
Le vrai plan anti-enlèvement n’est-il pas finalement de sensibiliser toutes les familles et que cela figure dans les manuels scolaires?????
Cette alerte enlèvement me rappelle les affiche « Wanted » que l’on voit dans Lucky Luke.
Si l’utilisation reste pour les enfants mineurs, d’accord..
Mais va-t-on le déployer pour tous les fugitifs ?
La sur-utilisation de ce procéder ne va-t-elle pas, à la longue, rendre le public insensible ?